7
J'aimerai bien fumer une cigarette !
Allongé au sol et ne tenant plus vraiment sa hache dans la main, Hugo ne pensait qu'à fumer, il n'avait pas eu le temps de prendre son tabac à rouler dans la poche de sa veste. Le tout traînait au resto u dans son casier. D'ailleurs aurait-il vraiment l'occasion de revoir un jour son lieu de travail ?
Pour être franc avec lui-même, il en doutait vraiment.
Les mort-vivants tambourinaient à la porte. Le bois tremblait et toutes les personnes présentes dans l'amphithéâtre la regardaient avec appréhension. Rémi venait de la fermer avec le verrou, mais à présent il avait fait un pas en arrière en espérant certainement que les monstres se lassent.
Cet espèce d'abruti n'avait pas changé depuis la dernière fois. Il avait toujours son allure de beau gosse. Cette impression ne venait pas de son visage charmeur, ni de son sourire ravageur, ni de ses vêtements classieux mais sans prétention, ni de sa coupe de cheveux à la Ken (pas le survivant, mais le mari de Barbie). Non, son allure de beau gosse transpirait par tous les pores de sa peau. Il semblait tellement parfait, tellement mieux que vous. Comble de tout ça, il passait son temps à s'occuper des autres et ne se vantait jamais. En fait, si toute cette histoire avait dû être un film hollywoodien, le héros de l'histoire aurait été lui.
Émilie le serra dans les bras. Mais il passait son temps à regarder en direction de la porte pour voir si les monstres ne réussissaient pas leur offensive. En cas de succès de l'attaque, Hugo se dit que Rémi devait avoir un plan. Ce genre de personne a toujours un plan B.
Hugo se releva, il jeta un rapide regard dans l'amphithéâtre, outre Émilie, Rémi et lui-même, il y avait huit personnes. Parmi ces gens se trouvait Sonia. Lorsqu'elle s'aperçut de la présence d'Hugo dans la salle, elle raccrocha son téléphone et elle se précipita vers lui et le prit dans les bras en pleurant de joie.
« Je suis tellement contente que tu sois venu me chercher ! »
Hugo se garda bien de dire qu'il suivait Émilie. Il profita encore quelques instants de l'effusion de joie qu'il suscitait, il n'avait pas toujours l'occasion de voir à quel point il était apprécié. Il ne fallait pas compter sur Émilie pour avoir ce genre de débordement d'affection.
Sonia lui présenta rapidement les sept autres personnes de la salle qui attendait que les monstres arrêtent leur concerto de percussion sur porte en bois. Il en connaissait au moins deux de vue : un professeur de droit pénal et sa chargée de travaux dirigés. Selon les rumeurs circulant dans les milieux autorisés de la faculté de droit de Montpellier, ces deux personnages avaient une liaison.
Le professeur, la cinquantaine, cheveux blancs et ventre bedonnant, passait dans le meilleur des cas pour un original et pour un grand malade dans le pire. Il avait dans ses yeux verts une lueur de folie furieuse qui faisait parfois peur à ses élèves. Outre ses compétences en droit pénal, il avait consacré son cursus universitaire au crime sous toutes ses formes. Il donnait des cours de criminologie et avait quelques notions de psychologie criminelle. Il parlait toujours des tueurs en série avec une admiration malsaine. Sa préférence allait pour les tueurs américains. Les spécimens français le faisaient doucement rire. Son meurtrier fétiche était Charles Manson et sa « Famille » de malade.
La chargée de TD, Odile de la Met était issue d'une lointaine famille de nobles, en elle coulait le sang bleu de ses ancêtres. Tout dans son allure altière rappelait ses origines. Elle portait des lunettes qui ajoutaient à la sévérité de son visage. Ses cheveux bruns attachés en queue de cheval participaient à la rendre aussi froide et rigide qu'un cadavre. Ses vêtements, un tailleur de directrice d'école faisait dire à ses élèves qu'une sacrée salope se cachait sous ses airs sophistiqués et glacés.
Les autres participants à cette folie n'étaient pas tous des juristes. En fait, il y avait un peu de tout aussi surprenant que cela pouvait paraître.
Il y avait d'abord un enfant d'une dizaine d'années. D'une taille assez petite pour un enfant de cet âge, il ne semblait pas français, outre sa peau noire, il avait l'air perdu et dans sa bouche Hugo reconnut un accent qui ne venait pas de la France. Sonia lui apprit que le gamin s'appelait Jacob. Il avait réussi à fuir la police qui voulait ramener sa famille en Afrique dans un pays qu'il ne connaissait pas.
Sonia présenta Youssef à Hugo. Visiblement arabe, le trentenaire ne semblait pas venir d'une cité à problème. Enfin, il n'y avait certainement pas mis les pieds depuis quelque temps. Il arborait sans complexe un costume trois pièces à plus de deux mille euros. Il se définissait comme un trader en vacances dans la région de Montpellier. Ses vacances tournaient court depuis l'arrivée de milliers de mort-vivants. D'ailleurs malgré la foule de monstres qui traînait dans la rue, il avait réussi à garder son costume d'une propreté étincelante.
