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8

Le lac de Charpal était un endroit magnifique en début de journée. Les quelques nuages qui traversaient le ciel se reflétaient dans l'eau claire. Un petit vent frais traînait dans l'air. La première chose qui avait frappé Hugo à son arrivée au Lac, c'était le calme olympien qui régnait ici. Il n'y avait plus de voiture, plus de cri, plus de tramway, la nature régnait en maître en ces lieux. Seul le clapotis de l'eau et quelques lointains oiseaux semblaient se faire entendre en ce lieu. Après la fureur de la ville, il trouvait cet endroit reposant. Armé d'un revolver pour les éventuels infectés et d'une canne à pêche pour les éventuels poissons, Hugo envisageait de passer une matinée plus tranquille que la précédente.

Les événements concernant Leila avaient gâché la journée de la veille. Hugo avait assisté impuissant à sa mort et à sa transformation en infecté. Dans un premier temps, personne n'avait réellement comprit ce qui venait de se produire. Il n'y avait pas de monstre près de la maison de James et d'Hillary, la jeune femme n'avait pas pu se faire mordre. De plus, la période d'incubation des nanomachines était relativement courte habituellement.

Finalement, ce fut Lucas qui s'accusa de l'infection de celle qu'il aimait. Il expliqua qu'il était une sorte de porteur sain de cette contamination. Il ne semblait avoir compris cela qu'une fois que le mal eût été fait. Il avait passé le reste de la journée à aller prendre l'air avait-il dit. Le problème c'est que sa balade s'était transformé en une sorte de massacre. Il était revenu à la maison avec les vêtements couverts de sang. Il avait ensuite dit à Hugo qu'il était allé à Mende pour voir la situation.

Hugo pensait plutôt que le policier s'était défoulé sur des infectés. Il le comprenait entièrement. Quand Sonia s'était faite assassiner, il avait massacré avec plaisir quelques cadavres ambulants. Certes, dans le monde d'avant ceci ne représentait pas une méthode saine pour faire partir la douleur de la perte d'un proche, mais les choses avaient changé depuis quelques jours.

À ses côtés, Jean-François l'accompagnait à la pêche. Le médecin avait exercé son art sur la blessure qu'Émilie lui avait légué avant sa mort. Depuis ce moment-là, il n'avait guère eux l'occasion d'exercer son art. On ne stoppait pas cette infection et les petits bobos sans importance se faisaient depuis quelque temps.

« J'aimerais bien ausculter Lucas, dit-il en brisant le silence de la nature.

-Je ne pense pas qu'il accepterait. Il a d'autres problèmes en ce moment. Il est reparti ce matin après le petit déjeuné.

-Imagine un moment tout ce qu'on pourrait faire si on avait les moyens d'un laboratoire. On pourrait peut-être trouver une parade à cette monstruosité. Il doit avoir quelque chose en lui qui a stoppé la progression de ces choses !

-Je n'y connais rien, dit Hugo, mais notre avancée technologique pourrait-elle permettre de comprendre ce qu'est cette calamité ? »

Les bouchons des appâts flottaient tranquillement. Pour le moment, aucun poisson n'avaient mordu à l'hameçon. Ils espéraient que le lac pourrait les nourrir pendant quelque temps. Pour le reste, les chèvres et le potager de James devraient faire l'affaire.

« Toi qui es un homme de science, Jean-François, est-ce que tu crois à la thèse extraterrestre ?

-Je ne pense pas que ce soit une bonne thèse. Dans certain laboratoire, je sais que les recherches sur les nanotechnologies ont fait des bonds fulgurant ces dernières années.

-Tu penses vraiment que ces choses sont des inventions humaines ? Ça tue un être humain et le réanime. Les personnes infectées ne ressentent plus la douleur et ne peuvent pas être tué par des moyens conventionnels. En fait, tout ce qui tuerait un humain ordinaire ne leur fait rien.

-Les nanomachines actives les muscles et elles prennent possession du cerveau. En fait tout ce dont le corps a besoin pour marcher est fourni par ces choses. Pour le moment je ne vois pas d'autre explication à ceci. J'ai beau retourner le problème dans ma tête, je ne vois que ça. En fait, je suis arrivé à une conclusion encore plus terrifiante. Il faut bien que quelque chose contrôle ces nanomachines et ces dernières doivent certainement renvoyer des informations tu ne penses pas ?

-Oui certainement mais où veux-tu en venir ? Je ne suis pas sûr de tout suivre. »

Jean-François marqua une pause. Une rafale fit bruisser les aiguilles des sapins entourant le lac. Au loin, un poisson sauta hors de l'eau en provocant quelques vagues concentriques.

« Il n'y a qu'une explication. Les personnes qui sont à l'origine de cette infection sont aux commandes. Je ne pense pas que le monde aurait pu sombrer en quelques jours si personne n'avait aidé cette infection. Cela ne me semble pas logique sinon. Il n'y a pas qu'une seule source à cette pandémie. J'ai l'impression que les personnes qui ont fait ça, se sont concertés pour tous nous frapper en même temps.

-Tu penses que c'est un complot ou une attaque terroriste ?

-Je ne pense pas que la piste terroriste soit valable. Aucune organisation terroriste n'a les moyens de mener des années de recherche et de contaminer la plupart des pays en même temps !

-Quel gouvernement serait assez fou pour détruire le monde ? L'Iran ? La Corée du Nord ? Les États-Unis ?

-Je ne sais pas... Si tout le monde est touché, alors quel est l'intérêt.

-Je ne sais pas si le monde entier est touché, dit Hugo, mais il me semble que nous n'avons pas d'information sur des pays qui sont lointains. En fait, je pense que c'est le black out mondial. Ce que j'entends par là, c'est qu'on ne saura pas si un pays s'en sort mieux à moins d'y aller. On est revenu au Moyen Âge au niveau de l'information, c'est flippant.

-C'est ce qui me fait penser que ça ne peut être qu'un pays qui a su se protéger, sinon je ne vois pas pourquoi se donner tant de mal. Je pense aussi qu'il y a un bouton off sur les infectés. Quand nos ennemis considérerons qu'on est trop faible, ils arrêteront les nanomachines.

-Tu sais Jean-François, le pays que tu décris pourrais très bien être celui des extraterrestres. Imagine qu'il souhaite coloniser la planète Terre, mais qu'ils n'ont pas envie que les humains leur casse les pieds. Ils envoient leurs nanomachines faire le boulot à leur place. Ils trouvent une terre vidé de ses êtres humains et au final ils conquièrent la planète aussi facilement que ça.

-Je suis très cartésien. Donc les extraterrestres et tout ça, je n'y crois pas vraiment.

-Parfois les choses les plus incroyables s'avèrent les plus logiques. »

Un poisson mordit enfin à l'hameçon d'Hugo. Il n'avait que peu d'expérience de la pêche. La canne se tordit et la ligne se tendit. Normalement dans ce genre de situation il devait mouliner le plus rapidement possible et remonter le poisson. Il tira encore et encore. Il eut même l'impression que la canne allait se briser à un moment. Finalement, il réussit à sortir une grosse truite, qui se débattait encore lorsqu'il l'empoigna. Il l'a mis dans un seau d'eau et continua la pêche.

Les deux hommes parlèrent ensuite de leur ancienne vie : Hugo à la faculté de droit de Montpellier et Jean-François de son poste d'interne au centre hospitalier universitaire. Le médecin venait d'Abidjan. Il n'avait pas vraiment grandi au sein d'une famille dans le besoin. Il était venu en France pour se spécialiser en chirurgie. Durant ses études, il était tombé amoureux du pays et de ses gens. À plusieurs reprises, il s'était demandé s'il ne préférait pas rester ici. Il avait vécu quelques relations amoureuses infructueuses. Pour finir, il avait pris sa décision de rentrer chez lui. Malheureusement, la fin du monde en avait décidé autrement.

Hugo avait beaucoup moins de chose à raconter sur son ancienne vie. Ses études à la fac avaient tourné court et sa vie professionnelle se résumait à un emploi à la plonge d'un resto universitaire. Il ne préféra pas aborder le sujet de sa vie sentimentale qui aurait fait rire un dépressif.

Certes, il n'avait pas encore atteint les vingt-cinq ans, mais à cet âge là Alexandre le Grand avait conquis la Grèce, l'Égypte et une partie de l'Asie mineure. La comparaison avec Alexandre était en général une mauvaise idée. Elle rappelait trop souvent qu'à une époque les gens faisaient plein de chose de leur vie avant d'avoir atteint les trente ans. Cette époque était révolue évidemment.

Hugo avait des rêves dans le passé. Il s'était rapidement aperçu que la plupart de ces rêves ne se réaliseraient pas. Il ne serait jamais guitariste d'un groupe de rock parce qu'il n'avait aucun sens du rythme. Il ne vivrait jamais une belle histoire d'amour avec Émilie parce qu'il lui avait collé une balle dans la tête et il risquait fortement de finir sa vie dans la Lozère.

« Je n'aurais jamais cru atterrir en Lozère un jour, dit-il.

