06 | Passé
« Oui. Il est mort. »
Je relevais ma tête vers la voix qui venait de s'adresser à moi. C'était la harpiste qui était dans la salle du trône. Elle avait de long cheveux noirs, de grand yeux d'un violet profonds et une peau pâle qui montrait qu'elle n'appartenait pas au royaume d'Égypte. Elle était grande, belle et étrange...
Je me redressais pour essayer de lui faire face malgré les 20 cm qui nous séparaient elle et moi. Je scrutais ses vêtements, persuadée qu'elle était bien plus qu'une simple musicienne.
« Enchanté, chuchota-t-elle d'une voix fluette en levant une main entourée de bracelets dorés, mon nom est Amenâa. »
La façon dont cette personne me fixait dans les yeux me fit penser qu'elle était loin d'être une servante douée de ses mains. Ses bijoux cliquetèrent, cachant de fines lettres tatouées sur son poignet.
Je regardais derrière moi, priant d'avoir rêvé, d'avoir vécu une hallucination. Mais non... Le reste du corps de Bakura était figé à cette poutre. Je ne voulais pas le croire... C'est la première fois que je le voyais réellement sous ses traits égyptiens, mais je n'avais le droit qu'à un corps vide et putréfié. L'odeur me donna la nausée.
« Léa-chan ! »
Les deux jumeaux s'approchèrent de moi en courant, eux aussi visiblement trempés par la petite traversée du bassin. Yûgi cacha sa bouche quand il fit la macabre découverte, Atem s'avança vers moi pour me prendre dans ses bras. Touché par cette attention, je me laissais aller, sanglotant au creux de son épaule chaude et bronzée. Je réalisais sans doute qu'il s'agissait sûrement d'un ordre venant de la royauté et me détacha immédiatement du Pharaon.
« Tu la fais tuer ! M'écriai-je. Sale monstre !
_ Non... Cet ordre ne venait pas de moi, m'implora-t-il persuadé de ce qu'il disait.
_ Bakura a été accusé d'une des pires violations du royaume d'Égypte. »
Je me tournais vers la grande brune, Amenâa. Elle avait dit cela d'un ton très détaché. Je ne pouvais supporter son air arrogant et sa beauté enivrante, je m'approchais d'elle en lui demandant qui elle était à la fin.
« Amenâa, psychopompe de toute la basse Égypte, annonça-t-elle calmement. J'ai accompagné Bakura dans ses derniers instants, ajouta-t-elle en prenant une mine peu attristée.
_ Psycho-quoi ? Répéta Yûgi incompréhensif.
_ C'est un disciple du Dieu Anubis, informa Atem. Amenâa accompagne les morts dans l'autre vie, n'est ce pas ?
_ Tout à fait cher Pharaon. Merci pour votre considération. Mais je suis aussi plus communément appelé chez vous... Médium ? »
Elle avait souri et s'approcha du cadavre du voleur. La cape de sa robe pourpre et magenta flottait derrière elle comme ensorcelée. Je tressaillis au moment où elle posa son front contre le siens. Elle inspira profondément et murmura quelque chose d'inaudible vers ce qu'il restait du visage du jeune homme.
« Il n'a jamais cessé de penser à vous Léa. Même dans ses derniers instants.
_ C... Comment connaissez-vous mon nom ? Balbutiais-je peu à l'aise.
_ Je sais tout. Vous êtes une passeuse. Actuellement, vous êtes dans le corps de votre ancêtre. La Reine Edenia, épouse d'Atem. Vous avez une mission à accomplir.
_ Encore, soupirais-je. Et je vais mourir si je mets du temps ? Finir en fauteuil roulant ? Et aussi en guise de remerciement perdre la mémoire ? »
C'est bon, j'avais assez donné... Ce furent les plus belles années de ma vie, mais ces années m'ont été volées et puis Bakura... Mon nez me piquait, je sentais les larmes prête à chuter sur le bord de mes yeux, je ne pouvais plus me retenir. Je tombais à genoux dans le sable, rampant jusqu'à mon ami le voleur, je voulais le serrer dans mes bras, mais il ne restait plus rien de lui. Plus rien hormis cette odeur vomitive. Souris Bakura... Souris moi... Pitié...
« BAKURAAAAAA ! »
☥
La garde royale m'avait ramené jusqu'à ma loge. Mes appartements, n'étaient pas en commun avec ceux d'Atem. Cela tombait bien... J'avais envie d'être seule, je voulais savoir qui avait perpétré la mort de mon ami. Je n'arrivais pas à retenir ma tristesse, j'effaçais au fur et à mesure le khôl qui me recouvrait les yeux par des larmes abondantes et salées.