La suivante était une fille, une étudiante anglaise envoyée en France grâce au système Erasmus. Elle venait de Londres et apportait une touche de mauvais goût qu'elle portait dans ses vêtements. À l'inverse d'Odile et de sa tenue d'un classicisme affligeant, elle portait tout un tas de couleurs les unes plus criardes que les autres. Elle n'était pas filiforme et l'alliance de ses vêtements avec ses formes généreuses fit penser à Hugo que cette fille devait être une pétasse de première. Elle s'appelait Janice et elle avait des cheveux blonds peroxydés qui faisaient mal aux yeux. Hugo se dit que son prénom allait très bien avec le personnage, mais il ne savait pas vraiment pourquoi.
La palme du mauvais goût était remportée par Bertrand. Certes il était en habit de balayeur et Hugo n'était pas du genre à critiquer la grande famille des gens qui avait un métier de merde vu qu'il en faisait partie, mais là où le bas blessait c'était dans tout le reste. Il avait la coiffure dite du « mulet » où on laissait une partie des cheveux de derrière pousser dans la plus pure contradiction avec les notions de classe et de sérieux. L'effet produit par ce genre de coiffure était le ridicule. Le pauvre garçon enchaînait les poncifs du genre avec un piercing à l'arcade et un tatouage minuscule dans le cou. En y regardant de plus près, ce balayeur devait être un adepte de la tecktonik et pas celle des plaques. On avait étrangement envie de lui cracher à la figure ou de lui mettre quelques coups de pied au postérieur sans raison précise. Peut-être que prendre le pire de toutes les modes et monter un mouvement de danse ridicule était une technique pour dénoncer les dérives de la société de consommation. Il fallait quand même dire que les punks avaient plus de style.
Sonia ne connaissait pas le nom de la dernière personne. C'était une fille qui ne parlait à personne et qui avait un teint beaucoup trop blanchâtre pour être normal. Sans aucun doute permis, elle venait de la faculté de droit. Elle cachait sa figure sous ses cheveux bruns et en bataille. Si un problème venait ce serait certainement à cause de cette fille...
Pendant les présentations, les monstres du dehors avaient peu à peu stoppé leurs assauts, ils devaient être trop stupides pour se rappeler pourquoi ils tapaient sur cette porte. Le calme régnait sur l'amphithéâtre D du bâtiment 1 de la faculté de droit de Montpellier.
« Qu'est-ce qu'il se passe dehors ? Demanda Youssef d'une voix claire et avec un léger accent parisien.
-C'est la merde, il y a des tas d'accidents et des morts qui marchent un peu partout dans les rue de la ville, répondit Hugo, en plus on a écouté la radio et la plupart des grandes villes de France et du monde sont touchées par ce fléau.
-Ils ont expliqué d'où ça venait ?
-Non, ils n'ont toujours aucune explication. Ils ont parlé de la thèse terroriste, mais rien n'est sûr pour le moment.
-C'est bien un truc courant depuis le 11 septembre, dit Youssef, on accuse toujours les arabes. Je sais, tu n'as pas encore dit qu'ils avaient attribué le fléau à des islamistes, mais c'est la prochaine étape, quand il faudra trouver un bouc émissaire. »
Hugo préféra ne rien répondre.
« On s'en fiche les mecs de savoir d'où ça vient ! » C'était Bertrand qui prenait la parole, il avait un air de crétin quand il parlait. Hugo s'empêcha d'exploser de rire en l'entendant.
« Le plus important c'est de savoir ce qu'on va faire dans cet amphi. On a ni à manger ni à boire. On ne peut pas rester éternellement ici. On va finir par crever de faim à un moment où à un autre.
-Qu'est-ce que notre ami le balayeur nous propose ? Déclara M. Petit avec le plus grand des mépris, va-t-il nous proposer un camion poubelle ? Pour le moment, nous sommes tous en sécurité dans cet amphithéâtre. Je propose déjà qu'on laisse la porte fermée à toute personne, cela comprend les petits amis, les parents ou même Jésus-Christ !
-Je suis d'accord, acquiesça Odile, je propose même qu'on désigne M. Petit comme le chef des opérations ! »
Personne ne fit mine de répondre, cette jeune femme était vraiment une fan du professeur. Elle serait certainement d'accord avec toutes les propositions du vieux fou. Il allait falloir surveiller cette dérive pour ne pas être entraîné dans un délire de psychopathe.
« Est-ce que l'un ou l'une a été mordu par un de ces monstres ? Demanda Hugo. »
La plupart des personnes présentes lui lancèrent des regards d'incompréhension. Sonia se rapprocha de son ami et lui demanda :
« Tu parles de quoi ?
-Eh bien, vous ne savez pas comment le virus se transmet ?
-Tout est allé très vite tout à l'heure, des gens couraient dans tout les sens en essayant de fuir ces choses. On n'a pas eu le temps de comprendre ce qui se passait.
-Le virus se transmet par les morsures ! Putain y'a aucun de vous qui l'a remarqué ? »
Seul un lourd silence lui répondit. Hugo n'en croyait pas ses yeux ! Personne ne semblait s'être posé la question de la contamination.
« Est-ce que l'un d'entre vous est blessé ?
-Non, je ne crois pas, se hasarda Rémi.
-Il faut absolument vérifier ! S'empressa d'ajouter Hugo, le temps joue contre nous !
-Qui êtes-vous monsieur pour nous dire ce que nous devons faire, demanda Odile comme pour préserver la position de chef du professeur.
-Un de mes collègues de travail a été mordu par l'une de ces choses, une dizaine de minutes plus tard, il était transformé en monstre ! La réponse vous suffit ?
-Parlez au professeur sur un autre ton, le corrigea Odile, nous ne sommes pas dans une cour de récréation !
-Mais ferme ta putain de gueule, mademoiselle De La Met ! Lança Hugo de la manière la plus dédaigneuse. On n'a pas le temps d'être poli ! »
La chargée de TD paru s'offusquer, mais le professeur leva une main pour la calmer.
« Notre jeune ami à raison ! Il faut absolument garder cette salle saine de toute contagion, il faut que l'on purge le mal qui se trouve ici. »
Il fit un mouvement de tête vers la fille qui se tenait seule assise sur un strapontin de l'amphi et qui ne semblait pas s'intéresser aux nouveaux arrivants.
« Vous pensez à quoi Monsieur ? S'interposa Rémi. On ne va pas la mettre à poil pour vérifier qu'elle ne porte pas de trace de morsure. »
Le gamin africain se tenait près de Sonia, il lui prit la main. Il lança quelques regards en direction de la fille. Il ne disait rien mais dans son regard on pouvait sentir de la peur. Sonia le prit dans ces bras en lui disant que tout irait bien et qu'il était en sécurité maintenant.
« Eh bien, je propose que notre ami Rémi aille lui demander directement si elle n'a pas été mordue par un de ces monstres, proposa Youssef l'homme d'affaires avec un air de défi.
-Je n'ai pas peur ! »
Rémi semblait réellement sûr de lui. Hugo l'aurait plus vu en tant que chef des opérations, il avait la carrure du héros qui allait avec la responsabilité des fonctions. De son côté Émilie l'embrassa et le pria d'être prudent. Elle lui proposa de lui donner la batte de base-ball mais il refusa.
Le jeune homme se dirigea vers la jeune femme. Sonia se rapprocha d'Hugo et lui dit à voix basse :
« Je suis tellement content que tu sois ici, je ne pourrais jamais te remercier d'être venu pour moi.
-J'ai emprunté une voiture à un de mes collègues et je suis allé chercher Émilie...
-Évidemment, répondit Sonia sans aucune chaleur dans le ton, elle a retrouvé son petit ami... »
Sonia et Hugo s'éloignèrent un peu du reste du groupe pendant que Rémi parlait avec l'inconnue. Jacob le jeune garçon comprit qu'il était de trop et il s'assit près de Janice qui restait calme.
« Hugo, tu l'aimes toujours n'est-ce pas ?
-Oui, j'avais même espéré que Rémi ne soit plus de ce monde, dit-il avec un peu de honte.
-Je vais te parler franchement : cette fille n'est pas pour toi, elle passe son temps à te manipuler pour que tu accomplisses ses quatre volontés. En plus, Rémi est vivant et le combat est sacrément en ta défaveur.
-Sonia, tu es ma meilleure amie et tu m'as toujours soutenu, qu'est-ce qui est en train de se passer ?
-Putain Hugo ! Arrête de bloquer sur cette fille, elle n'est pas unique !
-Dans mon cœur, elle est unique ! Tu le sais très bien.
-Je sais aussi qu'elle te considère comme son ami voire comme un fidèle serviteur et je sais aussi qu'elle sort avec l'homme idéal ! Je ne vois pas ce qui pourrait te faire penser qu'elle serait prête à tout perdre pour tes beaux yeux ! Tu ne vois qu'elle, mais tu oublies de regarder autour de toi, l'amour t'attend peut-être... »
Pendant une seconde, Hugo pensa toucher une vérité, le genre de chose que l'on comprend après une quête philosophique de plusieurs années ou de plusieurs milliers de pages selon les versions. Se pourrait-il que...
Il chassa cette idée de son esprit au moment où Rémi revint.
« Elle n'est pas blessée ! Elle est juste choquée, elle s'appelle Lucie et elle a vu mourir beaucoup de ses amis tout à l'heure, elle ne préfère pas en parler. Mais je vous assure qu'elle est clean ! »
Comme pour réfuter ses dires, Lucie fut prise d'une violente quinte de toux. La seconde suivante, elle avait un spasme et elle vomit son déjeuner au sol. Elle reprit sa respiration mais un deuxième jet de vomi marron partit rejoindre le premier. Elle avait certainement sali ses vêtements, mais elle ne semblait pas être gênée par ce détail outre mesure.
« Elle est malade ? demanda Janice qui visiblement ne comprenait pas tout.
-Elle est surtout infectée, décréta Bertrand sans réellement s'occuper du fait que son blouson de travail était couvert de sang, faut qu'on prenne une putain de décision !
-C'est facile, énonça le professeur alors que tous les regards se tournaient vers lui, soit on la tue soit on la met dehors, elle ira rejoindre ses amis les infectés !
-C'est hors de question ! Dit Rémi. On n'a pas le droit de la laisser dehors avec tous ces monstres. Elle se ferait dévorer en quelques minutes.
-Putain de bordel de merde ! Hurla le professeur dans un langage qui n'était pas le sien. Pourquoi faut-il qu'il y ait toujours des imbéciles de défenseurs des droits qui mettent en danger tout le monde. Si on ne se débarrasse pas d'elle, nous serons tous contaminés ! Je vois tous que vous avez des a priori sur la question ! Les médecins font ça tout les jours, lorsqu'un membre pourrit, ils l'amputent pour ne pas qu'il gangrène tout le corps ! Cette fille est le membre pourri de notre communauté, il faut absolument s'en séparer.
-Vous ne me faite pas peur ! dit Rémi qui se dressait seul contre le professeur comme un avocat des causes perdues. C'est un humain comme nous tous ! Elle n'a pas été mordue ! Que celui qui n'a jamais vomi lui lance la première pierre ! Elle est comme nous tous, elle a subit un choc énorme ce matin. Elle vomit parce qu'elle a peur, elle a peur des monstres qu'il y a dehors et à présent faut-il aussi qu'elle ait peur des monstres qu'il y a à l'intérieur de cette pièce ? »
Hugo sentit que les avis étaient partagés. Le professeur alla rapidement vers son bureau, il fouilla dans sa sacoche sans que personne ne comprenne ce qui se passe réellement.
Il sortit un pistolet. L'effroi de la compréhension s'abattit sur l'amphithéâtre en pétrifiant tous les participants tacites de l'horreur qui allait se produire. Seul Rémi s'élança vers le professeur.
« Petit con d'idéaliste, vous ne comprenez rien ! Je suis en train de tous vous sauver, cria le professeur avec une voix de stentor. »
Il leva son arme vers Lucie. La jeune fille regarda le professeur avec un profond fatalisme, elle semblait presque sereine comme si la douleur qu'elle éprouvait n'avait aucune autre issue que la mort.
Le professeur devait être un tireur d'élite, il appuya sur la détente et après un claquement aussi surprenant que violent. La jeune fille s'effondra dans une mare de sang. Il venait de lui coller une balle en pleine tête.
Un silence de mort s'abattit sur l'amphithéâtre. Hugo s'arrêta de respirer pendant quelques secondes. Il avait vu un bon nombre d'horreur depuis le début des évènements, mais ce meurtre gratuit arrivait en tête. Trop absorbé par le révolver encore fumant de Monsieur Petit, il n'observa même pas les réactions des autres témoins de cette tragédie.
Monsieur Petit pointa ensuite son arme sur Rémi qui stoppa net sa course.
« Mon cher Rémi, ceci n'était que des prolégomènes pour asseoir mon autorité, cette technique est certes archaïque mais c'est moi qui tiens vos vies entre mes mains. J'ai assez de balles pour tuer chacun d'entre vous. Ceci, dit-il en montrant son arme, est un Glock 17, il utilise des munitions de 9 millimètres parabellum. J'ai une capacité de dix-sept coups soit le double des personnes que je vois devant mon canon. L'arme pèse moins d'un kilogramme. Il est extrêmement facile à prendre en main. Je vais tirer avec dans un club depuis six ans. Je me suis entraîné au tir à dix mètres. Je connais ses capacités et ses réactions par cœur. Il ne me faudrait que quelques secondes pour tous vous descendre. Y'a-t-il un héros dans la salle ? »
Le professeur marqua une longue pause.
« J'ai bien réfléchi et la proposition de notre ami le balayeur n'est pas stupide. Il n'y a rien à boire ni à manger dans cet amphithéâtre. Je pense qu'un volontaire courageux devrait se désigner pour aller chercher à manger pour les autres. Y'a-t-il un volontaire ? »
À nouveau, le silence fut la seule réponse.
« Ce sera facile ! La nouvelle cafétéria se trouve en bas dans le cloître. En deux minutes vous serez de retour. Ne m'obligez pas à désigner quelqu'un ! »
Hugo sentait la pression monter autour de lui, le professeur pouvait bien désigner quelqu'un mais il n'aurait aucun moyen de pression sur ce dernier une fois qu'il serait sorti à l'extérieur.
« Mademoiselle la copine de Rémi, venez vous asseoir au premier rang si vous ne voulez pas que je repeigne le mur avec la cervelle de votre héros de petit copain. »
La jeune femme s'exécuta. Elle se plaça sur un strapontin en face du professeur. Rémi ne semblait pas très rassuré. Il voulait certainement se jeter sur le professeur mais il n'avait aucune chance d'arriver à son bureau sans prendre une dizaine de balles.
Le professeur pointa son arme sur Émilie.
« Maintenant nous avons un volontaire pour aller chercher à manger ! Rémi, si vous ne voulez pas que votre petite amie prenne du plomb dans la tête vous avez cinq minutes pour aller chercher à manger.
-Je vais avec lui, dit Hugo en se surprenant par sa bêtise. »
Sonia lui lança un regard noir. Rémi accepta le coup de main avec une certaine joie. Le jeune homme prit la batte de base-ball. Hugo ramassa sa hache.
« Eh bien, c'est parfait, déclara solennellement le professeur, vous avez de la chance mademoiselle deux personnes sont prêtes à sacrifier leur vie pour sauver la vôtre. Messieurs, il est exactement 13 heures et 34 minutes, si vous ne revenez pas à 13 heures et 39 minutes exactement, j'envoie votre amie dans un monde meilleur. Vous n'avez aucune seconde à perdre. »
Les deux jeunes hommes s'élancèrent tête baissée vers la porte de sortie. Ils l'ouvrirent et sortirent rapidement de l'amphi.
La voie la plus simple était celle par laquelle, Hugo et Émilie étaient arrivés : l'escalier de service. Le couloir sortant de l'amphithéâtre se dédoublait. Une partie allait tout droit vers le hall et les monstres, tandis qu'un second couloir tournait à droite vers l'escalier de service.
Aucun monstre ne fit mine de les voir et Hugo les remercia intérieurement. Le problème avec les monstres était qu'ils passaient leur temps à vouloir vous dévorer. Cette fâcheuse tendance à vouloir cannibaliser tout le monde confinait à la folie furieuse !
Les deux jeunes hommes descendirent les escaliers et ils se retrouvèrent dans le hall du rez-de-chaussée. Cet endroit était aussi vide que son jumeau du premier étage était plein. D'un pas toujours aussi rapide, ils se dirigèrent vers le cloître. La faculté de droit de Montpellier était un ancien couvant. Le cloître, une sorte de grand jardin intérieur était une des curiosités touristiques de la ville pour qui était féru de moine et de tout le tintouin.
Dans une des salles bordant le cloître, la faculté de droit avait depuis peu investi dans une cafétéria. Le CROUS par l'intermédiaire du restaurant universitaire de Boutonnet gérait cette espace de vie et de nourriture. Le hasard ou peut-être le destin voulait que la personne qui amenait la nourriture du restaurant universitaire de Boutonnet à la faculté de droit n'était autre que le regretté Eddie.
Le cloître, un grand carré, comprenait quatre carrés plus petits réservés à l'herbe. Contrairement la faculté de lettres où chaque parcelle d'herbe était prise d'assaut, le doyen de la faculté de droit veillait à ce que ses touffes d'herbes restent vierges de tout étudiant.
En l'occurrence, ce jour là trois morts vivants squattaient les lieux. En apercevant, Hugo et Rémi, ils s'élancèrent à leur poursuite. Le premier était un vieux professeur de droit qui avait ainsi décidé de mourir plutôt que de prendre sa retraite. Il se baladait en robe de professeur noire et rouge avec la cravate identique à celle des avocats. Il n'avait qu'un seul bras, son moignon ensanglanté devait pendre sous une de ses amples manches. Sur la moitié de sa tête, du sang séché maculé sa peau.
Le second monstre était un policier, son uniforme autrefois bleu avait plus que rougi depuis quelques heures. Ce qui attira Hugo ne fut pas la carotide du pauvre homme qui avait été sectionné, ce fut l'arme de service qui pourrait s'avérer utile pour la suite des événements.
La dernière personne était un étudiant de première année. Hugo vit tout de suite qu'il était de première année car la mode vestimentaire de la faculté de droit ne l'avait pas encore formaté, il portait des baskets de skate avec un jean ample.
Oh le con. Hugo se retint de rire devant cet accoutrement.
« Regarde Hugo ! Dit Rémi, il nous faut l'arme du flic. On va devoir se débarrasser de ces trois-là au plus vite.
-OK, c'est comme tu le sens ! »
Sans un mot de plus, Rémi s'élança dans la mêlée en les chargeant furieusement. Avant qu'Hugo ne puisse réagir, le petit ami d'Émilie avait explosé la mâchoire de l'étudiant en basket.
Hugo rattrapa Rémi. Sans autre forme de procès, il leva la hache et l'abattit le plus fort qu'il put dans le front du professeur de droit qui se fendit en deux. L'homme en robe n'eut aucune réaction dans les yeux lorsqu'il s'écroula au sol.
Au même moment, le policier tomba, il avait la tête inclinée d'une manière assez étrange comme si on lui avait brisé les cervicales ou un truc comme ça. La belle chemise blanche de Rémi n'était plus immaculée, quelques petites gouttes écarlates avaient giclées. De son côté, Hugo qui avait pris l'habitude d'être sale au restaurant universitaire, ne se formalisa pas lorsqu'il vit que sa chemise de travail s'ornait de nouvelles tâches.
« Faudrait que tu penses à changer de vêtements Hugo !
-Ma tenue de travail me va très bien, prends plutôt l'arme de service de ce pauvre homme, n'oublie pas les munitions !
-Oui chef ! »
Hugo n'avait pas très envie de prendre cette arme. Il se doutait bien que se pointer avec un flingue dans l'amphithéâtre risquait de poser quelques problèmes. Il n'avait pas envie de devenir une cible vivante. Le professeur ne faisait pas dans la dentelle. La pauvre fille morte dans l'amphithéâtre en était la preuve parfaite.
L'arme de fonction revolver Smith et Wesson n'avait qu'une capacité de six balles, il semblait plus massif que le Glock du professeur. Rémi passa l'arme dans la ceinture derrière son dos. Il mit une poignée de balle dans sa poche.
« Au fait, pourquoi tu es venu avec moi ? Demanda Rémi. Émilie est avant tout ma petite amie et de ce fait je pensais être le seul que sa survie intéressait.
-C'est une amie pour moi aussi, répondit Hugo.
-Ne joue pas au con avec moi ! Elle et moi, nous savons pertinemment quels sont tes sentiments. Elle ne t'aime pas et elle ne t'aimera jamais.
-Pour qui tu te prends ? Ça ne fait que deux mois que tu sors avec elle ! Dans quelques semaines elle va te remplacer par un autre !
-Tu es pathétique... »
Ce Rémi était un vrai crétin. Pour se calmer, Hugo décida d'accomplir la mission du professeur. Il alla dans la cafétéria, elle était vide. Il prit un maximum de sandwiches et de boissons. Il trouva quelques sacs en plastique et mit le tout à l'intérieur. Il se dit que de toutes manières, il leur faudrait bientôt fuir la faculté de droit, ça ne servait à rien de faire des réserves pour trop longtemps.
Le chemin du retour vers l'amphithéâtre fut sans surprise. Le hall du premier étage était bruyant, les monstres grognaient, ils semblaient plus agités que tout à l'heure. Par miracle, les deux jeunes hommes n'attirèrent pas leur attention.
« Au fait Rémi, tu as une idée de ce que tu vas faire une fois que tu seras à l'intérieur ?
-Oui ne t'inquiète pas, j'ai un plan. »
Rémi avait la voix qui tremblait. De petites gouttes de sueur coulaient sur son front et son teint était blême. Hugo se demandait de plus en plus si le jeune homme n'allait pas faire une grosse bêtise.
Rémi frappa à la porte. Il s'annonça et Bertrand vint lui ouvrir. Les deux jeunes hommes rentrèrent dans l'amphithéâtre. Hugo posa les vivres sur une table. Dans le même temps, Rémi qui avait pris un sac se dirigeait vers le bas de l'amphi vers le bureau du professeur.
« Eh bien messieurs, je suis très content de vous ! Je savais qu'en vous poussant un peu, vous feriez des étincelles. Je n'avais rien de personnel contre vous mais les couples sont toujours une cible parfaite pour ce genre de chantage. »
Le professeur pointait toujours son arme sur Émilie. Rémi passa devant Odile qui poussa un hoquet de surprise lorsqu'elle aperçut son dos. Les événements se précipitèrent à une allure totalement folle.
« Il est armé, s'écria la chargé de TD. »
D'un mouvement aussi rapide que possible, Rémi dégaina en baissant sa tête. Ce ne fut que cette dernière action qui lui sauva la vie. Le professeur tira une balle qui manqua son objectif de quelques centimètres. Le bout de métal finit sa course dans le mur derrière le l'amphithéâtre en faisant un petit trou.
Rémi tira à son tour, il n'était pas un tireur chevronné mais il toucha le professeur à l'épaule droite en lui arrachant un cri de douleur et en faisant gicler une grosse trace rouge sur le tableau blanc derrière M. Petit.
Odile se jeta sur Rémi pour tenter de le désarmer. Les deux jeunes gens roulèrent dans les escaliers sous les regards ébahis des autres participants de la scène. Hugo ne se fit pas prier pour se cacher dans une allée de strapontin. Il avait même abandonné sa hache en haut de l'amphithéâtre pour montrer qu'il n'était pas une menace pour le professeur. Il préférait laisser les actes héroïques et dangereux à Rémi.
Le professeur changea son arme de main et commença à tirer sans réellement viser. Les autres personnes présentes suivirent l'exemple d'Hugo pour se protéger du chaos qui régnait. Les balles fusaient un peu partout dans la salle. Elles rebondissaient et sifflaient au-dessus d'Hugo.
Le professeur ne s'arrêta de tirer qu'une fois le chargeur de son Glock totalement vidé.
« T'en as assez pauvre crétin ! Hurla M. Petit de douleur. Vas-y réponds-moi ! »
Hugo lança un rapide regard sur les deux corps criblés de balles qui gisaient au sol. Apparemment dans son coup de folie, le professeur n'avait fait aucune différence entre sa chargée de TD et Rémi. Il y avait une mare de leur de sang qui gargouillait sur les marches de l'amphithéâtre.
« NON !!! »
Cette fois-ci, c'était Émilie qui criait. Elle devait voir que son petit ami était mal en point au sol. Elle se leva et se rapprocha pour mieux voir le résultat de l'exécution aveugle du professeur.
Ce dernier ne perdait pas une seule seconde, il avait posé son Glock sur la table et il fouillait dans sa sacoche un nouveau chargeur. Lorsqu'il le trouva, il s'appliqua avec un seul bras à la difficile tâche de recharger son arme. En même temps, il marmonnait des insultes :
« Petite salope, c'est de ta faute, je vais te faire rejoindre ton crétin de petit ami. Putain... »
Les yeux pleins de larmes, Émilie ramassa l'arme de son petit ami. Elle la prit à deux mains et en criant de rage, elle tira sur le professeur. Lorsque l'arme fût vide elle continua de tirer comme si cela pouvait guérir son petit ami.
Hugo se releva pour voir l'étendue des dégâts. Le professeur allongé dans son propre sang sur son bureau semblait lui aussi mort. Avec Rémi, Odile et Lucie, la salle comptait pas moins de quatre cadavres à présent. L'air puait la poudre et le sang.
Hugo s'approcha d'Émilie, il ne trouva rien d'autre comme idée que de la prendre dans ses bras pour la consoler. Elle l'enlaça aussi.
« C'est fini à présent tout va bien... »
Hugo ne croyait pas une seule seconde aux paroles de réconfort qu'il prononçait. Mais il fallait qu'il soit présent pour consoler son amie. Avec de la chance, la mort de son concurrent Rémi allait lui être profitable. Cet idiot avait vécu comme un héros et comme tous les héros il était mort à présent.
Hugo lança un regard vers Rémi et Odile. Ils s'enlaçaient comme des amants alors qu'une seconde avant de se faire tirer dessus, ils se battaient. Le professeur n'avait pas hésité une seule seconde avant de tirer sur sa chargée de TD. Il avait massacré son seul soutien inconditionnel.
Dans l'arrière de l'amphithéâtre, il commençait à y avoir du remue-ménage. Janice qui ne parlait pas beaucoup, tentait de se défaire de l'étreinte de Youssef.
« You are all mad ! Fuck you, je pars !
-Non, dit l'homme d'affaires arabe, c'est trop dangereux dehors, ils vont te tuer. »
La jeune anglaise se libéra, elle ouvrit la porte de l'amphithéâtre et hurla. Visiblement, l'orgie de coup de feu, avait attiré un fort contingent de monstres. Les premiers certainement trop contents de pouvoir enfin entrer dans l'amphithéâtre se ruèrent sur Janice qui tomba à la renverse sans comprendre qu'elle était en train de mourir.
Jacob, le gamin immigré, hurla de toutes ses forces avant que Sonia ne le prenne dans ses bras. Bertrand le balayeur tecktonik s'empara de la hache d'Hugo et donna quelques coups pour essayer de sauver Janice qui se faisait déjà dévorer par la foule des morts vivants.
Youssef ne demanda son reste à personne et s'élança vers le bas de l'amphi. Il y avait une porte derrière le bureau du professeur mais cette dernière ne donnait que sur un débarras où les femmes de ménages rangeaient les balais et d'autres accessoires de nettoyage.
L'homme d'affaires ne le savait pas et il ne rencontra que la déception derrière la porte. Sans se formaliser plus longtemps, il se saisit de l'arme du professeur et finit de la charger.
De son côté, Hugo se dit que ce n'était pas une si mauvaise idée que d'avoir une arme à feu chargée. Il prit celle dans les mains d'Émilie et entreprit de la charger avec les balles qu'il trouva dans les poches de l'ex-petit ami. Étrangement fouiller un cadavre ne lui procurait pas autant de dégoût qu'il aurait cru. En fait, le problème était surtout le manque de temps. Il sortit le barillet et éjecta les douilles qui tombèrent au sol dans un tintement qui ressemblait presque à celui des pièces de monnaies.
Ses doigts tremblaient et ses gestes n'étaient pas précis. Il n'avait jamais vraiment chargé d'arme à feu par le passé, il n'était guère efficace dans ses mouvements. Les monstres ne s'occupaient plus de Janice qui d'ailleurs faisait maintenant partie du groupe. Le détachement de morts vivants s'attaquait à Bertrand qui allait bientôt être débordé. Sonia et Jacob avaient rapidement rejoint le bas de l'amphi dans où régnait encore une sécurité plus que relative. Émilie les accompagna non sans s'être armée de la batte de base-ball de son ancien petit ami.
Une fois le revolver chargé, Hugo le cala dans ses mains et entreprit de viser avec le plus grand soin les monstres. Sa première cible fut une jeune femme obèse en peignoir qui avait un grand nombre de blessures béantes. Malgré son poids, elle se déplaçait avec une rapidité et une souplesse digne d'une athlète. Elle s'était mise en tête de contourner Bertrand pour l'attaquer par derrière.
Hugo mit un point final tragique à sa tentative grâce à un coup audacieux qui lui perfora l'oreille. La jeune obèse s'écoula au sol. Dans une malchance quasi prévue par le destin, Bertrand fit un pas en arrière pour éviter une attaque, mais il glissa sur le corps flasque de la précédente victime d'Hugo.
Le balayeur tomba à la renverse en abandonnant sans le vouloir la hache qu'il tenait si bien en main. Un monstre qui devait être fan de rugby de son vivant se jeta sur Bertrand qui ne tenta rien pour éviter l'impact.
Youssef fit chanter le Glock du professeur et dans un feu d'artifices d'hémoglobine, il envoya le monstre au sol à quelques centimètres de Bertrand.
D'autres monstres rentraient à nouveau en grognant dans leur langage si étrange. Tout en gardant son sang froid, Hugo visait et tirait. Les premières balles touchèrent leur cible et la dernière manqua Janice qui s'était depuis peu relever malgré le sang qui giclait de son cou. D'ailleurs ce fut cette dernière qui réussit à passer les tirs d'Hugo.
L'arme du policier était de nouveau vide. Mais cette fois-ci, le jeune plongeur n'eut pas le temps de la recharger. L'anglaise lui sautait dessus et ils glissèrent en bas des marches dans une flaque de sang appartenant certainement à Rémi.
Youssef ne se risqua pas à tirer dans le tas, il ne voulait pas suivre l'exemple du professeur et préférait certainement se concentrer sur les autres monstres qui descendaient les escaliers. Les dix-sept balles du Glock n'étaient pas de trop pour stopper la vague sanguinolente de chair à vif qui s'élançait dans la pièce.
Pour Hugo, l'espoir vint avec Sonia. Cette dernière prit la batte de base-ball des mains d'Émilie qui ne semblait pas décidée à intervenir dans l'action. La jeune femme un peu boulotte et souvent gauche ne fit pas dans la dentelle et sa précision sauva Hugo d'une mort déplaisante et d'un retour tout aussi déplaisant.
Il n'avait jamais été aussi heureux d'avoir ce petit bout de femme comme amie. Pour la première fois, il lui trouvait du charme. Elle était belle avec ses cheveux en désordre et une batte de base-ball ensanglanté dans les mains. Certes ses formes généreuses n'étaient pas au goût d'Hugo qui lui préférait la maigre Émilie. Mais l'attitude de cette dernière qui l'aurait certainement laissé mourir sans bouger le petit doigt l'attristait beaucoup.
Tout était donc vrai. Émilie se fichait de son sort comme de sa première paire de chaussettes. Il perdait son temps à vouloir espérer de l'amour de sa part. C'était comme s'il prenait un gros râteau en pleine face. S'il mourait, elle n'en serait certainement pas plus touchée que ça.
En plus, il devinait tellement d'affection dans le regard de Sonia alors que dans celui d'Émilie, il ne lisait que l'indifférence. Il se voilait la face et être au sol en baignant dans un sang qui n'était pas le sien alors qu'une anglaise essayer de le mordre lui faisait un bien fou.
Sonia acheva Janice avec un coup précis à l'arrière du crâne. L'anglaise s'écroula sur Hugo qui la repoussa.
« Tout va bien ? Tu n'as pas été mordu ? S'empressa de demander Sonia avec une certaine appréhension dans la voix.
-Non tu m'as sauvé la vie, dit Hugo en trouvant le temps de se relever. »
Les monstres ne déboulaient plus dans la salle. Hugo trouva l'instant magique. Il était sain et sauf, il apprenait de nouveaux sentiments qu'il ne pensait pas avoir pour Sonia.
Il n'avait plus rien à dire pour la remercier. Il fit la seule chose qu'il aurait dû faire depuis longtemps, il l'embrassa. Dans un premier temps, Sonia fut surprise au point de lâcher la batte de base-ball. Puis elle lui rendit son baiser en s'abandonnant à l'étreinte du jeune homme.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro