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Amertume sentimentale

-Eh gamine, tu sors de deux semaines de pause alors pas d'excuse pour rêvasser! Au boulot! 

-Oui, oui, Hanako-san. Soupira Hataru, tirée de ses pensées par la voix rauque de la vieille femme. 

Le bar était bondé en ce lundi soir, plus qu'à l'accoutumée, semblait-il à la jeune femme. Etait-ce pour célébrer la fin du mois de Novembre et l'entrée en Décembre, qui allait s'effectuer durant la semaine? Il ne semblait pas à Hataru qu'il s'agisse d'un évènement à célébrer particulièrement, mais elle ne parvenait pas à trouver d'autres explication, et s'en contentait donc. Cela faisait une reprise un peu abrupte, après deux semaines sans poser de shifts à cause des examens, mais Hataru en avait, au fond, probablement besoin. Elle avait beaucoup de choses dont elle souhaitait se détourner l'esprit. Enfin... principalement une. La jeune femme déglutit, et refoula cette pensée. Il valait mieux qu'elle se concentre. 

La soirée était déjà assez avancée, et Hataru sentait le poids des heures commencer à lui peser sur les épaules. Mais prendre une pause, c'était devoir se laisser aller seules à ses pensées troublées, et elle ne cessait donc de repousser l'échéance, jusqu'à ce que Hanako-san ne lui laisse plus le choix.

-Bon, ma grande, je sais que je t'ai dit d'arrêter de rêvasser, mais pas besoin de faire du zêle pour autant. Prends ta pause!

-Mais-

-Pas de mais! Et sors un coup prendre l'air, aussi.

-Il fait froid...

-Justement! Ça va te rafraichir un peu l'esprit et le corps, tu dois être en surchauffe. Houste!

Ainsi forcée à se reposer, Hataru traversa la grande salle pour se placer sur la terrasse presque vide. Avec le froid qui s'était installé, personne ne buvait dehors. Seuls de rares fumeurs sortaient parfois du bar, mais il n'y en avait aucun à cette heure là. La jeune femme s'appuya donc contre la vitrine opaque, et souffla un peu. La froid s'insinuait peu à peu en elle, mais lui faisait étrangement du bien. Elle supposait que ça ne durerait pas éternellement, et que l'envie de rentrer se mettre au chaud la prendrait bien assez tôt. Du moins, avant qu'une voix l'interpelle.

-Hataru!

La jeune femme tressaillit. Il n'y avait que deux voix dont elle ne se sentait pas prête à affronter les propriétaires, actuellement. Et il s'agissait d'une d'entre elles.

-Salut, Kazuto. Salua Hataru, sans vraiment le regarder. Qu'est ce que tu fais là à cette heure?

-Eh bien... l'entrainement de reprise a duré plus longtemps que d'habitude, et le coach vient de nous lacher. J'ai pensé à... passer te voir en rentrant. 

-En rentrant? Ça fait un sacré détour entre le gymnase et ton dortoir... fit remarquer Hataru. 

-Haha... c'est vrai.

-Ça ne va pas te poser de problème de rentrer trop tard?

-Le coach nous a fait une dérogation, vu qu'ils nous a lâchés tard.

-Tu devrais rentrer bientôt, alors. Le conseilla Hataru. Je suis sûre que tu n'as même pas encore mangé. 

-Ah... tu me connais trop. Sourit le jeune homme. Mais...

Il s'approcha, et glissa un doux baiser sur les lèvres de sa petite amie.

-Tu m'as manquée, ce week end... et comme on a pas pu se voir aujourd'hui... je voulais juste passer te voir rapidement.

-Je... vois. Merci. C'est gentil.

-Pas de problème. Je... vais y aller, du coup. On se revoit durant la semaine?

-Hm. Approuva Hataru d'un hochement de tête.

La jeune femme sentait un sentiment affreux la traverser. Elle avait la nausée de ce baiser. Pas parce qu'il était moins bien que les autres, ou particulièrement désagréable. Mais parce qu'elle avait la sensation de ne pas le mériter. 

C'était la vérité. Elle avait trahi Kazuto, ce samedi soir, perdue dans la montagne et la forêt, au centre d'Izu. Certes, elle avait bu. Et Rin l'avait embrassée la première. Mais Rin tenait bien moins l'alcool qu'elle. Et elle lui avait quand même rendu son baiser. Rien ne pouvait excuser cette transgression, le lendemain même après qu'elle ait recollé les morceaux avec Kazuto. Alors même que Rin était au courant. C'était à la fois cruel envers Kazuto, qu'elle trompait avec son ami. Mais également envers Rin, car elle savait que ce qu'il s'était passé à Izu ne pouvait, et ne devait, pas se reproduire. 

