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16 | Expulsion

Ashita moshi kimiga kowaretemo

Koko kara nigedasenai

« Moshi-Moshi ? Grommelais-je dans le noir en prenant mon téléphone.

_ Rémi, tu as une idée de ce que ta sœur voulait pour ... enfin tu vois ? »

Encore cet appel ... Dans un mélange de réconfort et de désespoirs je ne pouvais m'empêcher d'écouter la voix des membres de ma famille. Comment pouvais-je les entendre ainsi ? Pourquoi ne m'entendaient-ils pas ? Maman... Je suis là je t'en pris...

« Pas trop... Elle aurait sûrement aimé des chansons de son groupe là... »

De quoi parlait-il ? Rémi, petit frère... Ca fait tellement longtemps que je n'ais pas entendu le son de ta voix. Etais-je entrain de rêver ? Pourquoi ces appels au-delà des ténèbres ?

« Ca sera une belle cérémonie ... »

Je coupais toute communication. Tremblante, prise d'effroi. Ils préparaient mon enterrement... Ils voulaient savoir les chansons que je désirais au moment où les invités si je puis dire, lanceraient de l'eau bénite sur ... le cercueil. Ce n'était pas mon cercueil ! Je n'étais pas morte ! J'étais là ! A moitié mourante je l'avoue ! Mais j'étais bien vivante !

J'étais en sueur, mes jambes engourdies, mon bras gauche comme inutile. Mon oreiller était taché, j'avais encore toussé dans la nuit. Tout cela devait cesser !

Il était cinq heures du matin. Je pris le sachet plastique, d'où un bruit de pièces métalliques s'y entrechoquait. Descendant les escaliers à tâtons, je m'installais dans la cuisine, éparpillant le puzzle sur la table en fer. Craquant mes doigts je soupirais face à ça. Une semaine, une semaine que je n'avais assemblé que trois recoins.

Je m'encourageais en mettant des parodies musicales avec le haut parleur de mon portable, suffisamment haut pour que je puisse entendre, et suffisamment bas pour ne pas déranger le seul habitant de la maisonnée.

« Oh Monsieur Mûto ! Fis-je surprise quand il entra dans la pièce plus tard dans la matinée. »

Il me fit un sourire triste. J'avais l'impression qu'il m'en voulait. Comme si j'étais responsable de l'état de son petit fils. Ce dernier était rentré dormir chez ses parents, j'avais ainsi donc la chambre à moi toute seule, mais je ne me permettais pas de me blottir dans ses draps...

« Des amis archéologues sont intéressés par le puzzle, lâcha Sugoroku. Ils m'en ont proposé un prix très intéressant. »

Je savais qu'il était au courant de la défaillance de l'esprit du pendentif. Yûgi l'avait prié de s'en débarrasser, mais c'est avec insistance que j'ais dut protester à maintes reprises.

« Vous savez ce que j'en pense ... Marmonnais-je en clipsant deux pièces ensembles. »

Il ne répliqua pas. Posant les poireaux sur la table, il s'installa face à moi tandis que je persévérais à assembler cette énigme dorée. Je savais que ce qui s'était passé était ... Etait ignoble. Mais je m'étais promis d'aller jusqu'au bout.

Je n'avais pas revu le garçon depuis... Il était avec sa famille, ne pouvant ainsi rien tenter, ses parents le surveillaient. Aujourd'hui j'avais besoin de sortir. Il fallait que je vois un ami qui allait me changer les idées. 

Au moment où je franchissais la porte de la boutique je tombais nez à nez avec Marik. Et ce n'était guère le moment !

« Ma sœur à vu ce qui s'est passé. M'informa-t-il. Vous ne devez pas délaisser votre rôle pour autant. Ils apprendront mutuellement à se retrouver.

_ Merci Marik. Même si la situation est critique je ne comptais pas abandonner. »

Il m'accorda un sourire chaleureux que j'essayais de lui rendre en vain, bien que ce fusse difficile. L'Egyptien était habillé d'une manière parfaitement normale, en civile il ne tenait sans doute pas à ce faire remarquer. Son sablier à son cou, je ne savais que penser de lui. En fait... Je ne savais pas quoi penser en général.

« Ce que vous avez vu... Etait la partie la plus sombre du Pharaon. Son instinct des ténèbres s'est réveillé, mais il ne faut pas le craindre. Ce n'est qu'une parcelle de son âme, une infime partie en lui qui a peur.

