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Chapitre XII

"Le courage croît en osant, la peur en hésitant". Proverbe Romain

Je me suis réveillé en ouvrant la bouche comme un poisson hors de l'eau. J'avais la sensation de respirer pour la première fois.

J'ai écarquillé les yeux, et j'ai placé ma main devant mes yeux. La lune me faisait l'impression d'un phare aveuglant.

Tout mon corps était engourdi. J'avais connu cela une fois alors que j'avais passé la nuit avec mon bras coincé sous l'oreiller, sauf que la c'était tous mes membres qui semblait être privés de circulation.

J'ai du m'y reprendre à deux fois pour quitter le tapis de mousse humide sur lequel j'étais étendu et il se passa une dizaine de secondes pour que ma vision s'ajuste, et que ma motricité revienne.

Ou-étais-je ?

J'ai regardé autour de moi. Dans une petite clairière couverte de mousse, nichée en plein cœur d'une forêt, apparement.

Non... pas une simple forêt.

Les arbres qui ceignaient la clairière ne ressemblaient à rien de ce je connaissais. Leurs troncs étaient aussi immenses que noueux et épais ; leurs branches s'étiraient autant en hauteur qu'en largeur et s'enchevêtraient pour tisser une toile dense et inextricable. la lune était bien plus grande et son éclat plus vif, un soleil nocturne. Même l'air que je respirais me semblait différent... plus sucré.

Et il y avait ces odeurs de tourbe et d'humus ; je les percevais en détail, comme si mon odorat s'était soudainement surdéveloppé.

Bien sûr, mon premier réflexe a été de penser que je m'étais endormi. Sauf que... non. J'en connaissais un rayon sur les rêves. Je passais ma vie dedans.

Il fallait bien se rendre à l'évidence : C'est la carte du cercle de feu qui m'avait amené ici.

Comment ? Pourquoi ? Et surtout, où était-ce « ici » ?

Mon ventre s'est noué. Je venais de prendre conscience de la situation. Moi qui avais toujours rêvé d'aventure et d'inconnu, je me voyais servi au-delà de mes espérances. Pourtant, c'est de la panique que je ressentais.

J'ai regardé autour de moi dans l'espoir de trouver un signe, un indice, n'importe quoi d'utile. Mais, sous le nimbe de la lune crue, je ne percevais que la forêt à perte de vue. Ces arbres trop grands qui s'élançaient à la rencontre des minces nuages qui voilaient le ciel de nuit. Ces monstres, aux troncs si épais et aux branchages si touffus, qu'ils ressemblaient davantage à des hydres végétales qu'à des plantes.

Mais où suis-je, bon sang ?

Peut-être un indice était-il quelque part près de moi ?

Je me suis penché.

C'est là que j'ai remarqué ce qui clochait.

Je ne portais plus les mêmes habits. Mes larges pantoufles surmontées d'une tête de Mario Bros avaient disparu et laissé place à de vieilles bottes en cuir qui me recouvraient les jambes jusqu'aux genoux. Aussi, mon bas de pyjama trop grand et élimé était devenu un pantalon en cuir craquelé et rapiécé.

Mes jambes !

Elles étaient bien plus longues et... larges.

Quant à mes bras de freluquet, ils étaient plus longs, plus musclés, plus... poilus.

Ce n'est pas mon corps. J'ai l'air d'un adulte !

Le jeu de cartes ne m'avait pas simplement transporté jusque dans cet endroit, il m'avait expédié dans un nouveau corps. J'ai sauté sur place et déployé mes bras.

Je prenais connaissance avec ma nouvelle enveloppe.

J'ai examiné ensuite mes étranges habits. Je m'y sentais aussi à l'aise que dans un étau. J'ai porté la main à ma taille, elle était serrée par une large ceinture de cuir sur laquelle pendait une sacoche de toile. Lorsque je l'ai tâté, mes doigts ont palpé une forme.

La curiosité m'a piqué. J'ai défait les lacets qui nouaient l'extrémité de la petite besace et j'ai glissé ma main à l'intérieur.

Des bouts de cartons. Non... des cartes. Mon jeu de cartes !

Enfin quelque chose de familier.

Il est venu avec moi. Il m'a accompagné ! Donc si je trouve la bonne carte...

J'ai fouillé la besace dans l'espoir d'y trouver mon ticket de retour.

Le cercle de feu était bien présent, mais ma joie est vite tombée : le texte avait disparu, et portail était inerte. Pire, aucun indice n'indiquait comment le réactiver.

— Bien... je suis prisonnier ici.

Et puis j'ai pensé.

Mon vrai corps avait-il disparu de ma chambre ?

Et si le frère de Lise avait trouvé un jeu comme le mien et qu'il avait disparu dans cet étrange monde lui aussi ?

Je n'arrivais pas à m'ôter de la tête l'image de mes parents angoissés, affolés et criants dans une battue.

... sauf que ton père est à l'hôpital, Clément.

J'ai serré les poings.

Maudit jeu ! Qu'est-ce que tu veux de moi ?

Un cri lugubre a rompu le silence.

Il était venu de la forêt, derrière moi.

Je me suis agenouillé et j'ai scruté l'orée des bois qui m'encerclait.

Malgré la vive clarté lunaire, je n'ai vu rien d'autre que les épais branchages noués et enchevêtrés tels des doigts crochus de sorcières.

Quel animal avait pu pousser un cri si terrifiant ?

Je ne voulais pas savoir la réponse.

Bon, je n'étais qu'à une centaine de mètres de l'orée. Si je courais vite, c'était jouable. C'était ma seule option. Dans cette clairière, j'étais trop exposé. Je me suis élancé dans la direction opposée du cri.

Je fus surpris par ma vitesse. Mon corps d'adulte était bien plus puissant ; j'avais l'impression de fendre l'air.

Je me suis arrêté que lorsque le souffle m'a manqué. Je m'étais enfoncé loin dans la forêt. J'avais l'impression que mes habits de cuir avaient fusionné avec ma peau, tellement j'avais transpiré. Sans parler des démangeaisons.

Je me suis assis sur un tronc mort. À mes pieds j'ai remarqué d'énormes champignons. Je connaissais assez bien le sujet, mon père était très calé et m'avait enseigné à reconnaitre des centaines d'espèces. Ceux-ci m'étaient inconnus, ils étaient violets, leur pied était épais, comme ceux des cèpes, mais leurs larges chapeaux étaient bombés et grêlés de petites verrues comme celles des amanites tue-mouche.

Lorsque j'ai relevé la tête, j'ai croisé le regard d'une biche. L'animal me regardait, figé dans sa posture défensive, ses oreilles frémissaient et son nez noir palpitait.

Je n'osais pas bouger, de peur de l'effrayer.

— Vient ma belle, je ne vais pas te faire de mal, ai-je dit pour tenter de gagner sa confiance.

Ma voix. Grave, pleine, rocailleuse. C'était comme si une autre personne avait parlé à travers ma bouche.

La biche a détalé et s'est engouffrée plus loin dans les bois.

J'ai pensé que c'était ma voix. Mais j'ai compris.

Le grognement lugubre a grondé à nouveau. Plus proche. Trop proche.

La créature m'avait suivi.

Je me suis dressé d'un bond.

Où pouvais-je aller ?

J'ai saisi une branche qui gisait à terre.

Peut-être suis-je capable d'affronter cette... chose ?

J'ai fait quelques moulinets dans l'air pour prendre la mesure de mon arme de fortune.

Crack.

Des bruits de pas sur les branchages.

Cela venait d'un peu plus loin devant et ça se rapprochait de moi. D'autres craquements ont suivi, à intervalles réguliers. Pas de doute : quelqu'un, ou quelque chose se déplaçait dans la forêt. Je me suis fait le plus discret et me suis rapproché pour voir et me suis collé, dos à la base d'un arbre.

— Fais donc attention ! Tu veux qu'on se fasse bouffer par un Féroce ? Tu fais exprès de faire tout ce boucan ?

— C'est ces bottes, bon sang ! J'ai dit à Grimwal qu'elles étaient trop grandes, mais cet imbécile n'a rien voulu entendre, a répondu une autre voix.

Des adultes, leurs voix sont rauques, rocailleuses !

— Grimwal a bon dos. Fais un effort ! Si un Arpenteur est venu, il ne faut pas qu'il s'enfuie, ou pire, que les Clans mettent la main dessus ! Imagine si Misclane apprend que nous avons échoué !

— Je ne préfère pas imaginer.

— Moi non plus alors fais un effort !

L'arpenteur ? Misclane, les clans... un Féroce ?

Fallait-il que j'aille vers eux ? Cela semblait être la chose la plus sensée, surtout avec une créature — sûrement le Féroce — qui rôdait dans les parages.

D'un côté, j'étais rassuré de voir que je n'étais pas seul dans ce monde inconnu. Non seulement il y avait d'autres humains, en plus ils parlaient la même langue. D'un autre côté, leur voix n'inspirait pas vraiment la sympathie. Et puis ils parlaient de créatures, de clans, mais surtout de la venue d'un Arpenteur.

Seul le courage permettra à l'arpenteur de passer l'anneau de feu

C'était ce texte qui était sur la carte du portail avant qu'il ne change. Était-ce moi cet Arpenteur ? Et pourquoi étais-je attendu ? Que me voulaient ces hommes ?

Les bruits de pas se sont rapprochés de ma position. C'était le moment de prendre une décision, car bientôt, les fougères ne pourraient plus me dissimuler.

Il fallait que j'en sache plus, mais hors de question de me montrer.

J'ai repéré un arbre massif et me suis caché derrière.

Il y avait bien deux hommes.

L'un d'eux brandissait une torche. Leurs habits n'étaient pas communs, ces deux énergumènes semblaient tout droit sortis d'un conte ou d'un récit fantastique.

C'était exactement ça !

Ces hommes étaient habillés comme des soldats médiévaux. Des armures de cuir cloutées, des casques en fer, et sur leur ceinture, une épée dans un fourreau. Un des deux tenait même une arbalète dans ses deux mains.

Aurais-je voyagé dans le temps ?

— Tu crois qu'il est dangereux ? a demandé le plus massif des soldats, d'une voix grave.

— L'arpenteur ? Je ne sais pas... s'il est de la trempe du Léopard, on n'a aucune chance. Celui qui avait répondu, le plus petit des deux, avait une voix plus aiguë et voilée, comme s'il avait la toux.

— Tu crois qu'on est encore loin de la clairière ?

— T'es aveugle ou quoi ? Tu vois bien qu'on y est. Avec un peu de chance, il devrait encore dormir là-bas.

— Et s'il n'y est pas ? Misclane risque d'être furax !

Ils savaient.

Ils étaient au courant pour mon apparition dans la clairière. J'étais donc bien cet Arpenteur dont ils parlaient... et un certain Misclane en avait après moi et surement pas pour se faire un tête-à-tête amical autour d'un repas copieux.

Ces types étaient autant une menace pour moi que le moyen d'y voir plus clair. Il ne fallait donc pas les lâcher d'un pouce.

J'ai décidé de les suivre.

Je les ai talonnés un moment, avant de les voir obliquer en direction de la clairière où j'étais apparu. J'ai préféré resté à l'orée, sous les frondaisons et les observer de loin. Ils ont fini par retourner sur leur pas.

Le plus gros s'est adressé à l'autre.

— Bien, soit il est quelque part dans les bois, soit Misclane s'est trompé.

— Tu iras lui dire, toi, qu'il s'est trompé...

Le gros soldat a grogné.

— On s'en tiendra juste à la vérité alors. On a été à la clairière et on ne l'a pas trouvé.

— Ouais, mais j'aime pas trop l'idée de rentrer au camp bredouille. Vaudrait mieux chercher dans les bois.

— Plus on reste loin du camp, plus on risque de se faire chopper par des membres des Clans ou un Féroce.

— Entre un Féroce ou Misclane en colère, je me demande ce qui est le pire...

L'autre a ri. Mais pas longtemps.

Une masse sombre s'est soudainement détachée de l'orée du bois et a jailli de l'ombre. La surprise m'a fait reculer. La bête devait faire la taille d'un cheval, mais elle était beaucoup plus massive et musclée.

Le plus petit des soldats a poussé un hurlement aigu lorsque la bête s'est s'abattu sur lui et lui a saisit la jambe dans sa gueule béante.

Le plus gros des soldats s'est figé sur place, paralysé par la sauvagerie et la soudaineté de l'attaque.

Puis, il a armé un carreau dans son arbalète et tiré sur la bête. Sous l'impact, la créature a poussé un cri, mais restait fixée sur sa proie, qui poussait des couinements horrifiés. Le gros a lâché son arme et détalé.

J'ai fait la même chose.

Je n'arrivais pas à chasser l'image de la bête qui secouait sa tête avec la jambe du soldat coincée dans sa gueule hérissée de dents.

Le gros que je suivais en courant semblait possédé, ses bras moulinaient l'air, il arrachait les branchages, et il piétinait tout sur son passage.

Nous avons dû courir presque un kilomètre avant qu'il ne ralentisse et ne regarde derrière son épaule.

Devant lui, j'ai distingué la lueur de plusieurs torches.

Un campement.

Des tentes, et des hommes armés.

Le soldat s'est présenté à deux gardes. Les trois hommes ont échangé quelques mots, puis il s'est dirigé vers une tente.

Et maintenant... que faire ?

De l'endroit où je me trouvais, je pouvais compter une bonne quinzaine de grandes tentes. J'apercevais des feux de camp à plusieurs endroits sur lesquels on faisait rôtir de la viande. Cochon ou gibier, d'ici il n'était pas aisé de faire la différence. L'humeur était à la fête. Des éclats de rire jaillissaient de la bouche des soldats autour des feux et plusieurs autres buvaient dans de grosses chopes en chantant.

Puis j'ai remarqué les nombreux râteliers. Des lances, des hallebardes, des épées et des arbalètes étaient entreposées en grand nombre et à portée de main.

Et tout monde n'était pas à la fête, des gardes étaient postés, d'autres exécutaient des rondes.

C'était évident, malgré les chants, la boisson et la rigolade, ils étaient sur le qui-vive.

Ils sont là pour la guerre.

J'ai éprouvé un soudain malaise. Dans les histoires et les contes, la guerre paraissait toujours extraordinaire, épique, et excitante, mais en regardant ces soldats et toutes ces armes, je ne voyais que la mort.

Ce qui m'amena d'ailleurs à me poser cette question : qu'allait-il se passer si je mourais ici ? Pourrais-je réintégrer mon vrai corps ?

J'espérais ne pas devoir y passer pour trouver la réponse.

J'ai décidé de quitter m'a planque, la curiosité me poussait à espionner ce campement pour en apprendre davantage, et puis que pouvais-je faire d'autre.

Surtout avec la créature qui devait désormais rôder aux abords du camp.

J'ai profité d'une ronde de garde pour quitter ma cachette. En passant de buisson en buisson, j'ai fini par m'approcher d'une tente.

Je me suis collé et j'ai tendu l'oreille.

— On a fait ce qu'on a pu, Lord Misclane. Un Féroce nous attaqués et..

J'ai reconnu le garde.

Mais l'homme, certainement le dénommé Misclane, l'a coupé.

— Et son jeu. Aucune trace ?

— Non, Lord Misclane, je...

— L'échec n'est pas toléré dans nos rangs. Tu le sais... Tu aurais dû combattre ce Féroce.

À travers la toile, j'ai perçu un son étranglé, suivi du bruit que l'on produit après une longue plongée en apnée. Puis, le choc étouffé d'une masse qui s'écroule sur le sol.

— Félicitation, Soldat Varnac, vous venez d'être promu... ne me décevez pas.

— Non... Lord Misclane, je ne vous décevrai pas !

Ma bouche était grande ouverte. Ce Misclane avait tué le garde avec autant d'aisance que s'il avait écrasé une punaise. Comme cela, comme si sa vie n'avait pas la moindre valeur.

Le soldat avait d'échappé à la mort, pour venir la retrouver moins d'une heure plus tard.

J'ai senti mes jambes se dérober sous moi, et la nausée monter le long de mon œsophage

Quel monstre ! Il faut que je parte d'ici.

Je me suis relevé... juste pour apercevoir le bras d'un soldat s'abattre sur moi.

Lorsque le coup a percuté mon crâne, j'ai entendu un craquement et je me suis écroulé dans la mousse.

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