-Je ne connaissais pas la Lozère quand j'étais petit, une région aussi verte et avec autant d'eau m'aurait semblé être une sorte de paradis à l'époque. Je n'aurais jamais cru que cela aurait été possible. Je viens d'un endroit de chaleur et de poussière alors des sapins autour d'un lac... Le plus fou c'est la première fois où j'ai vu la neige tomber. Je dirais que ça m'a fait un choc. J'avais déjà vu des images de neige à la télé, mais se dire que ces flocons qui ressemblaient à du coton pouvait me faire aussi mal que ça, fut une vrai surprise pour moi. Je m'attendais à quelque chose de doux à prendre en main pas à une sorte de piqûre sur tout mon épiderme.

-Je vois ce que tu veux dire. Dans le sud de la France, il ne neige pas souvent malheureusement. J'imagine que c'est parce qu'elle est rare que je l'aime bien. Elle me rappelle des bons souvenir. Lorsque je voyais à travers la fenêtre de la maison de mes parents les flocons tomber, j'aimais me blottir près d'un bon feu de cheminée tout en sachant qu'il faisait froid à l'extérieur. C'est des bons souvenir tout ça. Je pense que la prochaine fois que je verrais de la neige, j'ai certainement peur de mourir de froid. La Lozère n'est pas l'endroit le plus accueillant en hiver.

-Eh bien, survivons déjà jusqu'aux premières neiges et ensuite on pourra râler ! »

Ce fut Jean-François qui pêcha le second poisson. Il sortit une perche de quelques kilos. Les eaux du lac semblait bien poissonneuses et il ne devait pas rester beaucoup de pêcheur dans le coin. Lucas disait qu'il n'avait rencontré aucun survivant à Mende. La capitale de la Lozère n'était hantée que par des cadavres animés.

Les deux hommes rentrèrent vers la ferme des Américains lorsque la faim commença à se faire sentir. La maison se trouvait à une dizaine de minutes du Lac de Charpal. Le trajet passait par les bois avant de grimper sur le flan d'une colline. Personne ne vint les importuner. Depuis Leila, Hugo n'avait plus revu d'infectés. Peut-être qu'il était possible de rester caché durant une longue période si on ne faisait pas de vague. L'idée que ces monstres fussent télécommandés par une intelligence supérieure n'était certainement qu'un scénario de science-fiction d'un plongeur de resto universitaire en mal de repos.

Lucas devait mieux comprendre cette infection, cependant depuis la mort de sa copine, il restait invariablement silencieux sur le sujet. Il n'y avait pas de soucis. Les réponses devraient attendre plus tard.

En arrivant vers la ferme, ils aperçurent Séverine qui donnait à manger à des poules. Elle semblait avoir fait ceci toute sa vie. Hugo se dit qu'il connaissait bien peu de choses sur elle. Que faisait-elle avant que la fin de l'humanité ne commence ? Comment avait-elle réussi à survivre ? C'était le genre de question que se posait le jeune homme sur la plupart de ses compagnons de voyage. Certes pour Lucas, la survie avait été plus facile que pour d'autre, il était policier et il avait accès à des armes à feu et il était entraîné à tirer. Cependant pour Jean-François la question se posait. Hugo avait déjà vu le médecin manier la hache ou le revolver et il avait une certaine dextérité dans le domaine. Il devait certainement occuper ses week-ends à couper du bois.

« Elle est mignonne la petite rousse, dit le médecin. »

La remarque surprit Hugo. Il n'avait jamais entendu le médecin parler de manière aussi triviale. D'ailleurs à la réflexion, il n'arrivait pas à donner un âge à cet homme. Apparemment, il étudiait encore la médecine, mais bon les spécialisations prenaient de nombreuses années. À première vu, il semblait avoir un âge indistinct entre les vingt -cinq et les trente ans. Il avait une certaine bonhomie qui rendait encore plus difficile toute estimation. Très peu de cheveux poussaient sur son crâne, mais Hugo n'en distinguait aucun de blanc.

« C'est vrai qu'elle est charmante.

-Ne me dit pas que tu n'avais jamais pensé à ce qui risquait de se produire dans quelque temps !

-Non, il va se produire quoi ?

-Eh bien James est avec Hillary, Lucas est un porteur sain, Thierry et Claude sont homosexuels, il ne reste que nous comme homme célibataire. On a deux femmes célibataires en face. Séverine me plaît plus qu'Amandine. »

La fille que Lucas avait sauvée des griffes d'une bande de villageois avait son charme elle aussi, mais il était vrai que Hugo trouvait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas avec cette fille.

« Ben j'ai du mal à faire confiance à cette Amandine, dit Hugo.

-Moi elle me fait carrément flipper, les villageois racontaient des choses sur elle. Ils disaient que c'était elle qui avait contaminé des hommes du village en les séduisant.

-J'aurais pensé que ceci était parfaitement ridicule, il y a deux jours, mais depuis que Leila a été contaminée par un simple baiser, je me demande s'il n'est pas possible... »

Les deux hommes arrivaient à portée de voix. La phrase d'Hugo n'arriva jamais à son terme. De toute manière, Jean-François avait dû comprendre l'idée. Amandine avait-elle oublié de dire qu'elle était un porteur sain des nanomachines ?

« Alors ma belle, dit Jean-François en direction de Séverine avec un grand sourire dans la bouche, comme ça se passe l'élevage de poule ? »

Apparemment, le médecin envisageait réellement de passer à l'attaque concernant la jeune femme rousse. Enfin, Hugo n'aurait su dire si elle était jeune ou pas. Pour elle aussi, il avait quelques soucis pour lui donner un âge.

« Eh bien, c'est très différent de Farmville ! Les poules ne donnent pas d'œuf quand on les nourrit. En plus, je ne trouve pas les petites étoiles qui me donne de l'expérience pour passer de niveau. Et vous la pêche a été bonne ?

-Bien qu'on n'ait pas pêché de sirène on a réussis à attraper quelques poissons. Les eaux du lac devrait nous donner de quoi survivre durant quelque temps.

-J'ai entendu James dire que ce lac servait de réserve d'eau pour la ville de Mende. Les eaux ne semblent pas pollué. Notre hôte disait que sa maison était reliée au lac et qu'il avait de quoi purifier l'eau qu'il prenait. »

Séverine lançait des petits regards complices à Jean-François alors qu'elle lui répondait. Il semblait que le charme africain avait fait une victime. Hugo n'était pas prêt à avoir une autre relation. La blessure de la mort de Sonia était trop fraîche pour le moment. De toute manière, la seule fille célibataire qui allait rester dans la ferme serait Amandine.

Claude sortit de la maison avec un seau d'eau chaude qu'il lança dans la cours. L'homme de Thierry avait une certaine classe même au milieu de la fin du monde. Ses cheveux poivres et ses yeux d'un bleu glacial lui donnait le statut de vieux beau. Ses quelques rides d'expressions qui naissaient un peu partout sur son visage participaient aussi à l'impression qu'Antoine avait de lui. Même en faisant le ménage, l'homme avait une chemise classieuse. Cette dernière légèrement ouverte faisait apparaître un bout de torse épilé de près. Même sa barbe naissante ne semblait pas pousser dans le désordre.

« Salut les gars, la pêche a été bonne ? Dit Claude. »

Il apparut à Hugo que tout le monde allait lui demander comment la pêche s'était déroulé. S'il avait su, il aurait revêtu un panneau sur lequel il aurait marqué que la pêche avait été bonne.

« La pêche a été bonne, dit Hugo. On aura du poisson à manger. Je pense qu'on pourra vivre en autosuffisance.

-On pourrait, mais bon, j'ai pas encore vu de distillerie pour fabriquer notre propre alcool. Donc jusque-là, il faudra se rationner, dit Claude avec une ironie à peine voilée. Je ne te parle même pas de la sono qui est pas super. On ne risque pas de faire la fête dans le coin. »

Hillary et James leur demandèrent si la pêche avait été bonne. Ce fut enfin au tour de Thierry de poser la question. Le mari de Claude était beaucoup plus jeune que ce dernier. Il devait être âgé d'une trentaine d'année. Il avait le type méditerranéen. Le bronzage était parfait, les yeux étaient sombres et les cheveux bruns. Son visage s'accordait bien avec le reste de son corps. Il n'y avait que sa petite taille qui dénotait avec le reste. Cependant ce détail physique ne semblait pas gêné son mari qui lui avait passé la bague au doigt juste après que la loi fut passé.

Claude avait déjà raconté les circonstances en long en large et en travers. Il évoquait à qui voulait l'entendre comme ils avaient faillis être le premier couple officiellement uni par la maire de Montpellier. Ceci ne s'était pas fait à cause d'un stupide retard administratif. Hugo était néanmoins heureux pour eux. Ils avaient réussi à traverser l'enfer et à y survivre ensemble. Les deux hommes étaient restaurateurs ce qui ne les prédestinait pas du tout à une survie éclatante au milieu de cette pandémie. Apparemment, leurs couteaux de cuisine les avaient sauvés à de multiples reprises. Après les événements du Polygone seul les plus chanceux ou les plus meurtriers avaient survécu.

Lucas n'était pas revenu de sa sinistre balade. Personne ne l'attendrait pour manger. Mais il serait dans l'esprit de tous ses nouveaux colocataires. Il n'y avait pas eu de volontaire pour lui parler en privé la veille lorsqu'il était rentré tout ensanglanté et puant le cadavre. Les survivants s'étaient regardé les yeux dans les yeux en se demandant qui allait faire le premier pas, cependant faute de volontaire, le premier pas était mort dans l'œuf.

