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7

La Lozère. Certes ce département se trouvait dans le Sud de la France, mais c'était quand même la Lozère. Le genre d'endroit où l'on se rendait pour faire une cure d'abstinence à l'alcool, la drogue, le sexe ou à la vie en général. Pourquoi cet idiot de gamin avait-il montré cet endroit sur la carte de France ? Il suffisait qu'il pose son doigt un peu plus au sud et tout le monde aurait trouvé qu'aller au Cap d'Agde représentait l'idée de l'année.

Le fait qu'Adam ne parlait quasiment jamais, donnait plus de poids à la moindre des actions qu'il effectuait. Il se pouvait que le garçon ait le pouvoir d'apercevoir le futur. Mais il se pouvait aussi parfaitement qu'il soit juste chanceux. Pour le moment, Adam n'avait rien fait d'exceptionnel à part fuir d'un hélicoptère qui allait exploser.

De toute manière la Lozère ne serait pas le pire endroit au monde. Il allait bien falloir se reposer quelque temps dans un endroit où les infectés n'auraient pas beaucoup d'humain à se mettre sous la dent. De plus, ceci l'approcherait de son objectif, il penserait plus tard à ce qu'il ferait une fois arrivé à leur nouvelle destination.

Allongé sur le lit de l'hôtel, Antoine profitait de quelques instants supplémentaires sous sa couverture. Il avait passé une nuit sans rêve. Le moindre des muscles de son corps lui rappelait qu'il avait abusé ces derniers jours. Dans sa vie précédente de fonctionnaire au service de l'État, il n'avait pas vraiment l'habitude de faire autant de sport d'un coup. Il était fumeur et pour lui le sport se regardait plus à la télé qu'il ne se pratiquait. Sa plus grande activité physique depuis son arrivée à Dunkerque était la balade sur la digue à Malo. Ce n'était pas le genre d'activité qui préparait efficacement à la fin du monde.

La télé diffusait toujours le même message, il l'avait mis pour ne pas se rendormir bêtement. À la réflexion, il se dit qu'il avait eut tort. La litanie de la voix psalmodiait les même paroles jusqu'à l'écœurement. Au bout de la cinquième fois de suite, on voulait éteindre sa télé. Au bout de la dixième fois, on avait envie de crier. Enfin au bout de la vingtième fois, on commençait à charger une arme pour détruire sa télé. Antoine décida d'éteindre la télé. Si un jour un autre vivant passait dans le coin, il serait heureux de pouvoir écouter le message d'alerte des autorités Française au sujet de l'infection.

Il se leva avec la ferme intention de prendre un petit déjeuné et éventuellement une douche. Les bonnes habitudes revenaient bien vite en fait. Armé de son Glock, Antoine sortit de sa chambre. Il ne savait pas exactement si une invasion soudaine de cadavres l'attendait dans la salle du petit déjeuné.

Seul Bernard l'accueillit avec un sourire fatigué. Il buvait un café en y faisant tremper des bouts de brioche.

« Alors Bernard, la nuit fut bonne ?

-Oui très bonne, mais pas suffisante. À mon âge c'est plusieurs nuits qu'il faut pour être d'aplomb ! Je me ferais un plaisir de te laisser le volant de la voiture pour la journée de route. Tu as le permis au moins ?

-Je l'ai et je serais ton homme. Je mènerais toute la troupe jusqu'au sud. »

Antoine se servit un café, il prit quelques tranches de brioche et de quoi faire des tartines. Il s'installa non loin de Bernard.

« Il y a un truc étrange, commença Antoine, depuis le début de l'infection, aucun des groupes que j'ai suivis, n'a réussis à passer la nuit. C'est quand même fou.

-Alors c'est quoi le plus fou ?

-Le plus dingue dans toute cette histoire, c'est que notre groupe a passé une bonne nuit dans un hôtel bon marché sans militaire autour de nous ou sans autres personnes qui essaient de nous assassiner.

-Vu sous cet angle, ça me semble aussi une bien belle performance. Je pense tout de même que le camp militaire n'était pas une bonne idée. Il s'est agrandit trop vite et il n'avait pas de protection suffisante. Avec cette infection, si on n'a pas de mur, on ne peut pas résister.

-Je pense que le plus simple pour résister, c'est de rester en mouvement et de ne pas trop attirer l'attention. »

Bernard bu une longue gorgée de café.

« Penses-tu que tu vas arriver à passer toute ta vie à te déplacer de lieu en lieu ?

-Je ne sais pas, mais j'ai rencontré des gitans dans le camp militaire qui me disaient qu'ils vivaient de cette manière. Ils étaient toujours en déplacement et cela ne leur posait pas de problème.

-Oui peut-être, mais tu n'es pas un gitan, tu as passé toute ta vie à avoir un toit au-dessus de ta tête. Tu ne vas pas me dire à présent que tu désirerais ne plus jamais de ta vie connaître le confort d'un toit et d'une vie sédentaire ! À la première occasion, je pense que tu te poseras dans un lieu et que tu le défendras bec et ongle contre tous ceux qui essaieront de t'envahir. On ne peut pas balayer des années d'éducation d'un revers de manche.

-Tu dois avoir raison finalement... »

Le reste de la phrase n'intervint jamais, Bernard avait raison. Depuis le début, il ne souhaitait qu'une seule chose, revenir sur cette terre qui l'avait vu naître. Plus le temps passait et plus cette quête lui semblait tragique. Au fond de son cœur, une certitude grandissait : tous les chemins qu'il emprunterait ne le mènerait que vers des déceptions de plus en plus grandes.

Ophélie arriva dans le hall, elle coupa court aux pensées déprimantes d'Antoine. Pour mieux avancer, il n'avait pas besoin de cultiver des idées noires. Le monde se chargerait bien assez vite de lui faire perdre tout espoir.

Adam suivait sa marraine de près.

« Alors les garçons, comment ça va ? Bien dormi ?

-On est prêt pour une longue route jusqu'en Lozère !

-Vous pensez qu'on y arrivera aujourd'hui ? Demanda la jeune blonde.

-Eh bien, répondit Bernard, si tout se passe bien, il se peut en effet qu'on arrive à couvrir toute la distance. Par contre ne me demande pas exactement où on va atterrir. Les instructions du gamin ne sont pas très précises. Une fois arrivé en Lozère j'espère qu'Adam en profitera pour être un peu plus loquace à ce moment-là. »

Au vu de ce qu'ils avaient déjà vécu pour le moment, Antoine en doutait fortement. Le jeune homme termina son petit déjeuné et alla prendre une douche. Quelque chose lui disait que le moment des prochaines ablutions n'étaient pas prévus pour tout de suite.

Une demi-heure plus tard, le groupe sortait de l'hôtel. Bernard alluma le moteur de la voiture et Antoine se mit au volant. Sam ouvrit le portail de l'hôtel et l'épopée reprit de plus belle. Avant de reprendre l'autoroute, Antoine s'arrêta dans la première station essence que le groupe croisa. Le voyant de la réserve s'était allumé juste à la sortie de l'hôtel et l'idée de marcher sur le bord de l'autoroute n'enchantait vraiment pas le sudiste.

Sam sortit le Famas à la main pour parer à toutes éventualités. Ophélie et Adam restèrent bien sagement assis à l'arrière de la voiture. Bernard vérifia son chargeur et mit un pas à l'extérieur. Il ne semblait pas y avoir beaucoup d'infecté traînant dans le coin. Pour le moment, le groupe avait une chance insolente.

Antoine n'avait aucune idée du carburant nécessaire pour faire avancer cette voiture. Il ouvrit la trappe dans l'espoir que le constructeur s'était montré sympathique. La réponse ne fut guère positive. Un bouchon s'ouvrant avec la clé barrait l'entré du réservoir.

« On a un problème, lança Antoine en direction du vieil assureur. »

Bernard arriva. À la vue de sa mine, le problème semblait être réellement important.

« C'est le genre de chose qui dépasse mes compétences. Je ne peux pas crocheter ça.

-Il se passe quoi ? Intervint Sam qui regardait toujours autour de lui à la recherche d'une menace.

-Il va falloir changer de voiture je pense ! Répondit Bernard d'un ton dépité. On va voir si on trouve une voiture aussi facile à voler, les vieux modèles sont plus faciles en général. »

Antoine retourna à l'intérieur de la Renault 19. Il ne fallait pas traîner un instant de plus. Les deux autres hommes le rejoignirent.

« OK mais avec la prochaine, on aura le même problème, dit Antoine.

-Et tu proposes quoi Einstein ? Le railla Sam.

-Facile ! Il faut juste aller à la source ! Il faut prendre une voiture chez un concessionnaire ! »

L'idée emballa rapidement tout le monde. Une voiture neuve ne pouvait pas leur faire de mal à vrai dire. Ils ne seraient pas obligé de prier à chaque fois qu'un bruit étrange se faisait entendre.

Antoine prit une route au hasard, les zones commerciales avaient toujours un concessionnaire dans le coin. Il ne serait pas compliqué d'en trouver un à Orléans. Leur attente s'acheva très rapidement lorsqu'ils aperçurent une concession Renault.

« Bon eh bien, il semble qu'on va voler Français ! Lança Antoine. »

Le mot d'esprit ne plongea personne dans l'hilarité. Un petit sourire gêné naquit à la commissure des lèvres de Bernard et Ophélie qui tenait Adam dans ses bras, ne sembla pas s'apercevoir du four d'Antoine.

Le jeune homme se gara sur le parking de la concession. Un infecté se lança sur le capot de la voiture en frappant sa tête sur le pare-brise pour leur souhaiter la bienvenue. Il avait du sang qui lui dégoulinait du front et il ne semblait pas comprendre que taper une vitre aussi résistante ne pouvait que lui faire du mal. Il ressemblait à un alcoolique sans ouvre-bouteille devant un bon bordeaux. Il avait l'envie mais pas les moyens d'arriver à son envie.

« Vous pensez qu'il peut y arriver ? Demanda Antoine.

-Si tu veux mon avis, répondit Sam, j'en doute. Il va se briser le crâne avant d'arriver à faire quelque chose à la vitre.

-De mon expérience d'assureur, je peux vous dire que vous seriez surpris de tout ce qu'un crâne peu faire.

-Bon les mecs, vous lui réglez son compte où, on reste là pendant toute la journée à savoir lequel d'entre vous à raison ? Intervint Ophélie. »

Antoine se dévoua pour achever le monstre qui maculait la vitre de son sang. D'un coup de Glock à bout portant, il envoya l'infecté nourrir les vers et les mouches. Le corps resta sur le capot de la voiture.

« Regardez les jeunes ! Je vous avez bien dit qu'il arriverait à fissurer la vitre ! »

Personne ne voulut prêter attention aux paroles de Bernard. Le groupe s'approchait déjà de la concession. Le cadavre d'un vendeur empêchait la baie vitrée de la concession de se fermer. Il manquait la tête au cadavre et une traîné de sang partait de son coup jusqu'à l'intérieur de la concession.

« Je crois qu'il faut suivre la ligne, dit Sam.

-C'était encore plus nul que ma blague de tout à l'heure, répondit du tac au tac Antoine. »

Plusieurs nouveaux modèles de la gamme Renault était exposé dans le hall. Toutes les bourses étaient représentées, cela allait de la simple Twingo furieusement fashion à la Laguna légèrement ringarde. Pour cinq personnes, la Twingo paraissait un peu trop serré.

« Alors, dit Sam, on prend laquelle ?

-On en prend aucune, dit Bernard en surprenant tout le monde, ce sont des modèles d'exposition. Les voitures préparées pour l'achat ne se trouvent pas ici. On va voir ce qu'on a dans le garage. »

À l'arrière du bâtiment, le garage semblait relativement bruyant. Des infectés participaient à une surprise partie. L'arrivée de quelques survivants armés jusqu'aux dents ferait un grand plaisir aux cadavres dans un premier temps avant de les blesser mortellement dans un second temps.

Le temps de la délicatesse s'était achevé, Antoine décida de ne pas utiliser son Katana, mais plutôt son Famas. La petite sauterie de cadavre semblait réellement avoir attiré du beau monde à en juger par le boucan qui grandissait plus ils se rapprochaient du garage.

D'un coup de pied, Sam ouvrit la porte et le feu. Les monstres grouillaient dans le garage, comment avaient-ils pu rentrer à autant à l'intérieur ?

Avec l'arrivée des survivants, leurs cris redoublèrent de puissance. Comme un seul homme, ils se jetèrent sur les vivants. L'idée de la concession automobile semblait être une bien mauvaise idée finalement. Sans perdre une seconde supplémentaire en tergiversation, Antoine tira. Il commença par offrir le repos éternel au coup à coup. Rapidement, les premiers cadavres furent remplacés par une seconde vague qui piétinèrent leurs collègues sans aucune pitié.

Les vivants reculèrent tout en continuant de faire feu. L'air s'emplissait de poudre. Antoine régla son fusil sur tir automatique et lâcha une salve dans le tas. Il fut rapidement à sec. Il laissa tomber son chargeur et en enfourna un nouveau.

« J'ai quasiment plus de balles, hurla Sam. »

La situation devenait hors de contrôle. Le garage vomissait toujours des infectés. Pour le moment, les cadavres n'avaient que le temps de faire quelques pas avant d'être fauché par une balle.

Adam échappa une seconde à l'étreinte d'Ophélie et s'élança vers une Clio d'exposition. Comme un petit serpent, il s'engouffra dans l'habitacle et ferma la porte. Ophélie, sur les pas du jeune garçon, entra dans la voiture avec son neveu.

Antoine se dit que c'était une bonne chose de les savoir à l'abri. Ils n'avaient pas d'arme et devant le flot de monstre qui arrivaient, même les personnes armées risquaient d'avoir des problèmes.

Bernard fut le premier à voir le chargeur de son Beretta arriver à son terme. L'espace d'une seconde, il ne sut plus quoi faire avec son arme déchargée et cette foule d'infecté qui avançait vers lui. Il y eut une hésitation, un instant de flottement. Un infecté s'approcha un peu trop près du vieil homme. Antoine abattit le monstre qui tomba au pied de Bernard. Dans le même laps de temps, un infecté qui dans sa précédente vie avait certainement été une bien jolie femme, bondit sur Antoine, sans lui laisser une seule seconde pour réagir.

Le jeune homme recula puis chuta lorsqu'il perdit l'équilibre. L'infectée fut entraînée dans la chute d'Antoine. La monstrueuse créature s'abattit sur le ventre du jeune homme en lui coupant momentanément le souffle. Le Famas glissa au sol. L'histoire semblait se répéter. Non, cette fois-ci, son assaillante était moins lourde.

Tout en tenant l'infectée par le cou, Antoine la repoussa énergiquement. La femme morte roula au sol. Elle fut rapidement remplacée par un nouvel infecté qui se baladait sur terre avec une joue en moins. Il dévoilait à tout le monde l'intérieur de sa mâchoire. Des deux pieds, Antoine le repoussait.

Le jeune homme ne perdit pas une seconde supplémentaire, il se releva et dégaina son katana. L'heure n'était plus au combat à distance. Antoine agrippa la lame à deux mains. Les prochaines secondes risquaient d'être sportive.

