21 | Frère
« Et bien allez-y... Tuez moi ! Je vous attends ! »
Se voulant vulnérable, Edenia écarta les bras prête à s'offrir au courroux de ses assaillants. Elle ne portait ni armure, ni arme, uniquement le fin tissu en lin sur sa poitrine nue et ses hanches généreuses. L'hilarité s'ébauchait sur son visage, narquoise et moqueuse elle se savait maîtresse de la situation.
« C'est quoi ton but ? Conquérir le monde ? Demanda Honda sur le qui-vive.
_ Conquérir le monde, répéta-t-elle avec une voix d'enfant. Vous m'exaspérez tous autant que vous êtes...
_ Alors explique nous ! S'acharna Jonouchi le poing en avant.
_ Ça sera un massacre, jubila-t-elle. Je voyagerais à travers les univers pour prendre les plus grands criminels des millénaires à venir ! Ceux de vos contes de fées comme ceux de votre réalité ! Ça sera le chaos total ! »
Elle riait, passant sa langue perverse sur ses lèvres gourmandes. Son rire s'imbriquait dans chaque pierre du palais, menaçant de les faire exploser à la moindre intonations forte. Le toit présageant petit à petit de s'éffondrer comme si Edenia s'apprêtait à faire apparaître un volcan sous ses pieds.
« Je les contrôlerais tous ! Freddie Krueger, Charles Manson, Sauron, Ted Bundy, Voldemort, Staline, Hitler ! TOUS ! »
Bien renseignée, la reine maléfique fit grande impression à l'annonce de ces noms. Jonouchi semblait n'en connaître que la moitié et haussa les épaules, le visage grâve, ne sachant pas à quoi s'attendre de la reine.
« Mais avant tout... Je vais m'occuper de vous ! »
Elle les pointa un à un de son index, comme si elle s'apprêtait à les éliminer d'un claquement de doigt. Telle un jeu hasardeux, elle tourna sur elle-même pour viser Honda, blêmissant à vue d'œil.
« Toi, tu mourras. Pas toi en revanche, gazouilla-t-elle en regardant le grand blond. T'es beaucoup trop mignon. Mhhh, toi, tu n'es qu'infamie... Yûgi c'est ça ? Interrogea-t-elle d'une voix innocente.
_ Je te ferais brûler, menaça le jeune garçon sur un ton provoquant.
_ J'ai hâte de voir ça. »
Elle contourna le grand prêtre d'un pas lent, le déshabillant du regard sans la moindre pudeur. Ses yeux roulaient lorsque des pensées confuses et érotiques lui venaient en tête.
« Et toi... Toi... »
Les mains griffues de la reine glissèrent sur le torse de Seto sans une once de gêne, s'attardant pour écouter les bâttements de cœur accélérés de son organisme.
« Toi tu seras tout à moi. »
Espèce de garce ! T'approprier... C'est tout ce qui compte pour toi. Je ferais tout pour que tu ne puisses pas faire de mal au moindre d'entre eux !
« Tu es mignonne colocataire. D'ailleurs, il serait temps que tu payes ton loyer avant que je t'expulse. »
Que ? Le vocabulaire d'Edenia montrait qu'elle s'instruisait au fond de mon esprit, récoltant les données de mon monde pour pouvoir utiliser un jargon de mon époque. Cette femme n'a jamais été idiote, c'était une sadique, une sadique dangereusement intelligente.
« Je t'affronte ici et maintenant quand tu veux ! S'exclama Jonouchi. Viens là ! Réglons ça !
_ Si tel est ton désirs. »
Silence... Il n'y eu que le claquement de doigts de sa majesté qui retentissait avant le vacarme assourdissant qu'entraîna l'effondrement intégral du palais dans une implosion spectaculaire. Un tourbillon de sable, de cendre, de flamme encercla l'ensemble des protagonistes, créant un piège se resserrant sur chacun d'entre eux.
Lorsque le souffle chaud se déroba sous leur pied, ils découvrirent ébahis que la reine les avait transportée jusqu'à un paysage presque familier pour le groupe d'amis. Bien que les édifices fussent droits, intacts et non rongés par le temps passé, ils ne fallut que quelques minutes pour reconnaître les lieux.
« La vallée des rois... Comme on se retrouve... Maugréa Seto en repensant à leur expédition d'il y a quinze ans.
_ Oh vous connaissez déjà ? Décidément les jeunes de demain.... Se lamenta Edenia en perdant son effet de style. Moi qui voulais vous surprendre.
_ Non mais la téléportation, c'est bien aussi, reconnut Pegasus en rabattant ses cheveux derrière l'oreille. »
Nous nous retrouvâmes au pied du temple sacré de la reine Hatschepsout. Première véritable pharaonne. Quelque chose me disait que si nous perdions face à Edenia, elle réduira ce palais en cendres afin de montrer qui est la véritable reine.
L'immense escalier menant à la structure droite et moderne construite dans la roche était imposant. Comme s'il s'agissait des dernières marches nous conduisant jusqu'à l'odieux méchant de fin de niveaux. Le ciel sombre et désaturé peignait de lourds nuages menaçants au dessus de nos têtes.
« Un cimetière pour tous nous faire croupir sur terre, tu es tellement romantique Edenia.
_ J'aurais aimé pour toi que ce soit aussi simple. Fit-elle méprisante. Mais laissez moi vous montrer quelque chose qui vous rappellera quelques futures souvenirs... »
Le sol se mit à trémuler, tel des siphons ensablés, la reine creusa de large cratère à même le désert, se multipliant, de plus en plus... Par dix, par cent, par mille. Elle contrôlait les éléments, comme l'on pouvait jouer de la musique, elle tâtonnait, appréhendait ses pouvoirs tel l'enfant qui découvrait ses jouets.
De longues silhouettes sombres sortirent des tréfonds du Sahara, squelettiques, funèbres, sombre et dangereuse. Leurs oreilles pointues dressées vers la voûte céleste, leur museau aux dents aiguisées et leurs longues pattes élancées.
« Je vous présente... Les soldats d'Anubis ! »
Comme si elle observait ses bébés marcher pour la première fois, elle souriait, presque apaisée à la vue de son armée.
« Ce sera notre jury si les choses tournent mal...
_ Ju...ry ? »
Les chacals dans une cacophonie désordonnés, se mirent à aboyer, hostiles, contractant leurs veines sur leurs muscles saillants, leur langue baveuse dégoulinante se léchant leur babines à vif. Leurs griffes acérées empoignaient des lances tranchantes, rouillées et ensanglantés de plusieurs siècles.
L'un des soldats des ténèbres s'avança entre nous et ne bougea pas, il s'agenouilla, les bras croisés. Le sable dessina dans de longues lignes dorées des formes rectangulaires jusqu'à nos pieds. Seul le souffle du désert nocturne se réveillait pour vrombir dans nos tympans. Les amis se regardèrent mutuellement.
« J'ai compris ! Signifia Pegasus d'une voix forte. »
Il fit un pas en avant et tendit son bras droit vers le sol, créant à son tour un tourbillon léger de poussière désertique, entre ses doigts surgirent des plaques dorées venant du sol, s'entrechoquent, elles brillaient, gravées de hiéroglyphes et de dessins détaillés.
« Pegasus... Ne me dites pas que c'est... S'enquit Yûgi doucement.
_ Oui Yûgi. C'est un duel de Magic & Wizards. Et c'est à mon tour de jouer. »
☥
« Tu seras la plus belle, tout le monde t'aimera.
_ Et si le roi ne m'aime pas ? »
La vieille reine aux cheveux d'or regarda sa fille droit dans les yeux et lui caressa le visage, un sourire bienveillant parsemé de rides apparut sur ses fines joues.
La reine Cantlaria, reine de Gaulle depuis 30 ans, allait marier son plus jeune enfant à un peuple dont elle ne connaissait rien. Les Égyptiens. Les rumeurs courraient qu'il s'agissait d'un bon garçon, un jeune homme aux magnifiques yeux violet, au physique avantageux et issus d'une lignée courageuse.
« Edenia... Mon ange... Cela sera le plus beau jour de ta vie. Tu n'es pas destiné à rester ici, cloîtrée entre quatre menhirs. Ta vie n'est pas dans une chaume, mais dans un palais !
_ Je ne veux pas me marier Mam', si je me marie alors je devrais faire des enfants, et je ne veux pas d'enfants. Ne m'oblige pas Mam', pleurnicha la jeune adolescente aux yeux de grenat. »
Un bruit de céramique brisée résonna derrière elles. Les deux femmes tournèrent la tête vers le jeune homme blond qui se tenait dans l'encadrement de la porte. Il s'agissait du premier né de la famille royale, Uelatos, ses yeux perçants dévisagèrent la jeune fille geignante.
« Laissez nous mère. Je dois m'entretenir avec ma sœur. »
Ne bronchant pas, Cantlaria étreignit plus fort encore sa fille, incrustant ses ongles dans la nuque de cette dernière. Elle finit par céder sous l'insistance oculaire de son aîné. Elle ne pouvait pas nier le fait qu'il l'intimidait, et cela concernait toute la famille. Son regard glacial, calculateur faisait de lui un être inaccessible.
« Alors Edenia... Toujours aussi faible. Tu ne vas tout de même pas nous laisser tomber... Nous ta famille ? »
Il fermât l'ensemble des fenêtre, éclairés par les faibles rayons lumineux perçant aux travers des cloisons et des flammes des torches. La jeune fille, soudainement sombre ne répondit rien.
« Tu veux que je sois heureux ? »
Il lui prit le menton entre ses doigts fin, la guidant presque, telle sa marionnette préférée.
De quinze ans sa cadette, elle savait qu'elle devait obéissance à Uelatos, il était l'héritier des grandes terres de Gaule, celui qui mènera les troupes celtes contre les britanniens et les germains. Il était l'enfant du ciel, celui qui ne craignait pas que ce dernier lui tombe sur la tête puisque son pouvoir le soutenait.
« Le veux-tu ?
_ Oui mon frère.
_ Mère semblait tourmentée à l'idée que je sois là. Tu lui as dit quelque chose ?
_ Non mon frère.
_ Tu sais que cela doit rester secret ? »
L'obligeant à s'agenouiller sur la peau d'ours, le contact de la fourrure sous ses genoux la fit frissonner de dégoût.
Elle savait que c'était l'heure du rituel, un rituel secret qui selon son frère lui permettait d'acquérir un grand pouvoir. Depuis le jour où elle fut promise à ce roi Égyptien, il n'avait cesse de venir lui rendre visite.
« Si père apprenait ce que nous faisions... Il me battrait à mort. Père est emplis de haine... Et ça serait ta faute Edenia. Je mourrais, car tu n'auras pas tenu ta langue. Tu comprends ? Tu ne diras rien n'est ce pas ? »
Elle regarda le sol, lassée de ses paroles répétitives. Toujours le même discours qu'il lui susurrait comme une mélodie qui s'infiltrait dans le cerveau résonnant à jamais dans son esprit.
« Le comprend-tu Edenia ? »
Il lui fit incliner la tête l'obligeant à le regarder droit dans les yeux. Uelatos avait des prunelles améthystes perçantes d'un violine profond aux reflets pourpre. Ses longs cheveux tressés de fil d'or, attachés en queue-de-cheval haute, tombait par quelques mèches sur l'encadrement de son visage.
« Tu as quatorze ans... Tu es une grande fille Edenia... Dès que tu auras posé le pas sur le sable de ces étrangers... Tu deviendras une adulte et je m'en désole. »
Il lui déposa un baiser humide sur le coin de la bouche, laissant vagabonder ses doigts sur les lèvres de sa petite sœur. Sa main descendit jusqu'à sa maigre épaule, caressant de ses fines phalanges la clavicule de la future reine d'Egypte. La bretelle de sa robe glissa, faisant déglutir la jeune fille.
« N'essaye pas de la rattraper. Tu ne dois pas avoir honte de ton corps. »
Son cœur battit la chamade, elle voulait hurler, appeler son père à l'aide, mais si elle faisait ça... Alors la Gaule n'aura plus de gouvernant, plus d'héritage. Et ce n'était pas son autre frère qui allait pouvoir reprendre les rênes. La pression psychologique lui donnait la migraine, elle était prise au piège.
« Tu dois apprendre à être forte. »
Il défit la boucle de son jupon dans un long soupir satisfait, et obligea calmement Edenia à se pencher en avant. Ses vêtements tombant à ses chevilles, il se lécha la lèvre supérieure, le front en sueur et se baissa jusqu'à l'oreille de sa sœur. Sa main droite caressa les hanches de sa cadette, il murmura, priant le ciel tout-puissant, prêt à commettre une nouvelle fois l'irréparable.
« Une fois là bas, tu seras seule, tu te dois d'être invincible. Le monde doit te craindre ma belle petite sœur... Tu dois le mettre à tes pieds. »
Elle hoqueta, retenant ses larmes quand elle sentit cette lame la traverser.
« L'entends-tu ? Je fais ça pour toi. »
Les poings serrés, agrippant la peau d'ours, elle secoua la tête.
« Oui... Oui mon frère. »
☥
Pegasus scruta les plaques qu'il avait sous les yeux. La situation aussi absurde, soit-elle lui proposait de prendre une revanche sur ce jeu, il pouvait reconquérir les ténèbres, gagner et sauver ceux qu'il considérait dorénavant comme des amis.
« J'invoque une carte en mode défense et je pose deux cartes pièges. Je termine mon tour. »
Stupéfait, les plaquettes dorées s'évaporèrent de ses mains pour atterrir dans celles d'Honda. Il était aisé de comprendre que chacun de mes camarades allait jouer leur tour contre Edenia. C'était une question de coordination, leur jeu devait être transparent pour chacun excepté pour la reine.
Sur le terrain, il y avait ce monstre. Le Soldat d'Anubis 4★ [1800 | 900]
« Euh... Nous avons combien de points de vie ? Interrogea Honda apeuré. »
La reine piocha une carte du sable et le regarda interloquée. Elle leva les yeux et dessina quelque chose dans le ciel. Des chiffres dorés se formèrent au-dessus d'eux tel deux hologrammes, ils indiquaient une jauge de vie de 8000 points. Comme au bon vieux temps, se dit Honda.
« Je pose cette carte face cachée, annonça-t-elle. J'invoque L'épouvantable Momie 4★ [1400 | 900]. Et j'attaque le monstre face caché.
_ Le monstre invoqué est trop puissant pour toi reine ! Je la retourne et regarde ! La joueuse de flûte 3★ [500 | 2000]. Son effet flip fait retourner directement ton monstre à ta main.
_ M'ouais. Si tu veux. »
Honda tira une carte, manquant de se couper par les bords tranchants de cette dernière. La scrutant, il n'avait pas l'air convaincu. Il posa une carte de terrain.
« Désert de Nubie ✿ . L'effet de cette carte augmente mes monstres ténèbres de 300 points et baisse de 300 points également ceux qui ont le type Magie.
_ Honda pourquoi tu as fais ça ! S'écria Jonouchi à l'arrière. Tu lui donnes l'avantage !
_ Mais non ! J'ai un tas de monstres invocables qui sont de types ténèbres !
_ Mais qu'il est con ! »
Edenia se regardait les cuticules, blasées de la tournure de ce début de duel. Elle avait fait exprès de prendre un jeu des ténèbres dont elle ne connaissait pas les règles afin de leur laisser l'avantage et les battre malgré tout. Mais s'ils s'obstinaient à faire n'importe quoi, alors elle les battra sans le moindre effort.
« Tu as activée ma carte piège Rapport corrompu ✖. Pour toute carte magie utilisée, je peux choisir un monstre sur ton terrain, le révéler et l'envoyer au cimetière.
_ Que... »
La joueuse de flute, s'évapora et rejoignit le cimetière à la droite d'Honda.
« Bien... Je pose ce monstre en défense face caché et je termine mon tour. »
Les cartes passèrent au mains de Jonouchi, ce dernier tenta de faire une grimace rassurante à son ami, mais il était facile de constater que ce dernier avait fait les mauvais choix. Quand le grand blond regarda ses cartes, il se disait que tout n'était pas perdu.
« On a quoi si on gagne ? Tu fais comme Bakura, si tu perds, tu nous révèles pourquoi t'es une connasse ?
_ Katsuya ! S'exclama Seto en se retenant de rire. La ferme ! »
Edenia tira une carte et invoqua un monstre à effet face recto. Le Sarcophage Vide 5★ [ ??? | ??? ].
« On va rester classique, notifia Edenia de l'autre côté du classique. Vous perdez-je vous tue, vous gagnez, je vous laisse me tuer.
_ Comment ça tu nous laisses te tuer ?
_ Tu crois que je suis aussi simple que ça ? Tu as cru que j'allais te donner ma nuque aussi facilement ? Amateur ! Ah ah ah. Bon... Où en étais-je ? »
Elle ricana, pointant du pouce le monstre de niveau 5 sur son terrain, même à eux, elle se devait d'expliquer les règles. Elle avait pris le plis.
« Si un monstre de mon terrain a été renvoyé à ma main, Le Sarcophage Vide peut être invoqué spécialement depuis ma main. Comme c'est facile. »
L'armée d'Anubis inerte attendait derrière. Il n'y avait qu'un seul guerrier sur le terrain, le grand blond pouvait voir ses points. Soldat d'Anubis 4★[2100 | 600 ]. Pourquoi Edenia ne l'avait pas passé en mode attaque ? Une chose est sûre, personne ne pourra rivaliser face aux chacals armées jusqu'aux dents de la reine. Il était persuadé qu'un abandon de leur part, ou tout simplement une défaite les amènerait vers une mort au bout de leur lance. Chouette façon de choper le tétanos, soupira Jonouchi intérieurement.
« L'effet de mon monstre s'active. Je peux prendre l'un des cinq premiers monstres de ton deck, et l'enfermer dans ce sarcophage. Tu ne pourras plus l'utiliser jusqu'à destruction du Sarcophage Vide. De plus, je prends les points de défenses et d'attaque du monstre que je choisirais.
_ Je sais même pas ce que j'ai dans le deck, chuchota Jonouchi en panique.
_ Crois en l'âme des cartes ! Cria Honda.
_ Hiroto dit pas de connerie, siffla Seto. L'âme des cartes ça n'a jamais existé !
_ Si seulement Léa pouvait interféré en notre faveur dans ce duel, marmonna Yûgi. »
J'étais comme figée, flottant au-dessus d'eux, sans la moindre possibilité de faire quoi que ce soit qui pourrait aider mes amis à jouer. Je ne pouvais même pas voir les cartes de la reine. Ce duel, elle l'inventait de toute pièce, elle était certaine de l'issue. Elle allait gagner, je sentais son rire caverneux résonner en moi.
« Oh, mais que vois-je ? Je ne vais pas me faire prier. Mon sarcophage vide accueille donc les points de vie de ... D'un Dragon Noir aux Yeux Rouges 7★[2700 | 1700 ]. Et avec le bonus de terrain de surcroit !
_ Moi qui était presque nostalgique. Je suis incapable de contrer ça !
_ Et maintenant prépare toi à déguster. »
☥
Cela fait combien de temps que je me trouvais là ? Je me souvenais de Jonouchi qui venait de se faire attaquer directement ses points de vie à cause de la carte du sarcophage et celle du soldat d'Anubis. Edenia avait truqué le jeu, même si Yûgi ou Seto prenait le dessus, ils étaient bien trop rouillés pour gagner face à un jeu où les cartes changent à l'avantage de l'adversaire.
Ma force me quittait, je me retrouvais recluse dans la chambre de mon âme, laissant mes amis totalement livré à eux même. J'entendais leur voix résonner, mais elles semblaient venir du passé, comme des souvenirs qui claironnaient tel le tonnerre dans le ciel qui m'entourait.
Il fallait que j'essaye d'appeler quelqu'un. Seto, c'était la seule personne en qui j'avais entièrement confiance. Nous avions un moyen de vaincre Edenia, mais pour cela, nous avions besoin d'Aeryn. La reine exerçait encore un pouvoir sur elle, elle maîtrisait les faits et gestes de la psychopompe comme si elle tenait les ficelles depuis le début.
« Seto ? SETO TU M'ENTENDS ? J'AI BESOIN DE TOI ! »
Seto, Seto, Seto...Seul son prénom semblait résonner encore et encore. Le souffle du vent rendait la chambre de mon âme peut accueillante, elle semblait s'éffriter, comme si elle savait inoxérablement que notre heure était venue. Les pierres tombaient et disparaissait dans le néant de l'univers qui m'entourait.
« SETOOOOOO ! »
☥
« Laisse moi faire Jonouchi, on va tous y passer ! »
Yûgi récupéra les cartes et bouscula son ami d'un coup d'épaules, les yeux ardents d'une haine profonde, il n'avait qu'une hâte, tuer Edenia et en finir une bonne fois pour toute.
« Tu n'auras pas besoin de ça, l'informa Seto en prenant le couteau de la tunique du garçon. Je le garde.
_ Je vais gagner cette partie, assura Yûgi.
_ Tu sais très bien qu'elle est truquée.
_ Et alors ? L'ensemble de nos duels, ne l'étaient-ils pas ? »
Interloqués, ils se mirent à se demander ce qu'il voulait bien dire par là. Pendant ce temps, Yûgi invoqua un monstre en mode défense. Regardant le décompte de ses points affichant 3200 contre 8000 du côté d'Edenia, il savait que la partie était serrée. L'écart était grand.
« J'active une carte magie ! Tempête de sable ✿. Tous les monstres sur ton terrain sont renvoyés à ta main, et tu dois défausser autant de cartes renvoyé à ton cimetière.
_ Ma carte piège Malédiction du temple ✖, annule tout effet flip ou effet de magie, s'interposa Edenia.
_ D'accord, et mais moi aussi j'ai une carte pour toi. Croix Ankh ✿ ! Elle me permet de me protéger moi et mes monstres de toute carte piège durant 3 tours. Posa Yûgi calmement.
_ Mais... S'interrompit soudainement Edenia.
_ Mais quoi ma reine ? Tu penses que je triche ? »
La reine se mit à rire soudainement et l'invita à poursuivre, étonnée de la tournure de la partie.
« À toi Kaiba. »
L'héritier se posa droit sur le terrain, retrouvant les souvenirs passé. Combattre auprès de Yûgi n'était pas dans ses habitudes, mais il savait malgré tout qu'il devait mettre sa fierté de côté pour remporter ce duel.
« Nous ne sommes pas à Battle City, içi les règles c'est toi qui les instaure. Bruissa Yûgi à l'épaule de Seto. Affranchis-toi de ton savoir, laisse parler ton instinct. »
Pendant quelques secondes, Seto Kaiba cru voir le pharaon. La prestance de Yûgi n'avait plus rien à voir avec des décennies passées, il était un vrai homme, prêt à tout pour gagner. Il avait presque envie de croire qu'Atem ne les avait pas quitté, mais avait seulement rejoints l'âme de Yûgi afin de vivre à jamais avec lui.
« SETO ! »
Une voix ? Il reconnu celle de Léa. Comme cette fois-là dans le temple, leur écho s'était répondu mutuellement pour disparaître au creux des ténèbres, se croisant et se perdant de vue. Cette voix était dans sa tête, il sentit comme une force le guider et le prendre, il se sentit défaillir, et Seto n'avait plus envie que d'une chose... Dormir.
Son corps lourd s'agenouilla à même le sol, il vacilla, perdit pied et tomba sur le sable froid du désert glacé.
☥
Atem, le jeune pharaon au grand destin, sa beauté n'était équivalente a aucune autre, la jeune gauloise ne put s'empêcher de le reconnaître. Elle avait 16 ans, la garde rapproché de sa famille l'avait accompagné jusqu'à sa nouvelle terre, la terre fertile d'Egypte. Là voici, franchissant la ville de Tanis.
Elle le voyait de loin, assis, les jambes croisés sur le trône mobile tiré par des chevaux noir couvert d'or. La tête reposant sur sa main, elle percevait des parcelles de son visage, caché par l'ombre du papyrus qui protégeait trône du soleil.
« Bienvenue à vous Edenia, fille de Gaulle, l'accueilla un vieil homme petit et chétif à la barbe longue comme celle de ses personnages qu'elle dessinait. »
Elle resta muette, consciente que la moindre de ses paroles pouvaient être utilisé contre elle. L'Egypte est un monde de barbare, emplit de perversité sexuelle et de violences. En prononçant ses dernières paroles dans sa tête, elle ne put s'empêcher de s'en vouloir d'être aussi contradictoire. Ne quittait-elle pas l'enfer pour en revivre un autre ?
« Le Pharaon est venu pour vous. Venez, je vais vous le présenter. »
Des musiciennes jouaient pour la jeune femme, chantonnant, claironnant leur joie à l'idée de leur futur union, le roi allait pouvoir avoir une progéniture, faire perdurer le royaume d'égypte grâce à son héritage. Ces ovations, ce bonheur surjoué la mettait vraiment mal à l'aise, elle croisa les bras, prise dans une étreinte de félicitée.
« Majesté. Voici votre fiancée. »
Le garçon dormait, se frottant les yeux et se levant d'un air las, il s'avança vers sa promise. Il avait un visage fin, des cheveux colorés naturels, un teint halé couleur café, et un petit nez en trompette.
« Enchanté Edenia. Je me nomme Atem. »
Quand il la regarda droit dans les yeux, ce fut comme une claque. Même si elle se doutait qu'elle ne serait pas heureuse sur cette terre au sable étouffant, elle n'aurait jamais imaginé cela.
Ses yeux... Des prunelles améthystes teintées de pourpre, d'un violet si vif... Il aurait pu faire tous les efforts du monde, il aurait pu être n'importe qui, elle ne voulait pas voir de nouveau ses yeux posés sur elle.
Atem et son frère Uelatos avaient les mêmes yeux mauves.
Voyant le trouble sur le visage de sa future épouse, le jeune pharaon pencha la tête vers elle pour lui demander si tout allait bien. Le regard rivé au sol, elle marmonna dans un souffle :
« Oui mon frère. »
☥
Mes pensées se bousculaient dans mon esprit, le cœur battant à tout rompre, comme le malade qui patientait dans la salle d'attente de son cancérologue, j'avais peur. Peur de l'avenir, ou de celui que je n'aurais pas.
« Léa ? »
En contrebas, je fus soulagée de découvrir Seto. Je l'avais appelé et il était venu au sein de la chambre de mon âme. Il regardait à droite et à gauche, visiblement paniqué. Je l'interpellais du haut de mon escalier de pierre.
« Je n'ai pas le temps... Je dois battre Edenia à cette partie de cartes. »
Il avait baissé le ton à mesure qu'il se rendit compte de l'absurdité de ses propos. Cela me fit sourire.
Je descendis dans une lenteur extrème la moindre marche, consciente qu'à mon arrivée les choses qui seront dites seront trop dures à encaisser.
« Vous ne la battrez jamais. Elle ne se laissera jamais faire.
_ At... Je veux dire Yûgi ! Il m'a dit qu'il fallait que je m'affranchisse des règles, c'est le seul moyen que l'on ait, aussi infime soit-il.
_ Et depuis quand veux tu vraiment enfreindre le règlement de Magic & Wizard. Ce jeu, c'est toute ta vie.
_ Ça l'était... Ça l'était jusqu'à que... »
Ses prunelles bleu fuyèrent mon regard. Jusqu'à que je te rencontre. J'aurais aimé qu'il me le dise, je voulais l'entendre de ses lèvres, cette bouche que je désirais.
« Je sais comment la tuer. Edenia, contrairement à ce que l'on croit et malgré elle, est humaine... Elle me l'a avoué. »
Le vent souffla, les saules pleureurs en arrière-plan s'agitèrent dans une danse de lianes et de feuilles turquoise, aussi mélancolique que je l'étais aujourd'hui. Je le sentais, le pressentais. C'était la fin de mon existence.
« Si tu meurs, on y passe toutes les deux ! Voilà ce qu'elle m'a dit.
_ C'est pour cela qu'on doit trouver une solution. La tuer quand vous êtes toutes les deux séparées, proposa Seto accablé.
_ Nous ne sommes pas des jumelles siamoises, je suis juste une voix dans sa tête. Elle doit mourir Seto. Et pour ça... »
Je m'approchais du jeune prêtre, caressant ses avants bras, dessinant d'invisibles traits sur sa peau. Je ne voulais pas le dire, j'avais peur... J'étais terrifié à l'idée de concrétiser mes pensées.
« Pour ça je dois tomber. Un sacrifice pour le bien de tous.
_ Non ! Je refuse ! »
Il me repoussa. Passant ses mains dans ses cheveux, il se mit à donner des coups de pied violents dans les éléments du décor, laissant évader sa colère. Sa réaction me fit comprendre qu'il y avait également pensé, mais jamais il ne se l'était avoué.
« Seto... SETO ! Essayais-je de le calmer. Je n'ai pas envie de mourir, loin de là ! Je suis qu'une idiote faible, égoïste... Je n'ai aucun intérêt à vivre plus longtemps. J'ai tout perdu !
_ Tu ne m'as pas perdu moi. »
Sa répartie me déchira le cœur. Bien sûr que non... Bien sûr que je ne l'avais pas perdu, et j'emporterais ce souvenir à jamais dans mon cœur. Je disparaîtrais avec son visage et ceux de ma famille dans la mort.
« Edenia a une faiblesse. Si tu t'approches d'elle, elle ne te tuera pas. Il faudra prétexter quelque chose. Tu es capable de mentir non ?
_ Je n'ai pas envie que tu me mêles à ça.
_ Je t'en pris... »
Je sortis la dague de sa ceinture et lui déposa au creux de la main, resserrant ses doigts autour, comme si je ne voulais pas qu'il la lâche. Il ne devait pas la laisser un seul instant, j'avais trouvé la faille j'en étais persuadée.
« À ce moment là, je prendrais possession de son corps, pour la dernière fois...
_ La dernière fois, répéta Seto.
_ Je ferais mes adieux, et tu joueras ton rôle. »
D'un geste vif, je traçais une ligne horizontale sur l'ensemble de mon cou avec mon pouce. Mes larmes coulaient, je ne pouvais pas les contrôler.
« Tu me trancheras la gorge.
_ Non... S'indigna douloureusement Kaiba.
_ Je dois faire perdre suffisamment de sang à cette traînée pour qu'elle en meurt. Il faudra que je tienne le coup.
_ Je ne pourrais jamais, bredouilla-t-il.
_ Et pourtant il le faut. »
Il tomba à mes pieds, la vérité trop lourde à porter, suivit de la responsabilité des actes que je lui ordonnais. Edenia ne se laissera jamais tuer, moi si. Même si j'étais prise de folie, même si je perdais pied pour ne jamais vouloir connaître cette souffrance, Kaiba était suffisamment fort pour me tuer. Il fallait juste que je tienne assez longtemps pour que je la laisse rendre son dernier souffle.
« Seto... »
Accroupis devant lui, je lui caressais le visage, profitant de ce dernier contact, la chaleur et la douceur de sa joue sur ma peau moite. Je tremblais, j'étais apeurée, depuis toute petite j'avais peur de la mort, elle m'intriguait mais je ne savais pas ce qu'il y avait au-delà... Aujourd'hui, j'allais l'enlacer de mon plein gré.
« Je t'aime Seto. »
L'incompréhension se lisait sur son visage, tourmentée par mes paroles, ses yeux océan se larmoyait comme je ne l'avais jamais vu auparavant. Je me penchais sur lui pour goûter à sa bouche humide et salée par ses pleurs. C'était délicieusement triste, le dernier baiser avant la fin.
« Léa...
_ Tu n'es pas obligé de me répondre.»
Nos front l'un contre l'autre, nous restions silencieux pendant de longues minutes, s'apparentant à des heures, lourdes, bercées par le battement de nos cœur. Nous ne voulions plus nous quitter, et pourtant, il le fallait, pas seulement pour notre bien, mais pour celui de l'humanité.
« Ta reine te l'ordonne... Tues moi. »
Il renifla à nouveau, serrant les dents.
« Tues moi Seto. Je t'en supplie. Rapidement... Pitié... »
Il me prit dans ses bras, les doigts crispés sur mon dos, je l'entendis gémir et renifler au creux de mon cou. J'étais désolée partir une nouvelle et dernière fois... Désolée de partir sans rien laisser derrière moi encore une fois.
« Je ne le ferais pas pour ma reine... »
J'esquissais un léger sourire. C'était rassurant, rassurant et déstabilisant à la foi. Une exquise angoisse me plongeant dans l'inconnu. Mais ces mots resteront à jamais gravé dans mon cœur.
« Je le ferais pour toi Léa. »
☥
Combien de temps s'était-il passé ? L'héritier ouvrit les yeux tandis que Yûgi se prostrait devant lui, dans sa position de duelliste, faisant face à Edenia. Elle menait le jeu de 2500 points contre 800. La partie était fichue, n'importe qui pouvait le voir, malgré les efforts que chacun avait engendré pour venir à bout de ce duel truqué.
« Kaiba ! Tu fais quoi ! Siffla Honda en voyant ce dernier quitter le terrain de duel. »
L'air grâve et déterminé, il s'avança vers la reine qui le scrutait de haut le sourire aux lèvres. Elle haussa un sourcil inquisiteur et rabattu une mèche de sa perruque derrière son oreille.
« Tu as un couteau dans ta poche Prêtre ? Où tu es simplement content de me voir ?
_ Vous apprenez vite ma reine, une vraie femme contemporaine. »
Il progressa à tâtons vers elle, secouant la frange impeccable de son front et présenta le couteau à la reine. Le souffle d'Edenia laissait transparaître une certaine excitation, elle ne pouvait s'empêcher de jubiler à l'idée de faire flancher le grand-prêtre du dieu Seth.
Il se mit derrière son dos et enlaça les hanches de la jeune femme, laissant ses lèvres parcourir son cou. Soufflant au creux de son épaule, il s'adonna à des caresses sans une once de pudeur.
« Kaiba ! S'écria Yûgi au loin. ON A UN DUEL !
_ Laissons les parler, proposa Seto à la reine en lui agrippant le menton. »
Elle se rétracta et le repoussa. Les yeux de la reine changèrent comme si elle avait peur. Seto ne savait plus où se mettre, il avait l'impression d'avoir bousculé une adolescente, une jeune fille qui avait le visage de Léa.
« Tu penses me berner aussi facilement... Tu n'es pas digne des ténèbres qui m'habitent. »
« Si tu comptes me tuer prêtre... Il te faudra faire preuve de plus de ruse. »
Son ton avait changé. La dague était apparue soudainement dans ses mains. Elle examina la lame tranchante, la frottant contre le bout de son doigt d'où jaillissait une perle de sang. Portant son index à sa bouche, elle suçota le précieux liquide dans un sourire.
« Je ne fais confiance à personne... Vraiment... »
Elle laissa le milliardaire se glisser derrière elle, il voulait la tuer, elle le savait incapable de ça.
« Vous allez perdre et... »
Sa tête tournait, elle se sentit faible. Le couteau était empoisonné ? Impossible ! Personne n'aurait put prévoir qu'elle ferait ça, et puis ce n'était pas du poison qui allait lui faire du mal.
« ... et je vais tous ... »
Kaiba se précipita pour la rattraper, Edenia perdit pied, elle sentait son corps rejeter son âme brutalement. Encore cette fille qui faisait des siennes ! Cette Léa n'allait jamais la laisser tranquille !
« Ma reine, que vous arrive-t-il ? Demanda Seto le cœur battant. »
Elle tomba à genoux et se mit à regarder Yûgi, les larmes aux yeux. Elle se forçait à garder le contrôle, c'était difficile, sa tête lui faisait mal, elle sentait son pouls battre jusqu'au creux de son cerveau.
« Yûgi... Murmura une voix. »
Le roi du jeu tétanisé, regarda la reine laisser son corps à Léa, la bouche crispée à l'idée de devoir partager le moindre mot avec son amie qui lui avait fait tant de mal... Il n'y arrivait pas, mais peut être était ce l'heure de pardonner ?
« Le Pharaon... »
Son cœur palpita quand elle sentit l'approche de Kaiba, l'heure était venue pour elle. Elle laissa les larmes couler, c'était la fin, elle n'aura plus jamais à pleurer par la suite.
« Il sera toujours avec toi Yûgi. »
Seto enlaça Léa d'un bras, de l'autre, il lui empoigna la main où elle tenait le couteau. D'une précision chirurgicale, il fendit la gorge de sa bien-aimée. La peau se séparant en deux, libérant les flots sanglants de son agonie.
Il lâcha aussitôt son arme, rattrapant Léa qui tombait en arrière.
« NOOOOOOOOOOOOOON ! »
Yûgi hurla, le cœur déchiré, Jonouchi et Honda le stoppèrent avant même qu'il ne puisse interférer. Il continuait de crier, voyant le flot de sang se déverser du cou de son amie, sa meilleure amie... Agonisante, abreuvant le Sahara de son dernier glas.
« Je suis tellement désolée Léa, pleura l'héritier. »
Ce n'était pas un film, il s'agissait de la réalité et Léa n'arrivait plus à parler. Ses pupilles remuèrent dans tous les sens, elle laissa échapper quelques gouttes de sang de sa bouche, se noyant de sa propre hémorragie. Il n'y avait pas les dernières paroles échangées par les protagonistes au moment où la mort l'enlaçait, il n'y avait que le silence de son coeur qui s'arrêtait. Un silence lourd et pesant autant que la culpabilité reposant sur les épaules du prêtre.
« Je t'aime putain... Je t'aime tellement. »
La tête de Léa tomba à la renverse, secouée de quelques palpitations, la douleur l'avait faite succomber avant même que son corps ne se soit vidé de tout son fluide. La berçant dans ses bras, il lui chuchotait à l'oreille des mensonges qu'il voulait être vrai. Il lui promettait de la ramener, il lui promettait qu'un jour, ils seraient heureux tous les deux.
« Comment est-ce possible... S'attrista Pegasus en s'approchant du couple.
_ Il fallait le faire... Il le fallait... Se convainquit Seto.
_ Ecartez-vous, s'approcha Aeryn beaucoup plus sûre d'elle. Je vais l'examiner. »
Yûgi continuait à pleurer, ses sanglots transformés en long chant douloureux, il ne voyait plus rien, les yeux baignés dans ses larmes, bavant, reniflant il n'arrivait plus à percevoir que quelques formes floues s'attroupant au dessus de son amie. Son coeur était emplis de remords et de regrets.
« Ça va aller Yûg', l'enlaça Katsuya bouleversé. La reine est morte. Nous n'avons plus rien à craindre.
_ ATTENDEZ ! »
Aeryn fit écarter Seto et Pegasus du cadavre de Léa. Elle avait constaté avec horreur la disparition de la jeune passeuse, mais Edenia était bien encore vivante... Mais pour combien de temps ?
Seto Kaiba recula, l'hémoglobine de son amie sur le visage, il était en état de choc, les yeux globuleux et injectés de sang.
« Vous... VOUS... »
Edenia cracha tout ce qu'elle pouvait, une main sur la gorge, plantant ses ongles dans la plaie béante et s'arrachant un cri de douleur. Elle arracha sa perruque et les bijoux qui l'encombraient, n'arrivant plus à respirer.
« C'est finit Edenia, lâcha Aeryn sur un ton de défi. Vous avez perdu.
_ Il fallait enfreindre les règles, poursuivi Pegasus, le duel ne pouvait se terminer que par votre mort.
_ Je... Je... ne peux pas... Je ne peux... pas mourir...
_ Et pourtant c'est ce que vous allez faire. »
Se traînant sur le sable, la reine, pathétique, vautrée, se dirigea vers le temple d'Hatschepsout. Elle se persuadait que le pouvoir d'un sanctuaire pouvait la maintenir en vie. Elle riait intérieurement sachant pertinemment que ce n'était que foutaises.
Les amis la laissèrent faire, elle était vulnérable et mourante, seule les ténèbres la tenaient encore éveillée. La suivant lentement jusqu'aux marches du palais abandonné, tel un cortège funèbre, ils voulaient tous assister à la mort de l'impitoyable reine.
« Je veux... Être enterrée aux côtés... Du roi...
_ Vous n'irez nulle part. Pesta Seto en la regardant gigoter.
_ Tout le monde vous oubliera. Annonça Aeryn. Votre nom ne figurera dans aucun livre, personne ne se rappellera de la reine Edenia. »
Pétrifiée, la jeune femme ne voulait pas finir ainsi, elle voulait marquer les temps à vivre voir vivre éternellement, ce n'était pas prévu, rien de tout cela n'était prévu ! Cette petite garce au fond de sa tête avait bien réussi son coup, se sacrifier pour sauver les autres... Qu'elle imbécile. Pourquoi donner sa vie pour autrui ? Elle ne comprenait pas ce concept.
« Non, non... Je... dois être momifié. Ma dépouille doit aller dans un sarcophage.
_ Cet endroit ne vous plait pas ? S'étonna faussement Pegasus. Vous ici, pourrissant sur ces marches.
_ Imp... impossible... Envoyez mon corps à ma famille...
_ Trop cher.
_ NE ME LAISSEZ PAS LÀ ! »
Elle stoppa aussitôt son ton suppliant. Le jeune Yûgi qui n'avait encore rien dit s'avança vers la elle, il s'assied à ses côtés, éclairés par la lune, son étreinte froide sur son visage larmoyant. Il se pencha vers la reine, la toisa de ses grands yeux améthystes, et lui souriait gentiment.
« Je veux te crever... les yeux... Déglutit Edenia colérique.
_ Si tu pouvais mourir en silence... »
Elle voyait flou, crachant les dernières gouttes de sang qui lui restait dans le corps. Elle avait terriblement froid, bercé par la nuit égyptienne et son corps vidé de toute force. Secouée de soubresauts incontrôlables, elle était persuadée d'apercevoir le grand chacal funeste venir la chercher du fin fond du Sahara.
Les silhouettes environnantes se transformèrent, créant de terribles formes abstraites et finissant par se rejoindre. La lune grossissait, s'approchant d'elle pour englober la Vallée des rois. Quand le dieu Anubis arriva face à elle, il était silencieux, respirant doucement, la main tendue dans sa direction, sa lance rigide de l'autre. La buée de son souffle, sortant des naseaux de son casque.
« Ô dieu des ténèbres... J'aimerais connaître ton visage avant de partir... »
Respectant sa volonté, l'anthropomorphe, silencieux, retira son heaume, laissant apparaître un homme aux cheveux dorés.
À cet instant là, Edenia venait de comprendre qu'elle n'irait pas sur une terre fertile aux milles fleurs, les champs de blés s'écartèrent pour la laisser pénétrer en enfer pour l'éternité.
« Uelatos...
_ Je t'avais dis de devenir plus forte ma chère sœur. »
Sur ces ces précédentes paroles, Edenia... Rendit son dernier soupir.
☥
Silencieuse, Aeryn avait fait regagné le palais de Memphis au groupe d'ami. Bakura gisait toujours là, vivant, mais affaiblis. Elle leur annonça qu'il fallait partir du point d'arrivée pour repartir de plus belle, en l'état actuel des choses, ils étaient tous arrivés dans la maison royale d'Atem.
« Où est... la reine... ? Murmura le voleur.
_ Elle est morte, cracha Honda sans lui accorder un seul regard. »
Bakura se laissant tomber mollement sur le sol froid, fixant le plafond. C'était finit... La reine s'est éteinte, étrangement cette pensée ne l'apaisait pas plus que cela, il pensait se réjouir de l'anéantissement total de ses ambitions et pourtant... Il se mit à penser à Léa.
« Yûgi Mûto... Seto Kaiba... Honda Hiroto... Katsuya Jonouchi... Pegasus Crawford... Il est l'heure de rentrer pour vous. Cette époque n'a plus besoin de votre présence. Redonnez le corps de vos ancêtres à ceux qui vous l'ont prêté. Récita-t-elle comme une prophétie. La reine est morte, elle n'a plus d'emprise sur moi. Il est temps pour vous de regagner votre monde. »
Chaque chose à sa place. Chaque personnage à son univers et plus personne pour venir troubler le tracé du temps.
Aeryn savait qu'il ne restait plus de passeurs, du moins quelques individus trop âgés pour tenter un voyage temporel. L'histoire devait se faire et certains individus ne changeront jamais. Edenia n'était qu'une faille dans le système, tout comme Bakura. Leur mort rétablirait le sens des choses.
« Je vous souhaite bon voyage.
_ Et vous? Demanda Pegasus. Que deviendrez-vous ? »
Aeryn souriait, préférant ignorer la question et fit apparaître une porte devant eux. Entrelacé de lianes, l'encadrement en pierre leur rappela à tous la chambre de l'âme de Léa. Comme un dernier clin d'oeil ils l'admirèrent, respectueux.
« Malgré les épreuves... Commença Yûgi... Je n'oublierais jamais Léa-chan.
_ Yûgi ? Interrogea Aeryn. »
Le jeune homme se retourna vers la passeuse, le sourcil haussé, il ne dit pas un mot.
« Atem... Est vivant... Du moins dans d'autres univers. Vous savez qu'il est possible de...
_ Non, refusa-t-il calmement en regardant ses pieds. J'aimais l'Atem de ce monde, pas un autre. »
Il retint aussi bien qu'il pouvait un hoquet de douleur, il ne put s'empêcher de renifler laissant couler une larme brûlante sur sa joue.
« Je suis content que d'autres moi puissent profiter de son amitié ou de son amour. Jamais je ne leur arracherais.
_ Je comprends.
_ Je dois avancer. Faire mon chemin sans lui. Je n'ai pas réussi jusque là à faire mon deuil comme il se devait.
_ Et vous y arriverez. Je vous le promets. Assura doucement la jeune femme. »
Seto ne broncha pas, le visage sombre, il fut le premier à poser la main sur la poignée. Plongé dans un mutisme sans équivoque, il n'était plus certain de pouvoir prononcer la moindre parole.
« Bon retour à la maison voyageurs, congédia Aeryn d'une petite courbette. »
Alors qu'ils franchirent la porte un à un, hésitant presque à regagner une vie facile et simple de l'autre côté du miroir, ils regardèrent en arrière, se doutant soudainement que cela serait aussi difficile de traverser le passage. Léa était partie, elle s'était sacrifiée, et ils ne pourront jamais amener de dépouille à sa famille, Léa n'existait plus, perdue quelque part dans une brèche au fin fond de l'Egypte dans la tête d'une reine éprise de démence.
☥
La porte disparue, seul régnait le calme d'un temple déserté de sa royauté. Aeryn était seule avec Bakura, elle s'allongea à côté de lui, scrutant le plafond détruit par sa majesté quelques heures auparavant. Le ciel brillait de milliards d'étoiles, Aeryn pensa à son ancien chez elle, le laboratoire où elle avait grandit, il n'y avait plus personne, ou bien personne n'existait encore parmis ces soleils mourants.
« J'ai le coeur brisé... Chuchota Bakura. Et pourtant... Pourtant je ne regrette rien. »
Elle défit l'un de ses petits bracelets, et décocha un bouchon sur l'extremité. Elle prit le breuvage sans hésitation et se pencha vers le voleur.
Son regard gris, dans le vague, la questionna silencieux. Elle lui tendit le bijou pour qu'il l'imite à son tour. Cela l'amusait, finir tel Roméo et Juliette, mais sans que ni l'un ni l'autre ne ce soit vraiment aimé.
« Maintenant nous allons fermer les yeux Bakura, il est temps de dormir. »
---------- NOTE DE L'AUTEUR ----------
Voilà, c'est bientôt la fin.
Du moins ça l'est tout de même.
Je suis triste de quitter la publication de ce récit,
mardi sera donc l'épilogue, le dernier chapitre.
Qu'en avez-vous pensez ?
Les dessins de Uelatos et d'Edenia de Gaule sont fait par moi même !
D'ailleurs... Ne trouvez vous pas que le frère d'Edenia ressemble à quelqu'un de l'univers de Yu-Gi-Oh ? Je vous laisse chercher ah ah ah
J'attends vos réactions :)
------ A LA SEMAINE PROCHAINE ! -----
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro