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Lynx

Je suis dans le salon, les yeux rivés sur l'écran pixélisé de mon ordinateur. Et je vois sans vraiment voir. Mes doigts parcourent le clavier à la recherche de quelque chose que absolument je ne trouverai pas. Mais je ne peux m'arrêter. Mes oreilles bourdonnent, les brides de mots qui sortent de la télé rapistolée -et prêt à rendre l'âme que Just a sorti- me parviennent . Et pourtant, je n'entends rien.

Mon cerveau s'est mu dans une paralysie partielle. Ça sonne extrêmement stupide et j'ai l'air d'un gros idiot...mais ça ne l'est pas. Les questions affluent dans ma boîte cranienne et il y a longtemps que j'en ai perdu le fil alors, ce crétin a décidé de se mettre sur mute le temp que je me ressaississe avant que l'épée d'Achille sur ma tête ne se décide de me la trancher en deux.

L'univers délabré de Donna -que j'ai lâchement échangé quatre ans plus tôt contre ce toit- me tient à la gorge. Et à force de me débattre, ses crocs ont fini par m'immobiliser et serre, serre, serre jusqu'à ce que je sens mon souffle bouillir au fin fond de mon être et mes yeux se remplir de larmes de sang. Je me courbe, courbe à sa volonté...pour l'instant.

Un vibrement m'arrache de ma torpeur givrée. A travers le bouillard qui a enveloppé mon esprit, je parviens à discerner l'écran de mon portable posé sur la table en bois, juste à côté de mon ordinateur et à déchiffrer le nom de la métisse en saloppette.

Je l'ai complètement oublié.

Je m'empare de mon téléphone et cligne plusieurs fois les yeux pour me défaire de la dillusion.

"Ce serait possible qu'on se voit au Golden Coffee demain? Vers 11h, ça te va?

Une poigne froide m'attrape l'épaule, je sursaute et par réflexe, empoche mon portable.

_ T'as trouvé quelque chose, Einstein?

King...

Ce n'est que King et sa main sur mon épaule.

_ Tout va bien? T'as l'air tout éssouflé.

Instinctivement, je porte ma main à ma poitrine: boum, boum...Et ce n'est même pas l'attraction de King sur moi, cette fois.

Elle délaisse mon épaule pour venir s'assoir auprès de moi et je n'eus même pas le temp de me décaler que je prends sa crinière indomptable et criarde en pleine tronche.

_ Ca va, lâché-je.

Ma voix me trahit pourtant. Mais King ne remarque rien. King ne remarque jamais rien.

_ Ça avance?

_ Non, grogné-je, la gorge sèche. Pas un nombre à plus de quatre zéros, en tout cas.

Elle ramène ses jambes nues à sa poitrine. Elle ne me regarde plus, non, désormais, son regard est rivé sur la gueule d'ange qui fait les cent pas dans toute la pièce et Just, vautré devant la télé.

_ Où est-ce que tout ça va nous mener, Lynx? Dans quoi nous nous sommes encore embarqués?

King est tourmentée.

J'aimerais tellement lui répondre, même au moins lui assurer que tout ira bien mais les mots me restent en travers de la gorge. Ce serait tellement ironique de la part d'un mec pommé qui ne peut même se rassurer lui même.

Yo no sé, mia bella.

Mais je choisis de ne rien dire.

Un soupir franchit l'air, le britanicò s'arrête -enfin.

_ Je ne comprends.

_ Il n'y a rien à comprendre de plus qu'un secte malveillant veut nos têtes accrochées dans toute la ville, s'exclame Shad, depuis la cuisine ouverte directement sur le salon.

Il a complètement raison: il n'y a vraiment rien à comprendre. Il n'y a qu'une seule explication à ce merdier; on nous a roulé. Encore une fois. Et mon petit doigt me dit que le coupable n'est pas bien loin.

Cependant, je me garde de le lui dire, préferant royalement l'ignorer. Je rabats l'écran de mon ordi pour faire craquer mes doigts engourdies.

_ Moi, je crois que cet argent n'est pas bien loin. On le chope et voilà, le tour est joué.

Just est un imbécile total, et un sacré petit emmerdeur. Il n'a qu'à la ramener moins maintenant qu'on sait ce qui se trâme derrière sa porte une fois fermée.

Si c'était si facile.

_ De toute façon, même si on leur donne ce qu'ils veulent, ils n'hésiteront pas à nous tirer une balle dans la tête, ronchonne King. Il faut qu'on fasse quelque chose et vite.

Elle a raison, la vérité est tellement laide.

Qu'importe ce qu'on fera, on sera dans la merde: Donna veut se débarasser d'eux et eux, ils veulent se débarasser de nous. Si ce ne sont pas eux qui nous coupent la tête, ce sera inévitablement Donna.

C'est une putain de roulette russe meurtrière.

J'embarque mes affaires et me lève du sofa qui commençait à me démonter le dos, voulant rétrouver la chaleur et le confort de ma piaule et sentant déjà les sabots d'une migraine malmenés mes tempes.

_ Tu penses quoi, Lynx?

Et je m'arrête brusquement. Si brusque que je manque de lâcher l'ordinateur que je rattrape de justesse. Je me tourne lentement vers Lux. Non, mes oreilles ne m'ont pas fait faux bond.

Je ne sais pas pourquoi, ou peut-être que je le sais, mais ça me fait rire: un léger tressaut qui se transforme bientôt en rire sec, dépourvu de joie.

_ Tu veux savoir ce que je pense, vraiment?

Balivernes...

Je fais un pas mais il s'interpose vivement.

_ On travaille en équipe, Lynx.

Et ça me sort de mes gongs.

La colère cogne contre mes tempes et je suis sûr de l'entendre me crier de foutre mon poing au milieu de sa gueule.

_ Quand as-tu décidé ça? Éructé-je. Avant ou après m'avoir mis sous la touche.

Je déteste les clowns. Mais avant tout, je déteste qu'on me prenne pour un clown. Et clairement, c'est ce que fait Lux; il se fout de ma gueule.

_ Non, Lux. Toi et moi, on ne travaille pas en équipe.

Dents et poings serrés, je le contourne et cette fois, il ne m'arrête pas. Et c'est surement le choix le plus juste qu'il a fait aujourd'hui, car je lui promets que je ne me contiendrais pas et que je lui passerais tous mes tourments dessus.

Mais King, elle, le fait.

Sa main froide encercle mon poignet pour me maintenir fermement contre son corps frêle.

_ On a bien de plus gros problèmes que vos stupides disputes.

Et je m'en débarasse si que son regard polaire s'arrondit de stupéfaction. Elle n'a pas l'habitude que je me rebelle ainsi, elle est trop habituée à que je courbe sous ses caprices prétextant alors notre amitié. Amitié, d'ailleurs qui semble n'avoir aucune importance à ces yeux. Combien de fois a t'elle fait passer ce connard avant moi? Combien de fois King m'a t'elle menti?

_ Donc, ça se passe comme ça maintenant, Lynx? Tu t' tires et nous laisses dans cette merde?

_ Je te l'ai dis, je ne pars pas, marmonné-je.

King croise ses bras sur sa poitrine et plaque son t-shirt ample sur ses courbes.

_ On a besoin de toi.

_ Je le sais.

Ah ça, oui, je le sais très bien.

Il n'y a qu'à voir le regard pertubé de Shad, la mine renfronée de Just et le désespoir dans les yeux de King. Oui, ils ont besoin de moi. Ils ont toujours eu besoin de moi.

Et, avant tout, ce sont les seules personnes ici qui m'ont tendu la main, sans question et sans jugement. Alors, oui, ils ont besoin de moi...comme moi j'avais besoin d'eux.

C'est seulement pour ça que je reprends ma place initiale sous la pesanteur désagréable de leurs regards, et les yeux rivés sur le britanicò, espérant qu'il comprenne bien que je ne le fais pas pour lui.

_ Très bien. Tu voulais savoir ce que je pense? Nous avons intentionnellement volé plus de cent cinquante millions de dollars au plus grand cartel de la ville. La seule façon qu'on s'en sorte de tout ça, intact, c'est livré l'argent avec le coupable.

Shad glousse comme une dinde endimanchée.

