15 | Cauchemar
Il faisait terriblement froid, sombre... L'air était âcre, il y avait une tension lourde palpable. Un groupe de jeunes en blousons noirs, d'une matière aussi épaisse que le cuir d'un animal et aux piques aiguisés sur les épaules, se déplaçaient dans les ruelles sombres d'une ville aux bâtiments noirs. Un à un, ils s'attaquèrent à un homme à terre, le frappant de lourde chaines.
Derrière elle, se trouvait une plaine, d'immenses bâtisses et forteresse se dressaient telles des colosses de pierres, inertes. Des hommes, gigantesques revêtus de metals chevauchaient de sombres montures. Ils tuaient, déchiraient leurs ennemis du haut de leurs chevaux tandis que plusieurs femmes brûlaient sur un bûcher.
De l'autre côté, elle voyait un village, elle se retrouvait dans le désert, de petites maisons modernes isolées sur leur terrain, silencieuses, abritaient des familles de poupées plastiques. Leur visage souriant et immobiles attendaient patiemment à table tandis qu'une lumière aveuglante déchira le ciel. Les bâtisses furent soufflés d'un seul coup, envoyant valser les poupées dans un million de particules. Le sol brûlait, faisant surgir un immense brasier indomptable. Le ciel était noir et rouge, seul un immense champignon de fumée blanche éclairait les cieux de son imposante masse nuageuse.
« Seras-tu de taille face à toute ces guerres ? »
Cette voix...
Elle se réveilla dans un sursaut.
Le corps engourdis, les cheveux dans la bouche et les yeux, Edenia se frotta les yeux et les ouvrit. Bizarre... Il faisait si sombre et il lui semblait pourtant avoir dormi des années. Elle s'étira et tâta les alentours afin de prendre des repères. Son lit était étrangement moelleux, plus que n'importe quel couche dans lequel elle avait sommeillé.
Mettant les pieds-à-terre, elle sursauta en touchant le sol. Quelle était cette sensation ? Avait-on mis de la fourrure au sol ? Elle n'en avait pas le souvenir. Marchant à tâtons, elle remarqua que l'intégralité du sol était revêtu de cette douce texture.
BRRRRRR
« Mais c'est quoi ça par tous les dieux ? »
Une lumière blanche jaillit près de son lit suivi d'un vrombissement énorme y provenant. La reine s'avança curieuse et étrangement effrayée et s'approchait lentement de ce qu'elle ne pouvait identifier. Elle découvrit un objet rectangulaire très lumineux qui bougeait de lui-même laissant échapper ce bruit.
« C'est un miroir ou... »
Frôlant la surface de l'objet, celui ci arrêta de vibrer et perdit de sa lumière. De nouveau dans le noir, Edenia ne savait pas ce qu'il se passait, ni où elle était. Elle prit l'objet froid dans les mains, parcourant chaque côté de ses doigts. Elle n'avait jamais touché pareille chose auparavant, cela paraissait luxueux, c'était lisse... Son pouce cliqua sur une légère turgescence et la lumière apparu de nouveau.
« Il est écrit quelque chose... J'arrive à le comprendre... »
Ce n'était pas de l'égyptien, cela s'apparentait à du gaulois mélangé à des chiffres arabes.
« Nantes... 10... Heures... Trente-quatre... C'est quoi ça Nantes ? »
En reculant Edenia buta contre quelque chose de rigide qui se redressa aussitôt, elle sursauta quand le rideau rectangulaire remonta de lui-même, laissant apparaître la lumière du jour dans la pièce. Tombant à terre, elle ne put s'empêcher de garder les yeux rivés vers la source lumineuse. Elle voyait le ciel... Il était... Different
Son index se posa sur la paroi invisible la séparant de l'extérieur, elle se redressa en constatant qu'il s'agissait de verre. Il était si transparent, presque invisible. Les yeux d'Edenia s'agrandirent d'effroi quand elle vit le paysage au-delà de cette morne pièce.
En contrebas, elle appercevait des centaines de calèches sans chevaux avancer de leur propre volonté, d'immense constructions faites de matériaux qu'elle ne connaissait guère, des routes immenses et lisses. Elle ne voyait presque pas de végétation, elle se trouvait dans un monde qui ne lui appartenait pas.
Brrrr Brrrr Brrrr
L'objet étrange se remit à vibrer, elle le prit délicatement et écarquilla ses prunelles quand elle devina le visage de Bakura qui se dessinait sur la surface. Une inscription lui indiquait de glisser son doigt de gauche à droite, elle le fit, presque sans hésiter.
« Edenia... Comment vas-tu ? »
La jeune reine lâcha l'objet quand elle entendit la voix de son ancien amant retentir entre ses mains. D'où cela venait-il ? Encore un jeu des ténèbres ?
« Ne panique pas ma belle, ce que tu avais entre les mains, c'est un téléphone ! C'est un objet assez courant par les temps qu'il court.
_ Qu'est ce que tu m'as fait ? Où suis-je ? Rugit-elle. C'est quoi cet endroit ?
_ Bienvenue au 21ème siècle ! Tu te trouves en l'an 2014 après Jésus-Christ, l'époque de ta descendante.
_ Jésus quoi ? »
Bon Dieu ce qu'il faisait froid ! Regardant aux alentours, elle aperçut une assise avec quelques bouts de tissus posés de ci et là... Les attrapant, elle inspecta les vêtements de haut en bas pour savoir dans quel sens cela se mettait.
« Je voulais te faire ce cadeau, te tourmenter un peu et te prouver qu'ailleurs, tu pouvais être totalement inutile et inoffensive, s'amusa Bakura. Que va bien pouvoir faire la grande reine dans un futur lointain ?
_ Tu pourrais au moins me dire de combien d'années j'ai pus avancer...
_ 3 millénaires ! D'ailleurs, tu devrais faire un tour dehors, c'est une belle expérience ça ! »
3000 ans... Se répéta-t-elle. Le monde dehors semblait bien différent, mais elle n'allait pas se laisser impressionner par quelques avancées futuristes. Elle savait dompter les ténèbres, l'avenir ne lui faisait pas peur.
« C'est quoi cette merde ? S'énerva-t-elle de plus belle en tenant à bout de bras un vêtement aux deux longues extremitées. Ca s'enfile comment ?
_ Tu vas découvrir une nouvelle Gaule, ta terre natale se fait appeler France désormais. Sur ce... Il est temps pour moi de te laisser. Ah oui, ce que tu tiens là, c'est un pantalon. Tu le mets à tes jambes. »
Un pantalon ? Elle glissa une jambe dedans et puis la deuxième, elle comprit qu'elle pouvait le fermer grâce à un système de boutons. Ce truc était drôlement serré, mais cependant, il tenait chaud. Au pied de la chaise, se trouvait une paire de sandales, mais des sandales complètement fermé avec une semelle d'une épaisseur sans pareille.
La jeune femme fit le tour du propriétaire avant de décider de s'en aller. Elle tomba sur une petite pièce étriquée carrelé. Un miroir était accroché au mur, celui-ci lui fit apparaître le visage d'une jeune adolescente blonde, on aurait dit qu'elle se trouvait face à sa jumelle tellement son reflet était net. Les cernes sous son visage la vieillissaient de quelques années, si seulement elle pouvait avoir une maquilleuse sous la main...
Deux embouts métalliques se trouvaient devant elle, sur la vasque lisse sous le miroir. Elle toucha délicatement ses derniers et les tourna comme des poignées. De l'eau jaillit du tuyau central, une eau si pure et transparente. C'était incroyable ! On pouvait donc commander l'eau à distance !
Après avoir trouvé ce qui s'apparentait à du maquillage, elle s'appliqua grossièrement des couleurs dorés autour des yeux et se traça un épais trait de liners sur la paupière. Parfait ! Elle prit son courage à deux mains et sorti de la pièce dans laquelle elle s'était réveillée.
Croisant différent visage, elle les foudroya tous un à un au moindre regard de travers. Elle en venait presque à oublier qu'ils ne savaient pas qui elle était. Elle descendit un escalier en colimaçon semblant bien trop fragile à son goût, déambulant dans une salle à peine plus grande que sa chambre et assista à un spectacle insolite.
Ces femmes blanches parlaient seules, la main contre le visage, des images animées défilaient sur de grandes plaques accrochées aux murs, du son s'en dégageait, tout semblait sorti d'un cauchemar auquel elle ne comprenait rien.
Edenia prit la décision bien trop hâtive de se diriger vers l'extérieur. L'air était irrespirable, le ciel gris trop éclatant, et ce bruit.... Tout ce bruit ! Des milliers de personnes marchaient dans des directions précises sur ce sol rigide et chaud, elle voyait les cavaleries avancer sans personne pour les conduire à des vitesses affolantes !
