C'est faux...  Tu te trompes... Ce n'est pas la vérité... C'est impossible, irrationnel...

Arrêtez ! Ne dites rien ! Je sais ce que j'ai vu. Vous ne pouvez pas comprendre ! Personne ne peut comprendre. Sauf toi.
Mais malheureusement, personne ne me croit. Pour eux, tu n'as pas existé, le temps passé ensemble non plus, rien de ce que je dis ne peut être vrai.
Alors je ne me bats plus, je ne réponds plus, mais je sais que tu existes.

Des jours passent avec une lenteur que je pensais impossible, je sens passer chaque seconde, chaque minute, chaque heure. Tout n'est que gris et noir. Tous les jours le même trajet pour la même chose : aller voir mon psychiatre. Je croise toujours les mêmes personnes, les mêmes rues, les mêmes nuances. Je ne sais pas quand j'ai arrêté de voir la beauté de la vie. Est-ce d'un coup ou petit à petit ? Je ne me souviens plus, tous les jours se confondent, tout s'efface, tout n'est que banal et remplaçable. Depuis la première seconde de mon retour, j'ai arrêté de vivre.

Nouvelle séance. Toujours les mêmes questions. Toujours les mêmes réponses.Toujours les mêmes explications. Une répétition sans fin : il ne me croit pas. Quoi que je dise, quoi que je fasse, il marque toujours la même chose : elle ment. Malgré toutes les preuves que j'apporte, une chose coince : le temps. Même moi je n'arrive pas à expliquer comment tu as fait. Alors, je me tais, je pose mon regard sur la fenêtre et j'observe au loin la ville qui vit, elle est si belle, si innocente mais regorge tellement d'injustice : une innocuité impure. Le psychologue m'observe, note et écrit chacune de mes réactions, tel un médecin trouvant une nouvelle maladie. Mais être cobaye ne m'amuse pas beaucoup, alors, encore une fois, je m'enfuis de cette salle et je cours : pour fuir cette ombre qui me suit, pour échapper ces gens qui me hurlent : « Menteuse ! », pour m'évader de cette prison qui m'oppresse ; courir est le seul moyen que j'ai trouvé pour ne pas devenir folle même si je n'ai pas l'impression que cela marche.

De retour chez moi, je m'enferme dans ma chambre. Elle est vide, froide et ne me ressemble pas. Aujourd'hui, par ta faute,je ne sais plus qui je suis et je ne veux plus être personne. La chambre qui regorgeait de couleurs et de personnalité, n'est plus d'actualité, toujours à cause de toi. Pourtant, avec toi,je le savais encore, j'étais courageuse, intrépide, têtu, fragile, et une confiance en moi et en le monde. Je t'en veux tellement, tu m'as détruite sans rien faire.

Quand je suis sortie de cette maison dans ce coin de rue, j'ai voulu aller porter plainte pour que tu ne recommences jamais, que personne ne vive ce que j'ai vécu. Mais ils ne m'ont pas crue, ce fut les premiers d'une longue liste. La seule chose que j'ai réussi à faire : c'est qu'on écrive sur mon dossier instable psychologiquement.
Instable, je suis instable. Réalité brutale : absurde, je dénis.

Je chercherai toute ma vie à te retrouver pour prouver à tout le monde que je ne suis pas instable, pour prouver que ce que j'ai vu n'est pas juste une vision déjantée d'une adolescente en manque d'attention. Malgré le manque croissant de confiance en moi, je crois en toi et cela me suffit, pour l'instant.