La gorge de Hataru était restée sèche et serrée depuis son réveil, dans cette tente partagée avec Rin, au matin du dimanche. Elles n'avaient rien fait après ces baisers éphémères. Elles étaient simplement allées se coucher, et s'étaient endormies comme des souches. Hataru en tirait une forme de demi satisfaction, comme une consolation... fut-elle allée plus loin qu'elle n'aurait pas réussi à faire face à Kazuto comme elle venait de le faire. Ces simples baisers... pouvaient encore passer comme une erreur. Une erreur que Hataru était incapable de se pardonner, certes. Mais aussi une qu'elle était incapable d'oublier. Elle le savait, désormais. Il lui était impossible d'enterrer ces sentiments. Elle les avait trop avivés. La flamme était devenue trop imposante. Alors, elle devait simplement... quoi faire? Elle l'ignorait. Comment faire face à Rin, après tout ça? Les deux femmes avaient à peine parlé pendant qu'elles rangeaient leur campement en attendant l'arrivée de Lucie. Elles n'avaient même pas osé se regarder dans les yeux. Les deux savaient ce qu'elles avaient fait. Les deux savaient que Hataru était déjà en couple. Les deux savaient quelles conséquences pouvait avoir leur action. Et aucune des deux n'osait faire le premier pas pour en reparler. Peut être était-ce là la solution, avait pensé Hataru. Faire comme s'il ne s'était jamais rien passé. Vivre avec cette culpabilité, comme une punition de son égarement. Cela allait bien à Hataru, de se flageller ainsi pour ne pas avoir su résister. Mais ce n'était pas correct envers Rin... après tout...

Elle lui avait rendu son baiser. 

Rin... qui n'avait jamais aimé que Noriko. Qui avait souffert pendant toutes ces années d'humiliation, de peur, et de douleur, au point de vouloir tenter de mettre un terme à son existence. Rin, qui avait finalement reprit le cours de sa vie en main. Qui avait eut le courage d'avouer ses sentiments, malgré la rejection évidente qui l'attendait. Rin, qui avait, pour la première fois, dû accepter de renoncer réellement à son amour. Et Rin... qui l'avait embrassée. En connaissant le passé et les expérience de la jeune femme, Hataru savait qu'elle n'avait pas le droit de ne pas être sincère avec elle. Et pourtant... elle avait si peur de le faire. Elle n'était pas Noriko, elle ne connaissait pas Rin depuis l'enfance. Elle ne savait pas si, en rejetant Rin, elle pourrait garder son amitié. Et surtout, contrairement à Noriko... elle était amoureuse de la présidente. Tout cela rendait les choses si difficiles à appréhender... et les choix si douloureux à faire, et les actions si compliquées à prendre. Hataru déglutit. Elle était partagée entre la peur, le regret, et une joie si intense qu'elle en devenait presque douloureuse au vu du contexte. La voix de Kazuto vint cependant tirer la jeune femme de ses réflexions. 

-Au fait... tu as réunion avec le cercle, samedi prochain?

Hataru ne le savait pas. Elle n'avait pas reparlé à Rin depuis leur séparation la veille, lorsqu'elle était montée sur son scooter tandis que la jeune femme avait retrouvé une Lucie aux anges après la nuit passée avec sa conquête. Allait-il y avoir une réunion? Allait-il seulement y avoir une suite au cercle? Hataru refusa d'y penser. L'idée de voir cela lui échapper, ces moments privilégiés passés avec la présidente... c'était trop douloureux. Quand bien même l'avenir l'effrayait, elle ne pouvait s'imaginer un monde sans ces sorties là. Mais peut être... avaient-elles toutes les deux besoin d'un peu de temps.

-J-je ne pense pas. Déclara Hataru. 

-Oh... vraiment.

Kazuto semblait déçu, ce qui surprit Hataru. En général, s'il demandait cela, c'était pour savoir si elle était libre pour sortir. Pourquoi était-il déçu qu'il n'y ait pas une séance de ce club qui, il l'avait lui même avoué, avait poussé Hataru à le négliger.

-Tant pis. Finit par dire le jeune homme. 

-J-je n'en ai pas encore parlé avec Rin, après. Admit-elle. 

-C'est vrai? Dans ce cas, parle lui en, et dis lui que je viendrai. 

Hataru se figea.

-Tu... veux venir à la réunion du cercle?

Kazuto hocha la tête.

-On a exceptionnellement pas d'entrainement samedi après midi, alors... j'aimerai en profiter pour passer. Je suis toujours un membre, après tout! Même si c'est... un membre fantôme. Ça... ça ne pose pas de problème?

-N-non, non, bien sûr! L'assura Hataru, qui pensait pourtant tout l'inverse. Mais... je suis juste... étonnée. 

-Je ne vous dérangerai pas longtemps. La rassura tout de même le jeune homme. On a prévu un escape game avec les autres, durant l'aprem. C'est... juste...

Kazuto se gratta un peu l'arrière de la tête.

-J'ai des choses à dire à Rin. En fait, à vous dire à toutes les deux. Je pense que c'est l'occasion de le faire. 

-O-oh, d'accord. Qu'est... ce que tu veux nous dire?

-Je vous le dirai quand vous serez là toutes les deux, ça n'a pas vraiment d'intérêt autrement. Sourit le jeune homme. Bref, tiens moi au courant... je te laisse tranquille.

Il posa un autre rapide baiser sur la joue de la jeune femme, avant de s'éloigner un petite foulée. Il ne sembla pas réaliser à quel point la peau de sa petite amie était glaciale. 


-Rin. 

La jeune femme aux mèches bleu nuit sursauta avec violence, ce qui fit également sursauter Hataru. 

-Bon sang... s'exclama-t-elle Rin, avant de soudain prendre une expression beaucoup plus gênée. O-oh... c'est toi.

-Euh... oui, c'est moi. Répondit Hataru, tout aussi maladroitement. 

Elle était fatiguée. La reprise du travail n'avait pas aidé, certes, mais elle avait également passé tellement de temps à ressasser encore et encore autant les évènements du week end que la demande de Kazuto qu'elle en avait perdu son sommeil. Son petit ami s'était-il douté de quelque chose? C'était impossible, pourtant... ce qui s'était passé à Izu était resté à Izu. Personne ne pouvait en avoir entendu parler, pas même Lucie, quand bien même elle avait assailli Hataru de questions sur sa soirée. Il était impossible que Kazuto sache ce que les deux jeunes femmes avait fait. Alors... de quoi pouvait-il bien leur parler? Peut être avait-il simplement des doutes sur leur sentiments, et voulait les confronter sans savoir ce qu'elles avaient fait? Mais pourquoi les confronter à deux, dans ce cas? Hataru était bien incapable de mentir, il n'avait pas besoin de la présence des deux femmes... alors, quoi? La jeune femme était bien incapable de le savoir. Et elle devait faire part de ces doutes à Rin. 

Elle aurait, bien sûr, pu simplement lui envoyer un message. Elle se parlaient après tout tout le temps par message. Cependant, aucune des deux n'avait osé envoyé le premier depuis le dimanche précédent. De plus, si la question était aussi grave... alors il fallait en parler en face à face. Peut être mettre les choses au point avant de voir Kazuto. C'était la raison pour laquelle Hataru avait cherché Rin sur le campus les jours précédents. Elle n'osait pas encore lui envoyer un message, même pour lui demander de se retrouver pour parler. Mais elle avait décidé de le faire si elle ne la trouvait pas, ce qui, heureusement pour elle, n'arriva pas, puisqu'elle l'entrevit entrer dans le bâtiment des clubs le jeudi suivant. 

C'était là, dans le couloir, qu'elle avait rattrapé la présidente, et l'avait faite sursauter malgré elle en l'appelant. Mais ce sursaut voulait bien dire une chose. Rin était tendue. Et cela rendit les choses encore moins faciles pour la jeune femme.

-Hum... commença-t-elle, cherchant ses mots.

-E-ecoute, Hataru, je dois aller voir quelqu'un, alors je n'ai pas le temps de-

-Ce sera rapide. Promit Hataru, le regard suppliant. 

Rin interrompit son mouvement de fuite, et poussa un long soupire. 

-Dis moi. Déclara-t-elle. Je suis prête.

-Y... a-t-il une réunion du cercle ce samedi? Demanda-t-elle finalement.

Le regard de Rin fut mélange de surprise et de soulagement. De toute évidence, ce n'était pas ce à quoi elle s'attendait. Néanmoins, elle n'était pas certaine de sa réponse pour autant.

-Je... ne sais pas trop. J'ai... peut être des choses à faire. Tu... veux qu'on en ait une?

-Moi... moi, je suis toujours partante pour. Sourit-elle avec une certaine candeur. Mais... hum... c'est... c'est Kazuto.

Rin tréssaillit à la mention de ce prénom, et son regard se teinta d'amertume. 

-Ah... il... ne veut pas que tu y ailles? Demanda Rin.

-C-c'est l'inverse, à vrai dire. Avoua Hataru. Il... a demandé s'il pouvait passer. Il a dit qu'il... avait quelque chose à nous dire. A toutes les deux.

Le regard de Rin s'intensifia.

-Tu lui as parlé de... de...? Demanda-t-elle, et son ton laissait bien sous entendre qu'elle n'arrivait pas à croire que Hataru ait pu faire ça.

-N-non! Bien sûr que non! S'exclama Hataru, paniquée. Comment aurais-je pu lui... non... vous faire ça... 

-Alors... quoi? Demanda Rin d'une voix muette, et jouant nerveusement avec un de ses mèches teintes.

Hataru détestait la trouver si attirante quand elle agissait ainsi. Surtout que son propre état émotionnel, mélangé à la fatigue, ne lui permettait pas vraiment de penser correctement.

-J-je ne sais pas, Rin. Murmura-t-elle. P-peut être qu'il a deviné... je suis si nulle pour cacher ce genre de choses... je suis sûre que Lucie l'a déjà deviné! P-peut être que c'est elle qui lui en a parlé? Pour le narguer? Ou alors peut être qu'il s'en est juste rendu compte autrement? Mais on s'est si peu vu depuis trois semaines? Comment aurait-il pu? O-oh... si Lucie lui en a parlé, peut être que d'autres ont entendu... si tout le monde en entend parler, les gens croiront que les rumeurs étaient vraies! E-et que tu... il faut que... je

-Hataru, du calme! L'interrompit Rin en la saisissant au épaules et en la fixant droit dans les yeux pour la première fois de leur conversation. Respire...

Le cœur de Hataru était parti en embardée, et elle commençait à voir flou, mais l'injonction de la présidente parvint malgré tout à venir remettre de l'ordre dans son esprit paniqué. Ce simple contact... ce simple regard... étaient capables de la calmer avec tant d'efficacité... tant de facilité... ce simple regard qui... s'allongea... et s'allongea encore, dans le all où passaient les étudiants sans trop leur porter attention. 

-Ah, Rin, tu es là... fit une voix qui rompit l'étrange contemplation dans laquelle les deux jeunes femmes étaient plongées.

Instantanément, Rin sembla prendre conscience de son geste et lâcha les épaules de Hataru, comme si elles avaient été brûlantes. Puis, elle se retourna. Derrière elle, se trouvait nulle autre que Mayuri, la présidente du club cuisine. Elle fixa ses deux kouhai avec un regard interrogateur. 

-Ça va, ici? Demanda-t-elle finalement.

-Oui, ne t'en fais pas. Déclara Rin. Désolée du retard, il y avait de la queue à la cafet, et j'ai dû discuter de quelques trucs avec Hataru.

-Pas de problème, il me reste encore un peu de temps avant mon prochain cours. La rassura Mayuri. Au passage, salut Hataru, ça fait un moment. Les exams se sont bien passés?

-Ça peut aller. Se contenta de dire Hataru, encore un peu secouée.

-Mouais, t'es plus pâle qu'un linge. Fit remarquer leur senpai. Repose toi bien, maintenant que c'est fini. T'en as bien besoin, à mon avis. On y va, Rin? A moins que... vous ayez encore des... trucs à dire.

Rin secoua la tête et commença à s'éloigner avec un soulagement un peu trop apparent, avant de soudain s'arrêter, et se retourner vers Hataru.

-On... se voit samedi aprem, du coup. Déclara-t-elle. On verra bien ce qu'il se passera. D'accord?

Hataru hocha la tête. Rin tendit sa main vers elle avant de se raviser, et de détourner le regard.

-Repose toi bien. S'il te plait. Dit-elle, avant de s'éloigner à la suite de Mayuri, laquelle jeta tout de même plusieurs regard en arrière vers Hataru. 

Cette dernière n'avait pas pu mettre ses idées au clair, si décider de ce dont Kazuto voulait leur parler. Rin ne semblait pas vraiment plus être au courant. Lucie ne voulait probablement toujours pas entendre parler de lui, alors lui demander allait être difficile. Mais la présidente semblait avoir décidé de simplement voir ce qui allait se passer. Et le calme dont elle avait fait preuve en lui donnant rendez vous samedi redonnait un peu de courage à la jeune femme. Une nouvelle question lui taraudait cependant l'esprit...

Pourquoi Rin était-elle venue voir Mayuri-senpai? Certes, elles avaient agi de concert face à Hayato durant le festival culturel, mais... elles étaient loin d'être de bonnes amies. Rin lui en voulait toujours beaucoup, et Mayuri semblait toujours mal à l'aise lorsque la présidente du cercle était à proximité. Alors... qu'est ce qui avait changé tout ça, si soudainement?

Hataru soupira, et retrouva le chemin de son prochain cours. C'était stupide de sa part de commencer à s'inquiéter pour une énième question, quand bien même elle en avait déjà tellement qui la dévorait d'anxiété...


-Woah... je suis stressé, en vrai.

Hataru cru un instant qu'elle avait elle même prononcé ces mots malgré elle, tant elle devait se retenir pour ne pas trembler d'appréhension alors qu'elle grimpait lentement les marches menant au dernier étage du bâtiment des clubs, accompagnée de Kazuto. C'était lui qui venait de prononcer ces mots. Le jeune homme semblait pourtant des plus détendu, de bonne humeur même, malgré ce qu'il venait de dire. Hataru déglutit. Elle était toujours bien incapable de ne serait-ce que deviner de quoi Kazuto voulait leur parler. Il n'avait jamais eu beaucoup de contacts avec Rin, les deux restaient plus ou moins juste des connaissances de connaissances n'ayant discuté au plus qu'une fois ou deux. Il semblait donc impossible à la jeune femme que cette décision ait quoi que ce soit à voir d'autre que sa relation avec Rin... puisque c'était la seule chose qui reliait Kazuto à la présidente. 

Le couple arriva au dernier étage, et Hataru prit une grande inspiration. 

-Pourquoi tu es stressé? Parvint-elle cependant à demander, s'arrêtant à la sortie de la cage d'escaliers.

C'était un peu tard, certes, mais elle pouvait toujours tenter d'en apprendre un peu plus, même aussi proche du but.

-C'est la première fois que je mets les pieds dans la salle alors que je suis sensé être membre depuis au bas mot trois mois... grimaça le jeune homme. Rin n'a pas l'air d'être la personne la plus... enfin... elle peut être un peu impressionnante, alors forcément...

-Impressionnante? S'étonna Hataru.

-Ouais. Elle a l'air assez sévère, et donne un peu cette impression de... "m'approche pas et me parles pas" si tu vois ce que je veux dire. Enfin, je la connais pas aussi bien que toi... mais bon, je m'attends pas à être accueilli chaleureusement...

Hataru ne répondit pas. Avait-elle déjà trouvé Rin intimidante? Probablement au début, oui. Elle marchait sur des œufs, à côté d'elle. Elle avait toujours peur de la déranger. Quand avait-elle cessé de se brider de cette manière autour de la présidente? Elle était bien incapable de s'en souvenir. Mais elle savait désormais qui était Rin. Une jeune femme blessée, avec des passions qu'elle avait peur de partager, appréciant sa tranquillité mais pourtant envieuse de partager ce qui la faisait vibrer. 

-Tu pourrais être surpris. Murmura Hataru en se dirigeant d'un pas résolu vers la porte. 

Rin les attendait à l'intérieur, avec son habituel chignon négligé, son écharpe, et son poncho jeté négligemment sur l'étagère basse. Elle soufflait sur la surface d'une petite tasse de café fumante, et accueillit les nouveaux venus d'un de ses rares sourires - ou peut être n'étaient-ils plus si rares que cela, désormais... 

-Salut, Hataru. Bonjour, Kazuto-senpai.

Hataru s'apprêta à rendre ses salutations à la présidente, mais Kazuto la coupa.

-Bonjour, Rin. Dit-il d'une voix un peu forte. Je m'excuse d'ainsi interrompre votre réunion, je vous promet que je ne vous dérangerai pas longtemps. 

