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Tome IV - Chapitre 14 : Prisonnier d'une vie

Hello ! Me revoilà pour un nouveau chapitre. Je le poste aujourd'hui parce que je ne vais pas être dispo cette semaine, je m'envole pour Séville demain ! Trop contente d'être enfin en vacances haha

Alors petit disclamer : vous allez avoir une scène en flashback dans ce chapitre, tout en italique. Je SAIS que je me suis inspirée d'une fanfic en anglais. J'ai piqué des idées dedans, elles ne viennent pas de moi, ça j'en suis certaine... Mais alors j'ai dû la lire y'a des années et je ne la retrouve pas. Si jamais ça me revient, je la mettrai bien évidemment en commentaire mais voilà. Souvent, mon cerveau retient très bien les idées que j'adore, c'est effrayant, et je fais attention à ne pas les utiliser. Là... j'ai craqué. L'idée rendait trop bien, je voulais la retranscrire en français donc j'ai fait une entorse à ma règle, mais voilà je l'assume complètement. 

Bon et sinon autre info... Ca y est. Je l'ai écrit. Le chapitre que je redoutais tant. Cette semaine, j'ai écris la mort de Regulus et j'ai fini pratiquement en larmes sur mon ordinateur, même si étrangement l'émotion est restée enfermée un long moment. J'avais juste cette sensation de lourdeur, cette boule au ventre... Et puis Perri m'a envoyé son vocal pour me donner son avis et elle a commencé en disant que ça faisait neuf ans qu'elle lisait Reg sous ma plume. Et là, ça m'a frappé. Ca fait dix ans que ce personnage m'accompagne, je m'y suis tellement attaché. Mais je savais aussi depuis le début que je le ferai arriver dans cette caverne... Regulus Black était voué à mourir mais avant je voulais lui rendre hommage en révélant qui était R.A.B, ce gamin de dix-huit ans qui a été la première pierre de la résistance contre Voldemort sans que personne ne le sache. Et ça a été un honneur de l'écrire ! 

Allez je m'arrête là ou je vais pleurer encore une fois. On reprend là où on s'était arrêté la semaine dernière, à savoir l'enlèvement d'Andromeda. Merci à tous pour vos retours en tout cas ! 

Et sur ces bons mots, je vous retrouve en bas ! 

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Chapitre XIV : Prisonnier d'une vie

Les notes de piano s'élevaient, mécaniques. Regulus avait à peine conscience de faire courir ses mains sur les touches noires et blanches et il appréciait la sensation de ne penser à rien, pas même la partition devant lui qu'il connaissait presque par cœur depuis ses douze ans. Le monde paraissait ralentir enfin après des jours de frénésie.

L'enterrement avait été le plus éprouvant. Des dizaines et des dizaines de personnes s'étaient pressées à Londres pour rendre hommage à Orion Black et il avait dû les accueillir une à une à l'entrée du cimetière, tête haute, alors que ses jambes le portaient à peine. Tu es un des chef de famille désormais, lui avait rappelé grand-père Arcturus, c'est ton rôle. Il avait hoché la tête et serré les dents, prétendant ne pas entendre les sanglots étouffés par un voile noir de sa mère à quelques mètres. Soutenue par tante Lucretia, elle venait de voir le cercueil de celui qui avait partagé toute sa vie enseveli, avalé par la terre. A croire que même la mort ébranlait Walburga Black finalement.

Regulus, lui, avait retenu ses larmes pour sa chambre. Seul Kreattur en avait été témoin le soir alors qu'il lui apportait une tasse de thé et il était resté avec lui, silencieusement dans un coin de la pièce, comme s'il voulait se fondre dans les murs de Square Grimmaurd pour ne pas se faire chasser. Il l'avait laissé rester sans oser admettre que sa présence le réconfortait un peu. A plusieurs reprises, il avait songé à bouger les aiguilles de la montre à son poignet et appeler Marlène. C'était physique, quelque chose dans sa poitrine l'y poussait. Mais il s'était retenu : ça aurait été dangereux de s'échapper de Square Grimmaurd au moment où toute la famille faisait des allers-retours et il s'était donc contenté de serrer dans son poing le faux médaillon de Serpentard à s'en faire mal. Ça allait faire presque un mois qu'ils ne s'étaient pas vus...

Les étoiles sont en train de s'éteindre. Même encore maintenant, la prédiction de la voyante lui retournait l'estomac et sa main dérapa sur le piano, produisant une note disgracieuse dans la mélodie.

- Etonnant... je croyais que tu la connaissais sur le bout des doigts ?

Lesdits doigts se figèrent, suspendus au-dessus des touches. Il releva la tête pour voir Narcissa entrer dans la pièce, vêtue d'une élégante robe noire à boutons sur le devant. Tout le monde ne portait que du noir en ce moment de toute façon.

- Je manque d'entraînement, c'est tout... Ça va mieux ?

Elle se laissa tomber dans un beau fauteuil ouvragé – cadeau de mariage de ses beaux-parents – et la lumière hivernale qui passait à travers les larges baies-vitrées du Manoir Malefoy éclaira son teint pâle. Elle grimaça.

- Un peu... Je prends les potions que mon guérisseur m'a donné pourtant, mais la nausée ne veut pas passer. (D'un geste délicat, elle porta la main à son ventre encore plat). Après, ce n'est que le deuxième mois, il a dit que c'était normal et ça passera au second trimestre.

- Tant mieux...

Il ne savait pas vraiment quoi répondre. La voyante pouvait avoir prédit que les étoiles s'éteignaient, mais elle n'avait clairement pas prévu qu'une nouvelle s'ajouterait bientôt à leur constellation. Enfin, une nouvelle... C'était relatif. Il supposait que l'enfant serait un Malefoy. Moitié Black évidemment, mais qui se souciait de l'héritage des femmes dans cette famille ?

- Tu ne connais toujours pas le sexe ? demanda-t-il, plus pour faire la conversation qu'autre chose.

Il se remit à jouer en même temps et le soupir de sa cousine fut noyé sous la musique.

- Non... Je n'en peux plus d'attendre. Lucius me demande tous les jours. Mais il faut un peu plus de temps. Par Salazar, j'espère que ça sera un garçon...

- Quoi ? Tu ne veux pas trois filles pour jouer à les habiller en poupée ?

Sa note de sarcasme lui fit valut une œillade désabusé. Il savait que, comme lui, Narcissa se souvenait des heures passer à prétendre être mère de famille du haut de ses neuf ans, trimballant sa collection de poupées en porcelaine partout.

- J'ai grandi, rétorqua-t-elle en guise d'explication. Et je ne veux pas finir comme ma mère, merci bien. Un accouchement me suffira... Il me faut juste un héritier pour ça. (Sa voix se fit plus douce, plus rêveuse). Un beau petit garçon aux cheveux blonds.

- Beau projet. Mais pas de remplaçant ? Fais attention, on ne sait jamais si on va avoir besoin du plan de secours.

- Oh je t'en prie !

La perspective parut l'horrifier et il se détourna pour se concentrer sur la partition, amer. Dans le monde parfait de Narcissa, il n'y aurait pas de Sirius. Ni d'Andromeda. Elle n'aurait pas besoin de plusieurs essais, ni de garde-fou. Elle ne déformait pas son corps et ne fractionnerait pas son attention. Elle ne laisserait pas un enfant se sentir de trop, être celui qui passait après, celui qu'on écoutait pas car plus jeune. S'il partageait bien quelque chose avec elle, c'était ça. Narcissa et Regulus, les petits-derniers. Alors même qu'elle était pourtant plus âgée que Sirius, elle avait toujours été perçue ainsi et il savait qu'il n'était le seul à en avoir créé de la rancœur. Simplement, Cissy savait mieux dissimuler que lui ses émotions sous un rouge à lèvres vermeille et une jolie tenue impeccable.