_ Excuse-moi, Lynx mais les coupables, se sont nous, non? Ce serait allez à nous livrer au requin.

J'ai envie de me cogner la tête contre la table. Les idiots, ils n'ont encore rien compris ou ils le font exprès?

_ Non Shad, Donna est le coupable, siffle King derrière moi, si près que je peux sentir son souffle chaud chatouiller mon cou.

J'ose lui tenter le regard et King acquieste pour m'appuyer. On est sur la même longueur d'onde.

_ Attends, tu veux dire que Donna a l'argent?

Exactement, boucle d'or. C'est clair qu'il veut nous faire plonger tête basse dans toute la merde qu'il a créé et il est bien trop intelligent pour s'exposer comme ça, alors, il a cherché de potentiels pions pour faire porter le chapeau et nous a directement poussé dans la gueule du loup.

Plus de nous, plus de problèmes.

Il n'y a rien que cet ordure ne puisse pas faire.

_ Oui, depuis le début, il nous fait tourner en bourrique.

_ Donna nous manipule depuis trop longtemps, c'est là, une occasion de faire cesser tout ça, Lux.

Le concerné plisse légèrement ses sourcils; il désapprouve et il n'est pas convaincu. Son torse est encore mis en avant, il assouvrit son autorité et il n'a pas encore baissé les gardes.

_ Admettons que c'est lui. Il serait plus juste qu'on règle tout ça avec lui.

Je claque ma langue contre mon palais, un tantinet amusé par la situation. Il est loyal, la gueule d'ange. Bien trop loyal. Mais, la loyauté n'a pas sa place dans notre univers. Ici, on combat pour la survie et Lux semble ne pas encore le comprendre.

_ Réveille-toi Lux, s'il voulait qu'on soit au courant, nous le serions. Donna a d'autres projets pour nous et si nous restons là à compter les secondes, nous n'y échapperons pas. Ce sera le coup fatal.

Il soupire longuement, comme si ça l'écorchait de se décider.

_ Tu proposes qu'on fasse quoi?  t-il dans un souffle.

Il s'abandonne à notre plan et King lâche un petit cri triomphal. Sa joie se propage et je peux le sentir courir dans tous les veines de mon corps. Soudainement animé d'une force surhumaine ou peut-être juste excité pour la tournure que prend la situation, un petit rictus mauvais incurve mes lèvres et je surprends ma voix prendre une teinte plus profonde:

_ On trouve cet argent et...on le livre avec le coupable.

Lux n'aime pas ça. Et je m'en fous.

Je l'ai dis, ici, on combat pour la survie et il est bien temp que le britanicò le comprenne.

Just se relève brusquement et monte le volume de la télé jusqu'à ce qu'on entende la voix grissillante du présenteur au crâne dégarni emplir la pièce. Je n'y prête aucune attention mais Just tonne:

_ Hé! Regardez ça, ils parlent de nous.

...De nous?

"Suite à de nombreuses opérations dans l'ombre, la bande de voleurs ambiants de Californie a encore frappé et cette fois-ci, ils ont bien décidé de laisser une trace de leur passage. Ce samedi, à vingt et une heure et une poussière de minutes , une vingtaine de cadavres tuée par balle a été retrouvée à Briston Hotel, où semblait se dérouler une cérémonie.

La FBI prend la rélève de l'enquête et semble bien déterminée à mettre derrière les barreaux les fauteurs de trouble..."

Le reste se perd dans le brouillard sinistre qui nous a enveloppé. Et, c'est là que j'ai senti que tout...vraiment tout a chaviré.

C'est quoi cette histoire?

***

Hey!

Moi aussi, je suis autant surprise que vous de cette tournure que prend l'histoire. Non, je ne l'avais pas planifier comme ça et j'avais besoin de piment. Beaucoup de piment en plus. On verra si c'est aussi pimenté que je le voulais...

Donc, vous pensez quoi? Quelles sont vos théories sur la suite? Que va t'il se passer maintenant? Qu'a trouvé Paige? Qui est derrière tout ça, Donna ou le Cartel? Que des qui, quoi ou comment? Et moi, je n'en sais pas plus que vous😂.

On se retrouve bientôt pour la suite!

👑Icekiss and peace👑