2. 15 ans...
Ce texte n'a pas été écrit dans le cadre d'un concours. C'est juste un commentaire qui m'a donné envie de l'écrire...
Alors, je le dédis à l'écrivaine de ce commentaire, à qui je dois énormément.
Texte participant au concours de Lauwern
Le thème était 4 ans.
Il n'y avait pas de barème.
Explication: Vous lirez ici, le texte d'origine avec la véritable date. Le texte pour le concours a été modifié pour convenir au thème. La date est donc 4 ans et non 15.
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Cela fait 15 ans que tu nous as quittés...
15 ans où j'ai dû apprendre à vivre sans toi...
15 ans où j'ai dû apprendre à m'ouvrir à nouveau...
15 ans où j'ai dû apprendre à ne plus être qu'une ombre...
15 ans où j'ai dû apprendre à gérer la douleur de ton départ...
15 ans où j'ai dû construire ma vie sans celle qui me l'avait donnée...
15 ans où je n'ai cessé de penser à toi...
Chaque seconde...
Chaque minute...
Chaque heure...
Chaque jour...
Chaque semaine...
Chaque mois...
Chaque année...
Tu étais tout le temps dans mes pensées, peuplant même mes rêves...
Tout me faisait penser à toi...
Un paysage... Te rappelles-tu de l'allée devant chez nous ? Celle bordée par les rosiers que tu aimais tant. Te rappelles-tu l'eau du lac dans laquelle nous allions nager ? La clarté de l'eau, et les quelques poissons qui y nageaient. Te rappelles-tu la forme des arbres que l'on observait quand on allait se promener ?
Une odeur... Te rappelles-tu de l'odeur de tes plats ? Celle de tes draps, dans lesquels je venais me nicher certaines nuits ? Celle du salon, où nous nous blottissons parfois, l'une contre l'autre. Celle de ma chambre, où tu aimais me conter des histoires qui me transportaient dans un autre monde ? Celle du jardin, dont tu aimais t'occuper ?
Un visage... J'ai ton nez, tu sais ? Il est retroussé et éclaboussé de taches de rousseur. J'ai aussi ta bouche. Des lèvres fines que je recourbe souvent, créant des rides de rire autour de celles-ci. Nos cheveux aussi sont semblables... Noirs, courts, à peine frissés... Te rappelles-tu le temps que tu passais tous les matins à me les coiffer ? Te rappelles-tu mes caprices quand tu tirais un peu trop fort dessus ?
Une parole... Te rappelles-tu les chansons que l'on adorait chanter à tue-tête ? Qu'est-ce que l'on rigolait quand Papa criait pour qu'on se taise ! Te rappelles-tu tes mots rassurants, que tu me murmurais quand je pleurais ? Te rappelles-tu nos rires quand on regardait un des films que l'on adorait ? Ceux qui emplissait le salon, à la senteur si rassurante. Te rappelles-tu la mélodie des "je t'aime" chuchotés dans la nuit ?
Une douce mélodie, n'est-ce pas ?
La plus merveilleuse qu'aient inventée les hommes...
Je me remémore le son de ta voix tous les soirs, quand je dis au revoir à mes enfants...
Je leur répète tes mots...
Je leur donne l'amour que tu m'avais offert...
Oui, à mon tour, j'ai donné la vie... A deux petits anges (même si parfois, je me demande s'ils ne tiennent pas plus du démon !) qui comblent mes journées de bonheur...
J'aurais aimé que tu sois là pour les voir... J'aurais aimé que tu sois là pour qu'ils te rencontrent...
Je leur parle parfois de toi... Lorsque je leur conte des légendes, quelque fois tirées de mon imagination... Tu sais, celles que tu aimais me raconter le soir, quand je refusais d'aller à la rencontre de Morphée ?
D'ailleurs, ils m'en quémandent souvent, ces petits elfes ! J'ai dû dépoussiérer plusieurs de mes cartes, asticoter ma boule de cristal, et aller explorer les recoins les plus fabuleux, les plus magique, de l'imaginaire pour rassasier ces friands d'histoires...
Quel voyage extraordinaire !
J'ai rencontré plein de personnes, de créatures, de peuples... Mais je suis sûre que tu les connais déjà, toi qui possède une imagination aussi vaste que l'univers...
Je voudrais t'en présenter certains... Qui, aujourd'hui, font vivre, de part leurs aventures, mon imagination et ma plume.
Mais je préfère le faire plus tard...
D'abord, je souhaiterai te parler d'autre chose...
Tu sais, pendant longtemps, je n'ai pas réussi à mettre des mots sur ma douleur... Cela m'était impossible... Ta perte me dévorait de l'intérieur, et à chaque fois que j'essayais de mettre des mots sur ma souffrance, tous mes sentiments refaisaient surface...
Aujourd'hui, cela va mieux. C'est pour cela que je t'écris ces mots...
Aujourd'hui, ma douleur s'est réduite... Cela m'a permis de me rendre compte de certaines choses...
Quand tu as décidé de rejoindre tes parents, mon soleil s'est éteint... Puis j'ai réalisé que tu n'étais jamais morte... Tu as seulement cessé d'être visible... Nos yeux ne sont pas capables de voir au-delà de ce que l'on veut voir... Je sais, maintenant, que tu es à mes côtés... Tu guides chacun de mes pas, chacune de mes décisions...
Ta perte fut le premier chagrin que j'ai vécu sans toi.. Tu m'as tout enseigné... La vie, la passion, l'amour...
Tout... Sauf à vivre sans toi... C'est la première chose que j'ai dû apprendre seule... Tu n'étais plus là pour me tenir la main et me rassurer...
Aujourd'hui, cet enseignement me revint... Je dois transmettre cet apprentissage à mes enfants... Tes petits-enfants...
Quelle lourde responsabilité... Je comprends pourquoi tu as échoué à me faire retenir cette leçon...
Comment faire rentrer dans la tête d'un enfant que la vie n'est qu'un doux mensonge, un rêve illusoire ? Et que le mort est une triste réalité, une destination toujours trop tôt atteinte, mais inévitable ? Comment dire ça à des enfants, qui ne font que rêver... Qui ignorent tout de la dureté du monde... Qui méconnaissent les dangers du monde réel...
Qui vivent dans leur propre monde... Comment les sortir de là, sans les faire souffrir ?
Je ne peux pas, la voilà la réponse... Tu ne pouvais pas non plus, n'est-ce pas ?
Comme je te comprends maintenant...
Je dois malheureusement te quitter. J'entends les deux petits diables, revenus de l'école, m'appeler au loin pour me conter, à leur tour, des histoires, tirées de leur quotidien. Je ne doute pas qu'après ils me demanderont les miennes. Est-ce que moi aussi, j'étais collante ?
Avant d'aller chercher mes cartes et ma boule de cristal, je voudrais te rappeler les mots que tu me susurrais souvent... Ceux qui ont bercé mon enfance, et aujourd'hui celle de mes enfants...
" Ma fille, tu es ma mélodie, les couleurs de ma vie, la douceur de mes nuits, le bonheur à l'infini..."
© 2023 Sélène Rivers
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Concours d'écriture de Lauwern
Avis de le/la juge :
C'est beau, je ne sais pas par où commencer. On comprend tout de suite que le personnage parle à sa mère décédée. Ma mère ayant perdu la sienne très jeune et moi- même ne la voyant qu'une fois par an actuellement, les larmes sont montées toutes seules. Ce sont des sentiments qui paraissent souvent si compliqués qu'on ne veut pas écrire dessus, mais tu as su trouver les bons mots. C'est émouvant, mais tu ne verses pas dans le mélodramatique non plus, le propos est toujours juste. Et on sent quand même que tu t'es investi(e).
Cependant, une phrase m'inquiète : "Comment faire rentrer dans la tête d'un enfant que la vie n'est qu'un doux mensonge, un rêve illusoire ?". C'est juste en un sens, car chacun a une vérité propre à son échelle individuelle, mais peut-on vraiment la qualifier de mensonge si tu traverses des évènements qui te font ressentir des émotions dans ta chair ? Et cela dépend du point de vue, mais peut-on la qualifier de douce lorsqu'il y a tant de difficultés qui nous attendent ? Quoi qu'il en soit, j'espère que tu vas bien et que ce n'est pas quelque chose que tu penses souvent !
En tout cas, continue d'écrire quoi qu'il arrive, tu as vraiment une très belle plume derrière laquelle on sent déjà un peu de pratique, et c'est très agréable !
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Voili, voilou...
J'espère qu'il vous a plu (surtout à toi 😉.J'espère aussi ne pas t'avoir offensé, d'avoir utilisé ton commentaire comme ça. Si oui, dis le moi, je peux très bien supprimer le chapitre)
N'hésitez pas à commenter, voter, me faire des retours et me proposer des thèmes si l'envie vous en dit ! Et à aller voir l'histoire de l'abonnée qui mérite amplement plus de vue (si elle accepte de se reconnaitre) !
Sélène <3
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