Chapitre 36

Kathy était joyeusement en train de regarder les capes de Quidditch lorsque quelqu'un la prit par la taille. Elle sursauta mais ne prit même pas la peine de se retourner pour voir qui c'était : il y avait un seul imbécile pour faire ça, son imbécile à elle.

- Lâche-moi, Ken !

- Pourquoi donc, princesse ? chuchota-t-il contre son oreille.

Elle leva les yeux au ciel, bien qu'il ne puisse pas la voir, et se roula en boule pour échapper à son étreinte, se faufiler sous son bras et sauter derrière lui. Il s'était déjà retourné lorsqu'elle se fut réceptionnée sur ses pieds, et il lui attrapa la main.

- Pas si vite !

- Mais tu veux quoi à la fin ?

Question totalement inutile, à vrai dire. Elle souriait déjà quand il l'embrassa.

Oups, ils étaient en plein milieu d'un magasin bondé ! Elle s'écarta de lui et parcourut la foule du regard. Certains semblaient attendris, d'autres agacés et d'autres...

Re-oups ! Aïe. Nië Kelt, le garçon de Poufsouffle qui allait entrer en septième année et qui avait été le petit-ami de Kathy pendant... deux heures, les regardait avec de grands yeux ronds. Avec lui, ses amis Joshua, Juan – l'ex d'Annie qui entrait en cinquième année – et Eric, le Serpentard qui sortait avec Quinn, se moquaient de lui en riant et en essayant des robes de Quidditch. Non seulement Kelt venait de voir son ex recherchée par Royle et le Ministère, mais en plus elle embrassait celui qui avait été durant un court moment l'un de ses pires ennemis.

- Euhm... Ken...

- Oui, princesse ? fit-il avec un sourire éblouissant.

- On peut partir ?

- Pourquoi ? s'amusa le jeune homme en caressant une mèche bouclée de ses cheveux caramel. À cause de lui ?

- Oui, rétorqua nerveusement Kathy.

Elle n'avait pas officiellement cassé avec Kelt, mais ils n'avaient pas été officiellement en couple non plus. Tout de même, c'était gênant, surtout que le Poufsouffle était toujours, d'après les ragots qu'elle avait entendus l'an passé, amoureux d'elle. Rester là, ce n'était pas très sympa pour lui et son cœur peut-être brisé.

- Si Cyrah était ici, fit Kenric en haussant les épaules, tu crois que je sortirais ?

- Euh... Cyrah Deep est là, en fait.

En effet, Deep était en compagnie d'une amie à elle aux pointes des cheveux teints en violet et au visage constellé de taches de rousseur. Les deux regardaient le couple avec des yeux grands comme des soucoupes.

- Ah oui, zut, pouffa Kenric. Pas grave, je n'ai pas envie de m'enfuir.

- Moi si ! Allez, viens.

Il leva les yeux au ciel mais la suivit dehors, les mains dans les poches. Kathy oublia totalement leur mission d'acheter des balais de qualité pour Annie, Karl, Will et elle et s'empressa de sortir du Chemin de Traverse pour arriver dans une ruelle sous-adjacente à la grande rue. Ils attendirent un moment pour se faire oublier, puis Kenric et Kathy sortirent de la ruelle, les trois Vifs 777 et des protections pour joueurs de Quidditch téméraires, ne remarquant même pas les airs estomaqués de Kelt, Cyrah Deep, Joshua, Juan et Eric. En se dirigeant vers le Chaudron Baveur, Kenric remarqua soudain une affiche sur le mur de briques qui permettait d'accéder au monde des sorciers.

Il se figea. Sur la feuille, il y avait Alizée. C'était un avis de recherche. Dangereuse rebelle ayant fui son collège. Envoyez un message avec les appeltouts si vous voyez sa trace où celle de ses alliés. Les alliés en question, c'était Kenric, Kathy, Karl, Annie, Teddy et Will, eux aussi affichés et placardés partout dans la ville.

Les appeltouts ? C'est quoi, ça ?

Kenric s'approcha d'un pas énergique du mur auquel étaient collées les feuilles, entraînant une Kathy interloquée derrière lui, et remarqua une oreille de métal accrochée à la paroi. Au-dessous d'elle, une bouche métallique et close était elle aussi attachée aux briques rougeâtres...

- Tout va bien, Ken ? fit Kathy, l'air inquiet.

Il lui fit signe de garder le silence et elle obéit. Le jeune homme venait d'apercevoir une femme au dos courbé, enveloppée dans des voiles cachant son visage, qui boitillait vers l'oreille d'acier. Elle inspecta les avis de recherche sans faire attention au couple qui, nerveux, retenait son souffle, espérant ne pas être remarqués et associés aux images accrochées aux murs. La femme parla d'une voix éraillée, tranchante et mortelle comme une épée rouillée, contre l'oreille magique :

- Appeltouts ! Mettez-moi en communication avec le Ministère.

Un temps. Puis les lèvres de métal s'écartèrent légèrement, laissant entrevoir des dents grises et une bouche qui n'était qu'une illusion, et elle parla d'une voix tranchante.

- Nous vous mettons en relation avec le Ministre, Sir Lidoneas Mirook.

Kathy et Kenric échangèrent un regard. Elle semblait stressée, lui juste décidé : le Ministre avait changé, et ils connaissaient probablement le sort réservé à l'ancien... De plus, cette femme n'était certainement pas en train de passer un appel pour prendre les nouvelles de son chat.

- On l'attaque ? chuchota Kathy.

Il hésita en laissant courir son regard sur la cour bondée. Il aurait bien aimé qu'Alizée se trouve avec lui pour prendre les décisions. Lui ne voulait pas être celui qui devrait prendre les choses en main, car il savait qu'il risquait encore de déraper et de faire les mauvais choix. En plus, cette rue pleine de grappe de passants sur le qui-vive n'était pas le meilleur endroit pour s'en prendre à cette femme qui, après tout, pouvait passer une communication administrative...

Kathy semblait attendre une réponse.

- Oui ? siffla une voix froide à travers l'appeltouts.

- C'est eux. Je les ai retrouvés, fit triomphalement la femme voilée. Au Chaudron Bav...

- Stupéfix !

La femme sauta et évita habilement le rayon rouge qui vint s'écraser sur le mur de briques rougeâtres : son voile se déchira et dévoila son visage. « Ce n'est pas une femme, c'est une harpie ! » devina Kenric en voyant ses traits taillés à la serpe et ses yeux jaunes, ainsi que ses dents pointues qu'elle montrait comme un chat menaçant.

Kenric lança un nouveau sortilège et la harpie roula au sol, prit appui sur l'oreille de métal de l'appeltouts qu'elle brisa en partie et lui sauta dessus. Il vit son visage aux yeux de faucon agressif s'approcher et ses dents luire... d'un geste, il lui envoya un sortilège en plein visage, ce qui l'envoya valser contre un mur. Kathy enchaîna en la paralysant et la ligotant contre un mur, et pendant que la harpie entaillait de ses ongles recourbés et jaunâtres les liens fluorescents et gluants qui la maintenaient collée au mur. Derrière eux, les sorciers présents, d'abord curieux, s'étaient enfuis. Kenric remarqua trois disciples de Royle en noir qui fendaient la foule effrayée du regard, probablement des sentinelles venues vérifier que les dires de la harpie n'étaient pas des sornettes.

- Viens, souffla Kenric en prenant la main de son « amie ». On s'en va. Vite.

- Avada Kedavra !

Le sort fusa et frôla Kathy à un poil près. Elle resta un instant immobile, trop choquée pour faire le moindre geste, et les yeux de Kenric virèrent aussi sec au gris d'acier. Il se tourna lentement vers les trois disciples, qui restèrent figés face à ce regard glacial.

- Pétrificus totalus ! Sectusempra ! Stupéfix ! Bloclang !

Deux des hommes se retrouvèrent figés sur place, l'un se mit à saigner du bras et se retrouva incapable de formuler le moindre sortilège, et, d'un geste sec, Kenric envoya la harpie, qui s'était détachée, voler sur le tas. Il avança vers eux et leur offrit un sourire.

- Désolé. Mais personne touche à ma copine, tas de crottes de licornes.

Ils ne bougèrent pas d'un cil – normal, pour des hommes paralysés – mais Kathy eut un sourire ému, cachant habilement ses yeux humides.

Un nouvel homme encapuchonné apparut avec un pop ! au milieu de l'allée désertée où encore quelques mages hurlants se pressaient sur les murs en tâtonnant les parois à l'aveuglette à la recherche d'un moyen de fuir cette bataille. L'homme regarda Kenric, Kathy, ses collègues entassés sur les dalles, et disparut à nouveau.

- Allez, on file, fit Kenric en aidant Kathy à se relever. Il est allé chercher les autres. Ça va ?

- Je... Non !

Silencieusement, une dizaine de mages étaient apparus derrière eux. Ils avaient probablement transplané dans la rue d'à côté. Et ils visaient Kenric avec leurs baguettes.

- BOMBADA !

Le sol explosa sous eux et ils volèrent dans tous les sens, transplanant juste avant de heurter un mur ou le sol dallé. Les derniers coururent se cacher derrière un muret.

Kenric haussa un sourcil en regardant Kathy qui époussetait tranquillement sa cape couverte de poussière. Elle lui sourit malicieusement.

- Quoi ? On touche pas à mon copain non plus.

- Tu n'as jamais accepté d'être ma petite-amie, répondit-il d'une voix douce, touché mais n'en laissant rien paraître, en arquant un sourire plein de sous-entendus.

- Certes, mais ce serait trop simple pour toi, sourit-elle avec un geste de la baguette qui repoussa un homme en noir qui leur fonçait dessus. Et ça gonflerait encore ton énorme égo.

- Si tu le dis, fit-il en retour en faisant léviter un énième ennemi. Mon égo gonflerait d'ailleurs encore un peu si tu m'empêchais d'aller sauver la demoiselle en détresse, là.

Il indiqua avec un sourire amusé Cyrah Deep et son amie aux cheveux violets qui essayaient de s'échapper discrètement. Kathy fronça les sourcils, mais elle n'allait quand même pas lui demander de rester, ce qui démontrerait sa jalousie. Il mit les mains dans les poches, brandissant de temps à autres sa baguette pour repousser un autre ennemi.

Kathy parcourut l'endroit du regard et eut un sourire en voyant Kelt se cacher derrière des cartons avec Eric, Joshua et Juan.

- Moi, alors, je vais l'aider, lui, là, fit-elle avec une désinvolture feinte.

- À ta guise !

Kenric courut sans la regarder et aida Cyrah et son amie à se cacher dans un magasin d'astronomie en lui jetant un coup d'œil amusé. Elle rougit furieusement. Il n'était pas du tout jaloux, il savait bien qu'elle ne pourrait le laisser pour Kelt.

Après tout, c'était un fin comédien et un menteur hors pair. Peut-être était-il jaloux mais le cachait-il ?

Elle courut vers les quatre garçons et s'accroupit à leurs côtés. Ils se défendaient à coups d'explosions rouges les ennemis qui essayaient aussi de les capturer, au cas où.

- Kelt ! fit Kathy en s'asseyant près de lui.

- Kate ?

Il la regarda avec de grands yeux, l'air mi-soulagé, mi-gêné.

Kelt était grand, avec des cheveux sombres et courts, une ombre creusant ses joues mal rasées et des yeux aussi noirs qu'une nuit sans fond : Eric, de Serpentard, avec ses grands airs et ses yeux pétillants, était métis et souriait beaucoup : Joshua avait des yeux d'ange et des traces d'acné sur le front, tandis que Juan avait la peau très bronzée, des boucles noires et des yeux bruns.

- Je suis heureux de te voir, balbutia Kelt.

- Moi aussi. Transplanez vite chez vous.

- Mais et toi ?

- Moi, ça va, fit-elle, et elle faillit ajouter « j'ai Kenric », mais s'abstint, sachant que ce serait un énorme manque de tact vu qu'il les avait déjà aperçus s'embrasser plus tôt. On n'est pas seuls, on est très nombreux ici.

C'était un peu embellir la vérité. Alizée, Will, Teddy, Zéphyr et Annie étaient probablement encore de faire des plans pour retourner à Poudlard, et Karl était loin, chez Lyra Crissian. Mais cela sembla rassurer Kelt, qui fit signe à Joshua, Juan et Eric de se tenir les mains.

Kathy ne put s'empêcher de regarder agressivement Juan. Avoir cassé avec Annie alors qu'elle était aussi mal en point, c'était un coup dur.

- Parmi ces gens, fit-elle d'un ton acerbe, il y a Annie.

Il pâlit et détourna le regard.

- Tu lui diras que je suis désolé ?

- Je ne suis pas un hibou.

Juan se mordit la lèvre, gêné.

Kelt, lui, regardait son ex de ses yeux noirs et lui dit avec un air entendu :

- La rébellion vous attend à Poudlard. On y retourne tout de suite.

Puis il se pencha et l'embrassa sur la joue, l'air triste. Pop ! les quatre garçons s'évaporèrent.

Kenric courut vers elle et la prit dans ses bras pour la porter comme une princesse jusqu'au Chaudron Baveur. Il la serrait contre lui comme si sa vie en dépendait et elle sourit en se laissant tomber au sol pour courir à ses côtés.

- Jaloux, Morys ?

- Nope. Lui, il peut pas faire ça.

Fugacement, il l'embrassa sur fond d'explosions et elle sourit.

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Tu Kenthy, des jalousies, de la guerre, youpi! Tout ce qu'on aime!

Désolée pour mon manque d'activité ces derniers temps, mais ça ne veut pas dire que j'arrête la fanfiction. Merci pour tout et n'oubliez pas le petit commentaire si ça vous a plu ! 

Une requête particulière pour le dernier chapitre de ce tome? Parce que oui, c'est bientôt la fin, et d'ailleurs vous allez avoir plein de Kenthy dans le tome 5 ! Si, si !

Allez bises!

Hermy