19 | Jeu
Le sol du palais reflétait chaque parcelle fondée par nos ancêtres, le miroir rouge réfléchissait cette teinte pourpre donnant au lieu l'habit d'un champ de bataille. Après avoir quitté à l'aube la maison d'Isis, nous nous étions dirigés vers l'édifice royal, personne n'avait trouvé Yûgi, il avait disparu de l'ensemble des tavernes du village.
Des servantes en pleurs évacuèrent le domaine, effrayées, du sang sur leur visage. L'une d'elles s'était agrippée à moi, la mort se lisait dans ses yeux, elle me hurlait dessus, implorant la bonté de sa majesté.
« Ma reine ! Un homme est entré ! Par Râ il est fou et doté d'une puissance incroyable ! Sauvez-nous ! »
Accompagnée de mes amis, nous entrions à tâtons dans ma résidence, un lourds silence pesait. De temps à autre, un cri de douleur retentissait pour s'estomper et tomber dans son propre sang. Mes soldats, pour la plupart démembrés, se trouvaient éventrés, accrochés comme de vulgaires tableaux contre les parois du palais, traversé de leur propre armes.
« Que Diable se passe-t-il ici ? Trembla Pegasus. Tous ces morts... »
Honda se vautra soudainement, il se releva couvert d'hémoglobine, les yeux écarquillés et écœuré par l'odeur poisseuse qui nous englobait. Son pied avait buté contre un énième cadavre dont le visage ne pourra jamais être identifié.
« C'est une piste, regardez les corps, désigna Kaiba au sol d'un ton froid. Ils nous indiquent la salle du trône.
_ Super glauque, marmonna Jonouchi. »
L'héritier m'interrogea du regard. J'avais le cœur qui battait la chamade, tantôt, il s'arrêtait pour me rappeler la dure réalité au sujet de la tromperie que nous avions tous vécu. Je ne pouvais pas y croire. Je voulais l'entendre de sa bouche.
« Allons-y, ordonnais-je suffisamment fort. »
Un frottement âpre résonnait au loin, comme si un long objet glissait sur le sol. Cela nous suivait, cela respirait, cela nous observait. J'avais peur, terriblement peur, mais je n'étais pas seule. Nous étions tous certains que le spectacle à venir allait nous entraîner dans les ténèbres les plus profondes.
Nous montâmes le long escalier royal, chaque marche semblait être une épreuve. À chaque foulée, je sentais de plus en plus mon corps me quitter, comme si Edenia voulait prendre le contrôle. Autour de moi, chacun de mes amis s'avéraient éprouver une immense difficulté à arpenter cette montée, tous plongés dans leurs pensées, je les entendais délirer.
« Miho-chan... C'est bien toi ? Qu'est-ce que tu veux ? »
Honda ne voulait plus avancer, le fantôme de son premier grand amour l'attendait au bas des marches. Elle lui demandait de venir, le sourire aux lèvres, sa longue chevelure violette qui flottait comme bercé par le vent.
« Père ? J'ai fais tout ce que vous m'avez demandé... J'ai tout fait pour vous rendre fier ! »
Kaiba s'écroula sur place, apeuré par la vue de son père, semblant voir le corps pendu de ce dernier au bout de la corde. Sur son costume était écrit en lettre de sang Tu m'as déçu.
« Pardon ma sœur... Je n'ai jamais été suffisamment là pour toi.... Si seulement tu pouvais me pardonner... Je t'en supplie. »
Le grand blond se blottissait alors contre la figure inanimé de sa sœur Shizuka. Elle le regardait froidement, lui ordonnant juste de descendre pour qu'ils puissent à nouveau s'aimer comme au passé.
« Pegasus ! M'écriais-je en le voyant à son tour devenir fou. Ce ne sont que des mirages destinés à nous faire reculer ! Seto ! Katsuya ! Honda ! S'il vous plaît écoutez moi !
_ Léa ? Regarde ma chérie... C'est une petite fille. »
Un frisson me parcourut l'échine quand je reconnus la voix de Christian. Il me souriait, heureux, avec un enfant contre lui. Il m'invitait à la prendre dans mes bras, l'enlacer comme la mère que je n'aurais jamais pu être avec lui. Je voulais répondre à cette demande, je le voulais terriblement.
« ÇA SUFFIT ! »
Une bourrasque accompagnée d'un son strident nous renversa tous un à un. Quand nous levâmes les yeux, Aeryn se trouvait en haut des marches, un feu ardent brillait autour d'elle, tel une aura protectrice. Ses yeux violets brillaient au milieu de l'obscurité qui nous envahissait. Un grand fauve s'allongea à ses côtés : l'Aura de la déesse Egyptienne Bastet.
Aeryn était bien de notre côté, elle venait de nous libérer de ses visions maléfiques. J'espérais ne pas faire fausse route.
« Réfléchissez-y ! Une fois que vous aurez atteint la dernière marche... Vous serez plongé dans les ténèbres. Plus rien ne pourra l'empêcher d'utiliser ses pouvoirs. »
Nous nous mîmes à la hauteur de la passeuse, un voile flou nous séparait d'elle, léger et pourtant suffisamment effrayant pour nous faire hésiter à le traverser. Sentir son contact sur la peau venait à nous faire plonger dans la gueule du loup.
« Yûgi est avec vous ? M'empressais-je.
_ Il y est.
_ Tu vas nous aider ? Nous ramener dans notre monde ? Persistais-je.
_ Seulement quand mon maître n'aura plus d'emprise sur moi. »
L'immense chat se mit à feuler, dévoilant des babines immenses aux crocs acérés. Le corps d'un reptile sorti des ténèbres, il se faufilait lourdement dans l'obscurité, comme pour indiquer à Aeryn qu'il était temps pour elle de rentrer. La jeune femme jeta un œil derrière elle, craintive.
« Si nous traversons... Qu'elle différence cela fera pour nous ? Demanda Seto la main en suspend effleurant la surface.
_ Son pouvoir grandira... Il n'aura aucune limite...
_ Mais le nôtre aussi ? Ajouta-t-il en haussant un sourcil.
_ Oui. »
Quand elle souffla cette affirmation, le prêtre m'offrit sa main, son bras tendu vers moi, laissant apparaître les veines engourdis couvrant ses muscles. Ses doigts fins m'invitaient à lui faire confiance, ses yeux me guidant avec lui vers les ténèbres.
« On y va... Tous ensemble. »
Il attrapa Jonouchi par le poignet, le grand blond, surpris, mais convaincu de notre force, s'empara du bras d'Honda et souriait confiant. Je me retournais vers Pegasus, il avait dressé ses cheveux en arrière ne cachant plus son œil vide, et me rendit mon sourire. Je pris sa main, et mes doigts, entrelacés dans ceux de Seto, nous firent un pas, sans avoir la moindre possibilité de retourner en arrière.
« Bienvenue dans les ténèbres. »
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Nous avions pénétré la muraille à cinq, qu'elle ne fut pas notre surprise quand nous nous retrouvâmes à six. Je toisais mon reflet bel et bien réel en chair et en os. La reine fit de même, tournant autour de moi, me détaillant tel un objet de collection.
« Léa... Je te rencontre enfin... »
Elles tourna sur elle même, le sourire aux lèvres, nous étions tous sur la défensive, surpris que notre ennemi avait put apparaître si facilement à nos côtés. C'était comme une invitation, elle aurait pu être à notre merci, nous pouvions la tuer sur-le-champ, et tout serait terminé. Mais je le sentais, je le sentais qu'au fond d'elle, elle se savait invulnérable. Notre ennemi était puissant, nous avions besoin d'elle pour venir à bout d'un ennemi commun... Bakura.
« Allons-y, bougonna Seto. Je n'ai pas envie de passer une minute de plus dans cette époque ! »
Nous arrivâmes à la salle du trône, le sol imbibé de sang, dut à la centaine de cadavres empilés les uns sur les autres, nous donnait l'impression d'avancer sous le clair d'une lune rouge sanglante. L'immense trône doré était occupé par une personne que je connaissais que trop bien. Il avait mis tous les bijoux à disposition sur son corps musclé et bronzé, il souriait, la jambe repliée, laissant son pied battre la mesure à chaque pas que nous faisions vers lui.
« Wow! Je vois double ! Ça par exemple ! S'étonna-t-il en se redressant. »
Avant que nous puissions l'insulter en cœur, mon hôte nous devança, d'un pas léger et dansant, elle écarta les bras, accueillante et bienveillante.
« Salut chéri, c'est un plaisir de te revoir pour te tuer, nargua Edenia à mes côtés. Je t'éventre ou je te scalpe ? Tu peux choisir !
_ Tellement de cruauté ma belle, tu es si différente de Léa... Ma mauvaise fille. Si douce et si vulnérable...
_ Ferme... TA PUTAIN DE GUEULE ! »
Ma voix résonna, se répartissant dans un écho qui n'en finissait pas. Je bouillonnais, mon sang s'agitait dans mes veines, je sentais battre mon cœur jusque dans ma nuque, une rage immense qui me prenait les tripes.
« Alors tu as compris... Il était temps... »
Le visage sombre, il se mit à taper au creux de ses mains. Aeryn venait à lui, tenant dans ses bras, le corps inanimé de Yûgi. Il avait les doigts ensanglantés, le visage tuméfié dut aux coups qu'on lui avait portés, et de violents hématomes sur l'ensemble de sa peau.
« Il est si faible, le malmener n'est même pas drôle, grogna Bakura en crachant dans la chevelure tricolore du garçon. Vous pouvez le reprendre... »
Jonouchi se hâta d'attraper le garçon dont le corps dégringolait les marches nous séparant de l'assise du voleur. Je toisais Aeryn, les bras croisés, elle ne bougeait pas, effacée dans l'ombre de Bakura.
« Pourquoi... Pourquoi tu as fait ça ?
_ Il me rappelle beaucoup trop l'autre pédé de pharaon, rétorqua-t-il amer. Quelle idée de baiser son ancêtre... »
Il craqua ses doigts désarticulé et me souriait exagérément. Je savais que j'en étais incapable, je n'avais pas la force de le tuer. Mes sentiments à son égard avaient virés en une haine incommensurable, mais il s'agissait de ma force physique. Je n'étais pas un être des ténèbres...
« Tu nous dois des explications Bakura ! Rugis Kaiba soudainement. Depuis combien de temps te fous-tu de notre gueule ?
_ Depuis combien de temps ? Hum... Fit-il semblant de réfléchir. Depuis toujours ! »
Un cercle de feu nous entoura, éclairant la pièce de ses flammes ardentes, nous emprisonnant tous sous une chaleur accablante. La puissance de Bakura était telle qu'elle lui permettait de contrôler les éléments, nous considérant comme des pions à sa merci.
Le sol se mit à trembler, se brisant sous des fissures nettes et s'élevant pour construire ce qui s'apparentait à une table ronde d'où jaillissait l'œil millénaire en son centre. De petites colonnes poussèrent sur son pourtour, comme des chaises. On aurait dit une immense attablé, comme si c'était l'heure de jouer à un jeu.
Soudainement, jaillissant des fougues embrasés, deux silhouettes fantomatiques s'avancèrent vers nous. Elles prirent place, silencieuse, tels des morts-vivants, à leur assise respective. L'une semblait venir d'un autre monde, l'autre... L'autre... On le connaissait que trop bien.
Le jeune Mokuba fut le premier à s'asseoir, son âme présente par les méfaits d'Aeryn, la passeuse des mondes futurs. Ne comprenant pas sa venue ici, il semblait vouloir parler quand il aperçut son grand frère de l'autre côté du cercle de feu.
La deuxième silhouette avait le regard vide, les bandelettes accrochés à sa peau nécrosée pendaient jusqu'au sol, se défaisant à mesure qu'il marchait vers nous. Les nombreux bijoux royaux sur son torse semblaient bien trop lourds pour son corps rachitique. Son odeur nauséabonde nous donnait tous la nausée, mais ce n'était rien comparé à la douleur de voir notre ami, réveillé de son sommeil éternel.
« A...tem... Trembla Yûgi. »
Bakura les yeux brillants de malice malsaine, nous examinait amusés, hilare de ses penchants de profanateur de sépultures. Il aimait voir l'angoisse dans nos yeux, celle de nos regards horrifiés à la vue d'Atem sortant d'outre-tombe.
Les deux amants s'approchèrent l'un de l'autre, comme s'ils ne s'étaient jamais quittés, les doigts pourris du roi caressèrent le visage du jeune garçon, un long râlement sortait de sa gorge desséchée, n'ayant plus de langue pour pouvoir prononcer la moindre parole. C'était comme leurs adieux, ils avaient la même pose, le regard plongé dans les yeux de l'autres, attendant un avenir prometteur.
C'est dans un bruit sourd que Yûgi Mûto s'évanouissait, provoquant le fou rire du voleur.
« C'est l'heure du jeu des ténèbres... »
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« Nous allons mettre quelque chose en jeu. Si je perds... Je vous révèle tout. En revanche, si vous perdez... Je ne donne pas cher de votre peau.
_ Notre victoire pour ton au revoir, notre défaite pour le don nos têtes, marmonna poétiquement Yûgi qui bavait du sang à mes côtés.
_ Tu émerges enfin Mûto ? Bienvenue sur notre table ! Ça doit te rappeler quelque chose.... Tu te souviens quand ton pharaon chéri s'en est pris à toi ?
_ Ferme la, grogna Yûgi encore sonné. »
Il tanguait sur son tabouret, à deux doigts de tomber dans les pommes. Je n'osais pas le toucher quand je voyais l'état de son corps. Il avait les yeux vides, le corps amaigri. Il n'était plus le Yûgi que nous connaissions, le bonhomme jovial et épanoui de Domino City.
D'autres personnes nous avaient rejointes en plus de Mokuba et Atem. Le dieu du chaos, Apophis, dans son immense mâchoire vénéneuse avait recraché le prêtre Shada ainsi que la belle Isis Ishtar. Prisonniers et forcé de jouer, ils s'asseyaient à nos côtés, furieux et angoissé.
« Djéhoutyhotep ? Interrogea Isis en regardant Honda. Dans quoi tu t'es encore fourré sakhif [1].
_ Prêtre Seth ? Où sommes-nous ? Interrogea Shada.
_ Quelque part où tu seras encore plus inutile, cracha Kaiba envers son collègue qu'il méprisait.»
Se tournant vers son cadet, il ne savait pas quoi dire, cela faisait si longtemps qu'ils ne s'adressaient presque plus la parole... Et ceci par sa propre faute, sa dépression avait prit le dessus, comme si plus rien ne comptait pour lui. Il voulait le prendre dans ses bras pour implorer son pardon, mais son bassin était collé à cette fichu chaise !
« Mokuba ? Comment vas tu ?
_ C'est bizarre grand frère. Où est-ce qu'on est ? »
Bakura, impatient, tapotait le bord de la table, ayant une grande hâte de nous inviter à son petit jeu macabre. Il nous avait installé chacun face à nos démons, pour qu'on ait plus moyen de se débarrasser des fantômes du passé. Lui au bout de la table, face à moi et Edenia, les jumelles, les ancêtres et descendantes si semblables et différentes à la fois. Seto et Mokuba se faisaient face, tout comme Atem et Yûgi. Ce dernier avait les larmes aux yeux, tétanisé à la vue de son amant.
« Alors quand jouons nous ? S'impatienta Edenia très à l'aise. Il fait un peu chaud avec ce petit feu de camp que tu nous as créé.
_ Qu'elle fougue ! Je suis ravie de voir que tu trépignes d'impatience à l'idée de disputer ce petit jeu de rôle avec nous, simples mortels. Enfin, si on peut dire ça... S'amusa-t-il en lançant des regards séducteurs à mon ancêtre. »
Nous étions treize joueurs, moi, Yûgi, Jonouchi, Honda, Seto, Aeryn, Pegasus, Edenia, Atem, Mokuba, Shada, Isis et Bakura. Tous à égale distance l'un de l'autre, comme des chevaliers autour de la table ronde, nous attendions impatiemment et angoissé les règles qui allaient régir ce jeu.
« A cette époque-ci, de jeunes enfants s'adonnent à petit jeu où chacun d'entre eux joue un paysan. Malheureusement, une fois la nuit tombé, certains d'entre eux se transforment en bêtes à écailles pour dévorer femmes et enfants. Les enfants doivent alors deviner le lendemain qui est le traître parmi eux.
_ Le jeu du loup-garou, chuchota Yûgi. C'est le jeu du loup-garou de Thiercellieux.
_ Entre autre oui... Mais ce jeu est bien plus vieux que ce que vous connaissez, informa Bakura. Tous ce que vous croyez avoir inventé n'est en fait qu'une pâle copie, créé des millénaires auparavant.
_ Comment la partie va se dérouler ?
_ Chaque tour trois d'entre nous vont transformer en crocodile pour dévorer d'autres joueurs. Chaque matin venu, les joueurs découvrent qui manque à l'appel et se réunissent pour tenter de démasquer les crocodile se cachant parmi eux. »
Treize cartes dorées apparurent sous nos yeux, des hiéroglyphe et des dessins étaient gravés sur chacune d'entre elles comme pour représenter des situations. Je connaissais un peu les règles de ce jeu, mais à dire vrai, je n'y avais jamais joué avec l'angoisse de mourir à la fin de la partie.
« C'est d'un débile... Maugréa Jonouchi. On sait tous que toi et Edenia vous serez les crocodiles, Honda le médecin, Aeryn la médium et...
_ Tu te trompes Katsuya-kun, railla Bakura amusé, c'est ça le jeu ! Nous aurons tous des rôles donnés au hasard. Si ça se trouve, je serais un crocodile comme le gentil paysan, mais rappelle toi que si tu es dans mon camp... Me tuer reviendrait à te faire perdre donc à mourir...
_ Il n'y a plus qu'à espérer que tu ais un rôle seul... Pour que nous puissions te mettre en pièces, ronchonna Kaiba en croisant les bras. Je suppose que nos rôles doivent rester secrets non ?
_ Bien entendu. Alors vous êtes prêt ? »
J'acquiesçais silencieuse, prête à tout donner de ma personne. Je voulais gagner, je voulais prendre le dessus pour connaître la vérité. Mais cela voudrait dire que pendant la partie, nous allons devoir nous trahir mutuellement, peut-être que même certains devront se rallier à Bakura. Alors tout sera perdu. Nous ne pouvons pas le tuer aussi facilement.
Les cartes se mélangèrent pour enfin se glisser jusqu'à nos mains. Dans quelques secondes, nous allions découvrir nos rôles. Déterminant la difficulté de la partie. Je serais incapable avant plusieurs tours de sacrifier aussi facilement mes camarades et savoir qui est qui. J'espérais au fond de moi avoir le rôle de la médium, afin de voir quel rôle se cache en chacun de nous.
« C'est parti ! »
La carte se dévoila à moi, dessinant un champ de blé et un personnage avec les pieds dans l'eau, une faucille à la main, qu'elle ne fut pas ma déception quand je compris que j'incarnais le rôle du paysan, je n'avais donc aucun pouvoir sur la partie hormis celui de pouvoir choisir qui sera accusé avant la tombé de la nuit.
Mes amis découvrirent leur rôle eux aussi, tantôt dépités, tantôt intrigués, tantôt inquiétés. Nous étions silencieux, le cercle de feu nous entourait, nous faisant transpirer à grosse goutte. Je sentais ma robe me coller à la peau comme si je venais de plonger dans le Nil. C'est alors qu'une voix retentit derrière moi, je sursautais effrayée en voyant Mana, vivante, qui se tenait debout derrière nous.
« La nuit tombe sur Memphis... Les paysans découvrent leur rôle. Fermez tous les yeux... Vous avez le sommeil lourd, très lourd... Vous ne vous réveillerez uniquement au moment où je mentionnerais votre carte...
_ Je pensais l'avoir tué ? S'indigna Edenia en se tournant vers Mana.
_ Très chère, si tu interromps le jeu, tu seras punis d'une lourde peine, interrompis Bakura.
_ Vos yeux sont clos, j'appelle le ou la médium à me regarder et à me désigner le rôle de la personne que je dois lui révéler. »
Je voulais ouvrir les yeux, je voulais vérifier que ce rôle n'était pas attribué à Bakura sous peine de tous nous mener à l'échec. Mais les ténèbres m'obligeaient à rester assoupie, ne me réveillant qu'à la fin de la nuit.
« Que l'Entremetteuse ou l'Entremetteur se réveille et me désigne les deux personnes qu'il souhaite lier pour l'éternité. Ces deux personnes sentiront une caresse légère au creux de leur nuque et pourront se regarder mutuellement. »
Pitié... Je ne voulais pas être lié à quelqu'un. Le rôle des amants était l'un des plus difficiles. Si l'un mourait, l'autre suivait, et en plus, il doivent gagner tous les deux ensembles. C'était perdu d'avance !
« Les Crocodiles vont se réveiller, ils vont désigner chacun leur tour une victime. Quand vous ouvrirez les yeux, la personne désignée ne sera plus... Vous pouvez vous rendormir... »
Je soupirais, soulagée de ne pas avoir été désignée par ce Cupidon égyptien. Le feu crépitait, accompagné de la voix douce de Mana. Je pensais également que cette dernière nous avait quitté après le châtiment de la reine, lorsque Edenia a offert en patûre la virginité de la jeune sorcière. Il y avait beaucoup trop de fantômes dans cette pièce... Atem...
« Druide. Regardez moi. Continua-t-elle. Cette personne a été désignée, vouée à une mort certaine par les crocs des crocodiles du Nil. Souhaitez vous la sauver ? Ou alors tuer quelqu'un ? »
D'habitude, nous aurions put deviner si la personne disait oui ou non. Il suffisait de tendre l'oreille, distinguer d'où provenait les sons de nos camarades, mais malheureusement, c'était comme si des mains nous couvraient les oreilles afin de nous plonger encore plus dans le jeu.
Jouer au loup-garou était l'un des jeux de rôle auquel je m'étais beaucoup adonné lors de mon adolescence, je connaissais les règles par coeur, j'y avais joué en ligne et avec de vraies personnes, la stratégie y était de mise aussi bien que le bluff. Si ça se trouve, j'étais en duo avec Bakura, m'allier avec lui signerait l'arrêt de mort de tous mes amis, je me retrouverais face à lui... Pour mourir aussi.
« Les ibis s'envolent, le soleil est prêt à se lever. Le ou la médium vient de deviner le rôle d'un personnage. Les dieux sont bavard, on vous chuchote que la carte du Druide a été retournée. »
Le Druide... Plus connu sous le nom de la Sorcière. C'était un personnage redoutable qui pouvait tuer de sang-froid n'importe qui. Si elle venait entre les mains d'Edenia ou de Bakura, je ne donnais pas cher de notre peau !
« Ouvrez les yeux, le jour se lève sur Memphis, voyez qui vous a quitté en ce premier jour. »
Nous nous regardâmes un à un, cherchant des yeux les personnes restantes. Une statue de cendre s'était dressée entre Shada et la prêtresse. Elle portait les traits de Pegasus. Isis frôla l'épaule du créateur de carte, le laissant s'écrouler comme un vulgaire château de sable.
« Merde, trembla Honda les yeux écarquillés, c'est horrible ! »
Réduit en une poudre sombre, Pegasus n'était plus. Évaporé, son corps se mélangea au sable de l'Egypte d'il y a 3000 ans.
« Pegasus le paysan nous a quitté. Il est l'heure pour les habitants de Memphis de chercher le coupable. Quand le cercle de feu s'éteindra, votre vote sera pris en compte. »
Pegasus était donc un paysan ? Je venais de perdre l'un de mes seuls alliés fiables et inoffensifs ? J'étais quasi seule face à des joueurs aux mille privilèges, seule avec mon unique pouvoir de voter.
« Quelqu'un pourrait m'expliquer pourquoi j'ai été touché durant la nuit ? S'interloqua Edenia. Quelque chose m'a empoigné l'épaule. Ce n'était pas vraiment agréable.
_ Il s'agissait d'une caresse ou d'une agression ? Demandais-je d'un ton narquois. Car avec toi, on peut s'attendre à tout.
_ C'est la marque du charmeur de serpent, déclara Bakura. Tu as été choisie par lui.
_ Si le charmeur de serpent touche tout le monde, alors il gagne ? Demanda Yûgi impassible.
_ Exactement, et maintenant j'aimerais qu'on enquête sur nos ravisseurs. »
La pièce s'assombrissait, c'est alors que je remarquais que chaque flamme nous encerclait s'éteignait dans un ordre précis, à une durée déterminée, comme un compte à rebours. Quand nous n'aurions plus chaud, quand la salle sera plongée dans le noir, alors le jugement tombera.
Atem était silencieux, un bruit étrange émanait de son corps décrépi, c'était visqueux comme si sa peau continuait à être rongés par une nuée d'asticots. J'eu un haut-le-cœur que j'essayais de retenir malgré moi.
« Alors je veux savoir ce que Bakura a à dire pour sa défense, décrétais-je méprisante pour me changer les idées.
_ Je ne peux pas dévoiler mon rôle Warui Onna, tu le sais bien, je suis plus ou moins innocent.
_ Alors je vote contre toi ! »
Au moment où mes mots furent prononcés, une plume égyptienne se dessinait au-dessus de la tête du voleur, comme pour indiquer mon vote.
« Tu ne devrais pas faire ça Léa... Me lança Seto de l'autre côté de la table. Réfléchis.
_ Au moins nous serions débarrassé ! M'énervais-je en scrutant mon vote dorée.
_ Je t'en pris... Siffla-t-il en baissant la voix. »
Il avait les sourcils froncés, son regard m'incitait à retirer mon vote, il était dur et froid, aussi froid que la pièce qui se rafraîchissait petit à petit.
« Tu sais ma douce Française... Informa Bakura d'une voix de basse. Voter sans véritables preuves s'avère être de l'anti-jeu. Mana prend cela très à cœur. Elle nous déteste tous autant les uns que les autres. Si l'un de nous venait à faire, n'importe quoi, elle nous réduirait en poussière d'un claquement de doigts. N'est-ce pas ma belle ? »
Son silence gênant fut sa seule réponse. Les flammes continuaient à s'éteindre, nous pressant dans nos derniers retranchements, Tic Tac Tic Tac...
« Ah oui, c'est vrai ! Elle est ensorcelée. Elle ne parlera pas. Mais au moins vous êtres prévenus. »
Isis qui avait cessé d'assassiner Honda du regard, commençait à tracer de ses doigts longs et délicats des formes indéfinis sur la table autour de laquelle nous étions sagement attablés.
« Vous n'êtes pas obligé de voter à voix haute, signala-t-elle, tout l'intérêt est là. De la fourberie, vous poussant dans vos derniers retranchements. Avez-vous envie de vous transformer en cendres ?
_ Je retire mon vote alors, bredouillais-je agacée.
_ Je te trouve bien trop pressée chère descendante, minauda Edenia, as-tu des choses à te reprocher ?
_ Oui j'ai les boules d'être dans la même pièces que deux connards, rétorquais-je. Je peux voter pour toi si tu veux ?
_ Tu me tues... Je te tues... »
Ses paroles résonnaient en moi comme une épée révélatrice. Edenia était le soldat. Si elle se mettait à soupçonner qui que ce soit et qu'elle venait à mourir alors elle pourrait l'emporter dans la tombe en retour. Je devais être prudente.
« Et si nous jouions calmement, avec réflexion, proposa Aeryn en nous toisant un à un.
_ Tu as quelque chose à dire par exemple ? Fit le grand blond avec prudence.
_ Je suis gentille Joey, souria-t-elle innocemment.
_ Nyeh, qu'est ce que ça veut dire ? Pourquoi tout le monde m'appelle comme ça ?
_ Innocente mon cul, bouillonna Honda le regard noir.
_ Un soucis Tristan ? Continua-t-elle en les appelant par leur autre prénom. Si vous avez des doutes sur moi, je propose que le médium me regarde cette nuit, alors il verra mon innocence. Qu'en dites-vous ?
_ Une proposition indécente pour vous défiler, jura Shada.
_ Faites-moi confiance.
_ Peut être que la médium n'a pas envie d'obéir à tes ordres, soupira Yûgi. Vraiment la réaction typique d'une personne coupable qui tuera le lendemain la personne qui la découverte.
_ Temps écoulé ! Nous interrompis Mana. Les votes ont eu lieu, voyons lequel d'entre vous sera éliminé. »
Quatre plumes apparurent au dessus de nos têtes, une sur la tête de Bakura, une sur celle d'Edenia, l'autre au dessus de ma tête et une dernière au dessus de celle d'Aeryn. Je fus surprise d'apparaitre parmis les traitres, mais je préférais penser que la personne ayant voté contre moi était sois Bakura, soit Edenia. Et non l'un de mes amis.
« C'est une égalité. »
Je vis Seto se redresser d'un coup au même moment que son petit frère.
« Etant donné que les égyptiens n'ont pas réussis à se mettre d'accord. L'Esclave sera sacrifié en échange.
_ Grand frère... »
Mokuba les larmes aux yeux vit son corps se raidir, sa carte face à lui se retourna pour nous dévoiler le rôle le plus ingrat du jeu Loup-Garou.
« Avant de mourir, choisissez qui ne pourra pas voter le jour suivant. »
Silencieux, il pointa du doigt les personnes les plus détestés de l'assemblée. Non sans grand étonnement, Bakura et Edenia se regardèrent tel un vieux couple et ricanèrent. Acceptant facilement leur sort.
« Bye petit garçon, pépia niaisement Edenia. On se reverra dans une autre vie.
_ La nuit tombe sur Memphis... Seul la médium peut ouvrir les yeux. »
Nous revoilà plongé dans le noir. Si j'avais bien compris l'allusion que me faisait Seto, alors il était la voyante, ou plutôt le médium. C'est pour cela qu'il m'avait déconseillé de tuer Bakura. Ce dernier n'était pas un crocodile, mais quelque chose qui pouvait nous aider en retour. C'était donc lui la personne qu'il avait sondée ? Bakura était le druide ! Ce rôle était bien trop dangereux.
« Les dieux ont murmuré à l'oreille de la médium, la carte dévoilée cette fois-ci est un paysan. Vous pouvez ouvrir les yeux et découvrir lequel de vous a succombé. »
Ce manège était bien plus amusant dans mes souvenirs, je vis Kaiba me jeter un bref clin d'œil, comme pour me dire qu'il était avec moi. Il s'avait que j'étais innocente, et je pouvais également lui faire confiance, cependant en stratège, je ne pouvais pas élaborer encore de plans car je ne décelais pas qui était quoi en réalité.
« Isis... Murmura Shada soudainement effrayé en voyant la prêtresse transformée en statue.
_ Vous voyez, le médium a parlé, je suis innocente. »
_ Les crocodiles avaient choisi une victime, mais la fillette n'a pas été assez discrète. Sa curiosité l'a poussé à se faire dévorer. Isis, la petite fille, nous a quittés.
_ Ça veut dire que... Commença le prêtre au crâne rasé.
_ Dans un élan de compassion, son amant se donna la mort. Adieu. »
Shada en tombant à la renverse, la carte de l'entremetteur au dessus de lui scintillait, il savait qu'il était condamné car il pensait pouvoir gagner avec Isis. Sauf que celle ci étant morte, il se devait être obligé de la suivre.
« Quel imbécile, il ne sait déjà pas utiliser un chiffon, se moqua Seto, il s'est choisi lui-même alors qu'il aurait pu condamner Edenia et Bakura. Quel incapable ! »
Je fixais du regard Aeryn qui souriait bien trop innocemment. Elle était coupable de quelques chose, nous n'étions que trois paysans, moi, Pegasus et un autre inconnu, si elle disait innocente, elle s'appropriait alors mon rôle, cela voulait dire qu'elle était soit Charmeuse de serpent, soit crocodile.
« On n'entend pas beaucoup parler Yûgi, je trouve. Accusa Aeryn bien trop impliquée en se tournant vers le garçon.
_ Normal, je m'ennuie, provoqua-t-il en riant.
_ Il est drôle le petit marmot, depuis que ton chéri est mort, tu as pris du poil de la bête n'est ce pas Yûgi ? »
Yûgi lui rendit sa grimace, il était sur le qui-vive, observant chacun de nos fait et gestes. Comme pour accompagner les propos du voleur, une plainte triste s'échappa de la bouche poisseuse d'Atem. Pourquoi nous l'infliger ? C'était si... Horrible.
« J'ai presque deviné tous vos rôles, se força-t-il à rire. Pas besoin d'être le médium pour comprendre qui est quoi.
_ Ah oui ? Et bien alors dis-nous tout. Peut-être que tu mourras cette nuit si tu es trop arrogant.
_ Si je meurs, tu perdras la partie, défia le jeune garçon du regard.
_ Tssss, bien vu.
_ Le tour est terminé ! Voyons qui sera condamné à mort cette nuit ! »
Seto ne me quittait pas des yeux, il secouait la tête imperceptiblement de droite à gauche. Il n'avait pas voté ? C'est ce qu'il voulait me dire ? Je n'avais pas voté également, je n'avais pas vu le temps passer, les flammes s'étaient éteintes de nouveau, nous coupant dans notre débat. Il ne restait que sept personnes pour voter. Qu'avaient-ils décidé ?
« C'est une nouvelle égalité, vous disposez d'un tour de plus pour voter.
_ Suspeeeeeeence, chanta Edenia en tapotant des mains.
_ Je vote pour toi, s'écria Honda en la pointant du doigt. Tu as tué Atem, tu ne mérites que ça !
_ Ce n'est qu'un jeu, soupira le voleur en croisant les doigts.
_ Tu es sûr de toi ? Ricana Edenia.
_ Honda ! Retire ton vote ! Rugis-je à son actif. Vite !
_ Je... Pourquoi ?
_ Retire le ! Insistais-je.
_ FIN DU VOTE ! Voyez qui sera exécuté. »
Comme dans une partie de carte Yu-Gi-Oh, les plumes apparurent dans un bruitage futuriste, après tant de temps passé en Egypte Ancienne, j'en avais presque oublié les joies de la technologie.
« 1 voie chacun pour Bakura et Amenâa, et deux contre Edenia. »
La reine peu effrayée se mit à souffler, visiblement blasée à l'idée de perdre au second tour. Elle haussa les épaules et retourna vivement sa carte. Comme je l'avais prédit, sur la surface de son billet dorée, se dessinait un soldat égyptien armé sur son char.
« Soldat, avant de mourir, vous avez dix secondes pour désigner la personne que vous souhaitiez tuer en retour. Dix... Neuf...
_ Honda Hiroto, articula lentement la reine en se léchant les lèvres. »
A l'instant même, leur corps se mit à grisonner, se parsemant de fissures sur chacun de leur membre, se transformant en statue petit à petit. Le visage d'Honda se figea sur une expression contrainte alors que celui d'Edenia riait à gorge déployé. Les dernières flammes s'éteignaient, volatilisant les corps poussiéreux de mon ami et de mon ennemi.
Voir Edenia s'évaporer de la sorte me fit comprendre qu'il s'agissait bien d'un jeu. Bakura n'avait pas la puissance pour la faire disparaître aussi facilement. Mais Edenia, ayant quitté la partie ne pouvait plus rien exiger d'une victoire, elle se retrouvait donc avec un handicap, celui de sa défaite.
« Edenia, le soldat, dans un acte de courage et de bravoure, tua en retour Honda qui portait le masque du crocodile.
_ De la bravoure... rigola Yûgi.
_ Sé... Sérieusement Hiroto ? S'indigna Katsuya perplexe. C'était un croco... »
Nos yeux se closent aussitôt. Seto allait choisir le joueur qu'il observerait, son rôle était important tout comme il était en danger. À la moindre erreur il était condamné et dévoré par les crocodiles. Je déglutis, surprise d'être encore en vie ce tour. Mais pour combien de temps ?
Soudainement, une poigne acérée me prit l'épaule. Comme deux crocs vénéneux se plantant dans ma chaire. J'étais envoûtée ! Le charmeur de serpent m'avait eu, je l'avais presque oublié celui là ! Mais qui était-il ? Ce n'était sûrement pas Bakura, peut être alors Aeryn ? Si c'était le cas, je n'imaginais pas ce qu'il pourrait advenir de sa victoire.
« Les habitants de Memphis se réveillent, un rôle a été dévoilé... Celui du crocodile ! Malheureusement, le secret sera emporté dans son tombeau, car Seto Kaiba, le médium, est mort, lui et son pouvoir.
_ Seto non !!! M'écriais-je en tendant la main vers lui jusqu'à qu'il s'écroule à son tour.
_ Qu'elle imprudence, gazouilla la passeuse en regardant ses cuticules. Nous ne sommes plus que six. Deux paysans, deux crocodiles et deux autres personnes dangereuses... Mais ? Qu'est-ce que .... ? »
La passeuse se mit à cracher du sable dorée, ses doigts aggripés à sa gorge, elle toussa bruyamment, s'aggripant à la table.
« Ça dépend pour qui elles sont dangereuse, railla Bakura.
_ Le druide a concocté une potion afin de tuer son ennemi. C'est ainsi qu'Amenâa, le crocodile est condamnée à mort.
_ Comme je l'avais deviné... Maugréa Yûgi. C'est tellement facile.
_ J'ai été marqué cette nuit, lâchais-je pour éviter qu'on me soupçonne. Par le charmeur.
_ On s'en fiche, me nargua Bakura, chercher le crocodile est plus important. »
Si je trouvais le crocodile, j'avais gagné. Mais je ne pouvais pas tuer Bakura sous prétexte que c'est un ennemi, si je gagne, je peux encore l'affronter. Mais je ne dois pas le laisser gagner seul, en espérant que le dernier crocodile le dévorent cette nuit à ma place, et on aura gagné.
« Bakura... Je décide de voter Atem, balançai soudainement Yûgi d'une voix tremblante.
_ Yûgi-kun ? M'étonnais-je. Tu ne peux pas...
_ Il est mort Léa. Tu crois que ça me fait plaisir de voir un cadavre à cette table, un cadavre qui le visage de celui que j'aime ? »
Les larmes aux yeux, il regarda la plume dorée se dessiner au dessus du visage de son amour, celle qui indiquait le vote qui allait le condamner à mort.
« Ce n'est pas lui la mauvaise personne... Tu le sais bien... Yûgi...
_ Je sais.
_ Il est l'heure, plus quelques secondes avant la fin du vote ! »
Bakura ne me quittait plus des yeux, je voulais lui enlever ce sourire du visage, il savait qu'il allait gagner la partie... Que le crocodile choisisse bien sa victime cette nuit. Atem et Yûgi se regardèrent sans un mot, le torse du jeune garçon se soulevait à mesure que sa respiration s'accélérait, angoissée à l'idée de devoir dire de nouveau adieu à l'image de l'homme qu'il aime.
« FIN DU VOTE ! Voyez qui sera exécutez ! »
Encore haineuse envers cette Mana, entendre sa voix fluette me donnait l'irrisistible envie et violente de lui faire ravaler sa langue.
« Atem, le paysan est condamné par le village. La nuit tombe de nouveau sur Memphis. »
Fait chier, rugis-je intérieurement. Atem, malgré son inutilité morbide, était le dernier allié qu'il me restait. Il fallait que le crocodile mange Bakura, d'ailleurs... Qui était-il ? Yûgi ou Jonouchi ? S'il s'agissait de Jonouchi, alors je savais qu'il ferait le bon choix, en revanche, je ne pouvais pas parier sur la haine que Yûgi exerçait sur nous.
« Crocodile réveille toi et désigne la personne que tu souhaites dévorer cette nuit. »
Je commençais à douter, il fallait que je réfléchisse à la suite... Nous pouvons gagner. Si on gagnait... Aeryn nous ramenerait chez nous et ... Merde... J'oubliais encore Edenia.
Ca y est ... C'était le verdict. Le dernier tour, celui où Bakura est sensé être mort et que...
« QU'EST CE QUE TU FAIS ENCORE EN VIE ? Pourquoi le crocodile ne t'as pas bouffé ?!
_ La potion de vie.... Faut pas pleurer Warui Onna, on a gagné... Toi et moi... Ensemble.
_ Qu'est ce que tu racontes sale con ? M'énervais-je en reniflant.
_ C'est simple pourtant... Je suis le druide. Cette nuit, j'ai été choisi pour me faire dévorer vivant, mais j'ai utilisé ma potion pour me sauver de la menace. Histoire de nous laisser plus de chance à tous les deux...
_ Espèce de... Rageais-je en serrant le poing. »
Il laissa tomber sa carte, et croisa les bras derrière sa tête. Son sourire forcé me faisait bouillir de rage, je voulais sauter sur cette table et lui arracher cette grimace vulgaire qui fissurait son visage. Je ne prêtais pas attention à Yûgi qui laissa tomber sa carte à son tour en soupirant.
« Prêt à mourrir Wheeler ? Nargua Bakura en frottant la tignasse du jeune homme qui ne supportait plus qu'on lui donne des surnoms incompréhensibles.
_ Tu es pathétique... Siffla Yûgi. Pathétiquement drôle.
_ Qu...Tu es bien prétentieux, toussa Bakura amer. »
C'est là que je réalisais...Je me refaisais la partie dans ma tête, aussi longue fut-elle pour nous tous, pointés au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès, elle tanguait et s'abattit sur nous au moment même où Yûgi nous montra son identité.
« Et alors le charmeur de serpent ? Tu crois me faire peur ? Tu n'aurais jamais pu charmer tout le monde, appuya Bakura en le bousculant d'une épaule. JA-MAIS. Je m'en suis assuré !
_ Le soucis Bakura, c'est que ton arrogance et ton narcissisime a voulu nous prouver que tu étais capable de nous battre sur un jeu de notre époque. Sauf que moi ou même Léa connaissons les règles bien mieux que toi.
_ N'...N'importe quoi. Je n'ai plus qu'à tuer Jonouchi, on sait que c'est le crocodile, il n'y a plus aucun doute, ça serait considéré comme de l'anti-jeu de ne pas le voter.
_ Vote moi alors... voleur, défia Katsuya en comprenant à son tour.
_ Tu ne connais pas les règles du jeu Bakura, concluais-je. Tu pensais sans doute que les personnes décédées lors de la partie ne compte pas...
_ Alors qu'elles sont toutes aussi importante, ajouta Joey. Depuis le début, tu as laissé Yûgi de côté, pensant qu'en faisant mourir un maximum de personnes ne lui permettrait pas de gagner. Au contraire, ça augmente son champ d'action.
_ Vous... vous êtes cinglés, s'énerva le voleur. Vous voulez me dire que...
_ Oui, souffla Yugi en se levant. »
Il renversa brusquement Bakura en arrière. Les cornes de la déesse Hathor se dessinaient sur son crâne, telle une divinité, il prit le dessus sur l'infâme serpent qu'était le voleur. Le piétinant, son pied sur sa gorge, il appuya de toute ses forces.
« Je les ais tous envoutés, expliqua Yûgi. Ta plus grande erreur a été de me sous-estimer. »
Nous nous levâmes autour de Yûgi, observant de haut l'homme incapable de bouger. Se débattant de ses jambes, il griffa de toute sa rage les chevilles du garçon, qui lui était impassible.
« Je suis Yûgi Mûto, je suis le personnage principale de l'oeuvre dans laquelle je me trouve. »
Yûgi... Mon cœur s'arrêta de battre, je prenais conscience du 4ème mur qui se brisait, comme si je me rappelais à l'instant que j'étais la passeuse plongée dans un monde de fiction. Je les toisais un à un. Ils reprenaient leur forme, leur corps se reconsituant dans leur cendre, tel des phoenix. Le maléfice de Bakura n'agissait plus, nous étions tous réunis. C'était la première fois que je les voyais autrement, ils m'apparaissaient tous comme des personnages de manga. Je l'avais presque oublié.
Les ténèbres s'estompèrent, faisant disparaître Edenia au fond de mon âme. Seto me prit la main, je le sentais qu'il n'était pas mort, ce n'était qu'un sortilège contre lequel nous devions gagner. Il était temps pour nous de reprendre le dessus sur l'histoire.
« Il est temps que tu comprennes pourquoi on m'appelle... »
Les yeux de Yûgi devinrent rouge sang, il souriait et se pencha doucement vers sa victime.
« ... le maître du jeu ! »
[1] sakhif : (traduit de l'arabe) signifie IDIOT, IMBECILE
---------- NOTE DE L'AUTEUR ----------
Notre Yûgi est de retour :3
Aussi insupportable soit-il, il est là pour montrer qu'il domine dans le milieu du jeu.
Après tout c'est bien ce que signifie :
Yû-Gi-Oh ! 遊☆戯☆王
遊 et 戯 : jouer | 王 : roi
LE ROI DU JEU :) Le prénom en lui même de Yûgi signifie le jeu :3
Que pensez-vous du comportement de Bakura ?
Après tout, il est le méchant de l'histoire.
Qu'elle sont ses véritables raison d'après vous ?
PS : J'espère que vous aimez autant que moi le jeu du loup-garou :D
D'ailleurs tous les dessins des personnages sont de moi !
----- A LA SEMAINE PROCHAINE -----
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