« Je vous ais demandé de me foutre la paix ! M'exclamais-je en balançant un coussin remplis de sable. »
L'individu qui avait pénétré ma chambre était aussi blanc que moi. Il portait une perruque longue assez grotesque parsemé de faux lotus dorés, une longue toge le recouvrait intégralement le faisant plus passer pour un Romain qu'un égyptien. Je reconnus Pegasus sous cet accoutrement ridicule.
« Oh désolée ! M'excusais-je étrangement soulagée de le savoir ici. Venez ! »
Il s'exécuta et vint avec un pas léger jusqu'en bas de mon lit surélevé. Je ne voulais pas savoir ce que cet imbécile faisait là, je n'avais jamais eu affaire à lui par le passé !
« Vous êtes affreuse ! Tout cet œuvre d'art, sur votre visage, partie en fumé. »
Je crois qu'il parlait de mon maquillage. Il avait ramené une vasque en terre cuite remplie d'eau. Un tissu imbibé entre les mains, il l'appliqua sur ma peau, enlevant délibérément l'intégralité de mes décorations sur le corps. Je voyais les hiéroglyphes s'estomper, la pellicule dorée et les motifs géométriques disparaître petit à petit. Jusqu'où j'étais ainsi peinte ? Me demandais-je subitement. Pegasus insista sur mon visage, plus précisément là où mes premières rides étaient apparues.
« Ils vous peignent le corps pour vous faire passer pour une divinité, m'informa le méchant de la saison 1. Ils vous écrivent des prophétie sur les bras afin de vous donner la force. Vous êtes la Reine dorée, Léa...
_ Et vous... Vous êtes quoi au juste ? L'interrogeais-je ne comprenant pas son look. Vous êtes ma maquilleuse ?
_ Ah ah très drôle... Apparemment, je suis scribe ici. Je compte les histoires, je les grave... Peintre à mes heures perdues aussi. Et puis non votre visage est un carnage.
_ Euh... Merci... Mais vu que c'est l'heure de se coucher, je crois que je n'ai pas besoin de ressembler à la fille dans Goldfinger [1], assurais-je. Contez-moi plutôt une histoire.
_ Laquelle ? Je ne connais pas encore tout. Seulement les événements récents.
_ Alors très bien. »
Je pris son poignet pour l'empêcher d'appliquer un quelconque artifice poudré. Je le regardais droit dans les yeux et lui demanda de ma plus grande sincérité :
« Racontez-moi la mort de Bakura. »
☥
Il y a de cela deux décennies, on m'a raconté que le jeune Pharaon Atem peinait à trouver une épouse convenable. Simon Mûran, son conseiller s'était chargé de le prendre sous son aile, il l'avait juré au pharaon. S'inquiétant pour son protégé, il lui amena les plus belles femmes d'Égypte, les plus intelligentes ou même les plus drôles... Mais rien n'y faisait. Atem restait fermé à toute proposition.
Un beau jour... Une contrée qui résistait difficilement aux Romains...
Vous n'allez pas me raconter l'histoire d'Asterix et Obélix ?
Chut ! C'est moi le scribe ! C'est moi qui raconte ! Donc je disais... Les représentants de la Gaule, aujourd'hui la France, vinrent jusqu'en Égypte proposer un marché au Pharaon et à sa cour suprême. Pour les aider à repousser Rome qui gagnait du terrain, ils voulaient s'allier avec l'Égypte et acquérir des flottes capables de battre les Romains à plates coutures. Pour cela, il était prêt à donner leurs ressources alimentaires que l'on ne trouvait qu'en Gaule ainsi qu'un très précieux présent : Edenia. La plus pure Gauloise et la plus belle du royaume.
Mais c'est moi ça ?? D'où j'suis belle ?
Ça suffit ! Edenia ne vous ressemblait pas. Vous, à côté, êtes un laideron !
Merci...
Edenia avait une chevelure à la princesse Raiponce, longue et dorée. Vierge, intouchée jusque-là, elle était offerte comme épouse au roi afin d'allier leurs deux pays. À contrecœur, Atem acquiesça, sous la pression de son cercle de conseillers. Devant la Gaule et l'Égypte entière il accepta la jeune Edenia.
Aussi pure qu'était la nouvelle reine d'Égypte, son cœur était noir... Noir comme le ciel d'Égypte.
Wow vos figures de styles vous donne un de ces Charismes... On s'y croirait.
Léa si vous ne vous taisez pas je vous laisse avec un cliffhanger [2], et vous ne vous en remettrez pas ! Je disais que Edenia était une personne sombre, elle était avide de pouvoir et semblait s'acquitter de son rôle le mieux du monde. Atem était effacé, c'est elle qui décidait de tout.
Quelques années après, alors que le royaume d'Égypte attendait l'héritier qui monterait sur le trône, la Reine Edenia attendait que son époux ne daigne lui accorder la moindre attention. Atem ne l'écoutait pas, il la suivait juste tel une momie sans âme. Plus rien ne l'atteignait, plus rien sauf la présence d'un bel homme. Edenia, furieuse, que son époux soit homosexuel, en informa la cour suprême visiblement au courant de la situation. Même si le pharaon aimait les hommes, cela ne devait pas se savoir et malgré tout, c'était à la reine d'enfanter. Toute la responsabilité tombait sur les épaules de la jeune Gauloise, et cela, elle ne pouvait le supporter !
Elle aurait un enfant coûte que coûte ! En anonyme, elle fréquentait les nombreux lieux publics. C'était simple, elle avait coupé toute sa chevelure blonde très courts, ne lui laissant que des bouclettes qu'elle dissimulait sous une perruque noire. Elle ôtait la moindre parcelle de maquillage, elle n'était plus la reine dorée, mais une simple passante sous le soleil d'Égypte.
C'est dans un bain au village de Kul Elna qu'elle fit la rencontre d'un jeune homme aux cheveux blancs. Sa musculature dut aux travaux forcés lui donnait un aspect massif, mais malgré tout, il respirait la virilité et l'élégance. Cet homme était connu comme étant le roi des voleurs.
Bakura...
Durant près d'un an elle l'avait vu en cachette prête à se faire enfanter de ce bandit. Il aurait la force d'un homme, et non celui d'un faible préférant la compagnie des jeunes garçons. Les choses arrivèrent frénétiquement, elle tomba enceinte plus vite que prévue, et à mesure que son ventre grossissait, les sentiments du voleur à son égard s'agrandissaient. Il était fou de la reine dorée et non de sa fortune, il l'aimait d'un amour véritable.
Mais un jour le prête Akunadin découvrit les deux amants cachés dans le jardin de la reine. Les surprenant il ne pipa mot et s'enfuit au loin avec la vision de sa bien-aimée reine entre les mains d'un manant. Le mal était fait. Edenia pour cette haute trahison envers son Pharaon pouvait être renvoyée du royaume d'Égypte, elle regagnerait la Gaule, elle, seule et son enfant.
Le verdict arrivait. Edenia accepta d'être jugée à condition que le royaume suive le procès. Aux yeux de tous, elle faisait face au Pharaon et à la cour suprême, prête à recevoir son jugement. On emmena Bakura face à eux, il implorait Edenia des yeux, la peur se lisait dans ses yeux.
« Reine Edenia, fille de Gaulle, héritière du royaume de Haute et Basse Égypte, consentez vous à accepter votre culpabilité devant tout votre royaume ? Clama haut et fort le prêtre Karim juge de la cour. Êtes vous coupable d'actes de fornications avec une autres personne que votre roi ? Et de plus êtes vous coupables de porter l'enfant d'un autre ?
_ Je suis coupable, avoua Edenia. »
Le pharaon impassible avait une grande hâte que cela se termine. Il craignait plus que tout sa futur épouse. Il regardait la Gauloise qui semblait ne pas être effrayée, elle attendait le bon moment... Oui, il le présentait. Edenia était coupable, mais elle gagnerait malgré tout.
« Je suis coupable d'avoir été violée par cet homme ! »
Pointant le voleur du doigt, elle prit une grande inspiration avant de fondre en sanglot dans les bras de Shada, l'un des prêtres à la cour. Bakura les yeux écarquillés n'en croyait pas ses oreilles, celle qu'il aimait éperdument venait de le condamner à mort !
« Une minute ! Interrompit le prête Akunadin en touchant machinalement sa barbe. Je vous ais surpris tous les deux et vous n'aviez pas l'air d'être en mauvaise posture... Pouvez-vous m'expliquer cela ?
_ Vous osez prétendre que je mens ? S'indigna la reine en fondant en larmes de plus belle. Je porte l'enfant de mon viol ! Je n'ai jamais demandé cela ! »
Elle se leva et se précipita vers l'un des gardes à sa portée. Lui arrachant son glaive elle menaça la cour suprême. Elle s'avança vers le balcon qui surplombait tous ses sujets et les regardait tous dédaigneusement.
« Si vous ne me croyez pas, alors je vais vous le prouver. »
Edenia posa le bout de la lame contre son nombril, les réactions ne se firent pas attendre, le premier était Bakura qui implorait sa pitié. La jeune Gauloise sentait les coups de pied de l'être qui vivait en elle, cet être qui allait l'empêcher de régner comme il se devait !
« Ce n'est pas un enfant né de l'amour, mais UN ENFANT DU MEURTRE. »
Le sang gicla à ses pieds, elle avait transpercé sa fine peau jusqu'à que l'épée ressorte non loin de sa colonne vertébrale. La douleur était plus intense que prévue, mais maintenant elle avait toute leur attention. Intérieurement, elle riait, et voir la tête ébahis de ce stupide pharaon rendait le tout encore plus jouissif pour elle. Mais de l'extérieur elle faisait couler des larmes de crocodile mélangé à la souffrance que lui causait son abdomen et au sang de leur enfant qui se répandait dans son ventre.
Les gardes attrapèrent Bakura. Le voleur implorait Atem qui ne savait plus quoi dire. Choqué par la folie sans équivoque de sa reine, et par la détermination de celle-ci. Alors c'était elle qui allait partager sa vie ?
« Bakura, roi des voleurs. Vous êtes condamné pour le viol de notre reine suprême. Votre châtiment sera d'être écorché vivant livré aux charognes égyptiennes. Memphis exposera votre cadavre jusqu'aux dix prochaines lunes !
_ Non... Non... C'est impossible ! ÉDENIA! TU NE PEUX PAS FAIRE ÇA ! »
On lui mit un coup derrière la nuque, ce qui n'arrêta pas le voleur. La rage, la peur, et l'incompréhension se lisaient dans son regard. Il implorait une dernière fois la reine qui ne put s'empêcher de lui sourire en retour.
« Tu me le payeras ! JE TE MAUDIS ! »
☥
Je restais estomaquée, à la limite du dégoût, de la tristesse, de la colère et de l'incompréhension... Avant même que je ne demande quoi que ce soit, Pegasus me tendit la coupe afin que je dégobille le peu que j'avais dans l'estomac.
« Et vous me dites que je descends de cette... Pute ? M'indignais-je. Mais c'est pire que de m'avouer que Hitler est mon ancêtre-là !
_ Actuellement vous êtes Édenia, me corrigea-t-il. Vous incarnez un tyran exerçant un pouvoir sans pareil sur l'Égypte. Mais n'oubliez pas que vous êtes Léa avant tout, mais dans un autre corps.
_ Un autre corps ? »
Je me levais et défis le lien qui tenait en place les deux parties de ma robe. Pegasus détourna le regard au moment où je l'ouvris en deux, je fis glisser mes doigts sur mon ventre, sentant l'indélicat bourrelet de chair qui cicatrisait sur ma peau. Cette femme s'était vraiment éventrée pour... Merde, c'est trop crade.
Je cherchais des yeux le miroir qui n'en était pas un, les larmes aux yeux et me posta droite devant la plaque de cuivre [3] qui reflétait grossièrement le reflet de la personne que j'habitais. Edenia était une femme aussi petite que moi, nous partagions les mêmes formes hormis qu'elle semblât plate comme une planche à pain. J'ôtais la perruque grasse que je jetais à terre et contemplais de plus près mon ancêtre. Elle avait en effet les cheveux d'un blond très clair, bouclés et coupé très courts. J'avais l'impression de me revoir à l'époque où j'étais dans le monde de Yu-Gi-Oh, à la différence que j'occupais le corps d'un monstre sans âme.
« Si vous dites que Edenia s'est poignardée... Comment a-t-elle survécue ? En Égypte ancienne, la moindre écharde pouvait vous être fatal. Toutankhamon est bien mort d'une fracture... L'imbécile... Me moquais-je.
_ Et bien...
_ La Reine Edenia est un être des ténèbres, annonça une voix derrière nous. »
Perchée entre deux colonnes, je reconnus la Médium Amenâa. Elle était accompagnée d'Atem, visiblement plus détendu qu'à nos premières retrouvailles. La brunette s'avança vers nous d'un pas nonchalant, on aurait dit qu'elle volait. Le jeune Pharaon vint à mes côtés me demandait si ça allait. Je ne savais pas quoi lui répondre. Il avait posé ses doigts fins sur mes frêles épaules, protecteur. J'étais surprise, et finis par me persuader que c'était tout à fait normal. Après tout, j'étais la personne qui l'avait réunie avec l'amour de sa vie. Il m'était redevable.
« Excusez moi... Mais qui est ce personnage-là ? Demandais-je à Pegasus et à Atem en pointant l'intruse du doigt. Je l'ai jamais vu dans les mangas Yu-Gi-Oh, pour moi elle est louche.
_ Ne t'en fais pas Léa, me rassura le jeune Égyptien. Amenâa est au service de ma famille depuis dix ans.
_ Je ne crois pas non ! Minaudais-je en m'approchant d'elle. Sinon je l'aurais vu !
_ Vous n'êtes pas dans la même dimension que celle que vous avez pénétré il y a 15 ans, rétorqua-t-elle presque froide. Chaque événement que vous avez changé a fini par créer un univers divergent à l'initiale. Ici, vous êtes dans le passé de cet univers divergent, c'est pour cela que vous ne m'avez jamais vu dans vos œuvres littéraires. »
Je fronçais les sourcils et me rendis compte qu'elle avait raison. Il s'agit de la théorie des univers parallèles, comme dans retour vers le futur [4]. Ce qui est modifié a un impact sur le cours de l'histoire.
« Mais comment savez-vous tout cela ? Demanda Atem contrarié. Vous paraissez bien au courant.
_ Je suis psychopompe. Mon voyage entre ici et l'au-delà me permettent d'entendre des murmures. Des chuchotements que je suis la seule à décrire.
_ Comme c'est pratique, grognais-je.
_ Ne la jugez pas aussi vite Léa, me conseilla Pegasus. Plus tôt dans la journée alors que vos camarades et moi-même ne savions pas ce que nous faisions ici, Amenâa nous a rassuré. Elle nous a été d'une grande aide. »
La concernée ne nous regardait pas, elle était plus occupée à contempler ses doigts fins magnifiquement manucurés comme dans un clip de Katty Perry [5]. À dire vrai, elle avait juste l'air perché. Intelligente, belle, mais bizarre.
« Jonouchi Katsuya... Articula-t-elle. Il est gardien de tombeaux. Il protège l'entrée de celui de votre père, Pharaon.
_ Mer...Merci Amenâa. Nous irons le chercher de s...
_ Hiroto Honda, coupa-t-elle en tournant sur elle-même, lui se trouve être dans une mauvaise posture. Il est Ouabou-sekhmet. Il s'agit du médecin en chef sous le commandement de la déesse de la guérison Sekhmet. »
Atem et moi nous nous regardâmes, quand nos pupilles se saluèrent nous ne pouvons pas nous empêcher de rire. Honda ? Médecin diplômé ? Voilà qui était plus qu'hilarant. Le pauvre...
« Et... Seto Kaiba ? M'inquiétais-je. Il est prêtre ? Il va bien ?
_ Vous l'aimez ? »
Pegasus et Atem se retournèrent d'un coup vers moi. Ce fut si vif que leurs bijoux dorés cliquetèrent ensemble. Je me pinçais les lèvres et réfléchissais subitement à la question. Cela faisait tant d'années que je partageais la vie de Christian, je l'ai aimé fort, et lui encore plus... Cependant, quelque chose me retenait de vivre notre relation plus fortement, c'étaient mes souvenirs. Seto était un souvenir, j'avais beaucoup apprécié sa présence certes, mais...
« Elle l'a embrassé, assura Atem en croisant les bras. Je crois qu'ils s'entendent plutôt bien.
_ MAIS ÇA VA PAS ?! »
Je pris une pincée de poudre dorée et me l'aplatissais sur le visage. J'avais rougi, il était hors de question qu'on le remarque. Je suis une femme fière !
« Et bien ? Qu'attendons-nous ? On retourne les chercher ? »
☥
« NYEH ! »
Il faisait complètement nuit. Nous nous étions déplacés ensemble aux portes de la ville. Honda et Jonouchi à nos côtés. Sachant qu'il s'agissait d'une infraction à la loi, qu'elle soit égyptienne ou non, je voulais tout de même que Bakura repose en paix. Après tout, c'était la moindre des choses. Tandis que le grand blond déterra le pilier où le cadavre était empalé, je serrais la main de Yûgi.
« Voilà... Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On l'enterre dans du sable ? Proposa Katsuya.
_ Non... Je veux que ce soit fait dans les règles.
_ Léa-Chan... Minauda mon jeune ami, tu sais bien que tu n'as pas le droit.
_ JE ME FICHE DE CE QUI EST BIEN OU PAS ! »
Mon ancêtre avait tué froidement Bakura. Décortiqué et dépecé vivant, les souffrances qu'il avait enduré ne valait pas tous les efforts que je pouvais faire. Jamais son geste ne sera pardonné, il n'y avait pas de retour en arrière possible. Bakura, mon cher voleur était mort... Mort parce qu'il avait aimé.
Les restes de mon ami n'étaient pas lourds, tout à l'intérieur avait pourri ou avait été dévoré, ce n'était plus qu'une carcasse vide. Je pris son corps avec autant de délicatesse que lui le faisait quand je ne pouvais plus marcher. Sèchement, je demandai à ce que l'on me montre l'entrée du temple. Je voulais qu'il ait sa tombe, son sarcophage, sa momification. Tu as le droit à la vie éternelle Bakura.
« Il faut contourner le lac, indiqua Honda en faisant un cercle avec sa main. Ça va être un peu long.
_ Il est profond ce lac ? Demandais-je.
_ Pas que je sache, réfléchissais le roi. Mais il y a des crocodiles et...
_ Dans ce cas j'y vais.
_ Léa ! Non ! »
Je m'étais engouffré dans la froideur de l'oasis. La lune reflétait au travers de l'eau créant des centaines de petites bulles lumineuse à mesure que je m'avançais. On criait mon nom derrière, je ne voulais pas les entendre, les carnivores pouvaient me dévorer cela me serait égal. Cette douleur sera sûrement moins douloureuse que celle de Bakura.
J'apercevais leur silhouette rôder autour de moi... Ils me contournaient, mais ne m'approchaient pas. Silencieux, patients et sûrement pleins d'appétit. La queue écailleuse de l'un d'eux me frôlait. Je frissonnais.
« Ô Sobek, empereur du Nil... Priais-je. Guide-moi. »
Ses yeux jaunes clignèrent. J'entendis comme un râlement venant de l'animal. Le crocodile glissait lentement vers la gauche, je le suivais sans piper mot. Mes doigts s'enfoncèrent dans les muscles à vifs de mon Bakura, je voulais pleurer, mais c'est par respect pour le Dieu Sobek que je me retenais.
Je sortais de l'oasis, apercevant le temple. Mes amis étaient encore loin. Je dévisageais le Crocodile qui sortait de l'eau, pendant un sombre instant, j'avais l'impression que son ombre était humaine... C'était sûrement une hallucination due à la fatigue. Mais pendant un court moment, j'avais le sentiment que c'était bien un Dieu qui m'avait guidé. Je me courbais légèrement vers lui pour le remercier. Le crocodile finissait par disparaître.
Franchissant deux imposantes obélisques, je marchais lentement éclairée par de nombreuses torches auprès d'immenses statues divines. Passant l'arche du lieu de culte, un souffle rauque rugissait, comme pour annoncer mon arrivée. J'étais dans une immense salle aux mille colonnes composites, je descendis les quelques marches sous cette lumière tamisé et attendais, seule avec le silence.
J'entendais des pas, je n'avais pas bougé, planté au milieu du décor, priant que quelqu'un me vienne en aide. Et cette personne arriva. Il n'avait rien d'un prêtre normal, il portait une tenue de cérémonie d'un bleu brodée de fil doré. Le visage sévère, le teint légèrement halé. J'avalais ma salive quand le prêtre Seth s'avança. Je ne saurais pas dire s'il s'agissait de Seto Kaiba ou simplement de son ancêtre.
« Ma Reine. Que faites-vous avec ce traître dans vos bras ?
_ Prêtre Seth, j'implore votre pitié, m'inclinais-je humblement. Cet homme ne méritait pas son sort. »
Je serrais Bakura contre ma poitrine, levant les yeux en direction du prêtre. Je le sentais inquiet, ou non... Je sentais qu'il attendait un signe de ma part.
« Puisse-t-il reposer comme n'importe qu'elle autre personne. J'aimerais que vous lui permettiez d'aller dans l'autre vie aux côtés d'Imentèt [6]. »
Je mis un genou à terre. Dans tous les cas, cela représentait la même chose. La Reine qui ployait devant un simple prêtre, ou moi Léa qui me courbait face à Kaiba. Sa réponse claqua comme un coup de fouet sur mon visage.
« Je ne le ferais pas pour ma Reine, décidai le prêtre Seth en reluquant froidement le cadavre de Bakura. »
Mon cœur se serra, je n'allais pas abuser de mon pouvoir, enfin le pouvoir de mon ancêtre, pour arriver à mes fins.. Je me voyais contrainte de suivre la proposition de Katsuya, l'enterrer dans le sable bouillant d'Égypte.
Je déglutis quand je vis l'employé de temple s'aggenouiller également. Mon cœur battit la chamade. Nous étions face à face, j'avalais ma salive avec difficulté.
« Je ne le ferais pour la reine, mais je le ferais pour Léa, assura-t-il en ôtant son couvre-chef.
_ Seto ? »
Une légère moue sur son visage me fit comprendre que je m'adressais bien à mon vieil ennemi et non à son aïeul. Je ne pus m'empêcher de sourire, heureuse de la retrouver et pleine de gratitude à son égard. Je le remerciais, humblement qu'il me permette une sépulture signe pour mon voleur.
« Châtel... Ce service ne sera pas gratuit. Je ne fais pas dans la charité, ricana-t-il.
_ Cela va de soi, acquiesçais-je. »
☥
« Tiens moi ça Katsuya, ordonna sèchement Seto en lui tendant une petite statuette à tête de femme.
_ Nyeeeh ? C'est mignon ce truc. Qu'est-ce que c'est ? »
Le grand blond décortiqua l'objet en céramique avec attention. Il hésita avant de dire que c'était le visage d'Isis qui était gravé.
« Faux ! Corrigea Atem avec un sourire. Il s'agit de Neith, déesse protectrice de l'estomac. Jonouchi, je ne sais pas combien de temps nous allons rester ici en Égypte, mais il va falloir que tu en apprennes un peu plus.
_ Si Katsuya est brûlé vif pour non-connaissance de la mythologie, rétorqua Honda amer, ça ne sera pas une grande perte.
_ J'ai une épée Honda, ragea Jonouchi, je suis prêt à l'essayer sur toi dès que tu le souhaites !
_ Ah ouais ? Et bien viens, je t'attends !
_ ÇA SUFFIT ! »
Yûgi regarda les deux rivaux d'un œil mauvais. C'est là que je remarquais que le jeune homme était un peu plus habillée qu'à son arrivé en tant qu'esclave sexuel. Ce qui était une bonne chose.
« Mettez vos différents de côté pour le moment ! Rugissait le garçon.
_Hum excusez moi ? Minaudais-je en levant le doigt. J'ai loupé quelque chose ?
_ Pas maintenant Léa ! S'exclamèrent-ils.
_ Wow... Faut vous calmez. Je suis la Reine, je vous tue quand je veux, protestais-je en haussant la voix et en bombant le torse. Et lâche moi ces viscères Jonouchi. »
Subitement le blond prit conscience qu'il tenait le reste des organes de Bakura. Il posa le pot délicatement sur la stèle d'embaumement empli d'un profond dégoût. Seto développait les bandelettes sur le corps du jeune homme, j'avais enduit sa peau calciné d'une huile grasse avant de poser des amulettes. Le processus de momification durait normalement 70 jours que l'on avait convertis en heures vu le peu de temps qu'il nous restait. Seul, m'importais le repos de mon cher voleur.
« On dirait que tu as fait ça toute ta vie, soufflais-je à Seto en le regardant faire son travail avec minutie.
_ Pour une raison que j'ignore je me souviens de quelques « trucs » appartenant à mon ancêtre. Même si tout me semble différent... Ce n'est pas ton cas ? »
Non... Rien ne me revenait. Mais Seto avait raison, ce monde n'avait rien à voir avec celui du manga. Ici nous étions dans une Égypte plus traditionnelle régi par le pouvoir et non les ténèbres. Les objets du millénaire auraient dû être créés, mais il n'en était rien. Les Égyptiens vénéraient de vraies icônes religieux et non des symbole gravés dans des plaques de pierre [7]. Bakura était différent lui aussi dans cette dimension, certes, il s'agissait toujours d'un voleur, mais son village n'avait jamais été décimé par l'armée du Pharaon. Bakura n'a jamais eu l'idée de se venger, mais son cœur en revanche a été trahi. Trahis par la personne dont je portais le visage.
☥
Lorsque je compris que Pegasus était mon scribe attribué, je me résignais à le laisser m'approcher, lui le grand méchant de la saison 01. Je lui conseillais d'enlever cette perruque que je jugeais ridicule. On aurait dit une parodie du film Mission Cléopâtre [8] à lui seul. Me tournant le dos, il décolla sa chevelure artificielle afin de la poser dans sa petite chambre à lui qui faisait l'angle de la mienne. Sa lisse chevelure argentée retomba sur ses épaules et je le surpris à attacher ses cheveux en arrière à l'aide d'une sorte de broche. Quand il se retourna, je vis son visage entièrement à découvert ainsi que la cicatrice balafrant son œil gauche. Je grimaçais en pensant à la douleur que cela lui avait apporté quand on lui avait arraché.
« Autant être magnifique, articula-t-il en gloussant comme une princesse. »
Je l'invitais à me suivre sur l'un des nombreux balcons qui serpentais mes appartements. M'asseyant sur le rebord de l'un d'eux, je soupirais en contemplant le vaste paysage de dunes ensablées. Bon nombre de pyramides ornaient cette vision, je me demandais comment de si grandes bâtisses avaient pu être ensevelies avec le temps.
« Il y a quinze ans, j'ai plongé dans l'univers de Kazuki Takahashi, murmurais-je apaisé à la vue de la torche qui s'agitait à mes pieds. Et quinze ans plus tard, on se retrouve dans le passé de ce même univers. Quelle en est la raison ?
_ Amenâa m'a dit que vous étiez une passeuse. Que c'était votre rôle de sauter dans des mondes différents.
_Oui, c'est sûr, marmonnais en entendant le nom de cette médium. Mais normalement, les gens comme moi n'ont pas le droit qu'à un seul passage.
_ La bande de Yûgi avait mentionné que le Pharaon avait été traîné de force dans son passé et qu'il courrait un grand danger me rappela Pegasus. Peut-être que vous êtes la seule apte à la protéger ? »
J'aimerais le croire, mais tout cela allait à l'encontre ce que Shadi m'avait dit avant de m'effacer la mémoire. Il a prétendu que c'était pour mon bien, il n'en était rien. Je ne devais rien dévoiler ce que j'avais entrepris pour le bien du Pharaon et celui de mes amis.
Mais quand Shadi est venu me voir sur mon lieu de travail. Hormis ses vêtements, il y avait quelque chose de différents en lui.
« Quelque chose ne vous a pas troublé ? Demandais-je subitement ? Shadi... Était-ce le même que celui de première rencontre ?
_ Le même ? Hum... »
Il se remémorait la fois où il l'avait vu en Égypte et que ce dernier lui avait gentiment enlevé son œil pour le remplacer par l'œil millénaire. Il prétendait que cet homme n'était pas mauvais, il faisait son travail en protégeant les objets millénaires et celui du Pharaon. Il ajouta cependant que c'était un sadique, je grimaçais en l'imaginant sourire de satisfaction.
« Et son regard... Ce bleu profond, je m'en rappellerais toute ma vie.
_ Bleu... Répétais-je tout bas. »
Cela me revenait quand Shadi avait ressurgit dans ma vie... Son regard n'était pas bleu. Shadi avait les yeux d'un orange très vif. Et ça... Cette différence n'annonçait rien de bon.
[1] Goldfinger (1964) : 3ème Film James Bond. L'une des James Bond Girls (en gros une femme avec qui James a fait pan-pan cul-cul), est retrouvée morte au début du film, le corps recouvert d'or. Plusieurs rumeurs fausses ont couru d'après cela, selon comme quoi, Shirley Eaton (l'actrice) serait morte sur le tournage suit à son maquillage doré.
[2] Cliffhanger : C'est ce moment énervant quand l'épisode, ou le film se termine sur une queue de poisson, et annonce la suite d'un futur épisode (ou pas). C'est un moment douloureux de frustration (et perso j'adore ça) !
[3] Plaque de cuivre : C'est ce qu'utilisait les égyptiens en guise de miroir, c'était un objet chic polis de nombreuses fois et entretenus.
[4] Retour vers le futur (1985) : Tout le monde connait ce film, pourtant cette théorie est apparu à la suite du film 2, quand le Doc explique à Marty que les évènements crées ont fait aboutir une autre dimensions découlant des actes qu'il a commis. C'est mieux expliqué dans le film.
[5] Clip de Katty Perry : DARK HORSE
[6] Imentèt : Il s'agit d'une des premières déesses Egyptiennes à s'occuper du royaume des morts avant la déesse Hathor.
[7] Plaques de pierres : Rappelons nous qu'avant que cela soit un jeu de cartes, Duel Monsters se jouait en Egypte Antique sous la forme d'immense plaque de pierres en lévitations où étaient gravés les divinités.
[8] Mission Cléopâtre - Asterix et Obelix (2002) : Pour un film franco-belge, il a pas mal de budget et les décors égyptiens sont relativement bien cherché ! Les vêtements arborés par certains protagonistes sont tous plus grossiers les uns que les autres. Je vous invite à aller le voir.
---------- NOTE DE L'AUTEUR ----------
Je sais pas si vous l'avez remarqué...
Mais je voulais pas écrire juste une fanfic Yugioh en mode
"lol ptdr sa donne koi si les perso sont en égypte, des barre MDR"
NAN, j'ai fais des RECHERCHES !
J'adore L'Egypte bordel de m**
J'espère alors que vous apprécierez mon travail :3
Le flash-back sur Bakura est l'une des raison pour laquelle j'ai passé la fanfic en "ADULTE"
Je rentre dans un univers plus dark, et on n'utilise pas de filtres à cette époque, c'est TOUT OU RIEN.
Qu'en avez vous pensé ?
--- A LA SEMAINE PROCHAINE ! ---
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro