Chapitre XI
"Le voyage est un retour vers l'essentiel." Proverbe Tibetain
Ma mère était à l'hôpital et j'avais dû prendre un taxi. Malgré mes protestations, elle avait insisté pour que je rentre à la maison.
Bien sûr, elle m'avait rassuré sur son état de santé.
— Il est stable pour l'instant, m'avait-elle dit d'une voix étranglée.
Stable ? Devais-je me sentir mieux ?
J'ai objecté, mais elle a enchainé :
— Il faut t'occuper des médicaments de Scotty. J'ai oublié de lui donner.
Que pouvais-je répondre à ça ?
À présent, j'étais dans mon lit et j'égrenais les minutes sur le fil du temps en caressant la tête de mon chien qui dormait, la gueule ouverte, abruti par les médicaments.
Comment tout avait-il pu aller si mal ? Pourquoi un tel acharnement sur moi et ma famille ?
Comme s'il n'avait pas suffi que je me fasse tabasser par Thomas et ses bas du front de copains.
Tout semblait s'écrouler autour de moi. Pourquoi ?
J'avais pourtant la réponse.
C'était depuis que j'avais découvert ce jeu dans cette sordide maison que tout était allé de mal en pis.
Ne te cache pas derrière des excuses. C'est de ta faute si tu en es là. Ce sont tes choix qui te déterminent et non pas quelques cartes, aussi bizarres soient-elles.
La logique et l'intuition se disputaient le contrôle de mon esprit.
Scotty a ouvert les yeux puis m'a léché la main, avant de replonger la tête entre ses jambes.
— Tient bon mon chien...
À cet instant, je me suis senti écrasé par le poids de la solitude. Je voulais joindre Pascal, mais c'était le milieu de la nuit en France.
— Bon, plus qu'à se laver les dents, lire un livre et tenter de dormir, si mon cerveau me le permet, ai-je dit à haute voix.
J'ai rabattu la couverture le plus doucement possible, afin de ne pas perturber le chien, et j'ai chaussé mes énormes pantoufles Mario Bros. J'avais ma paume sur la poignée de la porte de ma chambre lorsque j'ai entendu un bruit.
Toc !
Je me suis retourné. J'aurais juré que quelqu'un venait de toquer à ma fenêtre.
J'ai hésité, puis je me suis rapproché. J'ai avancé une main tremblante, et tiré les rideaux. J'avais failli les arracher.
Rien en vue. Seulement la lueur des lampadaires plantés à intervalles réguliers dans ma rue.
Peut-être quelqu'un avait-il lancé un caillou ? Belle, Louis ou Brad essayaient-ils de me contacter ?
J'ai scruté la cour avant de la maison.
Pas un chat. J'ai soufflé. C'est vrai que l'idée était stupide ? Il n'était pas loin de dix heures du soir.
J'ai saisi les rideaux et je les ai fait coulisser, mais j'ai stoppé mon mouvement.
Quelqu'un venait de bouger dans ma cour.
Cela n'avait duré qu'un infime moment. La silhouette s'était détachée de l'ombre et avait filé dans la rue.
Et ce n'était pas tout.
Une petite fissure lézardait sur la fenêtre.
Bon sang !
J'ai rabattu les rideaux d'un geste sec et me suis précipité en bas. J'ai foncé vers toutes les portes afin de m'assurer qu'elles étaient bien fermées.
Pour autant, je n'étais pas serein et mon cœur palpitait si fort dans ma poitrine que je m'attendais à le voir sortir.
Il y avait quelque chose d'anormal. Je pouvais le sentir dans l'air.
J'ai retardé le moment où je devais remonter les escaliers, une petite voix à l'intérieur de ma tête me dictait de ne pas retourner dans ma chambre.
Peut-être aurais-je dû l'écouter ?
Bien sûr, j'ai grimpé les marches. La logique finissait toujours par remporter le combat.
Mais j'avais beau être préparé, la surprise m'a arraché un hoquet lorsque j'ai ouvert la porte.
Le jeu de cartes était étalé par terre.
Mon chien ?
— Scot...
... Non. Pas Scotty. Il n'avait pas bougé de sa place et dormait toujours sur son lit.
La peur et l'excitation ont soufflé de concert le chaud et le froid sur mon corps tendu. Les veines de mes tempes se sont mises à marteler sur mon crâne à un rythme frénétique.
— Qu'est-ce qu...
J'ai avancé vers le jeu. Parmi l'amas étalé à terre, une carte se distinguait de toutes les autres : le cercle de feu.
Je l'ai collecté comme je l'aurais fait avec un éclat de météorite tombé du ciel et l'ai ramené vers mes yeux ébahis. Le texte avait changé.
« Bravo arpenteur, ton courage a ouvert le portail. Tu es prêt à le traverser.
Franchis-le en prononçant ces mots. "Au-delà du cercle" »
J'ai passé la paume de ma main dessus, je l'ai tournée, puis retournée
Et je me suis figé.
Le portail sur la carte a commencé à bouger, le grand cercle de feu tournait sur lui même.
J'étais paralysé, mon regard ne pouvait pas se détacher de cet anneau de flammes en mouvement.
Une image qui s'anime... impossible.
(Au-delà du cercle)
C'est presque sans me rendre compte que j'ai alors articulé ces quelques syllabes.
« Au-delà du cercle ».
Et il n'a fallu qu'une fraction de seconde...
Pour que je disparaisse.
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