-Ne t'en fais pas. Soupira Rin. Tu es un membre, après tout. 

-Justement. Déclara Kazuto. Je suis venu quitter le cercle officiellement. Et... présenter mes excuses. 

Rin jeta un coup d'oeil inquisiteur à Hataru, mais cette dernière était toute aussi confuse qu'elle. 

-Eh... je crois qu'il vaut mieux que je m'explique... admit Kazuto face au silence qui accueillit sa déclaration. J'ai... j'ai rejoint ce cercle uniquement par... envie d'être avec Hataru, certes, mais aussi par égoïsme et possessivité. J'avais peur qu'elle trouve un endroit dans lequel je n'avais pas ma place, j'étais jaloux, et... eh bien, j'ai agis de manière plus qu'immature.

Un léger silence plana, auquel Rin répondit.

-J'aimerai pouvoir dire que tu exagères, mais...

Elle laissa sa phrase en suspend, les choses étant mieux laissées sous entendues. Kazuto, lui, hocha la tête.

-Je sais. Je me suis inscrit ici sans avoir vraiment l'envie de participer, sans comprendre la passion qui vous animait toutes les deux, sans même prendre le temps de me demander si cette nouvelle activité pourrait entrer dans mon emploi du temps. J'ai pris les choses à la légère, et pour cela, je m'excuse aujourd'hui. J'ai beaucoup réfléchi, et je pense que continuer à me comporter comme un enfant serait... irrespectueux, autant pour moi que pour vous. 

-Je... vois. Répondit Rin. Mais tu n'avais pas vraiment besoin de venir pour me dire tout ça... Comme tu n'es jamais venu, j'ai bien compris que l'activité ne t'intéressais pas vraiment, et je ne t'en ai jamais voulu pour ça...

-M'en as-tu voulu pour autre chose? 

La remarque était soudaine et pleine de sous entendus. L'hésitation de Rin était éloquente. Et Hataru ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Elle était toujours allée voir Rin lorsque Kazuto et elle avaient une dispute. L'image qu'elle devait avoir de lui était forcément biaisée par tout cela.

-Je... suis venu parce que je pense que la bonne chose à faire était de dire ces choses face à face. Reprit finalement l'homme. Mais... je ne suis pas venu m'excuser que pour cela.

Kazuto commença alors à s'agenouiller. Hataru le regarda avec un regard confus, tandis que Rin, semblant comprendre ce qu'il allait faire, eut une expression de gêne particulièrement intense. Le jeune homme se replia face contre terre, devant Rin, avant de prendre la parole.

-Je suis également profondément désolé, Rin. Toi et ton cercles avez commencé à prendre tant de place dans la vie de Hataru que je me suis senti mis à l'écart et... terriblement jaloux. Lors du festival culturel... j'ai dit des choses. Des choses que je regrette sincèrement, aujourd'hui. 

-C'est à Hataru que tu les as dites, pas à moi. Tenta Rin. Maintenant, relève toi s'il te plait, tu me gênes.

-C'est pour cela que je m'excuse auprès de vous deux. Rétorqua le jeune homme. C'est à Hataru que j'ai dit ces horreurs, par cause de jalousie et de colère, et je ne me le pardonne pas. Mais... c'est toi que j'ai utilisé pour la blesser, Rin. J'ai dit des choses horribles à ton sujet, et voir à quel point cela affectait Hataru m'a encore plus énervé. J'ai été... un petit con, comme tu as pu le dire cette fois, Hataru. Et tu avais bien raison. J'étais tellement... infect... et je regrette chacune des paroles que j'ai pu dire ce jour là. Je regrette la façon dont je t'ai utilisée pour blesser, Rin. Et je regrette le fait de t'avoir insultée sans même que tu puisses te défendre, alors que tu n'avais rien fait de mal, et que c'était mon ego blessé qui parlait. Pour tout cela, je vous demande pardon, à toutes les deux. 

Les deux jeunes femmes échangèrent un regard gêné. Toutes deux savaient une chose. Qu'elles avaient au moins une raison très importante d'également s'excuser. Une raison qu'aucune ne pouvait pourtant s'amener à avouer. Rin soupira.

-Relève toi, senpai. Franchement... j'apprécie tes excuses, mais tu en fais un peu trop...

-Je veux juste que vous compreniez à quel point je regrette.

-Et on a compris, Kazuto. Relève toi, s'il te plait. Supplia Hataru.

-Et puis, bon... reprit Rin. Je t'ai traité de quelques noms d'oiseaux en discutant avec Hataru, alors j'imagine qu'on est quitte.

-Ça n'est pas exactement la même chose. Protesta Kazuto.

-On est quittes. Appuya Rin. Lève toi, tu me gênes.

Kazuto s'executa, et se releva, non sans épousseter légèrement son pantalon. Loin de se sentir honteux pour ce qu'il venait de faire, il semblait au contraire soulagé.

-Je... me sens mieux après l'avoir dit comme ça. Avoua-t-il.

Le regard de Rin disait bien que son avis sur le sujet était un peu différent.

-Par pitié, trouve une autre façon de le faire. Soupira Hataru.

-Mais je dois encore m'excuser auprès de Lucie. Protesta Kazuto. Elle était là, elle aussi.

-Tu n'as pas intérêt à te prosterner devant elle. Prévint Hataru. Elle va juste te marcher sur la tête. 

