
19 - Le début de la fin
(Oui, je sais, j'ai mis un temps fou avant d'écrire ce chapitre ^^' désoléééé)
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Kevin regarda Moriarty ouvrir le col de Sebastian, pour taquiner du bout des doigts la peau de son cou. L'adolescent se crispa. Ses sentiments envers Moriarty étaient contradictoires, mais ces jours-ci, la colère tendait de plus en plus à remplacer l'admiration.
Lucifer se pencha pour murmurer quelque chose à l'oreille de son chasseur, qui rougit.
Mais Moran n'avait pas dit son dernier mot. Il se pencha à son tour pour chuchoter un mot, un seul, à l'oreille de son seigneur et maître. Kevin ouvrit des yeux stupéfaits.
C'était presque imperceptible, mais il avait vu... Il était sûr que Moriarty venait de rougir à son tour.
Il planta ses poings dans ses poches en grommelant, attendant que l'un des deux daigne lui accorder un ersatz de leur attention.
Enfin, le criminel consultant tapota la tête blonde de Sebastian comme on dit au-revoir à un chiot et fit volte-face pour s'enfermer dans son bureau. Moran arbora un instant des yeux de petits chien abandonné, puis lâcha un soupir, se reconstitua un sourire, et se dirigea vers Kevin.
-Tu tombes bien ! s'exclama le chasseur. Je voulais te voir!
-Moi aussi, grommela Kevin en enlevant son bonnet de Peter-Pan.
Le QG, cette semaine, se trouvait derrière une boutique Disney. Acceptant pour une fois de jouer le jeu - et peut-être parce que Moriarty avait un fétichisme des uniformes - Moran portait un long manteau de velours rouge, exacte réplique - en plus cossu - de celui du capitaine crochet. Étrangement - ou pas, depuis le temps, vous vous en doutiez - ça lui allait très bien.
-J'ai quelque chose à donner au grand patron, repris Kevin en évitant de poser ses yeux sur la taille de Sebastian, décidément trop bien souligné par son manteau.
Conscient de l'effet qu'il faisait au jeune homme, le chasseur arbora une démarche plus chaloupée, qui fit baisser de quelques degrés son sex-appeal. Il se saisit de la grande enveloppe brune que lui tendait l'adolescent et la glissa à l'intérieur de sa veste.
-Bien, lança-t-il joyeusement, si on allait boire un verre ? J'ai une surprise pour toi.
-Une surprise ? s'étonna Kevin en marchant sur ses pas.
Son moral était remonté en flèche. Lui aussi, il était important aux yeux du chasseur !
Prends ça, Moriarty ! Songea-t-il en pourfendant l'air de son petit poignard en plastique, sous le regard amusé de Sebastian.
~
-Kevin, dit Sebastian, soudain grave. Est-ce que tu me fais confiance ? Je veux dire, est-ce que tu crois en mon instinct ?
Assis en face du chasseur, son bubble-the orange/tapioca dans les mains, Kevin réfléchie un instant. Sebastian saurait tout de suite s'il mentait, autant donner une réponse honnête.
Et sans surprise, il s'aperçut que oui. Il avait une foi presque aveugle dans l'instinct de Sebastian. Il l'avait vu faire tant de choses extraordinaires...
Le chasseur lut la réponse sur son visage et sourit.
-Je t'ai amené ici pour une raison.
-Pa'che que leur bubble-thé chont chuper bon ? Répondit Kevin, la paille dans la bouche.
-En effet. Et parce que quelqu'un a besoin de ton aide, juste maintenant.
-Hein ?
-Tu vois l'homme, là-bas ?
Kevin se retourna (pas très discrètement) pour suivre la direction que pointait Sebastian.
Il y avait un homme, adossé à la vitrine. À sa plus grande surprise, il reconnut le type que Sebastian lui avait désigné comme étant son partenaire idéal, dans la boite de nuit. Jusqu'à ce que les fous-furieux n'arrivent pour foutre le boxon.
-Je ne sais pas à quoi tu joues, commenta Kevin, mais si tu espères me caser aussi facilement...
-Je t'ai demandé de me faire confiance.
-Seb, je suis un gamin de dix-sept ans, qui maîtrise à la perfection la chimie et l'art des poisons depuis mes onze ans, qui a assassiné par inadvertance toute sa famille, qui a un trouble de la personnalité légèrement dangereux pour son entourage, et qui fréquente activement l'organisation criminelle la plus redoutable du pays, voire du continent, voire du monde. Je ne vais pas mettre dans mon lit le premier type qui se présente, aussi mignon soit-il.
Sebastian ne dit rien, se contentant de le fixer de ses yeux bleus pâles, dont l'intensité mettait mal à l'aise Lucifer lui-même.
Kevin aspira bruyamment les reste de sa boisson pour reprendre contenance.
Sebastian se leva sans bruit, se coula hors de sa chaise comme un félin dans la jungle. Absolument silencieux. Comme toujours, lorsqu'il ne faisait pas attention.
-Il est sur le point de se suicider, souffla-t-il dans l'oreille de Kevin avant de disparaître.
L'adolescent resta un instant immobile, interdit. Les yeux posés sur le jeune homme au regard triste qui tremblait de tous ses membres, adossé à la vitrine.
Il ne comprenait pas très bien le manège de Sebastian, mais une part de lui, étrangement, ne voulait pas que l'inconnu meurt. Il brûlait de le connaître, de savoir ce qui avait pu faire croire au chasseur qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Pourquoi voulait-il en finir ? Quelle douleur se dissimulait derrière ce masque d'ange ?
Il rangea son visage sombre dans le coin le plus reculé de son âme et s'avança vers sa proie.
~
Sebastian, assit sur un banc, de l'autre côté de la route, observait la scène avec satisfaction.
Les passants l'évitaient sans le voir, comme si l'existence même d'un banc à cet endroit était sortit de leur mémoire.
Et puis, soudain, il ne fut plus seul.
-Ça m'étonne toujours, dit Sebastian en souriant.
Moriarty haussa un sourcil perplexe.
-Que vous arriviez à me voir.
-Tu ne seras jamais invisible à mes yeux, mon petit chasseur, s'amusa Lucifer en appuyant distraitement son épaule contre la sienne.
Le sourire de Sebastian s'élargit.
Il sortit de l'intérieur de son manteau l'enveloppe que lui avait donné Kevin et la tendit à son patron.
Le visage de Moriarty se teinta d'une expression étrange, entre l'excitation et l'angoisse. Sebastian eut un étrange pressentiment. Il voulut savoir, soudain, ce qui se trouvait dans l'enveloppe. Mais Moriarty la glissa dans sa poche, et son masque redevint semblable à celui de tous les jours.
Ils reportèrent tous les deux leurs regards sur Kevin, en face, qui faisait rire un jeune homme aux boucles blondes.
-C'était tout juste, commenta Moriarty.
Sebastian lui envoya un regard plein d'innocence. Lucifer laissa échapper un rire, et passa son bras autour des épaules de son homme de main, histoire de bien marquer son territoire.
-Si Kevin avait continué à te regarder comme ça, susurra le criminel, je l'aurais tué. Tu lui as sauvé la vie. Et tu le sais pertinemment.
-Malgré ses capacités ?
-Bien entendu, répondit l'autre. On ne touche pas à mes affaires. Je crois l'avoir déjà dit, et je n'aime pas me répéter. Kevin est remplaçable. Tous le monde est remplaçable... Sauf toi, finit-il sur un ton pensif.
Il n'y avait pas vraiment réfléchit, auparavant, tant Sebastian lui semblait immuable. Mais en effet, nul ne pourrait jamais remplacer cet homme extraordinaire.
Lucifer se leva, lança un chewing-gum dans sa bouche, et sortit ses écouteurs.
Sebastian le suivit docilement, un énorme sourire aux lèvres.
~
~ Deux jours plus tard ~
-Tu entres, dit laconiquement Moriarty, tu les tues tous, tu fais une belle mise en scène, et tu repars. Sans coups de feu, je ne veux pas attirer les voisins.
Sebastian vérifia que les longs poignards dissimulés dans ses manches coulissaient bien, et sortit de la voiture.
Moriarty le regarda traverser la route pour se rendre sur le perron de la maison d'en face. Une petite maisonnette tout ce qu'il y avait de plus sage, au porche éclairé par quelques fausses bougies.
La nuit était en train de tomber.
La pauvre famille qui vivait là n'avait jamais fait de mal à personne. Mais Moriarty avait besoin de détourner l'attention de la police. Ils correspondaient au profil. Le couperet était tombé.
Sebastian sonna.
Une très belle femme d'une quarantaine d'année vint lui ouvrir. Il ne lui fallut pas deux secondes pour faire entrer l'inconnu dans sa maison.
Après tout, songea Moriarty, quand on avait charmé le diable, le reste n'était qu'un détail...
La maison possédait trois étages.
Moriarty vit les lumières s'éteindre une par une.
Il n'y eut pas le moindre cri, pas le moindre bruit.
Moriarty reporta son regard vers son portable, attendant un SMS qui lui assurerait un travail bien fait.
L'écran était vide.
Lucifer reporta son regard vers la maison silencieuse.
Tout était calme, vus de l'extérieur. Si calme...
Pourquoi Sebastian ne revenait pas ?
Tuer tous ces gens aurait du être un jeu d'enfant. L'affaire d'une minute ou deux.
Que s'était-il passé ?
Et s'il avait oublié de prendre en compte un paramètre ? Non, non, il avait tout vérifié...
N'y tenant plus, il sauta hors de sa voiture et alla sonner en face.
Rien.
Exaspéré, il testa la poignée. La trouvant ouverte, il entra dans la maison et tourna l'interrupteur.
Du sang. Partout. Sur les murs, le plafond, le sol.
Pas mal, songea Moriarty en examinant la pièce, passant sur les corps mutilés, exposés comme des trophées. Il se demanda comment son chasseur avait pu tirer d'aussi peu de personne une telle quantité de sang.
-Moriarty ? Lança une voix familière, dans son dos.
Le génie du crime se retourna. Sebastian lui jetait un regard surpris, couvert de sang des pieds à la tête.
-Tu en as mis, du temps, s'agaça faussement Moriarty.
-J'ai dû crocheter la serrure de la salle de bain pour avoir le petit dernier. Je ne voulais pas risquer de faire du bruit en défonçant la porte. Je croyais que vous deviez rester dans la voiture ? Vous... Oh, compris Sebastian en se mordant la lèvre.
Moriarty haussa un sourcil, sans savoir s'il était content ou non que Sebastian sache qu'il s'était inquiété pour lui.
Son regard détailla le chasseur.
Il était beau. Il le savait déjà, mais il le constatait à chaque nouvelle inspection. Il était beau, et incroyablement désirable. Même couvert de sang. Surtout couvert de sang. Il se dégageait de lui un magnétisme animal qui déclenchait chez le maître du crime organisé des réactions plutôt... libidineuse.
Quelques minutes plus tard, sans qu'ils sachent très bien comment ils étaient montés jusqu'ici, ils se trouvaient dans un lit. Les poignets de Sebastian étaient plaqués contre le matelas, fermement tenus par les longs doigts de Lucifer.
-Jim... murmura Sebastian en se mordant la lèvre.
Moriarty enfonça deux doigts dans sa bouche et entreprit de le déshabiller, étrangement émoustillé par les traces rouges sur sa peau.
Le chasseur frémit lorsque les doigts de son amant se refermèrent autour de son membre tendu.
Dans un élan, il se permit ce qu'il n'avait jamais fait. Il tendit les bras, et serra Moriarty contre lui.
Le criminel ne protesta pas. Au contraire, il se déshabilla à son tour pour pouvoir mieux goûter le contact de leur peau l'une contre l'autre...
Sebastian n'avait jamais été si heureux de son existence.
Il ne le serait jamais plus.
L'enveloppe de Kevin avait glissé de la poche de Moriarty, à moitié ouverte par la précipitation.
À l'intérieur se trouvaient des pilules roses.
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