07 | Malédiction
« Madea Ako ?
_ Présente !
_ Murukami Ruka ?
_ Présente !
_ Mûto Yûgi ? »
Les regards se dirigèrent sur l'emplacement vide. Pour la première fois depuis des années, le siège de cet étrange garçon était vide. Le professeur haussa les épaules et continua à réciter les noms de chacun des élèves de la classe. Suite à la déclaration de sa présence, Miho se retourna vers moi. Je sursautais devant tant de vivacité.
« Miho se demande ce qui est arrivé à Yûgi. Tu sais toi ? »
Jonouchi, qui avait entendu, se retourna dans notre direction. Les cheveux devant les yeux, on apercevait tout de même un regard qui avait perdu toute joie, toute bêtise. Même Honda qui lui envoyait des boulettes de papier mâché ne comprenait pas pourquoi son ami ne répliquait pas. Anzu restait plongée dans sa feuille, elle cachait son visage, voulant sûrement oublier en se concentrant sur son oral. C'était un bon moyen d'effacer quelques bribes de mémoire devait-elle se dire, bien que cela soit impossible pour nous tous.
« Tiens c'est pour toi, me fit une voix grave. »
La tête posé dans le creux de ma main, je me détournais vers Kaiba qui sans daigner me regarder, adressa à mon intention un bout de papier griffonné. Ce présent réussit à m'arracher une expression faciale.
« Ne vas pas croire que je me prends la peine de t'écrire des mots doux, la Française. Ça vient de l'ignorant à deux tables devant moi. »
Je me disais aussi... Seto Kaiba qui me parle par petits mots cela aurait été trop beau. Je dépliais le papier, et des hiragana presque illisibles étaient inscrits, signé KJ. Avant même que je n'eus le temps de déchiffrer, l'enseignant en langue s'en empara pour me demander ce que c'était.
« C'est la loose, je deviens hyper parano, je vais craquer dans moins de deux, signé Katsuya Jonouchi, lisait le professeur d'anglais. Et bien Jonouchi-San ? De votre part, une telle écriture on n'aurait pas pu s'attendre à mieux. »
Le grand blond ne rétorqua pas. Les concernés se regardèrent mutuellement. On comprenait tous où il voulait en venir. Il y a moins de deux jours, la réincarnation du Pharaon avait tué de sang-froid un chef de gang, et ceci sous nos yeux. Yûgi était revenu à lui juste après. Comme il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, Anzu l'avait entrainé ailleurs tandis que moi et Jonouchi nous nous sommes demandés longuement ce que l'on pouvait bien faire du cadavre... Je déteste ce mot, mais c'est pourtant bien ce à quoi on a eu à faire. Il était à peine 6h du matin, et nous avions pu déplacer le corps du gangster pour le jeter dans la mer sur une côte peu fréquentée. Pour ce qui était de l'arme Jonouchi s'en était chargé seul. Un tel scénario ne pouvait tenir la route longtemps. On allait se faire prendre.
« D'ailleurs vous n'avez pas oublié que c'est le jour des oraux. Où est votre ami Mûto ? Il sèche ?
_ Tss... »
Son meilleur ami serra les poings. Je priais pour qu'il ne réplique rien de mauvais.
« Il ne se sentait pas bien. Déclara Anzu en se levant.
_ C'est à peine s'il tenait debout, ajoutais-je en l'imitant par mesure de politesse. »
On allait mentir s'il le fallait, on fera tout pour protéger notre ami. Peu importait les conséquences. J'étais prête à mourir pour lui, cela, j'en étais convaincue. Alors que nous avions ramené Yûgi chez son grand père, après avoir refermé la porte de sa chambre derrière nous. Nous étions restés dans le hall du premier étage de la boutique. C'est là que j'ai pris mon courage à deux mains pour leur avouer une part de la vérité. Je ne pouvais pas rester silencieuse plus longtemps.
« La personne qui a tué Hirutani... Ce n'était pas Yûgi. C'est un... Ce n'est pas une double personnalité, c'est bien plus profond que ça. »
Je tenais une corde, d'où pendait un pendentif bien connu. Le montrant à mes camarades, ils contemplèrent l'objet avec des yeux ronds. Anzu se rappelait l'avoir vu quelque part, mais en pièces détachés, ce qui était aussi le cas pour Jonouchi.
« Quand il a fini ce puzzle, il a libéré une entité venant d'une époque lointaine. Ce n'est pas une malédiction, mais d'après la légende il y aurait l'esprit d'un pharaon à l'intérieur de ce pendentif, et une fois assemblé... Il s'est réveillé. »
Sur ces dernières paroles, je m'imaginais bien qu'Anzu aurait préféré l'histoire de la schizophrénie, ils avaient été tout deux silencieux.
« On ne va pas baser ce qui s'est passé sur une vielle histoire, non ? Avait fait Anzu sceptique. Je conçois que Yûgi à agit bizarrement, comme s'il n'était plus lui-même mais de là...
_ Non mais Anzu, je savais que tu allais dire ça. Moi-même je n'y aurais pas cru. Pourtant c'est la stricte vérité, je sais qui se cache derrière cette autre personnalité, mais ça révèle tellement du fantastique que ça parait inconcevable.
_ En tant que pote de Yûgi, avait déclaré Jonouchi, je ne le laisserais pas dans la merde. Fantôme ou pas, on fera en sorte que ça ne se reproduise plus et qu'il aille mieux. Débarrasse-toi de ce collier pour ça. »
Il avait tendu la main pour me le prendre. Je refusais en le mettant dans mon dos.
« Nyeh ? Tu nous as bien dit que ce n'était pas bon pour lui non? Vire-moi cet objet maléfique !
_ Même s'il parait dangereux, il nous est nécessaire de le conserver, expliquais-je.
_ Je ne te suis pas très bien Léa-San, grommela Anzu. »
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Je tenais la pièce centrale du puzzle au creux de main. Le pendentif était resté avec Yûgi il le considérait comme un trésor. Je me disais que l'esprit n'agirait plus tant que l'objet millénaire ne sera pas au complet. En temps voulu, je le lui rendrais. C'était décidé, je resterais pour aider tous mes amis, et le Pharaon, il y avait bien une raison pour qu'il agisse ainsi.
« Pharaon... Pourquoi ? Pensais-je en serrant le morceau doré du collier.
_ Il me manque quelque chose...
_ Léa ! On se réveille ! S'exclama Honda en faisant de grands gestes. »
Sur le ton de la plaisanterie je lui interdisais de recommencer à me sortir de ma rêverie. Surtout que j'étais tellement absorbé dans mes pensées que l'espace d'un instant j'ai cru que quelqu'un m'avait parlé. Atem.
La fin de la journée s'annonça par le son apaisant de la cloche japonaise. Je pris mes affaires dans mon casier qui étaient collés à celui de Kaiba. Me mettant sur la pointe des pieds pour récupérer un objet qui était bien au fond, je constatais que j'étais trop petite. Evidemment, j'avais dit à Jonouchi et les autres de m'attendre au portail... Il n'y avait plus que ...
« Hum Kaiba ? »
Contre tout attente, il se tourna dans ma direction, ayant perdu son animosité habituelle à mon égard. Il me décala en me frôlant à peine de la main, et passa un bras pour récupérer ma pochette à dessin calé dans le fond.
« Euh merci, Seto, m'étranglais-je.
_ Pas de ça entre nous. Lâcha-t-il au moment même où je prononçais son prénom. »
Il resta planté devant moi, quand je vérifiais s'il y avait toujours le contenu de mes croquis. C'est bizarre je n'arrivais pas à dessiner Atem alors que cela m'était plutôt facile dans mon monde. Faisant le tri je tombais sur une tentative du Dragon Blancs aux Yeux Bleu, j'avais vu la carte dans un des magazines que vendait le grand père à Yûgi. Apparemment Kaiba semblait l'avoir remarqué. Aussitôt qu'il croisa mon regard, il se hâta de s'éclipser, presque gêné.
« Au lieu de me faire perdre mon temps, tu ferais mieux de manger un peu plus de soupe pour grandir. »
Ma pochette à la main, j'étais en état de choc. Kaiba qui m'adresse aussi interminablement la parole. Quel exploit ! On va se marier !
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« Tadaima [1] Yûgi-Kun ! »
Je ne m'attendais pas à ce qu'il me réponde, au lieu de ça Sugoroku réagit à sa place. J'enlevais mes chaussures où mon nom était écrit dessus en lettres occidentales, et enfila des petits chaussons tout plat. Mon sac jeté sur l'épaule, je trottinais vers l'escalier prête à prendre des nouvelles de mon protégé.
« Léa-San ! M'interpella Sugoroku. Un ami du lycée a téléphoné, il a dit qu'il te rappellerait dans 10min. »
Interloquée, je m'imaginais toute les possibilités de qui voulait bien entendre ma voix masculine à travers le combiné... Kaiba ? Il a été charmé par mon dessin de son dragon et voulait me féliciter en personne... Mmmh non, je pouvais toujours courir. A ce stade du manga il n'était pas censé être en mesure d'apprécier qui que ce soit d'autre que lui-même.
J'ouvris la porte menant chez Yûgi et fit une moue face à l'odeur de renfermé qui régnait. Sans faire la moindre remarque, j'ouvris le vasistas, et me tourna vers mon colocataire de chambre. Le puzzle était par terre, là où je l'avais laissé après avoir pris la pièce empêchant ainsi l'esprit de se manifester. Yûgi dans ses pensées, contemplait trois cartes, vêtu de son pyjama qu'il n'avait pas quitté depuis bien longtemps.
« Depuis quand tu n'as pas pris un bain ? Demandais-je en m'asseyant à côté de lui. »
Il haussa les épaules. Vexée par cette non-attention je me penchais pour voir par-dessus son épaule et reconnut aussitôt mes trois dieux égyptiens. Je suis très matérialiste et même si le célébrissime Yûgi touche à mes affaires, je ne pourrais pas décoller mon regard de ces cartes tant qu'il ne les aura pas posées.
« Pff t'es pas drôle Yûgi... Marmonnais-je en mettant mon menton en haut de son dos. Parles moi, dis quelque chose...
_ ...
_ Si tu dis rien... Je ne t'adresserais plus jamais la parole, mentis-je.
_ Comment elle fonctionne la carte du Dieu Râ ? »
Evidemment, il savait très bien que je ne connaissais pas la réponse. Il était malin, il voulait me faire taire sans me vexer pour autant, mais maintenant que j'avais compris sa technique d'esquive de conversation... J'étais encore plus froissée.
« Et bien en fait... Me remémorais-je en repassant de mémoire les épisodes avec le méchant Marik. Je crois qu'il faut sacrifier trois monstres, puis déblatérer un truc pas possible, une sorte d'incantation pour le faire revenir à la vie et ... quoi ? »
Yûgi la tête dans le coussin pouffait, j'entendis son petit rire étouffé. Les mains en l'air, à fond dans ma description de cet aigle doré, je baissais mes bras et attendis une réponse.
« Tu me fais rire Léa-chan.
_ Ah mon Yûgi ! Tu es de retour ! M'exclamais-je heureuse qu'il reparle normalement depuis trois jours. Tu m'as tellement manqué. »
Je l'entourais de mes bras, telle une groupie peu farouche, il ne protesta pas devant mon excès de folie. J'étais tellement inquiète de son silence depuis le dernier soir... Le soir où son autre lui avait tué sans pitié l'individu qui nous menaçait Anzu et moi. Ce qui était étrange... C'était les paroles d'Atem, il s'en voulait de ce qu'il faisait pourtant il s'y sentait obligé. On aurait dit qu'il connaissait les intentions de ces types et qu'ils voulaient les empêcher de nuire...
« Tu reviens à l'école demain ? Hein Yûgi ? Tu pourras revoir Miho, Honda, Jonouchi et ...
_ Comme s'ils voulaient me revoir, rétorqua Yûgi d'un air triste. Pas après ce qui s'est passé.
_ Yûgi. Il ne s'est rien passé... Ce n'était pas ta faute.
_ Je sais. Je sais que ce n'était pas moi, confirma-t-il. Je l'ai sentis, je le sais que quelque chose ne vas pas en moi. Mais cela ne m'étonne pas.
_ Comment ça ? M'étonnais-je devant tant de lucidité.
_ Quelqu'un agis dans mon corps Léa-chan. Cette personne à peur de quelque chose et la peur lui fait faire des choses atroces. Si seulement je pouvais l'aider, pour que tout cela cesse... »
Les yeux écarquillés vers toute cette prise de conscience dont il avait fait preuve, je me demandais s'il connaissait la vérité dans son intégralité.
« Tu dois trouver ça ... Bizarre Léa-chan ? S'inquiéta-t-il en levant des yeux confus dans ma direction.
_ En fait non, je...
_ LEA-SAN ! Peux-tu décrocher le téléphone dans le couloir ? Lança la voix de Sugoroku à l'étage inférieur. »
Je fis un sourire à Yûgi l'air de dire que je revenais. M'activant pour ôter le téléphone de son socle, j'attendis avec impatience la belle voix inconnue de...
« Moshi Moshi [2] Léa-San ! Fit une voix joyeusement bizarre ressemblant à celle de Honda. Jonouchi m'a tout avoué, dit-il d'une voix grave.
_ Te dire quoi ? Demandais-je effrayé. A propos de...
_ De ce qui s'est passé avec Yûgi. Ecoute, s'il est avec toi là, tu lui dis qu'il peut compter sur nous quoi qu'il arrive, je n'en parlerais pas à Miho-chan pour une fois, m'assura-t-il solennellement. D'ailleurs Jonouchi m'a aussi dit pour les histoires d'esprits dans un pendentif, ajouta-t-il en prenant des pauses entre chaque mot. Je crois que c'est possible tout ça. Une fois j'ai eu une grand-mère qui a fait comme la petite fille dans l'Exorciste et...
_ Euh merci Honda, le coupais-je ne voulant pas de détails morbides, donc... Tu me crois vraiment ? Car ça peut paraitre un peu tiré par les cheveux tu sais... Et puis c'est assez grave !
_ Il a besoin d'être aidé. On va trouver un moyen de parler à cette esprit maléfique, et on va le renvoyer d'où il vient. D'ailleurs tu ne crois pas qu'il est Egyptien ? Car à ce sujet, j'ai fait mes recherches, et le pendentif aurait un lien avec une malédiction datant de quelques années. Des chercheurs auraient trouvé un puzzle et seraient tous devenu fous ou morts après... Exactement dans la même boite que celle de Yûgi ! Je crois que ce n'est pas une coïncidence. »
Je retenais un rire. Honda alias Tristan, qui faisait preuve d'une intelligence hors du commun en m'apprenant la moitié de l'intrigue, c'était assez déstabilisant. Troublant même.
« Merci Tri... Honda-San. Je pensais la même chose. Nous devons nous pencher un peu plus sur ça. Mais je sais que ce n'est pas un être mauvais. Il faut juste trouver un moyen de comprendre son problème. »
Problème que j'ignorais étrangement. Atem n'était pas aussi frustré de ne pas avoir une identité claire au point de tuer des voyous ? Il y avait autre chose, et cela il était impératif de le découvrir.
« A ce propos. J'ai reçu une publicité du musée de Domino ce matin, m'informa-t-il. Demande au grand-père de Yûgi s'il peut te montrer le communiqué, il a dut probablement le recevoir. Ca informe une exposition sur l'Egypte Ancienne. Je crois que si on a besoin de poser des questions... C'est là-bas qu'on sera le mieux placé. »
Mon cœur se mit à battre à cent à l'heure. L'exposition... C'était là-bas que je pourrais rencontrer Shadi. Lui seul détenait la clef des mystères qui entouraient ma venue dans cet univers fictif. Prise de tremblement à cette idées, j'en oubliais presque le plus important, aider Yûgi. Quelle idiote ! Mon orgueil revenait à la charge. Le plus important c'était mon ami. Même s'il n'existait pas réellement, je l'adorais plus que quiconque. Je ne pouvais pas le laisser dans cette impasse.
« Une exposition sur l'Egypte ancienne ? Répéta plusieurs fois Yûgi après que je sois revenu pour lui annoncer la nouvelle.
_ Ça pourrait être très instructif, en plus c'est apparemment au programme cette année.
_ Tu as rencontré un ami de mon grand-père en Egypte... Tu dois beaucoup aimer non ?
_ Pour pas dire que je suis fan, oui en effet. Fis-je rêveuse de ce pays sous le soleil d'Amon Râ. Alors tu veux bien venir avec nous ?
_ Nous ? Dit-il les sourcils froncés. Il y aura...
_ Yûgi ! On fait une petite sortie tous ensemble, parce qu'on est amis. Et je ne veux pas te voir entrain de te morfondre tout seul dans ton coin. »
Il n'ajouta rien, et acquiesça d'un petit hochement de tête. J'étais satisfaite. Après tout c'était pour son bien, et celui de son double... Peut-être devais-je remettre la pièce dans le puzzle.... Peut-être pas. Il fallait que le Pharaon calme ses pensées noires quelques temps.
Plus tard dans la nuit, sur mon futon favoris, à parcourir des yeux le visage endormis de Yûgi, je serais fort contre moi la pièce centrale du puzzle. Pourquoi fait tu ça Pharaon ? Ce garçon est si jeune, tu as souillé son âme d'enfant en l'obligeant à ôter la vie d'un homme. C'était si cruel, qu'a tu besoins réellement ?
Je tendis mon bras pour insérer la partie manquante, mon esprit perdu dans des idées vagues, et c'est là que je vis Atem. Fantomatique, courbé vers Yûgi, tel un ange gardien prêt à protéger l'être le plus cher qui lui a été confié. Des larmes brillantes coulaient sur son visage transparent pour disparaitre dans un scintillement. Je ressentais en l'espace d'un instant les émotions de son autre moitié. Je n'ai jamais vu un tel attachement à une personne, il était une partie de Yûgi, il lui était dévoué corps et âmes... À travers son éternité.
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« Tu ne vas pas sortir par ce temps avec un uniforme ? M'énervais-je en voyant Yûgi hésiter entre son pantalon bleu, et son pantalon bleu...
_ C'est la seule chose qui me va, dit-il boudeur. »
Je lui demandai de me laisser faire. J'avais particulièrement apprécié l'épisode avec Duke Devlin, Yûgi avait une petite veste grise très sympa... Il fallait que je retrouve ça.
« Alors tu vas me mettre ça, ça, encore ça et pour finir ça, énumérais-je en lançant les vêtements tout à côté de lui.
_ Tu as l'air si sûr de toi. »
Je me retournais le temps que celui-ci se déshabille et enfile ses vêtements. Je n'étais pas très intéressé par les garçons plus jeunes que moi, autant Atem je pouvais faire une exception, pourtant mes yeux cherchaient un miroir qui aurait pût dévoiler un petit Yûgi torse nu... Mais rien.
Je me glissais le long du mur, afin de l'attendre assise dans les escaliers pour éviter tout regard malheureux derrière moi. Il ne mit pas beaucoup de temps à me rejoindre et s'installa à côté de moi en me demandant comment il était.
« Sublim... Super ! Tu es ... Enfin tu vois... »
Il émit un petit rire forcé que je remarquai aussitôt. L'ambiance redevint calme. Il n'était pas allé à l'école de la semaine. Les nuits je me faisais réveiller non pas, par mes propres cauchemars mais par les siens. Il ne se confiait plus comme il le faisait dès les premiers jours. Je voudrais tant que tout redevienne comme avant.
« Tu as les yeux brillants, s'inquiéta-t-il, ça ne vas pas ?
_ C'est plutôt à toi que je devrais demander ça, reniflais-je honteuse. Yûgi... »
Je pris son visage entre mes mains, et m'avança. Je lui assurais que j'allais l'aider, que toutes ses peurs allaient s'évaporer. Son visage usait d'une attraction terrifiante sur moi, j'étais comme hypnotisée. On aurait dit que son expression m'invitait à m'approcher de plus en plus, et je répondis à cette demande...
« Tout sera bientôt terminé Yûgi, soufflais-je en lui déposant un baiser timide sur la joue. Je te le promets. »
Sugoroku, sachant très bien que nous allons faire un tour au musée en ce Samedi matin, nous avait laissé exprès de vieux vélo bon marché à disposition. Yûgi et moi ne dépassions pas les 160 centimètres, et les engins n'étaient clairement pas faits pour des gens de petites tailles comme nous. J'aidais mon ami à grimper du mieux qu'il pouvait et fit des bonds dans tous les sens tandis que Yûgi était déjà loin ne pouvant arrêter la machine infernale.
En chemin, je repensais à mon comportement. Je ne sais pas ce qui m'a pris de me rapprocher autant de lui. J'allais l'embrasser... J'étais sur le point de le faire, j'étais vraiment grave ! Devant moi je le vis ralentir en freinant légèrement pour rester à mes côtés, il tenait à me montrer le chemin et non à me laisser en plan. Je rougissais devant tant d'attention. Il était si gentil, et dire que je lui sautais dessus quelques minutes plus tôt. Je pouvais tout gâcher des fois...
Comme dans mes souvenirs, le musée Domino ressemblait plus au manga qu'à l'anime, il se situait dans un endroit discret de la ville, un peu plus reculé que dans le dessin animé et il était beaucoup moins imposant. Seules les marches étaient identiques. Un grand escalier majestueux et gigantesque permettait l'accès aux grandes portes de l'immense bâtisse.
Le groupe d'ami nous attendait déjà, je vis Anzu accourir dans notre direction, enfin plus particulièrement vers Yûgi qui semblait avoir un peu de mal avec les freins. L'empêchant de tomber, je ne suivais pas son exemple, et me vautra joyeusement. Mes pieds ne touchaient pas le sol à l'arrêt, la chute était prévisible.
« Hey Yug. Fit Jonouchi en lui donnant une tape amicale. Content de te voir. »
Seul Honda, s'était pris la peine de me porter secours. Miho qui était tout particulièrement rêveuse face à une bande de pigeons affamés, me lança un salut de la main que je lui rendis.
« J'adore tes vêtements, ça te va vraiment bien, le complimenta Anzu en le contemplant de haut en bas.
_ Il faut remercier Léa-chan, dit-il tout timide. C'est elle la styliste.
_ Appelez-moi Jean Paul Gaultier, me vantais-je en français. »
C'est étrange, j'étais persuadée qu'en entrant dans le musée l'archéologue Yushimori, un ami du grand père à Yûgi et le propriétaire du musée serait venu à notre rencontre. Ce dernier se serait intéressé de près au Puzzle de Yûgi et ...
« Yûgi ... Murmurais-je en me penchant vers lui. Tu n'as pas pris ton pendentif ? »
Il me regarda incrédule, se demandant pourquoi était-ce si important. Oui ce n'était qu'un collier mais tu es présumé le considérer comme la prunelle de tes yeux. Après ce que j'en dis...
Comme toute exposition, nous fîmes le tour des vitrines exposant de petits objets comme des bijoux. Les beau colliers en or Egyptiens, les bracelets, mais le plus magnifique les boucles d'oreilles en formes d'oiseaux du Nil.
« Je veux les mêmes... Murmurais-je la tête collé contre le verre froid.
_ Léa-San. Y'a un gars qui te dévisage. »
Shadi ? Aussitôt je relevais les yeux et ne vit pas d'homme suspect, où qui répondait à mes critères. J'étais habitué à ce qu'on me reluque d'une façon étrange. Surtout en France dans mon petit coin paumé, personne ne semblait avoir vu de blonde... Je devais venir de la troisième dimension. Quoique ... En ce moment c'était presque le cas.
Après avoir accès à la pièce des Sarcophages, je voyais les gens s'attrouper devant l'enveloppe d'or et de Lapis-lazuli de mon copain Toutankhamon. Boudeuse devant quelque chose que je jugeais banale, je demandais à Jonouchi d'aller voir les momies.
« Nyeh ? Je ne compte pas m'attirer le mauvais œil. Part sans moi !
_ J'aurais bien demandé à Honda mais il est allé voir un exposant pour poser des questions. Aller on amène Miho avec nous. »
Certain de lui, il courut rejoindre Honda et Anzu. Seul Yûgi m'accompagnait. Je lui mis une main sur l'épaule accompagné d'un clin d'œil. Il m'avouait trouver cela intéressant bien que les momies le terrifiaient. Ne t'inquiète pas Yûgi-Kun, moi Léa, je vais te protéger contre ces affreux Pharaon en bandelettes. L'un de ces morts me rappelaient quelque chose, Yûgi se posta devant ce dernier et je ressentais que lui et moi avions déjà vécue cette scène... Plus ou moins...
C'était ici même que Yûgi avait fait la rencontre de l'homme aux deux objets millénaires...
Shadi était là, à ma gauche. Sa clef millénaire pendant contre sa longue cape blanc cassée. La balance millénaire dans sa main gauche, il fixait avec tristesse celui qui était autrefois un grand roi d'Egypte.
« Yûgi... Lui fis-je alors que lui aussi remarquait la présence de l'inconnu. Peux-tu me laisser deux minutes je te pris. »
Il s'exécuta, et partit à tâtons, respectant le sommeil des morts. Je me retournais vers l'homme que j'avais rencontré en Egypte lors de mon voyage. Cela me paraissait une éternité, et il me semblait encore plus mystérieux qu'à notre dernière rencontre.
« Shadi... Dis-je en m'abaissant respectueusement.
_ Le garçon n'est pas au courant.
_ Il a déjà assez de problème. Ce n'est pas le moment de lui faire part des miens.
_ Suis moi je te pris. »
Il attendait ma venue. Il savait qui j'étais. Shadi était un lien entre mon monde et celui-ci. Je devais comprendre pourquoi il m'avait poussé à m'aventurer là, et je devais savoir comment rentrer. Mais avant toute chose demander conseil afin de savoir comment réparer les dernières erreurs commises par le Pharaon.
Je pensais que Shadi allait m'entraîner vers cet endroit où les bas-reliefs étaient représentés, mais je pense que cela n'arriverait qu'au moment du tournoi de Kaiba, enfin juste avant. D'ici là je serais sûrement partie... Au lieu de cela il s'arrêta dans un couloir désert, et je le vis sortir sa clef millénaire. Je tressaillis quand il s'avança vers moi.
« Tu connais les pouvoirs de cet objet.
_ Un peu, répondis-je même si cela n'était pas une interrogation. Que voulez-vous faire dans mon esprit ? J'aime pas trop ça....
_ Je vais analyser ton âme, elle me dévoilera les événements passés, les solutions à apporter.
_ Ok.... Par contre, si j'ai deux chambres d'âme ou quelque comme ça... Faite le moi savoir. »
Il ne répondit pas, et le manche glacé de sa clef se posa sur mon front. Cela ne dura qu'à peine deux secondes. Quelque chose n'allait pas, car il fronça les sourcils un bref instant. Je me demandais à quoi ressemblais ma chambre d'âme... Une pièce remplis de crayons gris et de dessins ? Ou un Harem dédié à Seto Kaiba ?
« Alors ?
_ Ton esprit se contredit. Une part voudrait partir, l'autre voudrait rester. Tu es effrayée, ton cœur connait quelques parts de ténèbres, mais rien de très concret. Mais c'est ce que j'imaginais tu es la personne destinée. »
Pardon ? Sur ça il ne m'aide pas beaucoup. Autant lui dire toute la vérité.
« Ecoutez-moi Shadi, depuis que je suis arrivé, il se passe des choses bizarres. D'ailleurs qu'est-ce que je fais dans le monde de la fiction ? Ce n'est pas censé exister, non ?
_ Je vais te prouver que tu es dans le faux. Viens je vais te conter un récit vieux de plusieurs millénaires. »
Je suivais cette longue cape divinement belle, et le cœur battant appréhendait ses futures paroles.
« Au temps de l'Egypte Ancienne, les prêtres pensaient que toute choses imaginée ou pensée existait en ce monde. Tout ce qu'un Egyptien s'inventait, un Dieu avait le pouvoir de l'associer à une réalité extérieur, un autre monde. Pour faire court, ce que tu crois être de la fiction, ne l'est pas. C'est un monde à part entière. Et tu as réussi à passer de l'un à l'autre.
_ C'est absurde, raillais-je stupéfaite. Et ça s'appliquerait à notre époque aussi ? Toutes les histoires qu'on invente ça deviendraient vraies ?
_ C'est ce que les scribes écrivaient sur les Papyrus. Tu en es bien le témoin. Mais ce monde est un univers comme tant d'autre. Ton univers à toi est peut être bien dût à l'imagination d'une tierce personne. »
Il comptait me faire gober ça ?
« Donc par exemple... La fiction d'une fiction... Ça marche aussi ?
_ Toute chose inventée, assura-t-il. »
Je pensais en l'espace d'une seconde à toutes les fanfictions idiotes que j'avais écrites jusque-là ... J'éprouvais un semblant de honte pour ce qui avait été récité.
« Mais ça n'explique pas pourquoi je suis là. C'est vous qui m'avez entrainé dans ce piège ! »
Alors que nous longions un nouveau couloir de souvenirs à bon prix, des gens passèrent à côté de nous sans pour autant remarquer cet extravagant Egyptien.
« Je suis allé dans le couloir d'un tombeau et je me retrouve dans l'univers de Kazuki Takahashi. Expliquez-moi la logique!
_ Tu fais partie de ces personnes choisies qui peuvent franchir le passage entre les mondes. Je soupçonnais ta capacité à le traverser.
_ Choisie pourquoi ?
_ Chaque univers crée est un puzzle gigantesque où il y a une pièce manquante. C'est en cela que les destinés agissent. Ils se doivent de combler le vide de ce monde en résolvant l'Enigme.»
J'allais répliquer quelque chose au moment où ses paroles me venaient droit au cœur. Si je comprenais bien j'étais l'Élue. J'avais enfin quelque chose à prouver, je pouvais être utile ! Même si tout cela me paraissait flou.
« Il est trop tard pour te demander si tu acceptes d'accomplir ton devoir. Tu as déjà interagis avec ce monde, tu ne peux plus faire marche arrière.
_ Mais... Shadi... Je connais l'histoire sur le bout des doigts, or rien ne se passe comme prévu... Est-ce donc de cela que vous me parlez ? Si on résous ... L'Enigme, tout redevient comme avant ? »
Quelle pertinence ma vieille... je crois que personne n'aurait trouvé ça tout seul.
« Mon ami Yûgi... A un esprit dans son puzzle millénaire... Enfin c'est un Pharaon, mais ça j'imagine que vous le savez déjà... Mais il a fait du mal autour de lui, il a tué quelqu'un... Je ne comprends pas pourquoi...
_ Le mystère englobe son personnage ainsi que la personne qu'il occupe. Ce sont eux les clefs de l'Enigme, tu dois les aider à trouver la voie. Car comme toi, le Pharaon et l'enfant on connaissance des évènements à venir, c'est pour cela qu'ils ne prennent pas le même chemin, ils cherchent tout deux à s'en éloigner. Si tu avais eu vent d'un futur malheureux... n'essaierais tu pas de le modifier ?
_ Si... Mais de là à tuer des gens... Juste par curiosité, si jamais je voudrais regagner mon monde, comment devrais-je procéder ?
_ Tu n'aurais qu'à regagner le couloir en ma compagnie. Mais cela t'es impossible étant donné que tu t'es imprégné corps et âmes à ce que tu appelles de la fiction. Le temps que tu passeras ici se décompte autant dans ton monde, tu n'as pas cessé d'exister de l'autre côté.
_ Mais ça va faire un mois que je suis absente ! M'exclamais-je. On doit s'inquiéter pour moi ! »
Shadi cessa de marcher. Je crois l'avoir froissé. Lorsqu'il se retourna, sa balance millénaire penchait légèrement du mauvais côté, le plateau où la plume reposait était légèrement plus léger que le plateau vide. Il tenait à me montrer que j'étais... ténébreuse ou...
« Tu es la première personne de cet âge ayant eu la permission de trouver l'entrée d'un second monde, ton esprit est encore immature. Pense à ta mission et après tu penseras à toi-même.
_ Okay... Fis-je un peu blessé par le mot immature. Combien de temps je dispose ? Car si je dois interroger le Pharaon ça ne devrait pas être une mince affaire.
_ Autant de temps que l'histoire, dont tu as connaissance, dure. Ton rôle ne te permet pas de t'éterniser dans un monde qui n'est pas le tient. »
Je n'ai jamais vraiment sut sur combien d'années s'étendaient l'histoire de Yûgi et ses amis, mais je dirais ... Pas plus de trois ans... Le temps qu'il fasse un tournoi chez Pegasus, ensuite chez Kaiba, ensuite chez Noah, ensuite chez Dartz, encore chez Kaiba, puis dans l'Egypte ancienne... Non je ne savais pas vraiment !
« Il y a une chose que tu ignores Léa. Je ne tiens pas à t'effrayer. Mais ne laisse pas la peur t'envahir après mes propos.
_ Je... D'accord.
_ C'est un privilège pour les personnes destinés d'aller et venir d'un monde à l'autre en tant que connaisseurs, pour modifier le cours des choses, c'est une aventure merveilleuse où ils peuvent entrer en contact avec les héros qui leur ont fait partager leur aventure et sentiments. Mais en cela il y a une condition lourde à porter. Le temps.
_ Oui, je dispose de peu de temps. J'imagine. »
Il laissa un silence. Son regard n'envisageait rien de bon. Je le laissais finir, persuadée que ce que j'allais entendre était plus que terrifiant.
« C'est une bénédiction et une malédiction d'être responsable d'une telle tâche. Les Dieux ont permis à certains mortels de franchir les ténèbres, mais cela durant un temps impartit. Les légendes racontent qu'un sablier sera retourné pour chaque personne destinée qui entrerait dans un second monde. Ton temps s'écoule depuis que tu es sorti du couloir des ombres Léa.
_ Qu'adviendra-t-il si le dernier grain tombe ? Demandais-je la gorge sèche.
_ Que ce soit dans ton monde ou celui-ci... Ton âme et ton corps seront détruit, et ceci ... A jamais. »
[1] Traduction : "Je suis rentrée !"
[2] Traduction : "Allo"
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