Chapitre 32 : L'explication de Laden
Chapitre 32
- Laden, souffla Alizée.
La jeune fille lâcha la main d'Annie, qui sursauta, n'ayant pas vu les cheveux roux, et elle s'enfonça à travers la foule des passants de Londres.
C'était elle, elle en était persuadée. Des cheveux si proches du rouge, si éclatants, cette baguette magique – il n'y en avait pas deux qui vivaient à Londres et qui correspondaient à cette description, et, de plus, à bien y réfléchir, l'hôpital où elles étaient entrées n'était pas si loin de la maison d'Aydaspin Grethel, dite Spin.
En passant devant un homme joufflu qui lisait le journal, un sachet de crackers de riz et chili à la main, elle se figea, ne voyant plus celle qu'elle suivait. Ses yeux glissèrent sur les passants qui ne se doutaient pas de la guerre qui se déroulait dans le monde des sorciers ; une femme tenant une petite fille dans ses bras, une vieille dame qui pestait contre le prix des harengs fumés, un jeune homme lisant les affiches sur les murs... mais pas de jolie rousse aux cheveux pourpres tenant une baguette. Alizée n'avait aucune idée de pourquoi elle voulait la rattraper, mais, comme plus tôt, face au docteur qui avait insinué qu'elle soit violente avec son amie, elle sentit une ombre étreindre son cœur et lui insuffler des pensées sombres ; Laden avait voulu la tuer. Au départ, elle n'avait cherché qu'à les berner pour sortir ensuite sa baguette, la tuer, tuer Frank, et probablement s'en prendre à ses amis, des témoins « inutiles », aussi. Elle s'était ensuite dite que finalement, tuer des adolescents et une créature magique n'était pas vraiment l'idéal, et, au lieu de tout leur expliquer, elle avait préféré fuir en leur laissant un vague mot se justifiant.
Enfin, ses yeux tombèrent sur les cheveux rouges difficiles à rater et elle se mit à courir vers la jeune femme qui s'engouffrait dans une ruelle obscure et déserte. Parfait. Elles n'attireraient pas l'attention des Moldus. Arrivant à sa hauteur, Alizée poussa par la seule force de ses pensées Laden contre le mur et elle se tourna vers elle : yeux verts, traits délicats mais regard rebelle, c'était elle, sans doute possible.
Lorsqu'elle la reconnut, la femme entrouvrit la bouche, stupéfaite, et ses pupilles se dilatèrent.
- A-Alizée ?
- Surprise, siffla-t-elle.
Laden referma sa bouche béante et ses yeux coururent sur les murs pour trouver une solution.
- Je suis contente de te voir, chuchota Laden. Tu es en vie.
Bizarrement, elle avait l'air sincère.
- Pas grâce à toi ! répliqua amèrement la Gryffondor. Tu voulais – quoi ? Tuer mes amis, tuer l'Oiseau-tonnerre, et puis t'occuper tranquillement de moi après ? Tu nous as embobinés ! Pourquoi ne pas nous avoir tués chez ta sœur ?
- Je ne voulais pas... commença Laden.
Alizée essaya de se calmer et de repousser la haine sur son cœur, mais elle ne parvenait qu'à s'énerver d'avantage.
- Je t'assure, reprit Laden. Je t'assure que j'hésitais déjà. Je vous voyais auparavant comme une menace. Mais vous n'étiez que des adolescents en cavale, fuyant la mort ou la possession.
- Mais tu ne voulais que nous embobiner, au début ! J'aurais dû écouter Kenric, j'aurais dû l'écouter...
Inconsciemment, elle resserra sa prise mentale et Laden poussa un petit cri, étouffée par cette force invisible qu'elle ne pouvait combattre.
- Je n'avais qu'à dire... deux mots... haleta-t-elle. Et toute menace aurait été écartée... tu serais morte... et Royle impuissant... mais je ne l'ai pas fait...
Sa baguette lui échappa des doigts et roula au sol.
- Je ne l'ai pas fait... tu... Je ne t'ai pas tuée alors que ça aurait sauvé des centaines de personnes.
- Alizée ! appela Annie derrière elles.
Elle s'arrêta à nouveau et se retourna vers son amie. Alizée fut prise de remords ; elle n'aurait pas dû fuir comme ça sans s'expliquer... et en plus, Laden avait raison.
S'il fallait tuer quelqu'un qu'elle ne connaissait absolument pas, et que ça sauverait des milliards de personnes, le ferait-elle ? Ou bien sauverait-elle cet inconnu pour condamner la population ? Non, elle aurait sauvé le plus grand nombre, elle aurait fait comme Laden, qui n'avait cherché qu'à sauver le monde, en fin de compte... L'ombre sur son cœur torturé se retira comme la marrée et l'étau qui enserrait la rousse fit de même. Haletante, Laden tomba au sol où elle se saisit de sa baguette et se releva pour s'appuyer au mur.
Abattue, ne comprenant pas comment elle avait pu être aussi égoïste, Alizée regarda tristement Laden reprendre son souffle saccadé.
- Tu as raison, chuchota-t-elle. Je ne suis rien comparée à toutes ces vies. Tue-moi, qu'on en finisse.
- Qu'est-ce que tu racontes ? s'écria Annie d'une voix aiguë.
- Si Royle m'attrape, c'est le monde qui y passe. Je ne peux pas risquer de détruire la population. S'il faut me tuer pour vous sauver, c'est un bien petit prix à payer... une vie contre des milliards...
- Mais tu n'es pas juste une vie ! siffla Annie en lui prenant la main. Tu es Alizée, tu es Lizzie. Tu es quelqu'un de spécial au cœur d'or, quelqu'un qui ne cherche qu'à aider son entourage, tu es celle qui va me sortir de la maladie.
- Quelle maladie ? intervint Laden.
Annie l'ignora superbement et reprit, regardant Alizée avec des yeux humides ;
- J'ai besoin de toi, Lizzie. J'ai perdu Gwenn, j'ai perdu Albe, alors tu es ce que je considère le plus comme ma meilleure amie. Tu es celle qui peut me tirer vers le haut et me sauver de l'anorexie. Tu penses à te sacrifier, mais on a encore besoin de toi ici. Si tu meurs, Zéphyr se tuera, Kenric changera totalement, Kathy sera déprimée à en mourir, Karl, je ne t'en parle même pas, et moi, je vais sombrer dans la maladie et en mourir aussi. Alors tu restes.
Alizée regarda son amie dans les yeux. Elle n'était pas sûre de pouvoir la tirer de sa maladie – encore une fois, on plaçait trop d'espoirs en elle, on croyait trop qu'elle serait celle qui réparerait toutes les erreurs et toutes les vies brisées, alors qu'elle n'était qu'une adolescente avec un peu trop de magie, amoureuse et sotte, avec une ombre qui lui consumait le cœur sans qu'elle ne puisse en parler.
Mais d'un autre côté, elle savait que certaines des choses qu'avait dites Annie étaient vraies ; Zéphyr et elle ne survivraient pas à sa mort. Lui parce qu'il préférerait, comme elle, mourir plutôt que de rester loin d'elle, et Annie parce qu'elle était tellement fragile...
Elle adressa un regard à Laden, puis soupira. Il y avait encore trop de choses à réparer parmi eux.
- Viens, An'. On rentre. Au revoir, Ayladen Grethel, et à bientôt !
- J'espère, lâcha Laden d'une voix sifflante.
Alizée prit la main d'Annie et elles échangèrent un regard décidé.
/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\
Désolée, chapitre un petit peu court, où on découvre surtout les sentiments contradictoires d'Alizée et sa puissance qui n'arrête pas d'enfler et de se saisir de ses faits et gestes.
Déjà, c'est quoi, cette ombre bizarre au fond d'elle? Les conséquences de l'adolescence? Du deuil? De quelque chose de plus sinistre? Qui sait (réponse ; moi, je sait ;) ), ça peut être n'importe quoi, mais n'hésitez pas à me dire votre avis en commentaires !
On en comprend aussi un peu plus sur Laden, et un peu sur Annie.
Bref, sinon, je voulais vous remercier du fond du cœur ! <3 Il y a quelques jours on en était à 800 lectures, et là, 1,2k, BAM! J'ai du mal à y croire!!! Merci beaucoup ! En plus, vos commentaires, qui me font bien plus plaisir que tout le reste, sont toujours aussi gentils.
(Et désolée de ne plus poster aussi souvent, avec la rentrée etc. ...)
Plein de biiiiises ! Je vous aime !
Hermy
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro