Hématome et préléminaire (1)
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Paige
La tête en feu et l'esprit en vrac, j'essaie radicalement de retenir le corps mou du garçon qui s'étale presque sur le mien- affaibli et las.
Je ne comprends toujours pas ce qui s'est passé. Est-ce mon cerveau fatigué par les pleurs versés pendant la nuit entière qui ne s'est pas complètement reveillé ou mes membres affaiblis qui n'ont pas su réagir à tant pour éviter la catastrophe?
J'ai frappé de plein fouet l'inconnu de la dernière fois du Golden Coffee. Et après les quelques secondes, figée sur le siège conducteur comme une statue, j'ai fini par lui faire face et ça n'avait pas l'air aussi moche que je me l'imaginais; son visage n'a aucune trace de dédomagement et ses vêtements ne sont pas imprégnés de son sang. Il est en un seul morceau, mis à part son flanc droit où une violente tâche violette commence à s'étaler.
Je ne suis pas infirmière, et encore moins médecin. Il aurait dû se trouver à l'hôpital. Et non dans mon salon où il ne pourra pratiquement pas trouver les soins réquis.
Oui, il aurait dû.
Mais il a refusé. Catégoriquement. Fermement. L'inconnu a refusé qu'on l'emmène où que ce soit alors j'ai dû improviser si je ne voulais pas qu'il meurt de douleur sur le bitume à cause de moi. Je l'ai fait monter au loft. Après maintes protestations de sa part.
Un soupir s'échappe entre ses lèvres fines lorsque, un bras par-dessus mon cou, je l'installe sur le canapé en L qui domine la pièce large.
_ Ça fait un mal de chien, il grogne, les sourcils froncés.
Ses yeux onynx se posent sur moi et je me sens consummer par l'obscurité qui danse dans ses pupilles brillants. Incandescents. Insistants.
Depuis mon plus jeune âge, aussi loin que je me souvienne, on a toujours été fasciné par mes iris grisâtres hors du commun -d'après ma mère, je les aurai hérités de mon paternel qui, lui même métisse, avait les mêmes yeux que moi. Dans la cour de récréation, en primaire, mes camarades ne me laissaient pas de répit; ils voulaient toujours admirer mes yeux qu'ils comparaient avec des boules de cristal.
Mais, les yeux noirs de ce garçon me laissent perplexes. J'en ai jamais vu d'aussi sombres. Ils appelent à goûter à l'interdit et en même temp repoussent. Attirent et éloignent. Attirent et déstabilisent.
Oui, ils attirent et destabilisent. Je baisse mes yeux, incapable de soutenir son regard noir et pars vers la cuisine, mouiller une petite serviette à l'eau chaude.
Je mets mes mains de par et d'autre de l'évier et me penche sur celui-ci, soudainement vidée de mon énergie; je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, les poches énormes qui ont rédoublées de volume sous mes yeux peut le témoigner. Ma conversation avec Jace tourne encore en boucle dans ma tête et je n'arrive pas m'extriper de ses griffes malsaines.
J'ai aimé Jace. Vraiment. Et aujourd'hui, il m'est vraiment difficile de penser que c'était réciproque. Je lui ai peut-être servi de distraction pendant ses trois années passée à le côtoyer et peut-être je devrais le haïr jusqu'au tréfond de mon âme...mais non. Si, désormais, devant l'océan éblouissant qui brasse dans ses yeux je vois toutes les mauvaises choses qui se sont passées durant cette semaine, une fois dans mon lit, le soir, je me surprends à me rememorer les bons moments que nous avons partagés et là, toute ma rancoeur s'envole pour laisser place à ce sentiment de vide dans ma poitrine.
Le paradoxe que je garde en moi s'éveille et je ne sais plus quoi penser.
Et puis, j'ai essayé de joimdre ma mère, enfin j'ai cliqué sur son numéro pour raccrocher instantanément: je n'ai pas eu assez de courage pour entendre sa voix sans fondre en larmes. Ça m'est insupportable.
Le bébé me secoue beaucoup ces temps-ci, comme s'il sentait la détresse qui me submergeait. Ou si, peut-être qu'il le sent. Ce petit bourgeon est la seule chose à laquelle je m'accroche pour ne pas perdre pied. La nuit, je me rassure en lui chuchotant des mots doux à travers mes larmes salées. Je l'aime déjà de tout mon être alors qu'il n'est qu'un embryon.
J'asperge mon visage d'eau froide et soupire longuement, les yeux fermés.
Je dois me ressaissir. Et faire sortir le plus vite possible cet inconnu de mon appartement. Cet homme au regard de braise me fout les jetons et avec cet affaire de voleurs en ville, ça n'arrange pas mon cas.
Je sèche les perles salées qui commençaient à se tapir sous me yeux, souffle un bon coup avant de retourner dans le salon, ma serviette et une crème anti-inflammatoire en main. L'inconnu est allongé de tout son long sur le canapé et l'expression fermée qu'aborde ses traits en dit long sur son état; je ne l'ai pas loupé.
_ Tu devras me laisser voir ta...blessure.
Le basané pose son regard brulant sur moi et cette fois-ci, je detourne le mien n'osant plus lancer un affront.
_ Pourquoi?
Question idiote.
Si il n'était aussi destabilisant- et si je n'étais pas d'une humeur aussi morbide- j'aurais probablement éclaté d'un rire sonore qui resonnerait entre les murs.
_ Je vais devoir te soigner avec ce que j'ai alors tu dois me laisser voir.
_ Pas la peine.
Il essaie de se relever sur ses coudes mais ses muscles s'étirent et un grognenement tranche sa gorge qui vient mourir sur ses lèvres pincées.
_ Tu dois te soigner, répliqué-je en m'installant à ses pieds. Laisse-moi faire.
Il hésite; ses sourcils se plissent et il ouvre la bouche pour rappliquer mais la referme aussitôt. Il baisse ses gardes sans vraiment me lacher les rènes. D'un geste habile, il passe son t-shirt par-dessus sa tête et ses cheveux noirs, longs sur le haut et rasé sur les rebords, virvolent avant de retomber le long de sa joue.
Sur le coup, j'ai l'impression que le temp s'est ralenti et l'image de ce garçon qui se déhausse devant moi me parait bien plus explicite qu'il ne le devrait. La fille enceinte aux hormones à fleur de peau rêve de glisser ses doigts sur l'épiderme caramalisée et parfaitement bosselée du garçon étendu.
Souviens-toi Paige, c'est un inconnu, pouvant être n'importe qui et n'importe quoi, qui est étendu sur ton canapé.
Pour mon grand malheur, la boulimie en pleine ceinture se ravise et reprend de plus bel sa delectation devant le torse bronzé et ciselé du garçon ,qui contraste grandement avec son bras droit où s'enroulent une traînée noire de tatouages, écartant de son passage toutes les pensées négatives.
Et merde.
Je détourne vivement mon regard de ses muscles et essaie de me concentrer sur mon objectif: reussir à atteigner cette tâche violette qui commence violemment à pencher sur un mauvre vraiment foncé.
Je me penche vers lui et me met à tamponner son ventre et à chaque tâtonnements, ses muscles abdominales se contractent violemment avant de se relacher doucement et la vision est presque hypnotisant.
Un mélange d'eau cologne masculine et de sueur fraîche me titille les narines; ce mec respire la virilité à plein poumon et tous les pores de son corps en dégagent.
Et ce simple petit détail me rappele Jace. Sa trahison et ses mensonges.
Sans le vouloir, j'appuie un peu plus fort sur l'hématome du garçon qui grogne comme un loup en cage.
_ Désolée.
Je me suis promis d'en finir avec les hommes. Mon quota en amour est encore plus pauvre que je l'imaginais. Mes echecs amoureux sont aussi cuisants les uns que les autres, j'ai fini par croire que le problème venait de moi. J'ai fini par croire que je les effraie; il n'y a que ça comme explication plausible.
Alors, si le problème vient de moi, peut-être que je devrais arrêter de me chercher la chaussure à ma taille. Avant même que je n'arriverai à la trouver, je l'aurai perdu...bah à quoi bon perdre mon temp avec tout ça.
Entre les hommes et moi, tout était définitivement fini.
