***Sasuke***

L'ordure. Le salaud. L'enfoiré. Je veux qu'il se réveille que je puisse lui faire du mal !

C'est trop facile. Il ne peut pas juste mourir dans un accident alors qu'il a brisé ma vie.

Bordel de merde ! 

Pourquoi n'est-ce pas moi qui me suis fait heurté par cette voiture ? Je pourrais dire que je lui en veux de m'abandonner, mais putain c'est moi qui l'ai embarqué dans cette histoire. Et pourquoi ? Un diamant qui a été réduit en miettes avec celui qui l'avait dérobé.

En fait, c'est moi l'ordure. . .

Naruto arrive me présente un café que je refuse et contre toute attente, il n'essaie pas de me parler. Une première quand on le connait. J'ai presque envie d'en rire parce que j'imagine le sien de rire. Si elle était là. Si elle était encore là, elle, ma Sakura, elle en aurait sûrement rit. A gorge déployée, elle en aurait même pleuré. Elle était toujours dans l'excès et c'est ce qui la rendait aussi particulière. Et je ne lui ai même pas dit.

Je suis vraiment une ordure. Je n'avais rien à faire avec une fille comme elle. Non avec elle. Parce que des comme elle il n'en existe nulle part ailleurs et elle m'avait choisie. Et moi aussi.

Quand l'ambulance est arrivée, son coeur battait faiblement, mais il battait. Quelques minutes seulement après qu'on l'ait transporté au bloc opératoire, on m'annonçait déjà qu'elle n'était plus de ce monde. Et je crois qu'à ce moment là, moi non plus je n'étais plus de ce monde. Je ne pouvais plus, je ne voulais pas d'une vie dont elle ne faisait pas partie.

Si quelque part dans ce monde, il existe un foutu Dieu alors là à cet instant précis, devant une photo d'elle entrain de faire une grimace, je le supplie de me prendre à sa place, de la ramener. Mais je sais que peu importe l'endroit où elle se trouve ma Sakura n'aurait jamais accepté de revenir en sachant que moi je pars à sa place, ni personne d'autre d'ailleurs.

Sous ses airs de dure complètement à l'ouest, elle n'était qu'une petite sentimentale - complètement à l'ouest bien sûr - prête à tout pour faire sourire son entourage, pour me faire sourire. Elle m'aimait. Elle me le disait dans chacune de ses blagues pourries, dans chacun de ses regards assassins et dans chacun de ses gestes attendrissants. Mais moi ? Parfois elle m'appelait armoire à glace pour rigoler. Mais savait-elle combien me rendait vivant ? Heureux ? Comblé ? Savait-elle combien je l'aimais, l'aime et l'aimerai encore dans dix millénaires ?

C'est la mort dans l'âme - notez que cette expression n'a jamais eu plus de sens qu'en cet instant précis - que je me rends à son enterrement avec Naruto. J'ai l'impression d'assister au désastre qu'il reste de ma vie comme un vulgaire spectateur. Hors de mon corps. Hors de cette planète. Hors de tout.

C'est Shikamaru qui s'occupe de lui rendre hommage après tout qu'est ce que j'aurais bien pu dire ? Vous vous souvenez je suis l'armoire à glace, Son armoire à glace. ça en dit long sur ma faculté à converser avec d'autres personnes qu'elle et accessoirement Naruto.

L'hommage de Shikamaru est bref, concis, précis. Il dit exactement ce qu'elle a été, mais ce n'est pas pour autant ce que Sakura aurait voulu. Elle aurait aimé que ce soit une pipelette presque comme elle qui lui rende hommage. Presque parce que personne ne peut parler autant que Sakura.

Et alors que je m'attend à ce que les hommages s'arrêtent là, c'est la fille rousse qui me faisait des avances l'autre soir qui prend la parole. Sakura doit savourer ça avec du popcorn de là où elle se trouve.

