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Lynx

Je parviens tant bien que mal à regagner le petit appartement qui plombe le café d'Ivan quelques heures plus tard. Et en dépit de la douleur qui tiraille mes côtes à chaque fois que je fais un pas, une migraine s'est logée dans le creu de mon crâne. Je frotte mes tempes dans l'espoir d'apaiser la douleur mais rien n'y fait, mes veines cognent violemment contre celles-ci et je suis obligé d'interrompre mon ascension des escaliers qui mènent à l'étage supérieure.

Je m'assois sur l'une des marches à tatons dans le noir qui a englobé l'immeuble. Mais pourquoi ne suis-je pas rentré quand j'en avais l'occasion? Maintenant, je suis bloqué sur le palier et je n'ai aucun moyen de rentrer: j'ai oublié mes clefs dans la précipitation toute à l'heure.

Je grogne doucement, d'humeur maussade.

D'un côté, je suis en colère contre Paige; elle m'a traité comme un vulgaire déchet, et encore, je n'arrive pas à me faire à l'idée qu'elle ait pu me rouler aussi facilement. Elle a reussi à me destabiliser sans vraiment s'en rendre compte et détourner mon attention. Et elle n'en donne pas l'air. Avec son visage éteint qui pourtant, laisse apercevoir la joie passée qui illuminait sa peau, elle a plutôt l'air d'une droguée.

Et d'un autre côté, ma fièrté m'a littéralement bouffé les couilles, je ne voulais pas que mes colocataires me voient alors que je broyais complètement du noir. Surtout King.

Je suis tellement déçu.

Paige ne ressemble en aucun cas avec l'homme qui a détruit ma vie, au contraire, c'est une belle jeune femme, malgré la tristesse qui voile ses traits, et ça m'écorche de le dire. J'ai reconnu King en elle, elles se ressemblent tellement sans vraiment se ressembler.

Non, cette fille n'a rien à voir avec son géniteur mais, ses yeux...oh, CES yeux. Lorsque je l'ai regardée droit dans ses iris aussi gris que ceux de son père, oui, là j'ai vu l'homme qui a surgi dans ma vie et la détruit à jamais. J'ai failli lui sauté à la gorge mais me suis retracté a la vision de  son visage concentré sur ma plaie. Non, elle n'avait rien de son père.

Et pourtant, j'ai tout fait foiré!

Une rage s'empare de moi et je cogne violemment contre quelque chose à côté de moi qui finit par s'étendre sur le sol dans un vacarme assourdissant. Ma tête me rappele à l'ordre alors je ferme mes paupières avant que le grincement de la porte derrière moi me force à les réouvrir.

L'halo de lumière tamisée du salon vient éclairer le couloir étroit et dans le pénombre, je vois les contours de mon ombre se dessiner devant moi.

_ Lynx? Est-ce que ça va?

King...

Je souffle doucement et me mets à me maudir intérieurement.

C'est la dernière personne que j'avais envie de voir, là, maintenant. À cause de mes conneries, j'ai fini par la réveiller. Et elle ne semble pas le comprendre à travers mon silence, après tout King ne m'a jamais compris.

_ Tu peux retourner te coucher, ça va.

J'entends son soupir résonner dans mes oreilles ,même étant dos à elle. J'imagine qu'elle lève les yeux au ciel d'une façon extrèment sexy qui ferait pâlir plus d'un.

_ J'hallucine. T'as l'air d'un vieux adolescent encore en phase pubère.

_ Drôle de comparaison.

_ Arrête de te foutre de ma gueule, vieux con.

Un petit rire rauque sarcastique s'échappe de ma gorge sans que je puis l'arrêter.

King laisse la porte ouverte et vient s'installer à côté de moi, trop près de moi; maintenant deux silhouettes se dessinent devant moi, deux silhouettes qui font presque une.

_ Où étais-tu passé?

L'agacement peut se lire sur mon visage mais je ne parviens pas à la lui faire ressentir, je ne peux pas à la lui faire ressentir.

_ Quelque part. Loin de ce connard de Lux.

King pouffe.

Un son qui m'agace au plus au point mais que je n'arrive pas à détester. Que je ne pourrai jamais arriver à détester.

_ Tu devrais essayer de le comprendre plutôt que de vous livrer dans une guerre qui n'en vaut surement pas la peine.

King ne comprend rien.

Cette fille n'a jamais compris personne, seulement sa petite personne compte à ses yeux. Sa petite personne et ses intérêts.

_ Si c'est pour me chanter les louanges de ton britanicò que t'es là, tu peux repartir, King. Retourne d'où tu viens.

King renverse sa tête en arrière comme pour adresser une plainte silencieuse.

_ Tu fais chier, Lynx.

_ Je sais.

La rousse me fout un coup de coude dans le flanc, exactement où je me suis pris la voiture de Paige, et Mierda, ça fait un mal de chien. Je dois serrer mes dents pour ne pas hurler dans le couloir et reveiller par la même occasion toutes les têtes curieuses de ce bâtiment. Je ferme les yeux quelques instants, les paupières closes, et respirant bruyamment, je gonfle mes joues.

_ Qu'est-ce qu'il y a? Je t'ai fais bobo?

_ C'est pas toi idiote. Je me suis fait renverser par une voiture.

_ Pardon?

_ Tu veux que je te le dise en espagnol?

King me retourne le coup en plein dans le mille et cette fois-ci, je ne retiens pas le grognement sourd qui franchit mes lèvres.

Et alors que je m'apprête à lui placer une remarque bien cinglante, je sens la chaleur de son corps empiéter mon espace vital: King se colle à moi et me coupe le souffle. Mon épiderme se récouvre d'une trainée de chair poule et pour m'empêcher de la plaquer contre le plancher et assouvrir mon désir qui gonfle mon pantalon, je me mords violemment la lèvre inferieure. Un spasme agite mon torse quand le contact de ses doigts glacés s'aventure sur celui-ci et me brule l'abdomen.

_ Qu'est ce que tu fais? M'exclamé-je

Mon sweat n'est qu'à la moitié de mon torse et bien que tout mon corps brulait d'une chaleur incandescente et me hurlait de la laisser continuer, je l'arrête en retenant ses poignets.

_  Fais pas le rabat-joie et laisse-moi voir.

Doucement et hésitant, je relâche ses mains et elle les refait parcourir ma peau légèrement. Je ferme les yeux et pince mes levres, me délectant de la sensation consumante que me procure son toucher.

Oh King.

_ C'est pas aussi moche que je l'imaginais.

Le souffle chaud de King qui s'abat sur ma peau contraste avec son toucher glacial. Glacial comme ses yeux polaires.

_ La fille dont je t'ai parlé la dernière fois, c'est elle qui m'a frappé. Elle m'a soigné, repris-je la gorge sèche

_ Ah bon? London? Continue t'elle sans détacher ses yeux de ma plaie.

_ Ouais.

_ Et t'as reussi à l'approcher?

_ Lorsque j'ai essayé d'en savoir plus sur elle, elle a appelé la police.

King s'arrête net dans ses mouvements et me fixe par dessus ses cils longs et noirs.

_ Elle a fait quoi?

_ Te fous pas de moi, s'il te plait.

Je repousse ses mains et replace mon sweat pendant qu'elle se redresse pour se mettre à ma hauteur. Elle touille mon regard comme si elle voulait y déceler je ne sais quoi.

_ Mais qu'est ce que tu lui as dit pour qu'elle se voit contraint d'appeler la police.

Seul mon grognement lui repond et cette peste ne voit rien à faire que de me rigoler à la face. À ce rythme, nous allons alerter tout le quartier. Je me detrone difficilement du parquet et m'élance vers le salon. La lumière artificielle brule mes rétines et en plissant les yeux, j'arrive à gagner la porte de ma chambre.

King me suit de près et pas un seul instant, elle n'a arrêté de déblablater derrière moi. La fatigue a engourdi mes muscles, les coups de la rousse sur ma plaie ont fait doublé ma douleur et mon corps réclame le silence et le repos.

King commence sérieusement à m'énerver.

_ En gros, les filles et toi, ça fait deux.

Un regard noir et elle repart encore dans son fou rire.

Ok, je ne suis pas doué avec les filles. Ok, elles et moi, nous formons presque un mélange hétérogène. Ok. Pas besoin de me l'exposer à la gueule.

_ T'inquiète, Einstein, je vais t'aider reconquérir ta dulcinée.

Mes lèvres tressautent de colère, je me retourve violemment et assène King d'un regard assassin et l'envie de lui tordre le cou germe dans un coin de ma tête.

Je peux tout accepter. Tout. Sauf ça.

_ Bonne soirée, Einstein.

Et sur ce, elle repart vers sa chambre,moulée dans l'un de ses shorts en coton comme si de rien n'était. Comme si elle ne m'avait pas laissé avec une bosse énorme entre mes cuisses et une frustation qui brule dans mes yeux

Y mierda! Cette fille causera ma perte.

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Hi

Deux semaines de silence sans poster de chapitre. Ok, c'est exagéré. Mais je fais mon possible pour les écrire et les poster à temps. Ce chapitre, à la base, devait être une suite du point de vue de Paige mais j'ai laissé divaguer mon inspiration et je voulais aussi vous montrer comment Lynx voit Paige. Alors j'ai effacé toute la partie que j'avais déjà terminer et ai réécris celui-ci.

Au début, leur rencontre ne devait pas se passer comme ça et je ne sais pas quelle bête m'a piquée et c'est parti...

En tout cas, je ne suis nullement insatisfaite du travail et du rendu. Reste à savoir si c'est pareil pour vous. Et si non, vous pouvez toujours partager vos avis. Je les attends ; )

À bientôt pour le prochain chapitre.

Icekiss
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