Disparaître.
Il voudrait disparaître. Ne plus être, ne plus succomber aux malheurs.
Pas mourir, non. Il a trop peur de la mort, et puis, on sait pas ce qu'il se passe dans la mort, peut-être qu'on est encore triste, comme encore vivant, mais pire, parce qu'on est mort.
Il voudrait disparaître.
Oh, peut-être pas totalement. Il pourrait être une odeur, c'est bien les odeurs. Une odeur de rayon de soleil chocolaté qui enfle la narine, une odeur un peu jaune, un peu bleue, une odeur peut-être un peu mélancolique aussi.
Oh, il pourrait être une musique. Un air de Jazz peut-être, ceux qui vous percutent, ceux qui vous semblaient joyeux ce matin mais qui sonnent tristes ce soir. Peut-être qu'il serait aussi, hum, comme des paroles inaudibles, comme une berceuse mais qui ne berce pas les enfants, plutôt une berceuse qui remue en endormant.
Il voudrait disparaître.
Ne plus avoir de corps, ne plus être un corps, ne plus vivre sa vie.
Mais pas mourir, non, il a trop peur de la mort, et puis, on sait pas ce qu'il se passe dans la mort, peut-être qu'on a encore un corps, comme encore vivant, mais pire, parce qu'on est mort.
Il voudrait disparaître.
Peut-être être une juste âme, sans voix, douce, qui vogue, douce, qui écrit, douce, sans mains sans plume sans pages, douce.
Peut-être juste arrêter, être une pause, une pause qui résonne, qui est un rien qu'on sait là. C'est chouette d'être une pause. Une anomalie dans un monde en mouvements. L'absence de tout qui crée un autre tout. Non, vraiment, il veut bien être une pause.
Il voudrait disparaître. Juste disparaître, ne plus paraître, ne plus être un humain, ne plus devoir assumer chaque jour.
Mais pas mourir, non, il a trop peur de la mort, et puis, on sait pas ce qu'il se passe dans la mort, peut-être qu'on est encore confronté à soi-même, comme encore vivant, mais pire, parce qu'on est mort.
Il voudrait disparaître.
Même si c'est impossible, car il ne peut être une odeur, car il ne peut être une musique, car il ne peut être une âme sans corps ni vie, car il ne peut être une pause.
Même s'il ne peut être que lui, pauvre humain articulé et minable, dont l'esprit danse, en transe, comme désarticulé.
Et malgré toutes ces réalités, qui hurlent encore et encore dans sa tête que sa seule solution est mourir, et qu'il ne veut pas mourir, et qu'il n'a pas de solution, et qu'il doit accepter,
Et malgré la logique absente dans son envie, et malgré les regards d'incompréhension quand il essaie d'en parler,
Il voudrait disparaître .
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