Aller de l'avant...
-Ça cache un truc louche, cette histoire...
La phrase de Miwa interrompit Hataru au milieu de sa tâche.
-Mais non. Lucie a juste un peu réfléchi, et s'est remise en question.
-Mouais...
Hataru était en train de tout préparer pour le voyage à venir. Il restait encore trois semaines avant le début des vacances, qui ne débutaient qu'au dernier week end de décembre. Mais la jeune femme avait décidé que tout serait prêt, et que tout serait absolument parfait. Après tout, elle était déjà tellement excitée à l'idée de rentrer chez elle voir sa famille, le simple fait de savoir que Kazuto venait en plus rendait le tout parfait. Enfin... presque parfait. Hataru ne pouvait évidemment pas supprimer Rin de son esprit ainsi. Surtout après tout ce qu'elle lui avait fait... alors préparer ce voyage, décider quoi aller voir, qui aller rendre visite, organiser les soirées pour que tout le monde soit disponible, lui permettaient d'oublier quelques instants cette culpabilité. Comme souvent, le meilleur moyen que trouvait Hataru pour ne pas penser à quelque chose, c'était de se plonger cœur et âme dans son projet.
-Sans Lucie pour proposer cette idée, je n'aurai même pas osé le faire. Argumenta Hataru. Qu'aurait-elle à gagner à proposer d'emmener Kazuto chez nous si c'était pour faire un sale coup? Crois moi qu'une fois à la maison, c'est pas elle qui mène la danse. C'est la deuxième plus jeune après moi, après tout.
-Peut être... Admit Miwa. Et je ne sais pas non plus ce qu'elle a derrière la tête. Mais avoue que c'est bizarre, quand même. Je veux dire, elle commence par t'engueuler comme tu t'y attends, puis soudain elle change complètement et te dis qu'elle lui a déjà proposé de venir? Pourquoi avoir commencé à s'énerver, alors? Elle a fait semblant?
-Peut être juste pour voir si cela pouvait me faire changer d'avis. Répondit Hataru en haussant les épaules.
-Ou alors pour moins éveiller tes soupçons. Fit remarquer Miwa. Si elle t'avais dit directement qu'elle l'avait invité, tu aurais trouvé ça encore plus bizarre.
-Arrête un peu, Miwa. Soupira Hataru. Tu fais passer Lucie pour une grande méchante qu'elle n'est pas. Je la connais très bien.
-Tu la connais si bien que tu t'attendais à t'engueuler avec elle pendant un bout de temps, et au lieu de ça...
-Bon, ok. Je dois admettre que c'est surprenant de sa part. Mais Lucie est comme ça, des fois elle a des changements d'avis soudain et imprévisibles.
-Et tu ne penses pas qu'il y ait quoi que ce soit derrière.
-Non. Assura Hataru. Enfin... je ne pense pas.
Miwa n'était, de toute évidence, pas convaincue.
-Ecoute... commença Hataru. Je sais qu'elle t'as fait... un peu peur, et qu'elle est surprotectrice avec moi. Mais il y a une chose qui est certaine: Lucie ne ferait jamais quoi que ce soit pour me blesser.
-C'est peut être pas toi qui sera la victime.
Si ça n'était pas elle, alors ce serait forcément Kazuto, pensa Hataru. Ce qui faisait sens puisque Lucie avait admit qu'elle ne lui avait pas pardonné. Hataru n'était pas stupide, elle se doutait que Lucie avait une idée derrière la tête. Mais elle n'avait jamais été capable de percer à jour sa meilleure amie quand elle cachait quelque chose, quand bien même l'inverse était bien différent. Alors, elle décidait de se fier à Lucie. Après tout, si elle partait bien avec Kazuto, que pouvait-il arriver? C'était également elle qui avait proposé, elle ne pouvait pas faire semblant et ne pas passer pour la coupable après... Non, vraiment, Hataru avait décidé de croire qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Lucie était protective. Pas méchante.
-Je lui fais confiance. Déclara Hataru. Bref, et toi? Tu rentres pour tes vacances?
-Probablement pas, non.
-Pourquoi? Pas à cause de ton ex, quand même....
Miwa rit.
-Nah, certainement pas. Je t'ai dit, on a réglé nos différents. Hm... je suis rentrée il n'y a pas si longtemps. Je ne pense pas que j'ai besoin d'aller revoir mes parents tout de suite.
-Mais ce sont tes parents! S'exclama Hataru.
-... Oui, ce sont mes parents, en effet. Et?
-Tu ne peux pas juste... dire que tu n'as pas envie de les voir! C'est pas normal.
Le ton de Hataru était particulièrement accusateur. Quelques regards dans la cafétéria se tournèrent vers le duo.
-Oulah, ma belle. Tu es gentille, mais moins je vois mes parents, mieux je me porte. On a pas vraiment la même idée des aspirations que j'aurai dû avoir, même si je fais ça en partie pour les soutenir.
-Raison de plus. Insista Hataru, butée. Ce sont les fêtes de fin d'année, c'est le moment parfait de profiter de leur présence. Tu ne peux pas... juste... dire "non j'ai pas envie" ou "je les ai assez vus" et passer à autre chose!
-Hataru... tenta Miwa d'une voix plus conciliante.
-Non, ne me parles pas sur ce ton là pour m'amadouer! Continua Hataru, qui semblait cette fois sincèrement énervée. Tu ne sais pas combien de temps tu pourras encore dire "je n'ai pas envie" avant qu'ils ne soient plus là pour pouvoir t'en plaindre!
-Eh, ma belle, je t'aime bien mais là tu vas un peu loin.
-Un peu loin? Un peu loin? Tu-
-Tiens, Moe!
La voix de Lucie interrompit la phrase de Hataru. Cette dernière, toujours visiblement furieuse, tourna le visage vers son amie.
-Me regarde pas comme ça. Railla Lucie. J'ai pris les billets tout à l'heure, tu pourras aller demander à Kazuto s'il est toujours ok?
La jeune femme avait la respiration un peu sifflante, et regarda son téléphone.
-Je vais même y aller maintenant. Déclara-t-elle, avant de se lever en trombe, et de sortir son téléphone pour demander à son petit ami s'il pouvait discuter.
La voyant partir, Lucie dit à ses amies d'aller prendre des places sans elle et saisit la chaise que venait de quitter pour s'asseoir face à Miwa. Cette dernière semblait toujours légèrement sous le choc de la réaction si virulente de son amie.
-Elle a même pas fini son plat, tient. Commenta Lucie. C'est rare. Vous avez évoqué tes parents, j'imagine?
-O-oui, admit Miwa, aussi mal à l'aise vis à vis de ce qui venait d'arriver que de se trouver à discuter avec Lucie.
-Ouais... il vaut mieux éviter le sujet avec elle. Précisa Lucie. Et je te juge pas ou quoi que ce soit, je sais pas quel était le sujet particulier. Faut juste que tu saches que c'est l'un des rares moyens de la faire... eh bien... tu viens de voir.
-Je... ne l'avais jamais vue... comme ça. En fait, je crois que je ne l'ai jamais vue vraiment enragée.
-T'en fais pas, je la connais depuis qu'elle a trois ans, et je ne l'ai presque jamais vue comme ça non plus. Mais quand ça arrive... eh bien, je sais toujours quel en est la cause.
Lucie prit ses baguettes et glissa un peu du riz inachevé de Hataru dans sa bouche.
-T'attends pas non plus à ce qu'elle s'excuse. Ajouta Lucie. Elle est têtue. Très. Le mieux que je puisse te conseiller, c'est de slalomer pour éviter le sujet.
-Noté. Répondit Miwa.
-Parfait. Bon, je vais pas t'embêter plus longtemps...
-Lucie-senpai? L'interrompit tout de même Miwa. Hum... c'est quoi le piège derrière cette invitation à Ilica?
Miwa déglutit. C'était cash, mais c'était peut être le seul moyen d'en parler à Lucie. Cette dernière, en effet, sourit légèrement.
-Oh, vous en avez parlé... absolument rien! Déclara-t-elle en se levant. Il n'y a pas de piège. Et j'ai pris trois billets allez retour pour Ilica, comme promis.
Elle s'éloigna de quelques pas, avant de se retourner pour lancer avec un regard malicieux.
-Ils ne sont pas nominatifs, cependant.
Miwa fronça les sourcils. Cela signifiait juste qu'ils n'étaient pas destinés à une personne en particulier. Cela signifiait-il que Lucie avait l'intention de bloquer Kazuto à l'aéroport en offrant le troisième billet à quelqu'un d'autre? C'était... de la pure méchanceté. Et Hataru avait bien dit que Lucie était protective, pas méchante... pourtant, aux yeux de Miwa, cette dernière remarque ne présageait rien de bon.
Le jeudi venu, Hataru n'avait eu toujours aucune nouvelle de Rin au sujet du samedi à venir. Elle ne pouvait pas dire qu'elle en était étonnée... après tout, la présidente avait bien dit qu'il lui faudrait probablement du temps. Et c'était durant leur précédente séance de camping que les choses avaient basculé, ce qui ne faisait rien pour arranger les choses. Mais la jeune femme ne pouvait pour autant pas simplement se satisfaire de ce silence radio. Elle craignait qu'il ne s'éternise, voir ne devienne définitif. L'idée de perdre définitivement ces moments lui était insupportable, et elle rongeait son frein en se demandant si elle devait où non prendre l'initiative de contacter Rin, puisque cette dernière avait dit qu'elle s'occupait de tout. Hataru ne voulait pas donner l'impression de la pousser, quand c'était elle qui l'avait rejetée. Mais elle ne pouvait pas pour autant prétendre que ce soudain silence ne l'effrayait pas. Durant son temps libre, la jeune femme trainait donc dans les environs du bâtiments des clubs, dans l'espoir un peu vain de tomber sur la présidente et d'engager directement la conversation, comme elle l'avait fait la semaine précédente. Elle avait la sensation d'être l'un de ces stalkers dans les séries glauques que sa grande soeur appréciait tellement, et cela n'aidait pas vraiment son humeur anxieuse. Elle avait déjà eu le temps de préparer en long, en large et en travers tout le programme des futures vacances, et n'avait donc plus d'autre moyen de faire disparaitre son stress.
Néanmoins, ses recherches ne furent pas aussi couronnées de succès que la semaine précédente. Rin restait introuvable. Pourtant, la salle du cercle était son territoire, mais elle semblait l'avoir déserté, ce qui n'était pas pour rassurer Hataru. Cette dernière ne voulait pas envoyer le premier message; leurs discussions enflammées et passionnées avait de toute manière disparu depuis leur embrassade secrète. La jeune femme déglutit, en tentant de ne pas y repenser une énième fois. Ni à ces deux baiser échangés, ni aux discussions disparues, ni au sorties passées, ni à leur proximité si durement acquise, et si facilement envolée. Mais si Hataru ne trouva pas Rin, quelqu'un d'autre la trouva, elle.
-Tu traines souvent par ici, ces derniers temps.
La voix chaude et rassurante tira Hataru de ses tristes considérations, et elle tourna la tête pour trouver Mayuri face à elle. La présidente du club cuisine la fixait avec un sourire confiant, ses yeux pétillants comme à l'accoutumée sous sa chevelure couleur noisette.
-O-oh, je... je voulais juste voir si Rin était dans le coin. Admit-elle.
-Elle est passée me voir ce matin. Se rappela la quatrième année après un moment de réflexion. Mais actuellement, je ne sais pas vraiment où elle est.
Hataru repensa au moment où elle l'avait croisée, la semaine précédente, en compagnie de Rin, justement. Une pique de jalousie monta en elle. Mayuri l'avait rejetée, elle aussi. Pire, elle avait abandonné le cercle, laissant à Rin la lourde charge de le tenir seule. Pourquoi, alors, la présidente semblait soudain préférer sa compagnie à celle de Hataru? C'était si frustrant, au point que la jeune femme en voulut à sa senpai.
-Rin est venue... te voir, senpai? Toi?
-Eh, tu n'es pas obligée de le dire de cette manière. Rit Mayuri, et ce simple rire fit regretter ses pensées jalouses à la jeune femme.
-Pardon. S'excusa-t-elle, penaude.
Mayuri la regarda un moment, avant de reprendre.
-Ce n'est pas comme si tu avais tort non plus. Admit-elle. Je veux dire... pas besoin d'être Einstein pour comprendre qu'entre Rin et moi, c'est pas vraiment la joie. Alors je comprends que tu sois surprise. Je l'ai été aussi, pour tout te dire.
-Pourquoi est-elle venue te voir?
-Ah, secret professionnel. Sourit Mayuri. Je ne vais pas aller révéler tous ses secrets à n'importe qui, quand même.
C'était donc bien ça. Ne pouvant plus se confier à Hataru, Rin était allée trouvée une oreille ailleurs. Hataru déglutit difficilement. Elle avait la sensation qu'une main s'était saisie de son cœur dans sa poitrine pour le serrer de toutes ses forces. C'était évident que Rin ne pouvait plus être aussi ouverte avec elle sur tous les sujets qu'avant, et pourtant... et pourtant, c'était toujours vers elle qu'elle s'était tournée jusqu'ici... et Hataru en avait fait autant. Que Rin aille voir ailleurs était déjà assez dur... mais qu'elle choisisse d'aller voir Mayuri, envers qui elle avait pourtant une telle rancœur cela donnait à la jeune femme une idée d'à quel point leur relation s'était écroulée. Et qu'elle en était la cause.
-Je vois. Parvint-elle à articuler en plaquant un sourire peu convainquant sur son visage. C'est normal. C'est ses affaires.
Le regard de Mayuri lui fit bien comprendre qu'elle avait remarqué que quelque chose n'allait pas, mais Hataru n'attendit pas qu'elle lui pose la question pour faire demi tour et sortir du bâtiment des clubs. Elle avait la sensation d'étouffer. Elle avait tout fait pour se débattre avec ses sentiments, et pourtant elle avait l'impression qu'ils allaient la noyer. Ravalant les sanglots qu'elle sentait monter en elle, et qu'elle ne voulait pas voir surgir, Hataru marcha au hasard dans le campus. Elle avait fini les cours pour la journée, Miwa était rentrée depuis longtemps, et Lucie avait entrainement. La jeune femme aurait pu simplement rentrer, mais elle avait peur de céder à ses émotions si elle se retrouvait en privé. Là, avec les quelques étudiants et passants qui longeaient les allées ça et là, ce n'était pas une option. Cela forçait Hataru à endurer, à se retenir, en attendant qu'éventuellement, ces désagréables sensations se dissolvent... un espoir quelque peu optimiste. Hataru avait la gorge serrée, la langue sèche, la poitrine douloureuse, mais elle savait qu'elle n'avait pas le droit de se plaindre. Elle avait choisi cela. Et elle, au moins, elle avait Kazuto. Rin, elle, n'avait personne.
Hataru s'arrêta. Elle reconnut sans peine l'endroit où ses pas l'avaient menée. La grande esplanade était quasiment vide. Il commençait également à y faire sombre, tout comme la première fois qu'elle y avait rencontré Rin. C'était là qu'elle avait été attirée par l'odeur de la petite popote réalisée en plein campus par la présidente. C'était là qu'elle s'était invitée à ce repas, avait discuté et, sa curiosité attisée, elle avait alors cherché à en savoir plus. Si elle n'avait pas suivi cette odeur ce soir là, guidée comme toujours par les injonctions de son estomac, comment seraient les choses actuellement? Se sentirait-elle mieux, de ne pas avoir à souffrir et faire souffrir à cause de ces sentiments qu'elle ne contrôlait pas? Peut être... mais sa rencontre avec Rin lui avait tant apporté... tant de plaisirs, de joies, de découvertes. Les après midis à dormir contre le radiateur de la salle du cercle, les interminables discussions par messages, les soutiens lorsque tout n'allait pas dans sa vie ou son couple... Tout aurait été si simple si elle n'avait pas commencé à développer ces sentiments. Rien n'aurait changé. Tout serait paisible, comme avant. Mais, après tout... c'était peut être ces mêmes sentiments qui l'avaient poussée vers Rin dans un premier temps.
Hataru poussa un long soupire. Venir ici n'avait pas vraiment amélioré son humeur, mais elle sentait au moins que ses larmes étaient moins proches de jaillir. Elle jeta un dernier coup d'oeil sur l'esplanade, et revint sur ses pas pour retrouver le chemin de son appartement. La longue allée, aménagée pour les piétons autant que les cyclistes, était quasiment déserte. Les lampadaires qui la flaquaient à intervalle régulier crachaient leur lumière jaunâtre. Un vélo croisa la route d'Hataru en sens inverse, probablement un employé rentrant chez lui et coupant par le campus pour éviter la circulation souvent dense à cette heure-ci. Quelqu'un marchait à quelque mètre devant la jeune femme, d'un pas énergique. Une femme, sûrement, au vu du chignon un peu négligé qui ornait l'arrière de sa tête. Lorsqu'elle passa sous le lampadaire suivant, la lumière révéla les quelques mèches bleu nuit qui se noyaient dans l'océan de sa chevelure noire. Hataru déglutit.
-Rin?
Ce n'était qu'un murmure, et la présidente était un peu trop loin pour l'entendre, et continuait sa route d'un pas assuré. Pourtant, sa présence sur cette allée ne faisait pas vraiment de sens. C'était le chemin direct entre le bâtiment des clubs et l'appartement que partageait Lucie et Hataru, mais celui de Rin n'était pas du tout dans cette direction. Où pouvait-elle bien se rendre? La librairie où elle travaillait n'était pas vraiment dans cette direction non plus, et un peu trop loin pour que la présidente ne s'y rende pas en scooter.
Hataru hésita. Elle ne savait pas vraiment si elle avait envie d'interpeller Rin. Elle avait peur de ne pas savoir quoi lui dire. Ou de la déranger. Ou de paraître trop insistante. Alors même qu'elle l'avait cherchée une partie de la journée... la jeune femme se trouva bien ridicule, et laissa échapper un sourire ironique. Rin se dirigeait de toute manière dans la même direction qu'elle. Elle n'allait pas juste la suivre en silence sans rien dire... ce serait le signe qu'elle acceptait cette distance qui s'était infiltrée en elle. Hataru accéléra donc le rythme.
-Rin! Interpella-t-elle lorsqu'elle se fut un peu rapprochée, non sans un peu de difficulté au vu du rythme vif de la présidente.
Cette dernière se retourna, l'air suspicieux, avant de laisser place à une expression de surprise mêlée de soulagement.
-Ah, Hataru... tu es là.
-Tu... me cherchais?
-Mayuri-san m'a dit que tu venais de partir, alors j'ai pensé te rattraper. Je n'imaginais pas te dépasser...
Hataru eut un léger pincement au coeur à la nouvelle évocation du nom de leur senpai.
-Tu aurais pu me laisser un message... Fit remarquer Hataru.
-Hm... c'est vrai...
Rin sembla un peu gênée de la remarque, et Hataru se sentit stupide. Evidemment qu'il était difficile d'envoyer le premier message après un silence radio d'une semaine et demi. C'était exactement pour la même raison que la jeune femme avait passé une partie de sa journée à roder près du bâtiment des clubs dans l'espoir de tomber sur Rin. Apparemment, elle n'était pas la seule à ne pas oser envoyer le premier message. Néanmoins, Hataru ressentit une forme de réconfort à savoir que Rin était partie à sa recherche. Peut être s'étaient-elles juste ratées, mais avaient toutes les deux tenter de se retrouver jusque là?
-P-pourquoi me cherchais-tu, du coup? Demanda Hataru, un peu plus détendue.
-Eh... bien... à propos de ce week end. Je... Ça ne va pas être possible.
La légère chaleur qui avait commencé à naitre au creux de la poitrine de Hataru fut comme soufflée par une bise glaciale.
-Q... quoi?
-Je suis désolée, Hataru. S'excusa Rin. Ça... ça n'a rien à voir avec... avec toi, ou... ce que tu sais... enfin, si, partiellement, mais... mais pas dans ce sens là, et ...
Rin bafouilla et tenta de se poser pour mieux trouver ses mots. Hataru, elle, restait figée, comme frappée par la foudre. Était-ce... vraiment la fin? Rin ne voulait plus aller camper avec elle... leurs moments rien qu'à elle, seules dans la nature et le froid de l'hiver, à discuter de tout et de rien, à visiter, se promener, cuisiner, se reposer... tout cela s'envolait, emporté par la tempête de ces sentiments maudits. Hataru sentit le vertige la prendre. Elle ne pouvait pas en accepter plus. Elle voulait juste pleurer toutes les larmes de son corps, demander à Rin de la pardonner, peut être même l'embrasser de nouveau en espérant que, de cette manière, elle ne la laisserait pas... mais c'était un choix impossible à faire... c'était comme choisir qui entre Rin et Kazuto elle préférait blesser...
-Hataru, écoute moi s'il te plait.
Les mains fermes de la jeune femme la saisirent aux épaule, pour la forcer à la regarder dans les yeux. Elle l'avait déjà fait la semaine précédente quand Hataru avait commencé à paniquer. Mais cette fois, le poids émotionnel était trop lourd. La respiration de la jeune femme devenait haletante. Sa respiration se brouillait. Les larmes qu'elle avait tenté de retenir plus tôt jaillirent comme si elles avaient attendu cette occasion avec impatience. Ses membres commencèrent à trembler. Rin, désemparée, tenta de calmer son amie.
-Hataru, s'il te plait... ce... je me suis juste mal exprimée, je... Hataru! Suis ma voix... suis...
Mais Hataru n'entendait presque plus rien. Trop paniquée par le rythme chaotique de sa respiration et ses poumons qui refusaient de se remplir d'air, elle tentait de toutes ses forces d'aspirer le plus de l'oxygène qui lui manquait. Elle voyait flou, n'écoutait rien, ne sentait plus rien non plus. Jusqu'à ce qu'un contact chaud et familier se fasse sentir au niveau de son menton. La main la força à relever le visage, et à plonger ses yeux dans ceux de Rin. Ce n'était pas ceux de Aki, comme elle en avait l'habitude. Ils étaient noirs, et non verts. Et pourtant, toute l'inquiétude qu'elle y lit parvint à la calmer. Par force d'habitude, elle cala sa respiration sur les mouvements de la main qui lui tenait le menton, focalisant toute son attention sur cet échange de regard, et parvint, finalement, à calmer sa crise d'angoisse.
-Merci... murmura-t-elle d'une voix éteinte, en détournant le regard.
Elle se sentait trop fragile, trop exposée dans ces moments là. Mais la main de Rin ne la lâcha pas, lui faisant relever le regard vers elle.
-Tu l'as bien fait pour moi, toi aussi. Fit remarquer Rin avec un demi sourire.
Un léger silence passa, que la présidente finit par briser, sans rompre leur échange de regard pour autant.
-Hataru... je veux continuer à camper avec toi. Et... à te parler... et... à t'écouter parler... et à voyager ensemble, à parler de tout et de rien, à partager mes expériences avec toi. En... en tant qu'amie.
La dernière partie de la phrase recelait une amertume difficilement dissimulable. Mais Rin continua.
-Mais pour le moment... je ne sais pas si j'en suis capable. Je... je comprends, et j'accepte ton choix, Hataru, mais... c'est quand même douloureux, et... et j'essaie de passer à autre chose.
Hataru déglutit, et tenta de répondre. Sa voix ressemblait plus à un croassement qu'à son habituel ton enjoué.
-Quand... pourrons nous retourner camper?
-Très bientôt, je te le promets. Assura Rin. Le week end d'après, si tu veux. Ce... ce samedi, je... hum...
Rin sembla hésiter. Elle détourna légèrement le visage, puis revint vers celui de Hataru et avoua, comme le secret d'un crime grave.
-Je vais à un date de groupe, ce samedi.
-Un... date?
-Hm. Des célibataires du campus qui... se retrouvent dans un café... pour faire un peu connaissance, discuter, et... plus, si affinité. Que des femmes... des... femmes comme moi, qui aiment d'autres femmes.
Le coeur d'Hataru se serra, mais le léger sourire qui naquit sur les lèvres de Rin malgré elle était pur et honnête.
-C'est... la première fois que je pourrai vraiment juste... être moi. Sans avoir à craindre de tomber sur des hétéros. Ou... sur des personnes déjà en couple. Juste... moi, et d'autres filles comme moi, cherchant la même chose que moi.
Hataru déglutit.
-C'est de ça dont tu parlais avec Mayuri-senpai?
Rin hocha la tête.
-C'est... plus ou moins la seule lesbienne assumée que je connaisse. Je me suis dit... qu'elle avait peut être quelques tuyaux, et on dirait que j'ai eu raison. Je... je vais tout faire pour passer à autre chose, Hataru. Je te promets. Et... on pourra aller retourner camper, e-et on en rigolera ensemble. D'accord?
Hataru hocha la tête en silence. Rin lui répondit par un sourire. Elle sembla hésiter, puis, dans un élan d'empathie, peut être, elle serra sa jeune amie dans ses bras.
-A bientôt, Hataru. Repose toi bien, surtout. Et... je te tiens au courant par message, pour le week end d'après.
-D'accord. Croassa Hataru. Pas de lapin, cette fois.
-Je vais essayer. Promit Rin en relâchant Hataru, presque à regrets. Bonne soirée.
-A toi aussi. Et bon courage pour ce week end.
-Merci. Je vais en avoir besoin...
Hataru ne put retenir un sourire. Tout aussi enthousiaste qu'elle avait paru, Rin restait Rin. L'idée de parler au milieu d'un groupe d'inconnues ne devait pas être facile pour elle. C'était le signe montrant à quel point elle désirait aller de l'avant. A quel point elle appréciait et estimait leur temps ensemble. Elle voulait mettre cet épisode derrière elles au plus vite. Hataru ne pouvait qu'être admirative. Rin tentait d'aller de l'avant, tandis qu'elle, ne pensait qu'avec rancoeur aux femmes qui allaient profiter de la présidente ce week end à sa place. Et d'une qui parviendrait peut être à prendre sa place dans son coeur. Hataru aurait aimé pouvoir en faire autant. Pourtant, son amour pour Kazuto était incapable de faire disparaître celui pour Rin. Au contraire, ce dernier ne semblait que se renforcer, encore et encore...
-Je dois aller de l'avant, moi aussi... murmura Hataru pour elle même, en observant la silhouette de Rin s'éloigner le long de l'allée.
La jeune femme saisit son portable, et écrit un message à Kazuto.
Je suis libre ce week end.
La réponse ne tarda pas.
Alors c'est l'occasion pour un petit week end rien que nous deux...
Hataru fixait son téléphone. Aucun message, bien évidemment. Pourquoi y en aurait-il eut, après tout? Pourtant, au vu de l'heure en ce samedi, Rin devait déjà être à son date depuis un moment déjà. Peut être était-elle déjà partie en deuxième round pour le début de la soirée... ou peut être avait-elle déjà trouvé quelqu'un avec qui repartir. Peut être avait elle été invitée à manger dans un restaurant, comme celui où se trouvait actuellement Hataru. Ou peut être avait-elle été celle à l'origine de l'invitation. Tout était possible, après tout... Rin avait beau ne pas être très douée pour parler de ses sentiments... elle savait prendre les choses en main quand il le fallait. La jeune femme jeta un coup d'oeil circulaire dans la grande salle du restaurant, qui commençait à être bien remplie. Elle n'aperçut nulle part trace des mèches bleu nuit de la présidente, ou de son chignon, ni de son air renfrogné. Etrangement, Hataru aurait presque préféré la voir. Être dans l'ignorance comme elle l'était était encore plus difficile.
-Hum... tu cherches quelqu'un, Hataru?
-Hein?
La voix de Kazuto tira Hataru de son obsessive recherche. Assis face à elle, de l'autre côté de la table magnifiquement montée, il était magnifique avec sa chemise blanche chic, ses cheveux pour une fois coiffés, son regard pénétrant mais légèrement inquiet.
-N-non, je... je ne suis juste pas très habituée à manger dans... ce genre d'endroit. Mentit Hataru.
Enfin... ce n'était qu'un demi mensonge, car il était vrai que le lieu mettait la jeune femme un peu mal à l'aise. Il était clair que c'était un vrai restaurant, avec des serveurs vêtus à la perfection, des couverts brillants bien agencés, des nappes de tissu sans le moindre pli, et des clients tous bien habillés. Hataru s'était vécu de ce qu'elle avait de mieux, une robe blanche à motif floral, accompagnée de collants contre le froid, et d'une petite veste en laine. Pourtant, elle avait senti dès son entrée le regard du steward fixé sur la couleur de criarde de ses cheveux.
-Moi non plus. Admit Kazuto, un peu gêné. Mais il fallait bien finir la journée par le meilleur possible.
Hataru acquiesça silencieusement. La journée avait été parfaite, après tout. Le jeune homme était venu la chercher directement chez elle en début d'après midi. Ils avaient marché tout en discutant jusqu'au bord de mer, où ils s'étaient longuement prélassés sous un soleil un peu faiblard... Puis, ils étaient allés voir un film, un drame romantique que Hataru avait voulu aller voir depuis longtemps. L'histoire était très bonne... la jeune femme avait pleuré à plusieurs reprises, et Kazuto lui aussi n'avait pu partir sans laisser échapper une ou deux larmes discrètes qui n'avaient pourtant pas échappé au regard de sa petite amie. Ils s'étaient tenu la main pendant toute la séance. Le jeune homme avait ensuite prévu une séance de massage qui avait fait un bien fou à Hataru, pour finalement l'amener dans ce restaurant bien côté. Oui... c'était une journée exceptionnelle. Parfaite, selon bien des aspects. Elle lui rappelait leur dernière sortie en amoureux du genre, à Omaezaki. Mais un élément manquait, un élément crucial. Un élément que Hataru n'avait jamais considéré jusque là comme central dans le fait qu'elle ait tant apprécié ce week end.
Cet élément, c'était ses messages avec Rin. Pendant tout le séjour, elles n'avaient cessé de partager leurs expériences en direct. La présidente lui avait même conseillé des endroits où manger, ou des lieux à visiter... C'était la première fois qu'elles échangeaient des messages aussi personnels. C'était la première fois qu'il avait semblé à Hataru qu'elles étaient vraiment devenues proches. Et l'absence du moindre message lui faisait sentir douloureusement la différence depuis cette fois là. C'était peut être pour cette raison que malgré la perfection de la sortie, elle n'arrivait pas à être totalement satisfaite. Elle était injuste avec Kazuto... il avait tant donné aujourd'hui, et elle n'arrivait même pas à correctement l'apprécier. Hataru soupira.
-Tout va bien? Demanda Kazuto.
-O-oui. Je suis juste... un peu estomaquée par les prix.
Elle venait de saisir le menu, et n'eut même pas besoin de simuler. Ces prix étaient tout simplement indécents.
-T-tu ne peux pas m'inviter ici! Laissa-t-elle échapper entre ses dents, en espérant que personne en dehors de Kazuto ne l'entendrait.
-Bien sûr que si. Je suis prêt à tout pour toi, tu le sais bien.
-Kazuto! Roula des yeux Hataru. Tu as déjà payé toute la journée, et c'est beaucoup trop cher.
-Je savais que tu râlerais... soupira un Kazuto amusé. Donc j'ai déjà précisé que je paierai et que le serveur ne pouvait accepter de paiement de ta part.
Hataru fut estomaquée par tant d'audace, mais cela ressemblait bien à son petit ami.
-Je travaille, maintenant. Protesta-t-elle. Tu ne peux plus juste te servir de ça comme excuse.
-Mais tu veux acheter une tente, je me trompe? Fit remarquer le jeune homme. Ce n'est pas très accessible, et tu n'es pas à plein temps... mes parents me donnent bien assez d'argent, et je ne l'utilise pas beaucoup. Ne t'en fais pas.
Hataru voulut protester, mais elle savait que c'était inutile. Kazuto avait appris très tôt de la part de Lucie à ne jamais céder avec elle sur les questions d'argent, et, apparemment, même leur entente actuelle moins que cordiale n'avait pas changé la donne.
-On aura qu'à dire que c'est pour compenser pour les billets d'avions. Grommela Hataru en plongeant dans le menu, à la recherche du plat le moins cher.
-Ah... oui, on a qu'à dire ça. Rit légèrement Kazuto.
-Tu es vraiment sûr que tu es ok avec ça d'ailleurs? Je veux dire... venir chez moi.
-Pourquoi? Tu regrettes?
-Non! Non, c'est juste que... eh bien, Lucie t'as proposé ça sans vraiment se demander si tu avais d'autres plans, ou si... je sais pas... tu en avais envie. C'est la première fois que tu quitte le pays, non?
-C'est vrai... admit Kazuto, l'air un peu gêné. M-mais c'est Lucie qui m'a proposé, alors c'est le meilleur moyen de me rattraper. Même... si... je suis un peu stressé, je dois l'admettre.
Hataru eut un petit rire.
-C'est normal, ne t'en fais pas. Moi aussi, je serai stressée si je devais aller chez tes parents passer le réveillon.
-Mais tu accepterai, si je te le proposais?
La voix de Kazuto était curieuse, mais légèrement inquisitrice.
-Probablement? Admit Hataru. Je veux dire, tu as déjà rencontré une partie de ma famille, alors ça semble normal de te rendre la pareille.
-Super! S'exclama Kazuto. Juste-
-Mais pas pour le réveillon. Coupa tout de même Hataru. Pardon, je t'ai interrompu, tu disais?
Kazuto sembla coupé dans son élan.
-Pourquoi pas le réveillon?
-Hm? Eh bien, Noël c'est une tradition chez nous. Expliqua Hataru. Tout le monde est un peu éparpillé partout, alors c'est l'occasion de réunir tout le monde. Enfin... là, ce sera le nouvel an, puisque Noël est avant les vacances ici...
-Mais... tu les as déjà revues récemment, non? Demanda Kazuto.
-Juste ma soeur et sa copine. Fit remarquer Hataru. Mon autre soeur est assez occupée, elle a même pas pu venir l'an dernier, alors ça fait plus de deux ans que je l'ai pas vue... le beau père de Lucie devrait aussi passer cette année. Ça fait très longtemps que je ne l'ai pas vu non plus. Et puis, il y a tout les amis de la famille, ça fait beaucoup de monde... tu risques d'être un peu noyé sous les inconnus.
Hataru conclut sa phrase par un de ses grands sourires. Elle tendit une main pour la poser sur celle de Kazuto.
-J'ai hâte de te présenter à eux. Déclara-t-elle. Et qu'ils te rencontrent enfin, aussi.
-M...Mh. Acquiesça silencieusement Kazuto.
Un léger silence passa, durant lequel les deux amants échangèrent un long regard amoureux. Jusqu'à ce que Kazuto brise ce silence.
-Hum... Hataru... mes parents nous ont aussi invités pour le nouvel an.
Le sourire de la jeune femme se décomposa.
-Oh... merde... laissa-t-elle échapper. Je... je suis désolée, Lucie aurait pas dû te proposer ça comme ça, c'était évident que tu allais avoir d'autres plans. J-je comprendrais que tu préfères passer le nouvel an avec ta famille.
-Hataru... soupira Kazuto. Ce... n'est pas ce que j'essaie de dire. Hm...
Il vint placer sa deuxième main au dessus de celle de la jeune femme.
-Hataru... j'ai compris une chose après ce temps qu'on a passé loin de l'autre. Déclara-t-il. C'est... que je tiens vraiment à toi. Et... que j'aimerai faire les choses bien, à partir de maintenant. Je... j'aimerai que l'on commence à voir plus loin que juste l'école, les cours, les sorties, que... qu'on commence à préparer l'avenir, ensemble.
Le sourire d'Hataru s'attendrit.
-On croirait entendre parler Miwa. Rit-elle légèrement.
-Est-ce que... tu es d'accord avec ça, Hataru? Est-ce que...
Le jeune homme sortit une petite boîte de la poche de son pantalon, et Hataru n'eut pas besoin qu'il l'ouvre pour savoir ce qu'elle contenait. Elle porta sa main libre à sa bouche, tandis que ses yeux commencèrent à s'humidifier.
-Est-ce que tu veux bien commencer à imaginer passer le reste de ta vie avec moi? Demanda le jeune homme en ouvrant la boîte.
-K-Kazuto... soupira la jeune femme, prise par une bouffée d'émotion.
-N-ne prends pas la bague trop au sérieux. Se dédouana un peu le jeune homme. On est encore jeunes, c-ce n'est pas... enfin... on pensera au mariage, et ce genre de choses, un peu plus tard, mais... est-ce que tu veux bien l'accepter comme signe de notre relation? Et... comme promesse de ma part que je serai là quoi qu'il arrive?
La gorge serrée, Hataru hocha la tête, et, avec un grand sourire autant que des doigts fébriles, Kazuto sortit la bague de son écrin pour l'enfiler au doigt de sa petite amie. Elle était simple, sans décoration ni fioriture. Mais son symbole était là. Ce n'était pas là pour signifier leur fiançailles, ou leur mariage... c'était une promesse, de l'un à l'autre, de se supporter assez longtemps pour commencer à envisager cette étape.
-A-à tout tour. Croassa Kazuto.
-Ta voix est bizarre. Rit Hataru, incapable d'empêcher ses larmes de couler.
-On ne fait pas ça tous les jours...
Hataru saisit la deuxième bague, et la passa au doigt de Kazuto comme il l'avait fait pour elle. Les deux amants se tinrent ainsi la main un long moment, contemplant ce nouveau symbole de leur union.
-Je t'aime, Kazuto. Murmura la jeune femme.
-Je t'aime aussi. Et je compte faire les choses bien, désormais... c'est... c'est pour ça que je t'ai dit que... que nous étions invités par mes parents. Tu... m'as déjà présenté à ta soeur et sa compagne... c'est à moi de sauter le pas. Et de leur montrer à quel point c'est sérieux.
-Oh... Kazuto...
Hataru débordait d'émotions. Elle était passée si rapidement de la tristesse à la joie la plus totale qu'elle ne savait plus vraiment où donner de la tête. Leur relation avait pris quelques revers, au cours des dernières semaines... mais ils avaient décidé ensemble de la remettre sur le droit chemin, et de faire de leur mieux. Hataru ne put s'empêcher d'avoir une pensée pour Rin, qui tentait par tous les moyens d'aller de l'avant. Elle devait se montrer à la hauteur de ses efforts, et en faire autant.
-Je suis tellement heureuse, Kazuto. Murmura-t-elle en séchant une dernière larme. Je serai ravie d'aller rencontrer tes vacances durant les vacances suivantes.
-Les... suivantes? Mais... nous sommes invitées pour le réveillon.
-Oui... c'est malheureux. Mais on se rattrapera.
Kazuto fronça légèrement les sourcils.
-Attends, tu... tu vas quand même aller voir ta famille?
Ce fut au tour de Hataru d'être confuse.
-Evidemment. Répondit-elle, comme si c'était la chose la plus évidente du monde.
Kazuto se pinça l'arête du nez, avant de reprendre.
-Hataru... je... je viens de te dire que c'est... c'est pour nous deux. Je sais que voir ta famille est important pour toi, mais...
-C'est très important, même. Sourit Hataru. Et je m'excuse encore de la part de Lucie. Elle n'aurait pas dû te proposer ça, quand bien même il était évident que tu allais vouloir passer le réveillon en famille.
La jeune femme prit de nouveau la main de son petit ami.
-Nous allons faire les choses bien. Murmura-t-elle, avec un sourire à faire fondre n'importe qui. Rencontrer tes parents, en premier. Puis rencontrer le reste de ma famille, plus tard... nous avons tout le temps du monde, après tout. Et... ne dis pas juste que tu vas faire les choses bien. Un couple se construit à deux.
Kazuto était désemparé par la répartie de la jeune femme. C'était comme si elle avait simplement passé sous le tapis sa proposition de ne pas rentrer à Ilica pour aller rencontrer ses parents. Comme si, dans son esprit, il n'était tout simplement pas concevable de ne pas rentrer voir les siens, même pour Kazuto, même pour leur couple. Comme si l'inverse ne pouvait même pas lui apparaître comme une possibilité. Le jeune homme hésita. Devait-il insister? Devait-il mettre son point de vue au clair? Il savait que le sujet de la famille pouvait être sensible, avec Hataru. Mais... c'était pour le bien de leur couple, et... n'était-ce pas Hataru qui avait avancé la nécessité de la communication entre eux? Kazuto entrouvrit la bouche.
-Madame, Monsieur, avez vous fait votre choix?
Le jeune homme sursauta presque. Le serveur l'avait fait sursauter. Hataru, elle, embraya immédiatement, son sourire béat ne disparaissant pas pour autant.
-Oui, j'ai juste une question... cette salade, elle fait quelle taille à peu près? Parce qu'au vu du prix...
Kazuto soupira avec un sourire. Il n'était pas nécessaire d'avoir cette discussion tout de suite. Hataru restait Hataru, après tout.
-Elle va prendre un filet de boeuf Kobe. Coupa Kazuto. Et je vais en faire autant.
Le regard de la jeune femme s'enflamma. C'était l'un des plats les plus chers de la carte.
-Quoi? Sourit le jeune homme. Tu ne pensais pas que j'allais laisser t'en tirer avec la salade la moins chère du menu, quand même?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro