Toute la misère du monde venait de tomber sur mes épaules. Je me retrouvais là, assise sur un gros caillou faisant le double de ma taille. Comment ai-je pu monter ? Pas la moindre idée, mes préoccupations ne se tournaient pas vers ma spectaculaire escalade d'un quelconque rocher. J'avais désormais envie de crier sur le monde entier, de secouer la moindre personne pour m'expliquer ce qui se passait. Qu'est ce qui ne tournait pas rond aujourd'hui ?

La vallée des rois m'apparaissait désormais comme un lieu maudit, un lieu où chacune de mes ombres semblait vouloir m'étrangler. Lorsque j'avais rejoint notre bus, comme convenu, je ne reconnaissais aucun des passagers qui y grimpaient, le conducteur s'était brusquement changé en un asiatique aux dents de lapin. Ce matin encore c'était une femme. Je ne tournais pas rond et grand-mère n'était pas venue me retrouver comme prévu...

Le soleil qui tapait sur ma courte chevelure n'allait faire qu'aggraver la situation, j'avais besoin d'un peu d'ombre, et je n'irais en aucun cas me réfugier dans une tombe. La boutique de souvenir était le meilleur endroit.

Je fouillais ma sacoche à la recherche de mon téléphone, il fallait bien que j'appelle Mamy, pour savoir où avait-elle décampé. Dans l'empressement, je fis tomber mon paquet de cartes. Tiens ? Je pensais l'avoir laissé à l'hôtel.

« Oh, oh, oh, Duel Monster. »

Au moment où je m'abaissais pour récupérer mon dût, un vieil homme fin comme un brin d'herbe, se pencha lui aussi pour m'y aider. Il portait une tenue d'archéologue presque exagéré. A cet âge ca ne devait pas jouer les Indiana Jones mais plutôt rester à boire sa soupe, pensais-je. Il avait un nœud papillon, et un sourire sympathique se dessina sous sa moustache. Ok, sois c'était un papy gâteau, ou alors un vieux pervers.

« Merci... Euh thank you, balbutiais-je en reprenant mes cartes.

_ Mais de rien chère demoiselle, fit-il sans une once d'accent. Alors comme ça même les touristes français jouent aux duels de monstres ? »

Ebahis par ce vieux qui connaissait un jeu de carte pour gosse, je mis un temps avant de lui répondre que oui.

« Ma petite fille y joue aussi, et je peux vous dire que c'est une sacré championne. Rajouta-t-il en me montrant la photo d'une gamine d'à peine 10 ans avec des cheveux blond attaché en deux couettes. Oh il en reste une ! »

Gloups, j'avais laissé tomber mon Sliffer. Lorsqu'il l'a ramassa son expression sucré s'effaça pour laisser place à un visage effrayé.

« Mais c'est ... »

La situation me paraissait absurde, un vieillard qui joue aux cartes Yu-Gi-Oh ! de mieux en mieux. Voilà qu'il venait de voir l'une de mes cartes rares, il allait maintenant nous faire une attaque !

« Je peux la reprendre ? Merc...

_ That's impossible... Osiris the sky dragon ...»

Il avait décidé de ne pas me la rendre, c'est pas vrai ça ! Et en plus c'était un Américain. Vu l'accent et la tenue d'aventurier ca ne pouvait être que ça. Je me voyais mal échanger avec quelqu'un ayant un accent texan.

« Je vous l'échange, me lança-t-il brusquement.

_ Ah nan ! Vu le prix qu'elle m'a coûté ! Rétorquais-je en tendant la main.

_ Vous l'avez acheté ? Demanda-t-il suspicieux en me redonnant mon Sliffer tel un bon gentleman.

_ Ouep, avec les deux autres.

_ Les deux autres ? S'écria-t-il virant au blanc.

_ Sur Ebay.

_ Pardon ? »

Je lui confirmais mes propos en lui sortant mes deux autres Dieu, Obelisk et Râ. Il passa une main dans ses cheveux gris, et se pencha pour les examiner de plus près. Il fit une moue dubitative et me lança :

« Vous ne l'avez pas acheté à un Ghoul j'espère ? »

Un quoi ? Ca y est je perdais la tête, je pensais avoir mal compris jusqu'à qu'il emploie un autre mot m'étant plus que familier.

« Les pilleurs de l'ombres ... Ils font de fausses cartes. »

J'avais l'impression d'être tombé dans une mauvaise fanfiction là. Cet homme, il semblait un peu trop en savoir sur les cartes, et ces pilleurs de l'ombre ... On aurait dit une mise en scène pour me faire croire que ... Non c'était vraiment idiot.

Je me rappelais à l'instant que j'avais laissé le seul moyen de joindre ma grand-mère, mon téléphone, à l'intérieur du couloir maudit. Prise de panique je l'avais laissé tomber. Bravo, je n'avais plus qu'à y retourner.

Je faussai compagnie à cet Américain, et retourna le cœur battant dans les alentours de la tombe de Ramsès. Un groupe venait d'y entrer, s'il m'arrivait encore une catastrophe ils ne seront pas très loin. Je m'approchais du corridor toujours aussi barricadé, et avec soulagement mon portable était là, à quelques centimètres de l'entrée du couloir. Je devais tout de même passer une main au travers des barreaux ce qui ne m'enchantait guère.

« What are you doing ? »

Je roulais des yeux, et constata en effet que le vieux m'avait suivis. Dépoussiérant mes genoux, je me relevais en même temps, et lui montra mon portable « my phone ! ».

« Cet endroit est maudit je vous préviens. Les hiéroglyphes le disent, regardez.

_ J'ai une tête à savoir décrypter ça ? Rétorquais-je. Et puis maudit ou pas j'y suis quand même entré et ressortis sans la moindre momie maléfique à mes trousses.

_ Comment av.. Vous êtes une bien étrange personne.

_ Et vous un vieux collant. Laissez-moi appeler ma grand-mère pour que je puisse m'en aller. »

Il ne protesta et resta en retrait sans pour autant trop s'éloigner. J'allais dans les contacts, et désigna «Mamy Jeanne». Les tonalités se firent longues, et là une voix neutre m'annonça quelque chose qui me fit froid dans le dos.

« Le numéro que vous avez demandé, n'est pas attribué, ve... »

Comment ça pas attribué ? J'ai réussi mainte et mainte fois à l'appeler sur ce numéro sans avoir le droit au moindre problème. Je réessayais en vain, sans le moindre résultat. Je n'avais plus qu'une solution, contacter l'hôtel où on venait à peine de s'installer. Le prospectus se trouvait dans ma sacoche, je rangeais le tout, glissa la publicité Tuya Louxor entre mes dents, pris mon portable, tout cela en marchant vers la boutique de souvenirs. L'ancien me suivait toujours, les mains dans le dos.

La peur me prit. L'hôtel stipulait n'avoir jamais réservé de chambre au nom de Châtel, notre nom de famille. C'est comme si ma grand-mère et moi n'y avons jamais mis les pieds, comme si je n'étais jamais partis en voyage... Quelque chose s'est déréglée, et cela juste après que je...

« Mademoiselle, si vous voulez de l'argent je vous donnerais tout ce que vous voulez, laissez-moi voir les cartes des divinités Egyptiennes.

_ Oh bon ! J'ai perdu ma grand-mère et vous voulez en plus me soutirer mes cartes ? »

Il parut désolé et baissa les yeux sans cesser de rester dans mon dos. Je m'assis sur une chaise en plastique et en soupirant lui montra les trois cartes.

« Just to watch ! Précisais-je de mon plus mauvais accent. »

Je regardais autour de moi, durant que Monsieur dont je ne connaissais même pas le nom s'extasiait devant chaque recoins de ces fichus Dieux en cartons. Bah quoi ? Ce n'est pas comme si je les avais payés une centaine d'euros. A peine 20 euros les trois. La rareté n'est plus ce qu'elle était !

« Je ne me suis pas présenté, lâcha-t-il alors que je commençais à piquer du nez. Arthur Hawkins, ancien archéologue, tenez voici vos cartes.

_ Merci, et désolé d'être de si mauvaise humeur. Je m'appelle Léa Châtel. Lycéenne.

_ Que vous arrive-t-il ?

_ Et bien ... »

Bonjour, je suis entré dans un tunnel tout noir, y'a eu un gros rugissement et depuis que j'en suis sortis j'ai l'impression d'être dans une autre dimension.

« Ma grand-mère à disparue... Je n'arrive à joindre personne, je ne sais pas comment faire. »

Il resta silencieux, un silence que je prenais pour de l'empathie. Soudain je vis quelque chose scintiller dans une mallette qu'il tenait entre ses pieds. C'était recouvert par du tissus.

« Et vous ? Que faites-vous en Egypte, du tourisme aussi ? Demandais-je ne cessant de regarder ce truc qui brillait.

_ Je voulais faire ... estimer un objet pour un ami qui n'a pu se déplacer. »

C'est là qu'il le sortit. La boite dorée qui renfermait une chose dont je n'aurais jamais cru avoir l'occasion de voir. Il y avait un œil Oujda sur la face avant de la boite, en relief sur des vieilles inscriptions Egyptiennes. J'avais déjà vu cette boite quelque part, et ce n'était pas n'importe où.

« Elle date d'environs 1000 ans avant jésus christ, récitais-je presque hypnotisé par cette merveille. Et on peut y lire un truc genre : ''Celui qui se lit à nous aura le savoir et le pouvoir obscur''. Vous ne l'aurez pas acheté sur Internet vous non plus ? Demandais-je avec une voix amère.

_ Surement pas ! Cet objet est tout à fait authentique. Grincha-t-il avec une once de stupéfaction. Les archéologues qui l'ont trouvé sont tous mort de façon mystérieuse. Il provenait de ce tombeau, celui où tu es allée.

_ Alors ça veut dire que je vais mourir moi aussi ? Mouais... Ricanais-je.

_ Vous êtes vraiment une étrange personne, si tu vous prétendez être sortie de ce tombeau sans le moindre problème alors pourquoi tremblez-vous autant des mains ? »

Je sursautais, mes mains ... Oui, j'avais peur. Une angoisse profonde m'habitait, et ceci depuis que j'avais traversé ce couloir. Je voyais des trucs vraiment étranges. Ma grand-mère qui disparait, l'impossibilité de la joindre, cet Egyptien qui avait la même tête qu'un personnage de fiction, autrement dit Shadi et ... Mais oui ! Tous ces éléments se rejoignent pour former une situation absurde : Shadi, sa croix Ankh, le vieux qui se prosterne presque devant mes cartes, et maintenant voilà que j'ais face à moi la boite qui contient le puzzle millénaire.

Je me penchais en arrière, la tête appuyé contre la vitrine du magasin, j'étirais mes jambes, mes mains sur la chaise je me mis à rire de la situation. Je devenais folle.

« Alors vous osez vouloir m'échanger mes cartes de divinités Egyptienne contre une vieille boite doré ? Savez-vous que c'est ... complètement idiot de penser que je tomberais dans le panneau ?

_ C'est bien plus qu'une boite dorée. Elle contient une énigme.

_ Oui, oui, un puzzle, je connais l'histoire Monsieur Hawkins.»

Je me levais d'un bond. Regarda un instant mes cartes et me demandait si tout cela avait un sens. Si vraiment quelque chose avait changé depuis que j'avais franchis les portes des ténèbres. Arthur Hawkins, qui était-il ? Etait-ce vraiment cet homme qui ... Non, ça virerait complètement au délire. Pourtant il y avait bien Shadi...

« Vous ne connaitriez pas un homme ... Qui se prénomme ... Son nom est Mûto ?

_ Sugoroku Mûto, si bien sûr !

_ Il tient un magasin de jeu ?

_ Oui. »

La conversation virait à la folie. J'étais vraiment en train de rêver, ou cauchemarder. Moi Léa Châtel, en Egypte, dans l'univers du manga de Kazuki Takahashi, en présence du meilleur ami du grand père de ... Mais oui ! Yûgi Mûto ! Je l'avais oublié celui-là. Si je suis dans leur univers, ça veut dire que j'ai un moyen de le rencontrer. Allez ma vieille, c'est le moment de montrer que tu n'es pas en STG [1] pour rien, fait ta commerciale !

« Je vous propose un marché. Vous m'amenez voir Monsieur Mûto, et vous m'aidez à retrouver ma grand-mère. Enfin. Non, j'ais bravé l'interdit, j'suis rentrée dans la tombe maudite, si jamais je meurs vous prenez les cartes, compris ? Mais si par le plus grand des miracles y'a pas de malédiction et que je suis bien dans un pure délire ou les duels de cartes sont une mode pas possible, alors je vous donnerais tout de même les cartes, tant que je trouve un moyen de regagner mon monde ... »

Il me regarda d'un air étrange. Moi non plus je ne comprenais pas tout ce que j'avais débité.

« Si j'ai bien compris vous chercher un moyen de revenir en arrière n'est-ce pas ? Mais croyez-vous que faire une escale au Japon soit la meilleure des choses pour ... comme vous dites regagner votre monde ?

_ Peu importe, toute façon vous aurez ce que je vous ai promis. Les Dieux. Et pour vous montrer que je ne raconte pas d'histoire, je vous en confie une maintenant. La deuxième arrivera une fois que l'on aura un indice sur comment je peux remédier à cela, et la troisième ... Juste avant que je ne parte. Mais avant toute chose dites-moi en quelle année nous sommes.

_ Vous êtes perdue à ce point ? Nous sommes en 1996. »

Bon dieu, j'avais même fait un bond dans le passé, c'était complètement dingue, je suis sensé avoir à peine 3 ans à cette époque-là ! Mais rien qu'à l'idée qu'il puisse accepter mon marché me faisait complètement oublier que j'étais vraiment dans la merde jusqu'au cou.

« Merci bien. Voici l'Obelisk, 100% vraie dans ce monde. Alors vous acceptez ?

_ Marché conclu ! »

☥

« Monsieur Hawkins, lançais-je après un long moment de silence, sans vouloir vous manquer de respect... Vous ne trouvez pas que ... Vous acceptez la situation un peu trop facilement ? »

Prêt à tout pour obtenir les cartes divines, je n'étais tout de même pas sûre que cet ancien archéologue soit crédule au point de croire tout ce que je lui avais dit. Même moi au centre de cette machination, je n'y arrivais pas à m'imaginer que tout cela soit vrai.

On avait aussitôt quitté l'Egypte, et cela par un modeste trajet en première classe au sein d'un avion privé. Ce fut la première fois que je voyageais par un tel moyen de transport, car croyez-le ou non, ma grand-mère était suffisamment radine pour nous faire faire le trajet dans un bus. Je ne sais même pas comment j'ais put tenir aussi longtemps dans ce véhicule.

« Vous savez Léa ... Je suis passionné des vieilles légendes Egyptiennes, qu'une personne telle que vous arrive à passer une barrière obscure ...

_ C'est complètement absurde vous voulez dire ! Le coupais-je.

_ Ce qui est absurde c'est votre volonté de vouloir venir au Japon. Pour trouver un moyen de retourner chez vous, la solution la plus simple aurait été de rester en Egypte. »

Je fis la moue. Oui il n'avait pas tord. Mais je voulais absolument venir à Domino City. Je tenais à découvrir cette ville de mes propres yeux, et surtout rencontrer les habitants.

« Dans mon ... monde, commençais-je. J'ai rencontré un homme, puis après avoir franchi le couloir, je l'ais de nouveau vu, expliquais-je en pensant à Shadi. Je connais un peu son histoire, je sais qu'il saura quelque chose à ce propos. C'est lui qui ... Il m'a presque poussé à aller dans ce tunnel à la con ! Oups pardon.

_ Poursuivez, m'encouragea-t-il avec un sourire sans prendre attention à mon juron.

_ Bien qu'il habite en Egypte, je sais qu'il ne tardera pas à venir au Japon. Je pourrais vous dire exactement quand, me remémorais-je en pensant au Manga de Yu-Gi-Oh !. Il sera introuvable dans son pays, je le sais ... »

Nous étions à l'arrière d'un taxi. Je ne parlais pas trop à voix haute. Hawkins écoutait la moindre de mes paroles sans les critiquer. Il semblait me croire d'une façon si ... Ca me soulageait qu'un peu. Je pouvais lui faire confiance. Ou alors faisais-t-il semblant pour obtenir les cartes. Si ça se trouve il serait prêt à m'empoisonner pour faire croire à la malédiction!

« Quand Sugoroku et moi, avions découvert que le Duel Monster était joué au temps de l'Egypte Ancienne, nous n'en avions pas cru nos yeux. Tellement l'idée nous semblait honteuse, nous n'en avions parlé à personne. C'est en cela que je te comprends. Ce n'est pas si fou que ça quand on y réfléchit bien ...

_ Je trouve que si et ... Oh ! »

Je plaquais mes mains, contre la vitre, et tourna le levier pour l'abaisser. Le panneau de Domino City surplombait l'Autoroute. Ca y est ! Enfin j'y étais ! C'était une grande ville remplis de hauts immeubles gris et blanc, au loin j'apercevais même une grande tour vitrée, la fameuse Kaiba Corporation, la société de jeu, autrefois spécialisé en armes de guerre. C'était incroyable !

La végétation se fit plus présente, nous arrivions à hauteur des lotissements, des maisonnettes datant d'une bonne dizaine d'années se reflétaient sur toute l'immense allée Japonaise. Tout était si propre, si parfait. Peu après nous arrivions à l'endroit désirée. La boutique de Sugoroku Mûto. Games.

Hawkins me poussa à entrer la première le temps que ce dernier n'appelle sa petite fille. Je scrutais la façade de l'échoppe d'un oeil attendris, apeuré à l'idée de découvrir ce que j'imaginais réellement.

« Ahem ... Konnichiwa ?! Tonnais-je d'une voix rauque une fois à l'intérieur du minuscule magasin. »

A ma grande surprise le comptoir se trouvait sur le côté droit de la pièce. Divers posters recouvraient les murs, et les nombreuses étagères vitrées montraient des jeux auquel je jouais étant petite. Un petit retour en arrière, cela me rendit nostalgique et me fit sourire.

Hawkins n'en finissait pas, j'étais donc seule. Je me demande encore qu'elle serait ma réaction face au grand-père de Yûgi. Arthur Hawkins n'était pas un personnage si important de la série animé, et je ne crois pas qu'il apparaissait dans le manga c'est pour dire ! Mais Sugoroku Mûto, merde, ce n'était pas n'importe qui !

« BONJOUR ! Je peux vous aider ? »

Je fis un tour sur moi-même en sursautant. Les 22 heures d'avions, plus le décalage horaire ne me réussissaient pas. Avec chance, j'avais réussi à me rendre présentable pour cette rencontre, maquillage, les vêtements offerts par Monsieur Hawkins, l'homme à tout faire quoi.

Sugoroku était vraiment comme je l'imaginais. Même salopette, même cheveux gris en pics, avec ce bandeau dans les cheveux, plus petit que moi, si bien que je devais me pencher. Et il avait de grands yeux, de grands yeux ... Très grand yeux globuleux mauves ...

« Je ... J'aimerais que ...

_ Oh vous n'êtes pas d'ici vous. Ria-t-il en allant derrière son comptoir trop grand pour lui. D'où venez-vous jeune fille ? »

Il croisa les bras sans cesser de me regarder. Il n'avait pas du tout la tête d'un japonais.

« France ! Je suis française ! M'exclamais-je vraiment perturbé.»

J'osais m'approcher. Un petit réveil en forme de Pikachu, oui, oui un Pikachu, indiquait 18h. Les fuseaux horaires faisaient que le Japon et l'Egypte avait 9h de décalage. C'était assez déstabilisant, cela voulait dire que le petit Yûgi avait terminé l'école et qu'il était là, pas loin en tout cas. Mon coeur palpita soudainement à cette idée.

« Sugoroku ! Mon ami ! S'exclama une voix qui n'était autre que celle de l'Américain.

_ Ah Arthur ! Fit le grand-père Mûto. »

Les deux camarades se serrèrent dans les bras l'un de l'autre. J'écoutais qu'à moitié ce qu'ils se disaient : cela faisait quatre mois qu'ils ne s'étaient plus vu, l'autre s'excusa de ne pas avoir trouvé un bon acheteur pour le puzzle et...

« Je ne t'ais pas présenté ? La petite Léa. »

Il m'attira vers lui comme si j'étais un objet de valeur, et me présenta de la tête au pied. Que j'étais en Egypte en même temps que lui, que j'avais sût donner à son grand étonnement une date pour la boite dorée, que j'avais perdu ma grand-mère (il n'était pas obligé de le préciser), et que je n'avais nulle part où aller.

POur résumé, je me sentais comme une SDF qu'il fallait caser de toute urgence sous un toit. Je ne savais comment le remercier.

« Et admire moi ça ! Fit Hawkins d'un air satisfait en lui montrant la carte de l'Obelisk.

_ Bonté divine ! S'exclama Mûto en écarquillant les yeux. Mais c'est ...

_ Et oui. Et elle appartenait à la jeune fille.

_ Vraiment ? »

Arthur Hawkins que j'avais maintenant envie de traiter de traitre, m'enfonça encore plus en précisant que j'étais en possession des deux autres cartes de Dieux Egyptiens.

« Alors tu es une grande joueuse de Magic And Wizards ? Me demanda-t-il. »

Ca y est, j'avais eu le droit aux trois versions du jeu de cartes Yu-Gi-Oh !. Chez nous on appelait ça Duel de Monstres, les anglais Duel Monsters, et ici Magic et Wizards. Je n'allais vraiment pas m'en sortir. Surtout que brusquement je semblais comprendre le japonais. C'était de la folie !

☥

Nous étions assis dans une petite cuisine, il était presque 19h. J'ai eu le droit de regarder les cartes que Monsieur Mûto possédait. En tant que fan de Yu-Gi-Oh ! c'était un cadeau tombé du ciel, c'était les cartes officielles que jouaient Yûgi durant le long de la série animé.

« Il ne devrait plus tarder. Chantonna Sugoroku en mijotant un petit plat de nouilles bizarres.

_ Qui donc ? Demanda Hawkins.

_ Mon petit-fils bien sûr ! Il va être ravi de rencontrer Léa, assura-t-il tandis que je m'étranglais. Je lui ai dit de venir, il va être content de pouvoir partager sa passion pour les cartes. Il devrait avoir ton âge, non ? Quel âge as-tu ?

_ Euh moi ? 18 ans.

_ Ou presque. Ah tiens, le voilà, fit-il en se précipitant dans le couloir. »

Sugoroku disparu soudainement, aussi rapidement que mon coeur se serra. Je ne pouvais pas imaginer le sentiment qui allait m'envahir au moment où je serais confronté à la réalité. On parlait bien de Yûgi Mutô ! Le garçons aux cheveux étranges et... Oh mon dieu ! Et si je me tapais un fou rire ?

« Bon... Bonjour. »

Irrk ! Il était brusquement apparu à côté de moi. Je me levais d'un bond et lui serrait la main, comme si c'était une idole face à moi. Erreur ! Les japonais ne sert que très rarement la main à une personne, ça pourrait paraître impoli, c'est pour cela que je me penchais aussitôt en avant.

Sa coupe de cheveux faisait qu'il était plus grand que moi, la honte. Il avait des grands yeux violet aussi, un sourire vraiment chou, il ne portait pas la veste de son uniforme scolaire, seulement la chemise et le pantalon bleu. Etrange... Je ne ressentais pas le malaise que je pouvais avoir quand je croisais le regard d'un cosplayeur. Tout son personne me paraissait... Normal.

« Adorable ... Murmurais-je en français en le contemplant.

_ Pardon ? »

Tais-toi bon Dieu ! Je dis n'importe quoi. Il était vraiment trognon, on avait envie de le serrer dans les bras.

« Yûgi, voici Léa. Elle vient d'arriver au Japon. Et tu sais quoi? Elle joue aussi à Magic And Wizards. D'ailleurs Arthur ? Tu sais où elle va dormir ? »

Le petit adolescent, prit place à côté de moi, et baissa la tête timidement. Il ne me jeta pas un regard. J'en déduisais que j'étais intimidante. Je lui fis un signe de main, pour le tirer de sa rêverie et il leva enfin sa tête. Je décidais de m'aventurer sur un terrain qu'il connaissait bien.

« Psst, dis-moi. Ta carte préféré, c'est bien le Magicien des Ténèbres non ? Ou le Dark Magician. »

Il sourit enfin. Et fit oui de la tête. Vraiment adorable. Il allait dire quelque chose lorsque soudainement son grand-père nous interpella tous les deux.

« Yûgi, ça ne te dérange pas si tu prêtes ta chambre à Léa ? Elle peut dormir ici le temps qu'elle voudra. Tu dormiras sur un futon, hein ?

_ Oui Ojii-chan! »

M'adressant un clin d'oeil complice, je ressentis une vague de chaleur qui m'enveloppa la poitrine. Se tournant vers son grand père, il demanda :

« Dit, avant de manger je peux montrer des trucs à Léa ? Lança-t-il brusquement épargné de sa timidité en nous regardant tout deux. »

Il opina de la tête, et le petit Yûgi me prit par le poignet très délicatement pour me diriger vers sa chambre. Je refusais de le croire, j'allais dormir dans la chambre de Yûgi ? C'était si génial que j'en avais les larmes aux yeux !

La pièce était minuscule, et remplis d'un tas de jouets de cette décennie et la précédente. Il ouvrit un placard, et en sortis un matelas tout fin, et une fine couverture. L'ensemble semblait plus grand que lui, je l'aidais à porter le tout. Il poussa tout ce qui gênait sur le sol du bout de son pied, et posa le futon à même le sol.

« C'est ... vraiment gentil de ta part. Minaudais-je le cœur battant face à ce petit personnage. Tu sais je vais dormir sur ce truc, ce n'est pas à toi de te ... sacrifier. Après tout c'est moi qui dérange non ?

_ Tu ne me dérange pas du tout Léa-San ! Au contraire. Murmura-t-il en baissant la tête d'un air triste. Je vais pouvoir enfin jouer avec quelqu'un.

_ Merci petit Yûgi. Souriais-je en osant poser une main sur son épaule. Mais j'insiste pour dormir sur ce futon ! »

Il eut un petit rire rayonnant, et nous l'installâmes tous les deux pour ma première nuit à Domino City. Pendant cet instant j'oubliais complètement pourquoi j'étais venu ...

[1] STG : Section technologique au lycée après la seconde générale. Sciences et Technologies de la Gestion. Aujourd'hui appelé STMG (ouais on rajoute Management maintenant).