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Prologue

Salomé:

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu un étrange rapport au temps qui passe. 

Petite déjà, je profitais à peine des plaisirs de la vie car je pensais à leur fin avant même qu'ils ne commencent. Je savais que rien ne durait. J'avais déjà conscience de ce compte à rebours perpétuel, qui me forçait à évoluer dans mon monde, avec un temps d'avance. Ainsi, j'arrivais à un goûter d'enfant, mais dans ma réalité, j'en étais déjà partie. Plus grande, je n'avais de motivation sur un sujet que si je pouvais l'anticiper et le visualiser dans le futur. 

Je me sentais toujours spectatrice de ma vie, rarement actrice.  C'est comme si je me voyais de l'extérieur. Je suivais la journée de cette fille, qui riait quand c'était drôle, qui pleurait quand c'était triste, qui parlait beaucoup. Je m'horrifiais des bêtises qu'elle pouvait dire, et elle en disait, croyez moi.  Aussi, je ne me suis jamais sentie à ma place. Jamais légitime. A mon sens, je ne méritais jamais ce qui m'arrivait et quelque part, je trouvais que tout ce que je pouvais faire ou recevoir perdait quelque chose en ma présence. Perdait de la valeur, perdait de l'importance, perdait de la lumière.

Le temps est passé.

Dans ma tête, les souvenirs s'entassent tels des photos dans un album. On me fait souvent remarque à quel point je suis une championne de la mémoire. Je sais où, je sais quand, je sais qui, au détail près, pourtant, je ne suis pas certaine de l'avoir vécu.

La mémoire s'impose à moi. C'est tout.

Je me doute que j'ai fait beaucoup de choses dans ma vie. Car j'en ai les images dans ma tête. Quand je m'interroge, les souvenirs remontent. Comme un ordinateur, la bonne question amène la bonne réponse. Les souvenirs sont là, perdus dans les tiroirs de ce cerveau pas commode. Beaucoup de déjà vu, même dans des endroits où je ne me suis jamais rendue.

Je me laisse glisser, les mois passent, les années passent.

La vie se construit. Parfois, dans un sursaut de conscience, c'est comme si je me réveillais pour constater où j'en suis. Ces choix que je n'ai pas eu l'impression de faire, qui souvent d'ailleurs ne me ressemblent pas -ou alors très peu- me troublent.

Rien ne me touche longtemps, rien ne m'impacte sur le long terme tant que je n'y pense pas et c'est si facile, pour moi, d'occulter la réalité.  Prendre conscience de la vérité et de la dureté d'un événement ne me viendra jamais naturellement.  Cela arrive parfois quand une personne m'en fait remarquer le côté douloureux,  admirant ma résilience, par exemple.

Je me replonge  alors dans l'instant et je souffre de ne pas m'être rendue compte  à quel point j'ai pu me laisser, avoir, faire, maltraiter sans jamais m'être défendue. 

C'est parfois un problème, car ce trait de personnalité fait de moi la personne la moins rancunière au monde. Je suis capable de subir des émotions désagréables et de les enfouir aussi sec.   Quand il y en a trop, la petite fille à l'intérieur de moi hurle. 

C'est lourd, c'est assourdissant. Elle hurle si fort qu'elle me coupe du monde. Je pourrais alors partir loin. Tout quitter sans me retourner, comme si rien ni personne ne me retenait. 

Je reste là, statique, témoin de ce temps qui s'écoule, inexorablement. Les petits autour de moi deviennent grands, les grands deviennent vieux. les vieux disparaissent.

 Je vois le monde changer, les villes évoluer, la nature s'étioler, mais moi, dans ma tête, c'est comme si j'avais toujours 20 ans. Ces années, je ne les ressens pas, elles ne sont pas passées pour moi. 

Mon corps change, mon existence est désormais pleine de responsabilités et je continue d'avancer dans ma vie, tel le cheval muni de ses œillères, sans lui trouver la moindre saveur.

Je me souviens, étant petite d'avoir eu parfois la capacité à avoir hâte. Plus que 4 dodos et on part en vacances? Youpi, vive l'estomac serré et le temps qui s'égrène lentement!

Voilà longtemps que cela n'existe plus chez moi. Le "j'ai hate" est une phrase qu'il m'arrive de prononcer quand le contexte s'y prête, un peu comme le "miam" alors que tu ne sais même pas ce qu'il va y avoir dans ton assiette. C'est juste une habitude. En réalité, pour mon cerveau, il y a l' avant, le pendant et l' après, et il semblerait que tous soient traités de la même manière.

Pas de hâte, pas d'envie. Juste cette horloge. Tic...Tac... Tic..

Le printemps, l'été, l'automne... Janvier, février, mars... 17 ans, 25 ans, 35 ans.. pas d'enfant, enceinte, ton bébé a déjà 5 ans.

Les enfants accentuent cette impression. Quand tu deviens mère, une échelle de temps est matérialisée sous tes yeux. Répétant les mêmes gestes, les mêmes routines, tu ne remarques rien. Les anniversaires passent, les bougies sont soufflées, tu en ajoutes au fur et à mesure. Les photos prises ne font que te montrer ce temps qui se joue de toi.

Il y a quelques temps, j'ai réalisé que j'étais vieille. 39 ans. Je vois cette année comme un muret entre deux mondes. Cette année, je suis dessus, en équilibre sur mes pieds. J'y reste un peu, puis je sauterais de l'autre côté, où je ne sais pas ce qui m'attend.

J'ai bien des fois essayé d'en parler. Les réponses que j'ai obtenues n'ont jamais été satisfaisantes. Est-ce que personne ne comprend ou est-ce moi qui n'arrive pas à expliquer mais je peine à croire que tout cela ne trouverait solution  si "je ne me prenais pas la tête".

Je suis aussi allée voir des psy, dans le temps, pensant à une dépression ou à un problème d'affirmation de soi. Rien ne m'a apporté de réponse, rien ne m'a apporté de soulagement.

Je suis là, sur mon muret, à trouver le temps long, mais la seconde d'après, je le sais bien, je serai une vieille dame, me rappelant de ce jour comme d'un souvenir lointain.

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