La femme infectée qui l'avait plaqué se releva. D'un coup d'estoc entre les deux yeux, il la renvoya vers un sommeil éternel. Il retira vivement la lame du crâne du monstre et dans le même mouvement il frappa un infecté à la poitrine. Bien que l'épée lui pénétra la chair, il ne sembla pas être plus déstabilisé de ce coup. Une personne bien vivante aurait hurlé de douleur avant de mourir, mais pour l'infecté cela n'était guère plus important qu'une stupide égratignure. Une seconde entaille lui fit perdre tout le bas de son corps tandis que le haut chutait au sol. Un instant plus tard, ses congénères lui piétinait son affreuse face dans un déchaînement de sang.

Le suivant fut décapité, celui d'après eut ses deux mains baladeuses découpées, le troisième eut le crâne percé. L'hémoglobine giclait comme dans un film de samurai japonais. Le monde virait à l'écarlate. À chaque coup qu'il donnait, Antoine sentait que des automatismes de ses cours de kendo lui revenaient. Il limitait ses mouvements inutiles et passait son temps à trancher, à découper, à mutiler, à amputer, à blesser, à tuer chaque infecté qui se présentait devant lui. Il n'entendait plus les coups de feu, il ne percevait plus la présence des autres survivants autour de lui. La rage de la bataille, les bruits de la chair que l'on tranchait et le gargouillis du sang englobaient toutes ses sensations et son monde. Depuis combien de temps combattait-il ? La passe d'arme semblait durer depuis des heures. Non cela n'avait débuté que depuis moins d'une minute. Le temps perdait son importance. Il ne sentait plus ses courbatures, son corps et son épée se fondait dans une seule et même entité.

Il tranchait encore et encore. Le moindre instant de faiblesse, le moindre relâchement et la moindre erreur le tuerait et il pourrait alors dire adieu à ses rêves de méditerranée. Il ne le devait pas, le sud était son but, Leila l'attendait, c'était certain. Chacun de ses coups de lame le rapprochait de ce rêve, il pouvait presque le ressentir dans les corps qu'il massacrait. Chaque monstre tué était un obstacle de moins vers son but.

Le dernier infecté tomba au sol en deux morceaux, l'entaille commençait à la tête et elle s'achevait à son sexe. Une fontaine de sang gicla. Un puzzle de corps parsemait le sol. Le hall bien propre de la concession automobile ressemblait à présent à un charnier.

Toujours l'épée à la main, Antoine se retourna. Sam achevait un infecté à coup de poignard. Ophélie et Adam étaient toujours dans la voiture. Ophélie cachait le spectacle au jeune garçon tandis qu'elle en profitait. Elle semblait à moitié dégoutté et à moitié fasciné.

Bernard gisait au sol dans la marre de sang. Avec ses mains, il se tenait le cou. Il respirait avec beaucoup de difficulté. Antoine essuya le sang qu'il avait sur son arme et il la rengaina. Il retrouva son Famas et alla au chevet de son ami âgé.

« Bordel, t'es dans la merde mon vieux. »

Bernard le regarda, il ne semblait plus pouvoir parler. Les mots se bousculaient dans sa bouche mais dans un silence inquiétant. C'était la fin. Bien qu'il ne montrait pas sa blessure au cou, Antoine devina qu'elle saignait à gros bouillon.

Dans ses yeux, il n'y avait nulle peur, il semblait juste impatient que la douleur se termine. Malgré la mort qui lui faisait face, il accepta la main compatissante d'Antoine. Avait-il un sourire au coin des lèvres ?

« Merci pour tout Bernard, dit Antoine, on ne te laissera pas devenir comme eux. »

En énonçant ces paroles, le jeune homme s'aperçut qu'il avait des sanglots dans la voix. Les infectés n'étaient que de la viande morte, mais les vivants représentaient bien plus. Ils formaient le dernier rempart contre la barbarie. En pensant à cela, Antoine su qu'il se trompait éperdument. Il se souvint de l'adolescent à scooter qu'il avait tué sur la route pour quitter Dunkerque. Les vivants ne valaient pas mieux que les infectés par moment. Non, Bernard les avait soutenus malgré son âge et il s'était battu avec le groupe jusqu'à la fin. Il méritait qu'on l'honore pour ça.

Le vieil homme expira. Sa main devint lasse et dévoila sa blessure mortelle qui ne saignait plus. Son cœur s'était arrêté. Antoine dégaina son katana. Sans prêter trop attention à ce qu'il faisait, il le planta dans le crâne du membre le plus âgé de son groupe. Une drôle d'idée naquit dans son esprit.

Maintenant c'est moi le doyen du groupe... Merde.

« Bon, il faut y aller maintenant, tout ce bazar risque d'attirer d'autres monstres.

-C'était notre... Répondit Sam sans réelle conviction.

-Il n'aurait pas voulu qu'on se mette en danger en restant trop longtemps près de son corps. Dans ce monde, on ne peut plus veiller nos morts. On se doit d'avancer et de vivre pour ne pas les trahir. »

Adam sortit de la voiture, il fut rapidement suivi par Ophélie. Le garçon se pencha sur le cadavre du vieil homme. Il posa une main sur sa joue. Une larme roula sur son jeune visage. C'était la première fois qu'Antoine le voyait exprimer une émotion humaine. Soudain le gamin parla.

« Il est calme maintenant, il a rejoint les autres... »

Trop surprit pour réagir, Antoine et Sam restèrent bête pendant quelques instants. Adam se relava et se dirigea vers le garage de la concession. Bien qu'il ne s'occupait pas de la montagne de cadavre, il évita soigneusement tous les membres et les corps mutilés.

Ophélie parti à sa poursuite bientôt suivie par les deux autres hommes. Le garçon avait naturellement mis fin à la veillé funèbre. Antoine l'en remercia intérieurement.

Le garage vide de présence humaine s'étendait devant eux. Son haut plafond et ses ateliers de travail donnaient une impression de grandeur. Quelques voitures en cours de réparation attendaient qu'un mécanicien achève le travail.

Adam se tenait devant une Clio RS noire. La voiture de sport tout en courbes n'attendait plus qu'un vivant pour la conduire. Ses lignes coupées devaient percer l'air. Bien qu'elle eût cinq portes, elle ne semblait en avoir que trois. Les poignets des portes arrière étaient cachés. La première impression qui se dégageait de cette Clio était celle de puissance, elle ressemblait à un muscle tout en force et prêt à se frayer un chemin à grande vitesse sur une autoroute. La seconde impression était celle de la sensualité, tout avait été pensé sur ce modèle pour ne pas heurter l'œil. Les angles avaient été bannis et elle semblait presque douce au toucher. Puissance et sensualité, cette voiture ne manquait pas de plaire à Antoine. Avec ce genre de véhicule, ils atterriraient en Lozère en quelques heures si la route était praticable.

« Eh bien Adam, lança Sam, il semble que tu as bon goût en matière de voiture. »

Le gamin ne répondit pas. Il devait avoir certainement assez parler pour les deux prochaines années. Antoine n'avait pas envie de le contredire. Il en venait presque à en penser que cet enfant détenait une sorte de savoir mystique, c'était stupide et il le savait, mais cette idée s'installait de plus en plus dans son esprit.

« Je suis de son avis, dit Antoine, mais il faudrait trouver la clé pour la faire démarrer, je ne suis pas un expert dans le vol de voiture !

-En fait, je pense que le premier endroit où chercher ça serait directement sur le contact. »

Certes on était dans un garage, mais qui oserait garder à porté la clé de ce petit bolide. Pour en avoir le cœur sûr, Antoine entra dans la Clio. D'après les deux ou trois choses qu'il connaissait sur les nouveaux modèles de voiture, la clé devait ressembler à une carte magnétique et on allumait l'engin grâce à un bouton « Start/stop » sur le tableau de bord.

Étrangement, il trouva la carte de l'automobile enfoncée dans son emplacement dédié. Il n'y avait pas vraiment d'explication logique à cela. Il ne pouvait que supposer divers scenarii qui auraient pu arriver. De toute manière, il ne pensait pas que ceci avait à présent une quelconque importance. Le groupe profiterait de la chance qu'on lui donnait.

« Eh bien, tu avais raison Sam ! En voiture tout le monde ! »

Les autres vivants montèrent sans perdre une seconde supplémentaire. Antoine alluma le bolide, il sortit du garage sans trop faire rugir l'accélérateur. Il avait besoin d'un temps d'adaptation avant de faire quelques folies avec son nouveau joujou.

Il se gara devant la vieille Renault 19 et les deux hommes vidèrent les vivres qui se trouvait dans leur ancienne voiture. Ophélie resta avec Adam l'arrière de la Clio. Elle prenait dans ses bras le gamin. Antoine se demanda lequel de deux avait le plus besoin d'être rassuré.

Quelques instants plus tard, la Clio filait en direction du Sud. Le tableau de bord se présentait sous la forme d'un écran tactile. Les radios se réglaient par une commande derrière le volant. Il aurait été facile de trouver une bonne radio s'il existait encore des bonnes radios. Cela n'était pas grave de toutes les manières.

Avec ses vêtements couverts de sang, Antoine avait presque honte de salir l'intérieur de la voiture. La direction assistée répondait avec un simple petit doigt. Les compteurs de vitesse, d'essence et de régime moteur se fondaient les uns dans les autres. Ce devait être le genre de truc classe qu'on ne rencontrait que sur les modèles de ceux qui avaient de l'argent à mettre dans une belle voiture.

En tant que fonctionnaire de catégorie B, Antoine ne pouvait espérer se payer ce genre de petit bijoux à moins de prendre un crédit sur une dizaine d'années au moins. Au pire, il aurait toujours pu aller habiller en costume cravate dans une concession Renault pour faire croire qu'il avait de l'argent et essayer une de ces voitures. L'idée plaisante lui arracha un petit sourire.

« Qu'est-ce qui t'arrive Antoine ? Demanda Sam. Conduire une vrai voiture te fait rire ?

-Non laisse tomber. Il doit y avoir un GPS intégré dans l'ordinateur de bord. Je te laisse t'en occuper Sam. Essaie de nous trouver un endroit sympa en Lozère.

-Mouais, j'y connais rien en Lozère. Je savais même pas où c'était avant qu'Adam nous le montre sur la carte hier.

-Putain, on vous apprend quoi de nos jours à l'école ? T'as fait péter les cours de géographie ?

-Non pas exactement, mais bon je ne me suis jamais intéressé à ce qui se trouvait au Sud de la Loire.

-Oh mon Dieu ! C'est toute une éducation à refaire. »

Sam avait raison. Le département de la Lozère s'étendait sur une vaste superficie et sans point de repère, l'opération risquait de poser divers problèmes. Il y avait toujours la solution d'aller directement à Mende. Mais se jeter directement dans la plus grande ville du coin, posait un gros problème à Antoine.

« Nord. »

Adam venait de parler à nouveau. Il s'exprimait de manière très calme et très posé pour un enfant avare de parole.

« Qu'est-ce que tu dis Adam ? S'interrogea Sam.

-Nord, quarante-quatre degrés, trente-sept, vingt-quatre, point quinze. »

Antoine y croyait à peine. Il n'avait qu'une très vague idée de ce à quoi correspondait ceci, mais la détermination du gamin lui glaça le dos. Sam tripotait le GPS. Il entrait des chiffres.

« Antoine, c'est des coordonnées géographiques qu'il nous donne !

-Est, trois degrés trente-quatre, quarante-six, point cinquante-six. Le monstre humain est là. »

Sam acheva de rentrer les coordonnées. Le GPS indiqua un lac au nord de Mende, en Lozère.

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