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Celle qui ne lisait pas

C'était le début du mois de mai. Il faisait beau, la nature revivait. Sur moi, j'avais deux branches de muguet, pour les lui offrir. C'était ces fleurs préférées, ces fleurs éphémères qui ne duraient que quelques jour de printemps. Je rentrais chez nous pour deux jours de repos. Un peu d'air frais après Paris, capitale certes du romantisme, mais non pas moins centre de pollution. Assis relativement confortablement dans mon fidèle train régional, mon regard se posa sur la jeune fille devant moi.

Je ne l'avais même pas remarqué auparavant. Silencieuse et discrète, elle devait avoir une douzaine d'années tout au plus. Elle était seule, sans parents pour l'accompagner. Elle tenait un gros livre dans les mains. En regardant la couverture, je pus voir qu'elle ne lisait pas le même genre d'idioties que certaines gamines de son âge. C'était bien un chef-d'oeuvre qu'elle tenait entre les mains. Elle lisait Nôtre-Dame de Paris.

Ou plutôt... Non elle ne lisait pas. Elle regardait au dehors, pensive, contemplant le ciel bleu. Puis elle prenait son roman, examinait la couverture d'un air distrait. Ensuite, elle reportait son regard autre-part. Elle répéta cette manœuvre plusieurs fois, posant ses yeux tour à tour sur la quatrième de couverture qu'elle ne semblait pas lire, la tranche épaisse de l'ouvrage, les pages blanches du dessus, les pages blanches du dessous. Je ne comprenais pas. Quel était son but? N'en pouvant plus, je lui dit, taquin :

"-Il faut l'ouvrir. "

Elle tourna lentement la tête vers moi, détournant son regard des arbres alentours. Elle me plongea dans deux grands yeux noisettes, me faisant presque regretter ma question :

"-Pardon ?

-Pour pouvoir le lire, ton bouquin, il faut l'ouvrir. Tu ne peux pas connaître l'histoire, sinon.

-Oh, je vois" fit-elle en levant les sourcils. Elle marqua une pause, me mettant dans une situation embarrassante. Je ne voulais pas la vexer, c'était encore une enfant, après tout.

Après quelques secondes de silence, elle prit une grande inspiration en regardant l'étendue de bleu par la fenêtre. Puis, comme si le ciel l'avait inspiré, ses yeux prirent de nouveau possession des miens et ses paroles sortirent de sa bouche tel un chant :

"- Mais, voyez vous, mon bon monsieur, je n'ai actuellement pas très envie de lire. Je ne me sens pas dans une humeur, un moment pour me plonger dans les histoires des autres. A l'instant présent, j'ai plus l'impression que c'est moi, qui doit les inventer, ces histoires. Le mois de mai, le beau temps, le transport tranquille, n'est-ce pas le paradis des rêveurs? C'est pour moi comme un billet qui m'emmène vers des mondes imaginaires. Je lirais probablement ce classique, vanté tant de fois par tellement d'adultes, quand je serais arrivée chez mes grand-parents. Au coin de la cheminée me réchauffant d'un grand feu, les effluves de cuisine dans la pièce d'à côté, le cerveau reposé après une journée de cours. Mais, là tout de suite, ce livre ne sert qu'à recueillir ma pensée. Lorsque vous m'avez vu l'examiner, je ne pensais qu'à mes mots qui rempliraient ces pages, qu'à mon titre sur une couverture. Je ne pensais qu'à Elea -et non, ce n'est pas mon nom- jeune fille perdue dans une rizière enchantée, douce enfant marchant sur les feuilles, d'eucalyptus comme de livres. Je ne pensais qu'à l'épopée du bout de femme que j'ai inventé."

Le train annonçait l'arrivée imminente dans la prochaine gare. J'étais trop abasourdi par ce que venait de me déclamer la jeune fille pour entendre le nom de l'endroit où nous arrivions, mais au son robotique du haut-parleur, elle se prépara à sortir. Son sac à dos mit sur les deux épaules, son édition de Nôtre-Dame de Paris sous le bras, elle allait franchir la porte du wagon, quand une dernière fois elle s'adressa à moi :

"-Actuellement, Elea fuit deux horribles énergumènes qui veulent la tuer. Dans la calèche où elle s'est engouffré, elle rencontre un homme. Si celui-ci a de la pitié pour elle, il est comme tous les autres, trop borné pour la considérer comme une humaine à part entière, comme une personne parfaitement capable de réfléchir par son cerveau "

Je n'eus même pas le temps d'ouvrir la bouche, que déjà, elle sortait. Par la fenêtre, je pus apercevoir sa démarche rapide et sure d'elle, son carré châtain volant au vent, son sac sautillant légèrement sur son dos, son habillement simple et non-prétentieux. Je pus même sentir la brise qui faisait frémir les pages de son roman. Jamais, au plus grand jamais, je n'oublierai cette enfant dont je ne connaissais même pas le nom, cette pré-adolescente si mûre au milieu de tous les autres, cette créature si magique qu'elle avait peuplé mes rêves, à grand coups d'Elea et de poésie de l'âme. Elle marqua ma vie, et si je la revois un jour, je crois que je m'agenouillerai devant elle.


Oui, oui, c'est pas le même genre que d'habitude, c'est beaucoup plus long, beaucoup plus histoire. Mais j'avais envie de le montrer, et après tout, un recueil est fait pour ça, non? Et puis, il y a aussi une autre raison, avouons le. J'hésite à en faire le prologue d'une histoire que je ne connais pas encore, enfin bref, à réutiliser ce texte. Alors, des avis?

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