Il s'apprêtait à tourner la page de sa partition lorsque la porte du salon s'ouvrit. Il manqua d'en tomber de son tabouret en voyant Bellatrix entrer, ses talons martelant le sol... et la main agrippée à celle d'une enfant.

- Qu'est-ce que... ?

- Oh mille gargouilles, Bella ! s'exclama Narcissa en se redressant.

Il cessa immédiatement de jouer. Le silence fut tonitruant.

Tous les trois répartis à différents points de la pièce, ils se fixèrent dans un triangle étrangle, étonnement immobile. Regulus laissa son retard tomber sur la fillette que Bellatrix tenait toujours par la main. Très jeune, elle ne devait pas avoir plus de six ans et avait un visage en forme de cœur mangé par deux grands yeux bruns. Ses cheveux, tout en boucles sombres, lui donnaient une ressemblance troublante avec Bellatrix comme elles se tenaient côte à côte. Regulus sentit son cœur louper un battement. Non, elle ne ressemblait pas à Bellatrix... Elle ressemblait à un visage presque oublié, depuis longtemps brûlé sur les fils de la tapisserie. Un visage qui avait un jour été le portrait de celui de Bellatrix mais dont le nom avait été bannie depuis.

- Est-ce que c'est... ? articula Narcissa, blême.

- Ah parfait, vous êtes tous les deux là, se réjouit Bellatrix en un rictus qui lui arracha un frisson. Une petite réunion de famille s'imposait.

D'un geste indolent, elle poussa la petite fille devant elle. L'enfant trébucha, les lèvres tremblantes, et Regulus se rendit compte qu'elle avait les yeux rouge, remplis de larmes.

- Cissy, Reg... Dites bonjour à Nymphadora.

- Oh Merlin, Bella, non ! Tu n'as pas fait ça !

Le prénom avait à peine pris forme dans son esprit que Narcissa avait bondit sur ses pieds. L'expression de Bellatrix ne vacilla même pas.

- Oh si je l'ai fait, revendiqua-t-elle, le menton redressé. Et crois-moi, le Seigneur des Ténèbres va m'en remercier alors arrête avec ta désapprobation. Dans ton état, ça ne doit pas être recommandé.

- Remercier ? De quoi ? D'avoir ramené une enfant dans ses rangs ?

Bellatrix se contenta de rouler des yeux.

- Ne sois pas idiote, claqua-t-elle avec agacement. J'ai un plan. Il va juste falloir patienter un peu... Mais tu vas rester avec nous sans faire d'histoire, n'est-ce pas ? ajouta-t-elle en direction de l'enfant d'un ton doucereux qui la tétanisa un peu plus.

Même de là où il était, Regulus perçut les larmes qui commençaient à déborder et son estomac se contracta un peu plus. La voix de la fillette, fluette, lui donna le coup de grâce.

- Je veux maman...

Andromeda. Il n'y avait pas de doute possible, même s'il n'avait jamais vu la fille de sa cousine, et l'agitation redoublée de Cissy balaya ses derniers doutes. La colère gronda en lui.

- Qu'est-ce qui t'as pris ? s'écria-t-il. Les Aurors sont toujours sur nos talons après le Chemin de Traverse et toi tu enlèves une gamine pour le plaisir ?

- Pour le plaisir ? Tu n'écoutes pas ce que je dis, Regulus ? J'ai un plan.

- Un plan qui nécessitait de mettre un peu plus les Aurors et la Brigade sur notre piste ? Tu crois qu'ils ne vont pas la chercher ?

Le visage de Bellatrix demeura de marbre.

- Mais j'espère bien qu'ils vont la chercher. Et plus ils la chercheront, moins ils auront le temps de se pencher sur d'autres choses... asséna-t-elle avec confiance. Ils ne pensent déjà plus à nous pour le Chemin de Traverse maintenant qu'ils ont fait un coup de filet historique sur les lycanthropes et tu vas voir qu'ils vont se détourner aussi de notre autre « projet ».

- Projet ? Quel projet ? voulut savoir Narcissa.

- Rien qui te concerne, Cissy, ne t'en fais.

Narcissa pinça les lèvres. Mise en retrait la plupart du temps, il voyait que ça la frustrait de plus en plus, mais elle ne chercha pas à insister. Une main posée contre son ventre, elle se détourna avec un soupir pour aller s'agenouiller devant Nymphadora. Il garda lui-même le silence, mal à l'aise. Il avait vaguement entendu parler de ce fameux « projet » que tramait certains mangemorts. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il y avait un lien avec le Département des Mystères.

- Très bien, et donc ce plan ? relança-t-il avec impatience. Qu'est-ce que la petite vient faire là-dedans ?

- A ton avis. Tu crois que les Aurors vont être les seuls à sa recherche ?

La réalisation le frappa.

- L'Ordre ? dit-il, figé.

- Les attaques frontales ne fonctionnent pas. Il est temps de passer à une autre... méthode. Le Seigneur des Ténèbres m'a donné carte blanche.

Il veilla à garder une expression neutre. Mille gorgone, le Seigneur des Ténèbres savait-il seulement ce que donner « carte blanche » à quelqu'un comme Bellatrix revenait à faire ? C'était libérer une force brute, imprévisible... Mais c'était sûrement ce qu'il espérait justement.

- Alors c'est ça ton idée ? Agiter une gamine comme appât ?

- Tu verras bien, petit cousin, esquiva-t-elle, cryptique. Mais il y en a un qui viendra à coup sûr la chercher... et à ce moment-là, je ne louperai pas cette fois-ci.

L'éclat dans les yeux de Bellatrix lui arracha un frisson. Sirius. D'un coup, il comprit mieux la situation. Ce n'était ni plus ni moins qu'une vengeance. Bellatrix portait peut-être le Seigneur des Ténèbres plus haut que tout, mais elle avait été martelée avec le même mantra qu'eux tous : la famille avant tout. C'était là sa différence avec Bellatrix. Il n'avait pas oublié son ordre de priorité, lui.

Mais même si sa cousine avait fini par faire passer la cause des mangemorts en premier, cette idée restait ancrée en elle et c'est pour cela que l'enlèvement de Nymphadora était personnel. Sirius et Andromeda avaient osé défier les Black. Ils avaient osé la défier, elle. L'ainée de leur génération. Celle qui aurait pu être l'héritière si ce monde n'était pas un monde d'hommes. Bellatrix avait enfin goûté au pouvoir : elle savait plus que jamais de quoi elle était capable et elle avait visiblement décidé qu'il était temps pour Sirius de le savoir aussi.

L'appréhension lui tordit le ventre.

- Je dois y aller, je n'ai pas le temps pour faire du babysitting, décréta-t-il en feignant l'ennui.

- Comme tu veux. Mais ne t'éloignes pas, petit cousin. Les choses peuvent s'accélérer vite.

- C'est ça...

Alors qu'il sortait du salon, laissant Narcissa toujours agenouillée devant la petite Nymphadora, sa résolution céda. Il avait besoin de la voir. Sans cesser d'avancer vers la sortie, il détacha sa montre de son poignet pour y régler son signal. Maintenant.

**

*

Il neigeait le temps qu'il arrive au Chaudron Baveur. Le mois de décembre s'était définitivement installé sur Londres et il rentra dans la chambre d'hôtel, les mains glacées malgré ses gants. Marlène était déjà là.

