Il sent. Il sent la tristesse qui émane de celui qui est devant lui. Il sent que sa vie n'est pas belle.

Mais il ne fait pas que sentir. Il ressent.

Depuis toujours, Il ressent tout, toute la vie. Il se ressent lui, il ressent les autres. Il vit de ça. De son ressenti.

Est-ce une bonne ou une mauvaise chose? Il n'en sait rien. Mais toute sa vie se résume à ça.

Quand tout le monde est heureux, il est l'homme le plus comblé du monde. La joie le dépasse, il est sur un nuage.

Mais lorsque le monde va mal... C'est une autre histoire. Il ne peut plus réagir.

C'est comme un baiser de Détraqueurs. Toute chose heureuse le quitte. Il n'est pas peiné du malheur des autres. Il EST le malheur des autres.

C'est magnifique. C'est horrible. C'est sa vie.

Mais là... Avec cet homme, cet homme qu'il ne voit que de dos... Il n'est pas seulement son malheur. Il est les épreuves que l'inconnu a traversé. Il est les pertes humaines que l'individu a supporté... C'est affreux. Mais surtout, il est une chose. L'envie de suicide de l'homme. Cette envie, il l'aurait ressenti à des kilomètres à la ronde. Au début, il avait simplement, comme la personne devant lui, l'envie de mourir. Maintenant, c'est encore pire. Il est le suicide. Comme si sa vie, ce n'était que ça: se donner la mort. Il n'a plus envie de se jeter d'une falaise. Il doit le faire, il est le fait même de se jeter d'une falaise.

En temps normal, sa première impulsion est d'essayer d'aider le malheureux, et en général, il y arrive. A force, il devient doué. Pourtant à l'instant présent, ce n'est pas la personne qui va mal qu'il faut aider. C'est lui. Sa situation devient alarmante. Il suffoque. Il s'étouffe. Vite. La falaise n'est pas loin. Finalement, l'inconnu s'avance vers le gouffre. Le deuxième homme lui prend la main. Ils sautent. Vers un monde de joie. Un monde où le ressenti ne fait pas mal.

DE LA JOIE! DE LA JOIE! QUEL BONHEUR!!!

N'hésitez pas à me donner votre avis!