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Brûlant d'amour

L'amour me brûlait les côtes. Il me brûlait si fort, la douleur était si dure, que je crus que c'était de la haine. Mais c'était de l'amour pur, au sens propre du terme, bien qu'il me fit accomplir des choses terriblement sales et malsaines.

Alors, j'avais cette apparence de gamine trop sage d'une sixaine d'années, avec mes couettes bien régulières, ma robe bien lissée et mes petits souliers bien brossés. J'avais la même allure d'enfant clichée d'un temps un peu démodé que j'arbore aujourd'hui. Physiquement, je n'ai point changé. Si ce n'est la lueur de lassitude de plus en plus présente dans mes yeux gris.

L'âge que j'avais réellement ? Oh, je ne sais plus. Vous savez, quand vous devenez un fantôme, le temps perd absolument toute logique. Vous pouvez fermer les yeux et avoir passé cinquante années, comme être coincé dans la même seconde durant une éternité. Mais qu'importe, là n'est pas le sujet.

Je disais, donc, l'amour me brûlait les côtes. Enfin, des côtes, je n'en avais plus depuis belle lurette. Mais disons que j'éprouvais une souffrance indescriptible là où mes côtes auraient dû se trouver. Croire que les fantômes ne ressentent aucune douleur est une grave erreur. Certes, nous n'éprouvons plus les maux totalement physiques des humains comme celui de se tordre une cheville ou d'avoir une crampe. Ce n'est pas pour autant que nous ne ressentons pas la souffrance des sentiments. Bien au contraire, elle nous occupe de manière si différente et forte que ça ne la rend que plus douloureuse.

Postée derrière un arbre, essayant tant bien que mal d'ignorer les torrents de mon ventre, je l'observais à travers le tronc. Lorsque j'étais vivante, elle n'était pour moi que la fille d'une amie à ma mère. Elle accompagnait souvent sa génitrice lorsque la mienne les invitait dans son salon. Nous n'étions pas spécialement proches. Ce n'est qu'après, une fois décédée, que je pris conscience de mes sentiments à son égard. Et c'est bribes de vies par bribes de vie, espionnages par espionnages, que je finis par me trouver là, attendant misérablement, et la regardant se marier, elle béate de bonheur, moi consumée par la tristesse.

Je savais, bien sûr que je savais que c'était une affreuse et stupide idée de venir ici. De toute façon, je ne serais capable de rien faire... J'avais déjà assisté à toutes les mignonneries, séductions et même chastes baisers du couple, et chacune de ses actions m'enfonçait une terrible lame dans le cœur. Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de me pointer et de m'auto-détruire devant chacun de leurs émois.

Elle arriva. Pendue au bras de son père, « bientôt remplacé par celui de son mari » pensai-je, sa longue robe blanche parsemée d'étoiles derrière elle. Qu'elle était belle... Bien sûr qu'elle était belle. Tout le monde est beau, le plus heureux jour de sa vie.

Je m'approchais avec légèreté. Tant que je ne les touchais pas, je ne risquais rien. Je savais me camoufler à merveille, en me cachant derrière des arbres par exemple, tellement j'étais petite et transparente. De plus, il faisait déjà sombre. Chaque pas vers elle m'enfonçait et me faisait toucher les cieux dans le même instant. Tous mes sens, toutes mes pensées semblaient être des fils directement attachés à elle, des liens de soie à la fois fragiles et incassables. J'étais attirée. J'étais amoureuse.

Voilà son fiancé qui entra dans la scène. Il était élégant et charismatique, cela ne fait aucun doute. Mais, jalouse comme j'étais, il ne m'inspirait que du dégout.

Connexion de regards entre les deux tourtereaux. Leurs yeux s'adoucirent et coulèrent comme de la guimauve. Les miens ne purent supporter ce spectacle et se posèrent sur mes mains d'enfant à demi transparentes. Je ne pouvais continuer de souffrir ainsi. Ce n'était pas juste pour m'autodétruire que j'avais décidé de venir ici. Je pensais être incapable de satisfaire mon cruel dessein, mais la rage était si forte que j'allais me prouver le contraire. Pour la première fois de ma vie, j'allais quitter ce rôle d'enfant sage et polie. Il était temps de me mettre mon plan à exécution, comme dans les romans ou les séries T-V (bien qu'à l'époque, celles-ci n'existaient pas).

Depuis un certain temps déjà, des pensées... cruelles me parcouraient l'esprit. Je n'en pouvais plus de voir l'amour découler des deux fiancés. Il fallait que j'arrête tout ceci. Et pour cela, j'allais tuer.

Ce n'était pas un acte irréfléchi. Depuis presqu'une année totale, qui m'avait semblé comme une éternité, cette idée me trottait dans la tête. Chaque minute je ne cessais de la peaufiner, dès que je le voyais la couvrir de présents, mes envies de meurtre se faisaient plus pressantes. Mais j'avais tenu à attendre ce jour. Je voulais qu'il souffre, oh oui, qu'il souffre de me l'avoir prise. Je voulais être grandiose, spectaculaire. Je ne faisais pas les choses à moitié, c'est une des seules choses qu'on ne peut me reprocher.

Mon esprit tremblait d'excitation, mais mon corps, qui n'en était à vrai dire même plus un, gardait la même apparence immobile et délicate. Je m'approchai encore. Les membres de la famille, ainsi que les futures mariés, rentraient peu à peu dans l'église. Je les laisserai s'épouser, et j'agirai juste après. Afin de ne pas manquer une miette de l'événement, je décidais de m'immiscer dans un corps. Je choisis une tante éloignée à l'allure stricte, et pénétra doucement en elle par derrière. Lorsque je le faisais, la personne dont j'empruntais le corps ne ressentait rien, si ce n'est une sensation légère de froid. Moi, par contre, je détestais cohabiter dans le cerveau de quelqu'un, et c'est pour ça que j'utilisais ce stratagème très peu souvent. Dans ce nouveau corps, je passai le seuil de la cathédrale. Enfin, « je » ne choisissais rien, j'étais la simple spectatrice de cela. La tante se mit sur le côté et regarda passer son neveu, celui que j'haïssais tant.

La cérémonie se déroula, sans qu'elle m'intéresse le moins du monde. J'étais pressée, tellement pressée que je m'effrayais toute seule. J'étais cruelle, c'était un fait, mais jamais auparavant je n'avais du l'admettre ainsi.

Enfin le prêtre posa son ultime question, et je sentis que la tante rêche s'adoucit malgré elle.

« Monsieur Baptiste Carle, acceptez vous d'épouser Mademoiselle Camille Lotte ?

- Oui, répondit-il de sa voix suave et désagréable.

- Mademoiselle Camille Lotte, acceptez vous d'épouser Monsieur Baptiste Carle ?

-Oui ! ne put elle s'empêcher de s'exclamer, des étoiles jusqu'au bout de ses incisives blanches. »

Et il les déclara mariés. Et ils s'embrassèrent, sous l'œil attendri de tous les invités. J'attendis que la femme dont j'occupais le corps fut un peu en retrait, pour la quitter. J'avais eu de la chance : c'était une femme qui réfléchissait peu, et il n'était par conséquent pas trop pénible de coexister avec elle. Le lieu était plus encombré que je ne le pensais avant de venir.

Il me fallut manœuvrer pendant bien longtemps, emprunter presqu'une dizaine de corps, avant de parvenir aux cuisines, où je me procurai une boite d'allumettes. Désormais, la tâche allait être encore plus délicate : je ne pouvais emprunter de nouveaux corps, où la boite disparaîtrai quand j'en sortirai. Je me faufilais tant bien que mal dans les canalisations. Heureusement, j'avais longtemps étudié le lieu auparavant, et les gens étaient bien trop affairés pour observer autour d'eux.

Maintenant, il me fallait attendre. Je connaissais ses rituels par cœur, et c'est ce qui me permettrait de réussir la mission que je m'étais confiée. J'observai le jeune marié, et une flamme de rage cruelle semblait bruler dans tout mon être, quand je me rappelais à quel point il allait souffrir.

Enfin le moment tant attendu arriva. L'élue de mon cœur s'éloigna discrètement de la foule et s'aventura dans le petit bois. Je la suivis à la trace. Elle trouva enfin un arbre, un grand chêne, qui semblait être à son goût, s'assit contre son tronc, ferma les yeux et commença à sombrer dans les vapes du sommeil. La jeune femme avait toujours eu une intolérance forte pour la foule, mais elle s'efforçait de la cacher, par honte sans doute. Par contre, elle avait toujours eu une attirance et un lien tout particulier avec la nature, et tout particulièrement avec les forêts : elles l'apaisaient. C'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour ne pas faire de crise d'angoisse quand il y avait du monde.

En la voyant assoupie, si pure, si innocente, si belle, j'hésitais quelques instants. Je ne pouvais pas. Je vous vois perdus, oui je vous vois, n'oubliez pas que je ne suis plus humaine.

J'aurais pu choisir de tuer son amant. De lui réserver une mort douloureuse et lente, et de prendre son agonie comme le plus beau des cadeaux. Mais comment aurais-je pu, années après années, voir souffrir mon aimée par ma faute ? Comment aurais-je pu la laisser en deuil, et l'observer ainsi chaque jour – je le sais, je n'aurais pu m'en empêcher – ? Cela aurait été au dessus de mes forces. Alors je choisis d'assassiner une autre personne, que cet assassinat empêche l'amour des deux tourtereaux et ferait mal à l'aimé de mon aimée jusqu'au restant de mes jours. Je choisis de tuer pour détruire à jamais cette lente souffrance, même si cet acte me ferait souffrir comme jamais.

Je m'éloignai délicatement de la jeune femme, et dégainai mes quelques bouts de bois mortels. Je mis feu à tous les arbres autour de cet ange de douceur, qui étaient très fins, à mon plus grand bonheur. Les flammes se rapprochaient rapidement de son corps. Elle ouvrit les yeux, et paniqua. Enfin, je lançais plusieurs allumettes sur le chêne contre lequel elle s'était reposée. Je savais que sa souffrance serait courte, mais juste assez longue pour assouvir ma haine.

J'exultai. Je ne pensais plus. Je savais que bientôt, je regretterais, mais ce n'était actuellement pas le cas. Laissez moi vous la décrire un peu mieux... Ses yeux, oh, ses yeux noisettes si doux qui semblaient s'allonger et prendre la forme des flammes... Sa bouche qui hurlait doucement, car on lui avait toujours enseigné de ne point faire de bruit, sa bouche tendre dont la couleur était sublimée par les éclats rougies... ses cheveux s'hérissant tout autour de sa tête comme une auréole, ses mèches fines carbonisées... Je souffrais de la voir ainsi, et je prenais plaisir à cela. Et ses mains... Ses doigts s'agitaient vainement, ses ongles commençaient à fondre... Ses jambes tremblèrent lorsqu'elle se leva, poupée de porcelaine perdue face à ma cruauté... Et tout son corps qui faisait la guimauve, s'allongeant encore et encore, qui fondait, agonisait sous les flammes... Et ses cris, et son regard qui croisa le mien...

« Brûle, brûle son sang et ma rage amoureuse... »


Hey ! Après le sonnet voici un texte qui a plus d'un an, que j'avais écrit pour la première édition de la nuit de Samain de @MiladyCoulter. Néanmoins en le relisant me suis rendue compte que je l'aimais plutôt bien donc je le partage ici haha, sans modifications par rapport à celui d'il y a un an (: .


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