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Chapitre 4

« Papi, appelais-je en regardant mon grand-père, tu peux me raconter le journal ? »

Papi avait l'habitude que je lui pose cette question. Tous les soirs, il ne pouvait pas y couper. Alors il se tournait vers moi, me jetait un regard appuyé comme s'il testait ma détermination et un léger sourire éclairait son visage buriné. Il me racontait ensuite le monde tel que lui le voyait avec des mots que je ne comprenais pas toujours bien. Mamie me traduisait en direct ce que me racontait grand-père et ainsi, je ne perdais pas une miette des derniers ragots du village et de ce que le monde avait à offrir quand je serais grand.

Ainsi je décidai très tôt qu'un jour, j'irais en Inde et que je verrais ces étranges animaux aux immenses oreilles qu'on appelait "éléphants". J'apprendrais les coutumes de tous les peuples et tribus que je croiserais. Et je partirais faire un tour du monde. Une soif de voyage m'envahissait à chaque fois que papi me racontait les nouvelles du monde. Petit fils et fils de paysan, mon monde se résumait à la ferme, les bêtes et les environs du village que je visitais autant que faire se peut.

Mais ce soir là, papi ne se tourna pas vers moi pour me raconter. Il cacha son visage dans son journal pour ne pas que je puisses voir ce qu'il lisait. Je voyais simplement des volutes de fumée émerger de sa pipe traditionnellement tous les soirs. Mamie me tapota le bras et je tournai vivement la tête vers elle. Elle sourit.

« Ton grand-père a été bien occupé aujourd'hui, tu sais ? Laisse le un peu respirer va ! »

J'acquiesçai d'un air penaud. Je ne voulais pas déranger papi...Je me levai donc du petit fauteuil et m'approchai de ma mère pour voir ce qu'elle préparait exactement. Je posai me petites mains et mon menton sur le bord du plan de travail pour examiner les gestes de maman. Elle coupait les carottes à une vitesse que je ne pensais pas possible. Son poignet faisait des tours et des contours pour couper les légumes sur la planche en bois. On aurait dit que le couteau qu'elle tenait était une extension de son bras.

Je vis ainsi passer quelques bouts de lards et une poignée d'herbes aromatiques ramassées par mamie pendant l'après-midi écoulée. Mamie aimait bien se balader, tout autant que moi d'ailleurs. Papi restait plutôt à la ferme pour s'assurer que les bêtes se tenaient bien. Il aimait l'odeur de foin et de paille qui régnait dans l'étable. Moi, ça me donnait des chatouillis au nez quand je mettais la tête dans une balle de foin tout juste coupé. Mais papi pouvait mettre le nez dedans sans avoir aucun problème après.

Mamie me racontait souvent en riant que j'avais appris à nager dans le foin. C'est vrai que, maintenant que j'y pense, lorsqu'on entassait le foin dans le grenier, j'y allais souvent pour m'y plonger. Je m'y sentais étrangement en sécurité. Et cette odeur, bien que visiblement désagréable pour mon nez, m'avait toujours rappelé que l'on est jamais mieux installé que chez soi. Mais la perspective de multiples voyages m'attirait irrémédiablement.

« Émile !me rappela soudain la voix de maman, le dîner est servi ! »

Je sortis aussitôt de ma rêverie et sautai à bas de mon lit dans lequel je m'étais confortablement assis pour rêvasser. Je descendis tout aussi énergiquement les escaliers et atteignis le salon en un temps record. Ma mère me jeta un regard lourd de sens et ma grand-mère me fit un large sourire. Nous nous assîmes ensuite tous tranquillement autour de la table de la cuisine et joignîmes nos mains pour prier. En ce temps là, Dieu était encore très présent dans notre vie.

Après avoir béni notre repas, j'empoignai ma cuillère et me mis à dévorer ma soupe, littéralement. N'ayant rien mangé depuis le midi et ayant été très actif pendant l'après-midi, j'avais une faim de loup. Ma mère me jetait des coups d'œil insistants et je me repris un peu. Me redressant, je croisai le regard moqueur de ma grand-mère et lui souris discrètement. Prenant un peu de pain pour agrémenter le contenu de mon assiette, je continuai de manger avec un peu plus de retenue.

Le soir, j'allai me coucher dans mon lit après que ma mère m'ait raconté une énième fois sa première rencontre avec mon père. J'adorais cette histoire. A l'époque, c'était mon conte de fée préféré. Elle me racontait donc à chaque fois cette même histoire sans changer un seul détail. Je finissais même par savoir par cœur des passages entiers.

« C'était un soir, en ville. J'avais demandé à aller danser dans un bar avec mes amies de l'époque. Papi Herbert avait accepté et mamie Maggie était tellement contente de me voir heureuse qu'elle ne s'y était pas opposée pour deux sous. Je dansais donc sur une de ses chansons qu'on n'écoute plus trop aujourd'hui et puis je sentis un regard sur moi. Je balayai alors la salle du regard et ce dernier s'arrêta sur le pianiste. Bel homme, brun aux yeux gris, il me regardait avec un léger sourire. Un peu intimidée, je m'étais ensuite approchée de lui afin de lui demander la raison de ce regard. Après tout, nous ne nous connaissions pas ! »

A ces mots, maman faisait toujours une grimace moqueusement hautaine comme on avait vu faire certaines personnes au village. Et, immanquablement, je ne pouvais retenir un rire en la voyant pincer les lèvres en un cul de poule magnifique et des yeux rétrécis. Elle souriait ensuite largement avant de reprendre le cours de son histoire.

« Nous avons discuté quelques secondes tandis que tout le monde faisait une pause pour reprendre des forces jusqu'à la prochaine danse. Mais on nous a vite interrompu. Ton père m'a aussitôt dit de l'attendre pour la fermeture du bar. Il souhaitait absolument me parler de quelque de chose. J'avais pourtant promis à papi et mamie de revenir à la ferme une fois que j'avais fini de danser...Mais j'étais assez effrontée à cet âge et mon caractère de rebelle me faisait faire des choses que d'autres n'auraient pas osé.

Je l'ai donc attendu jusqu'à la fermeture. Il est arrivé un peu échevelé avec un sourire d'excuse aux lèvres. Tout aussi timide que moi, il me proposa maladroitement d'aller nous balader sur le port. J'acceptai sans hésiter et nous partîmes donc marcher tous les deux. De discussion en discussion, je découvris un garçon très ouvert et gentil avec tout le monde. Un peu trop d'ailleurs. C'est ce que je lui fis remarquer lorsqu'il m'expliqua qu'il ne prenait pas les pourboires que lui offraient les clients par pur principe. Il jouait du piano pour donner un peu de joie aux gens qui venaient là. Rien de plus, rien de moins.

A peine alcoolisée, je ne sais pas ce qui me prit, mais je m'emmêlai les pieds et manquai de tomber dans l'eau. Il me rattrapa in extremis et...

-...vous vous êtes embrassés pour la première fois, terminais-je avec un large sourire aux lèvres.

-Hé oui, acquiesça ma mère en paraissant avoir des étoiles dans les yeux, nous étions jeunes et encore très innocents. Nous ignorions encore que nous aurions un fils comme toi ! »

Elle se jeta presque aussitôt sur moi pour me chatouiller jusqu'à ce que je crie grâce. Elle m'avait ensuite tendrement embrassé sur le front avant de se relever de moi pour réajuster mes draps après que je me fus confortablement installé. Je la regardai éteindre ma lampe et remuai un peu sous ma couette. J'entendis ses pas prudents descendre l'escalier et fermai les yeux paisiblement. Quelle journée...J'en aurais à raconter à papa lorsqu'il rentrerait !

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