- Vous êtes nombreux ici à vous demander, mais qu'est-ce qu'elle fout là celle là ? C'était son ennemie juré. Et à tous ceux qui pensent comme ça, vous avez raison. Et c'est justement pour cette même raison que je me permets de dire que c'est ce qui fait de moi la personne la mieux placée pour lui rendre hommage. Désolée, Shikamaru, hausse-t-elle les épaules.

- Je ne veux pas pleurer en me rappelant qui elle a été, moi je veux en rire. Enfin pas de sa mort, cela va de soi que ce serait embêtant. Ce que je veux dire c'est qu'à tous ici présent, elle nous a laissé au moins un souvenir de son passage sur terre et c'est de ça dont on doit se rappeler.

Elle balaie du regard les gens présent et c'est le silence complet.

- Ok, puisque vous êtes timides, je vais commencer. Une fois . . .

- Elle est venue dans mon restaurant la semaine dernière. J'étais anxieux parce que j'avais rendez-vous avec une fille. Résultat elle a pris du retard dans ses dégustations. Très en colère de toujours avoir le ventre vide, elle a débarqué dans ma cuisine et m'a dit :

- Comment vous vous appelez ?

- Tetsu

- Ok, Tetsu, bienvenue dans le gang des prénoms pourris

- Euh merci . . .

- Moi c'est Sakura, ça veut dire cerise ou fleur de cerisier ou une autre connerie comme ça et je meurs de faim. Alors vous me dites quel est votre problème où je dois vous menacer avec ma bombe poivre ?

"Je lui ai tout raconté depuis le débuts, entretemps pour calmer sa faim, elle s'était servie dans le frigo et à la fin de mon récit, elle m'a sorti : 

- Ecoute, je ne suis pas psy - tu t'en doutes bien - , je ne dispose pas non plus de la patience d'une tortue, mais bon sang Tetsu ! Si cette fille que tu vas voir n'est pas assez fûtée pour vouloir de toi alors appelle moi.

-Pourquoi ?

-Pour que je vienne t'épouser et te faire deux ou trois bébés hamsters au passage. Maintenant remets toi aux fourneaux parce que même si ma bombe n'a pas servi jusque là, elle peut  très venir de faire coucou.

- En seulement quelques phrases, elle m'avait redonnée du courage pour toute la vie.

Puis vient le tour de la logeuse de Sakura. Elle nous raconte de quelle façon l'ouragan Sakura Haruno révolutionné sa vie. Mais bientôt Karine qui n'a toujours pas bougé s'écrie.

— Putain. Il y a un problème avec le cadavre. 

Je suis le premier à bondir de mon siège pour aller regarder et . . . bordel de merde !

Je sens que je pourrais commettre une bêtise d'une minute à l'autre. Naruto aussi doit l'avoir senti parce qu'il m'agrippe le bras alors que je m'avance vers la réception.

- Quoi ? m'énervé-je en me dégageant.

- Calme toi, bon sang. On est dans un hôpital.

- Non, sans blague ? J'avais pas remarqué.

- Je crois que c'est mieux si tu me laisse parler.

C'est l'hôpital qui se fout de la charité. . .

Pendant que Naruto va s'adresser à la réceptionniste, je repère la carrure maigrelette du médecin qui s'est occupé de prendre en charge Sakura. Cet incompétent a intérêt à avoir une bonne explication à fournir. 

- Vous êtes bien le médecin qui a annoncé le décès de Sakura Haruno.

- Je ne suis pas certain de savoir de qui vous parlez.

Ah oui ? Bah ça va pas tarder à te revenir. . .

Evidemment avant que je n'ai eu le temps de faire quoique ce soit à ce charmant médecin, Naruto s'interpose tandis que je fulmine. 

Après une bonne minute à bavasser avec Naruto, le médecin passe aux aveux. Bizarrement je sens mon envie de le frapper se repointer. . .

A suivre