6 - Embuscade
"La fascination qu'exerce un être sur un autre ne provient pas de ce qu'exhale sa personnalité à l'instant de la rencontre. C'est de la somme de tout son être que se dégage une drogue puissante capable de séduire et d'attacher." - Anaïs Nin
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-Que devrai-je faire ? Demanda Sebastian.
Moriarty se décala pour s'appuyer contre la vitre de la voiture.
-Vous ne pouvez pas attendre que je donne des instructions à tous le monde ?
-Pourquoi m'auriez-vous fait monter dans votre voiture si ce n'est pas pour me donner des instructions personnelles ?
-Et si je souhaitais simplement votre compagnie ?
Moran en resta pantois.
-Vous rougissez comme une petite fille, Sebastian, s'amusa le génie du crime. Rassurez-vous, j'ai effectivement des instructions spécifiques à vous délivrer. Je ne ferais pas la bêtise de vous mettre sous les ordres d'un autre. Vous êtes un chasseur, donc un solitaire, et vous avez infiniment plus de valeur en électron libre. Je veux que vous vous couliez dans les ombres, et que vous observiez ceux que nous allons rencontrer. Ils vont tenter d'éliminer mes hommes.
-Ils vont vouloir vous trahir ? Après l'avertissement d'hier ?
-C'est un peu plus compliqué que ça. Disons qu'ils n'ont pas le choix. Je les ai poussés, un par un, à la mutinerie. En restant dans l'ombre, bien entendu. Et voilà que je me présente à eux, entouré d'un nombre d'hommes inférieur au leur. Ils vont chercher à me tuer, prendre la marchandise, et partir. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que mes employés sont bien meilleurs qu'eux. Et que je vous aie, vous.
-Pourquoi ?
L'autre lui envoya un regard trouble, et garda le silence.
-Dites-moi, murmura Sebastian. Fiez-vous à moi. Je ferai tout pour vous.
Moriarty sourit comme s'il avait manipulé exprès la conversation pour lui soutirer cet aveu.
-Les gens pour qui ceux-là travaillent sont extrêmement à cheval sur l'honneur, répondit-il enfin, et très désireux de préserver leur réputation dans le milieu. Si leurs hommes me trahissent, je peux espérer le triple de ma demande initiale en dédommagement. Et si vous les exterminez sans pitié, ça renforcera mon aura d'invulnérabilité auprès des clients. Et puis, il y a quelques-uns de mes hommes dont j'aimerais tester la fiabilité...
Moran hocha la tête. Il avait compris le message. Surveiller les deux camps.
La voiture ralentit et s'arrêta.
Moriarty cligna des yeux. Il était seul dans la voiture.
Il sourit. Oh oui, décidément, la journée promettait d'être amusante...
Il glissa une pomme dans sa poche et sortit du véhicule. Les autres étaient déjà là.
Vous excuserez l'auteur -c'est à dire moi- de tomber dans les stéréotypes, mais ceux d'en face avait réellement des têtes de bandits. Ils auraient été refusés à un casting, tellement leurs gueules couturées et baraquées étaient caricaturées.
Ils s'avancèrent d'un pas chaloupé, emprunté à quelque feuilleton américain, et passèrent tous une main sous leur pardessus, à la recherche d'une arme.
Ombre parmi les ombres, Sebastian secoua la tête, consterné.
Un des employés de Moriarty -dont Moran ne s'était pas donné la peine de retenir le nom- fit trois pas en avant, la traditionnelle mallette noire à la main.
Sebastian se déplaça sans bruit, glissant sans effort le long des façades qui encadraient la scène. Moriarty avait dit qu'ils seraient plus nombreux que ses troupes. D'autres devaient donc attendre autre part, caché.
Si je vous dit que Moran possédait un remarquable dont d'empathie, vous hausserez certainement un sourcil sceptique, en sirotant d'un air circonspect votre chocolat chaud. Et vous aurez raison, parce que le chocolat chaud, c'est délicieux. Mais comment appeler autrement cet instinct qui lui permettait de comprendre les autres êtres vivants ? D'appliquer à lui-même leur façon de penser ?
Par exemple, en cet instant, Moran se mit à la place de ces gens qu'il voyait pour la première fois, mais dont il comprit aussitôt le mode de fonctionnement. Et la cachette qu'ils avaient choisit pour faire la pire erreur de leur vie. Attaquer Moriarty. Ce qui, déjà, n'était pas l'idée du siècle, question survie. Mais alors si Moran était dans les parages...
Ils ne virent rien. Ne sentirent rien.
Une ombre. Un courant d'air.
Et leur vie cessa avec qu'ils n'aient comprit qu'ils étaient morts.
Sebastian essuya son couteau sur l'un des hommes à la gorge tranchée qui gisait au sol, une expression stupéfaite peinte sur son visage.
Et il retourna à son poste initiale.
En tant que narrateur omniscient -Dieu quoi- je peux vous certifier que toute l'opération n'avait pas duré plus de trente-six secondes.
*
Moriarty, légèrement en retrait, dévisageait tranquillement les hommes à têtes de bandits. Il savait qui allait commencer l'attaque, qui suivrait immédiatement, et qui hésiterait. Bien entendu, il n'avait pas cette compréhension totale et instinctive des gens qu'avait Moran, personne sur Terre ne pouvait se targuer d'une telle chose, mais il était sans conteste l'esprit le plus retord de son temps. Et l'un des trois plus intelligents.
Le seul élément d'imprévu, c'était Sebastian Moran lui-même.
Moriarty avait beau faire, il ne parvenait pas à percer les pensées de cet homme. À vrai dire, ça faisait déjà assez longtemps que l'individu l'intéressait. Il avait suivi avec attention ses progrès en Inde, ses combats contre des tigres, ses contrats parfaitement exécutés, et ses aptitudes physiques hors du commun. Depuis qu'il avait commencé à envisager le métier de criminel consultant, c'est-à-dire depuis ses treize ans, il avait toujours su, qu'un jour où l'autre, il engagerait cet homme.
Mais il avait longuement hésité, et repoussé à plus tard. Il ne savait pas exactement pourquoi. Peut-être parce qu'il savait déjà qu'il ne pourrait pas comprendre un tel homme.
Où était-il, à présent ? Il avait beau scruter les ombres, il ne le voyait nulle part.
Il soupira, et croqua dans sa pomme. On s'ennuyait, là.
Et puis, soudain, un coup de feu.
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J'ai oublié de vous dire ce que je voulais vous dire depuis le début, à savoir qu'au départ, je ne shippais pas du tout ces deux là, puis qu'un jour je suis tombé par hasard sur la fanfic La Rencontre de LaFacette.... et je vous jure, allez lire ça, c'est juste géniallissime!!
biiiiiiz
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