Sacrifices équivalents
Le lundi suivant, Hataru ne pouvait dire si elle se sentait prête ou non. Plus qu'avant le week end? Certainement. Il n'était de toute manière pas possible de faire pire. Mais était-elle capable, pour autant, de réussir les deux semaines d'examens qui se présentaient devant elle? La jeune femme déglutit. Lucie, qui marchait à ses côtés dans la fraicheur matinale, annonait sans relâche sans que sa meilleure amie n'écoute un seul mot. Elle était si préoccupée par son état émotionnel qu'il lui semblait miraculeux d'avoir réussi à réviser comme elle l'avait fait. Et, comme si le destin, en maître cruel, voulait le lui rappeler, elle leva les yeux à l'instant où la voix de Lucie se tut, pour croiser, au loin, entrant dans un bâtiment entouré de son groupe d'ami, Kazuto.
Le coeur de Hataru se serra, et toutes ses inquiétudes revinrent à l'assaut de son esprit, occultant complètement la feuille d'examen qui allait se trouver face à elle quelques minutes plus tard. Lucie, réalisant que son silence soudain avait mené son amie à remarquer son petit ami, tenta désespérément de rattraper le coup.
-Pense pas à ce petit con, Moe. Vraiment. Pense aux exams. Les exams, les exams, les exams. Et aux sushis quand on les aura réussis... que je te paierai. D'accord?
Ce n'était pas particulièrement efficace, malgré la mention de nourriture, mais Hataru tenta de se reprendre, au moins en apparence.
-De toute façon, il ne me mérite pas, et je n'ai rien fait de mal. Déclara-t-elle, moins pour se motiver que pour se convaincre elle même.
-Voilà! S'exclama Lucie. C'est ça que je veux entendre. Allez, tu défonces tout! À ce soir!
Hataru observa Lucie s'éloigner, le coeur lourd. Tout le monde ne cessait de le lui répéter. Lucie. Miwa. Même Rin. Qu'elle n'avait rien fait de mal. Et pourtant... c'était parce que ses sentiments pour Rin l'avaient tant obnubilée qu'elle en était venue à négliger Kazuto. Elle savait qu'il avait besoin de leur proximité, besoin de se sentir rassuré. Ils n'en avaient jamais vraiment parlé, mais, pendant les premiers mois de leur relations, elle n'avait jamais fait une sortie sans qu'il ne l'accompagne, au point que cela en devienne presque étouffant. Kazuto prenait chaque jour plus de place, demandait toujours de l'attention, constamment, et cela avait fini par peser sur Hataru au point de quitter le club de basket. Ce n'était pas la seule raison, bien évidemment.
Mais, rétrospectivement, Hataru devait avouer que c'était la principale.
Et elle n'avait même pas cherché à en parler avec Kazuto avant de prendre sa décision. Elle avait craint qu'il la suive, officiellement parce qu'il serait débordé, mais officieusement parce qu'elle voulait respirer. Hors de son cercle d'ami, loin de son omniprésence... Hataru voulait juste un peu plus d'espace pour elle. Elle avait fini par l'expliquer, à son petit ami. Mais Rin était déjà entrée dans le tableau. Rin, que Hataru avait poursuivie, comme attirée par un aimant. Elle avait cherché à mieux la comprendre, la connaître, à ne pas la froisser, à passer du temps avec elle... aux dépends de Kazuto. Si elle n'avait été que l'objet de son amitié... non. Penser ainsi n'avait aucun sens. C'était précisément parce que ses sentiments étaient plus que de l'amitié qu'elle l'avait à ce point poursuivie. C'était précisément parce qu'elle l'aimait qu'elle en était venue à négliger Kazuto.
Dans ces conditions, comment pouvait-elle dire qu'elle n'avait rien fait de mal? Elle savait à quel point Kazuto avait besoin d'elle auprès de lui... à quel point il lui avait été difficile d'accepter cette distance qu'elle avait voulu mettre dans leur couple, cet espace dont elle avait besoin pour respirer. Et pourtant... elle n'avait cessé d'agrandir cet espace, de creuser un fossé lui permettant de combler le gouffre qui la séparait de Rin. Kazuto avait peut être mal réagi... mais c'était probablement l'étincelle qui avait mit le feu aux poudres, poudres qui ne cessaient de s'entasser depuis que Hataru semblait lui glisser entre les doigts.
Rin n'aurait pas validé. Lucie s'en arracherait les cheveux. Mais Hataru pensait sérieusement qu'il lui fallait faire le premier pas vers Kazuto.
Elle n'avait pas besoin de parler de ces sentiments pour Rin. Elle les emporterait avec elle, scellés bien profondément dans son coeur, jusqu'à ce qu'ils disparaissent. Mais elle avait ses fautes; elle ne pouvait pas les ignorer, et ne pas s'excuser.
Lorsqu'elle entra dans la salle d'examen, Hataru ne se sentait pas particulièrement mieux vis à vis de ce qu'elle avait décidé. Elle avait cependant réalisé quelque chose: Miwa était absente. Et ça... elle n'était pas sûre que cela augure quoi que ce soit de bon.
Deux heures plus tard, Hataru sortit de la salle, et son amie n'avait pas montré le bout de son nez. Cela ne lui ressemblait pas. Miwa était une élève sérieuse, attentive en cours, et qui savait pourquoi elle était là. Elle était venue de si loin spécifiquement pour ce cursus... la voir rater un examen aussi important ne pouvait pas être anodin. Les différentes tentatives de Hataru d'appeler son amie se soldèrent par des échecs. Ses messages restèrent sans réponse. Inquiète, la jeune femme surveilla l'heure. Son prochain examen avait lieu deux heures et demi plus tard, en début d'après midi. Avait-elle le temps de passer à l'appartement de son amie, auquel elle s'était rendue le samedi précédent avant de délocaliser leur lieu de révision chez Rin? Hataru hésita. Peut être Miwa était-elle malade... si tel était le cas, alors elle se devait de lui rendre visite et de s'assurer qu'elle allait bien. Après tout, son petit ami devait être reparti, et elle se retrouvait donc seule dans son appartement...
Hataru se hâta tout de même, inquiète au sujet de son amie autant qu'elle l'était de revenir en retard et de rater le début de l'épreuve de l'après midi. Lorsqu'elle arriva au bas de l'immeuble, elle sonna, à plusieurs reprises, mais aucune réponse ne se fit entendre. La jeune femme attendit, espérant peut être que son amie se réveillerait, et qu'elle viendrait lui répondre, mais rien. Aucun signe de vie. Et Hataru n'avait pas vraiment la possibilité de monter pour vérifier... la mort dans l'âme, elle fit demi tour, jetant régulièrement des regards inquiets aux messages qui restaient désespérément sans réponse. Ils n'avaient même pas été lus...
Le soir était tombé sur Shizuoka, et le froid était son compagnon. Hataru resserra les pans de son plaid autour de son corps, grelottant légèrement dans sa chambre dont le radiateur venait d'être allumé. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas retrouvée chez elle aussi tôt, à ne pas pouvoir trouver le sommeil. D'habitude, les trois premiers jours de sa semaine, et surtout les trois premiers soirs au bar, assuraient qu'elle s'endorme dès que son corps touchait son lit pour le reste de la semaine. Mais ce soir là, Hataru ne trouvait pas le sommeil. Elle avait annulé ses shifts au bar pour la durée des examens, et la fatigue devenue si familière était absente. Elle fixait, d'un regard vide, le téléphone qui trônait, immobile, sur la table de nuit toute proche. L'écran restait obstinément transparent. Pas de nouveau message. Pas de nouvelle. Le lendemain, les épreuves continueraient, et si Miwa y était de nouveau absente... si elle n'y venait pas... pourrait elle valider son année en ratant ces examens? Surement, si elle était malade, l'université n'allait pas lui en tenir rigueur... Hataru n'en était pas certaine, cependant. Elle n'était pas certaine non plus que Miwa soit simplement malade. Elle aurait probablement trouvé le temps de la prévenir, si c'était le cas... et si... c'était quelque chose de plus grave?
La gorge de Hataru se serra. Elle détestait son esprit qui sautait toujours aux pires conclusions, et ses anxiétés qui profitaient toujours de cela pour remonter à la surface. La jeune femme se saisit de son téléphone, et envoya un nouveau message.
Dis moi au moins que tu vas bien... s'il te plait
La phrase semblait être une supplique... et peut être en était-elle une, au fond. Elle ne pouvait imaginer que son amie, qui avait encouragé avec tant d'insistance l'organisation de leur séance de révision à peine deux jours plus tôt, disparaisse ainsi au moment fatidique. Hataru fixait l'écran, sa lumière légèrement bleutée, et le message qui restait là, immobile, sans réponse, comme tous ses prédécesseurs.
Ce fut à cet instant que le petit symbole indiquant que le message avait été lu apparut.
Je vais bien, ne t'en fais pas.
Immédiatement, Hataru tapa fébrilement une réponse.
Pourquoi tu n'es pas venue, aujourd'hui? Tu étais malade?
La jeune femme craint un nouveau silence radio de son amie. Une réponse arriva cependant rapidement.
Je suis rentrée à Aomori.
Hataru resta quelques instants interdites devant le message, emplie d'une incompréhension croissante. Aomori? C'était la ville dont Miwa était originaire, mais... elle était à l'autre bout du pays. Ce n'était pas le moment de prendre des vacances! C'était la période des examens!
Avant même que la jeune femme n'ait le temps de taper une réponse incrédule, la vibration de son écran lui indiqua un appel entrant. Miwa l'appelait. Hataru déglutit, et décrocha, fébrile.
-Qu'est ce que ça veut dire, Miwa? Commença-t-elle sans même laisser le temps à son amie de commencer. Les examens ont commencé, tu as raté une journée complète!
-Ecoute, Hataru... Fit Miwa après un soupire. Je... ne vais pas revenir pour les examens. En fait, je ne vais probablement pas revenir du tout.
L'annonce frappa la jeune femme comme un coup de poing.
-Q... quoi?
-Je suis désolée, ma belle. Ca... ça n'a rien à voir avec toi, ne t'en fais pas.
-Mais... mais... pourquoi?
-J'ai... simplement ouvert les yeux, j'imagine. Soupira Miwa, à l'autre bout du combiné. Sur le point de vue de ma famille... et sur le fait que j'ai failli détruire mon couple à cause de cette relation à distance.
-C'est... c'est ton copain qui t'as convaincue?
-Convaincue est une manière de le dire. Ricana la jeune femme. Disons qu'il m'a laissé le choix entre revenir ou rompre.
-Et tu as accepté? S'égosilla Hataru. Mais... tu rêves de ce diplome! Tu es venue de tellement loin pour l'avoir, tu y as tellement travaillé! Tu... tu ne peux pas juste l'abandonner comme ça!
-Ecoute... Soupira Miwa. Oui, ce diplôme, j'y pense depuis longtemps. C'est devenu un objectif central dans ma vie, c'est vrai. Au point de tout plaquer, famille, amis, petit copain, pour venir jusqu'à Shizuoka. Au point de favoriser mes propres plans aux dépends de ceux des autres. Au point de croire que MON avenir était plus important que NOTRE avenir.
-Mais tu ne peux pas jeter à la poubelle ton avenir au nom du votre! Tu as toujours dit que c'était votre avenir que tu construisais en obtenant ce diplôme! Que tu aurais le salaire, que vous pourriez vivre plus confortablement, que...
-Ca n'a pas de sens si cet avenir n'existe pas!
Miwa avait crié. Hataru ne l'avait jamais vue perdre son calme ainsi, et resta muette, incapable d'articuler le moindre mot.
-Cet avenir que j'avais en tête, j'en avais décidé seule, Hataru. Reprit son amie, d'un ton plus calme, mais légèrement fébrile. J'étais persuadée que quelques années loin l'un de l'autre n'étaient pas si grave, si c'était dans le but de prévoir notre avenir. Mais... ça ne marche pas comme ça. Une relation, ça se nourrit, ça se maintient, et juste parce que j'ai décidé de la vivre à distance quelques temps ne veut pas dire que ça va fonctionner. Et... de toute évidence... ça n'a pas fonctionné.
-Miwa...
-Ce n'est pas un choix qui me rend heureuse, Hataru, comprends moi. Mais je sais que, sur le long terme... je ne regretterai pas cette décision. Je... je ne peux pas détruire une relation qui m'est si précieuse au nom de mon égoïsme et d'un stupide diplôme.
Un long silence s'ensuivit. Hataru, la gorge serrée, ne savait pas quoi dire. Elle ne savait pas comment réagir. Et elle doutait que cela ait le moindre impact de toute manière. Miwa semblait avoir pris une décision difficile même pour elle même, mais s'y être résolue. Que pouvait lui opposer Hataru, elle dont le petit ami ne vivait pas à l'autre bout du pays, elle dont la famille avait encouragé la venue à Shizuoka, elle qui n'avait jamais eu les ambitions de Miwa pour l'obtenir? La silhouette de Lucie, inquiétée par les éclats de voix de la jeune femme, se découpait dans l'encadrure de la porte.
-Hataru... je suis désolée de ne pas t'en avoir parlé. Fit la voix de Miwa. J'avais... peur de ta réaction. Et... peur de changer d'avis aussi, je suis obligée de l'admettre. Mais mon choix est fait, mais... ça ne veut pas dire qu'on ne peut plus être amies, bien sûr. En fait... j'aimerai qu'on le reste, si... si tu veux bien, évidemment.
Hataru entrouvrit la bouche. Les mots refusaient de sortir. Son regard croisa celui de Lucie. Sa vue était légèrement brouillée par une larme.
-Je ne sais pas si ça sera possible. Murmura-t-elle. Après tout, les relations à distance, ça ne marche pas très bien, pas vrai?
-Ha... Hataru?
La voix de Miwa était sincèrement surprise et peinée.
-Pardon. C'était méchant. Reprit la jeune femme avant de marquer une pause et de reprendre. Je... j'espère juste que tu ne regretteras pas ta décision. Bonne nuit, Miwa.
Hataru n'attendit pas de réponse pour raccrocher. Elle ne se sentait pas capable d'entendre la voix de son amie une seconde de plus. C'était probablement égoïste de sa part, mais la jeune femme se sentait trahie. Son amie, la seule qu'elle s'était faite elle même dans sa promotion, celle avec qui elle partageait toutes ses peines de coeur, celle qui comprenait le mieux ce qu'elle pouvait ressentir... disparue, comme ça, du jour au lendemain, sans un mot, sans une explication, sans la possibilité de seulement en discuter avant les faits. Hataru avait simplement l'impression de découvrir qu'elle n'avait jamais vraiment pesé dans la vie et les choix de Miwa, autant que l'inverse l'avait. Qu'elle n'avait été qu'une amie de passage, de praticité, quelqu'un avec qui passer du temps pendant et entre les cours, et oubliée aussi vite une fois que son utilité avait disparu. Hataru détestait ce sentiment. Elle avait déjà détesté l'idée d'être séparée de ses amies de lycée. Elle avait détesté cette sensation de distance qui s'était installée dès l'instant où chacune était partie sur sa propre voix. Elle avait détesté voir, chaque jour, les messages sur leur conversation commune se faire plus rare. Elle avait tant désiré combler ce vide. Mais les amis du club de basket n'étaient que ça... sans Lucie, sans Kazuto, et sans le basket, ils s'étaient éloignés. Rin avait un temps comblé ce vide. Mais Hataru savait désormais qu'elle ne pourrait jamais la considérer comme toutes ses amies passées. Miwa... Hataru avait cru que les choses seraient un peu différentes. Après tout, elles s'entendaient si bien, elles s'étaient dit tant de choses, elles avaient tant de points communs.
Mais elle était partie, aussi vite qu'elle était venue. Et ne restait que ce vide, ce vide abyssal que Hataru était enfin parvenue à chasser. Miwa était partie. Voir Rin la faisait souffrir. Kazuto ne lui parlait plus. Et le gouffre qui perçait le coeur de la jeune femme était revenu.
-Moe...
La voix inquiète de Lucie retentit, toute proche. Hataru sentit le matelas s'affaisser légèrement, proche d'elle. Une main secourable lui saisit l'épaule avec douceur, et, bientôt, elle sentit la chaleureuse embrassade de sa meilleure amie se refermer autour d'elle. Oui... Lucie était toujours là. Elle l'avait toujours été, et le serait toujours.
Mais cette réalisation ne suffit pas à combler l'abysse creusé dans la poitrine d'Hataru, ni le torrent de larme qu'elle laissa échapper contre l'épaule de Lucie.
***
-Bon... je crois qu'une pause est nécessaire.
La voix de Rin tira Hataru de l'étrange torpeur dans laquelle elle flottait.
-Non. Rétorqua cette dernière. Il faut que je révise.
La présidente du cercle des activités en plein air fixa son amie et soupira légèrement, avant de venir lui soutirer le livre sur lequel elle travaillait des mains.
-HEY!
-Je comprends que tu veuilles mieux réussir la prochaine semaine que celle qui vient de passer, mais à en faire trop, tu deviens juste inefficace.
-Tant pis si je suis inefficace, c'est mieux que ne rien faire. Grogna Hataru. Rends le moi.
Mais Rin se montra inflexible.
-On est chez moi, et c'est moi qui dicte les règles des révisions. Quand je dis qu'on fait une pause, on fait une pause.
Hataru souffla de frustration, et détourna son regard de Rin. Cette dernière poussa un énième soupire. Elle se leva, mit de l'eau à chauffer dans sa bouilloire, puis revint avec deux tasses de thé fumante auprès d'une Hataru toujours boudeuse.
-Je ne te savais pas si assoiffée de travail. Ironisa Rin, tout en réalisant que ce n'était probablement pas la meilleure option, mais n'ayant pas vraiment de meilleure idée.
-Tu sais très bien que ça n'a rien à voir.
-Ecoute... je sais que la première semaine ne s'est pas très bien passée, mais... n'en fais pas trop. Tenta la présidente. Le travail, tout ça, c'est bien, mais... ton bien être passe en priorité. Toujours.
Hataru eut un rire sans joie.
-Ces derniers temps, mon bien être est au fond des chaussettes, avec ou sans révisions. Alors autant m'occuper l'esprit à réviser.
Rin fixa son amie, qui avait le regard triste, dirigé sur la surface de son thé comme si elle pouvait y trouver quelques réponses aux questions qui la tourmentaient. La présidente était, pour ainsi dire, désarmée face à la situation. La Hataru qui lui était apparue la semaine précédente semblait déjà au fond du trou, mais le départ brutal de Miwa semblait l'avoir encore plus affectée, et Rin aurait aimé pouvoir y faire quelque chose. Problème: elle ne savait pas vraiment quoi. Elle n'était pas psychologue, ne savait pas vraiment aborder le sujet sans être maladroite, et, de manière générale, n'était pas très douée pour aborder ce genre de sujet, ce qui la mettait encore plus en rogne en repensant au fait que Hataru, elle avait toujours su trouver les mots pour la faire parler, quand bien même elle aurait préféré se taire.
Rin avait son opinion sur le départ de Miwa, bien sûr. Mais elle n'était pas à la place de la jeune femme, ne la connaissait d'ailleurs pas tant que ça, et considérait donc en conséquence que son avis n'avait probablement pas grand intérêt. Mais Miwa et Hataru étaient amies, elles. Et que la première ait pu ainsi tout plaquer sans prendre un instant en considération les sentiments de la seconde lui paraissait particulièrement cruel. Cela lui rappela la discussion de la semaine précédente, durant laquelle elle avait refusé de se comparer à Kazuto. Elle aussi, au lycée, avait laissé Noriko en plan sans jamais rien lui expliquer. Elle aussi avait été cruelle, même si elle ne le voulait pas. Comment pouvait-elle juger Miwa, en sachant cela?
-Ecoute... commença Rin. Hum... si ça te pèse autant, te devrais vraiment en parler avec elle.
C'était particulièrement bateau, comme conseil, et Rin en était parfaitement consciente. Elle était simplement dans une impasse.
-On en a déjà parlé, Rin. Répondit Hataru, acerbe. A quoi ça servirait, de toute manière? Elle a déjà fait son choix. Arrête de toujours ramener le même sujet, c'est pénible.
-Tu n'en sais rien. Peut être qui, si ça vient de toi...
-Si ça l'intéressait d'avoir mon avis, elle me l'aurait demandé avant de disparaitre du jour au lendemain. Interrompit Hataru, sèche. J'ai bien compris ce que ça veut dire, ce qui ne semble pas être ton cas. J'étais son amie, moi. Enfin, j'étais supposée l'être. Peut on reprendre les révisions, maintenant?
Rin grinça des dents. C'était un visage de la personnalité d'Hataru qu'elle n'avait jamais vu. Elle l'avait toujours croisée souriante, radieuse, un peu maladroite, gourmande, occasionnellement triste, mais, face à elle en tout cas, elle ne s'était jamais montrée aussi... irritante. Et cela, Rin n'en était vraiment pas fan.
-Non.
-Comment ça, non? S'insurgea Hataru.
-Non comme non. Martella Rin. J'en ai assez. Je comprends que tu sois dans une mauvaise passe, Hataru. Je comprends que tu en veuilles à Miwa, je comprends que tu sois frustrée de son comportement autant que d'avoir raté tes examens, et je comprends que ça te mette en colère. Mais que tu passes ta colère et ta frustration sur moi... c'est non.
-Mais je n'ai pas-
-Tu n'as pas arrêté. Asséna Rin. Tout l'après midi. Tu alterne entre t'immerger tellement dans tes révisions que tu ne réalises même pas que tu fais n'importe quoi, et me parler comme si j'étais la dernière des imbéciles. Je ne suis pas ton punching ball émotionnel, Hataru! Si tu veux parler, parles moi. Mais si je suis juste la pour subir ta mauvaise humeur, alors tu peux sérieusement juste partir.
Rin accompagna cette dernière phrase d'un geste vers la porte. Hataru, elle, se figea, glacée par les paroles de son amie. Elle n'avait elle même pas réalisé qu'elle était à ce point infecte. Et maintenant, s'apprêtait-elle à perdre aussi Rin? Cette simple pensée lui était si insupportable qu'elle lui en coupa la respiration.
-N-non... non, je suis désolée... je suis désolée, Rin, pardon... commença-t-elle à sangloter pathétiquement. Ne me mets pas dehors toi aussi... ne m'abandonne pas, s'il te plait...
Rin fut plus choquée qu'autre chose face au revirement soudain de son amie.
-Q-qu'est ce que tu racontes? Bien sûr que non, je ne vais pas t'abandonner! Je ne suis pas...
Rin se retint de finir sa phrase, qui, au vu des circonstances, lui semblait mal placée. Mais le regard implorant de Hataru fit surgir une étrange sensation dans la poitrine de la jeune femme, qui se serra. Elle fit le tour de la table, vint s'asseoir à côté d'elle, et passa un bras rassurant autour de sa taille pour l'attirer contre elle.
-Je ne suis pas... Miwa. Décida-t-elle finalement de dire, car c'était de cela qu'il en retournait. Ni Kazuto. Je ne vais partir nulle part.
-V... vraiment? Demanda Hataru, d'une voix chevrotante.
Rin hocha la tête, en passant machinalement une main dans les cheveux roses de son amie. Elle reprit.
-Je sais que mon avis ne compte pas vraiment, et... que je ne la connais pas aussi bien que toi. Mais, de mon point de vue, ce qu'elle a fait... c'est vraiment un coup de traitre. Qu'elle décide d'abandonner ses cours du jour au lendemain, c'est son problème, mais laisser tomber tous ses amis sans un mot comme ça...
Rin, réalisant qu'elle commençait à s'énerver toute seule, autant contre Miwa que contre son soi du passé, s'interrompit. Hataru, elle, se contentait désormais de renifler, la tête posée contre l'épaule de son amie.
-Elle y tenait vraiment, pourtant... murmura-t-elle.
-A quoi?
-A ses cours... à son diplôme.
-Vraiment?
-Oui. Elle ne serait pas venue jusqu'ici depuis Aomori, sinon. Fit remarquer Hataru.
-Il y a beaucoup de raisons qui peuvent pousser à s'éloigner de sa ville natale. Fit remarquer Rin avec une légère amertume. L'envie d'indépendance, ou... la culpabilité, par exemple.
Hataru releva les yeux, à la mention de cette phrase faisant clairement référence à l'éloignement de Rin de sa famille et de Noriko plutôt qu'au cas de Miwa.
-Miwa n'est pas toi, Rin. Se contenta de constater Hataru avec un très léger sourire, toujours interrompue par des reniflements. Elle voulait probablement de l'indépendance, oui... mais elle voulait surtout soutenir sa famille... et se sécuriser un bon avenir.
Un léger silence plana, bientôt brisé par Rin.
-Dans ce cas, je trouve sa décision encore plus stupide.
-Rin!
-Excuse moi d'être aussi abrupte! Grinça la présidente. Mais qui irait jeter le projet de tout une vie juste parce qu'un petit ami te l'a demandé?
-Ils ont une relation forte, et qui date du lycée!
-Et alors? Il y a plein de gens qui seront prêts à sortir avec une femme comme elle, mais elle n'aura pas des centaines d'occasions d'obtenir un diplome...
-Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, Rin. Protesta Hataru. L'amour est important, il apporte des choses qu'un diplôme ne pourra jamais donner.
-Mais est-ce vraiment de l'amour?
La question de Rin laissa Hataru suspicieuse.
-Est-ce que, si Kazuto l'exigeait, tu pourrais abandonner un projet qui te tiens autant?
Hataru haussa les épaules.
-Je ne suis pas si intéressée que ça par ce diplôme. Je ne suis venue ici que parce que Lucie y était.
-Je ne parle pas forcément de l'école. Contra Rin. Qu'est ce qui te tient le plus à coeur?
-Camper avec toi.
La phrase était sortie presque sans que Hataru ne le veuille, la laissant atrocement gênée. Rin, ne s'étant pas attendue à cette réponse, surtout prononcée aussi rapidement et avec autant de conviction, en fut légèrement ébranlée, et se sentit légèrement rougir.
-Hum... bon... eh bien... si Kazuto te demandait simplement d'arrêter de venir camper avec moi, tu le ferais? Pas juste d'arrêter de camper avec moi, d'ailleurs, mais d'abandonner toute activité en lien avec le camping, ou avec moi.
-Je... Je...
Sans le savoir, Rin venait d'appuyer là où ça faisait mal. Que dirait Kazuto s'il apprenait la véritable raison pour laquelle sa petite amie s'était soudain si investie dans ce nouveau club? Lui permettrait-il seulement de continuer à camper? Voir... à fréquenter Rin? Hataru avait fuit la responsabilité de trouver une réponse à ces questions. Cela l'effrayait trop. Pourtant, là, dans ce petit appartement rempli de livre, blottie contre le corps de Rin et emmitouflée dans son odeur, cette réponse lui apparue aussi limpide que l'eau claire.
-Non... non! Je ne pourrai pas arrêter. Et... je ne voudrai pas arrêter.
-Et c'est ce que je veux dire, Hataru. De mon point de vue, l'amour est à deux sens. C'est quelque chose qui se construit à deux, et chacun doit accepter de faire des sacrifices pour l'autre. Mais ces sacrifices, ils doivent avoir un sens. Dès l'instant où un partenaire devient égoïste, ça n'est plus de l'amour à mon gout. C'est de la possessivité. Et... disons que je m'y connais un peu, en relation possessive.
L'image du visage enragé d'Ayato, l'ex de Rin, flasha rapidement dans l'esprit de Hataru. Elle voulut la rassurer, mais la présidente reprit la parole.
-Bien sûr que je ne connais pas tout de la relation entre Miwa et son petit ami. Mais le fait qu'il lui lance un ultimatum, à la veille de ses examens... je ne peux pas accepter que ça soit une preuve d'amour. Il ne mérite pas l'ampleur du sacrifice qu'elle fait pour lui.
La gorge d'Hataru se serra légèrement.
-Mais qu'est ce qu'on peut y faire? Croassa-t-elle.
-Moi, rien. Mais toi... tu peux lui parler. Et... je pense qu'elle t'écoutera.
-Même si je ne l'ai pas recontactée depuis lundi?
-Tu parles à quelqu'un qui n'a pas contacté sa meilleure amie pendant plusieurs années. Ricana Rin.
-Mais... et si elle ne veut plus me parler? Et si son choix lui va bien, et si-
-Hataru. Interrompit Rin. Appelle là.
Hataru déglutit. D'une traite, elle vida sa tasse de thé, se saisit de son téléphone, et se dirigea vers la porte fenêtre donnant sur le minuscule balcon de l'appartement de Rin. L'air était glacé. La nuit était déjà tombée, après tout, en cette fin Novembre. La jeune femme fixa l'écran de son téléphone. Mais avant, elle se retourna vers Rin, toujours agenouillée le long de sa table basse.
-A partir de maintenant, tu vas appeler Noriko au moins une fois par mois.
-Et... pourquoi le ferais-je?
-Parce que quand on a une amie qui tient autant à soi, on fait en sorte de la garder et de ne pas l'inquiéter! S'insurgea Hataru, avant de fermer la baie vitrée.
Rin eut un sourire amusé.
-Je crois qu'elle serait plus inquiétée du fait que je commence à l'appeler régulièrement d'un coup... murmura-t-elle pour elle même.
-Hataru!
La voix de Miwa était un mélange de joie sincère et de soulagement.
-Bonsoir, Miwa. Répondit posément Hataru, avec un léger sourire.
-Je suis contente d'entendre ta voix. Comment s'est passée ta semaine? Tu as tout cassé aux exams?
-Euh... non, c'était plutôt une contre performance. J'avais la tête ailleurs.
-Oh... je... je suis désolée, ma belle.
-Ne t'excuse pas, c'était moi devant ces copies. Rassura Hataru.
Un léger silence passa, puis la jeune femme reprit la parole.
-Miwa?
-Hm?
-Tu ne pourrais pas revenir?
C'était franc et direct, peut être un peu trop. Hataru s'était tellement habituée à marcher sur des œufs autour de Rin pour se rapprocher d'elle qu'elle en avait presque oublié à quel point ce genre de phrases sortaient facilement de sa bouche. Miwa sembla elle aussi encaisser, et marqua une petite pause avant de répondre.
-C'est un peu trop tard pour ça, ma belle... J'ai raté toute une semaine d'examens, et ça ne va pas vraiment se rattraper. D'autant que je n'ai pas vraiment de bonne excuse.
-Je n'ai pas parlé des examens, pourtant. Fit remarquer innocemment Hataru. On s'en fiche, non? Il y a des rattrapages, et au pire tu refais une année.
-Hum... Hataru... il n'y aura pas d'année refaite, il n'y aura pas de prochaine année, c'est... c'est fini. C'est peut être difficile à accepter pour toi, mais...
-Ça doit l'être encore plus pour toi. Coupa Hataru.
Miwa ne répondit pas, alors la jeune femme reprit.
-Je suis parfois un peu stupide. Enfin, je réfléchis beaucoup trop à des choses qui ne servent à rien, alors j'ai dû attendre d'avoir quelqu'un pour me remettre les idées en place. Mais... ça te satisfait vraiment, Miwa? Tout plaquer, comme ça? Le diplôme pour lequel tu as tellement travaillé? La vie que tu avais imaginé? Les projets que tu avais prévus?
-Je te l'ai déjà dit, Hataru, mais-
-Les amitiés que tu a forgées ici? Interrompit Hataru. Les bons moments passés ensemble? La fierté que tu ressentiras en réussissant? Pas une seule fois, depuis que je te connais, je ne t'ai vu remettre en question ton orientation, Miwa. Et tu veux me faire croire que tu te satisfait de partir comme ça, sans achever ce pour quoi tu est venue? Après avoir été forcée à faire un choix sous la pression, la veille des examens les plus importants de l'année? Un choix sur l'espace d'à peine quelque heures, pour des conséquences aussi importantes sur ta vie? Je suis désolée, Miwa, je ne connais pas ton petit ami, mais tout comme tu as eu raison en traitant le mien d'égoïste, je vais être obligé d'en faire autant pour le tiens. Il a agi de manière égoïste. Bien sûr, il a dû mal vivre votre relation à distance, se sentir laissé pour compte, ce genre de choses... mais venir à l'improviste, te faire chanter, te piéger dans tes propres culpabilités pour te forcer à abandonner au pire moment? Je ne l'avais pas vu sous cet angle, mais Rin a raison. Ce n'est pas une manière de traiter la personne qu'on aime. Ni de choisir comment construire un avenir commun.
Hataru prit une pause pour respirer. Miwa, de l'autre côté du combiné, ne disait rien. Alors, elle continua.
-Tu as probablement tes raisons, Miwa. Mais ce départ précipité, ça ne ressemble pas à la Miwa réfléchie et ambitieuse que je connais. Tu... tu m'as dit de ne pas faire le premier pas quand Kazuto m'a si mal traitée. Que les hommes ont juste trop de fierté pour admettre leurs fautes, ou pour ne pas être toujours les premiers. Et qu'on devait leur apprendre à mettre cette fierté de côté. Tu te souviens?
-Oui... murmura Miwa. Oui, je me souviens. Et on dirait que je ne suis même pas capable d'appliquer mes propres conseils.
-Peu importe! S'exclama Hataru. Moi, je veux que tu reviennes, Miwa. Puisqu'il a le droit d'être égoïste, alors je le serai aussi! Je veux te voir tous les jours en cours, je veux réviser avec toi, je veux qu'on ait notre diplôme ensemble. Tout est... tellement plus fade, quand tu n'es pas là.
-Mais je ne peux pas! Gémit Miwa. J'ai déjà abandonné l'université. Rentrer maintenant, ce serait abandonner en plus cette relation!
-Eh bien tant pis!
La voix de Hataru avait sonné, résolue.
-Il se croit capable de savoir mieux que toi ce qui est bon pour toi? Il croit qu'il doit prendre tes décisions à ta place? Tant pis pour lui! Pourquoi tu devrais mettre en l'air tous tes plans de carrière alors que c'est lui qui a la possibilité de s'adapter?
-Mais on sort ensemble depuis des années!
-Des années de lycée, Miwa. Je ne suis probablement pas la mieux placée pour parler de ça, mais... les romances de lycée, et les romances d'adultes... ben, ça apporte des challenge différents.
-C'est vrai... mais je n'ai pas l'impression qu'il ait vraiment fait sa transition entre les deux.
-Et alors quoi? Tu dois attendre bien gentiment qu'il accepte que vous n'êtes plus deux amoureux dans la même classe, mais deux adultes qui cherchent à construire une vie ensemble? En ruinant tous ce pour quoi tu as tant travaillé le temps qu'il s'y mette?
-Non, mais... ah... écoute, ma belle, ce n'est pas aussi facile que tu crois, de choisir entre deux choses que tu aimes.
Le cœur de Hataru se serra, et les visages de Kazuto et de Rin apparurent dans son esprit.
-Non... non, je me rends bien compte que ce n'est pas facile. Et je ne sais pas si j'en serai capable. Mais je suis là pour faire pencher la balance en ma faveur. Après tout, ton petit ami m'en a gentiment retiré le droit en te forçant la main aussi vite.
Un léger souffle amusé retentit à l'autre bout du combiné.
-Tu as l'air bien en rogne contre lui, ma belle.
-Pas toi?
Miwa sembla hésiter. Avant de reprendre.
-Bien sûr que si, que je lui en veux. Me forcer la main, comme ça? La veille de mes examens? En jouant sur mes émotions, par dessus le marché? Si je suis en rogne? Je suis enragée! Je ne lui ai pas adressé la parole depuis notre retour, je dors chez mes parents à qui j'ai interdit de lui ouvrir, et je suis juste... aaaaah!
Miwa marqua une courte pause.
-Mais malgré tout ça, je l'aime quand même... je sais qu'il a mal agi, mais parce qu'il vivait mal notre situation... et... j'ai peur de finir par lui pardonner, alors que c'est certainement la chose la plus infecte qu'il pouvait me faire...
Hataru hocha la tête avec compréhension, même si son amie ne pouvait pas le voir. Après tout, ne cherchait-elle pas elle même encore des moyens de recoudre ses liens avec Kazuto, malgré le mal qu'il lui avait fait en lui parlant ainsi?
-Écoute... Miwa. Je veux juste que tu saches que je... que nous, nous voulons que tu reviennes. Contrairement à lui, on ne vas pas te forcer la main. Je vais tenter d'en parler au professeurs, pour que tu puisses prendre le temps qu'il te faudra pour te décider. C'est de toute façon une décision pour laquelle il t'aurait fallu bien plus de temps. Enfin, je pense. Quoi qu'il arrive... je veux que tu saches qu'on te garde une place bien au chaud.
-Merci, Hataru. Finit par dire Miwa après une courte pause, marquée par un reniflement.
-Hey... tu... tu pleures? J-je suis désolée, je ne voulais pas-
-Non, non, ne t'en fais pas, ça... ça m'a fait beaucoup de bien de discuter avec toi. Je... j'ai déjà beaucoup réfléchi, cette semaine. Je... je vais y réfléchir encore un peu, en parler demain avec lui... et prendre une décision. Quelle qu'elle soit... tu resteras quand même mon amie, hein?
Hataru sourit légèrement. Elle n'avait pas vraiment répondu à cette question, lorsque Miwa l'avait posée lors de leur précédente discussion.
-Bien sûr. Toujours. Bonne nuit, Miwa.
-Je vais essayer... bonne nuit, Hataru. Et pas trop de révisions!
-Ça ne risque pas... murmura Hataru, mais les bips indiquaient déjà la fin de l'appel. Même quand j'essaie de trop en faire, absolument rien ne rentre.
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