02 | Pégase
Je toisais l'homme devant moi avec un doute qui devait se lire sur mon visage.
« Pardon, mais... Vous avez dit que vous êtes qui ? Lui fis-je répéter déçue de ne pas le reconnaître.
_ Pegasus Junior Crawford. »
Je me sentis mal de lui dire qu'il était la première personne que je rencontrais qui portait le substitut Junior dans son nom. Je le scrutais de part et d'autre et ne pus m'empêcher de le trouver ridicule. Soit ce type se la jouait noble, soit il était ... Non c'est insensé, qui porterait encore aujourd'hui un costume orné de broderies avec son blason familial sur les boutons de manchettes ? Personne !
J'allais me retourner vers l'homme du désert quand je remarquais qu'il avait disparu. Fais chier. C'est quoi ce type ? Un fantôme ? Réveille-toi Léa, ça n'existe pas ! En tout cas l'individu maniéré face à moi était bien réel.
« Vous faites du cosplay ? Demandais-je subitement.
_ Je vous demande pardon ? »
Si j'avais déjà vu ce type. Enfin du moins quelque chose lui ressemblant. On aurait dit le personnage sorti tout droit d'une série pour enfant. Il me semble que c'est Yu-Gi-Oh, mais je ne m'en rappelle presque pas.
« Pegasus...C'est votre nom de scène. Je me trompe ?
_ Alors là chère demoiselle vous vous méprenez. Je porte ce nom de mon propre père, Pegasus Crawford, plus connu comment étant le duc d...
_Ouais, ouais si vous voulez. Et en quoi puis-je vous aider ? M'inquiétais-je en me demandant dans quel coup je m'étais fourrée. Vous connaissez ce type ? Shadi Shin.
_Oh lui si je le connais ! »
Je l'entendis déblatérer des propos insensés, mais n'y prêtais guère attention. Je devais rentrer au plus vite chez moi et arrêter de parler avec des inconnus. Je ne suis plus une adolescente naïve depuis bien longtemps, l'expérience m'a bien appris que c'était imprudent. Je pensais à Christian, je l'imaginais dormir sur le côté, face au mur. Il ne se tournait plus vers moi depuis tellement de temps... Christian...
« Et c'est là que l'autre homme m'a arraché mon œil sans autor...continua-t-il avant que je ne le coupe.
_Bon, c'est bien, je vais y aller maintenant, soupirais-je. Ravie de vous avoir rencontré Pegasus. »
Je tournais les talons sachant très bien qu'il ne me laissera pas m'échapper aussi rapidement. En effet, je ne fis qu'une dizaine de pas que lui avec deux simples enjambés il me rattrapa aussi sec. N'y prêtant pas attention j'ouvris la portière de ma voiture pour m'engouffrer aussi rapidement.
« Attendez ! »
Il toqua à la vitre de mon véhicule, quasiment les larmes aux yeux. Mon dieu...
« Quoi? Grognais-je en baissant la vitre. Vous allez m'abîmer la carrosserie !
_Loin de moi l'envie d'esquinter votre tas de boue. »
Pardon? Tas de boue ? Ok, cela en est trop ! Je fis rugir mon 4 cylindres avant d'entamer une marche arrière déterminée. Pour qui il se prenait ce type là ? S'il savait combien de temps on a économisé pour payer cette voiture...
Je m'engageai sur la route après avoir finis mon demi-tour et enclenchai la première vitesse. Mais Pegasus m'avait devancé en se jetant devant mon véhicule.
« Nan, mais vous avez fini là ? Foutez-moi la paix ! Hurlais-je en sortant ma tête par la fenêtre.
_Ne me laissez pas ! Je n'ai nulle part où aller. »
Je le suivais des yeux quand il se mit à genoux du côté de ma portière. Pourquoi m'avait-on présenté ce mec là ? Je l'avais rencontré durant mes années d'amnésie ? Mais personne ne pourrait me le confirmer. C'est bien ce que l'on me disait à chaque fois, que j'avais tout inventé. Certains pensaient même que j'avais été kidnappée sur les terre égyptiennes après m'être fait torturer ou lavé le cerveau. C'est d'une connerie !
