La petite maison(1)
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Paige
Un hoquet de surprise m'échappe.
Il est déjà midi, remarqué-je au bas de mon écran lorsque je me décalque enfin pour vérifier mon portable.
Et un soupir dépité franchit mes lèvres.
Il ne me lâchera pas, soufflé-je à la vue de la liste de messages qui s'entaissent depuis des semaines déjà -et qui ne cesseront pas de doubler- sur mon écran de veille.
Je ne devrais pas mais, ça me réchauffe un peu le coeur. Il se souvient encore de moi pour m'harceler jour et nuit, il se soucie encore un peu de moi pour vouloir savoir ce que je pense. Mais, malencontreusement pas assez pour se résoudre à camper pour le juste.
Je retourne mon portable face contre terre, avec ce léger goût amer au fond de la gorge qui ne m'a jamais quitté.
Je ne sais plus combien de temp je suis là, affalée sur ce sofa, à fixer ma barre de recherche. Et je ne sais même plus quand les filles sont sorties, me livrant à cette éternelle solitude que je m'efforce de masquer.
Et je suis une très bonne menteuse- Sydney a cessé de me sortir ses discours et a enfin fini par arrêter de me lorgner pendant d'incessantes minutes.
Et pourtant, j'ai beau resté là, plongée corps et âme à la recherche de cet ombre qui plane dangeureusement sur moi comme mon épée de Damoclès, je suis arrivée au point où je peux distinctement sentir les fines enfluves de l'espoir se dilluer peu à peu dans l'air; je ne le retrouverai jamais.
Un tunnel sans bout, un océan sans fin, une falaise sans fond.
C'est comme si l'univers se dressait encore contre moi, comme il le fait depuis toujours enfaite. Je n'ai pas eu de répit ces dernières semaines.
Je suis fatiguée.
Fatiguée de cette vie qui ne fait que me renvoyer le rejet de mes bonnes actions en pleine face.
J'ai essayé. Oh que oui, j'ai essayé de ne pas perdre pied cette fois-ci et j'y suis parvenu. Les deux premiers jours. Mais, la réalité m'a rattrapé et maintenant, son poids alarmant me coule sous mes propres démons et finira certainement par m'entrainer vers les abysses terrifiantes de mes propres pensées.
Oh oui, je suis fatiguée de toujours être la délaissée de l'histoire.
Lynx me l'a encore demontré, il y a deux jours.
Et je ne peux me plaindre, je suis trop habituée à tout encaisser sans broncher. Je finirai surement par éclater sous cette pression mais ça ne me fait pas peur. Ça ne me fait plus peur depuis un bout de temp.
C'est triste, me dirait-on. Mais non, c'est juste humain.
Je remonte mes verres- rapiécées à plusieurs reprises avec un misérable bout d'adhésif- le long de mon nez, dans un soupir exaspéré qui abat mes épaules. Et lorsque je me redresse, mon corps tout ramoli et courbaturé se crispe et semble crier sous le flot de fatigue et ma tête se met à tournoyer.
Oh, ça c'est mon bébé qui me punit pour n'avoir encore rien avaler. Je me surprends alors à sourire comme une attardée, là, debout au milieu de mon salon, les mains en coupe sur mon ventre légèrement arrondi. C'est ma bouée, mon seul pillier à quoi m'accrocher alors que mes mains en sang et toute écorchées me forcent déjà à lâcher prise.
Et dire qu'il y a un mois de ça, je le détestais comme pas possible.
Quand je repense à ce que je me disais et lui reprochais, je pleure. Je pleure jusqu'à ce que mes yeux se déssèchent et qu'il ne me reste que mes sanglots déchirants. Il n'y a qu'un monstre pour agir comme je l'ai fait, et peut-être que je le suis en fin de compte.
Peut-être que je suis un monstre.
Cette pensée me paralyse pendant une fraction de seconde. Et ce n'est lorsque je me rattrape de justesse au tabouret de la cuisine que je sens le coin du comptoir me déchirer la chair et la douleur lancinante qui fleurit au coin de mes reins.
Merde, ça fait mal.
La douleur ravive mes sens et comme une biche effrayée et désemparée, je me reconnecte brutalement à la réalité alors que les tintements hystériques et impatients de la sonnette envahissent la pièce.
_ Oui, oui, j'arrive, grogné-je.
Mais, ça ne s'arrête pas. La personne derrière la porte s'acharne et c'était peut-être mauvais signe, mais ça je le compris que très tard.
Sans surprise, un visage dur et des yeux sombres partiellement cachés sous une éternelle capuche sont les premières choses qui me frappent lorsque j'ouvre la porte d'entrée qui mène directement sous le porche. Et presque d'un geste machinal, je tire sur le bas de mon t-shirt pour dissimuler mon ventre ; s'en est devenu une vilaine habitude que je ne peux même plus m'en défaire.
Je m'attendais à le voir. Je ne m'attendais pas à le voir aujourd'hui mais je m'attendais à le voir.
Lynx ne dit rien et moi non plus. Il n'a besoin de rien dire en faite, et son silence trahit cette lueur qui danse dans ses yeux; il n'est ni désolé, ni rien. Et pourtant, il est là, juste devant moi, à me fixer comme s'il s'attendait à ce que je lui saute dessus et l'acceuille à bras ouverts après qu'il m'ait fait poireauter comme une conne.
Et je pense que ma mine dépitée trahit la lueur qui danse dans mes yeux; je ne suis ni en colère et ni rien. Je suis juste là, devant lui, comme une âme sans...âme. Et surtout, je n'ai ni la force et ni le courage de me battre contre lui aujourd'hui alors, au lieu de lui crier d'aller se foutre comme il me démange, je recule d'un pas pour lui claquer la porte au nez.
Mais rien ne part comme prévu; il se glisse dans l'entrebaillement, bloque tout mouvement de sa grande carrure robuste et encaisse le coup sans broncher. Si ce n'était pas le tressautement de ses joues, j'aurais fini par croire que cet homme est un vrai bloc de glace.
_ Qu'est ce que tu fais, Lynx? Soupiré-je, sans même le regarder.
A quoi bon?
Lynx n'est pas Jace, je n'aurai pas d'excuses interminables et farfelues.
_ Tu voulais me voir.
Je m'attends pas à beaucoup mais surement pas à si peu.
Lynx est un beau connard et il le sait. Mais je vous l'ai dit, Lynx n'est pas Jace, il ne se cache pas sous un masque malhonnête,lui, il le porte fièrement comme une couronne en or décorée de diamants.
Je me renfrogne et il le remarque. Bien sûr il l'a remarqué mais, fidèle à lui-même, il ne fait rien. Je serre longuement mon pantalon, ravalant la bile acide qui me barre la goge.
_ Et tu m'as laissé en plan, Lynx. Ça ne fonctionne pas comme ça.
Je tente une nouvelle tentative faisant pression sur son torse espérant qu'il lâche l'affaire, Lynx s'y oppose encore une fois.
_ Je sais.
Et c'est tout?
Il pense vraiment que je risque de baisser les gardes avec son simple "je sais"? Et qu'est ce qu'il sait au juste? Il ne sait rien du tout.
_ C'est bien que tu le saches, Lynx, m'emporté-je. Je ne sais pas comment ça fonctionne pour toi, mais moi, je réclame un minimum de respect.
Et je me permets alors de le regarder. Droit dans les yeux. Mais je n'arrive à rien discerner que cet éternel froideur et ce détachement glacial. Oui, son regard fermé m'intimide- plus qu'il ne devrait- pourtant je ne m'arrête pas;
_ J'ai accepté de t'aider, à mes risques et puérils. Je sais que je ne suis pas celle que tu espérais mais je ne suis non plus celle qu'on jette sur un coup de tête.
Ou du moins, je ne veux plus l'être...
_ Je sais à quoi je m'expose en acceptant de t'aider, je vais tenir à mes responsabilités et je ne reculerai pas devant les conséquences.
Il ne baisse pas les yeux une seconde, même un moment je crois voir l'ombre du danger briller derrière ses prunelles; et elle me met en garde.
Tu t'aventures trop loin, Paige.
_ Et toi, Lynx, tu devrais en faire autant.
Son regard durçit en moins de temp qu'il ne faut pour le dire. Ses joues tressautent et sa machoire se contracte durement. Et prise dans ce tourbillon noir, je sens à peine la prise qui s'enroule autour de mon poignet comme une vipère à l'afflut.
Je m'éloigne, vite, si vite que sur l'élan, je finis par lâcher la porte qui s'ouvre en grand et à la merci de...mon prédateur.
_ Ne prétend pas de tout savoir sur moi.
Le revirement ridicule de la situation m'a carrément coupé le souffle.
J'ai voulu jouer et je suis la première à finir brûler, brûler jusqu'aux os.
Lynx ne rentre pas dans mon appartement. Il recule pour mettre une distance respectable entre nous. Et si son regard ne me laissait pas croire qu'il semblait avoir marre de moi, et c'est blessant...et carrément révoltant, j'aurais pû le croire.
_ J'ai besoin de toi.
Et moi, j'ai désespéremment besoin d'une aide qu'à quoi personne ne pourra jamais subvenir.
Je secoue lassement la tête.
Encore maintenant, je ne sais même pas si je travaille pour la bonne cause ou pour le côté obscur. Lynx semble en proie de mon aide et c'est sans compter sur son comportent bizarre qui me donne cette vilaine impression d'être un boulet à ses pieds.
Il n'a même pas daigné me donner une réponse concrète hier :Pas le café. Dehors.
Je n'ai pas envie de l'aider. Il ne m'en donne non plus l'envie.
Mais, je l'aiderai...
Je le ferai pour mon père.
Sans plus réfléchir et les pieds tremblant qui semble presque se dérober sous mon poids, j'attrape mon manteau qui pendulait sur le porte-manteau installé derrière la porte, l'enfile par dessus mon t-shirt trop grand qui enveloppe carrément ma silhouette et mon short en jean, et me glisse de l'autre côté, veillant à toujours garder cette distance sécuritaire entre nous.
_ Tu as une voiture?
***
Hello!
Yayy! Je me surprends de jour en jour. Et dire que l'inspiration n'était pas au rendez-vous...mais, il est là!
Quelles sont vos espérances sur la suite? Vos impressions sur le chapitre? J'espère être allée au délà de vos attentes? Dites-moi tout en commentaires!
On est plus de 10K ici! C'est carrément Énorme! Je ne saurai quoi vous dire pour vous remercier!
Merci du fond du coeur mes amis, je vous aime fort, très fort.
À bientôt pour la suite!
Icekiss!
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