Zelda voulait juste un sourire du roi, mais c'était peut-être trop demandé.

Je te vois et cela me rend triste.

Pourtant, je t'aime très fort. Cela me rend pourtant triste de te voir car je sais que tu ne me vois pas. En tout cas, pas de la manière dont j'aimerais que tu me voies.

Tu es une bonne personne, je le sais. Tu es digne d'admiration et beaucoup de gens rêveraient d'être à ta place. Depuis que je suis petite, je t'idolâtre.

Hélas, quand maman est partie, la petite flamme en toi s'est éteinte. La lueur dans tes yeux a disparu et je ne l'ai jamais revu. Tu as fermé ton cœur hermétiquement et tu as jeté la clé. J'aurais aimé t'aider mais j'aurais aussi aimé que tu m'aides.

Quand j'avais besoin de toi, la nuit, aux heures les plus sombres, où étais-tu ?

Tes priorités ont changé. La guerre approchait, tu le savais, et tu as tout mis en place pour nous préparer à combattre l'ennemi.

Pour me préparer à combattre.

Maman m'en avait déjà parlé, alors je savais. Je connaissais la base de ma préparation et je m'y étais résignée. Cela faisait partie de mon destin.

Mais tu sais que moi aussi j'ai perdu la clé de mon cœur après la mort de maman ? J'étais perdue. Il fallait que je parcoure une grande route mais je n'avais aucune idée du chemin à prendre. J'ai fait des efforts mais je me perdais sans cesse entre deux virages.

Une lueur s'est rallumée dans ton regard, mais c'était de la colère, en voyant que je ne parvenais pas à m'améliorer, que je ne pouvais pas remplir mon rôle. Tu es devenu si froid avec moi et cela me rendait si triste de n'être plus à tes yeux qu'une machine de guerre.

J'ai essayé de me rendre utile d'une autre façon. J'ai étudié de nombreux sujets et je suis devenue érudite. Toutes ces connaissances deviendraient utiles plus tard, j'en avais la certitude. Cela nous permettrait d'avancer et de gagner la guerre à venir.

Tu n'en avais rien à faire.

Mes efforts ne comptaient pas à tes yeux si ce n'était pas pour remplir mon rôle. Tu ne me regardais même plus, tu m'ignorais quand je ne satisfaisais pas et j'ai fini par croire que je n'existais plus du tout. Quand tu étais en colère, ta voix me brisait le cœur et j'avais l'impression que le véritable moi devenait invisible. C'était atroce.

Puis, il y avait lui.

J'ignorais à quel point mais tu l'aimais bien. Lui, il remplissait son rôle à la perfection, tu ne pouvais rien lui reprocher. Il était tout ce que je n'étais pas en somme.

Honnêtement, j'avais du mal à le regarder en face, parce qu'il me rappelait mes propres erreurs. Je le détestais mais c'était injuste. J'aurais voulu être irréprochable comme lui, jusqu'à ce que je comprenne que la vie lui avait fait du mal. Son mutisme avait probablement une explication.

Oui, quand je te regarde, je suis triste, parce que je vois ce que nous aurions pu être et tout ce que nous avons gâché. La guerre n'était qu'un prétexte, la vie a fait le reste. Le royaume a eu son roi, mais moi, la princesse Zelda, j'aurais aimé avoir mon père.

J'aurais aimé que tu sois fier.