Prologue
Valentin du Château-Boisé était de très bonne humeur. À 18 ans, le jeune homme n'était pas encore un Pré-Élitien, mais il rêvait à le devenir d'ici quelques années. Il venait de passer deux semaines hors de l'école de l'Élite pour une mission, et était passé chez sa fiancée, pour lui offrir des fleurs qu'il avait ramassé durant sa mission.
Il lui tardait de revoir sa chère et tendre, mais il fallait qu'il fasse valider sa mission, et ensuite, il aurait pratiquement un mois de tranquillité avant de se voir assigner une nouvelle épreuve.
Il aperçut de loin un membre de l'Élite près d'un bassin d'eau, visiblement trempé et hagard. Le pauvre devait avoir été déplacé par un magicien manquant d'expérience, pour ne se trouver au sec.
— Enchanté ! Tu reviens d'une mission toi aussi ?
Il n'eut pas de réponse immédiate, mais Valentin n'était pas à cheval sur la politesse. L'adolescent face à lui était grand (mais moins que lui tout de même), des yeux bleus, des cheveux blonds et longs, et un arbre doré bien garni.
— Les voyages par bassin peuvent être assez mouvementés, surtout les premières f...
— Qui êtes-vous ?
L'interruption était assez grossière mais le jeune homme ne s'en formalisa pas.
— Valentin du Château-Boisé, enchanté ! Et quel est ton nom ?
— Du Château-Boisé ?! s'écria l'autre sans répondre à sa question.
— Eh bien, oui... Tu n'as pas l'air en forme, on devrait rentrer à l'Élite, et de toute façon je dois y faire mon rapport de mission.
L'inconnu hocha la tête, l'air songeur et regardait autour de lui d'un air perdu. Il lui emboîta tout de même le pas, le suivant dans un silence un peu gênant, que Valentin tentait de combler en lançant des phrases quelconques. Ses tentatives de conversations étaient des échecs cuisants, et il fut très soulagé de voir que l'Arbre doré se profilait à l'horizon. Il signa le registre de son nom, et la Grille épineuse s'ouvrît pour eux, lui permettant de fouler le sol du vestibule avant de se retourner en remarquant qu'il n'était plus suivi.
L'Apprenti blond observait l'Arbre doré avec un air étrange, indescriptible. D'ailleurs, l'Arbre brillait d'une lueur puissante, quelque chose de franchement rare, mais Valentin ne s'y attarda pas.
— Tu viens ? Je dois encore faire mon rapport...
L'autre élève resta hésitant quelques instants de plus, avant de franchir la Grille épineuse d'un pas ferme, devançant même un peu Valentin qui trouvait l'adolescent un peu pâlot. Ils manquèrent tous les deux la poussée d'une branche sur l'Arbre doré, bien trop épaisse pour être celle d'un Prétendant.
Valentin ne cessait d'observer l'autre Apprenti par des regards en coin, sans se souvenir de son visage. Mais au fond, cela n'avait rien d'étonnant, l'Élite vivait un âge d'or formidable, et les élèves se comptaient par centaines. Peut-être étaient-ils un millier, sans même prendre en compte les Cœurs noirs, Élitiens et Pré-Élitiens. Ne pas connaître un élève, cela n'avait rien de rare, pas quand ils étaient si nombreux entre les vastes murs de l'école.
— Au fait, tu ne m'as toujours pas dit comment tu t'appelais...
— Arthur Estaffes, pour vous servir.
La voix d'Arthur aurait pu faire sursauter Valentin s'il n'avait pas envisagé que son ami lui fasse une de ces farces un peu puériles. Son camarade sortit de derrière une large stature de pierre, avec un léger sourire moqueur en coin. Par contre, l'adolescent blond était devenu très pâle.
— Tu n'as pas une épreuve à accomplir, au lieu de faire peur aux petits Prétendants ? gronda doucement Valentin.
— Désolé, je ne pensais pas que certains Apprentis pouvaient être effrayés par si peu...
L'adolescent blond s'affala sur l'épaule de Valentin, les jambes tremblantes, comme en proie à une crise de douleur. Le jeune homme n'hésita pas et souleva l'Apprenti, usant de son arbre doré pour ne pas être gêné par le poids du malade. Il ne prit même pas la peine de saluer Arthur, fonçant vers le cabinet du docteur Patientard, en trouvant les marches de sa tour ridiculement nombreuses. Le médecin de service était heureusement présent, et lui indiqua un lit où il pouvait déposer le jeune inconnu.
Jurençon avait le corps glacé, son cœur battait à tout rompre dans sa cage thoracique et une envie de vomir le tenaillait. Il était soulagé de ne plus être debout, mais c'était un réconfort minime à côté du reste de son corps.
Est-ce que ses pouvoirs essayaient de le tuer ? Probablement.
C'était la seule explication possible pour justifier qu'il ait fait face à un Estaffes adolescent.
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