Vous pouvez retrouver le rêve dans le chapitre 2 du tome 3 si vous l'aviez oublié

Chapitre 30

Albe écarquilla les yeux et entrouvrit la bouche tandis que le maléfice vert se reflétait dans ses iris brillants. Elle tomba en avant et s'écrasa sur la roche lissée par le sel de la mer tandis sa baguette glissait d'entre ses doigts et roula loin d'elle avant de tomber avec un bruit sonore dans une flaque d'eau.

Alizée se figea, incapable de réaliser ce qu'elle voyait, ce qu'elle avait vu, ce qui s'était passé. Elle était sous le choc tandis que Royle riais aux éclats et que Zéphyr essayait vainement de réveiller Albe en la secouant. Mais ça ne servait à rien. Elle ne s'éveillerait plus. Plus jamais.

« Non. »

- Non. Non. NON... NOOON !!!

- Lizzie, cria Zéphyr, fais atten...

Elle tremblait de tous ses membres. Elle ne parvenait plus à contrôler son pouvoir, mais elle n'en avait même plus la volonté... Elle n'arrivait plus à voir à travers le voile rouge qui s'était abattu sur ses yeux.

Une stalactite éclata et la poussière qui en résulta se mit à flotter. Des rochers éclatèrent et s'élevèrent, mêlés à des gouttelettes d'eau, à du sable, à sa fureur, se mirent à tournoyer autour d'elle en une tornade dévastatrice.

- Impéro ! cria Royle.

Elle forma inconsciemment une bulle de protection autour d'eux et le sortilège ricocha dessus. Il recommença le maléfice, mais cette fois, il éclata en plein vol. Il commençait à avoir peur de ce qu'il avait engendré...

« Elle n'est pas morte... C'est impossible... Elle ne peut pas être morte... »

Ses défenses se brisèrent soudain et elle retomba sur la pierre.

- Pé... Pétrificus totalus ! hurla le mage noir en pointant sa baguette sur Alizée.

- Attention !

Zéphyr l'écarta et prit son sortilège à sa place. Alizée, en le voyant étendu, immobilisé mais conscient, à côté du corps inanimé d'Albe, se sentit craquer et, tandis que des larmes ruisselaient sur ses joues, elle se leva et se mit à courir derrière Royle, qui s'était enfui.

« Je vais le tuer.

Oh oui, je vais le tuer. »

°O°o°O°o°O°

Zéphyr, étendu au sol, incapable de faire un geste, sentait les pièces du puzzle s'assembler dans son esprit. Alizée était grimpée sur un rocher battu par les vents, où Royle était debout et l'attendait, sa baguette à la main. Alizée lui faisait face, les cheveux voletant autour d'elle. Elle avait l'air âgé, sage. La chevelure plus sombre et plus longue, les yeux plus clairs et emplis de fureur, elle était toujours aussi, et même plus belle malgré son t-shirt gris à la manche déchirée et son jean en lambeaux dont la jambe droite arrivait au-dessus de ses genoux. Zéphyr avait une terrible impression de déjà vu. Il comprenait soudain où il avait vu tout ça. Alizée avait les joues rougies par le vent froid et le sel, ainsi que par les larmes qui y avaient coulé avant de sécher. Zéphyr la regarda avec désespoir, sachant ce qui allait se passer, mais ne pouvant rien faire à cause du sortilège qui l'immobilisait. Elle brandissait sa baguette et la pointait vers Royle. Elle avait l'air déterminé, furieux, folle de rage et de douleur, tiraillée de tristesse.

- Comment as-tu osé ? hurla-t-elle avec toute la force de ses poumons. JE TE DÉTESTE !

Des sortilèges fusèrent des deux côtés et se rencontrèrent pour former une avalanche de lumière, une cascade d'étincelles qui se déversa sur les épaules d'Alizée et de Royle. Alizée avait le dessus, largement, grâce à sa force mentale exceptionnelle. Elle allait l'emporter. Seulement, Zéphyr, à cause de son rêve fait une belle année auparavant, savait ce qui allait arriver. Comme il s'y attendait, une troisième personne apparut à côté d'eux en transplanant.

- Arrête, Alizée ! cria la personne dressée à leurs côtés.

Déconcentrée par l'appel, elle se tourna vers la silhouette et reçut le sortilège de Royle de plein fouet, comme Albe juste avant elle. Si Royle avait voulu la tuer, elle serait déjà morte, mais heureusement, le maléfice était un simple Impédimenta qui la propulsa en arrière. Elle s'envola à travers les rochers pointus et s'enfonça en une pluie d'éclaboussures dans la mer qui entourait le rocher plat, traversée en même temps par la pointe d'un roc terriblement affilé... Horrifié, Zéphyr sentit le sortilège qui le maintenait immobile se défaire, le laissant bouger. Il courut vers le lieu où Alizée était tombée. Un flot de sang vint se mêler à l'eau sombre...

- NON ! hurla le jeune homme, catastrophé, anéanti, tant qu'il se croyait mort de tristesse.

Il remarqua alors qu'Alizée, avant de tomber, avait invoqué sa puissance mentale involontairement ; la main de Royle avait été réduite en poussière, et il la regardait, l'air totalement abasourdi. Même s'il ne souffrait pas, il était complètement sous le choc. À côté de lui, Karellia Neigea était debout, l'air effrayé, et semblait sur le point de vomir, le regard fixé sur sa main. Zéphyr était horrifié. La propre mère d'Alizée l'avait appelée, causant sa chute dans les rochers. Son cœur s'arrêtait. Si Alizée était morte, il ne pourrait pas vivre sans elle.

Il se mit à courir et essaya de la voir à travers l'eau assombrie par le sang, mais il en était incapable à cause de l'opacité de la mer. Il lança un regard ardent et haineux à Karellia, immobilisée par l'horreur sur son rocher, à côté de son maître hurlant et gesticulant comme s'il croyait qu'il allait récupérer son bras en criant comme un malade mental.

- KARELLIA, SAUTEZ CHERCHER LA FILLE !!! rugit-il.

Comprenant que le temps lui était compté, Zéphyr joignit les mains au-dessus de lui et plongea dans l'onde froide, le sel lui piquant le nez et les yeux. Il se jeta un sortilège de Têtenbulle qui lui emprisonna le bas du visage dans un bulle d'air frais et pur, puis il regarda autour de lui ; des rochers de taille imposante, très pointus, s'élevaient des profondeurs de la mer, où barbotaient poissons, anguilles et tortues marines ; un petit nuage de sang se diluait peu à peu dans l'eau, et il ne tarderait pas à attirer les requins, Zéphyr avait donc intérêt à se dépêcher. Il nagea à grandes brasses vers les profondeurs oubliées et verdâtres, l'air filtré par la bulle magique lui picotant le nez à cause de l'eau chargée de sel. Heureusement qu'il faisait chaud, ou il serait mort frigorifié... il fouilla les profondeurs du regard, désespéré de ne pas y voir Alizée... Même si son ricochet contre le pic acéré ne lui avait pas été fatal, elle risquait de mourir de suffocation...

Il vit enfin le corps de la jeune fille qui flottait quelque part entre deux morceaux de corail, ses cheveux très longs dansant autour de sa tête comme des algues noires. Cette fois, sa force mentale ne l'avait pas enveloppée dans un cocon protecteur, et des bulles échappaient à des rythmes réguliers de son nez tandis que ses bras étaient soulevés par le courant ; les oreilles déchirées par la pression, Zéphyr entendit cependant quelqu'un sauter à l'eau au-dessus de lui, et il vit qu'il s'agissait de Royle. Karellia avait apparemment refusé de se charger de cette tâche, et il ignorait le prix qu'elle avait eu à payer pour cet affront à son maître.

Il s'approcha d'Alizée, toucha sa peau glacée, la tira contre lui et prit son pouls. « Pitié, faites qu'elle soit vivante... FAITES QU'ELLE SOIT VIVANTE... »

Il perçut enfin un battement lent et régulier.

Elle était en vie !!!

Zéphyr vit une large plaie au niveau de son ventre et du sang qui continuait de s'en échapper en un filet rougeâtre et continu qui remontait à la surface en même temps que les bulles qui échappaient à ses poumons.

- Têtenbulle ! cria Zéphyr à travers le cocon d'air qui le maintenait en vie, en créant un aussi sur la bouche et le nez d'Alizée.

Elle entrouvrit les yeux, mais elle semblait terriblement faible.

Royle s'approchait d'eux à grandes brassées, l'air furieux, sa main calcinée couverte par un morceau de tissu déchiré. Lui aussi avait le visage couvert d'une bulle protectrice, mais il n'avait pas sa baguette. Il hurla ;

- Donnez-la-moi ! Donnez-la-moi !

- Dans vos rêves, salaud ! répliqua Zéphyr en la serrant contre lui.

- J'ai besoin d'elle, rugit-il. Avec son pouvoir, lorsque j'aurais récupéré Franck, le monde des sorciers n'aura plus aucune chance !

Comme l'avait dit Kenric, il souhaitait donc bien se saisir d'Alizée pour la posséder et utiliser son pouvoir mental stupéfiant. Mais qui était ce fameux Franck ? Frank Bryce était mort, Frank Londubat était rendu fou par le sortilège de Bellatrix Lestrange. De qui parlait-il donc ?

- Vous ne toucherez plus jamais à un seul de ses cheveux, cria Zéphyr. Plus jamais !

Il commença à se concentrer ; il savait transplaner mais n'avait jamais utilisé le transplanage d'escorte. Il ferma fort les yeux. Évidemment, il avait passé son permis de transplanage en sixième année, mais pas sous l'eau, oppressé, stressé, poursuivi par Royle et avec quelqu'un d'assommé dépendant de lui.

- Ton ami Gill t'en dira tant ! ricana Royle.

Zéphyr releva brutalement la tête, le peu de concentration qu'il avait accumulée réduite à néant par ces mots.

- Que voulez-vous dire ?

- Je suppose que la fille t'a parlé de votre ami traître ? C'est Gill Kary, ton si proche ami de Serdaigle, qui me livrait les informations nécessaires pour tuer Alizée ! C'est grâce à lui que j'ai tué Albe Goldstein et failli faire de même avec ta petite chérie !

- VOUS MENTEZ ! s'époumona Zéphyr de toutes ses forces.

L'autre éclata de rire, chassant une anguille effrayée qui alla se réfugier sous un rocher. Zéphyr se sentait anéanti... C'était impossible... Impossible... Gill n'aurait jamais... Royle cherchait clairement à le déconcentrer...

Il vit alors Alizée entrouvrir les yeux, l'air perdu. Elle leva les yeux vers lui ;

- Zéphyr... ?

Ce fut ce mot qui lui donnale courage de transplaner enfin en l'emmenant avec lui, sous le hurlementfurieux de Royle.

/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\

ALORS, je crois que je vous dois des explications... Je vous poste tout de suite un chapitre "en mémoire d'Albe" ;) mais je ne vais pas faire ça pour chaque personnage à qui il arrive quelque chose sinon bon ça va partir en cacahuètes. Bref!

Bises !

Hermy