_ Nous avons tous eu peur. Et surtout Yûgi. Je ne veux plus avoir à faire à ça... Grommelais-je. Crois-tu qu'on pourrait canaliser cela comme pour toi... ? Je veux dire... Avec du gros sel quoi ! »

Je faisais allusion à son collier. Ce truc m'a beaucoup marqué. Oui si seulement cela était aussi simple. Ma remarque amusa le jeune homme, mais il s'excusa assurant que cela n'était pas aussi facile.

« Que comptez vous faire ? S'inquiéta-t-il.

_ Reconstruire ce fichu puzzle. Je prendrais le temps qu'il faut... Enfin, avant ma mort. Et après je lui botterais les fesses. Je m'en donnerais à cœur joie.

_ Aucun d'entre nous ne vous laissera mourir. Cela n'est jamais arrivé, vous êtes la plus jeune désigné il est hors de question que vous échouez. Donnez nous le pendentif, on se chargera de le reconstruire.

_ Je ferais ça moi-même, lui fis-je peu convaincue. Et ne vous inquiétez pas... Je ne me permettrais pas d'être la première des Elue à mourir. Sinon c'est la honte. »

Il se courba en signe de respect. Je lui fis un signe de la main, et partit rejoindre le premier bus. J'espère qu'Isis la sœur de Marik n'en avait pas trop vu avec son objet millénaire. La situation à laquelle Yûgi était confronté était terriblement humiliante. Voir cela en manga ce n'était rien, mais y être confronté en vrai...

L'Egyptien nous avait déjà confié la hache, Shadi n'hésitera pas à nous donner la balance et la clef, je pense qu'Isis suivra son frère... Les derniers objets étaient chez la personne vers laquelle je comptais aller... Bakura.

« Salut Ryô !

_ Léa ! Je suis si content ! »

Oui on ne s'était pas vu depuis le bal. Je me courbais en guise de bonjour et il m'imita avec un grand sourire. Il me proposa de m'installer sur le canapé et de poser mes affaires. Je faisais mine d'aller bien et lui demanda ce qu'il faisait de si beau durant ses vacances. Il parlait, je l'écoutais à peine. Il me demanda quelque chose, je répondis oui, sans savoir quoi. Et il revint de sa cuisine avec une canette de RedBull. Il se souvenait que j'aimais ça. Ca me touchait sur le coup.

« Merci... Soufflais-je sans oser l'ouvrir.

_ Raconte moi ce qui ne va pas... Tu es toute pâle... J'ais l'impression aussi que... »

Il effleura de ses grands doigts mon épaule, je le regardais faire sans rien dire. Fasciné par la blancheur de ses cheveux. Je n'aimais pas les garçons aux cheveux longs, mais face à ce visage d'ange je pouvais faire exception.

« Tu ne te nourris plus... Tu es si maigre...

_ Crois le ou non... Je suis presque en dessous des quarante... Avouais-je à moitié surprise. »

J'avalais la boisson sous son regard inquiet, il est vrai qu'en montant sur la balance j'ai faillis faire un malaise. A mon arrivé au Japon je faisais 55 kg et maintenant à peine quarante. C'était terrifiant. 

Le garçon aux cheveux blancs me demanda si je voulais regarder la télévision, j'haussais les épaules pour faire preuve de réaction. La paille qui était dans la canette de boisson énergisante, était imbibée de sang. Cet arrière goût dans ma bouche...Tss, fallait que cela me le fasse même quand je buvais tranquillement. Idiotie de temps qui s'écoule !

Mon ami mit la chaine des dessins animés, il se pelotonna dans une petite couverture tout en se blottissant tout contre moi. Je le toisais avec amusement, il était si mignon. Je lui posais des questions sur sa famille, certaine de ne pas avoir jouée plus que cela ma curieuse. J'avais beau connaitre une partie de son histoire, mais cela n'excusait rien. Je me devais de faire semblant.

Il me contait la moindre branche de son arbre généalogique, insistant bien sur le fait qu'il avait des origines un peu partout dans le monde. Je découvris qu'il avait ainsi un peu de famille pas très loin des côtes Irlandaises ... je savais qu'il était anglophone très indirectement ! J'étais fière de cette découverte !

« Et il y a Amane, ma petite sœur. Fit-il les yeux brillants.

_ Amane ?

_ Elle était comme ma meilleure amie. Jusqu'à que.... Qu'elle ne se fasse faucher par une camionnette... »

Fauché par une camionnette ? Mon Dieu... C'était si ... terrible. Je ne me souvenais pas de ça... Bakura... Pourquoi fallait-il que cela arrive toujours aux bonnes personnes ?

« C'est à cause de ça que mes parents ont déménagés, plusieurs fois... Mon père voulait se vider l'esprit en voyageant, ma mère restait à mes côtés et puis ... Il y a eu l'anneau. Avant d'en avoir été le possesseur j'étais terriblement seul, et il est venu à moi, tel un ami. Je lui dois beaucoup.

_ Même s'il est malveillant ?

_ Même s'il est malveillant oui... Soupira-t-il en calant sa tête contre mon bras. Il a fait de mauvaises choses, mais cet esprit l'a fait pour mon bien... Mes amis qu'il a enfermé dans des figurines c'était aussi pour qu'elle me tienne compagnie... Le justifia-t-il en faisant allusion à cette histoire juste après le Death-T. Il ne se rendait pas compte ... C'était pour moi qu'il commettait tout ça. »

Atem avait tué des brigands pour protéger son double. Il avait commis ses crimes dans le but de le protéger... Tout cela était si similaire.

« Ce jour ci... Quand j'allais à l'école avec Amane... Au moment où nous traversions la route... Il m'a appelé. Je n'avais pas l'anneau, mais je reconnaitrais cette voix entre mille, c'était la sienne. Je me suis arrêté, comme si une force invisible me retenait. Et ... »

Cette union... Ce lien qui unissait deux membres d'un même corps... C'était une attache bien au-delà de tout ce que l'humain pouvait ressentir. Un amour bien plus fort que ceux des jumeaux. Une chose que nulle autre personne ne pouvait comprendre.

« Au moment où je me suis retourné, j'ai sentis ce vent dans mon dos. Un véhicule immense m'avait frôlé, il allait trop vite et ma sœur était sur son chemin...

_ Ryô... Je... C'est trop triste. »

Il me souriait, la main crispé sur son anneau millénaire. L'autre lui l'avait inconsciemment sauvé... Il l'avait empêché de mourir.

« La première chose qu'il a fait... Le premier jour où il a prit possession de mon corps c'était pour... Il a cherché une nuit durant ce gars ... Le conducteur du camion. Il l'a retrouvé, et il l'a tué de sang-froid. Lui rappelant le mal qu'il a commis autour de lui. A moi et à ma famille...

_ Ca ne t'as pas fait peur ? Demandais-je dans un murmure.

_ Je tremblais comme une fillette, minauda-t-il. »

Nous restâmes là, collé l'un à l'autre. Il avait besoin de se confier, c'était réconfortant de savoir qu'il me faisait confiance. Je l'aimais beaucoup. Encore un qui va me manquer, si je réussissais ma mission. En y repensant, réussir causerait la perte de son double, car pour cela j'ai besoins des objets millénaires...

Ryô...

Un générique de dessin animé se mit à chanter à l'écran. Etonnée, je reconnus les graphismes de Pokémon, je souriais face à cet animé. Voilà une chose que les Américains n'auront pas gâchée, notre générique français n'avait rien à envier aux japonais !

« Oh mon Dieu ! Le puzzle ! Fit le garçon effrayé alors que je fis tomber les pièces sur le canapé après avoir entamé entièrement ma canette.

_ On a eu quelques altercations et il est réduit en miette... Poussières.

_ Tu veux que je t'aide à le reconstruire ? J'aime beaucoup ce genre de défis. »

Les jambes croisés en tailleur, nous étions face à face avec notre petit tas d'objet millénaire. Au final ... Il ne ressemblait même plus à une pyramide, je n'étais pas du tout doué pour ce genre de choses. On aurait dit un... Truc en long ... Quelque chose qui n'avait rien à avoir avec ce qu'il était auparavant.

Je frottais mes jambes de mon poing, j'avais des fourmis désagréables dans mes membres inférieurs.

Après une heure, en vain, je criais à l'abandon. Ryô me suivit en rigolant nerveusement. Il s'en voulait de ne pas être plus utile que ça. Je lui rappelais tout de même que seul Yûgi était censé l'avoir reconstruit. Quoique ... Il y en avait sûrement d'autre avant, non ?

Mon estomac me faisait toujours aussi mal. Je serrais des dents pour ne pas montrer la douleur que j'éprouvais. J'avais besoin de changer d'air. Seul mon ami pouvait m'y aider.

« Ryô... ?

_ Hum ? Qu'il y a-t-il ?

_ J'ais comment dire... Envie de faires des folies. »

Il me regarda étonné. Oui j'avais envie de dévaliser une banque, de mettre le feu à une école vide, de tuer des pédophiles, de poursuivre des moutons, de regarder un porno gay de...

« Attends une seconde, me dit-il avec une voix drôlement aigue. »

Il me laissa en plan, partant vers sa chambre. Je me tournais vers l'écran, regardant Pokémon qui continuait à tourner en boucle sur la chaine pour enfant. Les voix Japonaises n'étaient pas... Enfin ce ne sont pas les voix françaises quoi ! Me tournant vers le puzzle qui ne ressemblait toujours pas à une pyramide, j'enclenchais une pièce avec une autre... Ah ça avait l'air de coller...

Bakura ne tarda pas à revenir. Il se tenait appuyé contre le recoin du mur, vêtu d'un vêtement d'après bain rouge foncé. Avec de grands yeux, je comprenais que ce sourire mielleux ne venait pas de mon ami, mais de l'esprit enfermé dans l'anneau.

« Je peux t'aider ? Hésitais-je en regardant ses pieds.

_ Warui Onna... Tu as dit que tu voulais faire des folies, dit-il en jouant avec la ceinture de sa tenue, et bien je suis là. »

D'une main il ouvrit entièrement son peignoir, me dévoilant en intégralité la moindre parcelle de sa peau blanche. Je n'arrivais pas à le regarder droit dans les yeux. Cela m'était tout simplement impossible ! Le voyeurisme était une chose que je ne me serais jamais permise pour Yûgi. Mais là, c'était différent !

« Tu as pris une douche froide ou quoi ? Remarquais-je les yeux rivés vers la friandise.

_ Rofl... Ce corps n'est pas le mien je te signale. Autrement elle a une taille tout à fait convenable. »

J'étouffais un rire face à son air contrarié. Il s'empressa de me rejoindre sur le canapé, faisant la moue les bras croisés. Je m'accroupissais tout près de lui, posant mon menton contre son épaule je lui demandais qu'est-ce qu'il pouvait bien me trouver.

« Tu as quelque choses Warui Onna, j't'aime bien. Et puis... »

Il me poussa doucement, s'étendant de tout son long sur moi, son visage à quelques centimètres du mien. Je déglutis un peu surprise, mais pourtant peu farouche sachant très bien qu'il ne tenterait rien sans mon accord.

« On dit que les française sont plutôt cochonnes...Souriait-il jusqu'aux oreilles. »

Je n'ais jamais entendu pareille bêtise ! Il fallait que je rétorque quelque chose, une réplique. N'importe quoi !

« Et qu'elles ont un caractère bien trempés... Aussi. Suggérais-je. Tu veux faire l'expérience ?

_ Tu es si petite ... Warui Onna. »

Je ne lui ferais jamais peur, mais je ne tenais pas à ce qu'il s'avance plus. Pour le moment. Je me redressais avant qu'il ne pousse un soupir insatisfait. Reprenant les pièces du puzzle, je les rangeais sans un mot. Bakura allongé comme une statue grecque ne se doutait pas, ou se contrefichait que toute son intimité était tout à fait visible.

« Quand je disais faire des folies... Commençais-je.

_ Hum ?

_ J'aurais aimé que tu me donnes deux, trois trucs de voleur. Tu sais chaparder par ci et là... Comme une pro quoi. Hésitais-je. »

Bondissant sur ses pieds, il me décrocha un air ravis. Le garçon m'ordonna de mettre mon manteau. Tandis qu'il partait enfiler quelque chose de saillant, du bout de ma chaussure, je poussais la porte coulissante du placard d'où une casquette atterrissait sur mon visage. Surprise, je pris l'accessoire et le posa sur ma tête, c'était une petite casquette d'hiver toute mignonne.

Mon coéquipier, arriva pour me lancer un sac à mains, je l'attrapais peu habitué par de tels accoutrements féminin et le regarda prendre une boite de papier aluminium.

Après avoir emprunté les escaliers, nous nous dirigeâmes dans le centre ville de Domino. Un grand marché, comme l'on pouvait en trouver dans la ville de Trappes, se trouvait installé sur cette grande place avec cette fameuse horloge. Bakura me guidait, le regard avisé, et ne disait rien jusqu'à que nous tombions face à un stand de fruit et légumes. Trouvant cela plutôt simplet je lui demandais ce qu'il voulait.

« Il y a trois mille ans... Je me nourrissais en pillant les marchands. M'expliqua-t-il. Mais si je voulais réellement payer mon repas ou un lieu où dormir... Je pillais les tombes. Toi on va commencer avec une simple pomme. Montre-moi comment tu te débrouilles. »


« Dix minutes ! T'es à la traîne ! Marmonna-t-il.

_ J'aimerais t'y voir... Soufflais-je le cœur battant remplit d'adrénaline.

_ Montre moi ça. »

Nous étions installés sur un banc au beau milieu d'un centre commercial. Une fontaine moderne laissait couler goulument son eau dans un grand bruit. J'avais envie d'aller aux toilettes. Bakura regarda mon sac, il enleva le papier aluminium qui s'y trouvait au fond avant de le rouler en une boule grossière qu'il jeta sans retenu derrière lui.

L'alu était un moyen simple de contrer les antivols. Trafiquant les ondes destinés à alarmer. Il fallait savoir doser la quantité avec ce que l'on voulait voler. Apparemment je ne m'étais pas trompée.

Il mit donc sur ses genoux mon butin. Une pile de cinq mangas, trois cassettes vidéo, un jeu de Game boy Color, des cartes Magic & Wizards, du saucisson, deux canettes de Cola et un paquet de Dragibus.

« Tu as quand même pensé à nous prendre un goûter... Fit-il en jaugeant la charcuterie. Ce n'est pas peine perdue.

_ Arrête ... J'ai jamais fait ça de ma vie, enfin pas autant... Ne mange pas tout ! »

Il planta de grandes dents blanches dans la nourriture et en arrachant la moitié avec sa mâchoire. Il me le tendit en marmonnant un merci affamé. Je souriais en dégustant ce saucisson japonais qui n'était pas aussi délicieux que ceux qu'on avait chez nous.

J'ouvris le sachet où les petites boules de toutes les couleurs y étaient emmitouflées. Il en lança une qu'il chopa d'un mouvement de tête. Il était habile, c'était énervant ! Je profitais pour enlever le code barre de mon jeu, et retira les étiquettes de mes comics japonais. Je ne pouvais pas cracher sur les cinq premiers tomes de Pokémons... Non ! Je ne pouvais décidemment pas faire semblant de ne pas les avoir vus. On avait pas ça par chez nous !

« Tu n'es pas satisfaite de ton élève ? Lui demandais-je peu sûre de moi. N'oublie pas que je suis un peu infirme.

_ Dis moi Warui Onna... Quand-est ce que tu seras sincère avec moi ? »

Son regard était dur. Il se pencha brusquement dans ma direction, plongeant son regard sombre dans le mien. Je grimaçais devant son insistance. L'avais-je tant tenu à l'écart que ça ? Je savais très bien qu'il me connaissait en tant étrangère. Même Atem l'avait sentit ! Je ne trompais personne, moi pauvre Française exilée au pays du soleil levant.

Le jeune homme s'amusait avec mes boucles d'oreilles, son présent empoisonné, il les faisait bouger du bout des doigts, tandis que je lui faisais un rapide résumé de la situation. Il ne se moqua pas, m'écoutant avec attention. Combien de personnes étaient au courant ? Du moins de mon histoire ? Combien de personnes avais-je entrainés avec moi ?

« Je voudrais que tu cesses de m'appeler Warui Onna aussi...

_ Pourquoi ? Fit-il étonné. C'est affectif.

_ Justement... Si je m'attache... Quand je partirais ...

_ Chut... Dis pas de conneries. Il n'y a pas que toi qui dois partir. N'oublie pas. »

Je soupirais. Oui... Lui aussi se devra de quitter ce monde. Lorsque Ryô confiera l'anneau aux gardiens afin que le Pharaon accomplisse sa dernière tache, l'esprit du voleur s'en irait bien loin de ce monde. C'était injuste... Si seulement je pouvais faire quelque chose...

« Donc je suis ... Un peu ton ami ? S'assura-t-il.»

Cela l'intéressait ? Je ne pouvais pas faire semblant. J'éprouvais de l'attachement à son égard. Je ne pouvais pas faire semblant de ne pas l'aimer. Il avait un bon fond.

« Il est vrai que tu ... Enfin je ne te déteste pas.

_ Ca à l'air de te faire endurer mille tortures de l'avouer ! Ria-t-il en avalant un Dragibus. »

Bakura me proposa un bonbon qu'il tenait entre son pouce et son index. Je m'avançais pour l'attraper avec gourmandise, mes lèvres entrant en contact avec ses doigts. Il se redressa convenablement, et finissait par me dire ce qu'il pensait réellement de mon travail de voleuse.

J'étais ravi d'obtenir de lui une bonne note. M'aidant à tout ranger dans mon sac, il regarda sa Rolex fraichement volée et me proposa de me raccompagner jusqu'à la boutique de Sugoroku. J'acceptais sans grande hésitation.

Dans la rue nous passâmes à côté d'un mendiant. C'est avec stupeur que je le regardais détacher le bijou de son poignet, l'individu écarquilla les yeux face à ce présent et ne savait quoi balbutier.

« Si tu la vends ... Expliqua-t-il à l'inconnu. Descend pas en dessous de 300 000 ¥, sinon tu te fais arnaquer.

_ Trois cent mille ? Répétais-je tout bas alors que nous étions plus bas. Ca fait quoi ? 3000 euros ?

_ Je pensais que c'était les francs chez vous, me rétorqua Bakura un peu surpris. Ce type en avait plus besoin que moi. Et toute façon elle ne m'allait pas ! »

Il était le robin des bois de l'Egypte Ancienne. Ce cher voleur grimpait dans mon estime. Là tout de suite je pardonnais ce dernier d'avoir fait du mal à Atem dans le temps, de toute façon cet imbécile le méritait presque. Avais-je réellement le droit de dire ça ?

Arrivé au coin de la rue, je m'avançais avec peine, boitant un peu, les jambes un peu molles. Bakura pour se fiche de moi, me lança qu'il allait changer mon statue de mauvaise fille, en cabossée. Je lui fis une grimace en guise de réponse.

« Merci encore pour cette après midi Bakura... Fis-je en me penchant solennellement.

_ C'est ça... A plus. »

J'allais ouvrir la porte de la boutique. Je n'avais pas envie de le laisser partir comme ça.

« Bakura ! Attrape ! »

Il se retourna vivement. Je riais idiotement face à ce que je faisais. Mes doigts lui envoyèrent un baiser léger, il répondit à mon geste tout aussi étonné. Sa main se referma sur mon message, Bakura continuant la bêtise jusqu'au bout, il descendit sa poigne vers son entrejambe.

« Imbécile ! Le grondais-je peu convaincante.

_ Non sérieusement ! Je te le rends ! »

Son index sur les lèvres il m'envoya lui aussi son au revoir de façon ridicule, je ne pus m'empêcher de m'esclaffer seule dans mon coin. Aller ... j'étais prête à affronter l'ambiance morbide de la boutique de jeux.

Hélas, passer un bon moment avec Bakura me faisait oublier quelques peu le mauvais moment que je m'apprêtais à passer. Dans le couloir se trouvait Sugoroku Mûto accompagné d'Arthur Hawkins. Dès qu'ils me virent entrer, leur voix s'éteignirent. Leurs présence, ici comme s'ils m'attendaient n'avaient rien de bon... j'avais un mauvais pressentiment.

« Monsieur Mûto... Monsieur Hawkins... Saluais-je poliment. »

Les deux amis face à moi me fixaient, l'américain me tendit une main que je serrais vivement. Je croisais les bras du mieux que je le pouvais, attendant que l'un d'eux ne m'explique cette réunion si soudaine. Sugoroku se racla la gorge et avisa mes sacs, d'où l'un d'eux refermaient le puzzle millénaire. Avalant ma salive, je ne baissai pas le regard.

« Léa-san... Commença Monsieur Mûto peu à l'aise. Je ne tolèrerais plus d'avoir ceci sous mon toit. »

Il avait tendu un doigt en direction de ma besace qui renfermait le pendentif brisé.

« Pas après ce qu'il a fait à mon petit fils... Ajouta-t-il la gorge serré.

_ Je vois... Murmurais-je amère. Que proposez-vous ?

_ Tu ne veux pas t'en séparer... C'est une chose que je comprends tout à fait, s'expliqua-t-il. Mais alors ça ne sera pas ici.

_ Monsieur Hawkins ? Vous êtes là pour... Essayais-je de comprendre me tournant vers l'archéologue.

_ J'ai une maison, non loin du lycée Domino. Me dit-il avec un air se voulant réconfortant. »

La présence d'Hawkins dépendait de ma réponse. Non, je ne me séparerais pas du puzzle. Mais si ça ne tenait qu'à moi, je l'aurais depuis longtemps envoyé dans une mine de charbon, je l'aurais fait fondre, écraser ... Je l'aurais réduis en cendres ! Mais cela n'était pas dans mes droits, ni dans mon objectif. J'avais une mission, qu'importe les obstacles, il était de mon de devoir de surmonter tout cela... Bien que cela puisse paraître difficile.

« Je vais préparer mes affaires... »

Sugoroku avait un visage triste, il semblait vouloir s'excuser. Je le comprenais, il n'avait pas à se faire pardonner. Cette situation lui était insupportable.

Grimpant vivement les marches, je me retenais de pleurer, dégoutée d'en arriver là. Je glissais l'ensemble de mes affaires dans mon sac, que je jetais sur mon épaule gauche. Celle-ci étant inutilisable je ne sentais pas le poids de la lanière contre ma peau. La casquette de Bakura sur la tête... Elle sentait si bon.

Les cartes que j'avais volées, et non achetées, je les posais sur le bureau de Yûgi, j'avais envie de lui écrire un mot... Quelque chose de consolant, mais quoi ? Je me ravissais et attrapais mon classeur à dessin. Le tout sur moi, telle une voyageuse mal organisé, je descendis les marches accompagné d'Hawkins qui m'accompagna dehors jusqu'à sa voiture.

« Ce n'est pas contre toi Léa... Bredouilla Sugoroku.

_ Ne vous en faite pas Monsieur Mûto. »

La vitre teintée du véhicule se referma, masquant mes yeux embués de larmes. Mes bagages à l'arrière, je fixais mon téléphone supprimant la moindre trace de Yaoi concernant les deux garçons. Le vieil homme s'installa à côté de moi, démarrant son véhicule, nous nous éloignons de la boutique de jeu, sans un mot. Il ne me posa aucune questions jusqu'à l'arrivé à sa modeste et secondaire maison.

C'était une bâtisse de taille conséquente, la végétation abondante aux alentours, elle semblait abandonnée depuis des années. Vieille de plusieurs siècles, le toit pointu, elle avait un certain charme, ressemblant à ces petits manoirs hanté où y vivaient de vieilles familles d'aristocrates.

« Tu as beaucoup changé depuis notre première rencontre ma chère Léa. »

Je faisais 39 kg, mes cheveux tombaient devant mes yeux, mes racines foncés se reformaient sous mes mèches blondes. Bientôt je pourrais les attacher. J'avais le visage fatigué, à moitié handicapé, je ressemblais à une de ses personnes en hôpital que l'on caractérisait en phase terminale. C'est à peine si j'arrivais à marcher.

Derrière la porte d'entrée, l'étage était ouvert, certaines cloisons avaient été détruites dégageant un espace chaleureux et sombre dans les tons bordeaux. Je passais ainsi des meubles Muji [1] chez le grand père de Yûgi, à l'héritage complet de la gamme de meuble d'une quelconque famille royale. Un grand fauteuil victorien faisait face à la cheminé d'où le feu crépitait joyeusement. Une petite fille lutait contre le sommeil, les yeux mis clos. Lorsqu'elle me vit, elle se précipita dans ma direction pour me saluer.

Rebecca Hawkins était une enfant de 12 ans dans la version japonaise avec de grands yeux vert, entouré de lunettes. Ses cheveux blonds détachés, elle était très agréable à regarder, j'étais contente de constater sa présence. Je ne serais pas si seule dans une pareille maison.

« Ma petite fille va te montrer ta chambre, tu en auras une grande à toi toute seule avec vue sur la foret derrière. »

Je le remerciais tout bas, et suivit la petite fille qui le visage lumineux me demanda de monter. Le couloir était un musée à lui seul, de nombreuses fresques de différents ethnies et de différente époque étaient accrochés sous verre aux murs de la maison.

Rebecca posa mes affaires sur un lit assez grand pour y installer trois personnes, me demandait si j'avais besoin de quelque chose. Je regardais autour de moi, il y avait un secrétaire en face de la grande fenêtre où je pouvais admirer la végétation extérieur. Tout cela était beau, mais je ne pouvais m'empêcher de me sentir si abattue.

« Merci ça ira, tu es gentille.

_ Tu peux aller où tu veux, je suis souvent dans la bibliothèque si tu me cherches. On mangera dans une heure, je viendrais si tu oublies et sinon... Non je crois que c'est tout... Ah si ! »

Elle repoussa ses lunettes d'un doigt et m'informa au sujet du transport pour aller à l'école. Une voiture m'y amènera en fonction de mon emplois du temps. Je redoutais de recroiser mes amis et surtout Yûgi... Si seulement Miho était encore là...

Me laissant seule, je m'étendis de tout mon long sur le lit, les bras écartés. Fixant le haut plafond, j'inspirais longuement cherchant une solution dans ce lustre majestueux qui éclairait la pièce. Me redressant avec peine, je massais mon bras gauche, mettant toute ma volonté pour le faire bouger. Je n'avais plus aucun muscle dedans, c'était effroyable !

Nostalgique, je pris mon classeur à dessins, et jeta un œil à ce que Yûgi et moi avions inventé. Ses dessins étaient plutôt maladroits, mais je ne pus m'empêcher de les trouver splendides, tellement vivants ! Il y avait mis tout son cœur. Une feuille dépassait, je la saisis des deux doigts et découvrit le fameux croquis, celui représentant les deux garçons...

Une rage soudaine me prit, déchirant mon travail violement. Tout devait partir en fumé, je le réduisais en miette, étouffé par les pleurs que je retenais, le sang remontait dans ma gorge... Je me laissai tomber sur le gros oreiller parmi les milliers de bout de papier. Un regret, une tristesse, une déception et de la douleur, tout cela était bien trop dur à supporter.

Près de mon visage, il restait un morceau de feuille où le mot Aibou était écrit en Kanji... Je soufflais pour le faire partir.


Toutes mes condoléances...

Je suis vraiment désolé pour votre fille.

Je ne la connaissais pas bien mais...

On se souvient d'elle quand...

J'ouvris les yeux dans l'obscurité. Ces voix ... De la famille, des voisins, des amis... Je reniflais nerveusement, voilà que je n'arrivais pas à dormir alors que demain c'était la rentrée. Je retrouverais Honda, Anzu, Jono-uchi et bien sur Yûgi. Mon seul réconfort était peut être de croiser Bakura voir même Kaiba... J'espérais avoir quelqu'un de mon côté ne serait-ce qu'entre deux cours... Je ne voulais pas être seule. J'étais idiote, si idiote...

Sur le secrétaire, face à la fenêtre, le puzzle brillait, je m'asseyais devant lui, les yeux gonflés par la fatigue. Ah t'en as marre d'attendre ? T'aimerais gambader tranquillement à l'air libre Pharaon ? Et bien tu vas devoir attendre que je t'en fiche une ! Et que surtout que j'arrive à me concentrer comme pour résoudre un Rubis 'cube ... Ah oui c'est vrai... Je n'ais jamais réussi à reconstruire la moindre couleur ! C'est bête hein ?

Une pièce cylindrique m'intriguait, je jetais un œil sous le clair de lune, à l'intérieur du puzzle d'où un trou béant me laissait suffisamment de place pour y placer quelque chose. Je fis glisser le morceau à l'intérieur, et entendit un clic encourageant. Il me restait une dizaine à assembler, ça prenait forme.

Il était cinq heures du matin, je me réveillerais dans une heure trente tout au plus. Plus que deux pièces. Je ne respirais plus. Alors c'était donc vrai, c'était dans ces moments où tout semblait perdu qu'une solution se présentait à nous. La solution c'était le puzzle... J'y arrivais.

Clack !

Un silence lourd... Qu'allait-il se passer ? J'attendis dans l'obscurité qu'un quelconque évênement ne se produise. Le puzzle ne scintillait pas, aucun éclair foudroyant ne me traversa le corps, j'étais seule avec le calme pour compagnon. Comme si l'âme d'Atem avait réellement disparue...

« Pharaon... J'ais reconstruis le puzzle... Murmurais-je tout bas. »

Aucune réponse.

« Machin ! »

L'œil scintilla aussitôt, une force violente me poussa de ma chaise, tombant en arrière je me redressais avec peine face à l'image du Pharaon translucide d'où les rayons lunaires passaient aux travers. Je serrais les dents...

Te voilà enfin ... Enfoiré.

Il avait une longue cape déchiré flottant dans son dos, sa peau bronzé contrastait avec la blancheur de ses larmes au coin des yeux, debout il était là présent devant moi, Léa Châtel.

« Tu ne renies pas ton rôle d'Elue... Léa-chan. »

Il me proposa une main dans ma direction, je tendis mes doigts vers les siens. Un contact, et il sera mon partenaire. Un contact et il deviendra ma seconde entité... Mon autre moi.

Désormais je serais son hôte... Pour le meilleur et pour le pire... Bien que je ne me sentais pas prête à lui accorder le moindre pardon.

[1] Muji : l'équivalent de nos Ikea, mais au Japon (car oui; ce qui existe chez toi, existera au Japon mais sous une autre forme)

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