2. Où suis-je ?
Il avait une main devant ses yeux pour éviter que la lumière ne lui fasse trop mal aux yeux. Cette lumière blanche qui l'avait enveloppé. Il ne sentait plus la chaleur étouffante des Enfers, il n'entendait plus les cris déchirants des âmes errantes, il ne ressentait plus le regard du Maître des Enfers.
Où était-il donc ? Chez les vivants ? Si oui, il devait à tout prix retrouver Lizzie et le colonel. Ils étaient en danger de mort. Encore une fois. Il allait devoir les sauver. Encore une fois. Il devait sans doute mourir de nouveau. Une deuxième fois. Les choses ne pouvaient-elles donc pas rester comme elles étaient ? C'est-à-dire simple, du beau temps, de la nourriture en abondance avec du vin.
Lorsque Nicolas inspira profondément l'air frais du matin un bruit assourdissant se fit entendre sur le côté. Il glapit et fit un bond. Il vit l'eau arriver sur lui, dû à la vitesse du cheval avec une sorte de charrette, qui passait à toute allure. Le garçon ferma les yeux, prêt à être mouillé mais rien ne vint. Il ouvrit un œil puis un autre et se tâta.
- Pourquoi ne suis-je pas mouillé ?
Il baissa les yeux vers le sol et vit une flaque d'eau sous lui. Ah oui. Petit détail technique. Il était mort et qui plus est, il était un fantôme. Donc il ne pouvait pas être vu par les vivants. Cela n'allait pas être une mince affaire pour retrouver Elizabeth et Darcy...
Il releva la tête et vit quelque chose de bizarre sur le sol. Ce n'était pas de la terre, ni de la boue, ni de l'eau... Quelque chose de gris ou plutôt noir. Il leva sa jambe, bien haut pour pouvoir la poser puis, délicatement il la descendit par peur que ce ne soit du liquide. Il sourit lorsqu'il sentit que c'était dur sous son pied.
Deux vieilles femmes s'approchèrent de lui et il recula pour pouvoir les laisser passer. Elles passèrent sans même le regarder. Nicolas se tourna vers elles, les poings sur les hanches :
- Ne me remerciez pas surtout. Sales biquettes !
Elles continuèrent leur route comme si elles n'avaient rien entendu. Alors qu'elles passaient, Nicolas avait pu entendre une partie de leur conversation. Elles discutaient de ce nouveau village –ou ville comme ces deux vieilles avaient dit– et de sa nouvelle « route ». Elles avaient employés le mot « goudron » que pouvait bien être ce mot ? Et que voulait-il dire ?
Il secoua la tête. Il oubliait sa principale mission : retrouver le colonel et sa femme. Si Lizzie était bien sûr devenue sa femme pendant son autre vie. Il se dirigea vers la forêt en marchant d'un pas décidé. Il était temps de mettre les choses au clair avec ses deux amis. Rien ne pourrait l'empêcher d'atteindre sa destination.
Un bruit de moteur le fit sursauter et glapir. Il sauta jusqu'à l'arbre à sa droite et s'accrocha au tronc. Un engin le frôla et Nicolas le suivit avec des yeux étonnés. Qu'est-ce que c'était encore que ça ?! Il était revenu dans les Enfers. Cela ne pouvait être que la seule explication.
Il descendit de son arbre et posa une main du côté gauche de son torse.
- Que je suis bête ! Je n'ai plus de cœur, dit-il en inspirant et expirant rapidement, il faut que je me reprenne. Beaucoup de dangers se trouveront peut-être sur ma route mais il faut à tout prix que je trouve Darcy et Elizabeth. Sinon, ils mourront avant même d'avoir eu des enfants. Mais avant tout il faudrait que je sache où je suis !
Nicolas espérait seulement de ne pas être en Ecosse. D'après plusieurs rumeurs, les écossais étaient des rustres qui se mangeaient entre eux. Et pour tout dire, il n'avait pas très envie de voir si ces rumeurs étaient vraies.
Pour savoir où il était, il marcha à travers bois, espérant trouver des bûcherons ou autres paysans afin de leur poser la question. Il aperçut une maison sur le bas-côté et décida de s'arrêter pour demander son chemin.
- Bonjour monsieur, bonjour madame, voilà, je me demandais si vous saviez où nous étions et où se trouve Longbourne s'il vous plait ?
Nicolas n'eut pour toute réponse, qu'un silence. Le couple était occupé à ranger des bûches dans une petite remise pour qu'elles puissent sécher. Fronçant les sourcils, il s'approcha de l'homme et tapota son épaule. Ce dernier se retourna brusquement, le visage dur.
- Tu as senti Martha ?
- Quoi donc John ?
- Je sens une présence.
- En effet c'est moi, je suis là, dit Nicolas en agitant les bras en l'air pour se faire voir.
- Voyons, tu délires mon chéri. Oh, toi je suis persuadée que tu bois en cachette !
- Ah non, cela fait plus d'un mois que j'ai arrêté. Juste pour toi en plus.
- Madame il n'a pas bu puisque je suis vraiment là. Il parle de moi en réalité, continua Nicolas en se mettant devant la femme.
- John Dougal, si je trouve la moindre bouteille dans la maison.
- Mais Mimine, il y en a forcément une puisque tu bois un peu.
- Taratata. Je ne veux pas le savoir. Je vais tout de suite aller voir, répondit d'un ton sec Martha Dougal.
Les deux rentrèrent dans leur maison, Martha d'un pas décidé, John essayant de raisonner sa femme. Nicolas essaya de leur barrer le passage, un doigt devant lui, la bouche grande ouverte, prêt à parler mais le couple le traversa sans retenue. Le fantôme frissonna et se retourna vers eux pour les suivre. La porte lui claqua au nez et Nicolas s'arrêta, tête baissée.
- Déjà que je n'étais pas aimé de mon vivant, je ne vois pas pourquoi cela changerait dans ma mort.
Nicolas repartit et s'enfonça un peu plus dans la forêt à la recherche d'une autre personne qui pourrait l'aider. Tout à coup un bruit se fit entendre. Il s'arrêta aussitôt essayant de trouver la source. A sa déduction c'était une jeune fille qui... chantait ? Il s'avança cherchant la personne et tomba sur un cimetière. Marchant parmi les tombes, il tourna la tête des deux côtés pour repérer la femme. Il se courba pour éviter de se faire voir.
- Mais je suis bête, je suis un fantôme. Elle ne pourra donc pas me voir !
Il se redressa avec un grand sourire et continua de marcher. Soudain quelque chose le propulsa contre terre et Nicolas se massa la tête avec un grognement. Il se retourna, toujours sur le sol et vit une fille, un livre à la main et cette dernière levée. Elle poussa un petit cri et sortit rapidement un pistolet pour le pointer sur lui.
Ce n'était pas possible... Il n'allait pas mourir une deuxième fois... Si ?
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