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Tome IV - Chapitre 21 : Une nouvelle année

Hello ! Vraiment, je voudrais commencer cette intro par vous dire un énorme merci pour vos retours sur le dernier chapitre. Il me tenait naturellement à coeur tellement il était un aboutissement du personnage de Regulus et ça m'a fait très plaisir de voir que ça vous avait touché aussi. Encore désolée pour les larmes...

Nous reprenons donc là où nous avions laissé les autres, à savoir le début d'une nouvelle année et même une nouvelle décennie. Les Maraudeurs rentrent en 1980 ! Le chapitre fera peut-être étrange après l'intensité du dernier, mais c'était voulu : ce qui s'est passé dans la caverne n'est connu de personne, pour le reste du monde la vie continue...

Bonne lecture ! 

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Chapitre XXI : Une nouvelle année

L'aube éclairait tout juste la nouvelle année quand Alexia poussa la porte du QG pour la première fois en 1980. Encore faible, l'air glacial de la campagne irlandaise lui brûla un instant les poumons avant que ses muscles ne se détendent et qu'elle se réfugie dans la petite maison de l'Ordre sur la pointe des pieds. Les médicomages de garde cette nuit avaient signé sa décharge pour qu'elle puisse partir le plus tôt possible et elle n'avait donc pas passé une seconde de plus que nécessaire à Ste-Mangouste, rendue folle par les murs blancs et l'odeur de plante médicinale qui y flottait tout le temps. Surtout, elle n'en pouvait plus de voir les traits tirés des soignants et des patients, comme si la guerre s'était incrustée sur tous les visages...

Doucement, la porte se referma dans son dos. Elle resta immobile dans l'entrée.

L'odeur du QG était toujours la même – vieux bois et poussière – et elle inspira profondément. Plantée sur le trottoir à regarder Londres s'éveiller il y a une demi-heure, elle avait hésité quant à sa destination. L'appartement de Sirius ? Elle n'était pas sûre qu'il s'y trouve et ne voulait pas vraiment y rester toute seule. Chez sa sœur pour voir un peu Ellie ? Elle avait eu peur de les réveiller. Ne restait plus que le QG qui, à sa propre surprise, lui avait quand même un peu manqué.

L'air froid s'était déjà dissipé de son manteau lorsqu'un craquement discret lui fit tourner la tête. Peter se tenait là, à moitié dissimulé par le chambranle de la cuisine, une tasse de thé fumante dans une main et sa baguette dans l'autre.

- Qu'est-ce que voulais faire avec ça ? lui lança-t-elle avec un sourire. T'as pas réussi à te décider entre jeter un sort ou de l'eau bouillante sur le potentiel intru ?

- Alex ?

- Salut, Pete. Bonne année.

Le visage de Peter s'éclaira.

- Oh Merlin, mais qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais... Les médicomages disaient que... enfin, t'aurais dû rester plus longtemps à Ste-Mangouste, non ?

- Ils me gardaient surtout en observation à ce stade, ça allait faire une semaine. Et même si j'ai loupé le réveillon, je voulais pas vous laisser démarrer l'année sans moi... En plus, je devenais folle là-bas. Heureusement, quelqu'un m'a laissé un paquet de chocogrenouille.

- C'était moi ! s'exclama-t-il en souriant.

Elle éclata de rire.

- J'avais deviné, oui.

Et Merlin ce que le chocolat l'avait réconforté après la tonne de remède et de repas médiocres qu'elle avait dû avaler chaque jour. La voir rire parut enfin sortir Peter de sa torpeur. Avec empressement, il fourra sa baguette dans sa poche, puis traversa complètement le couloir pour venir l'enlacer. Elle rit de plus belle en refermant ses bras autour de lui et en veillant à ne pas donner un coup dans sa tasse de thé.

- Tu m'as manqué, Alex, marmonna-t-il contre son épaule. Ma meilleure partenaire de bataille explosive.

- Te réjouis pas trop vite. Je compte bien te mettre la misère. Cette année, ça sera à mon tour d'enchaîner les victoires !

- Tu peux toujours essayer...

Elle le pressa un peu contre elle pour toute réponse, juste une seconde, étrangement émue d'être enfin de retour.

- Allez viens, invita Peter en se détachant. Je vais te faire un thé. Ou un café ?

- Café. J'ai besoin de me réveiller. (Elle enleva son manteau d'un coup d'épaule). D'ailleurs comment ça se fait que tu sois debout ?

- Je travaille aujourd'hui. Je commence à 8h, j'ai encore un peu de temps avant de partir.

- Oh...

Naïvement, elle avait cru qu'il aurait eu des congés en ce premier janvier, mais c'est vrai que la Poste de Pré-au-Lard restait ouverte. Le courrier ne s'arrêtait jamais. Pour ne pas remuer le couteau dans la plaie, elle ne commenta pas davantage et lui emboita le pas, curieuse de voir si d'autres personnes étaient déjà réveillées. Elle eut la réponse dès qu'elle posa un pied dans la cuisine.

Marlène, les cheveux encore en bataille, surveillait une poêle d'où s'échappait une odeur de bacon grillé. En sentant une présence dans son dos, elle se retourna, et le choc se peignit sur ses traits.

- Alexia ! Oh Merlin, t'es enfin sortie ! s'écria-t-elle en venant l'engloutir dans une étreinte sans attendre de réponse.

Celle-ci fut un peu plus brusque que Peter il y a quelques secondes et elle sentit son corps protester, encore sensible. Mais elle se contenta de cacher sa grimace dans les cheveux de Marlène, puis de l'enlacer à son tour. L'émotion la reprit à la gorge immédiatement.

- Contente de te voir aussi... souffla-t-elle. C'est un peu grâce à toi...

- C'est faux...

- Si. Je me souviens pas de grand-chose dans les tunnels, mais... ta voix... Ouais, je me souviens que sans toi, j'en serai sûrement pas ressortie. Marlène...

- Non. Me remercie pas...

L'interdiction faillit lui arracher un rire incrédule. Comment est-ce qu'elle n'aurait pas pu la remercier ? Ni être reconnaissante ? Alors que Marlène avait littéralement tenue son dernier souffle entre ses mains et l'avait maintenu en vie ? Avec fermeté, elle s'écarta et découvrit avec un coup au cœur les yeux humides de Marlène.

- Sérieusement ? s'étrangla-t-elle en riant à moitié. Même pas un simple « merci » ?

- Merci pour quoi ? J'ai tellement paniqué, Alex ! Une seconde, tu courrais avec moi et l'autre je t'ai vu t'effondrer... je ne savais pas quoi faire... Il a fallu que Sirius, Remus et Londubat arrivent pour que...

- On s'en fiche. Vous m'avez amené à Ste-Mangouste à temps, c'est tout ce qui compte, mais c'est toi qui m'a maintenu consciente le plus longtemps possible. Les médicomages ont dit que ça avait été la partie la plus cruciale...

Du coin de l'œil, elle vit l'expression choqué de Peter face à cette information et devina aisément ce qu'il pensait. Ce que Marlène pensait à l'instant en la regardant comme un miracle fait de chair et de sang. Le fil qui l'avait retenu au bord du vide n'avait pas été loin de céder cette fois.

- Je refuse que tu me fasses pleurer à cette heure-ci, il est beaucoup trop tôt, protesta Marlène comme pour reprendre un semblant de contenance. En plus, on a tellement de choses à te raconter. Oh Remus ! Viens voir qui est là !

Elle tourna la tête. Dans le salon, elle vit une ombre bouger, puis Remus apparut à son tour, un vieux carnet dans une main et une plume dans l'autre. Ses traits fatigués s'adoucirent à sa vue. Et la scène recommença une troisième fois. Même si Remus n'était pas la personne dont elle était le plus proche dans le groupe – il l'était bien plus avec Lily chez les filles – elle le laissa passer un bras autour de ses épaules alors qu'il se réjouissait de la voir sur pieds.

Quelques minutes plus tard, elle se retrouva assise autour de la table, un café fumant devant elle et une assiette de toast presque aussi haute que sa tasse posée entre eux quatre. Visiblement, Remus n'avait même pas dormi : il venait de revenir de sa mission de surveillance de la maison de Millicent Bagnold.

- Rien à déclarer, comme à chaque fois... raconta-t-il dans un bayement sonore. Je commence à ne plus avoir d'idées pour mes rapports, j'ai l'impression d'avoir épuisé toutes les façons de dire que ça a été calme et que rien d'anormal n'est arrivé.

- Pourquoi tu fais pas comme James ? Il met juste « RAS », lui, fit Peter.

- On peut faire ça ?

Marlène eut un rire blasé.

- Ce n'est pas un devoir noté, Remus. McGonagall ne va pas t'enlever des points pour phrases non rédigées.

- Oui, je sais, mais...

Trop fatigué pour argumenter, Remus s'interrompit lui-même, puis referma son carnet de dépit. Avant que les pages ne se soustraient à sa vue, Alexia eut juste le temps d'apercevoir le prénom « Ornella » griffonné, mais elle détourna le regard en sentant celui de Remus et se râcla la gorge.

- Ca n'avait presque manqué, ça, les missions de surveillance... commenta-t-elle d'une voix légère, mine de rien. Plus tranquille que les missions de sauvetage au moins. (Elle fit tourner sa tasse entre ses mains, nerveuse, avant d'ajouter). Alors ? Qui me fait un récap' ?

Il y eut un silence gêné quelques secondes. Puis, Marlène le brisa en reposant son toast à moitié entamé et en croisant les bras sur la table.

- On a réussi la mission, commença-t-elle d'une voix neutre. Nymphadora est en sécurité. On l'a ramenée chez ses parents dès qu'on a pu. Elle est un peu secouée, mais elle va bien.

- Oui, je sais, Dorcas l'a mentionné quand elle est passée... Mais elle n'est pas entrée dans les détails. Où est-ce que Bellatrix la gardait alors ? L'indic de Sirius avait bon ?

- Heureusement, oui, confirma Remus. Elle était bien au Manoir Malefoy. Ils ne lui avaient rien fait, à part une potion de sommeil pour la tenir tranquille. Sirius l'a ramené lui-même chez sa cousine.

Elle hocha la tête, soulagée. Malgré tout, elle ne loupa pas la soudaine tension, ni les sourcils froncés de Remus, et elle n'eut aucun mal à comprendre ce qui l'avait provoqué... Elle n'avait pas mentionné le fameux « indic » de Sirius au hasard si elle devait être honnête. Elle avait espéré que les autres s'étendent un peu plus dessus, que quelqu'un lui dise enfin où est-ce que Sirius avait réussi à trouver cette information. Quand elle le lui avait elle-même demandé, à l'abris de leur chambre dans son appartement londonien, Sirius avait esquivé... Comme souvent, la carte de la confidentialité de l'Ordre lui servait quand il n'avait pas envie de s'étendre ou de parler d'une mission, et il l'avait utilisé ce soir-là sans vergogne. Elle avait espéré que maintenant que tout était terminé, elle allait enfin pouvoir savoir...

- Mais donc on ne sait toujours d'où venait... ?

Sa relance fut étouffée immédiatement.

- Enfin bref, la petite va bien, c'est le principal, la coupa Marlène d'une voix réjouie et un peu trop forte pour l'ambiance feutrée de la cuisine à peine réveillée. Et personne n'a été trop gravement blessé, le plan de surprendre les mangemorts en deux vagues a assez bien fonctionné.

- Oh. Tant mieux... Même toi, Pete ? On m'a dit que t'avais passé une journée à Ste-Mangouste aussi pendant que j'étais encore... enfin, que je n'étais pas encore consciente.

Peter déglutit. Nerveux, il gigota sur sa chaise, et haussa une épaule.

- Oui, mais ça va... Avec les tunnels qui s'effondraient, j'ai pris quelques pierres, dont une sur la tête. Mais Bellatrix Lestrange n'a pas réussi à me rattraper au moins, je me suis faufilé...

Et c'est alors que ça la frappa. Comme un flash débloqué, elle se revit courir en file indienne avec Peter et Marlène, le cœur déjà prêt à éclater, des bruits de pas sur leurs talons... Ils s'étaient retrouvés face à un embranchement : deux tunnels sombres, prêts à les avaler dans leur obscurité. Il avait fallu faire un choix...

- Oh Merlin, mais c'est vrai ! On t'a laissé prendre le tunnel de droite, elle nous poursuivait !

- Ouais... marmonna Peter d'un air sombre. Mais t'inquiète pas. Il fallait le faire. Et je m'en suis sorti.

- Mais t'étais tout seul, insista-t-elle, sa voix tremblant légèrement. Si Bellatrix t'avait attrapé...

Son ventre se contracta devant la possibilité. Même si elle avait oublié une partie de la soirée, le bruit des explosions, les hurlements des sorts et le souffle saccadé de Peter résonnaient encore dans ses oreilles. Silencieux, ce dernier ne trouva d'ailleurs apparemment rien à répondre. Lui aussi avait abandonné son bout de bacon dans son assiette et Marlène posa une main sur son épaule, comme pour le soutenir.

- Pete s'en est sorti comme un champion, déclara-t-elle, toujours avec ce même ton forcé qui commençait à la tendre. Et il a même réussi à nous faire gagner un peu de temps. Sans ça, je doute qu'on aurait pu t'évacuer, Alex.

Honnêtement, c'était la dernière chose qu'elle voulait entendre. Est-ce que leur mission allait revenir à ça désormais ? Devoir choisir qui se sacrifierait pour faire en sorte que l'autre s'en tire ? Ecœurée, elle détourna les yeux, la poitrine compressée. Ils avaient eu de la chance ce soir-là dans les tunnels. Peter avait eu de la chance. Encore un fil tendu, prêt à céder. Combien de fois devraient-ils frôler l'irréparable avant que l'un d'entre eux ne tombe pour de bon ?

Pour ne pas s'attarder sur cette question, elle se décida à en poser une autre :

- Et les tunnels ?

- Un désastre, admit Remus en sortant de son silence. Les explosions ont fait s'effondrer plusieurs sections. Le Ministère couvre ça en parlant d'une « fuite de gaz ».

- Original...

- Minchum n'est pas reconnu pour son imagination, railla Peter. D'ailleurs, il n'est pas reconnu pour grand-chose, mais bon...

Elle laissa échapper un rire étouffé devant la pique. Non, c'était sûr que Minchum ne brillait pas depuis le début de cette guerre et que son seul fait d'arme allait être d'enfin céder la place à Millicent Bagnold prochainement.

- Ok... Bon, c'est plus le problème du Ministère que de l'Ordre de toute façon, trancha-t-elle. Quoi d'autre ?

Marlène et Remus échangèrent un regard par-dessus la table. Pour la première fois dans la conversation, elle sentit plus qu'une hésitation chez eux. Ce fut Peter, à sa grande surprise, qui parla le premier.

- On a capturé quelqu'un, lâcha-t-il.

Choquée, elle mit une seconde à comprendre l'information.

- Quoi ? Qui ?

- J'aurais mis un peu plus de contexte et de tact à l'annonce, grinça Remus, mais oui... Juste avant de transplaner dans les tunnels. Fabian a réussi à neutraliser Evan Rosier et à le capturer.

Le nom lui fit l'effet d'une double claque. Rosier. Evan Rosier, qui menait sa petite bande de Serpentard pendant l'attaque de Pré-au-Lard il y a encore trois ans ? Ce n'était pas une surprise de savoir qu'il était mangemort, l'Ordre le suspectait depuis un bon moment, mais elle eut du mal à concilier les deux images malgré tout.

- Evan Rosier, murmura-t-elle, abasourdie. Et... il est où ?

Un nouveau silence s'étira. Impatiente, elle les regarda tour à tour, crispée ; puis Remus soupira.

- Ici... lâcha-t-il avec réluctance.

- Quoi ? Ici... mais ici, où ça ?

- Littéralement ça, « ici ». Sous nos pieds. Dans les fondations de la maison.

D'un geste, il désigna le sol et tous les regards suivirent par réflexe, Alexia la première. Elle fixa les tomettes usées de la cuisine comme si elle pouvait soudain percevoir Rosier, enfermé quelque part en dessous et une pierre lui tomba dans l'estomac.

- Mais vous êtes sérieux ? s'étrangla-t-elle. Il est là-dessous ? A être... quoi ? Interrogé ?

- Qu'est-ce que tu voulais qu'on fasse ? se défendit Marlène d'un ton brusque. L'emmener directement au Ministère ? Avec les taupes qu'ils ont ? Il aurait disparu avant même qu'on puisse lui soutirer une information utile. Il faut qu'on blinde le dossier avant de le livrer.

- Qu'on blinde le... mais tu t'entends ? Alors, quoi ? Vous le gardez là comme... comme un prisonnier de guerre ?

Incrédule, elle repoussa sa tasse et tenta de chercher du soutien autour de la table, mais Peter n'avait toujours pas relevé les yeux et le visage de Remus était plus fermé que jamais derrière son regard ambré et ses cicatrices.

- Maugrey viendra le récupérer, apaisa-t-il avec une certaine raideur. Mais... dès qu'on aura obtenu ce qu'il sait.

Alexia se demanda sincèrement si elle n'aurait pas dû rester à Ste-Mangouste.

- Ok, d'accord... fit-elle, toujours incrédule. Et c'est qui, « on » exactement ?

- James, Benjy et Sirius, énuméra Peter sur ses doigts, visiblement content de pouvoir répondre à une question simple. Ils sont en bas avec lui en ce moment.

- Ils sont en bas... Oh Merlin !

Puis, avant qu'aucun des autres puissent réagir, elle enchaîna :

- Sirius ? Sérieusement ?

- Alex...

- Non, je te jure que si tu me demandes de me calmer, Remus, je t'envoie quelque chose à la figure. Ah ! (Elle porta les mains à ses tempes, agitée). Mais sérieux... Et la légalité, dans tout ça ? Vous y avez pensé ? Si quelqu'un découvre... enfin imaginez !

Marlène grimaça.

- Je comprends. Vraiment, Alex, on a tous réagit pareil au début. J'ai eu cette même discussion avec Benjy l'hiver dernier quand il m'a avoué avoir modifié les souvenirs de quelqu'un un jour...

- Oh oui, entre s'infiltrer dans les esprits pour modifier des souvenirs et torturer des gens pour avoir des aveux, on a vraiment un bel éventail d'exemples de moralité !

- Je sais, je sais ! Mais Alex, je vais te répéter la même chose qu'il m'a dit ce soir-là : on est en guerre. La « légalité », comme tu dis, ça ne nous protégera pas. On le savait dès qu'on a accepté d'entrer dans l'Ordre...

- Qui n'a rien de très légal en lui-même, abonda Remus.

Elle se crispa tant l'argument lui paraissait bas. Certes, Dumbledore n'avait jamais prétendu que l'Ordre était légal, c'était tout le but d'une organisation secrète, mais ils avaient au moins un but. Une lutte. Des valeurs morales. C'était pour cela qu'elle avait accepté de suivre les autres. Et certes, dans le même temps, les règles du Ministère étaient lentes, corrompues, et souvent inutiles face à l'ennemi qu'ils combattaient. Seulement... garder quelqu'un comme Rosier enfermé sous leur propre maison ? C'était une ligne qu'elle n'était pas sûre d'être prête à franchir.

- Très bien, acceptons l'idée deux secondes... céda-t-elle. On a besoin de savoir ce que Rosier peut laisser filtrer comme informations pour l'Ordre. Mais pourquoi... Bon sang, pourquoi ce n'est pas Maugrey en bas en train de l'interroger ? Ou les Londubat ? On a des Aurors exprès pour ce genre de cas, non ?

A côté d'elle, Remus tressaillit. Il inspira profondément, comme s'il anticipait une longue explication, puis croisa les bras sur la table en s'appuyant légèrement en avant. Elle réalisa qu'il avait la même posture que Marlène, mais ne sut pas comment l'interpréter.

- Les Aurors... ne peuvent pas se permettre de se compromettre, répondit-il lentement. Si jamais ça venait à se savoir, ça ruinerait leur carrière, et pire encore, ça mettrait tout ce qu'ils représentent en danger. Le Ministère pourrait se retourner contre eux. On ne peut pas se le permettre...

- Oh donc, c'est mieux que ça soit les autres qui s'en chargent ? De simples civils ? Ils vous laissent faire sans protester ?

- Ils nous laissent faire parce qu'ils savent qu'ils n'ont pas cette liberté, argua Marlène, mal à l'aise. Mais nous, on peut. J'accorde que ce n'est pas parfait et que je ne suis pas totalement en accord, mais...

- Oh, génial ! « On peut » ! coupa Alexia avec ironie, exaspérée. La belle excuse. Je suis sûre que ça sonnera fantastique quand quelqu'un nous dénoncera ou que Rosier racontera tout !

Elle regretta la dureté de son ton à la seconde, dès que les visages de Marlène et Peter se décomposèrent. Elle se força à expirer lentement.

- On sait que ce n'est pas idéal, reconnut Remus, la mâchoire crispée. Mais on a fait ce qu'on pouvait... Benjy était un choix évident. Enfin, il s'est surtout porté volontaire, mais personne n'a protesté. Avec sa formation à la Brigade, il s'y connait quand même un peu...

- Mais James et Sirius ? protesta-t-elle alors que sa voix partait horriblement dans les aigus. Vraiment ? James ? Et Sirius ?

Elle n'arrivait pas à comprendre. Si Benjy faisait sens, les deux autres semblaient être un pari risqué. James n'était pas connu pour sa subtilité, et Sirius... Elle l'aimait. Elle l'aimait sincèrement, mais il fallait reconnaître que Sirius était un volcan ambulant, guidé bien plus par ses émotions que par sa raison, surtout quand il s'agissait de mangemorts. Ce n'était même plus à prouver.

- Pourquoi eux ? reprit-elle en voyant que personne ne lui répondait. Maugrey n'a vraiment pas trouvé mieux ?

- Ils ont insisté...

Elle coula un regard surpris vers Peter.

- Insisté ?

- Ouais, affirma-t-il, les yeux toujours baissés sur son assiette. Je veux dire... ils ne voulaient pas que quelqu'un d'autre s'en charge.

Remus acquiesça, et son regard sembla se perdre un instant, comme s'il réfléchissait à la meilleure façon d'expliquer ce qu'il avait compris. Elle eut une idée de ce qu'il allait dire avant même qu'il ne l'exprime.

- Ce n'est pas qu'ils voulaient sincèrement le faire. Ce n'est drôle pour personne, on a bien tous conscience de la gravité de ce que l'Ordre nous demande mais... (Il déglutit, le temps de marquer une pause). Mais je pense que... peu importe ce qu'ils font en bas... Ils savent que l'autre ne le jugera pas.

- Et qu'il le pardonnera, ajouta Peter dans un murmure.

Pas de jugement. Du pardon.

Elle en resta sans voix. Evidemment. C'était tellement... tellement James-et-Sirius comme fonctionnement. A quoi d'autre aurait-elle dû s'attendre ? L'amitié entre James et Sirius avait toujours été une expérience fascinante à contempler. De loin. De l'extérieur. Même les autres Maraudeurs ne pouvaient pas toujours s'y immiscer, alors le reste du commun des mortels ?

Ensemble, Sirius et James étaient une force, un duo inséparable dont la complicité semblait pouvoir défier le monde. Il y avait quelque chose de beau dans leur loyauté absolue l'un envers l'autre, cette capacité à se suivre les yeux fermés dans les situations les plus absurdes ou les plus périlleuses. Mais aujourd'hui, elle ne pouvait s'empêcher de voir dans cette loyauté une certaine complaisance, un aveuglement qui leur permettait d'aller toujours plus loin, de franchir des limites qu'ils n'auraient jamais tolérées chez quelqu'un d'autre. C'était ce qui les rendait si puissants ensemble, mais aussi terriblement imprévisibles.

Un nœud dans la gorge, elle s'imagina la scène dans les sous-sols : Sirius, les traits tendus, une étincelle dangereuse dans les yeux, et James, essayant de le canaliser, de maintenir un semblant de contrôle. Mais au fond, elle savait qu'il ne ferait pas grand-chose pour l'arrêter. Pas vraiment. Parce que James faisait confiance à Sirius de manière inébranlable, tout comme Sirius s'en remettait à lui pour être toujours la meilleure partie de lui-même.

- Je vois... finit-elle par souffler, interdite. Et vous ? Vous en pensez quoi ?

- Ce que je pense ? fit Marlène, l'air défait, ses doigts accrochés au pendentif autour de son cou. Honnêtement, je pense que je suis soulagée que ce ne soit pas moi en bas.

**

*

Sirius aurait voulu que quelqu'un d'autre soit en bas à sa place, mais le choix avait été fait.

Il était là, la baguette encore dans sa main tremblante et le souffle court sous le coup de l'adrénaline. Cloitré dans une semi-obscurité uniquement percé par la lueur de sort, le portrait n'avait rien de reluisant. Devant lui, Evan Rosier était assis sur une chaise sommaire, son visage pâle et fermé malgré les sorts lancés pour briser son silence. Il aurait pu tirer une certaine satisfaction de voir la chute du prince des Serpentard, mais la vérité, c'est qu'il ressentait surtout une fatigue extrême. Il n'aurait même pas su dire quelle heure il était.

A quelques pas, James ne partageait visiblement pas sa fatigue. Son meilleur ami tournait en rond comme un lion en cage et sa frustration était palpable tant ses mains s'agitaient nerveusement, comme si elles cherchaient quelque chose à faire. Benjy, plus calme en apparence, gardait quant à lui les bras croisés, et observait leur prisonnier d'un œil perçant.

- Ça ne sert à rien, déclara-t-il finalement d'un ton neutre. Il ne parlera pas aujourd'hui.

- Alors on reste jusqu'à ce qu'il le fasse, siffla James.

La réponse avait fusé, intraitable. Sirius échangea un long regard avec Benjy. Il y lut soudain la même fatigue, quoique teintée d'une résolution pragmatique sûrement acquise au fil de ses expériences dans la Brigade de Police Magique.

- Ça ne sert à rien, Potter. On le reprendra demain. S'il voit qu'on est trop pressés, il s'en servira contre nous. Autant remonter.

- Remonter ? répéta James, incrédule. Et le laisser ici ?

- Oui, répliqua Benjy avec fermeté. On ne l'a pas attrapé pour tout ruiner avec un interrogatoire mal géré. Fais-moi confiance.

De l'avis de Sirius, c'était sans doute beaucoup demandé après des heures passées dans les fondations du QG à tenter d'arracher quelques mots à un mangemort. Et James devait penser la même chose car il resta silencieux un instant, mâchoires serrées.

- Non, je vais rester encore un peu... décida-t-il brusquement.

- James...

- Je reste, je te dis.

Il soupira. Benjy, lui, se tendit.

- Potter, sérieusement. Je te demande pas ton avis. Maugrey m'a mis en charge de l'interrogatoire et...

- Seulement parce qu'il voulait pas se salir les mains lui-même.

- ... et s'il faut que te je fasse remonter avec un coup de pied là où je pense, je te jure que je le ferai, menaça Benjy. Oh et pitié, tu connais Maugrey. Si Bones et Dumbledore lui avaient pas ordonné de ne pas se compromettre, il aurait déjà passé la nuit ici à mener l'interrogatoire.

Là encore, il ne pouvait pas donné tort à Benjy. Peut-être même que si Maugrey avait eu l'autorisation de confronter Rosier, ce dernier aurait déjà craché tous les secrets de Voldemort. Et ses dents. Maugrey en aurait bien été capable.

Pourtant, ce n'était pas un manque de volonté de leur part. Ils n'avaient pas démérité. A vrai dire, il avait même découvert un nouvel aspect de Benjy Fenwick qu'il n'avait sans doute jamais vraiment pris au sérieux avant cette nuit. Jusqu'alors, Benjy avait toujours été pour lui une sorte de gendre idéal qui draguait Marlène ; un peu trop lisse ou un peu trop mélancolique selon les jours quand Gemma Ackerley hantait son regard. Mais dans cette cave sombre, sous la lumière vacillante des sorts, il avait vu autre chose.

Benjy avait mené l'interrogatoire avec une froideur méthodique qui contrastait avec son image habituelle. Il avait choisi chaque mot, chaque question, avec une précision qui révélait une expertise que Sirius ne lui soupçonnait pas. Quand Rosier avait tenté une provocation, un sourire narquois au coin des lèvres, Benjy ne s'était pas laissé déstabiliser. Son regard s'était simplement fait plus dur, ses réponses plus coupantes.

Il avait ressenti un étrange mélange d'admiration et de malaise face à cette version de Benjy. D'un côté, il respectait l'homme pour sa maîtrise, pour cette capacité à rester imperturbable face à un mangemort notoire. De l'autre, il ne pouvait s'empêcher de se demander ce que cela coûtait à Benjy. Avait-il toujours été ainsi ? Ou bien cette guerre l'avait-elle sculpté, polissant ses angles jusqu'à ne laisser qu'un professionnel déterminé et impitoyable ?

Surtout, les rares moments où il avait croisé son regard, il y avait perçu autre chose encore : une lassitude presque palpable, celle de quelqu'un qui en a déjà trop vu, trop fait. Cette fatigue que Sirius ressentait lui-même parfois, mais qu'il refoulait sous une couche d'insouciance factice. Benjy, lui, ne semblait pas essayer de la masquer.

Et peut-être que c'était ça qui l'avait frappé le plus. Pas sa froideur, pas son pragmatisme, mais cette lassitude. Benjy n'était pas un Maugrey, pas un homme qui vivait pour le combat ou l'adrénaline. Non, Benjy faisait ce qu'il faisait parce qu'il pensait qu'il n'y avait pas d'autre choix. Qu'il le devait sans doute à Gemma. Et c'était précisément pour cette raison qu'il était si bon dans ce rôle : parce qu'il n'en tirait aucune satisfaction.

Sirius finit par se râcler la gorge, mal à l'aise.

- Très bien, on ne va pas y passer trois heures, lâcha-t-il finalement d'un ton prudent. Tu sais quoi ? Donne-nous cinq minutes, et je le fais remonter. Parole de scout.

Il désigna James d'un signe de tête et leva trois doigts, l'air faussement innocent. Benjy le regarda, incrédule, avant de rouler des yeux.

- T'as jamais été scout un seul jour de ta vie, Black.

- Certes, mais je suis convaincu que j'aurais été un excellent scout, répliqua-t-il avec un sourire narquois.

- C'est ça. Un scout insupportable, oui...

Défait, Benjy haussa malgré tout une épaule, se dirigea avec une résignation mêlée d'agacement vers l'escalier.

- Tu sais quoi ? Très bien, fais comme tu veux, finit-il par céder. Gère ta deuxième copine si ça t'amuse. Mais si j'apprends que vous avez touché à Rosier avant que je revienne, je vous promets que ce n'est pas de Maugrey que voudrez avoir peur. Quant à lui...

Arrivé à la première marche, il lança un regard sarcastique à leur prisonnier, toujours solidement attaché à sa chaise.

- J'espère qu'il apprécie le confort de cette chaise. Parce que ces sorts-là ? Ils te tiennent mieux qu'une cellule d'Azkaban. Pas vrai, espèce de troll ?

Evidemment, seul le silence lui répondit, mais Benjy ne s'en formalisa pas. Il se contenta de se retourner et Sirius le suivit des yeux jusqu'à ce que sa silhouette massive s'évanouisse. Puis, par instinct, il retourna son attention vers Rosier derrière sa barrière magique sophistiquée.

Il devait bien l'avouer : les sortilèges tissés par Podmore et renforcés par les frères Prewett étaient une œuvre d'art. Impénétrables, insonores, et invisibles au-delà de leur opacité. Même si Rosier parvenait à se libérer de ses liens magiques, il se heurterait à la barrière comme un insecte contre une vitre.

- Toujours aussi impressionnant, bordel, murmura-t-il en s'approchant légèrement, traversé par l'envie de tapoter la barrière pour voir l'effet que ça ferait.

Il s'en garda bien de peur de se prendre une décharge magique qu'il lui ferait perdre son bras. Il avait assez de Dorcas en unijambiste. De l'autre côté, Rosier, flou et immobile derrière la barrière, ne pouvait évidemment ni entendre ni répondre. Pourtant, l'air suffisant qu'il affichait était toujours perceptible, comme s'il cherchait à leur rappeler que, malgré tout, il n'avait pas encore perdu. Il en fut agacé immédiatement et décida de lui tourner le dos.

- Bon, fit-t-il en reportant son attention sur James. Oublions deux secondes ce con prétentieux. Maintenant, c'est toi et moi, Cornedrue. T'as cinq minutes. Qu'est-ce qui se passe ?

- Hum ?

- Oh pitié, fais pas semblant de pas m'entendre.

D'un pas traînant, il se rapprocha de James et tenta de croiser son regard. Malheureusement, celui de ce dernier restait obstinément sur Rosier.

- James... soupira-t-il. Je déteste l'admettre, mais tu sais qu'il a raison. Arrête.

- Quoi ?

- Que Benjy a raison, je veux dire. Il ne parlera pas tout de suite. Ça va se jouer sur plusieurs jours, on perd notre temps là.

James lui décocha une œillade noire.

- Ah parce que maintenant tu prends le parti de Benjy ? fit-il, acerbe.

- Ce n'est pas prendre son parti, ça n'a rien à voir. C'est juste... Il a raison, voilà, point. Regarde-toi. Regarde-nous. On n'en peut plus, Cornedrue. Si tu continues, tu vas juste faire une connerie et crois-moi je suis le spécialiste pour ça. C'est pas agréable.

Le Manoir Malefoy version n°1 – la fête de fiançailles de Cissy, pas le sauvetage de Nymphadora – restait encore bien vivace dans son esprit. Face à lui, James ouvrit la bouche pour répliquer, mais il ne lui laissa pas le temps.

- Et puis, soyons honnêtes, ajouta-t-il précipitamment. Si tu veux pas remonter, c'est pas à cause de Rosier.

Aussitôt, James se figea, et Sirius sut qu'il avait touché juste.

- N'importe quoi, je...

- C'est à cause de Lily.

- Non ! Enfin pas vraiment... Rah ! Sérieusement ? Tu veux vraiment qu'on parle de ça ? Maintenant ?

Il haussa une épaule, nonchalant.

- Allez, Cornedrue, pas à moi. Si tu veux que je joue au psy de service à la place de Remus pour une fois, je veux au moins un peu de matière à analyser.

- Il n'y a rien à analyser, s'entêta James, buté.

- Sûr de ça ? J'étais persuadé que t'avais décidé de t'enterrer ici pour éviter ta femme enceinte pourtant...

Son ton ironique parut enfin faire sortir James de sa contemplation de Rosier. Cette fois, il le regarda bien en face et ne se détourna pas.

- Je n'évite personne, contra-t-il, les épaules tendues.

- Bien sûr que si, insista Sirius. Depuis quelques jours, t'as ce truc... ce truc que tu fais quand tu sais qu'elle est en colère et que tu veux pas gérer.

- Mais évidemment ! Elle m'en veut parce que je veux la protéger ! explosa James, incapable de contenir sa frustration plus longtemps. Et ça m'énerve. Voilà !

- Jusque-là, compréhensible. Je dirais même que c'est du déjà-vu.

- Très drôle.

Il secoua la tête.

- Non, mais je suis sérieux. Lily est la personne la plus brillante et la plus bornée que je connaisse. Tu croyais vraiment qu'elle allait accepter de rester en arrière sans se battre ? Et sans protester ?

- Evidemment que non, mais... Bon sang, tu lui as dit aussi ! On lui a tous dit le soir du réveillon avant de partir dans les tunnels. Londubat, Fabian, Dorcas ! Elle ne pouvait pas venir. Ce n'était pas contre elle, c'était la même chose pour Alice !

- Mais c'est toi son mari. Donc c'est à toi qu'elle en veut.

- Génial, ça ! s'exclama James, la voix dégoulinant de sarcasme. Qu'est-ce que je suis censé faire alors ? La laisser se mettre en danger ?

- Non, évidemment que non. Mais tu pourrais peut-être lui parler au lieu de l'éviter comme...

- Comme quoi ? Vas-y !

- J'allais dire comme un lâche, mais...

Mais le mot était lâché. Indigné, James ouvrit la bouche, puis la referma, et ses yeux lancèrent des éclairs derrière ses lunettes. Pendant un instant, il crut qu'il allait lui envoyer un sort. Et franchement, qui aurait pu lui reprocher ? Oh regardez-le avec ses grands discours. Dorcas en aurait hurlé de rire si elle avait été là pour l'entendre, surtout après leur conversation au chevet d'Alexia inconsciente qui lui reprochait son manque de communication depuis près d'un an.

- En toute amitié, Patmol. Va te faire voir, lâcha finalement James.

Très bien, il l'avait peut-être un peu mérité celle-ci. Il leva les mains en signe d'excuse.

- Pardon, c'était pas...

- C'était exactement ce que tu voulais dire.

- Non, ce que je voulais, c'était que t'ailles parler à Lily. Elle est enfermée dans son atelier de potion à l'autre bout de la maison et à broyer du noir depuis deux jours.

- Techniquement, elle prépare du veritaserum pour ce « con prétentieux ». Dixit toi.

Du pouce, James désigna la barrière de protection magique derrière. Rosier ne bronchait plus, sûrement encore hagard après leur interrogatoire, et il n'osa pas lui jeter un coup d'œil. Il n'était pas sûr de le supporter l'esprit clair, dépourvu de l'adrénaline qui l'avait porté tout à l'heure. Il se contenta de contempler James, un sourcil haussé. Ils savaient très bien tous les deux que Lily pouvait très bien préparer des potions et broyer du noir en même temps. Elle était talentueuse. Et multi-tâche.

Les épaules de James s'affaissèrent.

- Elle comprend pas, Patmol, murmura-t-il au bout de quelques secondes. Tout ce que je veux, c'est qu'elle soit en sécurité. Et le bébé aussi.

- Bien sûr qu'elle comprend, idiot. C'est Lily. Elle comprend tout. C'est ça qui la rend furieuse, justement.

- Ouais...

- Va juste lui parler, James, sérieux. Rester là sert à rien.

Lui-même n'avait qu'une envie : revoir la lumière du jour. Et prendre une douche. Et peut-être même dormir. Mais il ne pourrait pas le faire tant que James ne déciderait pas de remonter. Il attendit donc, silencieux, et vit littéralement la résolution fondre du regard de James doucement... Puis, il se passa une main dans les cheveux,

- C'est bon, je vais remonter, céda-t-il à voix basse.

- Merlin, merci ! Fais-moi plaisir : essaie juste de pas te faire tuer par ta femme.

- Très drôle.

Le rire qui suivit, même faible, trahissait malgré tout un léger amusement. Juste comme ça, il fut rassuré. James était déjà passé à autre chose. James ne lui en voulait pas. Comme d'habitude. Cette constatation dénoua le nœud dans son estomac et ils remontèrent ensemble, l'un derrière l'autre.

Le QG était étonnement silencieux. Il se demanda si Benjy était reparti ou s'il se trouvait quelque part à les maudire, mais il n'allait pas aller le chercher pour le savoir. Il abandonna James sur le pallier, non sans une dernière tape dans le dos, puis se dirigea vers sa chambre au deuxième étage.

La porte était entrouverte. Étonné, il ralentit. Ce n'était pas sa chambre à proprement parlé puisqu'il ne vivait pas au QG à temps plein. Il la partageait avec Benjy ou n'importe quel autre membre qui en avait besoin pour une nuit, mais il ne voyait pas qui aurait pu y rester en ce moment. A moins que Benjy ne soit effectivement pas reparti...

Méfiant, il posa une main sur sa baguette avant de pousser doucement la porte. Et il la vit.

Assise sur le bord du lit, vêtue d'un pull un peu trop grande pour elle – son pull avec inscrit « j'aime le chocolat noir comme mon âme » à vrai dire –, Alexia releva la tête à son entrée. Ses cheveux encore humides retombaient juste au-dessus de ses épaules et elle lui fit un sourire espiègle en le voyant. Il se figea.

- Alexia... murmura-t-il, la voix étranglée.

- Eh... Surprise ! Et bonne année, je suppose. Mais je l'ai déjà fait à Peter, j'aurais dû te trouver une phrase d'accroche à toi aussi...

Il l'écouta à peine. Tout ce qu'il voyait, c'était qu'elle était là, bien vivante. Elle respirait, elle parlait. Certes, elle semblait encore fragile, ses traits légèrement tirés, mais ce n'était rien comparé à l'image obsédante qu'il avait gardée d'elle, alitée et inerte à l'hôpital.

Sans réfléchir, il franchit la distance qui les séparait en quelques pas rapides. Avant qu'elle ne puisse réagir, il la serra contre lui avec une force presque désespérée. Il y mit tant d'élan qu'elle laissa échapper un « oh » surpris, mais il ne ralentit pas pour autant. Il la souleva du lit comme si elle ne pesait rien – et honnêtement c'était presque le cas – et enroula fermement ses bras autour de sa taille. Alexia se retrouva suspendue dans les airs une seconde avant que leur corps ne rentre en collision et, après un instant de surprise, elle laissa échapper un petit rire avant de passer ses mains autour de sa nuque. Déséquilibré, il se stabilisa avant d'enfouir son visage dans le creux de son épaule.

- Merlin, Alex... Comment... quand est-ce que t'es sortie ?

- Ce matin, souffla-t-elle près de son oreille. Ils ont dit que j'étais assez stable. Je suis revenue il y a une heure à peine...

- Une heure ?

- Hum... J'ai pris le petit déjeuner avec Marlène, Remus et Pete. Et puis je suis monté t'attendre ici...

Il expira une longue respiration, l'esprit embrumé, puis s'écarta légèrement. Une heure. Il avait passé des semaines à veiller à son chevet, à s'inquiéter de son réveil, à espérer ce moment précis, et pourtant, elle était là depuis une heure, et il ne l'avait même pas su.

- Alex... murmura-t-il. Je suis désolé...

- De quoi ? répliqua-t-elle. D'avoir été en mission ? Tu ne pouvais pas savoir que je sortirai aujourd'hui... Même si... enfin, je crois que je ne préfère pas savoir pour Rosier, je...

Son expression se contracta en une grimace hésitante et il réalisa brusquement, un goût de cendres dans la bouche. Une heure qu'elle était là, revenue à la vie normale, et lui, où était-il ? Enfermé dans une pièce obscure avec James et Rosier, à jongler entre les sorts d'intimidation et une colère mal contenue. Et soudain, ça le frappa. Est-ce que, finalement, ce n'était pas l'histoire de leur couple depuis un an ?

Le cœur frénétique, il la reposa doucement sur le lit, mais resta accroupi devant elle, ses mains glissant de sa taille pour se poser sur ses genoux. Il déglutit. Dans un écho lointain, il entendit la voix de Dorcas dans la chambre d'hôpital. « Toi et moi, on a toujours été doués pour refouler les trucs. On rigole, on plaisante, et on se bat. On pourrait très bien faire que ça. Alexia... elle n'est pas comme nous. Il lui faut plus ».

Merlin... Tout en lui détestait l'idée, mais il venait pourtant de dire exactement la même chose à James. Quel hypocrite il faisait. Dorcas avait raison : Alexia avait besoin de plus. La seule fois où il s'était autorisé à le lui accorder, ça avait été à son anniversaire en lui offrant la bague d'Euphemia. Mais elle venait de faire d'exploser contre Dorcas et lui hurler dessus que l'Ordre prenait trop de place entre eux. Pour une fois, il voulait que ça vienne de lui...

- Princesse, je suis désolé, répéta-t-il, la voix rauque. Désolé pour toutes les fois où je n'étais pas là, pour toutes les fois où je n'ai pas su... parler. C'est juste que... parfois, je... je sais pas comment te dire ce que je ressens sans foutre tout en l'air.

- Sirius...

- J'ai jamais su, ok ? Je pense que c'est assez évident, mais les émotions, ce n'était pas vraiment le fort à Square Grimmaurd... Et les peu de fois où j'ai essayé avec Reg...

- Ca a empiré les choses, comprit Alexia dans un souffle.

Il hocha la tête.

- Je vois... Merci de me l'avoir dit. Je sais que... c'est déjà beaucoup. Pour toi. Et je comprends, vraiment, je le savais dès le début...

- Mais l'Ordre a changé les choses...

- Pas mal de choses, oui. Mais je crois qu'on ne peut pas y faire grand-chose... Je ne peux pas te demander d'abandonner l'Ordre. Plus maintenant.

Non, elle ne pouvait pas. Ça aurait été tourner le dos à ses idéaux, à cette rage froide qui brûlait encore en lui en pensant à toutes les personnes qui lui avaient pris Regulus. C'était abandonner la seule chose qui lui donnait un sens, une direction. Mais, plus encore, c'était laisser derrière lui James, Remus, Peter...

Et ça, il n'en était pas capable.

Il inspira profondément avant de relever les yeux vers Alexia. Elle le regardait avec cette patience douce, mais teintée d'une tristesse qu'elle s'efforçait de dissimuler. Elle comprenait, il le savait. Mais cela ne rendait pas les choses plus faciles.

Un silence lourd s'installa, seulement troublé par le bruit lointain des marches qui craquaient quelque part au QG. Il fouilla dans sa poche, nerveux, et en sortit la fine chaîne argentée qu'il gardait dans sa poche depuis un peu plus d'une semaine.

Il ouvrit le fermoir, libérant la bague qui y était accrochée. Elle scintillait faiblement dans la lumière tamisée de la pièce alors qu'il la levait devant Alexia.

- Je l'ai gardé pour toi... Si tu veux toujours la récupérer... ?

Et s'il ne se jetait pas dans le vide avec cette question, il ne savait pas ce qu'il faisait... Heureusement, Alexia acquiesça et prit la bague avec précaution avant de la glisser à son doigt. Il respira un peu mieux.

Leur promesse tenait toujours. La promesse d'une nouvelle année. 

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Verdict ? ^^

Pas de teaser pour le prochain chapitre pour la simple et bonne raison que... je suis arrivée au bout de mon avance haha ! J'essaye d'écrire la suite avant deux semaines, on croise les doigts ! Je vous tiens au courant de toute façon. 

Et gardez les yeux ouverts, normalement je poste le concours de créations de noël cette semaine ! 

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