« Mais qu'est-ce donc ? »
Elle leva les yeux et aperçu de grands oiseaux fendent les nuages dans un sifflement strident. La jeune reine paniqua se demanda comment les gens pouvaient respirer, supporter cette ambiance oppressante où la nature elle-même avait disparue.
Apercevant les arbres, elle prit la décision de rejoindre ce soupçon de végétation qui se dressait au loin. Pour cela, elle se devait de traverser cette allée noire où les centaines de chars se disputaient la voie dans un mélange de fumée noire et de vrombissement inquiétant. Edenia suivit les habitants de la ville qui attendaient patiemment de pouvoir traverser. Comme dirigé par un étrange pylône aux couleurs vert et rouge, les véhicules se stoppèrent dans une chorégraphie quasi parfaite pour laisser passer les autres.
« Enfin... »
Elle enlaça l'arbre et se vautra sur la pelouse en contrebas de la rue. L'air était toujours oppressant, mais l'ambiance plus détendue. De jeunes tourtereaux s'exhibaient en se becquotant quelques mètres plus bas. Un écriteau lisse indiquait l'Île de Nantes, les machines, Edenia ne savait pas du tout ce que cela signifiait et cela laissa tomber dans l'herbe.
Cet enfoiré de Bakura l'avait bien eu, combien de temps allait-elle encore rester dans cet univers ? Il n'avait tout de même pas les pouvoirs de cette psychopompe d'Amenâa pour avoir pu l'envoyer dans le futur ? S'agissait-il d'une illusion ? Ou alors d'un songe ?
« Oh merde désolé. »
Un jeune garçon l'avait bousculé, renversant au passage une partie de sa substance chaude sur les vêtements de la jeune femme. Elle le toisa du regard et découvrit un grand gars mince aux cheveux châtains et aux yeux bleu.
« C'est du café, je ne t'ai pas brûlé Léa ? »
Encore cette Léa ? Mais bordel ! Le monde entier la connaissait ? Elle laissa le garçon s'asseoir à côté d'elle, méfiante et recula quand celui-ci lui tendit son verre.
« Goûte, c'est bon. T'as l'air HS. »
Prenant l'objet, elle fut surprise de la texture lisse sous ses doigts. C'était si fin et la chaleur du liquide était enfermé à l'intérieur. Trempant les lèvres dedans, elle fut surprise du goût du contenant et faillit tout finir d'un coup, ne laissant rien au jeune homme à ses côtés.
« Café... Répéta-t-elle émerveillée.
_ Tu as combien de temps de pause ? J'ai mon après-midi perso. On va pouvoir traîner un peu. Au pire, on se fait un domac. »
Perso ? Traîner ? Domac ? Mais qu'est-ce qu'il racontait ? S'insurgea-t-elle silencieuse. Et qui était-il ? On aurait dit qu'il savait qu'elle serait là. Cette époque était étrange, et aseptisée. Les gens paraissaient différents et identiques à la fois. Tous se blottissaient dans ces immenses tours vitrées dans une discorde invraisemblable. Les mœurs semblaient différentes, et les gens bougeaient par leur propre volonté.
« C'est qui le Roi ici ? Demanda-t-elle en regardant le bâtiment le plus haut de la cité. Il habite ici ? Pointa-t-elle en direction de la Tour de Nantes. »
Le garçon secoua la tête tout en sirotant sa boisson. Il portait un costume sombre très ajusté, avec un collier en tissus formant une pointe. Les gens s'habillaient étrangement, ils devaient se sentir comprimé dans tout cet accoutrement.
« Aller, go au Macdo. Annonça-t-il en se levant. »
Il fit signe à Edenia de se lever, et se mit à marcher en direction d'une immense structure surplombant un canal. La jeune reine frémissait en le voyant s'avancer d'un pas nonchalant sur un mince sentier rigide côtoyant de près cette allée remplies de chars.
« Fais gaffe aux voitures ! T'es bourré ou quoi ? S'exclama-t-il alors qu'elle perdit l'équilibre. Accroche-toi à la balustrade. »
La marche fut longue et douloureuse, ce millénaire ne correspondait pas du tout à la jeune reine, le jour où elle dirigera le monde elle se promet de raser toute infamie, ces véhicules qui roulaient tout seul, ce bruit, elle se ferait construire un palais plus harmonieux que cet immense obélisque marron.
« Par Sobek ! C'est quoi ce serpent géant ?
_ On prend le tramway ça sera plus rapide, qu'est ce que tu fous ? »
La jeune femme était prostrée, un immense serpent métallique s'était avancé sur la route, et les gens rentraient dedans ! Était-ce encore un véhicule ? Comment faire confiance à un colosse comme celui-là ?
« T'as pris tes médocs ? T'es bizarre depuis tout à l'heure.
_ Si je te disais ce qu'il se passe vraiment, tu ne me croirais pas, marmonna Edenia en se laissant traîner dans le transport en commun. »
Le véhicule glissa sur le sol, comme s'il flottait et les transporta à une vitesse bien trop affolante pour la jeune femme. Elle sentit son estomac vaciller et s'agrippa au garçon qui l'accompagnait. Où menait cette chose infâme ? C'était trop rapide, bien plus rapide que n'importe qu'elle chose au monde !
« Oui allo ? C'est Rémi. Parla tout seul le garçon en mettant sa main sur son oreille. Je vais grailler. On se rappelle. »
Donc il s'appelait Rémi... Edenia avait déjà entendu son nom, il s'agissait du petit frère de Léa dans le futur. Ainsi, sa descendance avait prospéré et fabriqué de beau garçon au fil des générations ? Elle ne fut pas peu fière de son sang.
Il fallait qu'elle se ressaisisse, c'était la première fois qu'elle se sentait ridicule au milieu d'inconnus. Malgré que Bakura ait voulu lui faire perdre tous ses moyens dans un monde inconnu, c'était une façon pour elle de pouvoir apprendre sur le monde à venir. Il ne s'en rendait peut-être pas compte, mais le voleur lui avait ouvert la voie pour étendre son savoir et connaître ce qui l'attendra dans les millénaires à venir !
Elle se rattrapa de justesse au moment où le véhicule reptilien se stoppa net, laissant sortir les passagers dans une chorégraphie désordonnée. Elle manqua de perdre son descendant et se pressa derrière lui, mal à l'aise dans ses chaussures.
Ils traversèrent une route, puis une immense esplanade remplies de tavernes où les gens buvaient un verre sous le soleil, ça n'a pas changé ça au moins, songea-telle. Un grand panneau lumineux posé sur une façade, montrait des visions saccadées d'un autre monde. Elle avait l'impression que les humains d'aujourd'hui était habitué à ces panneaux, elle en voyait dans toutes les échoppes des environs, mais en plus petit. Elle ne comprenait pas, voyait des gens minuscule enfermés qui courraient après un ballon sur une pelouse verdoyante. Les gens du nouveau millénaires gardaient prisonniers d'autres personnes pour les rapetisser ? Il fallait qu'elle sache !
« Roh ce monde... Râla Rémi en s'arrêtant devant une entrée surplombée d'un double pont jaune.
_ C'est ça maquedo, articula Edenia prête à apprendre. Je veux y entrer. Il y a du monde, ça attire la foule, ca doit être quelque chose de puissant, conclua-t-elle finalement. »
Elle n'attendit pas sa réponse pour se frayer un chemin. Elle poussa chaque individu sans crier gare, leur lançant un regard menaçant au possible jusqu'à atterrir devant un pilône doté de la même surface tactile que l'objet avec lequel Bakura était entré en contact avec elle.
Différents mets défilaient sous ses yeux, elle ne comprenait pas comment ces derniers pouvaient atterrir entre ces mains.
En tant que mâle du futur, elle laissa son descendant faire avant elle. Apprenant des gestes du garçon. Il appuyait sur la surface et choisissait un menu avec des ingrédients étranges. Elle le regarda, observant son mode opératoire et s'empressa de faire de même par la suite.
« Biguemaque, doubleuchize, prononça-t-elle en choisissant à son tour. »
Rémi n'était pas dupe, il voyait bien que sa sœur se comportait de manière étrange. Elle lisait dans ses yeux de l'appréhension comme si ce dernier avait peur qu'elle ne se mette à délirer. Léa avait l'air de vivre une étrange période, ses proches s'inquiétaient pour elle, on la regardait comme une suicidaire qu'il fallait dorloter.
« Vient, on va s'asseoir, ça arrive. »
Ca arrive ? Les mets vont sortir de l'écran pour venir dans ses mains ? Elle avait hâte de voir par qu'elle sorcellerie cela allait se produire.
Elle et Rémi se posèrent à une table au milieu d'autres personnes qui dévoraient leur repas. L'odeur étrange lui remontait aux narines, et son estomac se mit à gargouiller, prêt à recueillir la nourriture vue sur l'écran.
« Tu parlais à qui... Tout à l'heure dans le.... Essaya-t-elle en imitant le tramway maladroitement.
_ Oh c'était mon mec, il me demandait à qu'elle heure, je finissais. »
Mec ? Elle chercha au fond de son esprit la signification de ce mot pour pouvoir parler le même argot que son descendant. Mec... Moc... Mac... Mac... Maquereau ? Poisson ? Rémi ne pouvait pas parler avec un poisson ! Qu'elle idiote!
« Votre commande, annonça une jeune femme en déposant deux plateaux sous leur nez.
_ Bon appétit, lâcha Rémi en attrapant quelque chose de long et doré. »
Elle suivit son mouvement et planta les crocs dedans. Une sensation de chaleur l'envahissait. C'était gras, salé, croustillant.... Elle en mangea une autre, puis une autre et finissait son paquet. Mon Dieu, le futur était un paradis gustatif ! Ce Maquedo savait comment nourrir son peuple !
Les odeurs se dégageant du met enroulé dans ce qui ressemblait à du papyrus blanc et fin, lui envoûtait le corps. Elle sentit l'odeur de la viande grillée à point, et ne pus songer à autre chose que de tout dévorer. Se léchant les doigts, elle écarta les mains vers le ciel et ferma les yeux.
« Je remercie Maquedo pour ce repas bénis des dieux !
_ P'tain t'es grave, souria le jeune frère. »
Elle faillit pleurer de joie quand elle imita le garçon en sirotant le liquide noir et froid contenu dans ce gobelet mou. Tirant sur une paille, elle sentit les bulles envahir sa gorge, savourant cet orgasme frais, elle frémit à la moindre gorgée.
« Où allons-nous ? Demanda-t-elle, prête à tout découvrir. La tour du roi ? On monte dans un carrosse ? Je veux faire des expériences exaltantes !
_ Alors déjà je dois aller à la librairie... Vu que c'est l'anniversaire de Tobias. »
Elle ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il avait dit, mais le suivit de bon cœur. Elle ne comprenait pas cette chaleur qui lui engourdissait la poitrine. C'était doux, et elle se sentait bien. Elle en avait pendant un instant, presque oublié sa conquête du monde et les nombreuses tueries à venir. Etre, accompagné de son descendant la rendait mièvre et naïve. Elle n'aimait pas le bonheur, le bonheur faisait mal à la moindre désillusion.
Quand ils entrèrent dans la petite maison, Edenia avait l'impression de se retrouver au beau milieu des scribes. Une ambiance intellectuelle se faisait ressentir, et des milliers d'objets à lire s'empilaient les uns sur les autres. Elle en prit un dans la main et regarda comment ce dernier était conçu. C'était rectangulaire, ça comportait des centaines de feuilles empilées les unes sur les autres, mais qui ne s'éparpillaient pas.
« Je te laisse faire un tour, on se rejoint à l'entrée ? »
Elle ne savait plus où donner de la tête et se balada lentement sans avoir la moindre idée de quoi faire. Il y en avait pour au moins plusieurs vies d'histoires et de savoir sur ces murs. C'était ahurissant.
« Bonjour, vous avez besoin d'aide ? »
Un homme à lunettes en uniforme, portant le blason familiale de l'enseigne, attendait sagement une réponse de la jeune femme. Elle ne savait que répondre.
« Je cherche... Quelqu'un... Hésita-t-elle en roulant des yeux dans tous les sens.
_ Parfait. Qui cherchez-vous ? Un auteur ? Un roi ? Un dictateur ?
_ Dictateur ? S'intéressa-t-elle.
_ Laissez-moi vous montrez. »
Il l'emmena au fond du bâtiment, entre deux étagères se confrontaient différents ouvrages, elle laissa son regard vagabonder pour s'arrêter sur des syllabes qui lui paraissait familière.
« C'est parfait, merci, assura-t-elle en découvrant le nom d'Hitler. »
La psychopompe Amenâa lui avait souvent parlé de cet homme. Léa l'avait aussi mentionné dans ses pensées. À ce qu'elle lisait, c'était un homme au pouvoir immense, il avait à son actif des millions de morts, voulant tuer un peuple tout entier à travers le monde. Elle ne put s'empêcher de se trouver admirative, le monde entier le connaissait encore aujourd'hui.
« Si je dois régner.... Je veux que l'on craigne mon nom même après ma mort. Murmura-telle pour elle-même. »
Elle ne saisissait pas comment une femme aussi calme que la médium pouvait ressentir de l'attachement pour un homme aussi diabolique que Hitler. Edenia sentit des frissons remonter jusqu'à son échine rien qu'en lisant les mots massacres, horreurs et son préféré génocide.
« Si je dois tuer un million de personnes... Je le ferais moi-même. Cet Hitler est un amateur. »
Elle referma le recueil pour le balancer négligemment dans un coin et se dirigea vers l'homme qui lui avait parlé quelques minutes plus tôt. Elle lui fit un sourire se voulant rassurant, mais son interlocuteur recula effrayé.
« Edenia, reine de haute et basse-égypte. J'aimerais consulter ses mémoires, souria-t-elle.
_ Ede... Ca ne me dit rien... Je vais vérifier. »
Elle laissa l'individu faire sa recherche sur une étrange machine qui clapotait bruyamment. Il fit non de la tête et lui confia qu'il n'avait rien à ce sujet. Visiblement énervée, Edenia lui demanda de poursuivre sa recherche malgré le regard circonspect de l'interlocuteur.
« Princesse de Gaule devenue Pharaonne ? Ce n'est pas possible que vous n'ayez rien à mon sujet !
_ Si vous souhaitez des reines de l'Egypte Antique, je peux vous conseiller ce rayon, vous y retrouverez Hatschepsout, Nefertiti, Nefertari ou même Cléopâtre ?
_ Tssss, me parlez même pas de cette saloperie de Nefertari. »
La jeune reine avait le cœur qui battait la chamade, elle se dirigea vers le rayon indiqué par l'employé et chercha avec minutie le livre qui lui permettrait de retrouver son nom. Visiblement, seuls les hommes étaient encore mentionnés en premiers dans les ouvrages, peut être que si elle cherchait Atem, peut-être bien qu'elle finira par se trouver.
« Je ne comprends pas ses dates... Qui est ce JC dont tout le monde parle ? Marmonna-t-elle. Pourquoi est-il si important ?
_ Vous parlez de Jésus-Christ ? S'étonna une jeune femme au fond de la pièce.
_ De quoi je me mêle "BES" [1] ? Cracha-t-elle dans sa direction le regard noir. »
Après avoir mis en pagaille chacun des livres de son époque, remontant à des millénaires avant elle, Edenia dut se rendre à l'évidence... Son nom n'y figurait pas et encore moins celui d'Atem.
Sa poitrine était serrée, comprimée, elle se sentait suffoquer, comme si elle avait mal. Son nom ne pouvait être effacé... Elle existait, comme son existence pouvait à ce point être ignoré ? Elle savait pourtant qu'en dépit de cela, sa famille entière n'aurait pas sa place dans les livres sur la Gaule. Rien ne figurait, effacé des mémoires et de l'histoire...
« Serait-ce des larmes ? »
Le jeune vendeur était revenu à elle, mais il arborait le visage de Bakura, hilare. Elle sursauta et se redressa. Chacun des clients présents avait revêtis son masque et la jaugeait du regard, hilares également. Ce cauchemar la rendait folle, elle souhaitait se réveiller au plus vite !
« Tu... tu as fais exprès. Mon nom... Tu l'as effacé. S'écria-t-elle indignée.
_ Non, non ma chère... Je voulais que tu te rendes à l'évidence de ta défaite. Ta chute te coûtera ton nom, ta dynastie. Je gagnerais !
_ Et pourquoi celui d'Atem n'est pas présent ?
_ Tu sais pourquoi il s'appelle le pharaon oublié ? Car c'est toi qui a tout fait pour que personne ne se rappelle de lui. Dans cette dimension, comme dans n'importe laquelle. Et moi... Je me suis assuré du reste... C'est d'ailleurs ta plus grande peur...
_ Je n'ai peur de rien ! »
Elle le gifla violemment, sa main ricochant sur chaque individu présent. Bakura ne se débarassa pas de son sourire. Il avait attaché ses cheveux en une queue-de-cheval courte, dégageant son visage fin et délicieusement viril.
« Tu ne veux rien ressentir, c'est un choix... Mais moi, je le vois.... Au fond de toi... Edenia... La reine oubliée. »
Elle sentit les larmes remonter jusqu'à ses joues et se retint de toutes ses forces. Elle ne devait jamais montrer un soupçon d'émotion, mais elle put reconnaître la malice du voleur dans ce stratagème.
« Peu importe le combat que l'on mènera l'un envers l'autre... Tu vois bien que cela est écrit... Enfin dans ce cas non, tu n'es écrite nulle part, se corrigea-t-il en pouffant.
_ Je comprends mieux pourquoi tu m'as amené ici... Se rassura-t-elle.Tu voulais me faire la leçon, je comprends... »
Elle lança une mèche de cheveux en arrière, et de son plus grand sourire défia Bakura du regard. Ce dernier fronça les sourcils, comme intrigué par l'air soudainement confiante de cette dernière. Quelques secondes auparavant elle était prête à défaillir, apeurée à l'idée de vivre dans l'oubli et à l'instant... Il arrivait à ressentir sa confiance au fond d'elle.
« Tu connais Adolf Hitler ? Demanda-t-elle d'une voix douce.
_ Je ne vois pas le rapport...
_ Il n'a suffit que de quelques minutes pour faire de lui l'homme que le monde entier connaît. Malheureusement, il n'est connu que depuis quelques décennies... »
Elle prit le stylo bille accroché à la poche de la chemise de Bakura et prit le premier livre d'Egypte Antique qui lui tombait sous la main.
« Moi je deviendrais bien plus que lui ! Les gens craindront mon nom aux travers des millénaires...Et tu sais comment je vais faire ça ?
_ J'en suis bien curieux ma belle...
_ Je vais écrire moi-même l'histoire ! »
D'une rage sans pareille, elle grava sans nom sur la couverture épaisse du livre. Lorsqu'elle planta la mine du crayon entre les pages de l'ouvrage, celui-ci se mit à saigner de l'encre noire. L'obscurité gagna la pièce, les ténèbres revinrent comme si elles attendaient qu'on leur fasse signe depuis le début. Bakura déglutis, malgré ce cauchemar qu'il venait de présenter à Edenia, elle réussissait à rendre ce rêve lucide et à en reprendre le contrôle. Il aurait pu la laisser sombrer dans la folie, mais la jeune femme était bien trop puissante pour ça.
Elle claque des doigts et le décor tomba. Elle se retrouva dans sa chambre, les draps trempés de sueurs, un feu crépitant à la gauche de son lit et le jeune voleur à ses pieds.
Le jeune homme s'approcha d'elle, sans dire un mot. Ils laissèrent leurs yeux vagabonder sur le visage de l'autre comme la première fois où ils s'étaient rencontrés. C'est alors que la reine l'agrippa par le pan de sa toge et l'amena à lui. Pressant d'une main ferme le sexe tendu du voleur, Edenia allongea le jeune homme aux cheveux d'argent sur le lit et le chevaucha comme on monte un cheval. Ils se donnèrent l'un à l'autre, sans savoir s'il s'agissait encore d'un mirage ou de la réalité, et pourtant chaque mouvement de bassin était réel, chaque main caressant la peau de l'autre comme aux premiers ébats.
Dans un râlement chorégraphié, ils jouissaient à l'unisson, les ongles plantés dans la chair de l'autre, faisant saigner leur peau.
« J'ai tellement hâte de te tuer après ça... »
---------- NOTE DE L'AUTEUR ----------
Bon là j'avoue je suis partie un peu dans le délire :
"Scrogneugneu, et si Edenia allait ds le futur lol, ça serait drôle des barres xptdr"
D'ailleurs c'est tellement inconcevable ce cauchemar que j'ai incrusté la chanson tout en haut qui est elle aussi bizarre.
D'ailleurs en parlant de chansons...
CHAPITRE 16 : il est IMPORTANT QUE VOUS ECOUTIEZ LA CHANSON !
Genre vraiment important :3
C'était un petit épisode fealer, j'espère qu'il vous aura plu !
PS : on est à 1,3K vues, merci encore à vous !
---------- A VENDREDI ----------
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro