04 | Yami
Le visage tourné dans ma direction, une main touchant le sol, son petit corps endormis, recroquevillé sous sa couverture, il respirait doucement la bouche légèrement entrouverte. Je souriais, ce garçon s'appelle Yûgi Mûto, et je ne sais toujours pas comment je me suis retrouvée là à le contempler en pleine nuit, assise sur ce futon qu'il m'a si gentiment proposé. Il semble que je sois sa première amie, bien que je ne devrais pas être là, car ici ce n'est pas mon monde, c'est le sien, l'univers de Yu-Gi-Oh ! moi j'appartiens au monde réel, pas celui de la fiction, et un jour il faudra que je parte ... Si j'en ai le courage...
« Tu ne dors pas ? Me fit le garçonnet qui avait ouvert les yeux.»
Je soupirais en guise de réponse et reforma mon oreiller de mes deux mains. Le vasistas laissait apparaitre la lune dans ce ciel d'encre. Il est 2h du matin. Non je ne dormais pas.
« Tu penses à ta grand-mère ? Ojii-San m'a raconté. Ça doit être difficile... »
Oui, tout était basé sur ma grand-mère, ce voyage qu'elle m'avait promis quand j'étais petite, puis le revirement de situation, tout avait basculé si vite. Je me demandais si Hawkins avait tout raconté à Sugoroku, ce qui m'étonnerais, par conséquent Yûgi n'était pas en connaissance de ce qui m'était arrivé.
« J'ai perdu ma grand-mère tu sais... Mais au sens propre du terme. Si je la retrouve... Je... »
Si je la retrouve, je partirais. Je n'eus pas le courage de terminer ma phrase, cela m'attristais au plus haut point de savoir qu'un jour tout allait se terminer. Yûgi qui s'était mis au bord du lit me tendis une main, son petit doigts tendu, m'invitant à faire de même.
« Je te promets de t'aider à la retrouver. Mais en attendant tu fais partie de la famille Léa. Me dit-il en serrant mon auriculaire. Léa-chan...
_ Yûgi-Kun. Soufflais-je en retrouvant le sourire.
_ Demain... Murmura-t-il en fermant les yeux. On ira ensemble à l'école... Et quand je rev... »
Il s'était assoupi d'un coup. Son visage innocent n'inspirait pas la moindre crainte et il n'avait pas lâché ma main. Je ne tardais pas à trouver le sommeil non plus. Cet enfant avait le don de rassurer les gens. Presque une semaine que j'étais ici ... Déjà je l'avais adopté entant qu'ami. Un véritable ami.
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« Oups... Lâcha le petit Yûgi en ouvrant le réfrigérateur. »
Je grommelais seule dans le corridor, j'avais un mal de ventre inimaginable, en faisant une belle comparaison, je donnais l'air d'être constipé. Mon visage raidi pas la souffrance, je me tenais l'estomac à deux bras. Sois c'était le stress de la « rentrée » qui était demain, et oui j'allais enfiler l'uniforme du lycée de Domino City, sois c'était un préoccupant souci mensuel, ou alors ...
« Ojii-San t'as fait son curry au poulet ? Me demanda Yûgi en enfilant ses baskets.
_ Euh oui. C'était bon. Décrétais-je.
_ Tu n'aurais pas... mal au ventre ? »
On se regarda tous deux, sans dire un mot, on se comprit sur le champ. Le curry de Sugoroku avait la réputation d'être considéré comme nocif. C'est en rigolant que nous sortions sous un soleil resplendissant. Yûgi avait amené son puzzle dans son sac, il avait hâte de le finir. Je ne cache pas qu'un tel événement m'attirait à un point inimaginable, mais je préférais ne pas le dire.
L'air était frais, le climat d'Avril beaucoup plus supportable ici qu'en France. Le ciel était vraiment bleu, et moi qui croyais que la pollution japonaise l'aurait rendu gris.
« J'en ai jamais fait, me dit Yûgi les yeux brillants lorsque nous tombâmes sur nez à nez avec une planche à roulettes.
_ Monte dessus, je vais te pousser. »
La vie était si simple avec lui. En empruntant les ruelles pour ne pas tomber nez à nez avec n'importe qui, on s'amusait à rire de tout, je lui tenais la main tandis qu'il restait en équilibre sur la planche. Il paraissait tout content, et c'est ainsi que nous prenions notre temps à parler. Tous les jours je l'accompagnais à l'école, bientôt ça sera en tant qu'élève officielle.
« Il ne m'a même pas attaqué tu vois ? Je n'ai perdu mes points qu'en un seul coup. Je suis vraiment nul si tu savais...
_ Je suis sûr que non, ce garçon doit avoir un point faible. Il s'appelle comment ?
_ Ryô Bakura. Mais tout le monde l'appelle Bakura. »
Je le lâchais lorsque nous arrivâmes à hauteur de son lycée. Je regardais ma montre, j'allais passer la journée avec Bakura, j'avais tout simplement hâte. Ces deux derniers jours il visitait Tokyo avec ses parents, nous n'avions pas eu l'occasion de nous revoir entre temps. Le point de rendez-vous était ici au lycée. A 9h. Etant donné que Yûgi n'avait pas cours de rattrapage, je n'aurais qu'à attendre moins d'une demi-heure.
J'attendais l'arrivé de mon nouvel ami, en observant les élèves qui passaient. Contre le muret blanc du campus, je me faisais un petit test de connaissance en les regardant un à un. Je vis Anzu accompagné de deux filles, une dont je ne connaissais pas le nom et l'autre qui avait les cheveux violets clairs. Miho Nosaka je crois...
« Nyeh ! Un oral d'anglais je sais même plus dire comment me présenter.
_ Il faudra déjà que tu te souviennes de ton propre nom. »
Ah, Joey et Tristan, enfin plutôt Jonouchi et Honda. Honda avait son brassard du comité de nettoyage de l'école, il semblait le porter avec fierté. Jonouchi lui les mains dans les poches baillait à s'en décrocher la mâchoire, traînait les pieds comme à son habitude.
Puis tout redevint calme, dans quelques minutes Bakura viendrait. Je ne sais pas ce qu'on allait faire. Il aimait bien le shopping, nous n'avions pas encore fait le grand centre commercial de Domino City, le deuxième plus grand bâtiment de la ville après la Kaiba Corporation.
En parlant de Kaiba, la ''humble'' limousine venait de se garer. Son orgueil se faisait sentir de là où je me tenais, il n'avait même pas besoin d'être présent pour nous faire comprendre qu'il était riche, il dégageait à distance quelque chose de puissant. Lorsqu'il sortit du véhicule comme tous les matins où je le croisais à peine quelque secondes, il avait toujours cette démarche souple, sauf que là ...
« Monsieur Kaiba ? Tout va bien ? S'écria aussitôt un moustachu en sortant du véhicule au moment où Seto avait trébuché se retrouver à genoux non loin de moi.
_ Je n'ai pas besoin d'aide ! Cracha-t-il. TOI ! »
Je regardais derrière moi, persuadée que je ne pouvais pas être la personne à qui il pouvait accorder un soupçon de salive. Il n'y avait personne... Il m'adressait donc vraiment la parole.
« Tu as un problème ?! S'exclama-t-il aussitôt remarquant mon rire étouffé.
_ Aucun. Souriais-je en croisant les bras presque bidonné devant un Seto venant de se vautrer. »
Il épousseta son uniforme et le dos bien droit partit à grande enjambé. Le majordome ou le chauffard n'insista pas et s'en alla à toute vitesse avec son véhicule. Drôle de spectacle, concluais-je toute seule. Ce n'est pas dans le manga que l'on aurait pu voir ça, j'ai eu tout le loisir de savourer ce moment.
Mon attention se porta sur une boite, de petite taille qui semblait être tombée. Elle devait lui appartenir, je m'en saisis sans regarder ce que cela pouvait être et passa une tête derrière la grille du lycée pour apercevoir Kaiba, il était déjà loin. Je ne vis que sa silhouette de dos, peut être que...
« Kaiba tu as oublié ce... Hein ? »
Cette coloration pour cheveux ? C'était sûrement une erreur, cela ne pouvait appartenir à Kaiba, pourquoi aurait-il besoin de se teindre les cheveux ? Je revins à mon point de départ pour étudier cette teinture sous tous les angles. Donc c'était pour homme, cheveux mi- long, jusque-là cela correspondait à notre cher Kaiba.
« Baujoure ! Lança Bakura dans un mauvais français tout prêt de mon oreille.
_ Bwah ! Sursautais-je oubliant la coloration. Bonjour Bakura. Tu parles en français maintenant ?
_ Pour notre quatrième sortie j'avais envie d'être le plus français possible. Kommant va tou ?
_ Hé ? »
Je m'esclaffais toute seule, c'était ignoble la façon dont il parlait dans ma langue maternelle, ignoble mais plutôt hilarant. C'est là que je remarquais sa tenue, il portait un béret rouge, une chemise noire et un pantalon en toile. Il essayait d'être français, je trouvais cette attention vraiment très mignonne, bien que très clichée.
« Bon j'abandonne, s'avoua-t-il vaincu en baissant la tête. Je peux au moins te dire bonjour comment vous le faites chez vous?
_ Nous on se fait la bise. Souriais-je sûre de ne pas dire de bêtises de ce côté-là.
_ La bise ? Demanda-t-il le teint écarlate. C'est assez gênant.
_ Bah pourquoi ? Nous on fait ça tous les jours. Ce n'est pas un petit bisou qui va nous faire de mal. Décrétais-je.
_ Si c'est comme ça, alors d'accord. »
Je déglutis à l'instant même où il déposa un baiser timide sur ma bouche. Mes lèvres soudainement violée par cet intrus, je ne pus m'empêcher de saliver telle la jeune pucelle que je suis. Pourquoi avoir fait ça ?
Nous restâmes face à face, idiotement, embarrassés certes, et moi encore plus. Ryô Bakura m'a embrassé, et cela n'était pas un rêve, c'était bien réel. Le garçon me regardait intrigué pendant mon moment d'absentéisme total.
« Qu'est-ce que tu tiens dans la mains ?
_ Ah euh, tressaillis-je revenant à des pensées plus saines, c'est de la teinture pour cheveux... Je crois.
_ Et tu as les cheveux verts ? S'étonna-t-il en annotant une référence indescriptible sur la boite.
_ Pas que je sache, répondis-je en levant les yeux. Pourquoi ?
_ C'est marqué ici, me montra-t-il. Pour personne ayant le cuir chevelu vert.
_ Et ça existe beaucoup les gens qui ont les cheveux verts de naissance ? Questionnais-je en trouvant cela bizarre et en m'imaginant Kaiba avec les cheveux d'une telle couleur.
_ J'ai bien les cheveux blancs, me lança Bakura en haussant les épaules. »
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Le centre commercial de Domino City s'élevait sur plus d'une trentaine d'étages, comprenez bien que les Galeries Lafayette me semblaient dérisoire comparé à ça. Chaque étage ayant son propre thème, et c'est comme un couple, Bakura et moi, bras dessus, bras dessous, que nous arpentions le moindre niveau de ce bâtiment gigantesque. Nous avions trouvé un système très drôle de se faire remarquer en acceptant de porter les vêtements que nous confiais les vendeuses pour faire de la publicité à leur magasin. Et bien entendu on ne choisissait pas les habits les plus discrets.
« C'est la première fois que je te vois les cheveux attachés, m'extasiais-je habillé comme une poupée et savourant une sucette plus grosse que ma tête.
_ C'est la première fois que je te vois habillé comme une fille, me dit-il en rigolant. J'aime mes vêtements, ça fait très...
_ Masculin. Ce que tu n'es clairement pas. Le cassais-je en tirant la langue.»
Il me menaça d'un ton joyeux et se mit à me poursuivre pour me chatouiller. Avec des chaussures compensées je ne mis pas longtemps à m'enfuir et je me rendis sans prendre la peine de me mettre à genoux. Nous nous excusâmes mutuellement, suivis d'un éclat de rire joyeux.
Bakura dans la série, ou le manga, n'a jamais été le personnage que j'appréciais le plus. Je ne sais pas pour quelle raison d'ailleurs. Mais l'avoir là en vrai, parler avec lui me prouvait que j'avais tort depuis le début. Il avait ce côté si protecteur, cette façon qu'il avait de vous prendre par les épaules, ce sourire franc qui redonne confiance en soi, bref j'aimais tellement sa compagnie.
« On s'assoit là ? Me demanda-t-il en montrant un café intérieur situé au dernier étage sous une immense verrière. »
Je me laissai tomber de tout mon poids dans ce canapé en rotin, et déposa tous mes sacs ainsi que les siens à mes pieds. L'avantage de faire de la promotion de grandes marques Japonaise, est que finalement tu puisses aussi repartir avec les vêtements sans t'ennuyer à les payer. Je déteste le shopping en France, je le recommandais pourtant au Japon.
« Tu t'es remise de ta défaite ? Maintenant que j'y pense...
_ Ne m'en parle, bouillonnais-je repensant à l'humiliante façon dont il m'avait battu. Après tout ce n'est qu'un jeu de carte pour gosses...
_ C'est là que tu fais erreur, m'assura-t-il en s'asseyant tout près de moi, Magic And Wizards est destiné à devenir le jeu le plus exploité du monde entier, crois-moi.
_ Je n'en doute pas... Mais je ne comprends pas justement pourquoi c'est devenu une manière de vivre ce truc... Comme si le monde dépendait de ça. C'est absurde, concluais-je.
_ Peut-être que le monde en dépend vraiment... Murmura-t-il. »
Un serveur vint prendre notre commande avant de nous demander de quel coin nous venions. Je trouvais cette question complètement indiscrète mais voyant Bakura y répondre je jugeais inutile de jouer ma muette.
« Oh vous êtes donc en vacances. Désolé, nous nous interdisons de donner à boire à des élèves sur leur temps scolaire, mais puisque vous êtes étrangers... »
Bah tiens, ça c'est nouveau. Nous en France il n'était pas rare de sécher une petite heure de philosophie pour déguster une petite bière au bar le plus proche. La jeunesse n'est pas un exemple à suivre, je l'admets, et pourtant j'étais la première à le faire.
« Donc... Commençais-je en fixant mon voisin. Tu es bien né avec les cheveux blancs, hum ?
_ Encore cette histoire de cheveux ? Soupira-t-il. Oui j'ai les cheveux blancs naturellement, ça vient de ma mère je crois... D'ailleurs si je vais au lycée à Domino je vais surement me les couper et me les t...
_ Non mais tu es fou, l'interrompis-je outrée. Ne te coupe pas tes cheveux ! On dirait une colombe ! »
Okay... Là je passais pour quelque chose que je ne voulais pas. Une colombe... J'étais allée chercher ça où ? Le petit Bakura avec les cheveux courts ? Ca non ! Maintenant à cause de moi un silence gênant s'était installé, j'espère qu'il ne pense pas au baiser de ce matin. Il pourrait croire que finalement j'ai abusé de sa naïveté alors que c'est juste lui qui a mal comprit. Je ne veux pas que ça arrive, ce genre de filles c'est très mal vu, et surtout au Japon.
« Mais oui ! Me souvenais-je brusquement des images de la vraie première saison de Yu-Gi-Oh !. C'est Kaiba ! C'est lui qui a les cheveux verts naturellement ! C'est pour ça qu'il a cette boite de teinture qui coûte la peau du c...
_ Kaiba ? Le gérant de la Kaiba Corporation ? M'interrogea Bakura.
_ Oui ! Oh mon Dieu ! J'ai découvert le secret de Seto Kaiba, il a les cheveux verts ! Tu te rends compte Bakura ? Je suis sûr qu'il en honte ! Je peux utiliser cette info contre lui, l'humilier à ma guise, m'extasiais-je.
_ Maintenant j'ai peur d'être ton ami, s'inquiéta le jeune homme en craignant pour ses cheveux.
_ Toi ce n'est pas pareil, le rassurais-je. »
Je riais intérieurement, me voyant telle une dominatrice sur mon trône, le grand Kaiba à mes pieds, me suppliant de ne pas révéler ses troublants secrets.
Me tirant de ma rêverie, Bakura me prit le poignet délicatement pour regarder l'heure, et soupira d'aise en voyant le temps qu'il nous restait avant de retourner là où nous nous étions retrouvés. A peine 1h de l'après-midi, je crois même que nous avions oublié de déjeuner. L'attitude que Bakura et moi adoptions semblait attirer l'œil de plus d'une personne. Ce n'était pas comme si nous étions collés l'un à l'autre, mais nous étions proches, entant qu'ami. Vis-à-vis de ça les japonais étaient stricts. Je ne suis pas sûr que l'on puisse embrasser son partenaire en public enfin... ce n'est pas comme si je voulais que Bakura m'embrase, même si cela était déjà arrivé mais...
Pensées, pensées, éloignez-vous de mon esprit.
« J'aime quand on s'embrasse.
_ Hein ? Reculais-je brusquement.
_ J'ai dit j'aime quand on se prélasse. On se retrouve avec un ami, on discute, on partage. Ce sont des moments parfaits pour moi.
_ Ah oui ! Fis-je ayant eu une sueur froide. Moi aussi je... Ça ne va pas ? »
Bakura avait soudainement baissé la tête, ses mains étaient crispés sur ses jambes, il serrait les dents comme s'il avait mal, ou qu'il semblait vouloir se retenir de pleurer. Sans prendre conscience des conséquences, je posais mes mains sur les siennes. D'une voix timide je lui demandais ce qu'il avait.
« Je... C'est si dur à dire. Je voudrais t'avouer quelque chose comme tu es mon amie. Mais j'ai peur que tu... Ca me hante depuis des années... Je ne sais plus...
_ Du calme. Tu peux tout me dire, tu le sais. Soufflais-je en lui caressant le dos de la main. »
Au moment où je regardais autour de nous, je remarquai à l'instant même ce grand gaillard qui se tenait debout derrière notre fauteuil. Il portait l'uniforme bleu du lycée Domino, des sourcils froncés ressemblant à deux grosses chenilles velues et un regard sévère.
Je le reconnu aussitôt. Ushio, un sois disant membre d'un comité moraliste. Je n'aimais pas ce type, dans le manga il avait fait du mal à Yûgi, et sa présence ici ne me rassurait guère.
« Bonjour Mesdemoiselles. Dit-il d'un air se voulant sympathique. Votre après-midi se passe bien ? »
Bakura revint à lui, et je pense au moment même où il entendit le mot « demoiselles ». Je me levais en croisant les bras pour m'adresser directement à lui.
« C'ETAIT très bien. Qu'est-ce que vous nous voulez ?
_ Je m'appelle Ushio, je me charge de faire respecter la morale dans l'établissement où j'étudie. J'ai appris que tu y seras demain, à High School Domino. Je tenais à te souhaiter la bienvenue le premier.
_ C'est gentil de votre part, mais nous devions y aller. Tu viens Bakura ?
_ Euh oui. »
Il prit nos sac de vêtements et nous nous éloignâmes d'Ushio aussi vite que possible. Les kanjis 道徳 signifiant Morale, contrastaient fierement sur son brassard d'un orange vif. J'étais persuadée qu'il se croyait au dessus des lois.
« Attendez, j'avais une autre question à ton sujet Châtel-San. Tu es une amie à Mûto je me trompe ? »
Je me raidis sur le champ. Me retournant pour lui faire face, je lui demandai sur un ton dédaigneux où il voulait en venir.
« Je le sais, parce que je vous ais venu ce matin tous les deux. M'informa-t-il. Mais je ne voulais pas te parler de ça. Savais-tu que des jeunes au lycée... L'ennuyaient ?
_ Qui ça ?
_ Katsuya Jonouchi et Honda Hiroto. Peu importe passons. Je leur ai fait comprendre que cela ne leur rapporterais rien et... »
J'avais serré la main de Bakura, cela s'était passé dans la semaine, comme dans le Manga. Yûgi voulait construire son puzzle, et Jonouchi est venu lui voler une pièce, c'est alors que Ushio a eu vent de la situation et s'est chargé sois disant de porter protection à Yûgi. Contre de l'argent.
« Même pas un petit merci ? S'étonna-t-il.
_ Yûgi n'avait rien à craindre de ces gars-là. Je paris que tu les as bien tabassés...
_ T'es pas si bête que ça. Affirma-t-il rentrant ses grosses mains dans ses poches. En effet, il fallait qu'ils comprennent que ce qu'ils faisaient n'était pas bien. Maintenant Yûgi à une dette envers moi... Mais le connaissant... Il n'aura pas assez d'argent pour me payer. »
Il ne compte pas lui soutirer de l'argent ? Le scénario avait complètement changé. Bakura me murmura à l'oreille qu'il ne comprenait pas tout. Je lui chuchotai que je l'en informerais après.
« C'est pour ça que je suis venue te voir. Toi tu pourras bien faire un petit geste commercial pour ton ami. Vous sembliez si proche...
_ Quoi que tu veuilles en échanges Ushio, tu ne l'auras pas. Car ce que tu fais est mal. Tu profites de la faiblesse et de la naïveté de Yûgi pour faire de lui ce que tu veux. Alors tu sais quoi ? Crève !
_ Je peux tout aussi bien m'occuper du travesti que tu te trimbales, ria-t-il en désignant Bakura.
_ Alors va falloir me passer le corps Ushio ! M'exclamais-je le cœur battant m'interposant entre lui et le jeune homme. »
Le moraliste continua à me fixer sans détourner le regard, pas une fois je ne baissais les yeux et pourtant ces longues secondes me semblaient durer une éternité. Il finit par lâcher prise en s'éloignant, mettant une petite tape sur la joue de mon ami, ce qui ne fit qu'augmenter ma rage de plus belle.
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Nous étions arrivés devant le lycée Domino avec une bonne heure d'avance. J'en profitais pour demander à Bakura ce qu'il voulait me dire précédemment. Il semblait vouloir cracher le morceau mais s'abstint au dernier moment, tant pis. Je le saurais bien assez tôt.
« Je repars chez moi demain. »
Finalement je ne le saurais jamais. Flûte. Je fis une grimace pour montrer ma peine. Oui j'étais triste de le quitter, mais je sais que nos chemins se recroiseront, du moins si je ne suis pas rentré avant. Tant pis, mon monde attendra, je suis prête à attendre Bakura avant de rejoindre les miens. Sa nouvelle chemise était mal arrangée, je passai ma main pour réajuster le col, au moment où je le sentis. Le collier millénaire.
« Oh ça. Souriait-t-il en le sortant subitement de dessous sa chemise. Mon père me l'a rapporté quand il est revenu d'Egypte. Je le trouve fascinant.
_ Il y a de quoi, confirmais-je touchant l'objet faisant attention. Mais il est maléfique. Tu ne devrais pas le porter tu sais... »
Je ne lui faisais pas part de mes doutes vis-à-vis de cette histoire de reliques Egyptiennes car sinon j'allais réécrire totalement le manga de monsieur Takahashi. L'histoire se terminait bien, il valait mieux la laisser telle quelle.
Bakura s'excusa, en m'informant de l'heure, il devait déjà être chez lui pour faire sa valise. En fausse japonaise, je m'abaissai afin de lui dire au revoir. Il protesta m'affirmant qu'il était français aujourd'hui, j'allais dire quelque chose pour empêcher que cela ne se reproduise deux fois, mais trop tard. Ce baiser fut plus long, on ne pouvait dire si cela était un au revoir amical ou autre.
« Merci d'avoir voulu me protéger tout à l'heure.
_ Ahem, c'est tout naturel, fis-je rouge comme une tomate. »
Je le regardais s'éloigner et regarda autour de moi le temps que Yûgi ne vienne. Je jetais un œil dans la cour et vit Kaiba qui, porte document dans la main, s'avança dans ma direction, ou plutôt vers la sortie. Il s'arrêta à ma hauteur, et me lança un regard sans vie. Du moins si c'était un mort il aurait eu ce même regard froid. Quelle beauté ce type.
« Kaiba, attends ! Lui lançais alors qu'il avait le dos tourné. »
Il s'arrêta s'en prendre la peine de me regarder. Je sortis de ma sacoche ce qui devait être normalement sa plus grande terreur. Sa coloration pour cheveux.
« Tu as oublié ça ce matin. Je t'ai attendu exprès. Dis-je essayant de ne pas rire. »
Il semblait révulsé par cette simple boite, à croire que je n'avais pas tort. Il avait honte de ses cheveux verts et les teintaient en brun pour ne pas avoir l'air ridicule. Pauvre garçon riche.
« Tss ce n'est pas à moi. Dégage de mon chemin sale étrangère!»
Quoi ? Le beau Kaiba était raciste ? Je ne sais pas ce qui me retenait de lui lancer cette boite en pleine face. Je reculais laissant place à sa majesté et jeta un regard vers le lycée. J'eus un hoquet de terreur en voyant Yûgi qui parlait avec Ushio, plantés comme deux imbéciles au beau milieu de la cour. Personnes ne remarquaient rien ? Tant pis, je n'avais certainement pas le droit de rentrer, mais je le fis quand même. Ushio ne tardait pas à voir cette infraction justement, il s'était aussitôt retourné vers moi.
« Léa-chan ! S'exclama Yûgi comme s'il était heureux ou soulagé de me voir. Je ne pensais pas que tu viendrais si tôt, je suis en avance.
_ Bah comme tu vois Yûgi-Kun, fis-je me forçant à sourire devant lui bien que mal à l'aise face à Ushio. Qu'est-ce que tu lui voulais, toi, le chargé de moralité ?
_ Ushio-Sama voulait juste s'excuser auprès de moi. M'affirma Yûgi. »
Je dévisageais ce grand gars du plus mauvais regard que je pouvais. Il ne parut pas plus impressionné et s'éclipsa. Je ne l'aimais pas ce mec. Yûgi semblait tout content que je sois là. Il disait qu'Ushio était un chic type, mais je ne pouvais penser que le contraire. Il m'avait tout de même menacé de s'en prendre à Bakura, je ne peux pas l'oublier ça.
« Et cet oral d'anglais Yûgi ?
_ Comment tu sais que j'avais un oral ? Me fit le garçon étonné.
_ Jonouchi, dans ta classe. Il l'a dit alors qu'il allait en cours.
_ Comment sais-tu que Jonouchi est dans ma classe ? Insista-t-il. »
On venait de tourner dans la ruelle que l'on avait empruntée ce matin. Il faisait bon, un petit vent peu désagréable s'engouffrait dans l'allée minuscule des maisonnettes de seconde classe. Au moment où j'allais lui sortir une excuse bidon, un adolescent surgit d'un recoin pour se mettre au milieu de l'allée. Nous passons à côté de lui, peu rassurés, et là encore un autre gars s'avança vers nous, et un troisième se trouvait sur le muret d'une des maisons. Nous observant, les trois gaillards souriaient. Je me mordis la lèvre inférieure et pris le bras de Yûgi persuadée que cela n'était pas sans rapport avec Ushio.
« C'est bien eux, lâcha celui assis un peu plus en hauteur. Le gamin aux cheveux tricolores et la gonzesse lesbienne. »
Génial. Le mot lesbienne était une définition de moi-même, bien que je ne le fusse pas. C'était à cause de mes cheveux aussi... C'est toujours comme ça, les gens font des raccourcis.
« Bah alors les mômes ? Tonna un quatrième gars venant de nul part. Quand Ushio dit quelque chose, faut pas lui répondre comme ça. Enfin j'parle pas de toi gamin, mais plutôt d'elle. Léa Châtel hum ? »
Il s'approcha de moi, et fit signe à un de ses collègues de venir. Le premier à nous avoir barré la route se posta près de Yûgi et le retira de ma poigne en l'agrippant par le col de son uniforme.
« Laissez le tranquille ! M'écriais-je.
_ T'inquiète pas pour ça, Léa-chan... Susurra-t-il. Il va juste l'immobiliser pendant qu'on s'occupe de toi.»
L'inconnu mit son bras autour du cou de Yûgi qui se débattait en vain. Celui qui était près de moi, se mit à me regarder de long en large, je n'avais jamais ressentis cette sensation de danger. Je ne pensais pas trouver ce genre de chose ici, à Domino City. Ils étaient tous les quatre, m'encerclant. L'un tenant Yûgi, l'autre, toujours sur son muret, un sourire malsain au coin des lèvres, le troisième gars qui n'avait pas parlé me toisait en se craquant les doigts.
« Regarde gamin. Si tu ne donnes pas ce que tu dois à Ushio voilà ce qu'il risque d'arriver à ta petite amie, en deux fois pire... Annonça le quatrième semblant être le leader avant de s'adresser à moi, désolé, je ne frappe pas les filles en général, mais mon pote qui parle pas beaucoup, si. »
Au moment où j'allais regarder mon assaillant, un violent coup se porta à ma joue droite, me faisant faire un tour sur moi-même avant que je ne perde l'équilibre. Je ne devais pas rester à terre ... J'allais me relever, mais un pied puis un autre s'abattit dans mes côtes, puis dans l'estomac. Pour la première fois de ma vie, je sentis l'amer goût du sang dans ma bouche.
« Arrêtez !!!! J'vous en prie, STOOP ! Hurla Yûgi en se débattant pour rien. »
Le leader, me prit par ma chemise couverte de sang, la chemise que m'avait acheté Bakura plus tôt. Il me souleva à sa hauteur, d'une force inimaginable. Et moi qui pensais perdre des kilos, il n'avait pas l'air de s'en soucier. Je ne touchais plus le sol, mes bras pendaient lamentablement.
« Ah oui je disais quoi déjà ? Jamais une fille ? On peut bien faire une exception pour toi. Regarde gamin. Un dernier pour la fin, ce soir avec le fric au lycée, sans fautes ! »
Son genoux s'enfonça dans mon ventre, me faisant comprendre que j'avais atteint les limites du supportable. Le premier garçon relâcha Yûgi, horrifié, qui se traîna vers moi. Tout était flous, je ne vis que les quatre silhouettes s'éloigner, au loin. Je sentis des mains me mettre sur le dos, l'une d'elle toucha mon front, et des grosses larmes tombaient sur mon visage.
« Je suis tellement désolé. Pleurait Yûgi en m'essuyant mes lèvres imbibées de sang. J'aurais dût te le dire, tout ça ne serait pas arrivé. Je m'en veux tellement Léa-Chan. C'est Ushio. Il m'avait fait promettre de rien dire...
_ T'inquiète... Murmurais-je les yeux clos. J'ai jamais eu autant d'adrénaline de ma vie, essayais-je de rigoler réalisant que cela était vrai.
_ Je voudrais aller chercher de l'aide... mais je ne peux pas te laisser là... Je suis si idiot. »
Il avait l'air de s'en vouloir, c'était adorable. Une telle violence, une telle douleur me rappelait que je ne rêvais pas. Je n'arrivais pas à bouger les bras.
« Yûgi, j'ai mon téléphone dans mon sac. Compose le numéro de ton Papy si tu veux.
_ Oui ! Bonne idée ! »
Il semblait hésiter à trouver mon portable dans mon sac, bon il est vrai qu'en 1996 les téléphone portable étaient difficilement fait pour entrer dans une petite sacoche comme la mienne. J'oubliais qu'à cette époque le tactile n'étaient pas très courant non plus. Je lui indiquais à haute voix où appuyer, il ne faisait que s'excuser en balbutiant qu'il avait fait une bêtise, qu'il s'était trompé. Ca me faisait sourire.
« Ojii-Sama ? C'est moi Yûgi. Tu peux venir nous prendre... On a eu... Oui, attends on est dans la ruelle de ... Bien... »
Je ne sentais plus la douleur, la fatigue m'envahissait. Je sombrais dans les ténèbres.
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Je m'étais éveillé sur les coups de 10 heures du soir, Yûgi était resté contre le canapé où l'on m'avait installé. Son puzzle presque terminé trainant sur le sol. Apparemment ils n'avaient pas pu me porter jusque-là haut, je les comprenais que trop peu. Je m'étirais et me ravissait au moment où mes côtes me lançaient. C'était brûlant, j'étais totalement crispée, refusant le moindre geste. Bon mon bras droit était en état de marche, après de tels coups je pensais que j'allais mourir, c'est sûrement exagérée, mais ce n'était pas en France que je me faisais taper comme ça. Voir pas du tout.
« Hum ? Tu as besoin de quelque chose ? Me demanda Yûgi qui s'éveillait dans un bâillement attendrissant.
_ Que tu ailles dans ton lit surtout, lui dis-je, faut qu'on soit en forme pour demain, expliquais-je en me rappelant à l'instant que c'était aussi ma rentrée.
_ Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, bredouilla-t-il tout bas.
_ À cause d'Ushio ? C'est lui qui te fait peur ?
_ Il m'avait menacé de s'en prendre à toi ! Je ne pensais pas qu'il le ferait ! S'exclama-t-il. Je ne veux pas qu'il t'arrive encore quelque chose. Je resterais ici pour veiller sur toi si tu veux.
_ Non Yûgi. Tu sais, c'est bien plus que du racket ça. Et on ne peut pas se laisser faire comme ça. Même si on dit que d'aller demander de l'aide ça nous enfonceras plus, je ne pense pas qu'on puisse tomber plus bas. Quitte à aller voir la police, j'irais voir la police. Bon, ajoutais-je. Tu devrais aller dormir. Et demain on y va ! Ne m'abandonne pas pour mon premier jour d'école. »
Il acquiesça, pas très rassuré, et je tendis une main avec peine pour lui pincer gentiment la joue. Oui, demain, j'irais mettre un coup dans l'entrejambe d'Ushio, avec mes béquilles s'il le faut. A petit pas, j'entendis mon ami monter les marches de la boutique afin de regagner sa chambre. Il avait emporté son puzzle. J'agrippais l'interrupteur à ma portée et coupa toute lumière afin de tenter de dormir un peu...
Ce qui se révéla impossible.
BOUM.
Il était presque minuit. J'ouvris les yeux, persuadée d'avoir entendu un bruit sourd venant de l'étage. Fixant la pénombre, j'attendis patiemment un second bruit prouvant que je n'avais pas rêvé. Il y eu un silence, puis des craquements légers dans l'escalier. Répétitifs, ce n'était donc pas le bois des marches qui faisait ça, quelqu'un grimpait ou descendait les escaliers.
Me laissant glisser vers le sol, sans prêter attention à la douleur qui me sciait les côtes, je pris la vieille béquille que l'on m'avait prêtée, prête à m'en servir d'arme après l'avoir utilisé pour marcher. Une petite personne me passa juste sous le nez, comme un fantôme. Je frissonnais, on aurait dit que cette personne ne m'avait pas remarqué. La lumière de la cuisine s'alluma aussitôt, et je vis la silhouette de Yûgi de dos. Soupirant de soulagement j'allais lui demander ce qu'il faisait à cette heure. Mais il attrapa le téléphone mural d'une main et composa le numéro de quelqu'un à une vitesse affolante.
« Ushio-Sama ? Yûgi à l'appareil. »
Cette voix... Ce n'était... Plus grave, plus posé, plus mature.
« Comme convenu oui [...] Oui ... »
Je restais là, contre l'encadrement de la porte. Admirant cette personne qui me tournait le dos. Non, ce n'était pas Yûgi. Même si son apparence était similaire.
« L'argent est avec moi. Le double précisément... Cependant j'impose une condition [...] Amène tes potes ce soir [...] Oui, ceux qui s'en s'ont pris à... Léa. Telle est ma condition. »
Entendre mon nom d'un tel personnage me fit trembler. Mais quelque chose n'allait pas. Il était censé donner l'argent à Ushio, pourquoi ses acolytes se doivent d'être présents eux aussi ? Il ne voulait pas tous se les faire, si ?
Il raccrocha dans un dernier Mata Atode [1], et continua à me tourner le dos pour faire courir ses doigts sur les différents tiroirs de la pièce. Il en ouvrit et s'apprêta à prendre quelque chose lorsque je l'interpellai :
« Tu n'es pas Yûgi... »
Il releva la tête, sans se tourner vers moi. Je percevais pourtant ce sourire, le sourire des ténèbres. Le Yûgi des ombres, ou plutôt le Pharaon, je le rencontrais enfin.
« Alors dis-moi qui je suis. Léa-chan. »
Il ne doit pas savoir qui il est vraiment, je ne pense pas être en mesure de le lui dévoiler. Sinon j'allais changer l'avenir de Domino City, rien qu'en prononçant un simple nom... Atem.
« L'esprit contenu dans le puzzle... Le puzzle millénaire, articulais-je.
_ Tu sembles bien informé, m'avoua-t-il en se retournant pour plonger son regard améthyste dans le mien. Cependant, le temps m'est compté, bientôt nos chemins se croiseront de nouveau. Tu devrais te reposer. Léa-chan. »
Il prenait une pause à chaque fois qu'il mentionnait mon nom. Comme si celui lui semblait difficile de le dire. Je voulais savoir ce qu'il comptait faire, au moment où celui-ci plongea sa main dans la commode pour en retirer une dague aiguisée. Il la constata dans un sourire pervers, la soupesa, puis attrapant la veste de Yûgi où il y rangea le couteau dans la poche intérieure. Devant ce spectacle je ne bougeais pas, cela me paraissait si improbable. Au moment où il passa devant moi, j'attrapais son bras maigre sans penser à la douleur qui resurgissait et lui demanda où il comptait aller comme ça.
« Quelqu'un réclame son dût. Je m'en voudrais de le faire attendre. Me dit-il en me montrant la liasse de billets.
_ Et le couteau ? C'est aussi à lui ? Fis-je indigné.
_ Voyons. C'est seulement si les choses tournaient mal. Se moqua-t-il. »
Il remarquait bien que je n'en croyais pas un mot. Ce canif n'était pas anodin, et lui il était un être des ombres, et je n'osais pas imaginer ce qu'il en ferait. Je le relâchais, il allait me dire quelque chose. L'autre Yûgi prit un air sévère, et d'une main toucha la blessure que j'avais au visage. Dans un chuchotement il me récita ses paroles comme pour rassurer un enfant.
« Le garçon qui m'a prêté son corps est dévasté par ce qui t'es arrivé. Léa-Chan. En tant que locataire, si je puis dire, je ne peux pas faire comme si rien ne s'était passé. »
J'étais figé devant ce qui était Yûgi il y a seulement quelques heures, mais là il était totalement différent, il était devenu le Pharaon sans nom, un être perdu cherchant sa voie. Je n'avais pas à m'en faire, ce n'était pas quelqu'un de mauvais. Ce couteau n'existait pas.
Il se dirigea vers la porte d'entrée, lorsqu'il l'ouvrit, il me jeta un dernier regard, un instant j'ai cru apercevoir cet œil sur son front mais ce ne fut qu'une simple illusion.
« Je me dois de réparer ça. Ils vont tous payer. »
[1] Traduction: "À tout à l'heure"
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