- Reg ! s'exclama-t-elle aussitôt en le voyant. Est-ce que tout va bien... ?

Elle traversa la pièce en quelques enjambées, inquiète. Il eut juste le temps de lui ouvrir les bras avant qu'elle ne s'agrippe au devant de sa cape, observant son visage avec attention. Il la laissa faire dans un souffle soulagé.

Très bien, peut-être qu'il n'aurait pas dû autant insister pour lui donner rendez-vous. Il avait remis les aiguilles et la date du jour trois fois sur sa montre avant que Marlène n'accepte et ne change plus leur configuration. Il avait dû lui brûler la peau à force et, en écho, elle porta justement la main à sa petite montre à gousset en argent glissé à son cou.

- Ca avait l'air urgent... murmura-t-elle. J'ai réussi à me libérer, même si ça n'a pas été simple. Qu'est-ce qui se passe ?

Elle chercha dans son regard, toujours accroché à lui. A moins que ça ne soit lui qui soit accroché à elle. Dans un cas comme dans l'autre, il se retrouva incapable de trouver ses mots. Une vague d'émotions étranges lui écrasaient la poitrine.

- Oh Reg...

Il déglutit. Il ne savait même pas par quoi commencer : la pression qui grandissait dès qu'il contemplait la copie de ce foutu médaillon, le corps de son père face contre terre, la silhouette de sa mère qui errait dans Square Grimmaurd comme un fantôme, la fillette recluse au Manoir Malefoy... ? Tout devenait un peu trop lourd à porter.

- Je suis désolée, souffla alors Marlène face à son silence. J'ai appris pour ton père... Mais comme tu n'avais pas demandé à me voir, je me suis dit que tu voulais rester en famille et je...

- Ce n'est pas grave. T'as eu raison.

- Oh...

S'il se mettait à parler de son père, il n'était pas sûr de tenir le coup. Gêné, il se détacha d'elle pour enlever sa cape, puis la contourna pour venir s'installer sur le bord du lit, tête basse. Marlène le rejoignit prudemment.

- Je ne veux pas en parler... marmonna-t-il, les yeux fixés droit devant lui. S'il te plait, je ne veux juste pas en parler...

- Comme tu préfères...

- On peut juste... parler d'autres choses. Change-moi les idées, vas-y, n'importe quoi.

Vraiment, il aurait tout donné pour retrouver l'insouciance de leurs rencontres dans leur refuge à Poudlard à dessiner sur un vieux tableau à la craie ou à réviser sur le canapé vert. Marlène glissa une jambe sous elle en se tournant vers lui, puis remonta sa main à la base de sa nuque. Le contact lui fit relâcher un souffle tremblant.

- N'importe quoi, hum ? T'es sûr que tu veux entendre parler des clients insupportables chez Madame Guippure ? Ou Dorcas qui est infernale à vivre à cause de sa jambe ?

Il en aurait presque oublié l'attaque sur le Chemin de Traverse il y a trois semaines.

- Comment elle va... ?

- Elle se remet. Mais elle est toujours immobilisée et ça la rend dingue, mais elle en profite pour jouer la princesse et nous demander d'aller lui chercher toutes ses affaires. Mais oui... Le Chemin de Traverse... disons que ça a fait pas mal de dégâts.

Il laissa échapper un rire désabusé.

- Si ça peut servir de consolation, l'Ordre n'est pas le seul à avoir subi un revers. De notre côté aussi. Tu me diras, c'était mérité. Rien n'était coordonné ni organisé.

- Quoi ? Mais Tu-Sais-Qui... ? Il était là et...

Il retint un geste impatient – il ne voulait pas qu'elle enlève sa main – mais ce surnom pour le Seigneur des Ténèbres en était venu à l'agacer.

- C'est parce qu'il était là que ça a dégénéré, jugea-t-il d'une voix dure. La folie des grandeurs à vouloir s'attaquer à la rue la plus importante de notre monde, ça a un coût. Surtout quand on y jette toutes ses forces de lycanthropes alors que les Aurors peuvent débarquer dans la seconde.

Du coin de l'œil, il vit Marlène hausser un sourcil. Le mouvement à la base de ses cheveux cessa.

- Regulus Black ? Est-ce que c'est une critique des mangemorts que j'entends ? fit-elle avec une pointe d'espoir.

- Pas exactement une critique...

- Reg.

Il soupira.

- Je ne me suis jamais caché sur mes opinions, surtout pas devant toi, entonna-t-il lentement. Je crois aux traditions, aux valeurs que ma famille m'a données, à la force de la magie... Le Seigneur des Ténèbres a sûrement repoussé ses limites plus que quiconque, Dumbledore inclus. Mais... il y a une manière de faire. Une manière qui ne détruit pas le Chemin de Traverse ni Ste-Mangouste. Peu importe si ce sont des sang-purs ou des nés-moldus qui s'y trouvent...

Marlène contempla ses mots en silence. Il y avait une lueur dans son regard, même s'il ne savait pas l'interpréter, et elle finit par venir poser sa tête contre son épaule, l'air fatigué.

- Il t'en aura fallu du temps... souffla-t-elle.

- Peut-être... Sirius a toujours dit que j'étais un enfant lent.

Elle sourit dans son cou. Petit à petit, il sentit ses muscles se détendre en retour et il passa un bras autour de sa taille. Lové l'un contre l'autre, ils se complaire dans le silence, même s'il sentait bien que Marlène cherchait ses mots depuis un moment. Il lui laissa le temps, son propre esprit trop embué pour la presser.

- Tu sais, en parlant d'enfant... finit-elle par souffler. Je peux te dire quelque chose ?

Il tourna lentement la tête vers elle, le cœur battant. Pendant une horrible seconde, il fut persuadé qu'elle allait lui demander s'il savait où se trouvait la petite Nymphadora, même si elle n'avait théoriquement disparue que depuis une heure tout au plus.

- Oui... ?

- Fais pas cette tête, rit Marlène, se méprenant sur sa soudaine tension. Je n'allais pas t'annoncer que j'étais enceinte !

- Oh Merlin, encore heureux !

L'exclamation était sortie par instinct, mais il vit quelque chose vaciller sur son visage. Elle eut un sourire un peu tordue.

- Non, ça aurait relevé du miracle, un vrai cas d'étude pour Ste-Mangouste, railla-t-elle sans rencontrer tout à fait son regard. Non, je voulais juste partager la nouvelle avec toi, je crois... Hum... L'Ordre va accueillir des bébés d'ici l'été prochain. Et ça me parait encore dingue, mais...

- « Des bébés » ? répéta-t-il, choqué.

Elle hocha la tête. Son cœur repartit de plus belle dans une course folle et il ne put s'empêcher de lâcher la première supposition qui lui vint :

- Sirius et Cassidy ?

Marlène s'écarta de lui, étonnée.

- Quoi ? Non ! s'exclama-t-elle.

- Oh...

- Non, non, pas eux. Merlin, non. Je parlais des Londubat et surtout de James et Lily.

James et Lily... Evidemment. Il se trouva stupide, il avait oublié que Potter avait enfin épousé Evans cet été. Avoir un enfant maintenant était sans doute prématuré, mais avait déjà plus de sens que Sirius et Cassidy. Il se retrouva sans savoir quoi commenter face à cette nouvelle, incertain.

- Tant mieux pour eux, je suppose, finit-il par décréter. Ils sont complètement dingues, mais tant mieux pour eux.

- Tu trouves ? Qu'ils sont dingues ?

- Faut l'être un peu, non ? Pour fonder une famille en ce moment ?

Parce qu'en ce moment, les familles mourraient plus qu'elles ne naissaient, il était bien placé pour en savoir quelque chose. Avec un coup au cœur, il revit la vision de son père, étendu sans vie sur le tapis ouvragé de son bureau. Il se mordit l'intérieur de la joue et faillit louper à nouveau l'expression de Marlène qui vacilla.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il cette fois.

- Rien...

- Je te connais, McKinnon. Vas-y, dis-moi ce que ce que tu penses.

Tu finiras bien par le faire à un moment, se retint-il d'ajouter. En tout cas, c'était ce que l'expérience lui avait appris. C'était comme cela qu'elle l'avait embrassé pour la première fois : ses émotions étaient ressorties d'un coup et il savait qu'elle n'arrivait jamais bien longtemps à faire semblant. D'ailleurs, elle ne chercha pas à lutter et soupira avant de reculer pour s'adosser à la tête de lit, le regard vague.

- Je ne sais pas, c'est idiot... J'étais sincèrement contente pour Lily et James quand ils nous l'ont annoncé, même si je suis d'accord avec toi et les autres. On a tous dit que c'était insensé d'avoir un enfant maintenant...

- Mais ?

Elle joua nerveusement avec la chaîne de sa petit montre à gousset autour de son cou.

- Mais... mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser que ça ne serait... jamais moi, avoua-t-elle à voix basse.

- Comment ça ?

- Juste ça, c'est tout... Je l'avais déjà ressenti à leur mariage. J'étais si heureuse pour eux et la journée était magnifique, mais...

La réalisation le frappa comme un coup de cognard en plein ventre et son cœur dévala dans a poitrine.

- Mais tu aurais voulu que ça soit toi, termina-t-il.

Sa voix sonna rauque entre les murs de la chambre d'hôtel et Marlène osa enfin relever les yeux vers lui.

- Pas tout de suite ! se défendit-elle, les traits tendus. Mais oui... je me suis imaginée ce que ça ferait d'annoncer un jour à mes parents que j'allais me marier, à mes amis que j'étais enceinte... Et puis, j'ai réalisé que James et Lily pouvaient avoir tout ça. Tout. Ensemble...

- Mais pas nous.

- Reg...

Il se remit sur ses pieds, agité. Dehors, la neige tourbillonnait plus fort que jamais, emportée par le vent dans tous les sens, et il ressentait un peu la même chose à cet instant. Le peu d'apaisement qu'il avait réussi à gagner ces dernières minutes s'envolait complètement. Dans sa poitrine, un tiraillement horrible le tenaillait et il eut la sensation que la copie du médaillon dans sa poche le brûlait aussi sûrement que la Marque des Ténèbres à son bras.

- Reg... appela Marlène une nouvelle fois.

Il fit volte-face vers le lit. Recroquevillée dos à la tête de lit avec ses genoux repliées contre sa poitrine, il vit qu'elle regrettait déjà ce qu'elle venait de laisser échapper.

- Je te l'avais dit, McKinnon, murmura-t-il, la gorge serrée. Je t'avais dit que je ne pourrais pas te donner plus, que c'était à prendre ou à laisser...

- Je sais, je sais...

- Alors ne me demande pas autre chose maintenant !

- Je ne te l'ai pas demandé, Reg ! se rebiffa-t-elle. C'était juste une pensée comme ça, je ne peux pas m'en empêcher, c'est tout. Mais je sais que ce n'est pas possible, d'accord ? Je sais !

Mais savoir et accepter était deux choses bien différentes, ça aussi il était bien placé pour le savoir. Agité, il se mit à faire les cents pas dans la pièce pour éviter de sortir sa baguette et de tout retourner par pure esprit de frustration.

- Tu t'imaginais quoi ? Un enfant blond aux yeux gris, hum ? (Il sentit un sourire triste étirer ses lèvres). Tu crois que je n'y ai jamais pensé aussi ? A ça ou à la façon dont j'aurais pu te demander ta main ?

- Je ne vois même pas pourquoi on en parle... Je te dis, j'ai peut-être été envieuse sur le coup, mais je sais que je ne veux pas de tout ça...

- Tu dis ça maintenant, mais dans quelques mois ? Quelques années même, hum ? protesta-t-il. Quand ça ne sera pas juste une pensée en passant parce que Potter et Evans « ont tout », mais quelque chose que tu voudras sincèrement ?

- Arrête ! Tu ne peux pas savoir, ça...

- Si, si je peux. Parce que t'y penses déjà. Parce que tu mériterais d'avoir « tout », toi aussi : la robe blanche, le mariage, l'annonce aux familles. Et je veux que tu saches que tu peux... Il suffit de passer cette porte d'hôtel, je ne te retiendrai pas.

- Reg, t'es pas sérieux...

Elle commençait à avoir les larmes aux yeux et il se détesta de lui infliger ça, mais il voulait être certain qu'elle comprenne.

- Si, je le suis. Je le suis complètement, McKinnon. Si tu veux cette vie-là, celle que je ne peux pas te donner, alors je te laisserai partir... Je suis sûr que Benjy Fenwick te redonnerait une chance. Que tu pourrais avoir une vie normale avec lui qui ne nécessiterait pas de se retrouver une heure chaque semaine, de se cacher au Chaudron Baveur, d'avoir peur des représailles... (Il écarta les bras, impuissant). Si tu veux tout ça, alors... je te laisserai partir, oui, répéta-t-il. Et je regarderai de loin.

La dernière phrase, prononcée dans un souffle, lui arracha littéralement le cœur. Mais il le pensait sincèrement. Si c'était un sacrifice à faire pour elle, il le ferait.

Toujours assise sur le lit, Marlène pleurait désormais. Les larmes avaient débordé sur ses joues et son expression était plus fermée que jamais, à peine dissimulée par ses cheveux blonds. Elle lui jeta un regard brûlant.

- Mais Merlin, tu t'entends ? rugit-elle d'un coup. Tu crois que je suis arrivée jusque là avec toi pour tout abandonner maintenant ? Pour t'abandonner maintenant ?

- Mais je n'ai rien à t'offrir, Marlène ! Tu comprends, ça ?

- Et toi, tu comprends que cette vie-là dont tu parles je n'en veux pas si ce n'est pas avec toi ?!

Il s'en retrouva momentanément sans voix. Figé, il la regarda se lever à son tour pour venir se planter devant lui et l'agripper par le revers de sa robe de sorcier.

- J'ai essayé, d'accord ? lui rappela-t-elle d'une voix étranglée. Ce que tu décrits, là, j'ai essayé avec Benjy et ça n'a pas fonctionné parce que je ne pensais qu'à toi. Et maintenant que je t'ai retrouvé, je t'interdis de me demander d'envoyer tout valser...

- Marlène...

- Je t'en prie, me le demande pas...

Tremblante, elle le relâcha pour venir déposer sa main contre sa joue. Il ferma les yeux. Le contact lui servit de point d'ancrage et il se força à maîtriser sa respiration, repoussant son angoisse au fond de lui.

- Très bien... murmura-t-il. Pardon, je ne voulais pas...

Incapable de vraiment trouver ses mots, il ouvrit les bras et l'attira contre lui. Elle se laissa faire, s'affaissant presque dans son étreinte. Il déposa un baiser sur le haut de sa tête alors que le silence les enveloppait.

Il faisait sombre désormais dans la chambre : ils n'avaient allumé aucune lumière et la neige obstruait les fenêtres, toujours plus épaisse. Il sut qu'aucun d'eux ne repartirait avant un moment, pas avec la tempête dehors, et la seule chose qu'il ressentit face à ce constat était du soulagement. Il n'avait aucune envie de rentrer à Square Grimmaurd où rôdait la silhouette en deuil de sa mère, ni au Manoir Malefoy où Bellatrix devait consolider son plan face à l'Ordre avec les pleurs de la petite Nymphadora en fond.

L'esprit en ébullition, il sursauta presque en sentant soudain les lèvres de Marlène sur sa peau. Il baissa la tête. Elle était toujours pressée contre lui et, en voyant qu'elle avait son attention, elle se hissa sur la pointe des pieds pour atteindre sa bouche. Il se laissa embrasser, oubliant ses préoccupations.

Par instinct, ses lèvres s'entrouvrirent à leur tour et, très vite, le baiser devint plus empressé. Il prit le visage de Marlène en coupe entre ses mains, incapable de s'en empêcher : il leur voulu proche, toujours plus proche. Il retrouva dans ses veines la même exaltation qu'il avait ressenti lors de leur dernier baiser, juste avant que la fenêtre explose à cause de l'attaque du Chemin de Traverse, et Marlène devait ressentir la même chose car elle l'attira à nouveau vers le lit. Déséquilibré, il la retint, reculant d'un souffle.

- McKinnon...

Il eut conscience de faire sonner son nom comme une question. Marlène ne détourna pas le regard.

- Je sais qu'on ne peut pas avoir une vie, là, dehors... murmura-t-elle. Mais ici...

Il déglutit.

- T'es sûre... ?

- De ce que je fais ? Non, j'en ai même aucune idée, admit-elle, les joues empourprées. Du fait que je veux être avec toi ? (Elle sourit). Je crois que j'ai assez répondu à la question, vous ne trouvez pas Mr White ?

Si, effectivement... Il sourit à son tour face à son alias, celui sous lequel il avait loué la chambre. Dans un coin de son esprit, il se souvint avec gêne des recommandations de grand-père Arcturus sur la bienséance, sur le lien sacré du mariage... Des normes hypocrites qui avaient été davantage assénées aux filles de la famille, mais qu'il avait entendu toute sa vie. D'un coup, il se surprit à se rendre compte qu'il n'y accordait pas tant d'importance. Et puis, après tout, s'il était Mr White ; Marlène n'était-elle pas Mrs White ? Il décida que c'était assez conforme à la bienséance pour lui.

- Dans ce cas...

Il fondit à nouveau sur ses lèvres. Dans un gloussement compulsif, Marlène se remit alors à l'embrasser et, tous les deux, ils basculèrent sur le lit...

**

*

La tempête de neige n'avait pas cessé à l'extérieur lorsque Regulus rouvrit les yeux. Les lueurs de sort avaient été allumées sur le Chemin de Traverse et éclairaient les flocons tourbillonnants dans une lueur éthérée qui formait une sorte de halo derrière ses paupières mi-closes. Blottie contre lui, Marlène bougea sous la couverture et il se tourna vers elle. Ses cheveux blonds à moitié étalés sur son visage, elle avait pourtant les yeux ouverts aussi, un sourire au coin des lèvres. Le dit sourire s'accentua dès que leur regard se croisa et elle enfouit sa joue dans son oreiller.

- Eh, McKinnon...

- Hey...

Sa voix était étouffée, mais il était tellement proche d'elle que ça avait peu d'importance.

- Tu es sûre que... ça va ? demanda-t-il pour la troisième fois au moins.

Marlène roula des yeux en guise de réponse et se redressa légèrement. La couverture glissa pour révéler sa peau nue, mais elle la retint contre sa poitrine et il se força à garder son attention sur son visage.

- Oui, Reg, promis, assura-t-elle. Merci...

Il haussa un sourcil.

- Merci ? Pourquoi tu me remercies ?

- Je sais pas... Pour m'avoir donné ce que tu pouvais, je pense, avoua-t-elle. Parce que je veux que tu saches que c'est assez... et que tu seras toujours assez...

Merlin... Sa gorge se comprima immédiatement et il ne trouva rien à répondre. Qu'est-ce qu'il aurait pu dire de toute façon face à une déclaration pareille ? Il n'avait jamais été doué avec les mots, contrairement à elle. Mais il espérait sincèrement qu'elle savait qu'il pensait la même chose : sa présence même dans cette chambre, enfermé loin du monde auprès d'elle, en était la preuve.

Incapable de se retenir, il tendit la main pour venir frôler la montre à gousset près de sa clavicule, juste pour maintenir un contact avec elle, et il sentit un frisson la parcourir sous la couverture. Marlène le laissa faire plusieurs seconde avant de saisir sa main doucement.

- Est-ce que... ça fait mal ? lui demanda-t-elle soudain, nerveuse.

Concentré sur elle, il eut un temps de retard pour comprendre de quoi elle parlait. Puis, il suivit son regard. Il n'avait même pas fait attention, mais c'était son bras gauche qu'il avait tendu vers elle... Et les doigts fins de Marlène courait désormais à l'intérieur de son poignet, juste au-dessus de l'encre noire de sa Marque comme si elle n'osait pas franchir une frontière invisible. Il déglutit.

Ca avait été le seul moment de tension lorsqu'ils s'embrassaient tout en enlevant leurs vêtements tout à l'heure... Il avait eu un mouvement de recul, inquiet de lui en imposer la vision, mais Marlène n'avait pas cédé : elle s'était contentée de le ramener contre elle et de continuer sans rien laisser paraître. Il aurait dû deviner qu'ils ne pouvaient pas ignorer l'inévitable longtemps.

- Non... finit-il par répondre d'un ton rauque. Non, je ne sens plus rien maintenant. A part quand... il nous convoque.

- Hum...

Il était honnête. La plupart du temps, la Marque faisait juste partie de lui. Elle était faite pour se mêler à son corps aussi sûrement que son sang – un sang noir, imprégné dans son épiderme et habité par une magie ancienne que personne ne connaissait vraiment – et ne brûlait que lorsque le Seigneur des Ténèbres ordonnait sa présence.

- Et quand tu l'as... reçu ? poursuivit Marlène, les yeux toujours fixés sur le serpent et la tête de mort qui se détachaient nettement sur sa peau. Le maléfice faisait mal ?

Il se crispa. Au fond de son esprit, l'image de Gemma Ackerley flotta et Marlène parut réaliser son erreur car son regard remonta vers lui, penaud.

- Pardon, tu n'es pas obligé...

- Non, non... Hum, tu as le droit de savoir... C'est juste que... ce n'était pas vraiment un maléfice.

- Ah bon ? s'étonna-t-elle. Mais je croyais que c'était comme ça que les mangemorts faisaient apparaître la Marque ? A Sainte-Mangouste ou chez les Winger... ?

- Qui ?

- La famille de la tutrice de Lily.

- Oh...

Un poing invisible lui tordit l'estomac. Il avait entendu Jugson et les Lestrange évoquer cette femme dont il se souvenait à peine lui-même. Elle avait été présente le jour du coup à Sainte-Mangouste, mais il avait été trop mal en point pour faire attention à tout le monde, surtout que la menace principale avait été Potter et Evans. Enfin, la menace principale... Il retint une grimace. C'était certainement une question de point de vue. Sous un certain angle, il avait été la principale menace ce jour-là. Il n'avait juste pas prévu que le Seigneur des Ténèbres vienne en personne pour abattre sa colère sur l'hôpital.

- Donc ce n'était pas un maléfice ? relança Marlène, le sortant de ses souvenirs macabres.

- Hum ? Oh, non... pas tout à fait.

D'un geste absent, il frôla sa Marque, le cœur battant. Sainte-Mangouste s'effaça de sa mémoire pour laisser place au Manoir Lestrange... le jour où le corps sans vie de Gemma Ackerley s'était effondré sur un tapis ouvragé. Il neigeait aussi ce jour-là.

Il ouvrit la bouche pour raconter, engourdi.

« - Bienvenu dans nos rangs, petit cousin.

La voix chantante de Bellatrix envoya un souffle glacé sur sa nuque alors qu'elle posait une main sur son épaule derrière lui. Autour d'eux, la salle reprit vie, mais il avait l'impression d'être devenu insensible à l'agitation extérieure. Il ne fit en tout cas pas un geste lorsqu'Evan Rosier et son père emmenèrent le corps de Gemma Ackerley, ni quand les pleurs étouffés qu'Elizabeth Yaxley lui parvinrent derrière lui. Elle tentait de les cacher au mieux, mais elle était aussi figée que lui et il pria pour qu'elle ne soit pas à nouveau malade.

Il s'apprêtait à lui proposer de prendre l'air, juste histoire de sortir de ce salon, mais une silhouette sombre s'approcha de lui avant qu'il n'ait pu forcer ses jambes à se mouvoir. Il retint l'envie de transplaner sur le champ. Lord Voldemort avait une démarche fluide, presque glissante, comme si la gravité même avait peu de prise sur lui. Il veilla à incliner la tête légèrement quand celui-ci fut devant lui.

- Maître...

- Regulus Black.

Il eut la sensation d'arrêter de respirer. Il n'aimait pas la façon dont le Seigneur des Ténèbres faisait trainer les syllabes de son nom... Le « s », particulièrement, s'étirait dans un sifflement étrange et il garda le silence, faute de savoir quoi dire. Voldemort plissa les yeux.

- Un sortilège brillamment réussi, commenta-t-il comme s'il venait de réussir un test à Poudlard et non de tuer quelqu'un sous le toit de la belle-famille de sa cousine. Félicitations.

- Merci...

Merlin, il avait un goût de cendre dans la bouche.

- Allons, Regulus, viens avec moi.

L'ordre ne soufflait aucune réplique. Paniqué, il tenta tout de même de chercher Bellatrix du regard, mais elle s'était fondue dans l'assemblée et il n'eut d'autre choix que de suivre Voldemort vers la terrasse qui menait à l'extérieur. Ses genoux manquèrent de lâcher. Avant de passer la baie-vitrée, il jeta un dernier coup d'œil derrière lui... Elizabeth était maintenant près de Rosier, l'air terrorisé, mais les autres le regardaient s'éloigner. Peut-être qu'ils se demandaient s'ils le reverraient...

Dehors, le givre blanchissait toujours l'herbe de la propriété et il veilla à ne pas glisser en rattrapant le Seigneur des Ténèbres dont la longue cape sombre tranchait avec le paysage hivernal. Il ne paraissait pas déranger par le froid, imperméable au monde extérieur, alors que Regulus avait l'impression que le froid lui brûlait les poumons à chaque inspiration.

Ils marchaient depuis une bonne dizaine de minutes en silence lorsque Voldemort reprit la parole sans tourner la tête vers lui.

- Regulus Arcturus Black... Tu sais que j'ai entendu parler de toi. Bellatrix n'a cessé de vanter loyauté de votre famille. Mais je dois avouer que... (il marqua une pause qui lui parut presque menaçante) ... je m'attendais à d'autres soutiens. Quel âge as-tu, Regulus ?

- Seize ans, maître... Bientôt dix-sept.

Il se fustigea mentalement dans la seconde. C'était une réponse d'enfant et Voldemort sembla partager son avis car un sourire sinistre se forma au coin de ses lèvres.

- Seize ans. Encore à Poudlard, donc ?

- Oui...

- Et pourquoi est-ce toi qui te présente devant moi aujourd'hui dans ce cas ? N'as-tu pas un oncle ? Un père ? Un frère ainé, si mes informations sont correctes ?

Regulus sentit son cœur partir dans une course folle. Il tenta tant bien que mal de ne rien laisser paraître et réussit à maîtriser sa voix en répondant :

- Mon oncle et mon père vous soutiennent sans ambigüité, maître. Mais ils se font plus âgés et leurs... ressources seront plus utiles à votre cause que leur baguette. C'est pour cela que j'ai été envoyé. (Il enfonça ses ongles dans sa paume, fébrile, puis ajouta). Quant à Sirius... Il est parti.

- Parti... répéta le Seigneur des Ténèbres d'un timbre particulier. Je vois. Oui, Bellatrix me l'a mentionné. Elle paraissait en être... fortement affectée.

Il retint un rire sans joie. Affectée. C'était une manière polie de le formuler, c'était certain. Furieuse aurait été plus juste. Mais quand est-ce que Bellatrix n'était pas furieuse de toute façon ? Ces jours-ci, tout semblait la mettre dans des états impossibles et il n'y avait jamais eu personne de plus doué que Sirius pour la faire sortir de ses gonds. Il fallait dire que dans la lutte incessante depuis l'enfance – qui en était presque devenu un jeu malsain dont ils avaient très bien conscience tous les deux – Sirius avait brisé la règle ultime : il avait fui avant qu'elle ne puisse gagner. La trahison ultime aux yeux de Bellatrix à n'en pas douter.

Une pointe d'agacement le saisit. Sirius n'était même pas là et voilà qu'il arrivait quand même à être le centre d'attention, comme d'habitude. Typique. Evidemment, il ne vocalisa pas ses pensées et garda plutôt le silence, incertain.

- Dis-moi, Regulus... Comment puis-je être sûr de ta loyauté ? demanda soudain Voldemort en pivotant enfin vers eux.

Ils avaient cessé de marcher désormais et la question le prit au dépourvu. Il cilla. Sa loyauté ? Merlin, il venait littéralement de tuer une apprentie Auror devant témoins pour sa cérémonie d'initiation !

- Oh, je sais à quoi tu penses, dit le Seigneur des Ténèbres. Ta loyauté est dans ton sang, dans ta lignée. C'est ce qu'on t'a appris et ce que tu penses. Le Ministère est faible, les moldus ne devraient pas nous forcer à nous cacher, notre magie est sacrée, il est temps de changer les choses et de remettre les familles sang-purs au cœur de notre société... Ce discours est tout à fait vrai, mais je l'entends bien souvent. Ce que je veux entendre, ce sont tes vraies... motivations.

A nouveau, il resta pris de cours. Toutes les raisons énoncées étaient à peu près celles qu'il avait préparé si jamais quelqu'un venait à le questionner, mais il n'avait pas prévu que cela vienne de Voldemort en personne. Son esprit se mit à tourner dans le vide et le Seigneur des Ténèbres le toisa, glacial.

- Et bien sûr, inutile de me mentir, Regulus.

Merlin, la tête commençait sérieusement à lui tourner. Il savait que c'était inutile de mentir, ça avait été la principale mise en garde de Bellatrix : « quoique tu fasses, s'il te regarde droit dans les yeux, sache que tu ne peux pas lui mentir ». Apprendre que Voldemort pratiquait l'occlumencie n'était pas une surprise – un homme avec tant de pouvoirs ne pouvait que vouloir percer les esprits de ceux autour de lui – mais l'idée que quelqu'un vienne s'immiscer dans ses pensées le mettait profondément mal à l'aise. Être un Black, c'était présenter une façade au monde. Son père le lui avait assez répété. Et il ne voulait laisser personne voir derrière cette façade... Il y avait trop à découvrir. Ses sentiments conflictuels envers Sirius, ses rendez-vous secrets avec Marlène, sa peur qu'il arrive quelque chose à sa famille...

Alors autant détourner l'attention avec un brin de vérité, assez pour apaiser les suspicions et éviter de chercher plus loin. Comme il s'y était entraîné des dizaines de fois seul dans sa chambre, il visualisa sa façade. Une porte. Solide, close. Une porte devant son esprit. Il la matérialisa avec toute la force de sa volonté, puis soutint le regard de Voldemort, droit dans les yeux.

DÉFENSE D'ENTRER SANS L'AUTORISATION EXPRESSE DE REGULUS ARCTURUS BLACK

L'affiche était facile à imaginer. Il la voyait tous les jours, apposée sur la peinture sombre de sa chambre à Square Grimmaurd. Il y avait tracé les lettres soignées lui-même le jour où Bellatrix l'avait mis en garde pour anticiper ce moment précis et il ravala sa peur tandis que le Seigneur des Ténèbres se glissait dans son esprit. Il en était persuadé. Il était là. Il le sentait dans la pression à l'arrière de sa tête et il perçut sa surprise face à la pancarte, à cette indication d'adolescent à la fois si simple et si complexe dans l'étendu de son esprit.

Il l'avait lu partout. Pour protéger son esprit, la meilleure défense restait de puiser dans le monde réel. Et rien n'était plus réel à ses yeux que Square Grimmaurd. Il était né dans ses murs, il y avait été élevé. La demeure était celle des Black avant tout, leur symbole et leur protection. Derrière ses portes, rien ne pouvait l'atteindre. Il était intouchable.

Et alors que Voldemort tentait de forcer le passage, il entrouvrit très légèrement le battant. Juste assez pour laisser filtrer ce qu'il voulait, juste assez pour cacher ce qu'il souhaitait...

- Je ne vous mentirai jamais, maître, affirma-t-il d'une voix qui trembla à peine. Je veux rejoindre vos rangs parce que... Bellatrix m'a dit que vous faisiez... de la grande magie. De la magie dont personne n'avait rêvé avant.

- C'est la vérité. Et qu'espères-tu donc ? Apprendre de mes talents ?

- Les observer au moins...

Voldemort le jaugea. Il ne décela aucun mensonge – car mensonge il n'y avait pas – et hocha la tête.

- Une appétence pour la grande magie... Je ne peux que comprendre, apprécia-t-il. Tu as donc été sensible à mes exploits ?

- Bien sûr... Les Inferi dans Hyde Park. Personne n'avait osé en plus de deux cents ans en faire apparaître.

Là encore, l'art subtile de dire la vérité sans vraiment la formuler. Les Inferi lui avaient donné froid dans le dos – même pour les Black, il y avait de la magie trop noire pour s'en approcher – mais c'était aussi une des magies les plus obscures et difficiles. Le Seigneur des Ténèbres, comme tout homme habité par la folie des grandeurs, plia devant le compliment déguisé.

- Je vois, fit-il de sa voix aux accents toujours si étranges, une lueur soudain indéchiffrable dans le regard. J'avoue que tu me surprends. Et il est très rare de me surprendre. (Il se rapprocha d'un pas). Mais tu es un Serpentard, n'est-ce pas, Regulus ? Je connais assez ma maison pour savoir qu'observer et comprendre n'est pas ton seul désir... Un Serpentard attend toujours quelque chose en retour. Alors dis-toi, qu'attends-tu de moi en te joignant à ma cause ?

Voilà, il y était. L'ultime coup de dés.

- Votre protection.

- Ma protection ? C'est audacieux. Certains diraient que les Black n'ont pas besoin de protection, n'est-ce pas ?

Regulus se mordit l'intérieur de la joue. Il n'était pas idiot : c'était une guerre qui se jouait. Une guerre de pouvoir entre le Ministère et Voldemort. Et ses parents – toute sa famille – aimait le pouvoir. Ils le tiraient de leur nom, mais surtout de leur histoire, de leurs alliances créées au fil des décennies, des investissements faits dans les institutions. Certes, ils approuvaient l'idéologie des mangemorts... mais jusqu'où ? Jusqu'où étaient-ils prêts à envoyer valser les traditions et à se mettre en porte-à-faux avec les autres puissances de l'autre côté de l'échiquier ? Un jour, peut-être, leurs intérêts ne s'aligneraient plus avec ceux de Voldemort. Et ce jour-là, Regulus devait le préparer.

Parce que Voldemort n'était pas des leurs. Il n'était pas un Black, mais pire que tout il n'était pas sang-pur. C'était une certitude qui l'avait frappé il y a quelques minutes, il s'en rendait compte avec stupeur seulement maintenant... Il l'entendait dans la façon dont il faisait rouler ses mots, dans la manière avec laquelle il découpait ses phrases... Même dans sa posture. Il n'avait pas l'accent de la bourgeoisie londonienne, il n'en avait pas les codes. Il pouvait prétendre tant qu'il voulait, Regulus n'était pas dupe et cette prise de conscience l'aida à ravaler sa peur.

- Je l'ait dit, répondit-il plutôt, vous avez réussi à atteindre un niveau de magie jamais vu ni égalé. Ma loyauté vous revient totalement. Je veux simplement assurer l'avenir de ma famille en ces temps... troublés.

Le Seigneur des Ténèbres considéra ses arguments. Le silence était écrasant, mais il veilla à rester immobile, le cœur proche de l'implosion.

- Compréhensible, finit-il par déclarer. Très bien, Regulus. Tu m'as convaincu. J'accepte de protéger les Black tant que tu seras à mon service. En échange, tu seras entièrement dédié à ma cause. Nous avons un accord ?

- Oui, maître.

L'acceptation avait jailli de sa bouche dans la seconde. Soulagé, il sentit ses muscles se détendre une fraction de seconde, puis Voldemort sortit sa baguette. La tension se réempara de son corps. Autour d'eux, le froid se fit plus mordant... Les nuages, bas et lourds, parurent plus menaçant que jamais et il se demanda s'il n'allait pas se mettre à neiger.

- Dans ce cas... ton bras, Regulus, ordonna le Seigneur des Ténèbres.

Il le tendit avant de se donner le temps de réfléchir. D'une main au longs doigts pâles, presque comme ceux d'un Inferi comme il se les imaginait, Voldemort empoigna son avant-bras et y déposa la pointe de sa baguette. Il se crispa, en attente d'une douleur fulgurante. La douleur ne vint pas tout de suite.

Il s'était attendu à voir l'encre apparaître sur sa peau, mais ce ne fut pas de l'encre qui émergea... ce fut du sang. Un halement de douleur passa ses dents serrées et il ne put que fixer, horrifié, des filets de sang se former à la surface de sa peau, bouillonnant et épais. La sensation était poisseuse, oppressante, mais la douleur lui faisait perdre le sens des réalités et sa vision se brouilla une seconde. Le temps qu'il cligne des yeux, les filaments de sang s'étaient rejoints en un épais trait qui se mit à grossir, à prendre de la consistance... Il en comprit la forme un instant seulement avant que le sang ne se change en forme noire et mouvante, dressée et enroulée autour de son bras, bien vivante.

Un serpent.

Il fut traversé par l'impulsion purement humaine de reculer et battre des battre pour le déloger, mais la vérité fut qu'il resta tétanisé. Le serpent l'observait. Fait de sang et d'encre, ses écailles coulaient sur sa peau dans un mouvement infini, presque empreint de beauté. C'était une magie ancienne et sombre qui le retenait prisonnier, qui le fixait droit dans les yeux...

Avec un frisson glacé, il comprit soudain.

- Oh... lâcha-t-il échapper. C'est... littéral alors ?

- Ravi que tu ais compris l'ironie, se réjouit Voldemort, sinistre. Ne trouves-tu pas cela... poétique ?

Non. Il avait envie de vomir. Mais il n'avait pas le choix. Il ne se donna pas le temps de réfléchir : il attrapa le serpent avec son autre main et le porta à sa bouche. Un serpent dans un crâne. O combien poétique en effet... Un rappel constant que le Seigneur des Ténèbres était dans leur esprit désormais. Et qu'ils étaient là pour le servir, quitte à manger la mort, moins dangereuse que lui. Littéralement.

Le serpent passa ses lèvres et il se força à déglutir. La forme sombre, faite de magie noire et de son propre sang, se mit alors à onduler... Elle se tordit et glissa dans sa gorge, l'étouffant au passage. Il porta les mains à son cou, pris de panique, puis ses genoux flanchèrent enfin. Cherchant son souffle, il sentit le givre lui mordre la peau à travers sa cape d'hiver tandis que le Seigneur des Ténèbres le toisait de toute sa hauteur.

Relève-toi, lui intima la voix de son père dans le fond de son esprit, un Black ne s'agenouille pas !

Non, peut-être pas... Mais il fallait y penser avant de faire de lui l'héritier. Après tout, un Black ne fuguait pas non plus, mais voilà... Sirius avait rabattu toutes les cartes. Tout était arrivé et il fallait faire avec maintenant.

Petit à petit, la sensation d'étouffement se réduit. La forme sombre et ondulante glissa à travers lui et, avec un haut le cœur, il finit par reprendre une grande goulée d'air... Sous la peau de son avant-bras, il vit avec horreur le serpent se déplacer, déformer son corps... Puis, alors seulement, la douleur s'arrêta avant de se transformer aussi soudainement en brûlure et la Marque apparut.

Le crâne et le serpent mêlé, aussi sombre que le sang et la magie noire avaient été.

Il ravala ses larmes. Il tenta de s'imaginer ceux avant lui qui avaient subi ce rituel. Bellatrix avait dû être extatique. Lucius Malefoy avait dû être ridicule derrière son rideau de cheveux blonds impeccables. Ce fut cette seule pensée qui le maintint sain d'esprit.

- Magnifique, siffla Voldemort au-dessus de lui. Bienvenu dans mes rangs, Regulus Black. »

La Marque était recouverte depuis un moment maintenant, la manche de sa robe de sorcier bien en place, mais même à travers la chambre d'hôtel, il vit que Marlène était encore perturbée. Elle était en train de réajuster sa cape, prête à partir, et il s'en voulut de lui avoir raconté cette histoire. Il ne l'avait jamais fait jusqu'ici. Mais l'intimité qu'ils avaient partagée l'avait poussé à le faire...

- Eh, McKinnon, appela-t-il en se sentant brusquement coupable. Viens-là.

Avec douceur, il prit son visage en coupe. Elle leva des yeux humides vers lui.

- Je suis désolé, je n'aurais pas dû...

- Je le déteste, coupa-t-elle d'un ton féroce. Je le détestais avant pour tout ce qu'il a fait, pour tout ce qu'il représente, mais ça... Merlin, tu avais seize ans.

- Et ce n'était pas que à cause de lui. C'est tout un système. Tu ne peux pas combattre le monde entier, Marlène...

Elle lui renvoya un regard défieur, bien loin de la jeune fille timide perdue au milieu d'un couloir un soir d'automne.

- Tu veux parier ? rétorqua-t-elle.

- Ah ces Gryffondor...

Son ton, mi moqueur mi exaspéré, lui valut une tape sur l'épaule. Il l'accepta de bonne grâce. Toujours pressée dans son étreinte, Marlène finit malgré tout par soupirer.

- Je dois y aller... Les autre vont finir par se demander où je suis...

- Hum...

- Tu crois qu'on se reverra avant noël ?

Sa mâchoire se contracta. Il avait une bonne idée de la réponse à cette question, mais pas pour les raisons auxquelles elle pensait sûrement. La réalité commençait simplement à revenir le hanter et il n'oubliait pas la petite fille retenue prisonnière au manoir Malefoy. Il en venait à se demander s'il ne partageait pas son sort, enrobé simplement de l'illusion de la liberté.

- J'espère... répondit-il honnêtement. Mais Marlène, attend...

Il la retint à la porte. Déjà un pied sur le seuil, elle se trémoussa, anxieuse, et jeta un coup d'œil dans le couloir désert.

- Oui ?

- Je... je m'étais promis de ne pas faire ça, mais... Il faut que tu saches...

C'était vrai : ils s'étaient promis l'un l'autre de ne pas parler ni des mangemorts ni de l'Ordre pour ne pas se mettre en danger et laisser filtrer des informations sensibles. Mais il ne pouvait plus fermer les yeux sur tout et les pleurs d'une enfant qui appelait sa mère était visiblement sa limite.

- L'Ordre risque d'avoir une nouvelle mission dans les prochaines heures...

La disparition de Nymphadora était même peut-être déjà connue. Marlène fronça les sourcils.

- Comment ça ? fit-elle, suspicieuse.

- Je ne peux pas t'en dire plus. Simplement... Tu peux faire passer un message à Sirius ?

Cette fois, la surprise se peignit sur les traits de Marlène.

- A Sirius ? s'étonna-t-elle.

- Oui. Dis-lui... dis-lui que le serpent de mer est dans la cour du paon.

Elle cilla.

- Pardon ? C'est quoi, ça ? Une mauvaise réplique de roman d'espionnage ?

Il n'avait jamais lu de roman d'espionnage, il n'en savait rien. Mais il savait que Sirius comprendrait. En tout cas, il comprendrait s'il avait un peu de mémoire et c'était peut-être trop espérer de son frère mais... C'était son seul espoir.

- C'est tout ce que je peux te dire, éluda-t-il avant de déposer un baiser sur son front en vitesse. Allez, va-t'en. Je partirai après toi.

- Mais Reg...

- McKinnon.

Il mit autant de fermeté dans sa voix qu'il en fut capable, même s'il ne rêvait que d'une chose : la ramener dans le lit derrière lui et refermer la porte pour ne plus jamais la rouvrir. Marlène parut heureusement le comprendre et lui renvoya un dernier regard intense avant de tourner les talons.

De sa poche, il sortit la copie du médaillon pour l'observer longuement. Il espérait sincèrement qu'il la reverrait une dernière fois... Parce que son plan approchait dangereusement de sa fin. 

*****************************************

Verdict ? ^^ 

J'espère que vous avez aimé ! On se retrouve dans une ou deux semaines, toujours selon mon avancée et je vous dis bonnes vacances pour ceux qui le sont ! 

Ah  et info avant de partir : je vous le redis, mais on sera au Salon du Livre avec Perri dans un mois le dimanche 1er décembre. On commence à tout organiser donc pour les personnes intéressées, hésitez pas à m'envoyer un message, on a un groupe whatsapp très sympathique haha ! 

Petit teaser pour la suite juste en dessous : 

Chapitre XV : Pour Dora

 - Qu'est-ce que tu as fait, Sirius ? Par tous les mages, qu'est-ce que tu as fait ?!
- Moi ? Mais rien !
Ce n'était clairement pas la réponse à donner. Les yeux gris d'Andromeda brillait d'une fureur mal contenue et elle se débattit un peu plus contre la prise des Prewett, sans succès. Toutes les baguettes de la pièce étaient désormais pointées sur elle. Sirius déglutit. 


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