Texte écrit dans le cadre d'un concours.

Le thème était "ce sera mieux demain ?"

Le barème n'a pas été révélé.

Explication: Au départ, c'était un discours. Le texte était donc fait pour être dit et entendu et non lu. Mais j'ai trouvé qu'il passait très bien sous forme de texte.

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134.

Pour certains, un simple chiffre. Pour d'autres, une multitude de nom et une raison de se battre. Marion, Mélanie, Emilie, Emma, Yasmina, Halima et tant d'autres encore... Tant d'autres femmes françaises mortes sous les coups de leurs maris en 2023.

Elles auraient pu être votre amie, votre soeur, votre mère ou bien votre enfant.

Imaginez vous, rentrez le soir, simple enfant ou alors banal parent, et retrouvez sur le revêtement du plancher, un corps bien trop familier. Vous vous approchez et vous le scrutez, refusant de croire la triste réalité. Vous regardez ces lèvres, celles qui vous sussuraient un amour inégalé, ces traits, ceux que vous adoriez. Et puis, vous voyez une larme, lentement tomber, sur une peau malmenée. Ses soeurs l'accompagnent, mouillant ces chairs où s'était peint un ciel bleuté. 

La vérité ?

Vous la connaissez. Cependant, vous la rejetiez Jusqu'à ce qu'elle vous rattrape, vous mettant à terre tel les poings de votre père, son amant, sur votre mère, votre enfant. 

Imaginez alors, la culpabilité qui vous envahit. Qui vous broie les entrailles. Qui vous coupe la respiration. Car vous savez très bien que vous auriez pu éviter cela. Empêcher une énième femme, une énième victime de rejoindre les rangs de celles tuées par leur mari.

Vous n'avez jamais ignoré la douleur de votre mère, de votre enfant devenu maman. 

Vous avez vu les blessures, qui ornaient ses chairs, appremment conséquences d'une simple maladresse. Vous avez vu les bleus, qui inondaient sa peau, apparemment ordinaire contact entre les murs et son corps. Vous avez vu les larmes, qui sillonnaient son visage, apparemment preuves d'une quelconque tristesse. Vous avez vu les cernes qui assombrissaient son regard, apparemment nées d'une banale insomnie. Vous avez vu sa bouche, qui sculptait de mirifiques mensonges. Vous l'avez vu, vous l'avez entendu et vous vous êtes tu.

Vous vous êtes tu ? Pas tout à fait. Vous aviez partagé son agonie, rêvant de punir le monstre qui hantait sa vie. Elle avait crié son calvaire, pensant sortir de cet enfer. Mais son appel à l'aide a été ignoré.

Pourquoi ? Qui devez-vous accuser, excepté son mari, de cette mort injuste ? Qui devez-vous accuser de ne pas avoir pu la protéger et la sauver ?

Elle aurait pu aller au devant du tribunal, montrait au reste du monde, l'ordure qu'elle avait cru aimé. L'ordure qui, depuis tant d'années, la rouait de coups. La justice française aurait pu punir ce déchet de l'humanité. Plusieurs lois ont été mises en place pour lutter contre ce fléau qui emplit l'existence de certaines. Qui la pourrit. Jusqu'à l'éteindre...

Son "mari", peut-être votre géniteur car il ne mérite en aucun cas le titre de père, aurait alors pris 30 ans de prison soit la peine maximale pour avoir violé sa compagne au rythme de ses coups de poings.Celle qu'il prétendait aimer. 

Que c'est beau l'amour quand il se résume à des blessures et à des injures. 

Rajoutons à cela, les 7 ans d'emprisonnement et les 75 000 euros d'amende pour violence conjugale.

Mais ça... C'est sur le papier. Entre des dizaines et des dizaines de pages, perdu entre deux articles sur l'inceste et les violences en bande. Mais quand on sort de cette lecture, la réalité est bien plus compliquée.

Pour châtier cet homme, il aurait fallu que vous donnez 12 000 euros. 12 000 euros pourquoi ? Pour n'avoir qu'une minime chance de le voir payer. 12 000 euros... Soit parfois une année de salaire pour financer un procès qui ne devrait même pas avoir lieu d'être. Pas dans notre société. Pas en 2023. Ni en 2024. Et encore moins plus tard.

Enfin... Vous auriez du payer si votre plainte était parvenue aux oreilles sélectives du tribunal. Puisque 80% des plaintes pour violence conjugale sont classées sans suite. Et ces plaintes continuent de passer dans l'oubli quand un jour sur trois, une femme meurt des coups de son compagnon.

Enfin... Ca, c'est si vous parvenez à faire déposer votre plainte. Puisque malgré le fait que chaque policier bénéficie d'une formation, pour l'accueil des victimes de violence conjugale et de viol, la plupart de ces plaintes ne sont pas reçues correctement. Certes, cette proportion de mauvaise prise en charge baisse chaque année mais de notre temps, est-il encore possible qu'une femme venant dénoncer les travers de l'humain, sa face la plus sombre, soit victime de banalisation des faits, de découragements, de moquerie sexisme voire même d'être accusée d'être la seule coupable de sa situation. Après tout, c'est bien connu, si tu portais une jupe, c'est que tu l'avais bien cherché.

J'accuse donc la société de non assistance à personne en danger.

J'accuse la société de ne pas prendre soin de ceux qui en ont besoin.

J'accuse la société de ne pas savoir les protéger et les sauver.

J'accuse la société de ne pas punir ceux qui se servent de leurs poings.

Aujourd'hui, nous ne pouvons plus rien pour elle. Mais nous pouvons faire en sorte qu'elle ne soit pas morte pour rien. Que sa mort sauve d'autres femmes ou même d'autres hommes victimes de violences conjugales et de viols. Pour cela, il faut combler les lacunes de la justice française et éduquer les futures générations à ce sujet.

Leur montrer qu'on ne frappe pas par amour. Qu'on ne tue pas par amour.

Et qu'il existe malgré tout des dispositifs pour lutter contre ce cauchemar qui est malheureusement bien trop réel.

Une mort pourrait alors sauver des centaines et des centaines de personnes. Une mort, un passé pour sauver des personnes, un futur. En un mot: demain.

© 2024 Sélène Rivers

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Voili, voilou !!

Ne trouvez-vous pas ce texte moins triste que les autres ? J'ai enfin réussi à ne pas écrire QUE sur de la tristesse 😂

Sinon, qu'en avez-vous pensé ?

Question ? Remarque ? Avis ? Critique ?

Bonne aprem' 

Sélène <3