
Premier chapitre
La première chose que je vois en ouvrant les yeux, c'est le vide. Sur plusieurs centaines de mètres, il s'étend en-dessous de moi. En bas, je peux apercevoir des maisons et leurs habitants, microscopiques.
Une rafale m'enveloppe toute entière, moi : petite-fille ballottée au gré du vent.
J'ai le corps à l'horizontale, la tête tournée vers le bas, la terre. Mon être tout entier est porté par le vent : cet élément tumultueux.
La tempête – car ces bourrasques déchaînées ne peuvent appartenir qu'a une tempête- me porte au-dessus des villages, montagnes et forêts.
Je vole. Je survole. C'est magique, féerique. Ma peau bleutée par le froid du vent rugis sous le poids de l'air. Mes cheveux flottent, portés par le souffle du vent et forment un voile brun autour de mon visage. Je tourne sur moi-même, virevolte dans cette atmosphère si légère et particulière. Je suis bien, tellement bien...
Cette tempête censée être dévastatrice m'est libératrice. Elle me revigore, nourris mon corps d'un élan trop longtemps oublié. Mon esprit est clair, dénué de toute trace de haine ou de remords. Je voudrais rester ici pour toujours, dans l'air pour...
Je tombe.
Le rêve est fini, l'air me manque, la pression me coupe le souffle, je bats des jambes, agite les bras pour tomber toujours plus bas. Je tombe, je dégringole, moi qui, il y à un instant encore, étais en parfaite harmonie avec le ciel. Les humains d'en bas se rapprochent à une vitesse affolante, les toitures rouges m'agressent, les arbres et leurs branches épineuses font de même : je tombe encore et encore !
Et puis la fin.
Je me suis retournée durant ma chute et je gis maintenant au sol. Étonnamment vivante. Je ferme les yeux. Bouge imperceptiblement les jambes, comme pour m'assurer que le contrôle de mon corps m'appartient encore. Je balbutie, ou essaye, de faire sortir de ma bouche une phrase ou rien qu'un mot : AIDE !
Pourquoi suis-je vivante ? Et si las à la fois ? Pourquoi étais-je là-haut ? Et surtout, surtout ! Pourquoi je ne me souviens de rien. Le vide, le néant m'enveloppe. Je le laisse se couler en moi. Je ferme les yeux, et m'endors.
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