Chapitre 36 - Le rêve d'une réalité
Point de vue de Jordan
Où suis-je? Il fait noir. Auriane. Je veux Auriane. Pourquoi elle m'a abandonné? Pourquoi je suis seul?
Auriane Auriane Auriane Auriane Auriane Auriane Auriane Auriane Auriane Auriane
Je n'ai que ce prénom en tête. Il tourne en boucle. Je la vois. Son visage. Ses beaux yeux. Ses magnifiques cheveux châtains. Je veux passer mes mains dedans, je veux les toucher. Elle s'approche, j'en profite pour faire ce dont je rêve depuis quelques temps, depuis qu'elle m'a abandonné. Je la prends dans mes bras. Je lui susurre des mots doux à l'oreille. Mes lèvres pressent sa peau, tendrement. Elles descendent jusqu'à sa bouche. Je sens son souffle. Nos lèvres se joignent dans un baiser léger. Il devient vite passionné. Mes mains commencent à caresser son corps. C'est étrange. Je devrais toucher quelque chose, au moins du tissu. Mes doigts ne captent rien, ils traversent le corps d'Auriane comme si elle n'existait pas. Je sais qu'elle existe, elle est là. Non? Auriane s'éloigne de plus en plus. Elle disparaît.
Non non non je ne veux pas, je veux Auriane. Pourquoi elle m'abandonne encore? Pourquoi? Pourquoi?
J'entends des sons confus. Des personnes qui parlent. Je ne comprends pas ce qu'elles disent. Les paroles se rapprochent. Aucune des personnes présentes n'est Auriane. Je reconnaitrais sa voix entre mille. J'ouvre les yeux. C'est quoi cette pièce? On dirait une chambre. Il y a une armoire, un lit et une fenêtre avec des... barreaux, oui des barreaux. Les murs sont blancs. Je veux être chez moi pas ici. Que se passe-t-il? Auriane. Où est Auriane? Je crois que j'ai dû poser la question à voix haute sans m'en rendre compte parce que les personnes qui sont là se retournent brusquement vers moi.
- Monsieur Leroy? Vous m'entendez?
Bien sûr que je l'entends, il me prends pour un débile. Tout ce que je veux savoir c'est où est la femme que j'aime.
- Où est Auriane? Je veux la voir, dis-je buté.
- Vous souvenez-vous de ce qu'il s'est passé?
- De quoi vous parlez? Il ne s'est rien passé. J'étais chez moi, j'étais dans la cuisine avec ma compagne et me voilà ici dans cette pièce. Sans elle.
Ils se regardent puis continuent à me parler.
- Monsieur Leroy, vous êtes dans un hôpital. Vous avez été interné suite à, hum, quelques problèmes que vous avez rencontrés récemment.
- C'est impossible, tout va bien. Non? dis-je moins sûr de moi tout à coup. Vous n'avez toujours pas répondu à ma question, où est ma femme? J'ai besoin d'elle, elle devrait être près de moi en ce moment.
- Vous ne vous souvenez vraiment de rien?
- Non, appelez-là, elle va venir. Elle m'aime vous savez?
- Écoutez monsieur Leroy, Auriane ne viendra pas.
- Pourquoi? Elle ne peut pas m'abandonner. Nous sommes heureux ensemble.
Je ne peux pas croire qu'elle n'est pas là. Elle a toujours été là.
- Auriane? Auriane? Où te caches-tu? Allez viens ma belle. Auriane? je crie presque.
- Monsieur Leroy, calmez-vous.
- Non, je ne veux pas me calmer, je veux ma femme!
Je me lève, je vais la chercher puisqu'elle ne veut pas venir. Les deux personnes, des médecins je crois, m'interpellent et me forcent à me coucher. Un des deux hommes sort une seringue et sans que je ne vois rien venir me l'enfonce dans le bras. C'est la dernière chose que je sens avant d'être plongé dans le noir.
De nouveau des bruits. Je ne suis pas seul. Et là je me rappelle. Les médecins, la seringue. Pourquoi ont-ils fait ça? Je veux bouger, je veux aller chercher Auriane, ma douce, ma belle Auriane. Je lève une main, plutôt j'essaie. Quelque chose la bloque. J'essaie la deuxième, c'est pareil. Je tente de bouger mes jambes, même résultat. J'ouvre les yeux. Je comprends mieux. Ils m'ont attachés au lit à l'aide de sangles.
- Détachez-moi tout de suite.
- Je vois qu'on est réveillé Jordan, me dit une infirmière.
- Détachez-moi, s'il vous plaît.
- Je ne peux pas faire ça, je suis désolée. C'est pour votre sécurité autant que pour celle de votre femme.
- Pourquoi pour la sécurité de ma femme? Je ne lui ferais rien. Je l'aime.
Ma réponse est accueillie par un long silence. Je vois l'infirmière sortir. Elle me dit qu'elle doit prévenir le médecin que je suis réveillé. Je fixe la fenêtre. Il fait jour. Nous sommes quel jour en fait? Pas la moindre idée. Combien de temps s'écoule? Quelques minutes? Plus? Je n'ai aucune notion du temps. Tout ce que je vois c'est ce ciel gris, rempli de nuages prêts à déverser de la pluie. Une journée triste, encore. Je devrais être habitué.
Je vois Auriane, dans la cuisine qui me tourne le dos. Elle prépare quelque chose en se trémoussant. Elle se retourne. Elle a l'air d'avoir...peur? Elle a peur de moi? Je passe à une autre scène, moi qui lui arrache sa culotte, sa robe. Non ce n'est pas vrai, ça ne peut pas être vrai. Autre image, je la gifle, et la couche par terre. Je n'ai pas pu faire ça. C'est alors qu'un flot continu de souvenirs s'abat sur moi. Maude, Lucas, la surveillance, l'éloignement forcé. J'ai tout revu.
Je me réveille d'un coup, j'ai du me rendormir. C'était un rêve n'est-ce pas? Un simple rêve. Comment j'aurais pu lui faire tout ça? Je sens des larmes couler. Je me sens mal, j'ai envie de vomir. La porte s'ouvre sur le médecin qui voit tout de suite mon état. Il me tend une espèce de bassine. J'ai juste le temps de baisser la tête. Mon estomac se vide. Une fois, deux fois. J'ai des frissons, je transpire.
- Je ne lui ai pas fait tout ça docteur. Hein, je n'ai pas pu? C'était un rêve. C'était bien un rêve, ce n'était pas la réalité? Dites-moi que ce n'était pas la réalité.
- Je ne peux pas vous dire ça Jordan. Vous avez effectivement agressé madame Dubois, dans sa cuisine.
Un sentiment étrange monte en moi. Un mélange de honte, de culpabilité, d'incompréhension aussi. Non, non, non, non. Ce n'est pas réel. Et pourtant je sais que si. Je le sens. Je ne veux penser à rien d'autre qu'à elle. Je ne suis rien sans elle. Elle est mon tout, elle est ma vie. Auriane. Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Je ne contrôle plus rien. C'est trop dur. Trop inconcevable. Mon corps s'agite, je tremble de partout. J'entends le médecin appeler de l'aide.
- Vite, il convulse.
J'entends des pas qui arrivent en courant. Je sens des mains se poser sur moi, sur mon corps, sur ma tête. Elles essaient de me calmer, n'y arrivent pas.
- Donnez-moi le sédatif, nous n'y arriverons pas.
Une piqûre sur mon bras, voilà ce qui suit. Une toute petite piqûre m'emmène vers le néant. La délivrance, l'abandon. Merci.
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Chapitre un peu plus court mais oh combien difficile à écrire.
Qu'en pensez-vous?
Chapitre corrigé - 29/03/18
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