Taiyaki et confession
-Tu es sûre que tu as tout pris?
-Pour la cinquième fois, oui, j'ai tout pris. Râla Jade. Et dans le pire des cas, c'est le Japon, pas Illica. Si nous avons oublié quelque chose dans la chambre, ils nous contacterons.
-Mais si c'est quelque chose dont nous avons besoin, nous en serons privées! Rétorqua Aki en fronçant légèrement les sourcils.
Jade poussa un long soupire exaspéré. Hataru observait les deux femmes qui l'avaient élevée avec un sourire chaleureux, mais teinté d'une pointe de tristesse, alors que la petite troupe se dirigeait vers les quais de la gare de Shizuoka.
Une main vint caresser tendrement les cheveux roses de la jeune femme, et Aki lui flasha l'un des ses habituels sourires maternels.
-Je sais que c'était court, Moe... mais on se revoit pour le nouvel an, pas vrai?
Hataru hocha la tête, la gorge trop serrée pour émettre le moindre son.
-Et n'hésite pas à amener ton petit ami avec toi. Ajouta Jade avec une pointe de malice. Ça nous fera très plaisir.
Aki fusilla sa compagne du regard, au point que cette dernière choisit de ne pas tenter le diable et se tut d'un air penaud.
-Tu n'as pas à te sentir obligée d'amener qui que ce soit, Moe. La rassura Aki. En plus, le trajet est long, les billets sont chers, et il a peut être envie de voir sa propre famille...
-Tu n'as pas eu l'air de l'apprécier plus que cela... fit remarquer Hataru, mi amusée, mi peinée.
Aki la regarda un instant.
-Je ne l'ai pas vu assez longtemps pour savoir s'il en vaut la peine, c'est tout. Expliqua la grande sœur aux yeux verts. Je suis sûre que tu sais bien mieux que moi si c'est le cas où non. Cela fait plus de 6 mois que vous êtes ensemble, c'est ça?
Hataru hocha la tête.
-Tu le connais bien mieux que moi. Continua Aki. Et tu as bien dû voir que je ne l'ai pas particulièrement mis à l'aise. Il faudra peut être un peu plus de temps avant qu'il ne veuille faire le trajet.
-Ne t'en fais pas, Aki. Je n'avais pas prévu de lui proposer de venir à la maison de toute manière.
-Je vois...
-Nami et Satsuki seront là pour le nouvel an?
-Nami, probablement. Satsuki, cela dépendra beaucoup de ses projets.
Ce fut au tour de Hataru de soupirer. Une voix résonna dans la grande gare, annonçant l'arrivée du train des deux femmes. Aki serra fort sa jeune soeur dans ses bras, puis, Jade en fit autant. Rin et Noriko, qui avaient suivi silencieusement jusqu'ici, saluèrent poliment.
-Prenez soin de vous, les filles. Lança Jade.
-Et évite de refaire de telles frayeur à tes amis, Rin. Ajouta Aki avec un sourire amusé.
La concernée ne sut où se placer, ce qui fit beaucoup rire Aki. Puis, se prenant par la main, les deux femmes s'éloignèrent, trainant leurs valises dans leur sillage, non sans un dernier geste d'au revoir au trio qui les regardait partir.
-Ta soeur est vraiment belle... Soupira Noriko avec un regard un peu rêveur. J'aimerai bien lui ressembler.
Le regard appuyé que Hataru lança à Rin sembla parvenir à la convaincre de dire quelque chose.
-Hmm... t'es très bien comme tu es, Noriko. Avança-t-elle, l'air encore plus gênée que lorsqu'Aki venait de lui adresser la parole.
Noriko fixa son amie avec étonnement, avant de laisser échapper un petit rire.
-Depuis quand tu complimentes les gens comme ça, hm? Lança-t-elle avec un coup de coude amical. Fais attention, je pourrai m'y habituer.
Puis, sans attendre de réponse, Noriko fit demi tour.
-Bon, on y retourne? Avec toutes ces histoires, on a pas pu profiter du festival autant qu'il aurait fallut! Allez, allez, on se bouge.
Hataru et Rin eurent un léger sourire, et emboîtèrent le pas à la jeune femme, qui marchait quelques mètres devant elles d'un pas assuré. La première finit par prendre la parole.
-Ça... s'est bien passé, hier soir?
-J'ai cru que Noriko allait m'arracher la tête pour lui avoir fait aussi peur, mais à part ça, rien de particulier, non.
Un silence empli de non dits s'imposa, avant que Rin ne décide de le dissiper.
-Et je ne lui ai toujours pas dit, si c'est ta question.
-Mince...
Hataru lança un regard rapide à Noriko, qui semblait ne pas leur accorder la moindre attention.
-Il reste toute la journée. Ajouta-t-elle, se voulant rassurante. T'as bien pu voir hier soir qu'elle tient terriblement à toi. Je me répète un peu, mais on ne sait jamais...
-Et tu as bien vu comment elle a pris ma tentative de compliment. Grinça Rin.
-C'est normal! Vous vous connaissez depuis si longtemps... ça ne veut pas dire que rien ne peut changer. Moi, je te soutiens jusqu'au bout.
Rin soupira, et joua avec une de ses mèches bleu nuit.
-J'ai décidé que je le ferai, alors je ne me débinerai pas. Déclara Rin. Mais cette fois-ci tu ne me laches pas, d'accord?
Hataru s'amusa de l'ordre qui semblait pourtant particulièrement suppliant de son amie, et répondit.
-Je n'aurai aucune excuse pour t'abandonner cette fois.
-Hmpf... J'espère qu'un autre membre de ta famille ne va pas surgir de nulle part.
-Oh, ça... aucun risque. Rétorqua Hataru.
Le deuxième jour du festival culturel était d'autant plus coloré que le premier, et mais moins peuplé, la plupart des visiteurs préférant venir le samedi pour garder leur dimanche libre. C'était du moins ce que Lucie avait raconté à Hataru, car cette dernière n'eut pas le moins du monde l'impression que la foule était moins dense que la veille, lorsqu'elle la parcourait avec Aki et Jade. Les takoyaki laissèrent place, cette fois-ci, à un stand de yakitori que Hataru dévalisa joyeusement, sous les regards effarés des vendeurs comme de Noriko. Rin, elle, au contraire, demanda ce qu'elle voulait manger ensuite à son amie, consciente que même un tel festin ne viendrait pas à bout de l'appétit dévorant de Hataru. L'après midi était doux, malgré une certaine fraicheur de fin d'automne qui s'installait sur Shizuoka, et la petite brise marine qui ne venait pas aider à se tenir au chaud.
Rin semblait à l'aise, et discutait avec ses deux amies sans laisser paraitre de quelconques symptômes du stress qui devait l'habiter, et Hataru ne put qu'être impressionnée par ce sang froid. Elle gardait l'œil ouvert, à la recherche du moindre signe indiquant que son amie voudrait passer à l'acte, étant tout de même consciente qu'il lui faudrait s'éclipser le moment venu - elle ne tenait pas à tenir la chandelle, mais comptait rester dans les environs tout de même. Mais si Hataru surveillait le comportement de Rin, ce n'était pas la seule chose sur laquelle son attention était focalisée. Elle n'avait pas oublié les évènements et aveux de la veille - comment aurait elle pu. Son regard scrutait avec attention la foule, à la recherche du moindre signe de la présence de Haruhi ou Kanako. Si elles apparaissaient, alors Hataru était persuadée que Hayato, le bourreau de Rin, serait avec elles - et la dernière chose dont elle avait besoin, en cet instant, c'était d'une seconde confrontation avec les fantômes de son passé. Du reste, Hataru tentait de profiter autant que possible des activités du jour, sans laisser paraître - du moins, elle espérait qu'il n'en paraissait rien sur son visage - de son intense surveillance. Tout se déroula cependant sans accroc durant une bonne partie de l'après midi, jusqu'à ce qu'un imprévu vienne se mettre en travers du parfait date à trois personnes que les jeunes femmes avaient.
Cet imprévu portait le nom du club cuisine. Et, comme Rin l'avait prévu la veille, à peine Noriko eut elle aperçut la pancarte de leur stand qu'elle s'excita comme une puce, et pressa ses deux compagnes de la suivre. Rin soupira profondément, et Hataru compatit. Elles avaient réussi à éviter le stand jusque là, mais, ayant parcouru la majorité du campus, cette rencontre fortuite devait forcément finir par avoir lieu.
-Hataru! Ça fait un bail! S'exclama joyeusement Mayuri lorsque la jeune femme s'approcha, avant de remarquer la personne qui l'accompagnait. Euh... toi aussi, Rin.
L'hésitation de la seconde partie de sa phrase lui valut un regard noir de Suou, trop occupée avec un autre groupe pour venir.
-Vous vous connaissez? Demanda Noriko.
-Nous avons eu l'occasion de faire connaissance, oui. Répondit Rin avec un sourire froid à l'intention de sa senpai.
Hataru eut presque pitié pour Mayuri. Après tout, c'était elle qui semblait toujours la plus mal à l'aise des deux lorsque Rin était dans les parages, et la jeune femme ne doutait pas un instant qu'elle se sente coupable d'avoir laissé la présidence à sa jeune kouhai, même si son départ avait déjà été décidé.
-Enchantée! Reprit simplement Noriko avec enthousiasme, étant au choix inconsciente du ton froid de Rin, ou ayant choisi de ne pas le relever. Je suis Noriko, une amie d'enfance de Rin.
-Oh! Ravie de faire ta connaissance. Je suis Mayuri, présidente du club cuisine. Vous êtes intéressées par notre petit atelier.
-Bien sûr! S'exclama Noriko avant que Rin n'ait pu dire quoi que ce soit. Qu'est ce qu'il faut faire?
-De faire vos propres petits Taiyakis à emporter. C'est assez accessible, on sait que tout le monde a tendance à un peu trop dépenser...
L'estomac de Hataru gargouilla à la mention des délicieux desserts en forme de poisson, et ce fut la mort de l'âme que Rin alla rejoindre ses deux amies à l'un des trois postes de travail installés par le club. Sans attendre un instant, Noriko et Hataru se mirent à la tâche, n'ayant que peu besoin des directives de Mayuri, ce qui sembla être une changement bienvenue pour la présidente, qui en profita pour faire la conversation.
-Alors, vous appréciez le festival?
-Clairement! Valida Hataru. C'est super.
-Ça me ferait presque regretter de ne pas avoir continué mes études. Ajouta Noriko. Organiser et vivre ça chaque année, ça doit être vraiment incroyable.
-Tu n'es pas allée à l'université, Noriko-san? Demanda Mayuri. Pourquoi?
-C'est pas des choses qui se demandent. Grogna Rin.
-Ça va, ça va, la calma Noriko, il n'y a rien de secret. Je ne me sentais juste pas au niveau pour passer des examens d'entrée. Et puis, très sincèrement, les cours et moi, ça a toujours fait deux.
-J'imagine qu'avoir Rin comme amie a dû bien aider, alors. Sourit Mayuri. Elle est sérieuse et appliquée dans son travail.
Rin prit le compliment en rougissant très légèrement, et en grognant dans sa barbe quelque chose qui ressemblait à "la flatterie ne mènera nulle part".
-Sans elle, c'est clair que je ne m'en serai pas sortie aussi bien.
-Je savais pas que Rin était à ce point bon élève. Ajouta Hataru.
-Tu devrais en profiter... les examens de fin de semestre approchent, Hataru.
La concernée blêmit, et se reconcentra sur la pâte qu'elle était en train de mélanger dans un saladier.
-Ça m'était complètement sorti de la tête... entre le boulot, le camping et les bêtises de Kazuto, je...
Hataru s'interrompit, comme frappée d'une réalisation soudaine. Mayuri sembla elle aussi se rappeler de quelque chose.
-En parlant de notre bellâtre national, c'est pas l'heure à laquelle il est sensé jouer au gymnase?
-Si... murmura la jeune femme aux cheveux roses. Je... lui avais promis que j'irai le voir jouer... ça m'était complètement sorti de la tête.
Le rythme cardiaque de Hataru commença à s'accélérer. Encore une fois c'était sa propre négligence qui allait lui faire rompre une promesse faite à Kazuto. Elle avait beau avoir évoqué ses "bêtises" - et il était vrai que le jeune homme s'était comporté de manière particulièrement immature à plusieurs reprises - il n'en restait pas moins que Hataru elle aussi avait sa part de responsabilité. "La communication", comme avait dit Miwa, était le coeur d'un couple fonctionnel. Mais la confiance devait aussi y jouer un rôle prépondérant. Et ce n'était pas la première fois que Hataru brisait une promesse. Cependant, elle avait aussi promis à Rin de l'accompagner... La jeune femme resta figée un moment, les mains dans la pâte, indécise sur la décision à prendre.
Rin soupira, comme la veille.
-Va le voir. C'est ma faute, si j'avais réglé mes affaires hier, tu n'aurais pas eu à réserver ta deuxième journée pour moi aussi.
-Tu sais très bien que ce n'est pas vrai. Protesta Hataru. Ce n'est pas de ta faute si tu n'as pas pu... faire... enfin voilà.
Noriko et Mayuri fixaient les deux jeunes femmes d'un air dubitatif, semblant ne pas comprendre de quoi elles parlaient.
-Tant pis! T'as trainé avec nous hier et aujourd'hui, réserve un peu de temps pour ton petit ami!
-J'ai voulu réserver du temps pour ma famille hier, et regarde comment ça s'est terminé! Rétorqua Hataru, sur les charbons ardents.
-Je ne suis pas une enfant, Hataru. Grinça Rin. J'ai surréagi hier, ok? Mais ça n'arrivera pas une seconde fois.
C'est le moment que choisit une voix désagréable pour lancer.
-Tiens, salut bébé! On se croise souvent en ce moment, dis moi.
Rin se raidit instantanément. Noriko fronça les sourcils, ce qui lui donnait un visage particulièrement impressionnant. Hataru, elle, leva les yeux pour fixer l'homme qui venait de les apostropher, ou, plus précisément, d'apostropher Rin. Accompagné d'une Kanoko au regard amusé, et d'une Haruhi à l'expression contrite, se trouvait un homme dont le regard donna immédiatement des frissons à la jeune femme. Bien bâti, assez large, et les cheveux noir retombant sur ses épaules, Hayato avait un visage carré et des yeux perçants, dont l'expression cynique donnait une allure de méchanceté. Sa voix crissait de manière désagréable.
-Elle n'est le bébé de personne, et certainement pas le tiens. Grinça Noriko.
-Tais toi donc, Noriko. Laisse les gens avec un cerveau capable d'avoir des notes au dessus de la moyenne discuter, d'accord? Rétorqua l'homme avec un regard dédaigneux. Alors, bébé? Encore en train de trainer avec des femmes? J'espère que t'es pas en train de me tromper.
-Rien de moins sûr. Ricana Kanoko. C'est le club cuisine, et tout le monde sait quel genre de personne on y trouve. Pas étonnant qu'elle soit venu là.
-Tu as un problème avec mon club? Demanda Mayuri, avec une expression qui semblait pourtant pour le moins conciliente.
-Oh, non, se rattrapa Kanoko, je-
-C'est pas le club tenu par des gouines qui ne se cachent même pas? La coupa Hayato. Eh beh, Rin, décidément tu me donnes toujours plus de raison de douter de toi.
Rin se ratatina. Hataru bouillonnait.
-Ferme la, raclure! Explosa-t-elle. Personne ne veut voir ta sale gueule, entendre ta sale voix ou sentir ta sale odeur. Rentre donc chez toi, tout le monde se portera mieux.
Plusieurs regards se tournèrent vers les éclats de voix. Hayato, cependant, ne sembla pas le moins du monde impressionné par les soudaines insultes.
-Et qui est donc l'enfant qui s'égosille ainsi? Railla-t-il. J'ignorai que c'était une garderie, ici.
-C'est la nouvelle copine de Rin, probablement. Susurra Kanoko. Elle sont toujours fourrées ensemble, même si elle tente de se faire passer pour une hétéro en sortant avec un mec.
-Aaaah, je vois. Eh bien Rin, on dirait que tu as décidément trouvé ton âme sœur, félicitation.
Hataru tempêta en direction de l'homme mais une main la saisit par l'épaule pour la retenir. Mayuri, un grand sourire sur les lèvres, s'avança vers le trio, et se figea face à Hayato, qui dut lever les yeux pour la regarder. Rin avait un jour dit à Hataru que Mayuri et Suou formaient un couple qui semblait indissociable, et l'un des éléments qui donnait cette impression était leur grande taille. Et, en cet instant, Hayato semblait bien moins impressionnant, face à une Mayuri faisant presque une tête de plus que lui.
-Tu as un problème avec les gouines, petit?
L'homme sembla troublé à l'idée de l'évoquer aussi directement, alors que de plus en plus de regards étaient tournés vers la scène. La présidente du club cuisine continua.
-J'ai aucune idée de qui tu es. J'ai aucune idée de ce que tu fais ici. J'ai aucune idée de ce qu'il a pu se passer entre Rin et toi. Mais pour tout te dire, j'en ai rien à foutre. Tu viens mettre le bazar sur mon stand, à proférer tes injures d'un autre temps, à tenter de culpabiliser mes kouhai, et tu crois que tu vas t'en sortir sans problème?
-Mayuri, du calme... la pressa Suou en la prenant avec tendresse par le bras.
-Que Rin et Hataru aiment les femmes ou non, c'est leur problème. Continua Mayuri en s'approchant encore plus du jeune homme. Mais que ce soit le cas ou non, ça n'est pas, et ça ne sera jamais quelque chose dont tu pourras leur faire honte. Parce que ce n'est pas une honte, c'est magnifique.
Et, comme pour appuyer son propos, Mayuri tourna la tête et posa ses lèvres sur celles de Suou, qui rougit jusqu'à la racine et tenta de cacher son embarras en se plaçant derrière sa petite amie.
-Qu'est ce que tu vas faire, maintenant, petit? Provoqua Mayuri. Me frapper ou me traiter de gouine? Tu n'es qu'un petit minable qui n'existe qu'en rabaissant les autres. Peut être parce que tu te sens plus à l'aise quand tout le monde est à ton niveau?
Hayato, rouge de colère, jeta un regard en coin à Rin. Cette dernière, comme gonflée de courage par la soudaine intervention de Mayuri, lui lança.
-Ouais, j'aime les femmes, Hayato! Ouais, je suis sortie avec toi uniquement pour que vous arrêtiez de me harceler! Et je t'emmerde! D'ailleurs, j'imagine qu'il fallait bien une lesbienne pour accepter de sortir avec quelqu'un comme toi! J'espère que tu as appris à mettre du déo depuis le lycée, parce que chaque seconde passée en ta compagnie était une torture!
-Espèce de...! S'énerva Hayato, qui fit mine de s'approcher, mais Mayuri s'interposant lui fit réfléchir à deux fois.
-Ah, et au fait! Continua Rin, avec un sourire presque mauvais, comme si elle prenait un plaisir sadique à enfin crier tout ce qu'elle avait sur le cœur depuis tant d'années. Tant qu'on est à parler de honte, j'espère que la femme qui voudra de toi, si elle existe, sera pas trop regardante au niveau de la taille!
Le jeune homme, cette fois-ci, rougit violemment alors que quelques rires retentirent aux alentours.
-Je crois que tout a été dit. Conclut Mayuri avec un sourire amusé. Maintenant casse toi, avant que j'appelle l'administration. Ils n'ont jamais été fan des fouteurs de merde dans ton genre.
Elle tourna ensuite son regard vers les deux filles qui accompagnaient Hayato.
-Quant à vous deux, je vous retiens. Surtout toi. Ajouta-t-elle, en fixant Kanako qui sembla se ratatiner.
-Cassons nous. Grogna Hayato. Ça pue un peu trop la moule, par ici.
Mayuri éclata de rire à cette tentative quelque peu ridicule de partir la tête haute, tandis que le trio s'éloignait, Haruhi lançant des regards contrits et s'excusant pour la gêne occasionnée au passage. La présidente se retourna ensuite vers Rin.
-Alors? Demanda-t-elle.
-Ça fait du bien... avoua la jeune femme, qui semblait avoir couru un marathon alors qu'elle n'avait fait que de crier.
-Une fois que c'est sorti, malgré tout ce qui peut arriver, on se sent libérée. Confirma Mayuri avec un sourire. Bon! L'interlude étant terminé, on finit ces taiyakis?
-Mmmm... ils chont vraiment bons... soupira Hataru avec un plaisir non dissimulé, après avoir décapité le petit beignet en forme de poisson.
-J'attends toujours de manger quelque chose que tu as cuisiné et qui ne soit pas délicieux. Fit remarquer Rin, en mordant, elle aussi, dans son taiyaki.
Le trio s'était dirigé vers des bancs, et profitait de la fin d'après midi pour savourer leur création tout en se remettant de leurs émotions. Noriko était, cependant, particulièrement silencieuse.
-Tu as pas faim? Demanda Hataru, en voyant que le beignet de l'amie d'enfance de Rin était à peine entamé.
-Laisse la manger tranquillement, morphale. La rabroua cependant Rin. Tout le monde n'est pas un ogre comme toi.
Noriko ouvrit la bouche, avant de la refermer et de mordre dans son beignet.
-C'est vrai qu'ils sont délicieux. Confirma-t-elle.
-Alors profite pendant qu'ils sont encore chaud! Conseilla Hataru, tout en engloutissant le sien à une vitesse impressionnante.
Rin capta un regard discret de Noriko, qui le détourna aussitôt pour fixer Hataru, avant de se perdre dans la foule.
-Si tu veux dire quelque chose, vas-y. Soupira Rin. Hataru est au courant de tout.
La concernée, semblant seulement prendre conscience de l'étrange atmosphère, déglutit. Noriko le fit également.
-Tu... le sais depuis combien de temps?
-Je ne sais pas trop... depuis... longtemps, je pense.
-Avant le lycée?
Rin sembla hésiter.
-Oui. Finit-elle par répondre.
-Alors... tout ce temps où ils... où ils s'en servaient pour te rabaisser...
-Je connaissais déjà mes préférences, oui. Et... c'était encore plus frustrant de ne pas pouvoir démentir sans me mentir à moi même, ou de ne pas savoir comment ils l'ont su...
Noriko prit un air grave, et fixa Rin.
-Rin... est-ce que... est-ce que c'est à cause de ça que tu t'es éloignée de moi?
Un frisson parcourut l'échine de la jeune femme, et Hataru elle même retint sa respiration. C'était le genre de discussion que les deux femmes auraient du avoir à deux, seules à seules, sans une cinquième roue du carrosse entre elles. Mais la jeune femme ne pouvait pas non plus se lever maintenant, sans risquer d'interrompre ce moment qui semblait avoir mis tant d'année à arriver.
-Oui... murmura Rin, avec un regard amer. J'avais... peur que tu sois entrainée là dedans.
-Tu sais que j'aurai enduré avec toi...
-Mais tu étais déjà la source de tellement de moqueries... tes notes, ta coloration, tes parents... je voulais pas y rajouter quoi que ce soit.
-Rin... peu importe les mensonges qu'ils auraient inventé, je ne t'aurai jamais abandonnée.
Rin déglutit. Elle prit une grande inspiration.
-Mais ce n'était pas des mensonges.
Elle leva son regard pour le fixer dans celui de Noriko.
-J'aime les femmes. Et je suis amoureuse de toi.
Le cœur d'Hataru sembla faire du yoyo dans sa poitrine, et elle eut préféré être n'importe où ailleurs que sur ce banc, assise entre les deux amies d'enfance à cet instant précis. Elle étouffait. Elle avait l'impression que ce n'était pas Rin qui était effrayée de connaître la réaction de Noriko, mais elle même.
Cette dernière sembla prise de court, et balbutia quelques mots.
-Tu... je... tu... es sérieuse?
-On ne peut plus sérieuse. Confirma Rin, dont le regard était fixé sur Noriko avec une intensité rare.
Hataru lança un regard de détresse à son amie, comme pour lui demander l'autorisation de partir, mais cette dernière, malgré son expression déterminée, l'en empêcha en saisissant discrètement sa main. Elle était tremblante, parcourue de léger spasmes, et serrait celle de Hataru au point de lui en faire mal. La jeune femme se maudit d'avoir cru un seul instant qu'elle pouvait être la plus effrayée des deux. Bien évidemment que Rin était terrifiée. Elle avait beau prétendre être certaine du résultat, elle ne pouvait pas totalement s'empêcher d'avoir de l'espoir.
Noriko, elle, semblait chercher ses mots, apparemment sincèrement choquée de la révélation qui venait de lui être faite.
-Je... je ne sais... pas trop quoi dire, Rin...
-Il n'y a pas grand chose à dire... répondit cette dernière. Je ne pensais pas te le dire un jour, après tout. Mais... un certaine personne a su se montrer convaincante.
Hataru voulu disparaitre dans un trou en sentant le regard de Noriko se poser sur elle.
-Je... suis désolée de n'avoir jamais rien remarqué, Rin... dit alors Noriko dans un souffle. Je... j'ai l'impression d'être la pire amie qui puisse exister, actuellement.
-Tu dis ça à l'amie qui t'as laissée tomber et te ghost depuis presque trois ans... fit remarquer Rin. Je pense que j'emporte la palme.
Noriko eut un léger rire. Elle baissa les yeux, fixant son taiyaki qui refroidissait tristement entre ses mains.
-Excuse moi, Rin. Je... je ne ressens pas ce genre de sentiment pour toi. Je... je n'ai même jamais envisagé d'aimer une femme, à vrai dire.
Le cœur de Hataru se serra, et elle comprit que celui de Rin en faisait autant à la pression qu'elle exerça sur sa pauvre main.
-Ne t'excuses pas... je m'en doutais bien, de toute façon.
-Mais je suis heureuse que tu me l'ai dit. Continua Noriko, en relevant les yeux. Ça... a du te peser pendant si longtemps... je... j'espère que tu accepteras quand même qu'on reste amies.
-Bien sûr! Répondit Rin, avec un grand sourire. Tu as intérêt, d'ailleurs.
L'atmosphère se détendit immédiatement.
-Bon, tu le finis ce taiyaki? Râla Rin. Hataru va se mettre à baver si tu continues de le laisser intouché comme ça.
Un rire vint secouer le corps des deux jeunes femmes, et Rin sourit légèrement en lachant la main de Hataru, et en la glissant dans sa poche.
-Ah... dit-elle. J'ai oublié de rendre un truc au club cuisine. Attendez moi là, je reviens tout de suite.
-Oui maman! Lança Hataru, heureuse de sentir l'atmosphère plus légère.
-Elle a l'air de bien s'entendre avec cette senpai du club cuisine. Fit remarquer Noriko.
-Oh, non, elle ne la supporte pas.
Un éclair de compréhension frappa alors Hataru.
-D'ailleurs, je devrais peut être aller vérifier qu'elles ne sont pas en train de se prendre le bec.
-Quoi? Mais elles ont discuté si paisiblement tout à l'heure...
-En présence d'un ennemi commun, oui! Rétorqua Hataru. Reste là, je reviens vite.
Bien évidemment, Rin ne se dirigeait pas vers le stand du club cuisine. Hataru la vit de loin s'éloigner de la foule et des stands pour se glisser discrètement derrière un bâtiment, à l'abri des regards. Lorsque la jeune femme finit par la rejoindre, les sanglots qu'elle entendit lui fendirent le cœur.
-He... Rin... murmura Hataru en s'approchant.
-C'est ridicule, pas vrai? Parvint à articuler Rin entre deux sanglots. C'était si prévisible... si prévisible, et pourtant...
Une larme vint interrompre sa phrase.
-Pourtant ça fait si mal... encore plus que quand Mayuri-san m'a rejetée. Encore plus que... que...
La voix de Rin s'étouffa dans un sanglot, et Hataru prit son amie dans ses bras, en caressant avec douceur ses cheveux noirs parsemés de mèches bleues.
-Là... là... je suis là. Murmura-t-elle, ne sachant que dire d'autre, tandis que les pleurs de Rin redoublaient sur son épaule.
Lorsque Hataru poussa la porte du gymnase, le bruit caractéristique des chaussures sur le sol ciré, les cris des joueurs à leurs coéquipier et le son du ballon rebondissant s'étaient déjà éteint. La jeune femme soupira. Elle ne s'était pas attendue à grand chose, mais avait au moins espéré arriver avant que la compétition soit terminée. Mais ne restait plus que quelques éclats de voix éparse des spectateurs n'ayant pas encore quitté les lieux, et celui des membres du club assignés au rangement. Un rapide regard suffit à Hataru pour remarquer que Kazuto n'en faisait pas partie, au contraire de Lucie. Le visage de cette dernière, à l'expression agacée par une tâche à laquelle elle détestait se coller, s'illumina dès qu'elle remarqua la présence de sa meilleur amie.
-Ma belle! Alors? C'est officiel? Tu vas l'épouser?
-Hi-la-rant. Grinça Hataru. Je vais te laisser à ranger tes plots, je crois.
-Je rigoooole, je rigole.
Son regard était cependant toujours rempli d'interrogations. Il était clair qu'elle n'abandonnerait pas avant d'avoir entendu le fin mot de l'histoire.
-Elle lui a dit, oui. Lacha finalement Hataru.
-Et comment ça s'est passé?
-A peu près comme elle s'y était attendue.
-Merde... elle va bien?
-C'est l'impression qu'elle donne en public, en tout cas. Se contenta de dire Hataru, ne souhaitant pas particulièrement révéler qu'elle avait tenu une Rin en pleur dans ses bras pendant de longues minutes. Elles sont parties récupérer les affaires de Noriko chez Rin, et vont ensuite aller à la gare.
-Tu ne les as pas accompagnées?
Hataru grimaça.
-Non. J'espérais arriver avant la fin de la compétition.
-Ah... oui... je crois que tu aurais mieux fait de les accompagner.
-Pourquoi?
-Disons que l'équipe de Kazuto n'a pas réalisé une performance exceptionnelle, et qu'il est d'une humeur plutôt... massacrante. Surtout après le sermon que le coach leur a fait.
Hataru blêmit légèrement.
-Je lui avais promis d'être là... soupira-t-elle.
-Mais t'avais des choses plus importantes à faire.
-Rin n'avait pas besoin de moi pour y arriver. Protesta Hataru.
-Et Kazuto n'avait pas besoin de toi pour bien jouer. Il se serait juste ridiculisé en voulant faire le beau devant sa belle, voilà tout. Enfin... j'imagine que sa tête creuse ne le verra pas de cette manière. Tiens... quand on parle du loup...
Hataru tourna la tête, et aperçut Kazuto sortir du vestiaire des hommes. Trainant son sac de sport à bout de bras, tête baissée et sourcils froncés, le jeune homme semblait particulièrement dépité. La jeune femme déglutit, puis se motiva. La communication. Il fallait miser sur la communication.
Hataru se lança dans la direction de son petit ami, laissant Lucie à la fin de son rangement.
-Hey, Kazuto... commença-t-elle. Je-
-Tu étais où? L'interrompit le jeune homme d'un ton sec.
-Je suis désolée. J'étais avec Rin et je n'ai pas vu le temps passé, je sais que j'avais promis et-
-Encore avec Rin, hm? Je vais finir par croire que cette rumeur est vraie.
Hataru reçut la remarque comme un choc, qui sembla lui ôter l'air des poumons pendants plusieurs secondes. C'était de la pure méchanceté. Hataru savait que Kazuto ne pensait rien de ce qu'il venait de dire. Il était le premier à dire de ne pas s'occuper de ce que les gens racontaient. Elle le savait. S'il lui disait cela ainsi, c'était purement pour la blesser.
-Ne dis pas de bêtises, tu ne le penses pas. Répondit Hataru d'une voix plus tremblante qu'elle ne l'aurait voulu. Je sais que j'aurai dû être là, et je suis désolée de ne pas avoir tenu ma promesse.
-Bah... tant pis. Grogna le jeune homme en passant à côté d'elle sans lui accorder plus d'attention. Il n'y avait pas grand chose d'intéressant à voir de toute façon, apparemment.
C'était tout? Kazuto allait juste partir comme ça, après lui avoir dit quelque chose d'aussi blessant? Hataru savait qu'elle était en tort, mais c'était difficile à avaler pour autant.
-Kazuto! S'exclama-t-elle en le suivant. Je croyais qu'on s'était mis d'accord pour communiquer et arrêter ces disputes inutiles. Alors si tu ne vas pas bien, juste... parle moi, ne me laisse pas juste en plan comme ça à sous entendre des choses méchantes pareilles.
Kazuto poussa un long soupir, et se retourna.
-Ok, alors explique moi comment tu as encore réussi à oublier une de nos promesses? Tu savais parfaitement que c'était important pour moi! Et qu'on devait aller voir les stands ensemble après! Alors qu'est ce qui a pu être assez important pour que tu arrives lorsque tout est terminé?
-Je suis restée avec Rin parce qu'elle avait besoin de moi, Kazuto! Se défendit Hataru.
-Et moi je n'avais pas besoin de toi, peut être?
-Qu'est ce que j'aurai pu faire? Je ne suis plus sur le terrain, Kazuto! Je sais que tu aurais aimé que je sois dans les tribunes en tant que supporter, mais Rin n'a que moi à qui demander de l'aide, elle!
-Donc tu admets que tu la fais passer avant moi.
-Je l'ai faite passer avant toi parce que la situation l'exigeait!
-Et quel genre de situation l'exigeait, au juste?
-Le fait qu'elle avait besoin de courage pour faire sa déclaration à la personne qu'elle aime, voilà pourquoi! Explosa Hataru.
-C'est tout? Juste pour ça? S'exclama Kazuto, incrédule. Depuis quand a-t-on besoin d'une nounou pour déclarer ses sentiments?
-Ne prétend pas être un idiot, tu vaux mieux que ça. Grinça Hataru. Rin n'est pas toi, elle n'a pas ta confiance en toi, elle n'a pas tout une équipe derrière elle pour l'épauler, elle n'a pas des dizaines d'amis pour la soutenir!
-Oh, donc j'imagine qu'il faut que je soi misérable pour que tu décide de me porter plus d'attention à moi qu'à ta nouvelle amie?
-Quoi? Mais qu'est ce que tu racontes, au juste? Tu te rends comptes des bêtises que tu dis?
-Quelles bêtises? Depuis que tu la connais, on ne fait quasiment plus rien ensemble! On ne se voit jamais en semaine, tu n'es venue qu'à une seule soirée, on arrête pas de se disputer et tu préfères clairement passer ton temps avec elle qu'avec moi. Qu'est ce que je dois faire au juste? Abandonner le club de basket, mes amis et tout le reste pour devenir un asocial comme elle?
Une nouvelle fois, Hataru reçut la remarque de plein fouet. C'était comme si la langue de Kazuto était un fouet insidieux qui cherchait la moindre petite faiblesse pour y frapper le plus fort possible.
-Parfois, t'es vraiment un sale con. Lança rageusement Hataru.
-Je suis pas celui qui a manqué à notre promesse, moi. Rétorqua acidement le jeune homme. Ne cherche pas à retourner la faute sur moi.
-Je suis là à venir m'excuser, à venir tenter parler de manière calme et constructive comme on avait promis de le faire, et tu préfères passer ta mauvaise humeur sur moi tout en crachant sur Rin au passage, mais c'est MOI qui suis en faute?
-Et à cause de qui suis-je de mauvaise humeur, à ton avis?
Hataru s'apprêtait à rétorquer, mais une main posée sur son épaule et une voix glaciale vinrent l'interrompre.
-J'apprécierai que tu cesses de culpabiliser Moe pour ta mauvaise humeur née de rien d'autre que du fait que t'as joué comme un pied aujourd'hui. Grinça Lucie en fixant le jeune homme. Elle a peut être manqué à sa parole, mais elle tente de s'excuser comme elle peut, et t'as vu comme tu la traite?
-Donc vous vous y mettez à deux, maintenant. Ricana le jeune homme. Encore mieux.
Lucie plissa les yeux. Elle pouvait être vraiment effrayante quand elle le faisait, car cela signifiait toujours qu'elle était très en colère, et une Lucie en colère n'était jamais une bonne chose.
-Décidément, Moe a raison. Lâcha-t-elle. T'es vraiment un sale con quand tu t'y mets.
Les mâchoires de Kazuto se contractèrent, puis il s'éloigna.
-Je n'avais vraiment pas envie de communiquer, de toute manière. Lança-t-il.
-J'ai bien remarqué, oui! S'égosilla Hataru, avant que la porte du gymnase ne claque sur son petit ami. Quel... con...
Hataru avait beau dire cela, de chaudes larmes coulaient le long de ses joues. Ce n'était pas leur première dispute. A vrai dire, elles étaient devenues presque courantes depuis quelques temps, raison pour laquelle la jeune femme avait tout fait pour tenter d'y remédier, pour tenter d'améliorer le dialogue qui existait dans leur couple, pour tenter de ne pas penser que ces accrochages étaient le signe que quelque chose ne tournait pas rond. Mais, même s'ils avaient eu leurs désaccords, même s'ils avaient dit des choses qu'il regrettaient tous les deux durant leurs précédentes disputes, jamais, jamais Kazuto n'avait été aussi violent et cruel, à chercher à ce point à blesser Hataru. Cette face de la personnalité du jeune homme, Hataru la découvrait à cet instant précis, et elle ne l'aimait pas - mais alors pas du tout. Surtout que son petit ami l'avait fait en se servant inlassablement de Rin comme d'une arme pour la frapper plus fort. Considérant tout ce que son amie avait vécu au cours du week end, toutes les émotions qu'elles avaient traversé, voir Kazuto brandir le prénom de Rin ainsi donnait à Hataru envie de vomir.
-He, Moe... dit Lucie. Ecoute pas tout ce que ce con raconte, d'accord? Il est juste dégouté de sa prestation, dégouté d'avoir été traité de nul par le coach, et il s'est juste défoulé sur toi, comme le con égoïste qu'il est.
Hataru hocha la tête en serrant les lèvres pour tenter de contenir ses sanglots. Le week end avait été trop plein en émotion, et tout était en train de déborder.
-Allez... je finis de ranger, je me change, et on va aller à la pizzéria. Ajouta Lucie, avec un sourire rassurant. Ça te va?
Nouveau hochement de tête, et Lucie retourna à sa tâche, faisant au plus vite et jetant régulièrement des coups d'œil concernés à son amie. Hataru parvint à retrouver son calme. Elle avait failli à sa promesse, certes. Mais cela n'autorisait pas Kazuto à la traiter de la sorte. Lucie avait raison. Et pourtant... la jeune femme ne pouvait faire disparaitre le pincement au cœur qui lui faisait monter les larmes aux yeux. Les hantises qui lui venaient à chacune de leurs disputes réapparaissaient. Et si c'était la goutte de trop? Et si c'était la fin? Et si ils ne se réconciliaient jamais? Ces pensées étaient venues à chaque fois qu'un accrochage avait eu lieu, mais elles n'avaient jamais semblées aussi réelles qu'en cet instant.
Parce que Hataru sentait parfaitement qu'une ligne avait été franchie. Et elle ignorait s'il serait possible de faire comme si ça n'était jamais arrivé.
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