Chapitre 29 : Le crépuscule
Le temps semblait ne plus avoir d'impact sur moi. Je m'enfonçai dans une torpeur qui n'avait rien d'agréable. Un lieu où les cauchemars les plus effroyables prenaient vie. Je peinais à réaliser et c'était mon esprit qui tentait de me protéger des pensées qui me submergeaient. Les images défilaient sous mes yeux à une vitesse affolante alors que j'étais témoin des pires horreurs.
J'entendis à peine les paroles du Seigneur des Ténèbres qui résonnèrent dans tous les esprits alentours. Les mots ne m'atteignaient pas bien que j'en devinai le sens. Je pouvais sentir mes membres trembler et ma main serrer compulsivement celle de mon parrain. Jamais je n'aurais pu imaginer sa perte, malgré tous les scénarios atroces qui m'avaient un jour effleuré. L'impensable qui se matérialisait, au paroxysme de la cruauté ! Je me sentais perdu, indéfiniment seul, comme si toute volonté m'avait quitté. Un vide profond dans mon cœur, comme un courant d'air, glacial.
Une main ferme sur mon épaule me reconnecta avec la réalité. Une soudaine chaleur dans un univers fade et sans couleur. La Cabane Hurlante se redessina, dans le moindre détail. Je fus frappé par le décor macabre, une gifle cuisante sur ma peau nue.
Hermione était là, juste derrière moi. Je vis son visage, empreint d'une tristesse que je savais réelle. Elle semblait aussi mal à l'aise, une pointe de pitié au fond du regard. Elle cherchait ses mots et je ne pus rien faire pour l'aider. Finalement, elle murmura :
-Drago ... Je suis désolée, mais il faut y aller.
Dans d'autres circonstances, je me serais insurgé face à ces foutus Gryffondor, toujours à prendre les horreurs des autres pour leurs et à s'en excuser. Mais je n'en fis rien, un rictus déforma mes lèvres, bien trop triste. J'essuyai d'un geste presque rageur les larmes qui maculaient mon visage. J'accordai un dernier regard pour Severus, une plaie béante à la poitrine.
Je me relevai plutôt péniblement. Potty et la Belette étaient là, eux aussi, j'en fus presque étonné ! Le visage impassible mais une lueur commune et étrange dans les prunelles.
La main chaude d'Hermione accrocha la mienne, avec tendresse. Je la serrai à mon tour, appréciant ce bien faible contact. Nous nous remîmes en route et je ne cherchai même pas à connaître la suite des événements. J'étais comme dépourvu de volontés, seule la sorcière me faisait garder pied, m'empêchait de sombrer totalement.
Nous revenions sur nos pas et regagnâmes lentement Poudlard. L'école de sorcellerie n'était plus que l'ombre d'elle-même. Les combats avaient défiguré le château, ne laissant ici qu'un cadavre immense. Un corps meurtri proche de sombrer pour de bon, de s'écrouler lui aussi. Vestige d'une grandeur passée et révolue, objet de tant de rêves et de désillusions. Les flammes mouraient et la cour était recouverte de gravas. Les troupes du Seigneur des Ténèbres s'était retiré et les mots se répercutaient en moi, bien trop tard. Je comprenais avec difficulté alors que je foulai les cendres d'un lieu familier.
Un silence de mort planait partout, paralysant cet endroit dans la nuit dense. Mon regard parcourait tout cela, cette horreur où le temps semblait même s'être arrêté.
-Où est tout le monde ?
La voix pourtant basse d'Hermione résonna longtemps, alors que je serrai la mâchoire. L'endroit était totalement désert, c'en devenait presque angoissant !
Weasmoche ouvrit les portes immenses qui émirent un grincement bien audible. Au milieu de la Grande Salle, les blessés et les morts étaient rassemblés. Un bout d'horreur que la guerre dévoilait, à ceux qui pensaient y avoir échappé. Je reconnaissais vaguement quelques visages alors que les autres avançaient lentement. Hébété, je mis quelques instants supplémentaires à en faire de même. Je me sentais plus que jamais de trop, ma présence faisait tâche et je le sentais au regard qui l'on me portait. Une méfiance au mieux, de la peur et du mépris pour la plupart.
J'évoluai à pas comptés, sans pouvoir éviter le désastre qui me faisait face. Le sang partout, sur des élèves comme sur les Aurors qui pullulaient. Mon estomac se retourna alors que je pinçai les lèvres. Il n'y avait pas de mot pour décrire cela !
Les civières jonchaient le sol, et je risquai que des courts regards. J'avais été l'ennemi, il y a peu. J'aurais pu, être de ces Mangemorts aujourd'hui, sans ce concours de circonstances et l'événement le plus inattendu de ma vie. Hermione Granger. J'y pensais alors, au milieu des murmures pour les défunts et le réconfort que tous savait inutile.
La famille était là, au grand complet. Et je ne parvenais plus à les haïr comme autrefois, une douleur commune pouvait bien relier. Ils pleuraient la mort d'un des leurs, sans que je puisse savoir lequel. Je restai en retrait, Potty également. La douleur de la mort de mon parrain s'éveillait à nouveau, plus vivace encore. La guerre découvrait son vrai visage !
Le Balafré tournait les talons et je ne bougeai pas. J'observai ce spectacle déchirant. Je pensais à mes parents, une pointe de nostalgie au cœur. C'était un répit que le Mage Noir nous octroyait, un semblant de sécurité qu'il ne tarderait pas à détruire. Quelle était la solution ? Livrer « l'Elu » pour sauver sa peau ? J'y avais songé, sans prêter attention à cette idée folle. Cela ne règlerait rien, je le savais mieux que personne. Potty allait combattre, cela ne faisait aucun doute et il nous restait plus qu'à espérer.
Le temps passait et Hermione s'éloignait lentement de la famille Weasley. Nos regards se croisèrent et j'y vis une peur refoulée, une plaie partagée. Nos doigts s'entremêlèrent, de la plus intime des façons. Nous étions vivants et même si le danger était proche, j'en étais heureux. L'angoisse se résorbait alors que je sentais sa chaleur contre ma peau. Nous nous éloignâmes de la Grande Salle, sans réel but.
Finalement, nous nous mettions un terme à cette balade improvisée pour nous asseoir sur les marches d'un des innombrables escaliers. Tout était calme ici. Pas de ce silence morbide qui sonnait assourdissant. Non, une sorte de quiétude volée au milieu des gravas. C'était insensé.
Je tenais la main d'Hermione bien dans la mienne, prêt à me satisfaire d'aussi peu. Sa voix s'éleva alors, d'une étrange douceur :
-Que va-t-il se passer maintenant ?
Malgré ses efforts, les trémolos étaient encore audibles. Cette interrogation en cachait bien des nouvelles, dues à l'incertitude permanente. Je passai mon autre main sur sa joue où une goutte de sang avait séchée. Je m'enquis à mon tour, plus sourdement :
-Tu attends vraiment une réponse ?
-Non. Répondit-elle, sans même y réfléchir.
Un sourire m'échappa, sincère à défaut de résulter d'une véritable joie. Il valait mieux ne pas savoir, ne pas chercher à deviner l'avenir dans ces moments. Elle était suffisamment intelligente pour le savoir. J'embrassai ses lèvres, goûtant à la pulpe de celles-ci. Ce moment rêvé que je n'imaginais pas et qui illuminait cette sombre journée. J'appréciais cela à sa juste valeur, comme quelque chose de simple mais indispensable.
-Merci d'être là. J'avais besoin de ça !
Et elle posa sa tête sur mon épaule, lourdement. Je ne sais combien de temps nous restâmes ainsi. J'avais ravalé toute remarque égocentrique, ne profitant que de l'instant. Il s'allongeait sans que je m'en doute.
J'entendis des pas derrière moi et je sus de qui il s'agissait avant même de me retourner. Potty était de retour, le regard trouble souligné de cernes violettes. Je me levai, instinctivement et lançai, à l'égard d'Hermione :
-Je vous laisse.
Je n'avais aucune envie de jouer les arbitres dans un débat qui ne me regardait d'aucune manière. Je croisai Weasmoche qui allait certainement les rejoindre, les yeux rougis. Je fis taire l'élan de jalousie qui s'éveillait en moi et poursuivis ma route. Etonnamment, je savais déjà l'échange qui allait suivre. Le Balafré n'hésiterait pas un seul instant à se jeter dans la gueule du loup. A commettre le premier des sacrifices, aussi idiot soit-il. Les Gryffondor et leur bravoure inutile !
Je m'assis plus loin, sur les marches d'un autre escalier. J'étais fatigué de cette guerre et j'en venais à espérer sincèrement la réussite de Potter. C'était égoïste puisque ses chances de survie étaient minces, mais je souhaitais qu'il se rende dans la Forêt interdite !
Au bout de longues minutes, Hermione me revint, le visage strié de larmes. Je pouvais comprendre et j'avais raison. Le « Survivant » allait faire ce que l'on attendait de lui, même s'il devait en mourir ! Elle s'accrocha à moi presque avec désespoir. Je refermai ma prise sur elle, avec chaleur.
-I-Il va y aller ... I-Il n'a pas voulu ... nous écouter. I-Il va ...mourir ...
Je passai ma main dans ses cheveux, les sanglots secouaient sa poitrine et la mienne. Je murmurai sans réfléchir alors que les premières lueurs du jour apparaissaient derrière l'horizon. Le calme était revenu, celui qui sonnait le début de la tempête, qui précédait l'horreur et la douleur. Un goût amer dans la bouche.
-O-On doit tuer le serpent !
Sa voix s'était faite bien plus certaine, les trémolos avaient presque disparu. Je l'écartai doucement et parcourrai ses traits. Ceux que je connaissais maintenant si bien mais dont je ne pouvais me passer. La détermination se lisait dans son regard, aux côtés de la tristesse et la peur. Je repris alors, bien plus sûr que je ne l'étais en réalité :
-On le fera !
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L'attente avait porté ses fruits. Gorgée de sang et de l'atrocité la plus brute. La fin de l'espoir après une courte trêve. Les minutes s'écoulaient comme des heures alors que l'importance de ce qui se jouait ne quittait personne. Le destin du Monde sorcier se jouait alors, tout proche.
Hermione et moi avions rejoint la Grande Salle après un long moment. Un silence de mort entrecoupé par les pleurs et les gémissements. Le pire scénario pouvant être envisagé. Même l'imagination ne pouvait rien face à ça ! La main de la sorcière serrait compulsivement la mienne, une plainte muette pour un combat intérieur que nous partagions. J'avais peur, bien que je ne l'avouerais jamais et je sentais cela chez toutes les personnes présentes dans la pièce. Une émotion commune des plus redoutables !
La tension était à son comble et rapprochait les êtres. L'atmosphère était indescriptible, la souffrance était là, sous toutes ses formes. Immobiles dans l'attente effroyable, je ne m'étais jamais senti aussi proche de ceux que j'avais toujours mépriser.
Soudain, et sans que rien ne change. Certains ont commencé à quitter la Salle, sans la moindre parole. Comme s'il savait, comme s'il sentait que le moment été venu. Londubat ouvrait la marche, blessé mais toujours debout. Nous suivîmes, mus de ce sentiment étrange.
La lumière du jour m'éblouit presque alors que les Mangemorts se tenaient là, au milieu de la cour. Mon cœur rata un battement. Lord Voldemort se tenait là, à quelques mètres seulement. L'incarnation du Mal en personne, plus inquiétant que jamais. Son regard vermeil balaya la petite assemblée, un rictus immonde déformait son visage inhumain. Un frisson parcourut mon échine sans que je ne puisse m'en empêcher. La main d'Hermione se referma sur la mienne, fortement.
Le Géant était là, Hagrid je crois, et portait dans ses bras un corps. Je ne parvenais pas à l'identifier mais mon instinct me soufflait la réponse, sans que je ne le souhaite. Les ongles de la sorcière entamait désormais ma peau, une pensée partagée, la plus terrible !
Le vent soufflait mais je ne le sentais pas. Je sentais à peine la présence des autres élèves aux alentours. La terreur accompagnait chaque battement de mon cœur jusque dans mon crâne. L'attente sonnait son terme, cruelle et terrible. Tout avait alors disparu, même les débris et l'odeur de la fumée. Ne subsistait que les Mangemorts et l'espoir qui s'éteignait doucement.
La voix glaciale du Seigneur des Ténèbres s'éleva alors :
-Harry Potter est ... MORT !
Serrez les dents les cocos !
Oui, l'avant dernier chapitre et je m'arrête à ça ... Je suis vraiment une auteure sadique XD
Je me suis à nouveau basée sur les événements du septième volet (le film). Bien-sûr, Drago est là alors il faut faire des adaptations mais ça reste plutôt semblable.
Encore un chapitre et c'est la fin ... Ca me fait tout bizarre et je suis quand même un peu triste. Ca fait tellement longtemps que je travaille sur ce Dramione et que je le publie, y mettre un terme va être difficile pour moi.
J'attends tout plein d'avis de votre part, même si c'est pour pas dire grand-chose. Juste histoire de me dire que vous êtes là jusqu'à la fin, que vous n'avez rien lâché ! Ca me fera hyper plaisir :3
Bisous les lapins ~
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