18 | Pardon
Je me revoyais 14 ans en arrière. Ma grand-mère jetait les vêtements sales du haut des escaliers, et c'est à ce moment là que je brandissais la serviette de bain tombée à mes pieds. La positionnant sous mes fesses, je me prenais pour Aladdin et son tapi volant. Je glissais tout le long des marches pour me manger le mur en face. Ca faisait un peu mal, mais c'était rigolo.
Je n'avais plus cinq ans, mais dix-neuf. Je n'aurais plus mal aux jambes, car je n'en avais plus techniquement parlant. J'attendais en haut de l'escalier prête à m'élancer. Hors de questions que j'emprunte ce truc de vieillard ! L'élévateur. Aujourd'hui, je me laisserais glisser comme une gosse, je serais le roi des voleurs !
« Léa ... ? Me fit Ryô les yeux rivés sur ma bêtise enfantine en bas des marches.
_ Bah quoi ? Tu n'as jamais fait ça de ta vie ? »
Je fus ridicule sur le coup, la cuisine était trop loin. Je n'avais plus qu'à monter sur le dos du jeune homme. Il ne se fit pas prier pour m'aider. Même si je ne sentais pas ses mains sur mes jambes pour me soutenir, je me crispais idiotement comme une jeune fille en fleur.
Il m'installa sur une chaise et me demanda ce que je voulais à manger. Rebecca Hawkins était là aussi, elle me souriait. Je pris le même repas que tous les jours, enlevant un ou deux biscuits de temps en temps au fils des semaines.
« Tu reprends des couleurs, c'est flagrant. Me fit-il remarquer en me pinçant légèrement la joue. »
Je ne comprenais pas pourquoi d'ailleurs. Comment pouvais-je aller mieux ? Certes je ne pouvais toujours pas tenir sur mes deux jambes, et mon bras gauche semblait toujours en état d'alerte, mais comme on disait familièrement : je reprenais du gras ! Et je ne pouvais en être que plus heureuse. Pour une fois.
Le jeune garçon prit un bol situé un peu plus haut dans un placard, ce simple geste faisant que son tee-shirt se soulevait découvrant une infime partit de sa peau blanche. Ses hanches étaient étrangement attirantes, et je me laissais goûter à cette vue de si bon matin.
Je me sentais soudainement coupable. Coupable pour un baiser. C'était vraiment dommage. Un flirt entre deux protagonistes de deux mondes différents... Je n'aurais jamais dut me le permettre. Je ne savais même pas ce que je ressentais à son égard, vis-à-vis de Bakura...
Je fis croiser mes doigts avec maladresses et tenta en vain de rester impassible. Je suis sûr que Ryô savait, qu'il était en connaissance de ma proximité avec son double. Je n'aimais pas ça.
« Tiens, c'est pour toi ! Me dit-il en me versant du lait dans son bol. »
Il me tendait un bout de papier, trempant son croissant dans sa boisson chaude. Mon cœur battait, exclusivement quand il m'annonçait que ce petit mot venait de son autre lui. Ne posant aucune question, il mâchait son petit déjeuner, tandis que j'ouvris délicatement la feuille plié grossièrement.
Rebecca sortit de table en trottinant sous les protestations de son grand père qui ne voulait pas de précipitation dans sa maison. Je repensais à cette soirée qui se préparait chez Otogi. Je me demande si j'avais vraiment envie de voir les autres. Pour la nouvelle année au Japon je ne pouvais rater ça, non ? Cette fois ci, il n'y aura pas de déguisement, une simple tenue soft fera l'affaire.
« Oh mince ! Je suis désolée Léa ! S'excusa le gentil Bakura soudainement. C'est ta fête aujourd'hui ! J'ais complètement oublié ! Tanjobi omedeto [1] !
_ Merci. De toute façon... Tu n'auras pas été le seul à oublier, le rassurais-je un peu triste. En ce dernier jour d'année les gens pensent plutôt à préparer le nouvel an plutôt que mon anniversaire... Je suis habituée.
_ Ne dis pas ça ! Fit-il aussitôt. Je vais me racheter ! Tu as finis de petit déjeuner ? »
Il avait l'air vaguement pressé. Je ne sus que lui dire, la bouche remplie de cookies, ma main occupé à en reprendre d'autre... Euh oui... J'ais finis. Je crois.
Il me porta jusqu'à ma chambre, me posant comme une vulgaire poupée sur le lit. Heureusement que j'étais habitué désormais à ne plus me servir de mes jambes, mais uniquement de mon bras droit. Celui-ci était étrangement musclé.
Malheureusement, grande experte dans l'art de mettre en panne tout matériel à composants mécanisé... Mon fauteuil automatisé rendit l'âme au bout d'à peine un mois. J'étais donc assisté par le garçon aux cheveux blancs en permanence. Il fallait bien quelqu'un pour me pousser. Car rouler avec un seul bras, je fatiguais vite à jongler entre la roue gauche et la roue droite pour garder ma trajectoire droite.
« Salut ... Soufflais-je à l'intention du puzzle.
_ Bonjour Léa-chan.
_ Prépare ta plus belle tenue, vieux, ce soir c'est surprise partie ! »
Aussi fou que cela puisse paraitre... Ce soir je l'amènerais avec moi. Quelque chose me poussait à le faire, je ne saurais dire d'où cela pouvait provenir, pouvais-je appeler cela de l'intuition ? Atem, m'accompagnera, je ne tenais pas à lui faire passer la soirée face à ma porte de chambre. Pourtant rien ne me prouvait que j'étai en droit de le faire venir... Si Yûgi le sentait, alors je serais vite ennuyé par Anzu son garde du corps, et Jonouchi son fidèle toutou.
« Léa... Préviens-moi quand tu parles au Pharaon. Car tu me surprendras toujours à t'exprimer à voix haute dans le vide. Me suggéra Ryô en me tendant une petit robe blanche.
_ T'as pas besoin de ma permission pour parler avec ton pôte Bakura. Pourquoi aurais-je besoin de la tienne ? Minaudais-je en regardant bizarrement la robe. D'où tu as vu que j'allais porter ça au fait ? C'est si ... Féminin ! »
Il me fit un clin d'œil, partant avec l'intégralité de ma garde robe, m'empêchant toute rebellions. Que croyait-il ? Que j'allais me mettre à voler jusqu'à mon placard pour attraper mes affaires ? Bien sûr Ryô ! Je suis devenue Superman ! Tu ne savais pas ?
La robe me collait la taille, mais m'allait drôlement avec ces kilos perdus. Je me penchais comme une idiote vers le miroir et m'affala sur le sol faute d'équilibre. Bon. Au moins j'avais un aperçu du résultat. C'était plutôt mignon, j'avais de grosse boucle d'oreille noires, la peau un peu plus bronzé dut au soleil Japonais. Il ne pleuvait presque jamais.
Ryô revint dans la pièce au moment où je vérifiais l'état de mes jambes. Trois poils disgracieux ! Je les éliminais aussitôt, m'étonnant de prendre soin de moi comme ça. D'habitude je portais un pantalon et personne ne voyait si j'étais devenu en dessous l'homme des cavernes ou pas... C'est nul d'être une fille. Surtout quand on pesait le poids d'une gosse de 12 ans, que vous crachiez du sang et que vous ne savez même plus utiliser vos jambes !
« Mmh tu sais quoi ? Sifflotais-je en mettant une couche importante de mascara. Avec toutes ces bêtises qui m'arrivent, il y aura une chose que je ne regretterais pas.
_ Dis moi, dis moi ... Souffla Ryô en me regardant me pouponner.
_ Je n'ais plus mes règles... Si c'est pas génial ! »
Léa... On est au Japon ! De quel droit oses-tu parler devant un garçon de tes problèmes mensuels ? Ca y est... Tu viens de perdre un ami ! Il va te prendre pour une folle. Je jetais un œil à mon interlocuteur qui semblait épris d'une grande réflexion. Il était tout mignon, mais beaucoup moins quand il me proposa une autre hypothèse.
« Ca veut peut être dire autre chose... Peut être que tu es... »
Enceinte ? C'est ça qu'il veut dire ? Je rigolais à cette idée. Manquerait plus que son alter ego ne me fasse un bébé dans le dos. Ou mieux Kaiba... Il sera obligé de l'accepter comme son fils ou sa fille, je deviendrais riche en l'épousant et... Oh sublime destin qui se présente à moi ! Les japonais sont tellement respectueux qu'il sera obligé de dire oui.
« Nan... Dieu a eu pitié de moi. Je lui ais demandé de m'offrir la vie, mais il a mal comprit le message je crois... Marmonnais-je. Ryô pour l'amour du ciel comment diable veux-tu que je sois enceinte ?
_ C'était une blague, affirma le garçon mécontent.
_ Ah bon ? Attends je me reprends. »
Je baissais mon visage, et me força à m'esclaffer idiotement. Interloqué le garçon m'assura que j'étais folle, chose que je savais déjà. Il finissait par me faire descendre les escaliers, moi vautrée sur son dos, et me déplia mon petit fauteuil. Il était terriblement laid ce fauteuil, mais j'en avais fait un compagnon fidèle. Il ne me quittait presque plus.
M'élançant de travers dans le jardin des Hawkins, je fus contente de pouvoir respirer l'air frais. Ma montre indiquait que j'avais dormis un peu trop, il était presque midi. Ryô installa ses mains sur les poignées et me poussa jusqu'à l'extérieur. Ce fut notre petit moment privilégié.
« Tu veux aller où ? Pour tes 19 ans ? Me demanda-t-il soucieux. »
Je tendis ma tête vers l'arrière le sourire aux lèvres et lui proposa l'endroit où l'on s'était rencontré pour la première fois. Il ne disait rien, n'avouant aucunement s'il avait compris ou non. Les rues de Domino étaient si propres que l'on ne rencontra pas le moindre caillou sur notre chemin, le sol était parfaitement lisse, rendant cette ballade particulièrement agréable.
Je fus stupéfaite de constater qu'il avait deviné instantanément de quel endroit je parlais. Le Paradis des Otaku. Cette fois où j'étais allé chercher des collants, craignant l'uniforme scolaire aux jupes courtes. Cette fois où il m'avait battu aux cartes... Cette fois où j'avais craint de me confronter à l'esprit de l'anneau, Bakura.
« Ca ne serait pas ... ? Commença le jeune garçon en regardant au loin.
_ SETO ! »
L'apercevant au loin, je m'élançais maladroitement dans sa direction et à la surprise générale il se retourna. Me lorgnant curieux, moi avançant en faisant de grand cercle, il ne chercha pas à s'enfuir. Essoufflée j'arrivais face à lui, seule, au bout de deux minutes pour seulement quelques mètres de distances... Jamais je n'aurais dut casser ce fichu fauteuil !
« Châtel... Dit-il tout bas en s'inclinant légèrement. Tu as l'air de te porter à merveille.
_ Ravie que tu t'en préoccupes, souriais-je franchement. »
Mon attention se porta sur le paquet qu'il avait en main. Remarquant la trajectoire de mon regard, il se précipita de remettre ce cadeau délicatement emballé, dans son attaché caisse. Depuis quand se souciait-il d'offrir des cadeaux à quelqu'un celui là ? Un silence gêné s'installa, Seto ne semblait pas pour autant prêt à partir. A qui voulait-il bien faire un cadeau ? Noël était déjà passé, c'était surement l'anniversaire de quelqu'un.
Ton anniversaire.
Pff ne sois pas ridicule toi ! C'est sûrement un cadeau pour son petit frère, pour la nouvelle année ? Oui peut être ! Et pourquoi m'ennuyais-je à chercher à qui Kaiba pouvait apporter de l'attention ? Et je t'arrête tout de suite toi ! Je ne suis pas jalouse ! C'est définitivement Mokuba.
Si tu y tiens ...
Et de quel droit osait-il s'interposer dans mes pensées ? Il est encore plus encombrant que d'habitude ! Je vais finir par croire que je me retrouve à la place de cette héroïne dans une fanfic qui se coltine une âme démoniaque perverse... Car oui Atem ! Tu n'es qu'un ignoble pervers que j'ais envie d'étriper et de réduire en bouillit et ...
« Lé...a ? M'interpella le grand brun.
_ Tu m'as appelé par mon prénom ! M'exclamais-je aussitôt en me réveillant de mes sombres pensées.
_ Je n'ais pas de temps à perdre là tout de suite... On se revoit ce soir. »
Sur ce ton froid il me tourna le dos. Mince, je venais de perdre une occasion de m'approcher du beau et grand Kaiba en lui parlant de la pluie et du beau temps. De toute façon cette éventuelle discussion reviendrait à s'interroger sur la taille immense de son égo.
Ryô debout derrière moi, les mains dans les poches, ne disait rien. Un petit vent frais nous rappela étrangement la véritable raison de notre venue dans cette rue. Il me poussa jusqu'à la boutique, et cette sensation de bien être m'envahissait de nouveau. Je revenais chez moi.
« Pourquoi il a dit ... A ce soir, à ton avis ? M'interloquais-je allongé sur un petit canapé de la boutique la tête sur les genoux du garçon.
_ Kaiba ? Et bien parce que ce soir c'est le nouvel an et qu'il est invité chez Otogi je pense. Réfléchissais Ryô comme si c'était la chose la plus évidente du monde.
_ Pour de vrai ? M'extasiais-je n'arrivant pas à me lever malgré la surprise. »
Il acquiesça d'un hochement de tête. Je jubilais. Ce soir c'était le moment où jamais de faire boire l'héritier et d'abuser de son état d'ivresse. Ce soir je déshabillerais Kaiba, ce soir il nous fera le plus grand show de tous les temps ! Cette vidéo sera postée sur Youtube à mon retour !
Je crois que tu devrais te reposer.
Me reposer ? Moi ? Je ne suis pas fatigué, n'oublie pas... Ce soir c'est la fête !
D'un doigt je tournais la page du manga que je lisais. Ryô somnolait à moitié, nous partagions un casque audio écoutant diverse variété japonais. Il me faisait écouter des chansons un peu trop lente à mon goût. Je lui avais annoncé à sa plus grande surprise que d'ici quelques années les vraies chanteurs seront presque remplacé par des personnages aux voix synthétiques. Il ne m'avait bien sur pas cru. On verra bien dans 8 ans !
Je sentais que le Pharaon se penchait dans ma direction. Involontairement il désirait lire la bande dessiné japonaise que je feuilletais. Je soupirais... C'était du Yaoi. Lorsque je refermais les pages du magazine [2], la déception du roi Egyptien se faisait ressentir. Quel idiot. S'il voulait son propre Yaoi il n'avait qu'à pas agir de la sorte.
Qu'importe... Ce soir. Je sentais que les choses allaient changer.
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La joie sur le visage d'Anzu s'effaça d'une façon tellement flagrante, que je m'en sentais presque vexée. Nous venions de sonner à l'appartement d'Otogi après s'être battus avec l'ascenseur. La roue de mon fauteuil s'était ensuite coincée dans la robe d'une des personnes montant en même temps que nous. Après quelques centimètres de tissus arrachés, nous nous attendions à ... Enfin je m'attendais à découvrir le magnifique Otogi Ryuji dans un costume des plus saillant. Au lieu de cela, miss Masaki en personne. Yûgi ne devait pas être loin.
« Entrez. »
Non bien sûr ! Nous allons restez bêtement à la porte ! C'est si attentionné de nous le proposer. Ryô se pencha dans sa direction, je ne pris pas la peine de faire un seul mouvement de tête et serra mon précieux sac contre moi. Autant vous dire que j'avais prévu de la lecture si le Seigneur Kaiba ne se présentait pas. Le garçon aux cheveux blancs avait dépensé l'équivalent de 5000 ¥ de manga pour ma simple date d'anniversaire. Une réserve de livres illustrés sous le bras, je ne pouvais pas m'ennuyer si cela devait arriver.
« Léa-chan ! »
Cette voix. C'était Yûgi ! Le cœur battant, je le laissais s'approcher, ne voulant pas montrer sur mon visage que j'avais en ma compagnie son ami le puzzle malveillant, je souriais idiotement, légèrement trop heureuse de le voir s'avancer de la sorte vers moi.
« Bon anniversaire ! »
Il appuya sa chaussure sur l'un de mes reposes pieds et se leva pour tendre son visage vers le mien pour me déposer une bise attendrissante. Je ne pus m'empêcher de rougir, un semblant de larme aux yeux. Même s'il m'avait écrasé la main, cette situation était tout simplement attendrissante. Ce n'était pas tout, il me présenta un sac en papier et en sortit une grosse peluche jaune avec des petites ailes blanches.
« Vu que tu aimes bien Sakura... Je pense qu'il irait bien avec ton costume... Minauda-t-il. »
C'était Kerobero, cette mascotte gardienne des cartes, accompagnant l'héroïne Sakura dans ses nombreux périples. Cette attention me serra le cœur, je fis signe à Yûgi d'approcher pour le prendre contre moi. Il n'hésita pas une seconde.
Dans cette étreinte de courte durée, le temps semblait s'être arrêté, cette proximité avec mon protégé me rappelait mon devoir, et le mal que j'avais put commettre en conséquence. Je crispais mes doigts sur son petit costume gris qui lui allait à merveille. Se desserrant de mon bras, il s'éloigna, passant vivement une main sur ses grands yeux mauves.
« Ah la voilà ! Notre française ! S'exclama une voix terriblement séduisante. »
Otogi écarta les bras heureux de m'accueillir, il me complimenta sur mon style et proposa à tous ses convives de prendre part au buffet. La première personne à laquelle je pensais était Jonouchi. Il n'était pas là, n'osant pas demander je proposai à Ryô de nous avancer pour goûter à quelque sushis coloré.
Honda non loin, me salua et vint me tenir la conversation. Tout ce que j'avais retenu de cet échange était que Jonouchi passait la soirée du nouvel an en compagnie de sa sœur Shizuka. Oui, oui c'est bien son nom japonais. Ne l'avais-je pas appelé Serenity ?
Une sonnerie retentit, deux nouveaux invités firent leur entrée. En voyant les longs cheveux noirs de Mokuba j'eu un reflexe idiot. Enfin un ensemble d'action. Je passais mon doigt sur le coin de mes lèvres, vérifiant si je n'avais aucunes miettes disgracieuses, me repassa une main dans les cheveux et fit mine de rien le regard fixant le plafond. Oui, je me préparais pour le grand Kaiba. Imbécile que j'étais...
Le grand frère se retrouva en compétition avec Otogi qui avait réunit un certain nombre de filles pour sa soirée. Les deux garçons les plus séduisants du lycée furent rapidement entourés du même nombre de fans. Je pestais intérieurement.
« Passe-moi ce truc ! Ordonnais-je à mon associé, mécontente en montrant une boisson forte.
_ Tu ne vas pas commencer, Warui Onna ... Râla l'esprit en me donnant le verre malgré tout. Qu'est ce qui ne va pas ?
_ Je t'ais pas sonné ... Grognais-je en buvant d'un coup ce qui ressemblait à de la vodka m'arrachant au passage la moitié de la gorge. Laisse donc Ryô profiter de la soirée.
_ Et pourquoi n'y aurais-je pas le droit moi aussi... Susurra-t-il en me mordillant l'oreille. »
J'eus un sursaut, dut à un spasme étrange qui ressemblait presque à du plaisir. Ce mouvement brusque de ma part, permit à cet être infernal de recevoir un joli coup de tête. Je ne m'excusais pas, trop occupé à ces images idiotes me revenant en tête.... D'accord ! Hier on s'était embrassés ! D'accord je n'ais rien eu contre ! D'accord que dès qu'il m'apporte un peu d'affection je sens mon pouls s'accélérer... D'accord que je m'étais imaginé beaucoup ... Mais je...
« Châtel ... Déjà sur l'apéritif... »
Le voilà enfin ! L'homme de ma vie ! Celui qui avait le droit de me mettre en cloque dès que l'envie lui prenait... Enfin non, je ne pouvais décidement pas laisser mon corps à disposition d'un si beau jeune spécimen terrien...
« Bon anniversaire... Marmonna-t-il. »
Me tournant dans tous les sens, m'imaginant à une mauvaise plaisanterie ou plutôt à ce qu'on appelle une caméra caché, je vis le riche garçon me donner ce qu'on appelait aussi un cadeau.
« Alors ce ...
_ Ce que tu as vu ce midi c'était bien ça... Ne traîne pas. Insista-t-il gêné. »
Le Kero de Yûgi sur les genoux, je pris le présent en hochant la tête dans un remerciement et tâta l'ensemble emballé d'un délicat papier doré. C'était dur, cela aurait pût être un DVD à mon époque mais...
Je défis l'adhésif sous l'œil attentif de l'héritier, prenant soin de ne rien déchirer. Le papier recouvrant désormais la tête de ma peluche, je tournais cette merveille sous tous les angles. Elle était finement orné d'un cadre noir, posé sur un tissu rouge, où en lettre doré trônait les kanji annonçant sa rareté. Holographique, plus belle que jamais, je contemplais ce qui était, ou ressemblait à mon gardien Eatos.
« Ce n'est pas la tienne tu t'en doutes... Je ne suis pas magicien. Mais c'est la première édition, la première carte qui existe de ce monstre là.
_ Je... Je ne sais quoi dire... Balbutiais-je partagé entre plusieurs sentiments. »
Quand j'ais vu ma favorite carte se déchirer sous mes yeux, entre les mains de cet idiot, une partie de mon âme s'était envolé, faisant naître un abandon immense en moi. L'âme du Gardien m'avait quitté, j'avais perdu ma carte fétiche. Ma carte à moi, l'étrangère...
« Merci... Pleurais-je idiotement.
_ Arrête. Soupira-t-il dépité. C'est normal. »
Il me tapota la joue et finit par me tourner le dos, me laissant dans une torpeur immense. Je ressentais la carte m'accueillir comme son nouveau propriétaire, je te promets Gardien Eatos de faire honneur à ta beauté et à ta rareté.
Longeant le mur de l'appartement, je pus garder mon avancé droite. J'allais poser mes présents en sécurité, près d'un endroit où personne n'irait mettre les pieds de peur d'être mal vu en pleine fête... Les toilettes ! Bon je dis sûrement n'importe quoi, je serais certainement la première à y aller pour vomir.
« Atem... Atem... »
Les yeux fermés murmurant son nom, penchée, le pendentif entre mes doigts, il m'emporta dans son obscurité, un immense vide où seul le sol d'un bleu foncé semblait être présent. Mon fauteuil se dirigea de lui même dans cette étrange ambiance, et s'approcha du Pharaon qui débout semblait réfléchir.
« Tu veux prendre ma place ? Lui proposais-je pas très emballé.
_ Je te demande pardon ? Dit-il en haussant un sourcil.
_ Bah ouais... Tu prends mon corps et tu vas profiter de la fête. Ryô fait bien ça avec son double, alors pourquoi pas toi aussi? »
Il ne répondit pas. Croisant les bras, il fixa ses pieds.
« C'est vrai que toi en fauteuil roulant ce n'est pas très attractif. Surtout dans le corps d'une fille. Avouais-je. Mais bon c'est mieux que r...
_ C'est gentil Léa mais, me coupa-t-il pour clore toute discussion. Je vais rester là à méditer. Dit-il en s'asseyant dans l'obscurité.
_ Okay... Je te laisse et ... Bonne année si je te revois pas. »
Revenant à moi, j'eus à peine le temps de ranger le puzzle lorsque je vis le jeune Yûgi s'aventurant dans le couloir. Il semblait hésitant, et je m'empressais de faire disparaitre le pendentif dans mon sac. Le garçon un sourire crispé me désigna les toilettes d'une main. Je lui fis signe que je m'en allais et partit rejoindre les autres avec toujours autant de mal.
J'étais vraiment idiote d'avoir amené avec moi le Puzzle. Atem ne s'en sentirait que plus seul. La fête commençait à battre son plein et lui se retrouvait là, sous cette pile de vêtement à se demander où était sa place. Je le comprenais à moitié. Moi aussi je n'avais rien à faire là.
Tout comme lui, je n'avais pas le droit de partager la joie d'une fête entre amis.
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Anzu et Otogi profitait d'un petit moment d'intimité sur le canapé, s'enlaçant ouvertement face à leur camarades, l'alcool faisait que chacun en oubliait les coutumes japonaises. Kaiba ne semblait pas se sentir de trop à côté d'eux et ne se gêna pas pour les observer attentivement.
Honda était torse nu la cravate sur la tête, comme j'aimais si bien le faire dès que j'avais une folle envie de chanter sur une chanson new-wave. Je cherchais Yûgi du regard, mais rien n'y faisait. Une voix nous annonça que le compte à rebours était pour bientôt. Plus que deux minutes avant le feu d'artifice. Plus que deux minutes avant le passage à l'an 1997.
Roulant avec délicatesse vers Kaiba, je l'observais débraillé comme jamais. Il semblait avoir encore plus chaud que moi. Ses mèches de cheveux collaient à son front et sa respiration était très rapide. Etait-ce dut à l'alcool ou la vue du spectacle de l'entrelacement du jeune couple ?
« Bière ? Proposais-je. En désignant ma bouteille. »
Ses pupilles bleues me lancèrent un regard féroce. Il se pencha pour attraper ma proposition. Il s'avachissait peu élégamment sur l'accoudoir de mon fauteuil. Le liquide coulait le long de son cou, il ne savait même plus boire.
« Châtel... C'est la première fois que je fête le nouvel an avec... avec des gens.
_ Oh ! M'étonnais-je en prenant la boisson. Tu veux dire ... Des amis ?
_ Pas de vulgarité, je t'en pris. »
Il se massa le front. Mal de tête, effets négatifs de la boisson, nous inversions les rôles, c'était amusant.
« Je vais rentrer... Murmura-t-il essayant de se lever.
_ Mais naaaan... Grognais-je en l'attrapant par la cravate. Je vais avoir besoin d'un coussin ce soir.
_ Mais je ne veux pas te servir d'oreiller ! Protesta-t-il en se rasseyant. »
Je souriais. Il fit de même. Plus qu'une minute... Avant la fin de l'année, j'aurais embrassé Kaiba. Plus qu'une minute, et mon ego deviendra aussi grand que le sien.
Ses pas résonnèrent dans ces ténèbres, il avait froid. Ses grands yeux améthyste apeurés se ruèrent vers la moindre parcelle d'ombre. Non, il ne comprenait pas ce qu'il était entrain de faire, Yûgi n'avait pas la moindre idée de l'acte qu'il commettait et pourtant... Il désirait le retrouver.
Dès l'arrivé de Léa, il avait sentit la présence du Pharaon à ses côtés, mais il n'avait rien dit. Il avait attendu le moment propice, le moment où son amie laisserait le pendentif. Lorsqu'il avait fait croire à chacun qu'il ne se sentait pas bien, il n'avait qu'une seule idée en tête : parler à Atem. A sa vue Léa c'était dépêché de cacher le puzzle sous son manteau, il n'avait rien dit, et avait seulement attendu qu'elle ne s'éclipse pour le prendre enfin après tout ce temps, entre ses mains.
Il était là, lui tournant le dos, assis, la tête calé entre ses genoux. A la vue de cet être, il voulu reculer, une honte immense émanait de son cœur. Mais le voyant ainsi, replié, seul dans les ténèbres, il se disait qu'il n'était pas le seul à souffrir.
« Ce n'est pas le moment ... Siffla le Pharaon. »
Le garçon continua de s'approcher prudemment. Il grelottait, sous cette pression immense que lui faisait ressentir ce royaume des ombres. Atem se retourna pour expulser l'intrus. Il resta béatement une main tendue prête à repousser l'individu, mais ne fit rien, la bouche légèrement entrouverte dans une surprise qui relevait d'un sentiment indescriptible... De la peine, de l'amour ou un simple soulagement. Aibou ...
« Bonsoir. Atem. »
« Trente seconde ! Brailla Honda. Tous sur le balcon ! C'est le feu d'artifice ! »
Je restais à fixer Kaiba, ses yeux m'invitaient à braver l'interdit. Un souffle chaud me parcourut, ce n'était pas dut à ce qui se passait ici même... Quelque chose faisait que tout allait bien, quelque chose qui était bien au delà ... Au-delà des ombres.
« Je sais tout ça ... Pharaon. Je l'ais toujours sut. Lui rassurant le garçon face aux excuses qu'essayaient de lui présenter Atem.
_ Mais tirer un trait sur cette histoire... Tu ne p...
_ Le cœur pardonne facilement Atem... Il pardonne, mais n'oublie pas. »
Un arc en ciel se formait dans l'obscurité, les adolescents hurlèrent de joie face à ce spectacle de couleurs se dessinant sous leurs yeux. Otogi prit les mains d'Anzu et caressant celles-ci de ses lèvres enjouées, après un simple je t'aime, il l'embrassa dans la plus grande douceur.
« Pourquoi tu ne rejoins pas les autres ? S'inquiéta le Pharaon le visage levé vers Yûgi.
_ J'aurais toute la vie pour les rejoindre. Mais je n'aurais pas ce délai pour toi. »
S'accroupissant à ses côtés, il posa sa main sur celle du Pharaon. Un petit sourire réconfortant sur le visage. Il l'avait comprit qu'Atem n'avait jamais voulu son mal, ce qui s'était passé la dernière fois ... Ce n'était pas lui. C'était sa part des ténèbres, elle reflétait une parcelle de son âme qui désirait qu'on lui prête un peu d'attention.
Les larmes coulant sur sa peau basanée montraient la véritable nature de ses sentiments. Yûgi souriait, s'étonnant à trouver son coéquipier beau, il n'avait jamais eu de sentiment pour un autre garçon.
Le feu d'artifice annonçait les secondes restantes, défilant à une lenteur déconcertante. Mes deux mains prirent le visage de Kaiba, je sentais mes deux bras bouger sans efforts, était-ce vraiment la réalité ?
« Cinq ! Quatre ! ... »
« Yûgi ... Murmura Atem dans un état de grande faiblesse. Pour toi je... »
« TROIS ! DEUX ! »
« Je sais ... »
L'héritier se laissa guider par mon emprise, je fis monter ma bouche à la sienne cherchant hâtivement la chaleur dans cet être de glace.
« UN ! »
L'adolescent se pencha vers son double le cœur battant déposant un timide baiser au coin de ses lèvres tremblantes, mouillées par ces larmes brillantes. Ce contact fit perdre au roi toute force, toute parole était vaine, tout semblait s'être dit... Il ne manquait plus que deux mots nécessaires avant toute séparation. Il n'était pas encore prêt à le lui dire. Il ne se contenta que d'une simple formalité.
« Bonne année, souffla le garçon s'étonnant d'être aussi soulagé.»
« BONNE ANNEE A TOUS ! Hurlèrent les convives sur le balcon !
_ Châtel... Je te tuerais pour ça...
_ Avec joie... Raillais-je en détachant mes mains de ses cheveux. Bonne année Seto...
_ Bonne année Léa. »
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Un bruit de verre cassé me tira de ma rêverie, ma tête était lourde, les murs semblaient se déformer quand mes paupières s'entrouvrirent. J'étais callée, les bras croisés sur l'assise de mon fauteuil, les fesses à même le sol. Un tic-tac assourdissant retentissait, voyant l'aiguille des secondes d'un petit réveil tourner lentement, je comprenais qu'il fallait lui arracher les piles avant que je ne finisse sourde. J'avais terriblement mal à la tête.
Plusieurs personnes dormaient sur la moquette, derrière les grandes vitres le soleil semblait déjà haut. Certains s'étaient construit des petits lits de fortunes avec des vêtements, je ne fus même pas furieuse de voir une inconnue dormir sur ma veste. Etonnée de voir qu'Otogi n'avait pas pensé à prévoir un endroit pour dormir, vu l'immensité de son appartement, je me disais que finalement il avait dut se réserver toutes les chambres pour lui et Anzu.
Je me trainais à deux mains vers Yûgi, avec stupeur il avait les mains jointes sur le puzzle comme pour le protéger. Ne voulant pas trop réfléchir, et ne voulant pas m'imaginer un drame à venir j'essayais de lui retirer délicatement. Il poussa un grognement, et essaya les yeux clos de m'en empêcher. Après possession du pendentif, j'entendis des voix venant d'une pièce d'où un autre bruit s'en échappa.
Me hissant sur mon fauteuil, le pendentif autour du cou, je me sentais un peu mieux, apaisé. Roulant en évitant les endormis, je rejoignais ces voix masculines de l'autre côté. Les cheveux détachés, Otogi se grattait le dos en baillant, Bakura dormait sur la table les yeux grand ouverts pourtant, le garçon que j'avais réprimandé ce jour ci au Basket était là ramassant ce qu'il avait fait tomber et un autre inconnu trempait sa main dans son café.
« 'lut Léa-san... Me salua le grand brun. »
Je roulai jusqu'à la table, m'y cognant involontairement réveillant au passage le garçon aux cheveux blancs. Les mains sous le menton, je peinais à tenir éveillée, les souvenirs un peu flous.
« Tu nous auras fait une de ces peurs Léa-san, m'informa Otogi. Hier après le compte à rebours tu as mis la musique à fond et tu t'es mise à danser comme jamais.
_ Je suis sensé être en fauteuil roulant, bredouillais-je suspicieuse.
_ Ah ça ouais ! Me lança le basketteur numéro 6 dont le nom m'échappait toujours. Pourtant tu es resté debout toute la nuit. Tu semblais ... euphorique.
_ On a dut te calmer, fit Otogi. D'ailleurs tu étais pénible, tu rentrais sans arrêt dans ma chambre pour m'appeler Duke Devlin. C'est qui ce type ? Duke Devlin ?
_ Toi... Dans une autre vie... Marmonnais-je essayant de me remémorer un semblant de souvenir. »
Je me rendis compte sur le moment, je tendais mes mains devant moi. Mon bras droit était légèrement plus développé certes, mais quelque chose avait fait en sorte que je pouvais bouger le gauche. Mes doigts se plièrent avec souplesse, m'arrachant un sourire d'espoirs. Les grains du sablier revenaient petit à petit à leur place d'origine, que s'était-il passé ? Je posais une main sur le puzzle... Atem ? Que s'est-il passé ?
J'étais heureuse. Pour une raison que j'ignore, hier, il s'était produit quelque chose. Tout semblait flous, et pourtant... Je revis le visage d'un homme mélangé à un autre... Le salon et les ténèbres se battaient dans mes pensées, je me revoyais à draguer ouvertement Kaiba, et étrangement c'était Yûgi qui se retrouvait debout face à moi. Il essayait de me rassurer, il me disait qu'il me croyait qu'il le savait depuis toujours...
Le cœur pardonne facilement Atem... Il pardonne mais n'oublie pas.
Pardonner ? Ces paroles ... Yûgi les avaient prononcés ... Pourquoi mentionnait-il le nom d'Atem ? Le lui avait-il réellement dit ? Le garçon approcha son visage du mien pour caresser l'extrémité de ma bouche de ses lèvres, je pleurais... Cette vision. Ce n'était pas mon souvenir, c'était celui du Pharaon.
« Warui Onna ? Ca ne va pas ? S'inquiétant Bakura de sa voix endormis en me voyant les yeux brusquement rougis.
_ Si, si ... Je suis juste un peu sonné. »
Si je m'étais mise debout hier, c'était à cause de ça. A cause de ce qui s'était passé avec Yûgi. Depuis le début il avait dut sentir la présence d'Atem, lorsque nous nous étions croisés dans le couloir, il n'allait pas aux toilettes, il cherchait le puzzle.
Mes deux bras, valides, prouvait que tout avançait... Que je pouvais revenir vivante chez moi. Yûgi avait pardonné au Pharaon, pour une raison que j'ignore il l'avait fait... Maintenant ne restait qu'un seul problème... Seto. Bakura remarqua mon absentéisme, il me dévisageait étrangement.
« Je viens de faire la chose la plus incroyable du monde... Me mettre debout. Et la première à laquelle je pense c'est que j'ais embrassé Kaiba. Remarquais-je pour moi-même.
_ T'en avais l'air fière en plus. Tu n'arrêtais pas de t'en vanter avant de tomber ivre morte. »
Quelle belle vision... Il fallait vraiment que j'arrête avec l'alcool, je frôlais le ridicule.
« Ouais mais on n'embrasse pas Kaiba comme ça ! Lui fis-je à voix haute. Attends ! Quand il va s'en souvenirs il va vraiment me faire la peau.
_ Je te paris tout ce que tu veux... M'assura Bakura en riant. Je suis capable de le faire pour toi.»
Il se pencha dans ma direction, cherchant ma main que je rangeais rapidement sous la table. Me murmurant à l'oreille qu'il ferait tout pour moi. Le rouge aux joues, je fis semblant de m'intéresser au grille pains qui commençait à crépiter joyeusement. Le garçon qui faisait nager ses doigts dans son café sursauta au moment où les toasts sautèrent dans un bruit sourd.
Je réfléchissais à un tas de chose, cette nouvelle année me paraissait apparaitre comme une bénédiction, un nouveau départ. Je n'avais aucune idée de la manière dont les choses allaient se dérouler désormais, je n'avais pas la moindre idée de qui je pourrais bien faire, mais je m'en fichais complètement ! Tout s'était arrangé.
« Bonjour... Salua Yûgi en se frottant les yeux à l'attention générale. »
Yûgi... Comment pourrais-je te remercier ? L'adolescent s'approcha de moi pour s'asseoir à mes côtés. Je le regardais interloquée, comme si je ne l'avais jamais vu auparavant. Comme ce soir où lui et moi nous nous étions rencontré la première fois.
« Léa, je peux le ... Reprendre ? »
J'ôtais le puzzle de mon cou. Le posant délicatement dans sa main, il referma ses doigts en me soupirant un petit merci. Sans un mot, il partit avec l'objet. Je le regardais s'éloigner, un œil bienveillant. Il était temps pour eux de se retrouver, et pour moi de m'en séparer.
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« Ne sois pas triste Ryô... Fis-je en rigolant. C'est pas un adieu!
_ J'aimais bien m'occuper de toi. Enfin, ça veut dire que tout s'est arrangé n'est ce pas ?
_ On peut dire ça, oui. Allez viens. »
J'entourais mes bras autour de son cou, respirant l'odeur de ses cheveux blancs. Mes bagages accrochés sur les poignés de mon fauteuil, ma nouvelle infirmière, qui n'était autre que Yûgi installé derrière moi, la peluche de Kero sur les genoux, je me sentais vivante. Prête à affronter la suite de mon aventure. Enfin... Notre aventure.
Sugoroku m'accueillit d'un œil averti, il ne posa pas de question à propos du pendentif qui se retrouvait désormais accroché à son petit fils. Je fis une manœuvre du diable face à la petite marche d'entrée dans le couloir principale de l'arrière boutique, et me posta près du canapé. Mon nouveau lit. Par question de praticité, je ne pouvais désormais plus dormir à l'étage.
J'observais les alentours, contente de retrouver ce décor. Ma quête n'était pas terminée, il ne restait qu'une seule énigme, une seule ... Yûgi avait choisis de pardonner à Atem, mais jusqu'où ? Répondait-il réellement aux sentiments du Pharaon ?
Dans la soirée, le garçon quitta précipitamment la table en nous adressant un au revoir rapide. Je sourirais contente de cet enthousiasme, un peu retissant à l'idée que je pouvais partager ce bonheur. C'était désormais une histoire entre lui et l'esprit.
Posant les livres de Ryô aux pieds du canapé déplié, je calais contre ma sorte de lampe de chevet, le cadeau de Kaiba, mon gardien Eatos. Fouillant mes poches, je retrouvais cette carte de visite, brandissant mon téléphone portable un sourire aux lèvres, je composais le numéro. Il ne me faisait plus peur, j'ais sus dompter la bête... Seto.
« Moshi-moshi.
_ Je t'aurais finalement eu dans mes filets, gloussais-je.
_ Léa... Soupira-t-il avant de se reprendre. Châtel ! Comment as-tu pu ... J'ais bloqué ta ligne !
_ Tu as mis sur liste rouge le téléphone de la maison Mûto, mais moi je t'appelle en ce moment même avec mon téléphone portable. Comment vas-tu ?
_ Tu ne manques pas d'air ... Grommela-t-il. Je vais bien. Je suppose que je n'ais pas besoin de te poser la question.
_ Je me porte comme un charme, Seto. Dis-moi demain ... »
Demain c'était la reprise. Et oui, comme en France nous avions à peine le temps de nous en remettre du nouvel an qu'il fallait reprendre les cours avec les examens. Je n'avais pas révisé, était-ce utile de le préciser ?
« On mangera ensemble si tu le veux. Maintenant je suis pressé. Je dois dormir. »
Il n'usa pas de formule de politesse, c'était trop dur pour lui. Je me passais la langue sur les lèvres, c'était dans la poche. Appuyant sur le logo rouge au coin de mon écran, j'observais l'obscurité, je ne distinguais que les murs et une forme sombre qui n'était autre que la télévision. Prête à me glisser sous les draps, je pris Kerobero contre moi, aidant mes jambes à être bien droites pour éviter tout problème musculaire.
Tout semblait s'être réglé, la vie allait reprendre son cours, et moi je repartirais chez moi... C'était difficile à imaginer, difficile à penser que tout cela se terminera un jour.
« Pas si j'interviens ! »
Le cœur battant, je me redressais brusquement dans le canapé. Cette voix... Elle semblait si proche, si familière. J'allumais la petite lumière à mes côtés, effrayé à l'idée d'avoir une personne malveillante à mes pieds. Mais il n'y avait que le silence m'accompagnant. Voilà que je délirais.
« Hé hé ... Tu ne veux pas repartir c'est ça ? »
Plaquant mes mains contre mes oreilles, je comprenais que cela ne servait à rien. Cette voix était dans ma tête, ce n'était pas moi, c'était les ténèbres qui me riaient aux nez.
« Tu pourrais rester à côté des personnes que tu chéris jusqu'à la fin ! Pourquoi s'ennuyer à regagner un monde qui te rebute alors que tu nous as nous ?
_ T'es qui toi ? Marmonnais-je en fermant les yeux.
_ Celle qui a tout fichu en l'air. Siffla-t-il tout près de moi. Je suis les ténèbres, je suis la mort... Je suis la représentation obscure de tout ce qui nous entoure.
_ Tu peux préciser ... Essayais-je tremblante.
_ Seto Kaiba a dévoilé sa part de sensibilité, l'autre Bakura est tombé amoureux de toi et Yûgi... Yûgi est entre de très, très mauvaises mains... Grâce à toi ! Non ... A nous !
_ Ca reste à prouver ! Pestais-je. J'ais gagné ! Qui que tu sois... J'ais réussi ma mission.
_ Pauvre innocente ! Tu me fais bien rire ! »
Une silhouette noire s'accroupissait à mes pieds, elle n'avait pas de visage, seulement un œil lumineux sur le front. Je me retins de pousser un cri face à cette chose non identifiable. Un sourire blanc et malsain s'étira de façon exagéré tout le long de son visage.
« Je ne parlais pas de toi ... Tu as réussi, comme tu le dis. C'est certain. Mais ca voudrait dire que tu devras partir. Tout oublier, chacun d'entre eux. Tirer un trait sur cette histoire, faire comme si rien de tout cela ne s'était passé.
_ T... Tu mens !
_ J'ais bien peur que non... Soupira-t-il en s'avançant près moi, une main de chaque côté de mes épaules. Je te donne à peine une semaine, une semaine de liberté avant qu'on ne t'interne une fois retourné là bas.
_ Dis moi qui tu es bon sang... Pourquoi viendrais-tu tout gâcher ? Pourquoi ?
_ Parce que tu as envie qu'on s'occupe de toi, tu as besoin d'attention. Une attention que l'on ne te prêtait pas de l'autre côté. Dans ton monde. Tout gâcher reviendrait à t'apporter de l'aide. Tu te sentiras protégé, malade mais entre les bras de quelqu'un qui prends soin de toi. Avoue que tu aimes ça...
_ Je dois retourner chez moi... »
Deux taches blanches se formèrent sur le haut de son visage d'encre, dessinant de grands yeux en amandes, des pupilles aux éclats mauves se formèrent découvrant une partie de son identité.
« Celui qui va tout gâcher ... C'est moi. Atem ! »
Son rire résonna dans mon esprit, provoquant en moi un malaise profond, je sentais mon esprit divaguer, tout ce que me disait cet être était vrai... Je ne voulais pas partir.
Je voulais rester.
Il était prêt à refaire du mal à Yûgi.
Cette silhouette vêtue des plus obscures ténèbres, c'était bien celle du Pharaon.
[1] Traduction : Bon anniversaire !
[2] Certains mangas aux japons sont d'abord publiés dans des magazines. Par exemple le Weekly Shonen Jump, qui a vu les plus grands tel que One Piece, Naruto, Jojo et évidemment Yu-Gi-Oh !
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