7. Départ !
Assise sur le soyeux drap de son lit à baldaquin, Elizabeth n'arrivait pas à croire ce qu'elle avait entendu de la bouche de la Reine. Comment pouvait-elle accomplir une mission avec la personne qu'elle détestait de tout le comté de Longbourn, sans compter le fait qu'elle devrait passer jour et nuit à ses côtés ?!
Cela faisait trois jours qu'elle était revenue du palais, de Rosings Park. Sa famille n'avait rien dit et Henry l'avait retrouvée avec son sourire si timide, si gentil. Ils avaient fait de longues promenades dans la campagne environnante, et Lizzie s'était fait un plaisir de lui prouver ses talents de guerrière. Le jeune Londonien avait applaudi lorsqu'elle avait touché la cible improvisée. Et ses parents étaient séduits par son fiancé. Ne restait plus qu'à organiser le mariage.
Elle était anxieuse, mais Henry lui avait assuré qu'il ne la forcerait jamais à rien, et qu'elle devait davantage le considérer comme un ami que comme un mari imposé. Et ses magnifiques yeux gris étaient si persuasifs...
Lizzie soupira et revint au présent. La mission de la reine s'annonçait dangereuse. Elle en rêvait, depuis qu'elle était petite, mais c'était avant de savoir que sa vie était liée à un autre...
Mais elle ne pouvait refuser : c'était la reine. Et si cela débarrassait le pays de ces monstres affreux qu'étaient les zombies, elle ne pouvait qu'accepter. Avec enthousiasme. Plus ou moins.
Alors qu'elle était dans le hall d'entrée des Bingley, en train d'attendre que Darcy finisse de s'entretenir avec ses parents, sa sœur Jane arriva.
— Lizzie ? Que se passe-t-il ?
— Je... Rien.
Elizabeth savait qu'elle ne pouvait rien dire à sa sœur : c'était une mission secrète. De la plus haute importance.
Devant son air étrange, Jane fronça les sourcils et voulut insister, mais Mr Darcy sortit du salon accompagné de ses parents.
Sa mère se précipita vers Elizabeth et la serra dans ses bras :
— Oh ma chérie ! Ma petite Lizzie ! Mon canard en sucre ! Fais attention, je t'en conjure !
— A.. Attention ?
— Oui pendant ton voyage avec Mr Darcy. C'est si aimable de sa part de t'inviter chez lui pour plusieurs jours !
— Ah oui ? Voyez-vous ça... Dit-elle en jetant un regard noir au soldat alors que ce dernier parlait avec Mr Bennet et Henry.
— Il nous a promis de veiller sur toi et je sais qu'il y aura un chaperon là-bas en arrivant. Quant à Mr Greenwell, je suis sûre qu'il viendra te rendre visite un de ces jours. Lorsqu'il aura le temps, bien sûr.
Elizabeth regarda son fiancé officiel et officieux d'un air étonné.
— Partez-vous, Mr Greenwell ?
— En effet Miss Bennet. Une affaire très importante m'appelle dans le Nord. Mais j'espère vous revoir très bientôt, ajouta-t-il en s'approchant d'elle en souriant.
Son regard était chaud, ses prunelles comme faites de velours. Il était beau. Réellement. Il était troublant.
— Peut-être lorsque Mr Darcy donnera un bal en l'honneur de son invitée ! Annonça, toute enjouée, Madame Bennet.
— Oh, je doute fort qu'une telle fête se passe dans mon manoir. Sûrement mon ami, Mr Bingley, s'occupera de ce genre de choses. Mais dans la demeure des Darcy, je ne peux, déclara Darcy en s'approchant du petit groupe.
— Et pourquoi donc, Mr Darcy ? Demanda, faussement innocente, Lizzie.
Tous les regards se tournèrent vers le jeune homme toujours habillé de noir qui, gêné, s'inclina et éluda rapidement :
— Des affaires m'appellent. Je m'excuse, je dois vous laisser. Miss Bennet, je viendrai vous chercher demain à huit heures.
Il sortit et prit la direction du manoir de son ami, tandis que la famille Bennet et Mr Greenwell s'attablaient.
— Fais attention ma chérie. Prépare bien tes armes et surtout, surtout... laisse Mr Darcy te sauver ! Chuchota Madame Bennet sur le ton de la confidence.
— Mère !
— Quoi ?
Elizabeth leva les yeux au ciel et s'avança vers Mr Darcy qui l'attendait, déjà à cheval. Madame Bennet regarda autour de la maison et pencha la tête vers son mari pour murmurer :
— Où se trouve donc le cab pour notre fille ?
— Je pense qu'elle va voyager à cheval Madame Bennet, lui répondit son mari en tirant sur sa pipe, placide.
— Oh ! Je ne le pensais pas si...
— Gentleman ?
— Mais non voyons, Mr Bennet ! Malotru plutôt.
Mr Bennet sourit tandis que sa femme rentrait dans la maison en grommelant.
Mr Darcy proposa son aide à Elizabeth pour monter à cheval. Il posa ses mains sur les hanches de la demoiselle et la fit monter.
— Veuillez retirer vos mains de là, siffla-t-elle aussitôt, l'air mauvais. Je sais monter à cheval.
Il obéit aussitôt et lui dédia une grimace, veillant à ce que la famille Bennet ne le voie pas.
— J'espère que vous êtes à l'aise Miss Bennet. Une longue route nous attend.
— Ne vous inquiétez pas Mr Darcy. Je suis plus coriace que vous ne le croyez.
— Je n'en doute pas. Miss Bennet.
Elle lui lança un regard noir et partit au petit trop lorsqu'un sifflement l'arrêta.
Furibonde, elle hoqueta et se retourna pour déclarer d'une voix froide :
— Ne me sifflez pas ! Je ne suis pas votre chien Mr Darcy !
— C'est juste que...
— Juste quoi ?!
— Vous partez dans la mauvaise direction.
La bouche d'Elisabeth parut tomber, et elle regarda les deux chemins un par un. Mr Darcy, un grand sourire aux lèvres, tourna la bride de son cheval dans la bonne direction et avança au pas. Elle le rattrapa au bout de quelques minutes et trotta près de lui.
— Bon, comme nous avons plusieurs heures de voyage, pourquoi ne pas discuter Mr Darcy ?
— Le mieux serait de faire silence complet pour éviter tout problème...
— Cela veut-il dire que je devrai parler toute seule ?
N'entendant aucune réponse de la part du soldat, Elisabeth commença à parler de sa famille et d'elle.
Au bout de plusieurs heures, Darcy, n'en pouvait plus de ses bavardages. Stoïque, il tenta de se convaincre que la situation pouvait être pire. Elle aurait pu évoquer son...
— Et Henry. C'est un gentleman comme on n'en fait plus. J'ai eu la chance de le rencontrer et de capter son attention. Voyez-vous, il a demandé ma main le soir où...
— Miss Bennet pourrions-nous continuer à avancer dans le calme pour éviter que nous ne nous fassions repérer ? L'interrompit Mr Darcy.
— Est-ce pour cette raison ou parce que je vous embête, Colonel ?
— Je ne répondrai pas à ce genre de question, Miss.
— Donc si je continue de parler, cela ne vous dérange guère ?
Le silence du soldat encouragea Elisabeth à continuer qui reprit sa tirade sur son fiancé, diabolique.
Il haussa les sourcils.
Les femmes.
La journée s'écoula. Ils continuaient à marcher au pas pour ne pas fatiguer leurs montures. De fatigue et de soif, Lizzie s'était tue, et son compagnon avait intérieurement soupiré de soulagement avant d'en remercier le ciel. Désormais, il savait tout ce qu'Henry était. Tout ce que lui n'était pas, en soi, selon son acolyte féminin.
La peste soit des femmes.
Il entendit brusquement un léger craquement sur sa gauche et tira sur les rênes avant de sortir son pistolet. D'autres craquements retentirent et Darcy essaya d'appeler discrètement Elisabeth :
— Psssst ! Miss Bennet.
— Mr Darcy, je vous ai dit que je ne répondais pas aux siff...
Son cheval se cabra tout à coup et elle tomba à terre, sa tête cognant une racine. Plusieurs zombies étaient apparus devant le cheval de Lizzie, grognant et dégoûtants. Darcy galopa vers ses attaquants et commença à couper la tête de plusieurs ennemis. Il descendit de son cheval d'un bond hardi tandis que d'autres surgissaient. Le soldat essaya tant bien que mal de protéger la fille Bennet qui était sonnée.
— Miss Bennet ! Réveillez-vous !
Elisabeth sentait une vive douleur à l'arrière de son crâne et elle ouvrit les yeux difficilement. Une voix se faisait entendre, comme un écho :
— Miss Bennet ! Réveillez-vous !
Les images autour d'elle étaient floues et elle cligna des yeux essayant de mieux voir.
Elle fut relevée de manière brutale et fit face à un zombie qui ouvrit grand la bouche en hurlant et postillonnant sur elle.
Aussitôt, son instinct et son entraînement reprirent le dessus. D'un geste vif, elle saisit le poignard dissimulé dans sa botte droite et planta l'arme dans le torse du zombie qui la lâcha, plus de surprise que de douleur, et contempla d'un air ahuri la lame argentée qui brillait au soleil.
Lizzie le fit tomber à terre d'un coup de pied et l'égorgea avant de venir en aide à Darcy qui se battait contre quatre zombies en même temps.
Le choc la faisait voir trouble et elle lança son poignard, manquant de peu le zombie numéro un, mais se dirigeant dangereusement vers son compagnon. Darcy écarquilla les yeux, baissa promptement la tête et l'arme se ficha dans l'œil du zombie numéro deux.
Il se redressa, la fusilla du regard et tua le troisième zombie qui tomba sur le quatrième. Un coup de bottes eut raison de lui et Darcy épousseta sa veste noire.
— Un peu de tenue, Miss Bennet. À vous voir, on jurerait que vous avez bu en cachette.
— J'ai reçu un coup sur la tête, malotru ! Fulmina la jeune fille en serrant les poings.
— Était-ce du whisky ou du punch ? Ajouta-t-il, diabolique.
— Vous êtes... vous êtes... Oh ! S'écria-t-elle en désespoir de cause.
Il ricana devant sa fureur et essuya son épée alors qu'elle faisait demi-tour et se dirigeait vers sa jument.
— La nuit tombe, déclara-t-il en la suivant de près. L'auberge des Trois Têtes est à quelques minutes.
— Une auberge ? Ne devrions-nous pas rester prudents et cachés ?
— Miss Bennet, soupira-t-il, nous aurons tout le temps de dormir sur des racines inconfortables et de la mousse humide. Tant que nous sommes près de Londres, profitons des bienfaits de la vie civilisée.
Elle ne trouva rien à redire et ils partirent vers le Nord, là où la taverne laissait échapper de la fumée.
Et dire que seulement cinq heures s'étaient écoulées depuis leur départ de la maison Bennet. Cette mission s'annonçait longue.
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