Durant le petit déjeuné de la journée, personne n'avait réagi quand il avait annoncé qu'il repartait à Mende pour la journée. Il ne s'était pas justifié et n'avait pas donné de raisons à ce départ. Il n'avait pas invoqué une quelconque utilité à cette balade.

Quelques minutes après le retour d'Hugo et de Jean-François. Tout le monde se mit à table. Il y avait comme un air de repas de famille du dimanche. La seule différence c'était que la plupart de ses gens ne se connaissait pas la semaine précédente.

Hillary apporta le déjeuné. Elle avait préparé une ratatouille avec des légumes de son jardin. De plus, James avait tué deux poulets pour les invités. Il n'y avait pas de pain, mais Hugo avait tellement faim qu'il ne s'arrêta pas à ce détail.

Ce fut Thierry qui lança le sujet de discussion. Il semblait à Hugo que tout le monde cherchait à éviter le thème Lucas durant les repas.

« Alors, dites-moi les choses qui vont vous manquer vu que le monde s'est finit ! »

Personne n'osa se lancer le premier dans le débat. Hugo faillit dire : ses parents et Sonia. Il se ravisa. Il ne voulait pas être celui qui plomberait l'ambiance.

« Eh bien quel succès, répondit Thierry à sa propre question, moi ce qui me manquera le plus c'est les soirées en boite de nuit. »

Le cuisinier affichait un grand sourire. Il avait l'air content de lui.

« Ouais, en tant qu'homosexuel et que montpelliérain vous vous attendiez à quoi ?

-OK à mon tour, dit Séverine, ce qui va le plus me manquer avec cette foutue fin du monde, c'est le sac Cartier que j'avais commandé sur le net et qui ne va jamais arriver. En plus, je suis sûr que le service après vente sont tous devenus une bande de mort-vivant. »

Si elle pouvait se payer un sac Cartier, Séverine devait avoir un bon salaire. Il se pouvait même qu'elle soit une riche héritière ou ce genre de chose. De toute manière, ces choses ne comptaient plus vraiment aujourd'hui.

« Moi ce qui va me manquer, dit Claude, c'est d'aller au cinéma. Depuis tout petit, j'ai vécu mes plus belles émotions dans les salles obscures. Le fait de savoir que les plus grands réalisateurs du monde sont devenus une bande de cadavre ambulant me déprime ! »

Hugo sentait son tour arriver. Il fallait réfléchir à une anecdote sympathique et pas trop triste.

« Mon boulot de médecin va me manquer, répondit sans trop de surprise Jean-François, mais ce qui va me manquer le plus, ça va être les soirées carabins avec mes collègues. Je peux vous dire que c'est autre chose que vos soirées en boites les gars !

-Houla, lança Claude, fait gaffe, tu vas te faire un ennemi mortel. Mon homme n'aime pas trop qu'on critique les nuits gays de Montpellier.

-Ouais ! Je te le confirme, intervint Thierry. »

Les deux hommes se mirent à rire.

« Rien ne va me manquer, dit James, j'ai déjà tout ce que j'ai toujours désiré ici : la nature, ma femme que j'aime, un mode de vie qui respecte l'écologie et maintenant j'ai plein de nouveaux amis qui viennent de plein d'horizon différent. Je pense que j'ai pas besoin de beaucoup plus ! T'es du même avis que moi chérie ?

-Oui, je partage entièrement ton avis ! »

Tout le monde commença à se tourner vers Hugo et Amandine qui n'avait pas prononcé une parole depuis le début du débat. Il décida de se lancer dans le bain.

« J'ai beau chercher, mais je pense que ce qui va me manquer le plus, c'est de ne plus pouvoir manger à l'œil au resto universitaire de Boutonnet... Ah oui j'oublie, il y a aussi les kebabs de Montpellier. À chaque fois, c'était une aventure ! On ne savait jamais si on allait ou pas attrapé une intoxication alimentaire ! »

Le commentaire eut l'air de plaire ! Il arracha sans difficulté des rires et des sourires à toute l'assistance. Les regards se tournaient à présent vers Amandine.

« Moi ce qui va me manquer dans ma vie d'avant... Commença-t-elle avant de prendre une seconde pour réfléchir. Je pense que c'est faire du shopping. J'aime bien m'acheter des nouveaux vêtements et je sens que dans les prochains mois il ne risque pas d'y avoir beaucoup de nouveaux arrivages. »

Hugo n'était guère convaincu par le discours de la jeune femme. Il y avait quelque chose qui sonnait faux. Non, tout cela n'était peut-être qu'un excès de prudence ou une trop grosse paranoïa qui généré par cette infection. Le jeune homme pensait de plus en plus que ses congénères vivants était un risque pour lui.

« Les filles et leur amour des fringues... Dit Jean-François, c'est presque un cliché tout ça. Non les filles ?

-Mais pas du tout, répondit Amandine.

-Ben sur deux filles y'en a une qui va pas pouvoir avoir de sac et une autre plus de fringue ! Dit Hugo. Vous savez avec tous les hommes forts qu'il y a ici, on devrait pas avoir trop de problème à vous offrir des cadeaux de temps à autre !

-Monsieur le plongeur est trop bon, répondit ironiquement Séverine, j'espère que tu ne comptes pas que sur ton salaire pour nous offrir de belles choses !

-Non, l'argent ne vaut plus rien de nos jours tu sais, la seule chose qui compte c'est de piquer la bonne chose dans la bonne vitrine !

-Tu commences à comprendre mon cher Hugo !

-Eh bien, mon petit Hugo, dit Jean-François, tu es un véritable charmeur ! Mais bon tu sais, les étudiants en droit ne font pas le poids face aux vrais médecins, n'est-ce pas les filles ? »

Pour toute réaction, Amandine avala une bouchée de sa ratatouille et regarda son assiette. Elle ne semblait pas très intéressée par les atermoiements sentimentaux de ses congénères. Hugo rajouta ceci à la longue liste des choses qu'il trouvait étrange en elle. De son côté Séverine se mit à rougir. Une rousse rougissant était un spectacle qui valait le détour. Jean-François ne semblait pas la laisser indifférente. Hugo se dit que cela était mieux ainsi, perdre les gens qu'il aimait ne le tentait pas.

« Eh bien moi, dit Hillary dans un bon Français et avec très peu d'accent, je vous dirais que j'ai connu les fastes de la vie New-yorkaise, j'ai eu des bijoux magnifiques, porté des robes de grands couturiers et eu du parfum hors de prix. Eh bien après toutes ces choses je trouve que mes véritables bijoux aujourd'hui ce sont mes plantes, mes roses, mes myosotis, mes chèvrefeuilles japonais et mes cerisiers en fleur une fois par an. Vous verrez les filles, bientôt vous ne jugerez que par les choses qui ne coûte rien et que la nature vous donne gratuitement.

-Un très beau discours, dit James, vous ne pensez pas ? »

Les autres répondirent par un pieu silence. Ils étaient tous des citadins convaincus et venir en Lozère semblait être des vacances un peu forcée mais tout de même des vacances. Ce qu'il y avait de plaisant et de déplaisant avec les vacances, c'était qu'elles avaient le don pour ne pas durer. Malheureusement ces vacances-là risquaient de devenir leur vie. Il n'y aurait pas vraiment de fête du village pour leur faire oublier leur quotidien simple.

Hugo se demanda qui allait péter un plomb le premier. Thierry pourrait être un des premiers, mais il aurait toujours Claude pour le canaliser. Il se pouvait que Séverine souffre plus que de raison du manque de magasin de luxe, mais son histoire à l'état fœtal avec Jean-François risquaient de grandir. Ils pourraient se canaliser tout les deux et si la chance le voulait d'ici quelque mois un joli petit métis sortirait de cette matrice.

En fait, la personne qui arrivait en tête des prédictions d'Hugo pour le pétage de plomb, c'était lui-même. L'idée lui déplut beaucoup, il n'avait guère envie d'être le type casse-pied qui deviendrait le méchant de l'histoire. Il se demandait si tous les autres survivants choisiraient de le bannir en cas de pétage de plomb ou s'ils allaient l'assassiné. Enfin, si c'était la justice qui parlait, il n'y avait pas d'assassinat.

Pour le moment, le seul qui était en plein pétage de plomb c'était Lucas. Le policier avait une attitude qui risquait de devenir de plus en plus problématique. Il devait se trouver quelque part dans la cuvette de Mende. Avec de la chance, il leur rapporterait des choses intéressantes.

Hugo acheva son repas, il n'avait jamais vraiment apprécié la ratatouille, mais il mourrait de faim. Il voulait aussi faire honneur à la cuisine de leur hôte. Finalement, il trouva que le plat était vraiment bon. Il demanda même à en reprendre. Il n'avait plus rien à voir avec l'ado qui se fâchait avec son père parce qu'il ne voulait pas manger le bon plat que sa mère avait fait. Il devenait peut-être un adulte pour finir. Il fallait bien que ça arrive un jour.

La porte s'ouvrit. Un rayon de soleil entra à l'intérieur. Il y avait une silhouette qui barrait la porte. Une odeur de mort traînait avec le nouvel arrivant. Cette arrivée intempestive arrêta toute discussion à table.

Une fois que ses yeux s'habituèrent à la luminosité, Hugo discerna Lucas. Le policier était en plus triste état que lorsqu'il avait quitté la ferme le matin. Il était recouvert de sang et il semblait réellement à bout de force. Il ne devait pas dormir beaucoup la nuit et ses journées devaient être tout sauf reposantes.

Il y avait plus grave, il arborait diverses blessures, la plupart semblaient être l'œuvre d'infectés en mal de chair humaine. Pouvait-il se transformer ? Ou avait-il définitivement vaincu les nanomachines tous seul ? Hugo n'avait pas très envie d'attendre la réponse de la bouche de l'intéressé. Il sortit son revolver et le posa sur la table. En cas de danger, il serait prêt à réagir rapidement.

« Ne t'en fais pas Hugo, commença Lucas avec une voix d'outre tombe, je ne peux pas me transformer. Une dizaine de ces enfoirés m'ont mordu aujourd'hui. Je sens à chaque fois dans leur salive leur nanotechnologie qui essaie de me corrompre, mais à chaque fois je les intègre à mon corps. Il y a pire en fait. Je sens de mieux en mieux la présence des infectés, je sais dire où ils se trouvent. Je sens dans ma tête ceux qui sont à Montpellier, à Marseille, à Lyon, à Toulouse, je sais qu'ils se déplacent en ce moment précis. Ils viennent vers nous ! »

Hugo pouvait dire au revoir à tous ses plans de vie calme en Lozère. Il n'était pas le seul à voir tous ses rêves s'envoler. La bonne humeur s'était définitivement suicidée. Elle avait été remplacée par une profonde angoisse, aucun des survivants n'avait l'intention de mourir. La simple idée de repartir sur les routes n'enchantaient personne.

« Pourquoi ? Pourquoi ils viendraient sur nous ? »

James fut le seul à prononcer des paroles. Il avait les larmes au bord des yeux. Pour le moment, l'infection avait épargné son petit paradis. Mais malheureusement cela ne durait pas. Leur temps s'achevait à présent.

« Il y a une explication simple. Je l'ai comprise lorsque j'ai vu que j'arrivais à faire fuir les infectés. Me concentrant, j'ai remarqué que j'arrivais à leur donner des ordres grâce aux nanomachines que j'ai à l'intérieur de mon corps. Certes mes ordres ont une très courte portée et ils m'épuisent. Mais, je sais à présent qu'il y a une autre personne qui a des nanomachines en elle. Je sais aussi que cette personne est ici attablé avec vous. »

Il sortit son arme de service et la pointa en direction d'Amandine. La jeune femme leva la tête, dans ses yeux brillait une lueur de défis. Contrairement au reste de l'assistance qui était atterré, Hugo ne distingua aucun signe de peur. Son assurance dégoulinait de son attitude. Le jeune homme saisit son arme à feu et la pointa sur Amandine. Il le savait depuis le début. On ne pouvait pas lui faire confiance.

« Attendez-les garçons, dit James, vous n'allez pas lui refaire le portrait façon cubisme de Picasso, non ? Elle est des nôtres à présent ! »

Amandine leva ses deux mains et applaudit lentement. Hugo abaissa le chien de son arme.

La tension était palpable. Aucun autre des participants de ce drame n'avait l'intention d'intervenir. Hugo sentit que Thierry et Claude se reculaient. Il pariait presque qu'ils auraient tout donné pour pouvoir être ailleurs.

« Vous ne pouvez rien y faire, dit Amandine, vous ne comprenez pas j'imagine. Comment une humaine peu travailler avec les infectés ? Regardez-moi bien. Je suis sûr que la moitié d'entre vous pense que je ne peux pas faire cela. Ils ont raison, comment une jeune femme aussi innocente peut faire ceci.

-Je m'en fiche de savoir ça, lui jeta Lucas, je veux savoir pourquoi tu le fais ?

-Mais voyons mon cher gardien de la paix, c'est de ta faute. Tu es une menace et tu ne le sais même pas. D'ici quelques jours, des milliers... Non des centaines de milliers de nos créatures vont débarquer ici. Si tu penses survivre à quelques morsures, je ne pense pas que tu survivras à un déchiquetage en règle. Tu ne pourras rien faire quand une dizaine de nos choses te déchireront les intestins !

-En quoi, je suis une menace ? Et pour qui tu bosses ?

-Je bosse pour ceux qui ont envoyé ce châtiment. Vous êtes tous très chanceux, mais votre chance va tourner. »

Hugo était prêt à tirer une balle dans la tête de la traîtresse. Il l'avait déjà fait et cela ne lui faisait plus peur. Quoi qu'il arrive, elle mourrait. C'était dans l'ordre des choses, personne ne serait assez fou pour la laisser vivre une seconde de plus. Hugo pensa à toutes les personnes qu'il avait connues et qui était morte durant l'infection. Il ne pouvait pas laisser passer ça. L'humanité le remercierait d'avoir accompli ceci. Ce n'était même pas de la justice, c'était une vengeance pure et simple. Il fallait qu'elle périsse. Il presserait la détente avec plaisir pour sa famille, pour Sonia, pour Leila, pour ses amis et pour tous les monstres qui hantaient sa planète depuis le commencement des événements et qui par le passé avait été des humains.

« La pénicilline ne vous sauvera pas cette fois-ci. L'humanité n'a que la monnaie de sa pièce. Vous pensiez vraiment pouvoir vivre vos pauvres vies inutiles sans que le Jugement dernier s'abatte sur vous. Je sais ce que tu penses Hugo, tu crois que me tuer changera quelque chose. Tu penses que ça va faire revenir les gens que tu aimais. Tu crois vraiment que ta précieuse humanité valait ce que tu envisages de me faire ? Les humains ont passé toute leur histoire à s'autodétruire, vous avez fait la guerre sans relâche, vous avez inventé des moyens de vous réduire à l'esclavage les uns les autres. Sur la fin de votre histoire, vous avez développé des techniques pour détruire la planète que mes maîtres vous avaient offert. Vous pensiez vraiment pouvoir vivre de cette manière encore longtemps ? Vous êtes pathétique. Ne me dites pas que vous aviez rien à voir dans la destruction de votre environnement. Vous faites tous partit du système et vous avez tous votre part de responsabilité dans ce génocide écologique...

-Ta gueule ! Hurla Lucas. Ferme ta putain de gueule !!!

-Oh non, je ne vais pas me taire. »

Elle pointa un doigt sur le policier. Le jeune homme laissa son arme tomber au sol. Il était comme paralysé.

« Si je le voulais, je pourrais te tuer ! Tu n'es qu'une erreur de la nature, mon pauvre Lucas. Tu es le pire d'entre tous, tu as tué ta propre copine. »

Le jeune homme luttait contre une force invisible. Il semblait réellement mal en point.

« Tu ne peux pas me tuer, dit le policier, tu n'aurais pas besoin d'appeler des infectés à la rescousse sinon. Mes nanomachines ne te laisseront pas faire. La seule chose que tu peux faire c'est de me bloquer pendant quelques instants. Tu sais que tout ceci ne fait que reculer l'heure de ta mort.

-Idiot, vous êtes tous qu'une bande de crétin. J'essaie juste de gagner du temps. »

Elle regarda le plafond de la ferme avec un grand sourire.

« Ils sont en place... »

Sa peau commença soudainement à briller.

« Adieu... »

Pour sa famille, pour ses amis, pour Youssef, pour Fred, pour Sonia, pour Leila, pour ses collègues du restaurant universitaire et surtout pour lui, Hugo tira. Il visa la tête. La balle pénétra le crâne de la jeune femme et ressorti de l'autre côté en lui explosa la moitié de son cerveau. Sa peau arrêta soudainement de luire. Elle tomba sur le côté. La face contre le sol. Une mare de sang commença à se répandre sur le parquet de la salle à manger. Elle avait un air presque surpris dans les yeux. Lucas reprit le contrôle de son corps. Il respira un grand coup, c'était comme si Amandine l'avait privé d'oxygène durant quelques secondes.

« Je suis sûr que tu ne t'attendais pas à celle-là ! Salope ! »

Hugo se retint de mettre un coup de pieds dans le ventre de la traîtresse ou de cracher sur sa dépouille. Il ne fallait pas qu'il tombe dans des extrêmes non plus. Il était humain, mais il ne devait pas devenir un monstre.

« Merci Hugo ! Dit Lucas. Tu ne l'as pas laissé partir. Elle aurait tout gagné sinon. »

Personne n'osait prendre la parole. Étaient-ils choqués par ce meurtre de sang froid ou par les révélations qu'elle venait de faire ? Se pouvait-il que certains des survivants se sentent concerné par son discours ?

Hugo n'en avait rien à faire leur avis.

« Bon, on fait quoi, dit-il en s'adressant à tout le monde et plus particulièrement à Lucas. »

Le policier avait subitement prit le rôle de meneur. Il ne semblait pas vraiment préparer à ceci et il ne semblait pas non plus être en grande forme physique.

« Eh bien mesdames et messieurs, on va faire la seule chose qui mérite d'être faite, on va se battre jusqu'à ce que mort s'ensuive. »

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