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D. Millet

   Par la fenêtre du TGV, j'ai regardé le paysage défiler à toute vitesse devant mes yeux.
Non.
Je n'avais plus envie de vivre.
Je déteste vivre.
    En même temps que ces pensées traversaient mon esprit, j'ai rapidement été confrontée à ce sujet. À nouveau. Une larme a roulé sur ma joue.
   Je déteste vivre.
Parce que lui me déteste.

Je lui suis insupportable.

    Je voulais que des boîtes de médicaments s'enfoncent dans ma bouche, que la lame d'un rasoir vienne s'enfoncer dans mes avant - bras,  me sentir tomber dans le vide en voyant le sol se rapprocher, qu'une corde se resserre autour de mon cou, que l'eau de ma baignoire remplisse mes poumons. Juste pour lui faire plaisir. Juste parce que ses désirs, dès qu'il leur a donné naissance,  sont des ordres que je me dois d'exécuter.
   "Hé, Em', pourquoi tu gardes cette mèche ? T'es ridicule ! , a gloussé Inès à côté de moi, me tirant de mes songes.
_Ta gueule, j't'emmerde pas avec tes scarifications, moi."
   Mon père m'a fusillé du regard.
   Franchement. Aller à Reims avec mes quarante-neuf frères et soeurs, pour voir une chapelle, surveiller les gosses, courir après les gosses, me faire engueuler à cause des gosses, très peu pour moi.
    Et dire que j'aurais pu rester enfermée dans ma chambre, à regarder des animes des heures durant... Ou mieux, s'ils m'avaient laissée seule,  j'aurais pu...
   Sauf que non, j'étais coincée là, entre trop de gens et avec un inconnu en face de moi qui me détaillait comme si j'étais Elephant Man. Dégage tes yeux de ma face, connard.
    J'ai tourné la tête en faisant mine de regarder le paysage dans l'autre allée.

    "Prochain arrêt - Gare de Reims, a déclaré une voix robotisée dans le micro.
_Allez, les enfants, on y va."
   J'ai enfilé mon imperméable et ai vérifié que je n'avais pas perdu mon trésor et mon porte-monnaie sous mon siège.
    Maman est passée en première et nous l'avons suivi hors du train, pendant que mon père vérifiait que nous étions tous bien là.
   Quand nous sommes descendus, il m'a giflé. Étourdie par la surprise,  je suis restée muette.
"Je t'avais dit de ne pas en parler! Et toi, tu dis ça en public!, a-t-il aboyé avant de m'administrer une deuxième  claque.
_C'est quand même pas ma faute si vous assumez pas la connerie de votre fille!!"
   Troisième coup. J'ai eu droit au même sermon que d'habitude ("Elle a beaucoup souffert.", "Ce n'est pas à toi de la juger.", etc,...).
   Envahie par la rage et la douleur, profitant de la foule envahissante,  je me suis dirigée vers une direction opposée.
   Je ne connaissais pas cette ville.  Mais si je m'y perdais, j'y resterais.  Échapper à ma famille, échapper à la vie, échapper à Paris, m'enfoncer dans les hautes herbes de l'anonymat, ne plus revenir,  ne plus me retourner.
   Disparaître.
   C'est ce que je voulais.
   En sortant de la gare, j'ai pris à gauche. J'ai traversé ce qui me semblait être un parc, avant de m'enfoncer béatement dans l'inconnu de Reims pendant un quart d'heure à la fois long et court, traversé d'idées noires et de crises d'adrénaline.
    Je suis parvenue à une lourde bâtisse noire, dans le style d'une ancienne abbaye du XVIII ème siècle.
   Sur le côté se trouvait une affiche rouge framboise, avoisinant la hauteur de  la façade elle-même. Il y était inscrit: "Au musée des Beaux Arts de la ville de Reims" en grosses lettres blanches. Je me suis arrêtée devant l'impressionnante porte carmin aux deux battants ouverts.


   Des cadres baroques suspendus aux murs acajou. Des paysages. Bleu. Ocre. Vert. Marron.

   Je n'ai rien trouvé dans cette salle que la représentation d'une réalité flétrie. La vision d'un artiste fade. Un tableau banal, sans essence, sans symboles,  sans messages. Je ne dirais pas sans talent, car ce serait de l'abus, mais ces tableaux n'étaient qu'une pâle photographie.

   Ils ne me rappelaient rien d'autre qu'un cadavre.


   J'ai monté les marches de l'escalier si réputé et ai pénétré dans une pièce à la suite bleu et violette. Des portraits dans la première partie. Puis, au sein de la seconde, la réalité livide du rez-de-chaussée  et les personnages précédents s'unissaient, laissant naître des scènes,  des affinités, des univers, des trahisons, des amoures, des vies. Une époque. 

   Je détaillai chaque tableau et tentai de les analyser. Cette salle poussait à la fascination. 

   Parvenue au dernier tableau du mur nord, je fus parcourue d'un frisson. Avec son côté impressionniste, la toile se distinguait particulièrement des autres. Pourtant, elle m'avait échappée. 

    Un homme et une femme aux cheveux de geai. Lui serrait dans ses bras une longue robe allant du rouge au blanc et du blanc au rouge. Elle tenait la main d'yeux cernés de noir. Dans leur position, on aurait cru qu'ils dansaient une valse au milieu de cet univers de sang et de charbon.  J'entendais la musique flotter au loin.

   L'homme la berce, elle pleure. La femme se laisse faire: il la guide. Deux images, deux interprétations se superposaient face à moi, défilant tour à tour.

   Je tendais la main pour toucher l'oeuvre, être sûre de son existence. Sentir les couleurs, déterminer quelle analyse subsisterait à ce contact.

"L'alarme va se déclencher." souffla une voix derrière moi.

    Je tournai la tête, croyant rêver. Un peu, comme dans les mauvais films d'horreur, vous savez? Et là, je me rendrai compte qu'il n'y avait personne, les lumières clignoteraient autour de moi, avant de s'éteindre complètement, puis une se rallumerait, juste au-dessus, sur un masque de hockey. 

    Mais il n'y eût pas de clignotements, de plongement dans le noir, ni même de masque cette après-midi là. Seulement un garçon qui devait avoir une dizaine d'années, et faire au moins trente centimètres de moins que la moyenne à son âge. Il portait des lunettes, et un sweat à capuche avec le nom d'un groupe de rock marqué à la façon des tags. Il rejeta sa mèche brune tombée devant ses yeux d'un geste vif de la main, avant d'observer la toile à nouveau.

   Je suis restée crispée sur lui. J'ai reculé, hésitante, avant de sortir de la salle.

   Les sculptures à présent défilaient devant mon regard, mais mes pensées ne se tournèrent sur aucune d'elles. L'humiliation à l'instant me ramenaient à lui.

   Au suicide.

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