Je n'interessais pas la gente masculine, ok. Basta.
_ Tu l'as fait exprès, hum?
Je suis désorientée; mes mains tressautent et j'avale ma salive de travers. Et je sais qu'il la remarquer mais je ne fais rien de plus qu'appliquer la pommade.
_ Tu m'aimes pas, n'est-ce pas?
_ Je ne te connais même pas, c'est une question stupide.
Le garçon se redresse une fois de plus sur ses coudes mais cette fois-ci, il réprime son soupir de douleur.
_ Ouais, c'est vrai. Paige, c'est ça?
_ Comment...
Je me souviens alors de notre croisement au Golden Coffee avant que je ne finisse ma phrase.
_ Et oui, je me souviens de toi.
Ouais, ça je l'avais remarqué.
_ Paige Ivy London, étudiante à UCLA. Tu étudies quoi, au faite?
Hésitante, je hausse un sourcil.
_ Je suis en deuxième année en sciences de commerce.
_ Intéressant, sursurre t'il un peu plus pour lui que pour moi. J'adore la décoration de ton appartement. C'est...original.
Original, il y a quoi le dire.
Les croquis de Leigh -ma troisième colocataire- traîne sur la table basse et les pinceaux de Lys encore récouverts de peinture sont éparpillés sur le plancher. La décoration s'assemble bien avec nos côtés bordéliques: un mélange de flashy et coloré.
_Tu vis seule?
J'allais lui répondre mais mon cerveau me titille. Il pose beaucoup de questions sur ma vie personnelle.
Je me redresse un peu trop précipitamment, m'éloignant de lui. Son interêt soudain ne me dit rien qui vaille et je préfère mettre une distance résonnable entre nous avant que les choses dégènèrent.
_ Je crois que tu devrais partir. Tu n'es pas stable, lui annoncé-je, essuyant mes mains sur mon jean.
_ Tu as peur?
Peur? Non, je suis térrifiée.
Son regard me fait froid dans le dos, sa voix rauque et fiévreuse est bien trop suspicieuse et ses questions ne laissent rien présager de bon.
Je suis tétanisée.
_ Est-ce qu'il y a quelqu'un que je pourrais appeler pour...t'aider?
Ma voix s'étrangle à la fin de ma phrase lorsque le garçon se met débout tant bien que mal et analyse la pièce de ses yeux scrutateurs.
Dans quoi me suis-je fourrée?
_ Je pourrai contacter des amis, une copine, des parents?
Alors que sur les deux noms précédents, le visage de l'inconnu s'était penché sur l'amusement quand je prononce le dernier, ses traits se durcissent violemment et se retractent au milieu de mon salon. Il a l'air sérieusement préocuppé.
Il se tourne vers la baie vitrée qui donne vue sur la ville et désormais dos à moi, je ne parviens plus à le déchiffrer; une chose est sûre, ce mec me fout les jetons. Et je me maudis de lui avoir les portes de ma maison comme un enfant sans conscience. Qui ne me dis pas qu'il est un psychopathe? Et s'il ne l'est pas, il n'en est pas loin.
J'attrape discrètement mon portable, mes doigts tremblent lorsque je parcours l'écran et un fourmillement agite mes jambes qui se dérobent presque sous mon poids.
911. Répondez, s'il vous plaît.
Pendant que je colle le portable à mon oreille le plus discrètement possible, le garçon se retourne brusquement et mon coeur râte subitement un battement et je laisse tomber l'appareil qui s'éteint à son contact avec le sol.
Mon Dieu, je suis fichue.
Ses yeux onynx font le voyage entre moi et mon portable et je sais qu'il a compris mes intentions mais il n'en fait rien.
_ Désolé. Pour tout. Et merci pour tes soins.
Il attrape son t-shirt, enfile son sweat et se dirige vers la porte d'entrée, le visage déformé et un grognement fait vibrer ses muscles à chaque pas.
[•••]
🌹
Hi
Enfin😱
Le fameux rencontre et qui ,plus, est encore plus mouvementé que je ne me l'imaginais.
J'attends impatiemment vos impressions sur ce chapitre et à bientôt pour le prochain.
Icekiss❄
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