« Oh merci ! Merci, merci, merci. »
J'avais enlevé la sécurité et ouvert la porte passager. Pourquoi je faisais ça ? Je le vis s'engouffrer à bord de ma miata [1], il s'empressa d'épousseter son pantalon me faisant douter de la propreté de l'habitacle. Je lui fis signe de mettre sa ceinture et démarrai une bonne fois pour toute.
Bon...Je me retrouvais avec un pseudo-clochard riche à mes côtés. Je ne pouvais décidément pas ramener ce gars là chez moi là où dormait Christian. Que faire ?
« Nous allons chez vous ? Demanda-t-il de sa voix chantante.
_Non je ne crois pas. Mon mari ne risque pas de comprendre,marmonnais-je en regardant dans mon rétroviseur.
_Oh... Vous êtes mariée. Siffla-t-il presque étonné. »
Je pris la direction du centre ville, cherchant un endroit où me garer pour pas trop cher et non exposé. Le parking souterrain était quasiment vide, je peinais pourtant à m'engager dans les étroits couloirs. Pegasus restait silencieux, il paraissait peu rassuré.
« Venez. »
Je sortis ma carcasse de la voiture et marchai d'un pas décidé vers l'extérieur. Après moins d'une minute de marche, nous nous retrouvâmes devant l'immeuble chic qui était susceptible de nous accueillir. Je sonnai à l'interphone, priant pour qu'une voix nous réponde.
« Oui,c'est qui ?
_Rémi ! Merci t'es là. C'est Léa. »
Comme s'il avait lu dans mes pensées celui ci m'ouvrit la porte principale de la résidence. Je jetais un œil derrière moi, vérifiant que l'autre me suive bien. Au loin, je voyais la fontaine de la place Royale briller et s'illuminer de ses couleurs féeriques, elles me laissèrent rêveuses quelques secondes avant que je ne reprenne conscience.
Situé au quatrième et dernier étage, l'appartement de Rémi, qui n'est nul autre que mon petit frère, était décoré de manière épurée, comme une publicité pour un magazine de décoration intérieure.
Mon frère nous accueillit dans une tenue bon chic bon genre, comme s'il était prêt à sortir. Le col de sa chemise sortait de son pull en cachemire d'un rouge pourpre très saillant.
« Coca? Me demanda-t-il en sortant la bouteille, certain de ma réponse. Et vous ? »
Pegasus se redressa brusquement avant de réclamer un verre de vin. Personnellement je ne buvais pas, cela faisait 20 ans que j'essayais et 20 ans que je n'arrivais pas à digérer ou supporter cela. J'avais une certaine aptitude à ne pas tenir l'alcool.
Je pointais du doigt le canapé à l'homme qui me suivait, et me dirigeait dans la cuisine luxueuse de Rémi. Il était entrain de nous servir délicatement, les manches retroussées sur ses maigres bras.
« La réponse est non, lança-t-il sèchement.
_De quoi non ? Chuchotais-je surprise et apeurée qu'il me refuse de passer la nuit ici.
_Je ne suis pas intéressé par le mec que tu as ramené.
_Que... quoi ? Lui ? »
Je me tournais vers Pegasus qui feuilletait un magazine, les jambes croisées assis dans l'un des fauteuils en velours. Il poussait des petits gémissements à chaque trouvaille au fur et à mesure des pages. Rémi, ouvertement homosexuel, était un célibataire endurci. Trop mignon pour garder longtemps quelqu'un à ses côtés, ou juste feignant pour s'engager dans quelque chose ? Telle était la question que je me posais depuis quelque temps.
« Je...je ne suis pas là pour te présenter qui que ce soit Rémi, grommelais-je embarrassée.
_Oh je t'en prie, ricana-t-il après s'être servi un verre de vin également. Tu me ramènes une caricature sortie toute droite de La Cage aux Folles [2]. Tu veux me caser ? Je sais le faire moi même.
_Mais euh... non ! P.. pas du tout ! Balbutiais-je. Tu crois qu'il est homo lui aussi ? Demandais-je finalement en me penchant vers lui. »
Pegasus poussa un petit cri de plaisir au moment où il vit un livre sur Lady Gaga dans la bibliothèque de mon frère.
« Ok, peut être juste un peu alors, rectifiais-je. »
Avant de regagner le salon, j'expliquais à Rémi la raison de ma présence,changeant la vérité pour ne pas reparler du sujet gênant. Je savais malgré tout qu'il saurait deviner si je mentais. Nous avons toujours été comme cela, très fusionnel. J'ai tendance à l'oublier.
« Et bien vous allez dormir dans la chambre d'invités, annonça-t-il.Cela ne vous pose pas de problème ? »
Il ne s'adressait pas à moi, mais à mon compagnon d'infortune. Après une longue gorgée, comme s'il n'avait pas bu depuis des semaines,il s'essuya le coin de la bouche avant de répondre que tout irait pour le mieux.
« Et si on jouait ? Gloussa Pegasus comme un petit enfant. Attention je ne suis pas du genre à me laisser dominer ! Ouh ouh ouh !
_Léa, tu me vires cette fiotte d'ici ! Personne ne va dominer qui que ce soit !
_Mais enfin Pegasus ? Qu'est ce qui vous prends ? »
Soudainement le dénommé Pegasus J. Crawford prit un air sérieux, presque désarmant. Je ne pus m'empêcher de déglutir me demandant si je n'avais pas ramené un fou dans la maison de mon frère ! On se mit sur la défensive au moment où il plongea sa main dans les plis de veste princières. Il sortit alors une petite boite qu'il posa délicatement sur le bord de la table, et croisa les bras comme s'il nous attendait.
« Qu'attendez vous jeunes gens ? Questionna-t-il.
_Attendre quoi ? S'impatienta Rémi.
_C'est l'heure du duel voyons ! »
Il ouvrit la boite dans un suspense insoutenable. Nous découvrîmes un jeu de cartes aux couleurs chatoyantes. Mon frère et moi nous nous regardâmes mutuellement avant de pouffer de rire. Notre franche rigolade ne plût pas à l'invité qui protestait en assurant que l'on était impolis de refuser une telle demande.
« Mais,vous vous êtes crû où ? Niaisa Rémi en essayant de garder son calme. Dans Yu-Gi-Oh ?
_Ah oui ! Me rappelais-je. Ça vient de là c'est vrai ! »
Comme s'il ne nous écoutait pas, il prit place au bout de la table. Pegasus disposait son jeu, déroulant au passage un tapis en soie brodé à l'image de son Deck. Je n'arrivais pas à garder mon sérieux tellement lui l'était.
« Que vous me traitez de fiotte ou je ne sais quoi est un fait...Commença-t-il. Surtout que je suis tout à fait hétérosexuel et...
_C'est ça, ironisa Rémi de son côté. On vous croit.
_Mais nous sommes dans une société où l'on ne refuse pas un duel de Magic & Wizard. »
Rémi se pencha vers moi, et je l'entendis me murmurer que j'avais ramener,je cite, un putain de vieux geek ringard. Je fis non de la tête, persuadée qu'il y avait autre chose au sujet de cet homme. Etait-ce un acteur qui nous jouait la comédie, ou simplement un fou dans un mal certain d'identité ?
« Monsieur Crawford... Nous devons parler, soufflais-je à l'oreille du convive. Rémi, nous allons nous coucher. Merci encore pour tout.
_ Pas d'quoi. Je t'attends pour que tu m'expliques. La vérité hein.
_Promis. Merci. »
☥
Une fois glissée dans le lit aux côtés du quarantenaire, je réfléchissais à deux fois avant de poser la bonne question. Qui était-il vraiment ? D'où venait-il ? Pourquoi se comportait-il ainsi ? Étais-je censé apprendre quelque chose de lui ? Il me fallait poser la bonne question...
« Dites-moi... »
Je ne trouvais pas mes mots. C'est là que je le remarquais, il avait cette manie de toujours cacher une partie de son visage, comme s'il avait honte de quelque chose. Son œil gauche... Que lui était-il arrivé ?
« Ce sont vos vrais cheveux ? Balançais-je d'un coup. »
Qu'elle idiote... j'avais un tas de questions et il fallait que je lui demande ça ! Bien sûr que non, il portait une perruque.
« Oui jeune demoiselle, c'est la chevelure de ma famille. L'argent nous sied à merveilles. »
Soucieuse de savoir s'il parlait de la couleur argentée ou de l'argent monétaire, je me taisais tout de même afin de poser une question qui nous irait à tous les deux.
« Pourquoi m'a-t-on présenté à vous ? Vous faites partie de mon passé ? »
Ça y est... Mon cœur s'emballait. Cette excitation à chaque fois que vous trouvez un indice pour ensuite vous l'arracher et le jeter au loin. Pourquoi m'attachais-je autant à cela ? Ne pouvais-je pas simplement vivre comme tout le monde ? Après tout ce n'était que deux ans de ma vie...
« Je ne vous connais pas personnellement, articula-t-il voyant ma déception se lire sur mon visage. Cependant... Cependant je connais des personnes.
_Vous savez... Vous n'êtes pas le premier à me dire cela.
_Je ne comprends pas pourquoi je suis ici en France, tout comme je ne comprends pas pourquoi vous étiez au Japon il y a 15 ans. Mais je sais que cela est lié.
_J'ai été au Japon ? »
Personne ne m'avait dit cela auparavant. Personne sauf ... ça y est ! Quand j'étais partie faire mes études au Québec, j'étais persuadée d'avoir rêvé ce jour là et j'avais découvert quelque chose...Mais qu'avais-je découvert ? Pourquoi j'ai l'impression d'être de plus en plus amnésique chaque jour ?
« Bien sûr... Et moi, me voici coincé en France. Tu parles d'une affaire. Soupira Pegasus en se rallongeant sur le lit. Ne vous vous êtes pas demandé déjà pourquoi vous parliez aussi bien japonais ?
_Bien sûr que si... soupirais-je lucide. Mais je suis allée là bas,je n'ai pas eu le moindre flash-back crépitant comme on voit dans les films. Je suis même allée en Égypte, là où j'avais disparu. »
Il m'écoutait attentivement. Je sentais qu'il désirait me dire quelque chose, mais le dire semblait inconcevable.
« Cela n'a rien donné évidemment. Léa.... Je peux vous appeler Léa ?
_Euh oui, bredouillais-je.
_Cela n'a rien donné car vous n'y étiez pas vraiment. Articula-t-il comme s'il s'apprêtait à raconter le plus grand des mensonges.
_Vous compliquez encore plus les choses là. »
Je sentais au fond de moi que cette conversation n'allait avoir aucun sens. Quoi qu'il me révèle, j'avais déjà été trop déçue par le passé pour me soustraire à la moindre idée saugrenue venant de la part d'un inconnu.
« Vous connaissez des gens, que je connais aussi. Ces personnes là vous les avez rencontrées durant ce que les gens appellent « votre amnésie ». J'ignore pourquoi c'est à moi de vous dire cela, mais il se trouve que ces personnes sont ici comme moi.
_Ici ... Vous voulez dire qu'ils sont en France ?
_En France oui. »
Je m'étais approchée toute prêt de son visage, mon cœur battait fort, malgré moi je buvais ses paroles, je voulais qu'il me dise où étaient ces personnes, où étaient-elles afin que je puisse tout comprendre une bonne fois pour toute.
« En France dans votre monde. Pas le notre. »
Je reculais subitement déçue. Je faisais le vide dans ma tête,observant les moindres replis des draps sur mes jambes potelées.Tiens ? Il est vrai que j'avais repris du poil de la bête depuis quelques années. La maigreur affligeante dans laquelle on m'avait retrouvée à l'époque ne m'avait pas aidée. On m'avait tellement gavée comme une oie à mon retour qu'aujourd'hui je jouais au Yo-Yo avec mon poids. Je marchais mieux, mais je sentais encore une légère rigidité dans les membres inférieurs.
« Mon monde ? Depuis que je l'ai quitté, c'est comme s'il n'existait plus. J'ai l'impression d'être une étrangère.
_C'est votre malédiction, souligne-t-il.
_Et vous m'assurez que l'on ne s'est jamais rencontré auparavant ? M'enquis-je douteuse. Pourquoi être chargé d'une telle mission ?
_J'aimerais tant le savoir aussi. »
☥
J'embrassais mon frère avant de partir, je sentis son parfum buter contre mes narines, il ne loupait jamais une occasion d'être présentable.J'aimerais être moins négligente parfois. Moins négligente vis à vis de l'homme qui partageait ma vie. C'était lui que je devais retrouver en premier avant de m'aventurer n'importe où.
À bord du Tramway Nantais, je me laisser bercer par les rails filiformes de la voie numéro 2. L'engin s'engouffrait au loin quittant le centre ville que j'affectionnais tant. Pegasus à mes côtés, je lui avais prié de porter des vêtements plus sobres qu'à son arrivé. Rémi qui était d'une gentillesse sans pareil, ne se sentit même pas contraint de se séparer de quelques vêtements pour ne serait-ce que quelques jours.
Salut Christian, je sais cela peut paraître absurde mais... J'avais beau m'imaginer le scénario dans ma tête, nos retrouvailles ne ressembleraient à rien de ce que mon imagination me laissait paraître. J'avais le cœur serré. Comme chaque soir où je le retrouvais.
« Merde... »
Ma main tremblait. Je n'arrivais pas à pénétrer la serrure une seule fois. Je grognais, pestais. Mais rien ne m'aidait à ouvrir cette satanée porte. Jusqu'à que celle ci s'ouvrit brusquement devant mon air ébahis.
« Chri... »
Je me tus aussitôt. Il me toisait de son regard haineux. Ayant laissé Pegasus attendre près de l'arrêt de Tramway, je me faufilai alors au sein de ma propre maison. La porte se refermait derrière moi,bruyamment. Je m'assis sur mon canapé, prête à engager une conversation sérieuse qui m'effrayait. Christian ne bougeait pas.Il me fixa de haut, comme s'il contemplait une abjecte chose posée à même son assise familiale.
« J'étais chez Rémi. Avouais-je soudainement.
_Je sais. Je l'ai appelé. »
Alors il savait sans doute que j'avais ramené un homme étrange avec moi... Je ne souhaitais pas qu'il s'imagine quoi que ce soit. Je ne voulais pas lui faire plus de mal. Me rongeant les ongles, il me prit aussitôt la main pour m'en empêcher.
« Montre ton autre bras. M'ordonna-t-il en scrutant celui qu'il m'avait empoigné. »
Je le laissais me relever la manche afin de prouver que je n'avais rien. Les yeux baissés, je me disais que j'avais honte de moi. L'auscultation terminée, il me laissa rabattre mon pull jusqu'à mes poignets. Je retenais mes larmes car je lui en avais déjà trop montré... Ma tristesse était le sentiment qu'il avait sans doute vu le plus chez moi, durant nos années de mariage. Je ne sais pas ce qui me poussait à vouloir être plus forte aujourd'hui, mais j'aimerais au moins une fois dans ma vie montrer que je ne suis plus une lâche !
« Tu...commença-t-il en prenant une grande inspiration. J'avais peur que tu fasses une connerie.
_Non Christian. Pas aujourd'hui. Il n'y aura plus de connerie. »
Il se baissa à ma hauteur, incompréhensif, les yeux embués, inquiets.Je me penchais dans sa direction, presque légère à l'intérieur de moi. Aussi légère que les fois où je m'étais promise que j'allais en finir avec la vie. Sauf que cette fois c'était différent. J'étais légère car peut être que ma vie allait enfin trouver son but.
Je pris son visage barbu entre mes petits doigts fins et posa mon front contre le sien. Il ne me regardait plus, mais je sentais qu'il était prêt, prêt à m'écouter. C'est tout ce que je souhaitais.
« Tu m'as tellement aidée durant ces années... À moi de te rendre la pareille. Mais avant... »
Je l'embrassais pour la première fois depuis des mois. Un baiser d'amour et non un baiser sous la colère où notre animosité finirait au fond d'un lit défait. Je l'embrassais, il me le rendait. On se serra fort l'un contre l'autre, mélangeant les battements de nos cœurs amoureux. Malgré toutes ses années,personne ne s'était oublié. Hormis mon passé qui m'attendait quelque part, un jour Christian et moi étions fait pour nous retrouver.
« Attends-moi. J'ai quelque chose à faire. Je te promets de revenir en souriant.Assurais-je esquissant une moue que j'avais oubliée depuis des années. »
Il acquiesça. J'eus l'impression qu'il me rendit ce que je voulais être un sourire. Je reculais doucement jusqu'à la porte,ne quittant pas son regard plein d'espoirs. Au fond de moi je ressentais ce soulagement dans ce regard, quelque chose me disait que j'allais vraiment apprendre quelque chose avec Pegasus. Christian...
Léa !
Quand je sentis le souffle de la porte se fermer dans mon dos, un bref instant... J'avais l'impression qu'une voix m'appelait. Ce n'était pas celle de mon mari, ce n'était pas une voix que je connaissais. Elle semblait si lointaine et proche à la fois. Tel un spectre de mon passé qui criait mon nom.
☥
Bien... Mon esprit se ravivait petit à petit, le soleil tapait dans ma nuque aussi chaleureuse qu'il pouvait l'être en ce mois d'avril.J'observais les alentours, scrutant la moindre parcelle de la ville, accrochant le moindre regard. Le monde semblait tourner autour de moi et pourtant c'était moi qui pivotait sur place si rapidement que j'avais l'impression que je pouvais inverser la rotation de la terre à moi seule.
« Où tu es... merde... »
Pour une raison qui m'échappait j'avais fait preuve d'un calme indécent envers mon compagnon, aucun cri, une réconciliation et même de la compassion suivie de promesses. Mais là... Je ne pouvais décidément pas être calme ! La clef de mes souvenirs, à savoir ce crétin de milliardaire, s'était volatilisée en n'ayant pas respectée le marché que l'on avait conclu. C'était pourtant simple non ? Quel est ce genre de quarantenaire sapé comme un marquis pas fichu de rester en place ? Pegasus merde... Où es-tu ?
La ville de Nantes pourtant si petite comparée à ses consœurs, se présentait à moi tel un dédale de rues et d'habitation dans lesquelles j'avais perdu mon seul espoir. C'est dans une jungle urbaine que je me devais à tout prix de le retrouver !
[1] Miata (Mazda MX5) : ''est une automobile roadster du constructeur japonais Mazda. Présentée en 1989, et déclinée depuis en quatre générations'' .
[2] La Cage aux Folles : Pièce de théâtre datant de 1973, elle met en scène un couple homosexuel vieillissant. Avant-gardiste pour l'époque, elle est interprété par Michel Serrault. Aujourd'hui elle peut être considéré comme une pièce remplies de clichés sur la communauté LGBT+, par ses clichés, ses mimiques et ses imitations de l'homosexualité.
------------ NOTE DE L'AUTEUR ------------
Pegasus... Vous l'attendiez pas celui là n'est ce pas ?
Ou peut être que si... Vu que tout le monde a essayé de deviner x)
Franchement je le kiff tellement depuis l'interprétation que LittleKuriboh en a fait sur Youtube,
j'étais donc obligée de le mettre !
A votre avis, Léa va-t-elle retrouver Pegasus dans la grande ville de Nantes ?
Que va-t-il se passer dans cette quête ?
Je vous laisse commenter et me dire ce que vous attendez, ha ha ha !
--- A LA SEMAINE PROCHAINE ! ---
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