-D'accord, d'accord... répondit le jeune homme avec un sourire franc. Je vais vous laisser à votre réunion, du coup... n'oubliez pas de me supprimer des listes.

-Je ne t'ai jamais lu la charte, donc tu étais encore considéré comme membre en période d'essai. Déclara Rin.

-Encore mieux, alors. A plus, Rin, Hataru.

Le jeune homme posa un baiser rapide sur le front de sa petite amie, avant de sortir de la salle, laissant les deux jeunes femmes plongées dans un silence gêné. Ce dernier geste fait avant de partir n'avait fait que renforcer ce sentiment. Rin poussa un long soupire et se laissa aller contre la petite armoire. 

-Ton anxiété est contagieuse... laissa-t-elle échapper. Je me suis faite un sang d'encre pour rien. 

-J-je ne pouvais pas savoir... 

-Hm. 

Un nouveau silence. Aucune des deux femmes ne savait par quoi commencer. Aucune d'elle n'osait le faire de toute manière. Après être restées sans parler pendant ce qui sembla être une éternité, Rin laissa retomber sa tête en arrière et poussa un long soupire.

-On ne va pas pouvoir rester sans en parler éternellement, Hataru... déclara-t-elle. Alors... j'imagine que je m'excuse, moi aussi. Mais je ne risque pas de me prosterner, par contre.

Hataru fronça les sourcils.

-Tu n'as pas à t'excuser...

-Bien sûr que si. Rétorqua Rin. Je savais que tu étais de retour avec lui. Tu me l'as même dit durant l'après midi. Et pourtant... je t'ai embrassée.

-Tu avais bu.

-Tu trouves que ça excuse quoi que ce soit?

Hataru ne put pas vraiment répondre à cela. Rin reprit donc.

-Je savais que tu étais en couple, que tu étais amoureuse de quelqu'un d'autre, et je me suis quand même laissée allée. J-j'ai mal interprété tous les signaux que je lisais, j... j'ai cru... Et pour ça, je... m'excuse. Vraiment. Je... je... je suis vraiment...

-Rin...

Hataru s'était approchée de la présidente, qui avait désormais la tête baissée, et une profonde expression de tristesse sur le visage.

-Tu... ne dois pas t'excuser... murmura-t-elle. A-après tout... je suis bien incapable de te cacher quoi que ce soit, non? C'était... inévitable que tu voies mes signaux...

La présidente releva soudain la tête et fixa Hataru droit dans les yeux. 

-Mais... Hataru... qu'est ce que tu racontes?

-Ah... rit tristement Hataru. Peut être que je suis quand même capable de te cacher certaines choses, dans ce cas. Tu... tu t'excuses de m'avoir embrassée, mais... ce baiser... je te l'ai rendu. 

Rin sembla frappée par cette déclaration. 

-V... Vraiment?

-Tu... ne... t'en souviens pas? Demanda Hataru.

-Je... je ne sais plus... j'avais... beaucoup bu, et tout est... un peu flou dans ma tête...

-Oui, tu... avais beaucoup bu.

Hataru vint s'asseoir à côté de la présidente sur le petit meuble. Elles étaient si proches, et pourtant, elles prenaient bien garde à ne pas se toucher. 

-Mais... reprit Rin, avec un regard plein d'espoir. Ça veut dire que... tu...

La jeune femme hocha la tête, n'osant pas regarder la présidente. 

-De... depuis quand?

-Je... sais pas depuis quand, mais... je... l'ai... réalisé... le soir où je suis venue te voir... tu sais, à la librairie...

-Oh... murmura Rin, comme frappée de réalisation. 

Un silence passa.

-Mais... Tu n'es pas... de Kazuto... 

-Aussi. Avoua Hataru.

-Oh... 

Ce murmure là était plus douloureux que les autres. Parce qu'il signifiait que Rin comprenait sa situation. Le fait qu'elle était aimée. Mais qu'elle n'était pas première.

-Je... suis désolée, Rin. Murmura Hataru, alors qu'une larme roulait sur sa joue. Je ne voulais pas... je ne... savais pas... 

Rin ne répondit pas immédiatement, tandis que Hataru sanglotait silencieusement à côté d'elle. Elle digérait l'information. Et c'était difficile. Et douloureux. Alors pourquoi n'arrivait-elle pas à en vouloir à la femme assise à côté d'elle? Peut être parce qu'elle était en train de pleurer rien qu'à l'idée de savoir que son choix allait la blesser. 

-C'est... la première fois que tu ressens ça pour une femme? Parvint cependant à articuler Rin.

Hataru hocha la tête silencieusement, tout en séchant des larmes dans sa manche. Rin soupira. Elle avait envie de pleurer, elle aussi. 

-Tu veux... quand même rester amies? 

La voix de Hataru était éteinte, mais le regard rougi qu'elle lança à Rin était éloquent. Elle s'accrochait désespérément à cet espoir là. Celui que leur action ne détruirait pas tout.

-E-est-ce qu'on peut y arriver? Demanda Rin, amèrement. Maintenant qu'on sait toutes les deux... plus rien ne sera comme avant. 

-Tant pis. Murmura Hataru en agrippant le bord de la manche de Rin. Je ne t'ai pas menti, samedi... 

Rin savait de quoi son amie parlait. Après tout, elle lui avait dit la même chose. "Je ne pense pas pouvoir me passer de toi...". La jeune femme soupira.

-C'est possible... d'essayer. Déclara Rin. Ça va être difficiles pour nous deux. Enfin... surtout pour moi...

-Je suis désolée, Rin... sanglota une nouvelle fois Hataru.

Cette fois-ci, Rin passa un bras rassurant dans le dos de son amie. 

-Mais... je peux comprendre, Hataru. Murmura-t-elle. Si... j'avais eu à choisir entre toi et Noriko... je... je l'aurai sans doute choisi, elle. Alors... je... peux comprendre ton choix...

-Mais tu n'as pas pu choisir, toi. Murmura Hataru.

-Hm. Mais... c'est Noriko qui m'a fait prendre conscience. Que... qu'elle ne m'avait jamais vu m'entendre aussi bien avec quelqu'un. Qu'elle pensait qu'on allait bien ensemble. Si elle n'avait rien dit... on en serait peut être pas là. Elle ne sait vraiment pas tenir sa langue...

Rin sentit que les larmes lui montaient également aux yeux. 

-Le pire... c'est de voir que le mec que je détestais tellement pour t'avoir fait tant souffrir... est un mec aussi bien. 

-Il a ses défauts. Admit Hataru. Mais... il vaut le coup.

-Je vois ça... murmura Rin. Mais ça aurait été plus facile de t'en vouloir si ça n'avait pas été le cas. 

-Rin...

Hataru se raccrochait à la manche de la présidente comme à une bouée de secours. Comme si elle avait peur qu'elle lui échappe définitivement. Malgré sa tristesse, malgré son sentiment d'impuissance, malgré sa frustration, Rin ne pouvait supporter l'image de la jeune femme la fixant ainsi, les yeux rougis par les larmes. Pourquoi fallait-il qu'elle l'aime? N'aurait-il pas été plus facile de simplement ne plus avoir à se soucier d'amour, après tant d'années à espérer une réponse de Noriko? Et pourtant... elle avait été incapable d'agir pendant des années, avec Noriko, mais était passée à l'action en moins de deux semaines pour Hataru. Peut être... serait-il plus simple de passer à autre chose. Peut être... pouvaient-elles simplement espérer que ces sentiments disparaissent d'eux même, que le temps fasse son œuvre.

Elle était bien placée pour savoir que c'était difficile. Surtout que pour la première fois, elle savait que ses sentiments étaient réciproques. Mais après tout... la méthode pour passer à autre chose après Noriko avait été Hataru... il lui suffisait de répéter l'opération pour cette dernière.

-Hataru... murmura Rin, en serrant son amie dans ses bras, et en passant une main dans ses doux cheveux roses. On... va essayer, d'accord? Mais... il faudra probablement du temps pour que... tout ça cicatrise. 

Hataru hocha la tête.

-Mais... on va essayer. Lui assura Rin. 

-On ira pas camper samedi prochain, j'imagine. Plaisanta Hataru avec un rire aigre doux.

-Je vais y réfléchir... Tu me laisse organiser?

Nouveau hochement de tête de Hataru. La jeune femme ignora combien de temps elle restèrent ainsi, dans les bras l'une de l'autre, n'osant pas faire de mouvement de peur de faire quelque chose qu'elles regretteraient, mais craignant de lâcher prise. C'était peut être la dernière fois qu'elles pouvaient se tenir ainsi, aussi proches l'une de l'autre, après tout...

Lorsque Hataru pénétra dans son appartement le soir même, elle était vidée de toute son énergie. Elle avait mis les choses au clair avec Rin, pourtant. Kazuto était même venu s'excuser. Il n'était au courant de rien, et il n'y aurait plus jamais rien à lui cacher à l'avenir. Pourtant... tout ce que ressentait la jeune femme était un profonde tristesse qui lui enserrait le cœur sans la moindre pitié. 

-Salut, Moe. Bonne journée?

La voix de Lucie fit sursauter la jeune femme. Elle n'avait pas vu que son amie était là.

-Ah... salut, Lucie. Tu ne passais pas la soirée avec Nari-senpai? Demanda-t-elle, en faisant référence au membre du club de basket avec lequel Lucie préférait coucher en ce moment.

-Mm... Non. J'ai fait une rencontre intéressante qui m'a donné envie de rentrer au plus vite.

-Oh... d'accord. Déclara Hataru. Tant que vous ne faites pas trop de bruit cette nuit...

Lucie rit légèrement. 

-Pas ce genre de rencontre, Moe. J'ai croisé ton ex. 

Hataru se figea.

-Qui n'est apparemment pas tant ton ex que ça, d'après lui. Ajouta-t-elle. 

Un silence tomba dans la pièce. Hataru soupira. Pourquoi Kazuto n'avait pas pu attendre qu'elle soit là pour aller voir Lucie? 

-Tu comptais m'en parler quand? Demanda alors Lucie. 

-Au bon moment. Soupira Hataru, qui ne se sentait vraiment pas d'humeur à se lancer dans une joute verbale avec sa meilleure amie, mais se doutait qu'elle aurait du mal à l'éviter.

Lucie la fixait de ses yeux plissés. Quand elle faisait cela, c'était qu'elle était en colère, Hataru le savait. Elle lui avait caché la vérité, certes. Mais elle n'avait jamais dit qu'elle et Kazuto avait rompu. Lucie avait simplement tiré ses conclusions elle même... évidemment, Hataru ne pouvait pas dire cela, alors qu'il lui aurait suffit de dire à son amie qu'elle faisait fausse route. Elle se prépara donc mentalement au mauvais moment à venir. 

-Je me demande bien comment tu fais pour le laisser s'en tirer avec toujours pire... siffla Lucie. Ce mec ne t'as pas juste insultée, il a insulté Rin! C'est tout ce que ça te fait?

-Il est venu s'excuser auprès d'elle aussi, aujourd'hui. Répondit Hataru sans conviction.

-Ha, il s'est excusé! La bonne affaire... c'est clair qu'il ne s'était pas excusé les fois d'avant. Ce mec... ce mec... 

Lucie poussa un soupire excédé.

-Ce mec trouvera toujours une raison de s'énerver. Cette fois, c'est Rin, et la prochaine? Ton petit boulot? Tes gouts vestimentaires? Moi? 

-Arrête, Lucie... 

Hataru regretta immédiatement ces mots. En général, c'était ceux qui faisaient tout l'inverse de calmer Lucie. Mais étrangement, cette fois, sa meilleure amie s'arrêta vraiment.

-Ecoute, Moe... c'est ta vie. Je ne peux pas dire que je ne lui en veux pas, mais si tu es si sûre de vouloir lui donner une autre chance... alors pourquoi pas? 

Hataru avait du mal à croire ce qu'elle entendait. Lucie était le genre de personne à garder ses rancunes pendant très longtemps, et certainement pas à les abandonner aussi vite. La jeune femme n'osait même pas imaginer à quoi avait dû ressembler son interaction avec Kazuto quand il était venu s'excuser un peu plus tôt dans la journée. Alors la voir lacher aussi rapidement l'affaire était... pour ainsi dire exceptionnel. 

-Oh... euh... Merci, Lucie.

-C'est normal. Répondit-elle en haussant les épaules. Tiens, je pense qu'on devrait même l'inviter à passer le nouvel an à la maison. 

-A-a Ilica? S'étonna Hataru. Mais... pourquoi?

-Pourquoi pas? Après tout, Jade t'as bien proposé de l'amener, non?

-Oui... mais...

-Je lui ai déjà proposé, et il a l'air motivé, en tout cas.

-Tu... lui as proposé de venir? Tout à l'heure?

-Bien sûr! Alors évidemment, je lui ai dit que j'allais t'en parler avant, je ne suis pas stupide non plus... mais... je veux dire, l'amener chez nous, c'est pas le meilleur moyen de renforcer votre lien? 

-Ou de voir s'il tient le coup, c'est ça? Demanda Hataru, suspicieuse. 

-Eh, j'ai jamais dit ça. Je veux juste dire que peut être qu'après avoir passé du temps en famille, sans... rien pour se mettre en travers de votre couple. Ni club, ni potes, ni basket, ni classes... vous pourriez probablement mettre bon nombre de choses au clair.

-P-peut être, mais...

Lucie soupira.

-Bon, écoute, Moe. Je sais que ça te semble bizarre que je lui propose ça d'un coup alors que j'ai été un peu... venimeuse... avec lui, ces derniers temps. Et comprends moi, il le méritait après ce qu'il t'avais fait. Et ça m'énerve toujours beaucoup, et je ne lui ai clairement pas pardonné. 

-Alors pourquoi-

-CEPENDANT! La coupa Lucie d'un ton solennel. Je crois qu'un peu de réflexion sur ma façon de voir les choses m'a aussi aidée à réaliser certaines choses. Tu aimes vraiment ce mec, Moe.

Hataru hocha la tête.

-Quel est le meilleur souvenir que tu ai avec lui?

La jeune femme hésita. 

-Notre... sortie en amoureux à Omaezaki. Je pense. Déclara Hataru après une courte réflexion.

-C'est le moment où j'ai eu l'impression de te voir la plus heureuse aussi. Approuva Lucie. Tu te souviens? Vous veniez aussi de vous réconcilier. Vous êtes partis rien que tous les deux, et quand tu es revenue, tu avais des étoiles dans les yeux. J'ai un peu réfléchi récemment, et j'ai réalisé un truc. C'est pas parce que je décide de lui en vouloir à mort et à vie que tu seras plus heureuse. Et ça m'importe bien plus que tu sois heureuse. Alors... tu n'as pas envie qu'il rencontre la famille? Tous les gens d'Ilica? Tu pourrais l'emmener dans tous les endroits où on allait en étant gosse... lui montrer où tu as grandi... J'ai réfléchi, et je pense que ça, ça te rendrait vraiment heureuse. 

La simple description de Lucie avait suffit à Hataru pour qu'un torrent d'images envahisse son esprit. 

-O-ouais... ce serait... vraiment bien.

-Parfait! Je m'occupe de prendre les billets, dans ce cas. Toi, tu ne discutes pas et tu préviens Jade et Aki. Prévint Lucie alors que Hataru allait protester sur l'achet des billets d'avion.

Hataru ne protesta pas. La confrontation avait été réglée bien mieux qu'elle s'y était attendue. Mais une fois cela passé, ne restait plus que la tristesse qui revenait tel un stalker. Même l'idée de pouvoir rentrer pour les vacances avec Kazuto ne pouvait faire disparaitre le sentiment atroce qui coulait dans la gorge de Hataru. 

Tout ce à quoi elle pensait, c'était l'embrassade qu'elle avait partagé avec Rin cette après midi, et leurs yeux rougis de lorsqu'elles s'étaient quittées. C'était d'ailleurs étrange que Lucie ne lui ait pas fait la remarque. Peut être n'avait-elle pas remarqué...

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