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Lynx

Une chaleur incandescente et presque meurtrière s'abat sur l'intégralité de mon être quand les portes battantes du club se ferment derrière nous. Ce n'est pas la première que je viens ici, et pourtant, comme toutes les fois précédentes, le regard enténébré des hommes baraqués pèsent sur nous et vrillent nos âmes comme le canon meurtrier d'un revolver au fur et à mesure que nous trainons au milieu des pistes où les filles ficellées ou dénudées en sueur et en feu se dandinent autour des barres froides.

Sextasy...Le royaume où tous les coups sont permis.

Un royaume regorgant de tentacules sanglantes prêt à te les enfoncer bien au fond de la gorge au moindre faux pas, tels qu'ils soient insignifiants ou pas.

Sexe, drogue, crime...tout est roi ici.

Les insignes qui jouxtent le bar clignotent à des intervalles réguliers, comme un avertissement sanguinaire nous mettant hypocritement en garde contre une menace invisible mais qui, pourtant, plane sur nous.

Rouge sur rouge. Sextasy; il porte bien son nom.

Je baisse ma garde une seule seconde, je suis bon pour la case; il ne restera que mon cadavre à moitié dépéché par les charognards sur les dunes chauds du désert.

J'abaisse précautieusement la capuche de mon sweat jusqu'à presque me couvrir les yeux et plonge mes mains dans mes poches. King m'assène un léger coup de coude dans les côtes.

_ Ça va Einstein? Pas trop oppressé?

Le petit sourire qui incurve ses lèvres bouffies est forcé; ses joues mouchetées de grains chocolatés ne se sont pas retroussées et il n'y a pas cet étincelle malicieuse qui empreigne son regard si froid où une voile de fatigue retombe lourdement. King a revêtu ce masque d'insouciante...et ça lui va tellement bien qu'on personne n'aurait pu soupçonnner ce qui se passe derrière les yeux pâles de esta hermosa mentirosa.

Alors, je plonge les miens, aussi noirs que l'âme du diable, dans les siens et articule doucement:

_ Je ne compte pas vous quitter, si c'est ce que tu veux savoir.

C'est violent...et tant pis. Au fond, c'est exactement ce qu'elle voulait savoir, je le sais, ces prunelles ne me duperont jamais.

Je vois l'ombre du soulagement traversé ses traits délicats alors qu'un soupir franchit l'air, comme une plainte silencieuse.

King est égoïste, mais ce n'est un secret pour personne.

_ Merci, elle marque une pause comme si ce qu'elle allait dire lui écorchait la gorge.

Une petite lumière clignote derrière mes paupières. Attention, semble t'elle me crier. King ne baisse jamais la garde, sauf seulement si elle a quelque chose derrière la tête. Et dans ce cas, cela ne présage rien de bon.

Méfiant, je plisse légèrement les sourcils.

_ Merci d'avoir toujours été honnête avec moi.

Honnête?

King se permet de me parler d'honnêteté et pour une raison évidente qui m'éclate carrément à la gueule, ça me parait étrangement osé venant d'elle. Et c'est encore plus ironique venant de moi, car dans cet affaire, je ne suis pas aussi clean que je le prétends. L'idée de me tirer loin d'ici m'a vraiment tenté et je mentirais si je disais ne pas avoir pensé à m'enfuir avec l'unique sac que je me suis établi ici, en Californie. J'ai suffisamment de blés pour sauter dans le premier avion pour l'autre bout du globe et recommencer une vie loin de tous mes tracas.

Mais...je suis resté.

Je ne peux pas partir. Pas maintenant. Pas avant d'avoir coincé ce fils de pute de Donna et arriver à trouver ce que je cherche depuis plus de trois ans, maintenant. Ce n'est seulement pour ça que j'ai accepté de les suivre après que j'eus reçu le résultat de mes recherches, tôt ce matin.

_ Ce n'était pas une bonne idée.

Just grogne pour la enième fois devant nous, et je le lui dirai peut-être pas, mais je le remercie profondément d'être intervenu.

Qu'aurais-je pû répondre?

Lux le gratifie d'un coup d'oeil paressesseusement réprobateur par-dessus son épaule, à la tête de notre petite bande gardant toujours la posture imposante de l'image de leader qu'il veut se donner. Et pourtant, ses airs sauvagement lassés teintent malgré tout son aura plombeant.

Il encaisse trop sans rien renvoyer, et, c'est ça son plus grand défaut.

J'ai presque pitié de lui.

Lux n'a rien à faire là. Avec nous.

Avec cette beauté aveugle qui illumine ses traits angéliques, il a plutôt l'air d'un fils pourri gâté tout droit sorti d'une famille ridiculement riche avec des plumes d'ois fourrées bien au fond du cul. Pas à un vulgaire délinquant des bas quartiers.

Et pourtant, il est bien là avec nous.

Just est un ancien détenu castré pour possession de drogues. Shad a été recueilli dans la rue. King est une âme brisée par la vie. Mais Lux n'est que Lux, un homme inspirant le mystère. Et c'est surement la seule chose que je partage avec lui.

Alors qu'un soupir tranchant franchit mes lèvres, je fonce brusqumenent dans un Shad livide qui s'est subitement arrêté. J'étouffe un juron, prêt à en découdre mais me ravise.

Hélas...trop tard pour en échapper.

L'ombre du mur robuste nous enveloppe dans un tourbillon de terreur qui pourrait faire palir plus d'un. Je le reconnais; sans avoir à me touiller la mémoire, ni à me creuser le cerveau. Ses yeux sombres fourrés profondément dans sa dégaine monstrueuse nous scrutent par dessous ses cils broussailleux et sales et sa machoire osséeuse révèle les pics saillants et jaunis de ses crocs.

Marcus le grand ...un homme avec des milliers de pots cassés qu'il traine derrière lui. Mais, malheureusement n'étant pas assez pour faire la loi ici, il se contente d'assiégir son presqu'autorité qui grandit à une vitesse plus qu'imaginable.

J'ai entendu parlé de ses prouesses par bouche-oreille, et apparemment, s'il se trimballe avec une tronche pareille c'est pas pour faire belle-belle.

Just est le premier à craquer au jeu de regard qu'ils se sont livrés. Il prône, les mains en l'air en signe de défaite:

_ On ne veut aucun problème...On vient en paix.

Pfff...pathétique.

Marcus nous expose ses longs crocs sauvages dans un sourire amer.

_ Moi non plus, je ne veux aucun problème.

Sa réponse à double sens me fait grincer des dents. Les problèmes, ils ne les crée pas, il les éradique, les fait disparaitre jusqu'à qu'il n'en reste même pas un infime morceau.

La situation devient vite tendue: l'air s'alourdit et même en ayant les yeux à mi-couverts, je peux sentir la tension palpable qui s'est étendue sur le coin où nous nous sommes retrouvés prisonniers. Et bien entendu, il fallait que nous soyons assez reculés de la masse humaine. Ici, il pourrait tout nous arriver et personne ne remarquerait rien.

Comme si quelqu'un pouvait faire quelque chose.

_ Il n'y a qu'une chose qui m'interesse...et dis-moi que tu l'as.

Lux se tourne doucement vers le bolosse de la bande, les deux couleurs contrastes de son regard livré à une bataille menaçante.

Il n'est pas stupide, il a capté.

Comme nous avons tous captés.

Il devait savoir que ce crétin ne pourrait rester clean pendant plus d'une semaine même après tout ce que lui a fair subir cette dépendance à la drogue. Et à voir les yeux fuyants de la rousse à mes côtés, je mettrais ma main au feu, c'est lui qui l'a encore entrainé dans le côté sombre.

Et, il s'est clairement passé quelque chose entre ces deux-là. Ça se flait à des kilomètres.

Marcus fait craquer ses doigts bouffus et touffus, nous révélant alors le poing américain qui encercle ses doigts enfarinés et un rictus crispé terrifiant...et étrangement satisfait.

Tricheur...

Je sens tresallir les doigts de Shad alors qu'il m'attrape instinctivement l'avant-bras d'un geste brusque, alourdit par la peur. Et au fond de moi-même, je sais éperduement que je devrais chercher à nous sortir de là avant que tout dérape, mais quelque chose clochait...et me bloquait par la même occasion.

Quelque chose comme un poids lourd et meurtrier.

Et c'est que je la vois: Anastacia.

À force de la chercher, au final, c'est elle qui est venue à nous.

Je ne mentais pas quand je disais avoir senti un regard destructeur me brûler la peau. Et cette fille a le regard de Lucifer, sinistre et anormalement teinté d'un marron qui tire violemment sur un rouge noirâtre. Une démone, voilà ce qu'elle est, une démone bien cachée sous le masque de l'innocence suprême. En vrai, elle a l'air plus jeune que sur les photographies malgré le maquillage surchargé qui dépeint ses traits enfantins et pourtant, ce rictus moqueur qui traine un léger air psychique et les plis délicats de sa beauté traîtresse, encadrés par les boucles de sa chevelure jais, renvoient tout autre chose.

Le diable hante et jubile dans ses yeux.

Elle croise sensuellement ses bras sur sa poitrine à moitié à découvert. Et sur le coup, je peine à croire que la voix légèrement joueuse et enrouée qui siffle doucement comme la langue perfide d'un serpend lui appartient lorqu'elle lâche:

_ Marcus, laisse les tranquille...ce sont nos invités.

Invités?

Elle savait qu'on allait venir. Mierda! Mais comment?

Le concerné obéit à contre-coeur; il grogne sinistrement comme un vieux chien enragé et finit par s'écarter mais son ombre tendu comme un arc plane toujours derrière le corps frêle d'Anastacia, prêt à l'assaut au moindre geste déplacé.

Cette fille n'est pas n'importe qui ici. Et elle semble occuper une place importante ici.

Et ce n'est seulement là que je remarque, du coin de l'oeil, le baraqué derrière la table de billard à l'autre bout de la salle, une main sur le gros calibre gainé à sa taille. Et à quelques mètres plus loin, un grand blond longiligne caresse lentement la crosse en métal de son couteau suisse. Et il n'y a pas qu'eux, nous sommes encerclés; au bar, devant la piste, partout.

On s'est jeté carrément dans la gueule du loup.

Fais chier!

Là, je comprends alors que nos plans ont été contrecarriés avant même qu'ils prennent naissance.

_ Je ne vous attendais pas de sitôt.

Anastacia hausse légèrement les sourcils, faussement surprise.

Je lutte contre mon envie de la trainer dehors, lui arracher ce sourire qui ne manque pas de nous remémorer la sale merde dans laquelle nous sommes -jusqu'au cou et qui ne tardera pas à nous étouffer- et lui soutirer les réponses qui me brulent les lèvres depuis je ne sais quand, même s'il faudrait lui arracher les ongles un par un. Je serre violemment la machoire et mes dents grincent.

Le léger frôlement d'un corp à mes côtés me tire de mes pensées et me force à converger les yeux vers King qui essaye tant bien que mal de cacher sa nervosité derrière ses traits marbrés. Elle est terrifiée; sa main droite n'arrête pas de tortiller les fils qui dépassent de son jean. Et l'autre, froide comme la glace, s'enroule maladroitement autour de mon poing fermé.

Mon souffle irrégulier augmente d'intensité alors que je souffle presque comme un mufle.

_ On a des choses à nous dire.

Lux ne laisse rien transparaître. Mais, un peu comme nous tous ici, il redoute fortement la tournure que prend la situation.

_ Je me doutais bien. Suivez-moi.

Le mauvais rictus au coin des lèvres fines d'Anastacia et cet air qui dessine ses traits contredisent ses mots et n'appellent nullement à lui obéir mais plutôt à fuir le plus tôt que possible cet endroit qui respire que le malheur.

_ Et si c'était un piège?

Elle fait claquer sa langue contre son palais et valse ses longs cheveux noirs derrière ses épaules étroites et recouvertes de la toile transparente de son haut.

_ Je suis bien trop fière pour finir comme ça. Je suis une femme d'action, pas une foutue lâche.

Just intercepte mon regard comme s'il sentait le nuage de rage et l'orage nullement prévoyant qui plane sur ma tête. Sur l'instant, j'avais rien à foutre de savoir si c'était un piège ou non. Et c'était une erreur fatale de débutant qui pourrait bien me couter la vie mais la proposition est bien trop tentante pour ne pas la saisir.

_ On te suit, cinglé-je.

King empoigne mon bras violemment et je sens ses ongles aiguisés me percer la peau. Elle verrouille son regard polaire au mien et semble me crier "Qu'est ce que tu fous, putain?" Un avertissement que j'ignore tout bonnement en me débarassant doucement de sa douce et mortelle entreinte et, en passant, de celle plus lourde de Shad.

_ On te suit, continué-je plus lentement en me tournant cette fois-ci vers Lux.

Il ne m'accorde même pas un regard et souffle, desespéré.

Je ne le faisais pas pour eux, je le faisais pour moi.

Si eux, ils voulaient faire couler cette fille, moi, je voulais éradiquer Donna de la surface de la terre. Le clouer six pieds sous terre.

C'est seulement pour ça que je suis Anastacia le long de ce couloir à moitié plongé dans un pénombre et légèrement éclairé par les lumières à néons roses qui nous plonge dans une ambiance sensuelle qui caractérise trop bien le club de striptease.

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Ça fait longtemps!

Et avec ce covid-19, communément corona virus, qui ne fait que des ravages à travers le monde, la vie est devenue plus difficile. Comment vivez vous ce cofinement forcé? Pour ma part, c'est ennuyant à mourir.

Ça me fait tellement bizarre de retourner ici et, en même temp, ça fait me tellement de bien. Ce petit break m'a été reposant et je suis de retour, tout feu, tout flamme juste pour vous.

Sur ce, je vous annonce mon comeback officiel!

Enjoy!

Et n'oubliez pas, les règles d'hygiène sont de mises.

Icekiss✒

Ps: Partie 2/2 bientôt disponible.