Il marche, seul, il marche. 

Elle le regarde, seule, elle le regarde. 

Il pose vaguement ses yeux sur elle. 

Elle les soutient d'un air distrait.

Deux mondes collés, mais deux mondes distincts. 

Ceux qui avancent, et ceux qui restent. 

Ils y en a encore d'autres. Les gens heureux. 

Mais aucun d'eux n'en fait partie. 

Il y a elle, qui s'ancre ici, dans sa mélancolie. 

Il y a lui qui avance, et essaye ailleurs de tenter sa chance. 

Pourquoi elle ne s'en va pas?

Elle n'y croit pas. 

Pourquoi il ne se pose plus?

Il n'y croit plus. 

S'il réussi, autre part, à être lui, alors elle aura perdu. 

Perdue sa chance d'un monde joyeux, pour elle. 

Mais si partout, tout est pareil, il aura eu tort. 

Tort de ne pas avoir voulu voir le bon côté de son monde. 

Peut-être qu'ensembles, ils réussiraient. 

 Pourtant, l'un s'en va, et l'autre reste. 

Ils ne sont pas du même avis. 

S'ils étaient un tout, au lieu de deux poussières, tout serait mieux. 

Mais ils ne le savent pas. 

Ils ne se connaissent pas. 

Elle pense qu'il est comme eux. 

Il pense qu'elle est comme elles. 

A force d'être blessés par les préjugés, 

Ils les utilisent. 

Ils ne se regardent pas sans limites, 

Mais avec ses images fourrées dans le crâne. 

Ils se font des images, toujours des images. 

Sauf qu'elle croit avoir compris. 

Elle s'avance.

Et pose sa main sur son épaule. 

Le regarde dans le blanc des yeux. 

Et voit son air malheureux. 

Elle voudrait parler. 

Dire qu'elle vit la même chose.

Mais déjà elle se retire. 

Il s'en va.

Elle reste là. 

Elle s'en voudra. 

De ne pas avoir fait le premier pas.